vendredi 31 août 2018

La chaleur monte.

La chaleur monte sur les paupières, les roses bercent une chanson de bourdons noirs. Le ciel bleu, est large et bas. Les mouches piquent et rentrent dans le bois, les oiseaux font entendre.

Du bois rayé et crevassé, des feuilles rondes des violettes, du cran et de l’ardeur et le soleil chauffe sous la toile, les oiseaux lancent de branches en branches, un élan, une pincée, aiguë et saisissante, de sel sauvage, pleine de lumière et de saveur.

Sur les paupières et recommence et frotte les oreilles. Ils entendent et comptent et reprennent dans leurs souvenirs, les saisons mortes, les saisons grises, les ardeurs volées. Les fleurs jaunes et bleues répondent au doute et remplissent les yeux lourds et échauffés. Les mouches, les bourdons, les fourmis, les insectes, soufflent sur le front, comme une explosion de rire et de crainte, la sueur coule des tempes au menton, la chaleur cercle l’indifférence, les oiseaux passent et tournent au ciel bleu, bas et léger, les guêpes répondent et brûlent la peau et dévisagent les reflets. Le froid est envolé, le charme est tendu, au fil rompu du remord. Les oiseaux passent dans le ciel, et le bleu est léger.

16 Avril 2007.

jeudi 30 août 2018

Un précipice.

Ils vont, et s’emportent, et recommencent une ardente prière, les forts et les faibles, les irrespectueux, aussi. Ils craignent la puissance croisée par hasard, au sentier de l’innocence, au reflet du noir sur le bleu. Ils ignorent leur largeur, les plus petits se mesurent et recommencent et finissent à terre, efflanqués et sans souffle, passant d’un trou à un autre, d’une histoire à une autre, d’un toujours à un autre, pour dire la vie dans un sanglot et dire l’amour et dire la guerre, et dire le pardon et renoncer au droit, pour briser des étoiles, et des poussières de brouillard. Ils passent d’un trou à un autre pour tout refaire et mordent dans la chair des rêves et des idées.

Les oiseaux, au large se rejettent et font trembler les feuilles sur les branches, au large se déplacent et reprennent sur l’herbe, les débris, les reliefs. La charité est morte, le silence est venu, la chaleur emporte les derniers apparus. Les oiseaux se penchent et bondissent, d’une rose à une autre, d’un avenir à un passé, d’une porte à une fenêtre. Les forts, les faibles, les irrespectueux, leur puissance, leurs souvenirs, les humiliations et l’enchantement, ce cortège est à compter et à offrir, un peuple est en marche.

Les plus petits se mesurent et recommencent et comptent les vertus et détaillent les désirs. Ils sèment à la volée des larmes de contentement, des poignées de désespoir, les fils sont emmêlés, les langues sont nouées, la parole est confuse, les chiens se couchent et se tordent, il y a, à venir encore, un précipice.

16 Avril 2007.

mercredi 29 août 2018

La chanson, le refrain, le début, la fin et l’équilibre fragile.

Et doucement et sûrement et, en attendant la venue, la fin, le début, le dire, et le faire et blanchir et franchir et ajourer et ajouter et dépendre et reprendre et tirer sur la face une envie, de plus et de joie et une envie de silence et de mourir et de revivre et de ne plus faire de choix et de contempler la lune, elle descends et touche les épaules et glisse sur la peau et tourne sur le devant.

La confiance est dans le dire et le faire, pour passer cet écueil et franchir haut la barre, une envie d’affirmer : la confiance est dans la poitrine, où l’aube des seins se lève, et une envie de chanter : la confiance est dans le genou, la force s’appuie sur le genou, le muscle est tendu et roide, il tire et tire et recommence et enfourche la vie.

Elle pousse sur ce meuble si noir, il y avait un voyage en hiver, une espérance et des parents et une fille qui devenait plus forte et plus élevée et plus sensible et plus absente.

La force est nouée à la confiance, le corps frissonne en hiver, les vieilles lunes sont transies de fraîcheur et de présence. Au bord du bassin, le marbre rose et les tourterelles fleurissent et recommencent. La musique coule, sur le dos de la main, sur la peau, sur la hanche et sur le temps. L’envie enfonce un diamant au cœur de l’inutile et recommence et voyage en hiver et chante avec les cygnes et tourne les pages du livre. L’amour et la vie, et la musique, la musique et la vie recommencent et reprennent les refrains et chantent l’éveil qui défait les cheveux et boucle la ceinture et reprend à la vie beaucoup d’ardeur. En face, à la suite, les yeux sont effrayés et le cœur se lamente.

La chanson servie, le refrain tendu en miroir tourne et se lamente, et recommence une saison d’enfer, un poids, un enthousiasme, une frénésie de dire et de faire. La chanson, la chanson, elle coule lente et sombre et recommence dans l’œil, dans le souvenir, elle fonce et défait le cœur, soulagé et perclus. En face, à la suite, les yeux sont effrayés et le cœur se lamente, pour satisfaire, donner et reprendre et se donner, et ruiner l’attente, ruiner la défaite et finir et chanter et danser et reprendre la suite. Il faut faire le tour des chansons, reprendre la belle et la suivante et le doux accord et la suite, dans l’espace, dans la grandeur.

Et doucement et sûrement et en attendant la fin, le début, le dire et le faire, et blanchir et franchir et dépendre et reprendre et se tirer sur le visage, une envie de plus, de joie et de silence, de mourir et de revivre et de ne plus choisir et contempler la lune qui descend et touche les épaules et glisse sur la peau et tourne sur le devant.

La force est nouée à la confiance, le cœur frissonne en hiver, les étoiles sont transies de froid, les tourterelles fleurissent, la musique déplace le temps, elle enfonce un diamant au cœur de l’inutile, recommence le voyage d’hiver, et tourne les pages. La musique prend au refrain, et chante l’éveil et défait des boucles, reprend un peu de vie et d’ardeur, face à la suite, les yeux sont ouverts et le cœur se reforme.
2 Mars 2007.

mardi 28 août 2018

Inge.




Sa peau est griffée.

Il voit les oiseaux et entend les insectes et sa peau est griffée et tordue et rien ne se compose et rien ne se précise et la mobilité et les erreurs croisées et refondues et l’ignorance et l’imprécision et le clair de la lune et la rondeur qui monte et la lassitude et l’étrangeté même et le charme rompu au soir pour une belle âme,

il faut citer sans précision et refermer une fois encore tous les livres, ne pas donner de mots ne pas entendre la certitude, la vérité est à l’heure, la vérité est en marche et la terreur noiera le tout et tombera sur eux et griffera aussi, après, la peau, après, les âmes, les plus petits et les plus, sans façons, sans germe pour fleurir, sans poids pour tourner sur lui-même, il est étrangement souriant et aveugle et muet et sourd et pourtant il entend les oiseaux et voit les insectes et touche sans remord la fragilité du monde qui s’abandonne et pense et fuit et défait la surprise, et charme les échos, et danse avec entrain et fatigue et plonge, et il touche aussi au vide et au précieux, au vide des orages, au vide des archanges, à la splendeur du ciel bleu et pointu, entassé sur l’heure et vernis de parfum et tourmenté d’oreilles attentives, de traductions sans suite, un mot en touche un autre, et la peur est intacte, ils sont à l’affût et danseront sur terre, et charmeront et prendront des bateaux pour traquer les plus malheureux, pourtant il faut faire et de l’amour et du plaisir, et offrir des victoires et remplir les palais de sultans assoupis d’esclaves pour l’orgueil, et de serviteurs sombres éperdus et conquis et sans renoncement.

La confusion les ramène et défait le parcours et brouille l’itinéraire et grandit les enfants qui tournent ainsi sans fin autour du trésor, la cadence est aveugle, le cercle est grandi, la confusion est inscrite dans les décombres, la solitude pèse et rend un noir souci, une lueur de bienfait acclame les prophètes, ils vont venir tourner aussi autour de ce trésor dans le grand champ comblé et rompu, d’herbe et de rayons aveugles, et d’obscurité, dans le noir il bondit et griffe sa peau nue, les livres sont ouverts et les aveugles mentent, la saveur est grande et les oublis surs, et il faut y entendre une infinie justice dans la confusion sur la peau arrachée, sur le regret contrit, sur la goutte d’angoisse, il passe un espoir, le vent peut se lever et dire le chemin, la voie est à tracer mais les outils sont là, il faut entendre encore et comprendre toujours, et filer sur le bord et lancer des cailloux et fouiller dans les flancs de la montagne, des échos de grandeur, des palmes pour l’éternité, un monde toujours avance où ils seront rois pour peu de temps, l’instant explose en silence, il fabrique l’infini pour jamais, pour toujours, sa peau est griffée un insecte dormait dans la terre noire, un rayon d’or s’est levé.

2 Mars 2007.

lundi 27 août 2018

Déploration.

 
L’écho compose dans la tourmente. La mémoire est touchée, l’écho est complice, il épuise le souvenir.

Parfois, entendre l’écho, voir le vent dans les rambardes du pont et, déplorer, déplorer.

Où sont-ils ceux qui s’accoudèrent. Il y a un parfum de saison, des histoires étranges, et des cohortes défilent, dans l’écho.

1 Mars 2007.

dimanche 26 août 2018

Les draps se soulèvent.

La trahison et le mensonge, et il faut entendre loin la perfection, le son monte, la voix raconte, il y faut du sentiment et du mélange, de la correction et de l’histoire, sur le muscle tendu et détendu, du poids de chair pour lisser jusqu'à la fin du jour une espérance, un coup fatal, un coup mortel, une aventure sur la planche, le poids est réparti sur toute la surface, les pieds ne percent pas le plafond, l’ordre règne, la vérité est en place.

Le chant des oiseaux, ils éveillent les cœurs endormis, ils soulèvent les draps, le poids est tordu et griffe la mémoire, le pied sous lui, la peau en haut, des épitaphes sur les stèles, des enfants morts et les grands contrits et attristés et faibles, et rendus mous, sans espoir, ni saveur, la force tend le drap, les mains s’en saisissent, la force est étalée, les jeunes sont partis, ils redemandent du champ et du contraire, de l’alliance et du sarcasme, les efforts, les abus, les alarmes et la vigueur, du sang dans la joue, les dents qui sautent, ils ont entendu les oiseaux, le printemps en place, les défauts se lissent, la postérité juge et recommence, les petits se frottent sous les draps, leurs forces se combattent et échancrent les spasmes, le cœur est dilaté, la pression est trop forte, ils enlacent le temps, l’étreinte caresse le vent et glisse sur la peau, la confiance dans l’aube, le matin est levé, les draps sont soulevés, les bannières flottent, sous les arbres les oiseaux chantent, les draps frottent les corps tendus et remplis de promesse et remplis de forces et de pressions, et soutenus et repris, débattus et assombris, ils dressent au matin le triomphe sur l’heure, sur le désespoir, la nuit, la grandeur en cercle tourne, les grands sont aux abois et jappent, la frénésie est grave, et grince, la toile est tendue, remplie de promesse, les heureux cabriolent, ils rendent cœur pour âme et frottent la peau sur le fond.

Les vaisseaux sont remplis et de sang et d’ardeur, ils se frottent ensemble et comme un carillon dégonflent le métal, la confiance est dans le cœur, à l’aune du berceau, dans la vérité de la nuit, le jour est bienvenu et les draps se soulèvent, et la force, et le cri, il se passe une chose, le frottement réduit et tire la ferveur, ils se grandissent et échangent une avance, une retenue sombre, un aveu dans le tourbillon, le bleu et la vague dans le cri, le soin dans la fidélité, dans la mesure, dans la perfection, je te retiens et je serre la main et j’étrangle ta peau et je défigure les ombres, de l’or sur les paupières, le jour est enfin là, la vérité est mouillée, sur la peau moite les grains, la chaleur, le froid et l’obscurité, les grimaces, la dent est dure sur la chair un peu dure et un peu molle, ils se frottent au drap, les forces grandissent : la vie, un signe, une dérision, un agrandissement, une faiblesse, un calvaire.

Il faut recommencer et frotter encore, frotter et durcir et donner sans reprendre, les aveux, les émois, l’angoisse, le hasard, les amants se traînent sur le drap, repiquent et gémissent et fuient la vérité.

La trahison, le mensonge, sur le drap ils se frottent, et dansent, et recomposent, et imaginent, et ils sont autres, et ailleurs, et pourtant là. 
 
1 Mars 2007.

vendredi 24 août 2018

Il croyait.

Il y a une forme lasse et tragique, retournée de champ en champ, en chute sur le noir et le perdu. Les yeux bougent, il se penche et dépose sur le sol une fleur noire et tordue, les oreilles attendent, les sons sous la paupière éclairent, des statues, des colonnes, dans la main droite.

Il est perdu et tourne, et tourne, et retourne sur le banc de bois. La blancheur fade et sans épice, les croix de bois sont alignées, les ardents sont cambrés sur tige, le froid a fait office, la peau est tendue sur les os, la chair est ferme et sans éclat, les yeux dévorent les couleurs, les colonnes glissent sur l’herbe verte.

Le cœur en bloc se fige, sur la trace, les aveux, les supplices la chair fade si peu colorée, il cherche, cherche et tourne et retourne sur le pavé, le caillou blanc, la pierre noire, les reflets, les erreurs, les sorties, et les chansons dans la mémoire, les rides sur le front de l’eau, les cadeaux sur la main agile, les orages, les confusions.

Il se repose et recommence et ferme sur les jambes, il arpente le souvenir, le chemin lent et défoncé, les images une à une accumulées, les icônes pour la main droite, les drapeaux blancs, les drapeaux noirs, les drapeaux rouges. Toujours au bout du rêve il y a un combat à venir, un avenir de coup, de poids et de sang, en vacarme, pour couler du front sur les joues et glisser le long du cou.

Les erreurs se payent de blessures, il croit prier et prépare la lutte, il ne s’est pas remis, il ne s’est pas rendu, il croit attendre le réveil de Dieu dans sa chaumière et il repousse les clôtures pour bâtir d’autres cathédrales, pour inviter à redescendre, pour recevoir la bénédiction.

Il croyait prier pour les fleurs et les oiseaux, et toujours il compte les coups, le mensonge s’est insinué dans les rivages et les lisières, la folie est encore en pointe, les étrangers vont débarquer et rompre des lances, en chemin vers l’avenir, en partance pour l’horreur, en avance vers la mort, le sort terrible est relancé, la cause est toujours ouverte, les spasmes vont trancher le cou et corriger, la bataille est promise, il faut croire malgré tout. Il se croyait en prière et il est en arme pour la guerre.

Il faut du feu pour le brûler et des pierres pour l’abattre, la correction impose un avenir de cernes et d’or bleu, volé aux pauvres gens, dérobé aux aveugles, la solitude serre son cœur lourd, il faut entendre le chant, il monte et pioche et il promet le meurtre et les orages et des enfants perdus et des enfants battus et l’ivresse pendant le carnage.

Il faut entendre encore plus loin la stupeur, il se repose sur la rive et fauche la tête du bien, il coupe le cou des orgueilleux et relève d’une main les lames plantées dans le sol, scellées dans la terre par des chaînes de désir noir, d’ombres portées et rouges de rouille et du sang sur la main, posée sur un tronc d’arbre.

La vie s’écoule, il croyait prier et préparer le triomphe, et il s’arme et prédit la guerre, les gentils vont tomber et croire sera une aubaine. Il faut se relever et tordre les draps pour ensevelir le malheur. La vie s’échappe et tord la bouche des mendiants, il faut du pain et des cailloux et du ciel pur pour laver le cœur. Il croyait prier et il préparait la guerre.

28 Février 2007.

jeudi 23 août 2018

Enfonce le pied.

Il donne, et il viendra, et il commencera, et le soir sera là, et la pluie s’en ira, et puis dans l’air si doux, si long, si pur, et puis, quand il aura rempli ses mains et ses poches, et puis, et puis, il grandira et sera là, si loin, en haut, en bas.

Il avance sans tête, ni raison, et griffe les feuilles des arbres de petits bruits, de petits cris et d’évidences. Les pattes serrent fort et rompent le charme, la malle en osier roule sur place et recommence. Il se prélasse et embrasse d’un œil, les sentes, les cailloux, et le vent en frisson s’y glisse un peu plus, un peu plus, et toujours plus loin, et plus, et plus, et encore sur l’arête.

Le sourire des fous, le temps clair, la bataille, ils enveloppent loin, et tout, et courbent les branches pour cueillir du bout des lèvres les fruits à mûrir. Il y pense déjà, les fleurs à peine ouvertes, il pense au temps des fruits, à la récolte, à la conserve, au temps figé qui a passé, au temps du meurtre et des vengeances, vendanges amères et fruits dans les paniers, osiers qui penchent et sur le chemin mou, il pense aux cailloux qui s’enfoncent sous le pied.

Le poids est terrible et sèche la route d’un coup dans la flaque, le vent sèche les fleurs à s’ouvrir avant la fortune, à se rendre dans la saison en rêve pour viser et constater, et entendre encore dire, et toujours, pour toujours, il avance sur le chemin et son pied glisse dans les flaques, le bas de la jambe est souillé, taché de boue et d’erreurs.

Et la pluie s’en ira, et le vent sèche les flaques et il espère les fruits bien avant les fleurs sur les arbres et les roses crispent le froid, sous la branche qui bat, qui bat, le volet claque et la maison se tord sous les rafales, il fait, et chaud et froid, et la légèreté impose un ordre sourd, une rumeur, une faveur, pour tamiser le frais ciel bleu, la poudre d’or dans les jardins. Il recommence et chante fort, et il donne, et il vient, et la pluie ira bien plus loin tordre le cœur des enfants à l’école.

Au soleil, au vent, à la rumeur de l’air qui chante dans les branches, il est parti sur le chemin et glisse dans la boue des flaques, et glisse sur son pied tordu, et il court moins, et il se perd, et il n’avance pas bien vite, et il est perdu dans le petit vent, et tiède et froid, et il arrache le ciel bleu d’un regard triste, d’un clin d’œil sous la voix qui gratte.

Il avance, il reviendra, il fermera la ritournelle, il grandira le pied qui glisse dans la flaque, et il se détend, et il recommence, et il avance dans l’air bleu, dans la fin du jour, et il attend, et recommence. Le soir viendra sur ses genoux, et il finira une histoire, et il parlera, de tout, de rien et la voix dans la haie attirera les oiseaux blancs et noirs et les étourderies dans l’heure.

Il franchira, et partira, la porte est fermée, qu’elle ouvre et il se penchera sur le soir et comptera les mots dans sa main tiède. L’air est bleu, les oiseaux noirs et blancs passent, la confiance est revenue, le pied portant glisse dans la flaque un poids d’âme douloureuse.

Enfonce le pied dans la boue, les oiseaux glissent au ciel bleu, les plus petits dans les haies chantent, les plus fort loin passent et griffent l’horizon, la peur est partie en voyage, le poids du corps glisse le pied dans la boue, dans la flaque, la pluie s’en ira et les cailloux pèsent dans la poche.

Il avance la tête est vidée, et souffrant, il arrache une pierre de plus au chemin, les bâtons roulent sur la sente, le soir est sec, le vent est tiède et frais et le malheur part en campagne, il finira sur le chemin. Il séchera une petite peine, un petit mal, une vraie tristesse, une langueur, un petit courroux.

Une petite couronne pèse sur la tête qui passe, un poids de poudre d’or plonge le pied au cœur de la flaque, il fait froid et doux et sa tête se découronne.

27 Février 2007.

mercredi 22 août 2018

Ils avancent.

Pour voir, pour commencer, pour recommencer, pour entreprendre et finir et réussir et suivre sur le chemin une ombre bleue, un chien, une créature étrange. Il court sans le savoir, sans y penser, sans rien entendre, sans avancer et sans cacher aux autres la vérité et l’absurde et sombre réalité, ils courent sur le chemin, les oiseaux blancs volent ensemble.

La pluie a enfoncé la boue entre les pattes, les ongles rentrent et sortent et la terre grise et noire remonte des escargots, des coquilles et signe le pèlerinage, la confusion, le soin. Ils courent vers le haut, ils sautent vers le bon dieu et croisent dans les airs le fil de la vierge, la punition, la vendange, l’estocade, la saison prise au genou, serrée dans les cuisses, sous la fenêtre, appuyés contre le mur.

Il pleut et l’épaule enfoncée dans la paroi, ils courent l’un après l’autre, le chien griffe et mord le bâton, la boue entre les ongles, entre les dents, les oiseaux blancs volent ensemble, la lune meurt au matin, les oiseaux volent et se posent ensemble. Le chemin seul, la longue crainte, la jambe folle sous le poids, les charme de la ritournelle, la course dans le froid du jour et le jouir au partir tôt. La grande fermeture, la clé serre les jambes et plie le doigt et ronge l’âme et finit le seul œil qui ferme et penche sur le sol boueux, le pied y plonge et recommence. Les ongles griffent le sol et la boue serre la cheville, les jambes sont en émoi.

Le chien court aveuglément sur la route, il faut finir cette avancée, ce vague dans l’âme, cet échange, les oiseaux blancs passent si près et se frottent sur la lisière, le canal frotte l’eau au ciel, les hommes courent sur la berge les bateaux passent sans faiblir, la lumière avec l’air bleu est un plaisir et une blessure, un gratte pied sur l’herbe rase. Il file dans le matin et songe bleu et songe mal et rêve un malheur pour la tête, une errance pour la saison.

Un feuillage berce le songe et frémit, il n’y a pas de vallon, la terre est plate, plate, les ombres chevauchent, les herbes sèchent, les fleurs fanent, la sombre espérance se tord et tire l’angoisse par le pied et le petit doigt et courbe la tête et repense au poids des ans, aux vertus fades, aux chiens qui aboient sur la terre, la boue entre les ongles, la bave sur le nez.

Les yeux perdus dans la routine il tourne avant de tourner, il part sur la suite des ombres et gémit sans volonté et frémit sur l’eau, il tire le char de la nuit passée, les ombres bleues sont sur sa route, il y pense encore plus fort, il tord le nez et se venge et pèse son poids sur les os, il tire de la nuit perdue un reste de précision, une escapade, il court et force le chien à finir, à venir et prendre un bain de boue entre les pieds et salit le pavé et frotte, les traces de boue sur le visage, le poil séché et poudré, les éclats de nature noire, le vert sous le pied, l’herbe écrasée, les narines bouchées de sang et fermées aux ciel tout bleu d’or et d’argent et plisse et déplisse la toile.

L’air est bleu, les animaux se calment, il tourne sur lui et saute et arrache un bâton droit, une évidence, les deux amusent le paysage, la droiture du chemin clair, la boue entre les doigts du pied, il est fou et marche dans l’eau et dans la boue et dans le vent et respire les odeurs fortes, l’herbe est verte et sous le poids répand aux autres les odeurs et glisse sous son pied tendu, il est fou et rempli ses yeux.

Ils avancent dans l’herbe verte, le chien en soulevant les yeux, ils se remplissent d’air sauvage et frémissent, le grand âge passe sur le chemin, il fait droit et bon et il frissonne, le ciel d’air bleu ploie sous la charge, il passe comme un roi chargé du poids de sa couronne.

27 Février 2007.

mardi 21 août 2018

Ils se promènent et se posent.

Comme une toile, comme un fichu, comme un couvert sur le ciel bleu, le même et le lointain, le parvenu tout à fait cache sous ses franges une espérance, une habitude, une redite de temps clair, une frise de serpents favorables aux plus heureux. Plus cernés que l’angoisse et plus donnés et moins reçus et parlés fort et criés loin et sous le couvert, sous l’orage, les franges pleurent sous mes yeux et la solitude.

Et le plus seul, le plus caché, le plus ténu, la différence sans nombre, le vernis sous l’expression, les rayures sur le visage, la cadence est un enfer et le pesant est en visite. Il cache sous son couvert, un enclos, une mission pour l’angoisse, un avenir de vieux trésor, une recette de physique. Il est étendu sur le sol et son pied racle la planche, il est courbé, sous le voile le ciel frémit, la peur se calme.

La silhouette, le salut, la barque au loin emporte les offrandes et pénètre sous le voile et effrange le satin blanc. Ils sont revenus et ils rament et ils affrontent le gros temps, la force vive, la clarté, le soir venu, le soir viendra. La plume sous les arbres, les oiseaux bercés sont revenus.

Sous le voile et sous la tente sous l’arbre viennent les enfants, ils se promènent et se posent et disent dans le soir une espérance, une herbe qui s’épanouit et se couvre de poudre fine, de pollen et de rayons d’or et de morceaux de la lune, fière des étoiles sous le manteau, et un plus bleu et un plus lourd.

Des comètes se détendent et glissent sur les cailloux et roulent sur la route noire et percent les yeux des plus lointains, des plus petits, des plus malins et cisèlent la coupe blanche, on boit du métal, de la rosée et des orages.

Il faut croire la liberté, il faut croire l’évasion, le retournement, la césure, l’envol bleu sur le ciel clair et la fuite vers l’orient et le retour. Sur l’écho, sur la rive, le ciel est bleu, sous le couvert, dans l’obscurité et l’ennui.

La poudre d’écume sur la peau et les ongles dans la chair blanche, l’effort et l’affrontement, le combat et les avances, ils se cherchent sous le temps clair et puis sous la toile les vagabonds et les errants, la fuite vers l’orient, la course à travers le bruit, la chasse aux éclats de fortune, la retraite et le retour et le retrait au bord des étoiles.

Ils se retirent et commencent et frottent et glissent les ongles sur le dos de la main et lissent le pied sur le sable. Un retrait, un retour, une trahison et une figure et une évidence, et une grande confusion. Le bruit est loin, le bruit est fort il se grime sous la lune, le féroce qui est muet et sans pareil.

Ils glissent sur la peau et l’huile coule entre les doigts. Le feu des morts est allumé, la retraite flambe sur l’onde, les yeux se perdent et se noient, les enfants cherchent la suite, l’histoire commence au soir et les oreilles se vident. Ils parlent sans voir clair, sans rien entendre, et désirent et griffent. Sous le voile et sous la tente, sous l’arbre viennent les enfants, ils se promènent et se posent.

26 Février 2007.

lundi 20 août 2018

Le son du fil perdu.


Parler sans y voir clair, sans rien entendre et désirer le sort, il surface la peau et griffe le serment. Les oreilles ouvertes et les yeux au fond des poches, et les dents sur la lèvre et le sel et le sucre et encore plus loin, ils sont tremblants et seuls et si près de l’abîme, du gouffre, des horreurs, des bateaux coulés et perdus et ils raclent le fond et soulèvent le sable et les algues et les pauvres noyés se tordent dans le flot. Le courant est amer, la vie est démontée, les cœurs abandonnés et le secours trop loin, la longue plainte installe et recommence et ils sont offensés sur le fond, les peureux.

Le souffle dans le nez, le sang coule sur terre, les ombres se perdent et les remords lancent sur la peau nue, le fil qui s’écoule entre les lèvres et touche le sol seul, le sol nu, sans honte, loin, bien loin de la vertu et des offrandes.

Entre deux eaux, entre deux rives, entre deux mondes, sur la clarté et sur la pénombre, les enfants vont par deux et grattent le chemin, l’avance est consommée, les talons sont usés et les mains sans épines sont frappées sur le sol pour écarter l’ennui.

Les ombres heureuses et les forces du haut et les bourgeons tendus, la sève suinte sur le chemin, se gonflent d’importance et de vie. Les paupières des grands, leur peau est enflée sur le dos de la main, les ruses sortent, le désir des enfants, les sillons de carême, la liberté, se penchent, le reproche est fort et les nuits sont sans oubli, sans marques et sans attente.

La vie est un cerceau, une fantaisie dans l’ombre et dans la manche, les graines tombent sur le sol et la nuit, la fleur bleue est posée au rebord de la fenêtre, la lèvre est construite et le désir est flou. Ils étaient dans l’eau entre deux forces, entre deux cours, entre deux mondes et la blancheur est morte et le noir envahit et gomme les défauts.

Entre deux bancs de sable et de cailloux, les algues ondulent dans le rêve, la chanson est si calme et si petits les regrets et les rires. Le fardeau atteint l’épaule et mord dans la chair et descend et force le sanglot. Il y va, il en vient et il retourne encore sur lui et sur le temps et défait une à une les boucles de la vie, il y avait un corps flottant dans l’eau entre deux sables et puis un rêve éveillé et souriant et perdu dans le sable et sur le bras, le poids de la tête qui pense et qui penche et défait et entrouvre et recommence. Il n’a plus ni rime ni raison et le poids de la tête écrase le sang dans le bras.

Il faut un effort fou, une raison de marbre, la volonté vers le plus haut, il faut finir cette chanson pour entendre le son du fil perdu sur le cours du sang dans le bras lourd et écrasé et cerné et tendu, fil dans le corps. Il enfle et reconstruit une infinie douceur et il palpite au loin et il chante sans cesse et recommence encore, la caresse est un va qui vient doucement.

La suite, le sanglot, le spasme, la déroute, le grain de sel sur la plume du passereau, le moulin tourne au fond des océans entre deux ailes et deux ombres, la vie s’écoule en satin blanc effrangé et tordu et repris sur le col. Le coup est franc, le grand est en émoi et refait sur le dos un passage vers le plus haut, une offrande pour la mémoire. Ils étaient sur le fil et se contemplaient dans le miroir tendu entre deux eaux, sous les branches. Il flotte sur la rive, il chante dans le vent, le grand souffle d’en haut, la croisade des ombres, le retour et l’oubli, la fracture se plisse et étale le drapeau sur la vie.

26 Février 2006.

dimanche 19 août 2018

Trembler de joie.


Il a fini la lumière et entendu, les draps sur le fil, le clair et l’orage et la brise, suer. Le sable rentre des cailloux dans le temps, le vent vole les roses et les feuilles. Le petit est perdu et commence la silencieuse sérénade, elle l’éveille. Au lointain l’heureux caracole et franchit en bondissant les frontières du temps maussade et de l’envie à venir, à déraisonner, à entendre. Au tard, la vertu se manifeste, les cœurs palpitent sous le lierre, les bourdons sont en route et frottent les jasmins d’hiver.

Et entendre dans les herbes rases et écrasées, un chant plaintif, lointain, sans âge et sans force, si plaintif, si lointain, pareil aux astres. Ils clignent d’une paupière sur l’autre, les étoiles sont loin et les feux brûlent et endorment la sagesse. La domination, le carrefour, la solitude, l’esprit et l’espoir, attendre sur le sable et trouver sous le pied que le sol est bien doux, si peu ferme et en parfait déséquilibre, sans sentir, sans pâlir et en espérant à la fin, une détermination sans faille, une robustesse de cœur et d’âme, un parcours sans fautes, sans que rien ne faiblisse, démontrer et servir.

La pluie viendra bientôt et ils fermeront les fenêtres, la tête sous le tablier, la toile cirée sur les boucles, ils étaient si serrés et en danger ces enfants surpris par l’orage, ils rentrent et bien vite se couchent sous les draps et sous la vapeur des émotions trop fortes et le cœur arraché et trahi, déposé sous un arrosoir au jardin, les figues et les noix et ils reprennent de l’huile et finissent la clôture et comblent les sanglots. Ils sont heureux et séparés par un orage et répartis au loin et remplis de saveur et cajolés de foudre et tendus de semences et pleins des affronts du noir et de l’orgueil.

La vie allège le poids, le fardeau est en marche, la foudre sur les yeux fronde et aux épaules des frissons, des ardeurs chantent dans l’illusion des rires et des joies. La peur est en voyage, le pain est sous la branche, les silences sont lourds et finis et pleins de cette lueur de faïence, un plat de légumes et d’ail, la saveur et le feu et la richesse de tous les âges, le sanglot loin et long, défendu sur l’air et comblé et transi et surpris sur la route, le sentier est en haut, la chair est tendue. Les silences sur tout ce qui se rencontre, sur ce qui est toujours à dire et faire.

Sur les yeux des traces pour le rire, les aveux, les sermons, les paroles lancées et les regards mauvais et lourds et dans le bleu si bleu, la main se pose sur la ride, les temps ont coulé et les toisons blanchissent. La musique est vivante, les doigts se posent, l’espoir avance, la ferveur remplit les bateaux de sucre et de gâteaux, les hirondelles reviennent sur la rive et battent une aile lente et souveraine et fixent les yeux des passants. Il a coupé, coupé et taillé, la tranche est inscrite sur sa tête et sur ses doigts, les arbres ont compris.

La vie avance et surgissent les nuages, et l’air est bien plus doux, plus petites les choses, mais précises et sans danger. La pente ouvre, les oiseaux sont en chansons et en grande confusion, les heureux se posent, donnent sur le sol une ombre plus précise, un accueil plus généreux, une source de rayons chauds, une signature du désir, enfin, enfin, trembler de joie en pensant au retour, il reviendra un jour et les arbres seront en fleurs.

11 Février 2007.

samedi 18 août 2018

Retour, sur Pierre ...


Qui tire les fils ? Un fil tendu vers l'autre, un fil de funambule. Rencontres tendues, en paroles nouées sur un fil.

Je descends !

Je suis le quémandeur de vie, je suis le dispensateur, je suis l'unique et le multiple, et me fonds dans l'océan.

Vous montez ?

Rencontres incertaines, en des lieux incertains, où la descente régulièrement vomit son monde. Frôlements, croisements, les portes se referment.

Vous descendez ?

Les mots disent un combat, et des combattants, ils étaient vaillants sous le feu, et les filles, au repos, si faciles, c'était un plaisir la guerre, oui une joie, la guerre, la fleur au bout du fusil.

Des maux, un mot encore, des regards de réfugiés, de répudiés, en honte d'être là, en transit, sur un quai de gare à attendre un train qui ne viendra pas. La voie ne conduit qu'ici : au bout de la nuit.

Et tout devient lumineux, je monte !

11 Février 2007.

vendredi 17 août 2018

Retours de Maria Dolores et Jean Jacques.

Sur "Colloque".

Qu’est-il venu chercher… là ?
Les mots défilent… les mots s’égrènent … les mots s’écossent… lettre après lettre… mot après mot…
Parole… parole… parole…
Compris… pas compris…
Il ne le savait pas…
Il perd… il gagne… il y est et c’est la première fois….
Discours… présentations… mains qui se serrent… prendre place…
Il est perdu… il se retrouve… il apprend tout…
Il y revient… ne comprend rien…
Il réfléchit et cogite et griffe et corrige et gratte et regarde et écoute et reprend…
Il le sait… il le sent… il s’ennuie…
Il aimerait être… et être loin… il reste là… il entend…il s’oblige… pas le choix…
Douleur et lassitude… il respire… expire et inspire… soulagement… il reprend…
Brouhaha…tourbillon… c’est la vie…c’est le vide…
Pas vu… pas pris…déjà vu… jamais pris…
Aime ou n’aime pas… ne croit pas…
Là-bas le ciel est grand…
La tête entre les mains…
Mal de dos… sauve-toi… trop de monde… trop de mots… trop de voix… trop de trop…
Un s’en va… lui reste là… regard vague… n’entend pas…
Voyager dans le vide… dans le plein… dans l’ailleurs…
Plus d’envie… grosse fatigue et se taire… ne rien dire… ne rien faire…
Pris au piège…
Sur le fil s’agripper… réfléchir et parler… se rassurer et s’accrocher…
Fuir ou rester… ?
Ça il sait…
Partir… revenir… se trouver et se tranquilliser… expliquer et aimer… le cacher… le garder…
Éviter la blessure et se taire et le dire et penser et être là… simplement…
Être bien et souffrir…
Se cacher et patienter et trouver et le faire… ne pas choisir et continuer…
Se méfier… s’essuyer… se délivrer et gratter la douleur… l’éplucher… la laver… retrouver du bonheur… être ainsi… bien assis… triste en vrai sous la pluie…
Et l’aider… être là… sans un mot… il ne sait pas…
Il s’éloigne de la vie… il a mal… ne cherche plus… ne se ment plus…
Il écoute le silence…
Il écoute … et il trouve…

Maria Dolores Cano. 23 août 2007  ici









sur "On livre et on liquide et on chante, sur le filet".
Plus de mots

Mais le masque des couleurs

Sur ce carré de toile



Toi

Le silence de toutes les douleurs

Elles

à mille doigts

à mille spores*



Encres noires écrasées

Langues de feu

Bleus primitifs



Et ce peu révélé cache l’élan secret qui a conduit le corps à lancer ses couleurs

Sur ce carré de toile

Jean Jacques Dorio.
12 août 2018 ici

* Fougère rouge qui bouge en elle

à mille doigts à mille spores

dans la préhistoire du corps

Jacqueline Saint-Jean

(Jelle et les mots) 2012

Je parle.

Que faisons-nous là ? Nous disons trop, et pourtant, dans ce trop pas assez.

Nous cachons nos manques dans des images, enveloppées et entretenues de jolis mots et de belles phrases, nous coulons dans des images à l’abandon.

Nous disons que nous ne mentons pas. Vraiment ne pas mentir ? Ne mentons-nous jamais à l’autre dans ces échanges, au dessus des clôtures.

L’un parle, et l’autre, en même temps, les discours se croisent sans jamais se toucher, la faute à l’orgueil, à la douleur, au doute, qui mettent à la dérive.

Nous nous sommes tant parlés, et nous ne nous sommes pas entendus, et nous nous sommes si peu écoutés, et si peu dit.

Ne croyez pas que je parle pour d’autres, je parle pour moi.

11 Février 2007.

jeudi 16 août 2018

Des paroles.

Des paroles surgissent, l’homme relevé de la peur et la mort, est un fil tendu, il était à terre et redressé par ses autres, il intercède. Parole, folle d’elle-même, sûre et forte et froide et compliquée et tendue d’une rive à l’autre, vers les autres, les autres, qui sont autres et étranges et insaisissables.

Attirés par la plainte, par le sanglot, ils approchent et se sentent, les autres et leurs étrangetés, leurs paroles dans le vent, ils dispersent étrangement d’étranges sourires et des réconforts dans le froid. Les autres se serrent et redemandent du parfum, demandent à s’étendre sur un lit de roses, pour, offrir, fermer, souffrir, anéantir et respirer et s’éprendre et commencer. Les autres se voient dans les paroles et exercent sur eux et sur nous, le charme, ils lèvent les bras et implorent et imposent. La parole monte et démonte, démontre et expose, les rumeurs et les murmures, des mots entre les pierres. Il faut les tenir, ces mots simples et compliqués, en escalier ils tournent sur le poids des autres. La parole soufflée, la porte s’ouvre, un mot a ouvert la cage, les autres sont autour et attendent et ils s’effleurent entre deux battements de cil et de cœur. La puissance s’impose étrangement entre les sourires et les regrets, la parole ouvre et le discours ferme, l’autre est un cadavre, la mort est imposée dans le souffle de l’autre, dans l’espérance des autres.

Je fermerai vos yeux et prononcerai les dernières paroles pour clore, nos vies sont côte à côte et nos souffles se joignent. L’un, l’autre, les autres, le duel est terrible et finissent les chansons. Ils se mordent et battent le pavé, au retour de la guerre il y a des embrassades. Ils se tiennent debout et parlent d’un bord à l’autre de la vie, l’affrontement envoie au fond de l’eau les rêves des enfants, avec la complainte du sabre. Le fer est secoué dans le flanc qui palpite, tes paroles me tuent et arrachent la peau de mon visage, je te promets du sel et du sang, sur la paupière une goutte de peur triomphe. Ils reconnaissent leurs paroles, les mots se mêlent et échangent des souffles d’air, la vapeur, la buée, les erreurs tout s’envole, ils sont redressés et leurs yeux intercèdent entre l’ombre, le froid et le chaud, dans l’ignorance, dans la fuite, dans le partage. Les paroles frappent et enfoncent de la lumière dans la terreur, dans l’amertume. Le vent sale les yeux. Le froid engourdit les membres, et disperse la chair, la force est muselée, la parole endort et berce la vengeance. L’erreur est dans le mot, il chante et se traîne sur la bouche, les lèvres frémissent, un baiser, un mot, une ardeur, une aventure. Les autres sont debout et ouvrent les yeux et serrent les dents sur le remord, caché, toujours caché, blotti dans l’espérance, égratigné, éperdu. Les mots et les yeux bercent et accommodent, et la peur est endormie. Ils la dépassent et commencent et les os sont dispersés et la parole les rassemble, et les mots ouvrent les portes et chassent, au loin devant, bien loin.

La peur et le souffle éclairent, le brouillard roule, les bras étendus ouvrent les voiles et une main offre le passage.

28 Janvier 2007.

mercredi 15 août 2018

En gouttes.

Quelle sagesse, étrange, dans le soir, tout dire et tout faire. Les objets se manifestent et refusent la suite, le retour. Que reste-t-il, que faire, rien n’y fait, entendre le chant élevé et tourné et perdu, sans erreurs, puis partir, et entendre encore, les couleurs se défont et elles se disloquent.

La pointe du sourire est contre le volet, le jour s’achève, les oiseaux se battent sur les pierres, le chemin blanchit de froid et de remords, les heures fuient, les oiseaux pleurent sur les branches dégarnies, effrangées, rompues, battues et refendues. Le chemin est tordu, les griffes raclent et s’enfoncent, le froid se dépose et tient sur les pierres. Le chemin est blanc, la vie coule en souvenirs et en fontaines froides et furieuses, les forts sont en cercle et tirent dans l’eau profonde, des pierres du chemin, des pleurs, des saluts, des matins effondrés, des chansons lentes et si tristes, tristes, sans reconnaissance et sans soutien.

Ils frôlent et raclent du bec et des griffes, les oiseaux petits et rougis, en gouttes de sang chaud, pressant les plumes sur le sol, sous les arbres, feuilles tordues et grignotées. Le froid a saisi et étouffe le grain sous la plume. Contre le volet, contre la serrure, sur le rebord, le fond est parti, le froid glisse sur le verre et sous les griffes courbes, sous les coups, sous le butoir, dans la frange, dans le calme. La toile gratte les plumes et les griffes et la coquille et le rebord du nid et la chambre, les erreurs, les ombres et l’attente, gratte l’attente, la nuit est grave et pleine. Le moyen pour finir, trembler et répondre dans le vent, dans les cordes, sur le rebord, fenêtre, nid, répandre la pluie et les certitudes, le regret, les regrets et ils n’ont rien fini.

Rien ne fut mangé et les débris coulent sur le sol, il ne reste rien et personne ne peut, les erreurs et les joies, les objets se refusent et la suite est retenue, la chanson lente monte et monte et remonte et les armes répandent les débris sous la table, sous le lit, les amants ont vidé la dernière coupe, l’effort est accompli, la vie avance, la douleur est là, sur le chemin qui givre et arrache entre les doigts le reste et l’avenir. Les oiseaux sont perdus, les couleurs sont effacées, les ongles raclent le sol, les pierres vibrent sous le talon, les hommes et les oiseaux, dans la chambre, dans le nid, ils se serrent et tombent sur le dos, sur la main, sur le cœur, dans la petite lueur, dans le froid installé sur le bord de ce chemin ou errent les enfants.

Ils ne seront pas là, ils ne seront plus ici et le nid et la chambre et les destins croisés sur la roue ou s’écartèlent la lune en son ruisseau, le tendre et le précis et la fin de l’écho. Le plus petit se glisse et fend d’un coup de bec la noix et la raison et les feuilles ébruitent un vent de glace et de solitude. Ils se mélangent, et recommencent un rêve entre deux coups de brosse et de chiffon, les vitres pleurent, les rayons dressent la lumière et les éclats et l’étincelle, entre deux coups de brosse, un œil posé sur le miroir. Ils se gardent de vivre et refont des histoires et des soupirs d’intelligence et des rangées de silence et des éclats de voix et de rires dans la chambre au dessus du chemin.

31 Décembre 2006.














mardi 14 août 2018

Il est un souvenir par habitude.

On renvoie la feuille et on oublie l’essentiel, la feuille tombe des nuages et grossit le fardeau et alourdit la peine. Il faut pousser et repousser le poids des feuilles sur la rive, le cordon est tendu, la liberté aussi, une rumeur gronde, et annonce, le fracas et le mal en visite sous l’arbre, les feuilles tombent et le poids grandit, les roses sont fleuries et dressent au ciel les épines.

Il faut par défi rendre devant le soleil sa part de volonté, son appétit de rire. La vie en gouttes et en gelée tombe. Une entrée dans ce royaume, les doigts sont couverts d’or et sont figés de miel et de volupté, et ça colle et ça colle et puis cela coule, le miracle est rendu, la Saint-Janvier est proche. Les doigts sont couverts et la fleur de châtaigner se dérobe dans le souvenir.

Çà colle et puis coule et rien ne retient ce trésor, il coule du haut de l’arbre et appelle son âme, son compagnon errant, trop haut perché et penchant sous les branches, ça colle et puis cela coule et la fleur est projetée, la longue plainte, les longs sanglots couvrent ce mystère de ferveur. Il était ainsi en haut d’un arbre, sous le ciel, la récolte d’or sous les feuilles en tas, sous l’osier.

Les fleurs sont inertes, la vie coule en gel, il faut attendre, espérer, un écart, un frôlement sur le flanc. Au plus haut de l’arbre, les fruits se figent, le liquide coule, or et sucre mêlés et caresse sur le flanc et volonté et stupeur et ferveur et émoi. La feuille balance, les branches frémissent, les oiseaux posent une goutte or et sucre et eau et espoir et volonté et plaisir, mêlés.

Si loin, l’assouvissement, est on rassasié, est on ému et comblé et stupide. Sur la branche qui bouge, il y a des oiseaux, ils se mélangent et gênent et distraient et décorent. Le jus coule sur les feuilles, on se penche pour voir l’or se répandre, on parle, on donne et on reprend un souvenir sur un coup d’œil, pour entretenir l’éternité et son reste, l’éternité et le reste.

Au plus haut de l’arbre, deux oiseaux sont posés et coulent des larmes de sucre et d’or pur. Les heureux sont ensemble pour longtemps et finissent d’un revers de mémoire une coulée, d’or pur, de tremblement, les joues tendues. Le fardeau alourdit la peine, les feuilles tombent, posent sur le sol le poids des souvenirs. Il faut rendre au soleil une part, et une part de volonté.

La feuille balance et les branches frémissent. On rit, la vie en gouttes, tombe, d’or et sucre et espérance et volonté et volupté et désir et plaisir. Est-on ému et comblé et stupide. Sur la branche il y a des oiseaux, ils se mélangent. Le jus coule, on se penche pour voir l’or et on parle et on donne, un souvenir d’un coup d’œil, d’un coup d’espoir, on entretient l’éternité et le reste.

31 Octobre 2006.

lundi 13 août 2018

Et sur la cause et sur le lien.

Et sur la cause et sur le lien, rien n’est dit et rien ne restera. Les efforts et la grâce et le chant et la danse, résistent et fracassent ce qui reste sur le sable et sous le figuier. La paume et le pied sur la terre et sous le soleil résonnent, le tambour est en transe.

L’harmonie et le calme et le silence, la clarté et l’absence, se répètent et recommencent et s’enivrent en abandon. Les épaules hautes, et l’air sans y penser, sans y toucher, les pauses et les gestes, avec la soif et le doute restent sur le désir.

Encore, sans trembler et sans peur, la main sous les habits, frotte et recommence. Il était sur la terre et recherchait, l’innocence et la prison, le luxe et la cage. La clé est posée là, sur le sable, et l’absence dans le décor. Rien n’est dit, et se pose la main.

Et sur la cause et sur le lien que reste-il, ce qui grandit sous la feuille réjouit les sens.

30 Octobre 2006.

dimanche 12 août 2018

On livre et on liquide et on chante, sur le filet.

La toile est tendue, les éclats sont dans la peau, reçus et emportés et menus, tout ensemble, un océan, une absence, un rendez vous de fer et de marbre. Il a poli la ritournelle et rempli un verre, plein de distance et d’ennui, il cherche une sensation, une frénésie, une espérance, pour le martyre, pour la nuit et la sincérité. L’ardeur et les friandises et le ménage, remués et la solitude et le repos tout bien gardé et franc et mûr et volontaire et plein de défauts sous le pied. Il faudra bien finir ce verre et contempler le ciel caché sous les branches, dans l’herbe qu’il faut croiser et retoucher. Et en remplir un panier d’espérance, de chaleur pour annoncer aux enfants qui passent, le retour des armées vaincues.

Ils ont brûlé le char des maléfices et tassé du pied la boue, elle pleurait, elle est en lice et dépecée jusqu’aux genoux. Ils brûlent et rebrûlent et entassent des herbes noires sous les roues, le char avance et on y voit, un gant retourné doigt par doigt, les épreuves, la liberté, le courroux, la gaieté, les ficelles, la saveur. Le chien est lancé dans l’herbe, sur la route, il est perdu et, retourné son panache, il court sur un pied tordu.

Les ogres ont dévoré, les herbes ont brûlé, brûlé, la confiance se consume, les blés sont trop mûrs et saccagés et posés. La main tremble et remonte sur le tronc et racle l’écorce, sous le gant trop tourné, et retourné du noir au blanc, des cris au silence, de l’horreur à la sainteté. Les anges les ont vu passer et fidèles se sont penchés. Ils vont crier et rompre le silence et rendre au ciel cette pauvre moitié, ce lambeau de rage et de colère et d’abandon. La peau se tourne sur la vie, les os se choquent et finissent le chien passe et commence l’avenir, le départ loin sur la grand route vers ailleurs. Les pavés sur le ciel, tournent et retournent, le vent levé, le corps blessé, les genoux cernés de misère, de cailloux blancs et de sueur. La rive est jonchée de merveilles, de poissons et de coquilles, de cruauté, les cailloux brillent dans le vent.

Les membres brûlent et descendent, la peau est tournée sur elle, la noirceur a viré, le massacre est accompli, ils courent, courent et volent dans la nuit, la tête est fendue. Le chemin au bord de l’eau, il faut s’asseoir et contempler et trier et retirer la peau, elle a brûlé dans le panier.

Les hommes heureux cueillent des simples, le chien court sur le chemin et d’autres plus loin se bercent d’illusions et de massacres, de désespoir et de contraintes et passent dans la nuit sans lune, la tête cachée d’une épaisseur de noir pour brûler. Ils ont fait un miracle pour les beaux jours, ils ont inventé l’ivoire calcinée, la peau tirée, la peau tendue. Le tambour sonne sur eux et ils courent dans la nuit d’ivoire sur les dents d’émail, dans le panier, des chansons sous la narine.

On livre et on liquide et on chante sur le filet, la toile est tendue et sans rides et les éclats sont dans la peau, reçus et distendus et emportés et menus et tout ensemble se compose un océan, une absence, un rendez vous de fer et de marbre.

30 Octobre 2006.










samedi 11 août 2018

Il revient ...

Il revient de la nuit et croise l'écho, les murs tremblent. Il a dressé le poing, le souffle sur la peau, toutes les secondes, la peur dans la trouée. L'espoir battu, ses larmes le signent, et pointent les nuages.

14 Octobre 2006.

vendredi 10 août 2018

On aime le mystère ...


On aime le mystère et le voile léger. Retour de soi, linge de joie, quoi ?

En finir avec la chance, écrire l'histoire, écrire les silences, cacher ce message

dans un mouchoir, fixer ce qui reste, et dire, c'est fini, j'abandonne. Parfois on croit qu'il n'y a rien, et c'est vrai, ça s'effiloche et l'on souffre, et la vie, et plus rien.

Assis près du grand chêne, on ouvre un tronc, aspire l’air, ses feuilles sont des oreilles pointues, elles tuent. On n'avance pas, il y a quelqu'un qui cherche, il pourrait noyer sa trace, laisser le rêve, là, où guette, un inconnu, sous un petit pont de bois.

Donner à l'inconnu, il boira les paroles, il les rendra, elles seront comme neuves, un peu glissantes, vivantes et glaçantes, comme un œil. On cherche, on trouve, l'adresse, des bouts de craies, on hésite à choisir, ah, la bleue, pour la feuille et la chèvre.

On vient se faire bercer ici. On est perdu, c'est vrai ? Même pas, même pas vrai. La pluie est un délice, c'est agréable, le visage à cette averse, tout glisse, dans le cou comme une pelure chatoyante. Çà sent l'orange et la violence.

Une violence délicieuse, amoureuse, contenue. Une femme calme attend un retour, on sera un soir et dans un œil, on lira comme un orage d’automne.

13 Octobre 2006.

mercredi 8 août 2018

Et grelotter et se tordre ...

Et grelotter et se tordre et périr et disparaître sans que vole une fumée, sans un soupir. Pour, le jour et la nuit feindre la joie et le repos et pleurer, sans entraves, sans rien pour s’appuyer, sans canne, sans manteau, dévêtu et penché.

Les plis de peau sont ridicules et frottent le poil, et déroulent des cordes pour les marins, des épouvantails à moineau, des fantaisies pour qui crache sur la flamme, la peau bat la breloque, pour le plus fendu, le plus dressé sous la pliure. Il ne faut rien dévoiler et tout dire, du contenu, du branle-bas dans l’univers. Il est aussi haut le matin et retenu par la fraîcheur et sous les doigts et sous les lèvres, il y a débauche d’oripeaux, flamme au vent. Sans rien lui dire et pour longtemps les creux avancent sous l’ombrage, les bosses sont tordus au doigt et retenues entre deux ongles, ils pincent comme le froid et la dent dure les égratignent, ils sont replets, confus et tendres et bien nobles dans une position d’abandon, de violence et de raffut.

Le grelot, le vaillant, il endure toute sa peine et frotte-ci et frotte-là, les gentils chats, les sacs pliés et retordus et les rides sur les paupières, la chair étrange dans la chaleur, verdit, fleurit, se rétracte et recommence, et recommence et tend le doigt vers l’embuscade, vers le filet du roi maudit et nu et il se courbe et redemande et embrasse le ciel d’un œil si fort, si tendre dans l’air bleu et flottant sur la campagne, il est en avance et retarde et rebondit sur le visage et il est mouillé de vertu, pour renoncer et reprendre, et fragile sous un os dur, il est enfoui dans une mare, englouti sous un pré, salé de complicité et refendu et retendu et outragé et barboté et calculé quand on soupèse, et redressé et bien happé, il est une ombre pour la terre, les grands sortent de la vague et montrent tout au vent qui passe, aux yeux écartelés, aux mains décoiffant la sûreté et la droiture, on va se tordre, se compléter et repartir et revenir dans une chemise flottante, le tout est rond et choisi et sucré et pimenté.

Les yeux épouvantés, l’air ne passe plus, plus rien ne respire, plus rien n’égale le flottement, la pliure est en en morceaux ils faut enter et sortir et remonter et y penser et donner un sens au partir, au meurtrir. Cela pend, se coince et refuse et remonte et réjouit et choit sur la peau, sur l’étendard, pour joindre dans le fil de l’eau deux vies aveugles et tendres et perdues et montées et remontées de fond en comble de dedans, de dehors, et de poids tendre, tendre et furieux et trop de respect parfois de l’innocence et la chair vit et le poids plombe, le marteau démonte les murailles et se repose un seul instant sur le rebord de la toiture, les pointes appointées et tordues sous la vigilance, il faut retendre et reprendre et compter sur les doigts tous les plis de la draperie, tous l’or en paillettes qui glissent entre les joues de la braise qui chauffe, chauffe et remonte pour une fois encore à la pliure des hanches, au nombril. Plié, creusé, mouillé et forcené et retendu car cela passe, se défait et recommence, les marins tendent les filets et pêchent une fois encore une fois de plus, la mer est immense les vagues tournent fort, ils étaient jeunes, ils sont partis et les plis de la voile se tendent et se détendent et la vie est pareille, semblable, le sac, le ressac, la corde, tendue, détendue, ils sont à terre et recommencent et au point toujours au point, au bout du bout il y a le jour.

25 Août 2006.

mardi 7 août 2018

Et si la vie passait ainsi ...

Et si la vie passait ainsi, toujours sur les cailloux, dans l’attente de rien, que le temps passe, sans ennui en faisant simplement le temps à l’envers, à l’endroit, sans rien débrancher, ni arbre, ni partage, ni le soleil luisant, ni la nuit de rosée. Si un soupçon de nacre se détache et refroidit la peau, les frissons sous l’eau en étincelle dérangent l’ordre.

La construction est élevée, les diseurs disent et les soupçons s’infiltrent de l’eau vers la peau et le cœur ne suit pas, il est au loin sur une plage blanche dans le sable, il glisse entre les doigts, les frissons éclatent dans l’ordre. Les bâtisseurs se coulent dans l’eau froide des sources, ils recommencent et élèvent un ordre pour en haut, pour partir et choisir et grandir si près de la source, l’eau est froide, le frisson est glacé.

Sur le temps, sur la rive, sur le bord, il passe et repasse et toujours il est là et l’eau n’est plus la même, les frissons étrangement le suivent et sa bouche se tord sur un baiser en l’air, rêvé et impatient, et pourtant il faut attendre et attendre, sur les cailloux à côté de l’herbe sèche, à côté du chemin, le rien et de tout ce qu’il cache, les regrets au fond de l’eau, les retards et le temps qui avance et perd inutilement les doigts, dans la joue et la bouche tordues. Les regards toujours au loin, toujours chavirent et n’espèrent rien que la présence de ce qui est en chemin, de ce qui va venir, de ce qui va revenir, de l’absence toujours.

L’eau est froide, les insectes sont calmes, il faut penser à mourir un jour pour toujours et se rendre au temps. Son calme passe sur le chemin, les enfants dorment, les animaux attendent et ouvriront la trace. Ils sont épris et tournent sur le dos, sur les reins, dans le sens de la montée, de l’effort et rien ne traîne sur les cailloux. Les ondes soupirent et les méchants menacent de la voix et du corps, les gestes précipités, les mains frappent et l’eau et l’air, rien ne commence et tout s’attend, les bâtisseurs ont élevé et les dormeurs dorment et les rêveurs passent et dans l’attente les ordres sont bouleversés, le cri est à venir, la peau est tendue, frappée d’un bâton souple, le cri dans l’eau trop froide pour ceux qui jouent à la chaleur sans remords et sans craintes, ils étendent le bruit sur l’horizon, sur le destin, la fureur portée au-delà des avances, au-delà des remontrances, dans le parcours glacé du pied dans l’eau froide, de l’escalier qui craque le matin trop tôt.

Il faut y trouver l’ordre et la raison et choisir sur la peau la place exacte pour le baiser, le juste moment pour l’offrande. Et la vie est passée sur les cailloux, et les arbres sur le calme se balancent et les feuilles glissent entre deux larmes. Les cailloux sont accumulés sous le pied sous le poids dans le calme sans ride, dans le regret, le temps passe, il faut écouter, écouter pour voir et dire le flot.

L’ordre en apparence est offert, la profusion est intacte, les oiseaux sont couchés, il fait chaud, il fait froid, les bâtisseurs contemplent l’élévation, les rêveurs cernent leur rêve, les oiseaux sont blottis, les insectes sont absents, les chiens dorment, le temps passe et ne se présente plus, il y a dans l’air sans rides un éclat, une légèreté que l’on écoute, que l’on veut voir, qui se mérite, qui est en attente, qui répare la vie et fleurit sur les branches. Le temps est arrêté, les cailloux sont posés, les chiens dorment, les oiseaux sont serrés, des enfants agitent leur main, il est temps pour l’adieu, pour l’inconnu, pour tourner sur la terre et suivre un autre chemin.

25 Août 2006.

lundi 6 août 2018

Attendez, je n'ai plus le temps, attendez.

Sur cette scène les morts se relèvent, dans la nuit blanche et bleue, sous l’étoile polaire, au pied d’une croix. Les pôles et les liens et le courage se confondent, il y a une distance sans espoir entre le coucher et la nuit. Les évidences au cœur, il faut battre campagne, rendre un soupir dans le vent. Le cercle est en accord avec la musique, les étoiles se donnent à l’espace, dans le soir. Il faut s’accorder et chauffer le corps pour l’exercice. Au tremblement des doigts, à l’agitation de l’eau, le mystère s’impose et ruine la cadence, la musique est volée, le silence vient. Il faut aller sur la bonne rive accrocher un ciel sous les astres. Une nouvelle étrange est venue sur l’épaule, ils ont encore un jour pour forcer le passage, pour rendre dans la danse une sentence grave, pour finir le chemin.

Les oiseaux vers ailleurs. Ils sont bousculés et tendus et frémissent dans l’ombre et passent, au point de fusion, ils se croisent et composent. Il faut les attirer et se tenir debout, et se tenir tranquille et reformer le cercle et grandir dans le monde des incendies. La vertu, le trésor, la déroute, ils ont accumulé une infinie douceur, une longueur de doute, un fragile équilibre entre le vrai et le ciel sans nuages. Les astres en volant referment les fenêtres, les îlots sont remplis de dépendance et de regrets sans nombre, de frissons de chaleurs, de murmures sans voix, ils sont aveuglés et cernés de courage et relevés encore. Il manque de la saveur et du piment, une goutte de sel, pour affronter les ombres et renaître nouveau, posé sur le mal. Il faut le terrasser et endormir la lutte, le calme est à venir et les efforts sont là, le calme va venir et sera une offrande, un plaisir supérieur, les oiseaux sont en place et battent la mesure, la cadence doit être soutenue, ils frappent les eaux et le silence, le recueillement chaste, la position bénie, le regard en arrière, le regard en avant, la marche est soutenue, ils sont relevés et se précipitent et vont tenir encore.

Sur cette scène les ombres ont conquis le fracas, les bravos, la séduction, les poseurs sont servis et dansent sous les arbres. Ils se relèvent et taisent la lumière aperçue, les éclats de parfum, de piment, de caillou, ce monde est bien petit et impose l’ennui, les signes sont rares et les images tournent, la figure du haut est grande et battante, les aiguilles posées sur le temps, les sortilèges fuient et rendent souffle, le calme est posé sur les eaux et se remplit de vie. Ils grattent, grattent, grattent et reprennent leur forme, ils ont comblé le champ, répondu point pour point et versé sur le sol le parfum de l’absence, la chaleur est partie, il reste son rythme, une rue après l’autre, un drame pour ceux qui dorment. Ils sont en attente et rompent des gerbes de roseaux. Des boisseaux sur la lampe, la lumière est cachée. Attendez, je n'ai plus le temps, attendez, le sommeil a tourné et je n’ai plus de jour.

25 Août 2006.

dimanche 5 août 2018

Avec la vague.

Il y a des hommes magnifiques, ils pétrissent le vent et dorent le soleil, ils plongent et remontent et achèvent le temps, ils sont au transport des cirques, des étendues de laine et des recours de soie. Ils se donnent pour tous et nus et pleins du feu du jour, ils rencontrent des lames, des rochers, des poids d’algue sonores, ils éclatent le sombre et frôlent les vendanges.

La rumeur est intense et le jet long si long, ils sont au fardeau sur la dune et mûrissent toujours de voir en s’amusant les voiles gonflées et tendues à craquer pour le sien et pour le reste, la confusion en tire une envolée, de plumes et de peur, frottée d’herbes si fines.

Ils chantent un monde ancien et sans retenue, sans soin du désespoir, sans armes pour les pauvres et revenus de tout et rentrant dans l’horizon, après la vague, après la lame, dans le torrent des rires et des commandements, ils se posent sur le ciel et finissent une phrase pour rien, un entendement dans l’oubli.

Ils égratignent l’œil et forcent les parures, les frissons doucement disent la solution, le respect est une marche, une évidence pure, un vrai recueillement, une sortie de l’eau, une issue pour la joie. Ils se frottent d’azur et glissent dans la profondeur.

Le souvenir émeut et garnit les coffres, le fer est un espoir, une rengaine, ils tournent, tournent et ébauchent un salut dans l’air, un saut vers plus haut et plus fort, ils sont emmêlés dans les algues de rêve et finissent le jour sur le pavé, répandus et sonnés et repris par la vague, repiqués par le vent et fluides et caressants et dans l’esprit du monde se tordent de douleur et de rire sur le sable, un tesson dépassait.

Un murmure les vainc, un sanglot les attire, un gémissement dans le cou, sur le dos, dans le creux si creux et si profond et suivi de rosée et perlé de vigueur sur les lèvres qui suivent. Ils sont à retourner et frotter sur le flanc et bercer dans l’eau calme et ficeler d’espoir et de couleurs.

La fin de leurs vaisseaux est dans le regard pur et sans ombre, le vent déplace les roseaux et pousse leurs barques sur la rive, que le sein est doux, la peau est une suite marine et iodée, ils sont orphelins de toutes les coquilles, ils sont en adoration et abordent les sens en fragiles ondées, en petites poussées pour sentir le redoux et courber les éléments, les spasmes et le sang. Ils sont du pain des autres, la peau est à garder et dévorer en haut en soufflant dans l’œil une larme de sel, un espace de givre, un glaçon pour les enfants de l’aube.

Au matin, au rebond, à la grandeur du signe, ils visitent le même son que sonne toujours la même cloche, ils sont levés de terre chaude et noire pour y pousser les fleurs et visiter le temps et la figure des anges, ils sont assis et debout et prennent tout le ciel, leur ombre est étendue et frappe les narines.

Les sauvages sont arrondis et ploient sous le fardeau, la mélancolie est en face et dresse pour demain un grand panier, la récolte est mûre, le grain va tomber droit dans leurs doigts, sous leurs pieds, dans les recoins les plus serrés, les caches les plus sûres, le regard est avide et ils déplacent les objets.

La force est un passage, ils ont au visage un souvenir d’enfance et d’étonnement, ils sont magnifiques et sortent de l’eau vive, ils l’ont lavée en s’ébrouant. Leur jour est un miracle, leur sommeil un sursaut.

24 Août 2006.

samedi 4 août 2018

Il faut recommencer.

Il faut conjurer la peine, les hommes aux chantiers, le soleil au plus haut sur les cordes et les doigts, les cailloux passent et se détachent de la paroi, ils sont aux chantiers et percent les mystères, le vent souffle tout droit, le livre ouvert, en haut, en bas, ils se questionnent, faut-il lire une page de plus ou retourner à l’amour qui dit tout, qui peut tout, qui fait tout, qui est tout. Les mains claquent la peau.

Les gémissements tendus, le feu les dévore, ils ont agrandi l’image et au coin du jour leur nuit transperce le silence. Ils ont sorti la langue, lentement la chair les doigts pincent, la peau est noircie sous les yeux. La musique claque, ils sont exposés sur le fil et offrent leurs saveurs, ils sont abolis et perdent des gouttes de rosée, des filaments de rêve, leur poudre est au cercueil, le lit les rachète.

Leurs yeux tournent sur l’eau, elle file de leur bouche, ils sont mangés d’amour et d’abandon et leur livre résonne de cymbales : il est un airain noir qui bouscule la peau et force la certitude. Il est une maison qui chante l’eau, vive l’amour et la déraison, et charmés par les gestes et bercés par les parfums, ils se composent un état de fatigue, un relâchement pour entendre percer le combat.

L’assaut est achevé, les muscles tirent, ils ont grandi, et changé de raison, leur ciel est en partance, le froid souffle sur les murailles, le tambour est en transe, dans le jour, les yeux cillent sur le grain à peine chaud, à peine sec toujours parfumé. Ils se claquent pour rire et comptent une clé, un grain de beauté pour eux seul, une once de sagesse, ils en oublieront bien les ombres tenues de deux doigts.

Ils sont simplement heureux et recommencent et recommenceront, priant le ciel d’éloigner pour toujours la faiblesse et l’ennui, la lassitude est encore dans le panier, sous le couvercle en osier ou se traînent les pelotes, ils vont demander et obtenir plus de cercles où consumer le dernier soupir, les dernières semailles. Ils sont grands et tendus et bercent leurs nuits.

C’est un chantier au soleil, une épreuve, une histoire pour aimer jusqu’au bout et beaucoup plus loin que la fin, il faut inventer un parterre, un orchestre, une claque infinie sur la peau, sur le cœur les frissons sont noyés. Encore plus loin, encore plus loin, plus haut, plus fort, ils sont à genou et consolent leurs yeux de perdus, de battus. Les sorciers sont cernés, ils inventent l’eau vive, elle coule sur leurs doigts.

Ils sont sereins et ancrés au cœur de la joie.

23 Août 2006.

vendredi 3 août 2018

Et, quelle catastrophe.

I

Il est au bien, et il est pur, et il chante l’ignominie et la caresse.

Il faut récolter, ébrancher et garnir d’or les fagots et se donner, tordu autour des doigts, les mains sur les reins, une tendresse sans fin, le plaisir grandit dans l’orage, et, quelle catastrophe.

Dans la poche le mal est entré, il crache et recommence et défigure et arrache et resplendit et mord, à la poussière, à l’angoisse, il se traîne, il est gardien et témoin, qu’il descende.

II

La récolte est moissonnée, les fleurs passent dans le ciel, nuages de liberté, les grands animaux suivent et suivent encore, les passeurs, passent, ils repassent et recommencent, ils ont une chance, ils devancent la mort sur le jour.

En avance, au retour sur la terre, la mer désertée, le vide grandit sur le vent, absence, tristesse, les rires vont éteindre et le soleil ne brûle plus. L’abandon, le mois est fermé pour toujours, ce temps était dérangé, dans le bonheur, l’angoisse, la hauteur en trop, le pari est osé, il faut la certitude de vivre heureux, de réussir, toucher le toit, la solution, l’absolu.

Ce pari est un saut pour tromper l’ignorance, pour basculer de l’ombre à la nuit, la parole envolée serpente de l’effort à la déconvenue.

III

Il faut frapper, le poing sur la joue, la figure dans les orties, ils ont couru et mordu la poussière, les heureux soufflent les instants, les images bercent les hommes.

Aux rosiers, aux lauriers, sur la roue, dans le désert, sur le carnet, sous le lit, il est en explosion et assemble les morceaux épars, il arrête le temps et chante le massacre, pauvres gens, pauvres corps, pauvres esprits, le temps avant l’orage, avant les rides sur l’eau, sous le soleil, il demeure, il ouvre les armoires, les étages, l’escalier sous le poids, sur le bois, la noirceur.

Il chante et conduit à l’ombre les troupeaux, le flanc est tourné, la place est à prendre, il lui faut, du miel sur la peau. Il faut, tourner et retourner et entendre et dire en écho, la victoire, les animaux volent, et quelle catastrophe, les images coulent d’un mot à l’autre.

21 Août 2006.

jeudi 2 août 2018

Noyé.

Elle étend le bras et cherche. Il faut se faire une raison et, comprendre, et, partir vers ce qui chante, et, continu, et, recommence, et, embrasse, et, gémit, et, se courbe sous le vent, et, répond à la place, et, brûle, et, appartient, et, paraît, et, menace, et, gèle, et, enlace, et, finit a part, au loin, bien loin, à l’écart du temps, de l’espace, et, siffle, et, court vers l’infini.

Il accumule, on commence, il faut entendre les chansons entre les lèvres, elles couvrent les oiseaux, elles lancent dans le silence une pointe de jalousie, un reflet de tristesse et de timidité.

Ils convoquent la nuit, les ouragans, se figent au bord d’un étang, loin des paroles, dans la douleur sans voix. Ils ont entendu le râle des oiseaux, le raclement des écrevisses dans le grillage, un corps est pris, on cherche, il est foncé et court dans l’eau, palpite, recommence, les écrevisses sont au repas, ils vont oublier les os sous la vase, personne n’entendra la mère pleurer, les poings au ciel, il me faut le hochet, il me faut la couverture, il me faut lutter contre la bourrasque, reprendre sur l’eau le corps de l’enfant rompu.

Les animaux y grouillent, le grillage serre, les trous. La force contre le plaisir, l’eau noire avale, les os sont au jour, griffés, posés à la vase, ils entendent une griffure, le reste l’oraison, le reste d’espoir, la peau est dans la vase, la boue, dans le noir, l’ennui, dans le silence, le vent est abattu, les os ont éclaté. Les écrevisses fondent le mystère. La grille, la grille, les trous, les trous, la vie est une aventure, ils ont éclaté la lumière, abattu les éclairs, répandu le noir sur la nuit.

Ils pleurent debout, ils pleurent en transe, brûlés, mordus, sans joie dans la nuit, ils ont répandu le noir sur le noir, le bruit sur le vacarme. L’étang au noir, les arbres brûlent, les étincelles attirent. Les enfants, sous la fumée et la cendre, sous le rebord du ciel, l’été brûle les derniers, les dernières, les petits, les grands, tous incendiés, tordus, foulés. La parole est un poids perdu, et si, et si, sous la cendre, et si, sous le poids du jour, et si, enfin ils abandonnent les noirceurs.

Le monde est en panne, la confession est sincère, les autres sont partis, les voix pleurent autour de la grille, autour du couché, le noyé dans l’étang tourne, rien au côté, en retrait, l’espoir, les visages marqués, la grille serre la chair, l’eau et de l’amertume. Il y a au fond sur la vase un poids de plus, une certitude, les os vont tomber, sans vouloir, sans penser, sans entendre, sans demander, sans recevoir.

La chair est lourde, les écailles tombées des poissons, ils flottent et aspirent. La grille tient le corps, l’agonie a tordu le nez d’un joyeux, il explosait la lumière quand il faisait nuit, il est tordu sous les eaux, dans le noir, sans rame sur son bateau. Une mère pleure et réclame le hochet, un homme est pour jamais un enfant perdu, un noyé dans la vase. Les os, y sont tombés. Elle étend le bras et cherche.

21 Août 2006.

mercredi 1 août 2018

Des cales.

En finir avec la chance et tourner la page sur les oiseaux. Les hommes sont tendus, pleins de fantaisie, en confiance, ils croient et recommencent et enchantent, leur bonté est précieuse, ils croisent, il leur faut du nouveau et de la gratitude.

Les oiseaux chantent et bordent les roseaux, la confiance est dans le retour, aux croisements. Ils se mélangent et donnent un coup au remords, un salut à la joie, il y a dans ces frères de l’horizon des rangs de bonheur et des carrés de souffrance. Ils se reposent et dansent sur le point du jour une évidence claire, un grain de solitude.

Les hommes se relèvent, les genoux ployés au tas de la vie, de la mort, la main tendue vers l’azur. Ils voient des champs germer et comptent des rangs de perles dans les coffres ouverts, ils respirent fort, par les yeux. Ils caressent la lune et vibrent dans la paille, ils sont à demi mots portés par l’infini. La rumeur, les orages, les lents cheminements et l’abandon, le furtif et le lourd et la vie, ils plongent sous les eaux et avalent l’air dans le feu du soir, ils recommencent et chancellent et frissonnent et tournent la tête.

Un cri, oh, un cri, ils iront, dans le parc sous la lune, voir les taureaux pleurer et ignorer le mal et supporter l’oubli, ils boiront de l’amertume. La force est sur le dos, ils fouillent dans le sable, dans l’éternité, dans une silencieuse évocation, un jour il furent rois et chantèrent sous le ciel une longue plainte, ils ont dit oui et profané le sol, la raison a volé en éclats, ils ont abrité l’ennui et joué au commencement. Le monde était plat, la folie germait dans le froid et la nuit. Ils tournent et retournent et enjambent l’espoir, ils sont garrottés de misère et blancs de convenance, portés par les flots, couverts de poussières et de feuilles séchées, battus par l’air.

Un souffle remplit d’éternité les yeux portés sur le vide. Ils accumulent le vice et la vertu et marchent sous la lune, dans la lumière noire et bleue des illusions, ils portent aux épaules un fagot qui torture la peau et mord. Chargés et persécutés de certitudes, ils rendent et envoient, les applaudissements, sans retour, les cris de condamnés à la fuite éternelle. Un silence toujours, dire, le point est sûr, le poids est évident, ils remettent et remettent et compteront plus tard et perdront sur le sable trois gouttes de risque et de solitude.

Un oiseau est passé, la roue a tourné, ils ont vu les étoiles plier la lumière et rendre au silence l’écho des chansons. La confiance dans la poitrine, ils iront à la source boire de la ferveur et goûter au plaisir et déclarer la joie et embraser le temps et couler au soleil, sous le ciel sans nuages des siècles de fortune et des siècles d’abandon. Il faut en finir avec la chance et placer des cales sous les planches, sans remord.

19 Août 2006.