jeudi 31 janvier 2019

Retour du ciel et de l'idée.

Ils sont pris dans des chaînes dont ils sont l’origine. Ils vont entrer en résistance, recomposer le temps et continuer. Continuer une nouvelle vie plus légère, une vie tracée par la lumière sur les chemins de terre.

" Dans le bruit, le gras du sol", l'écriture d'une voix, le mouvement d'une phrase, la naissance d'un mot qui tremble et qui respire, une trace de pas sur la page de sable. Une écriture de pierres, d'herbes et coquillages, une écriture d'eau claire, de sel et d'écume qui chaque jour ouvre l’âme.

Sur la peau et sur le sable une erreur, un brin d'herbe. Une fleur babille et chatouille le cœur de l'enfant de la plage. Un ruban se défait et libère le mot qui s'envole vers le large… une idée, un ciel bleu, une pierre, un mirage.

Maria Dolores Cano, 31 janvier 2019 à 09:58

Il est au ciel, dans leur idée.

Cela parle, cela parle, un par un, le tremblement est immense, la vie est corsetée, on entend un mot après l’autre, un tac et un tic et cela ne converse pas, la rudesse du tiers et du quart, le compliment, si décidé on se retourne

et on engrange, on finit une histoire, encore une série d’impatience, on aligne, on étale, on tique, et tape le bruit sur le dos, sur la jambe, la peau est battue, rebattue, les ongles souples et fragiles, on se lacère et recommence,

les erreurs, les bijoux. On se pose sur le rebord, on étale sur la peau le serment, on fixe le bon rajout, la route en fleur, le précipice, le bien à dire, si bon, par cœur, si grand, si tendu, si habile, on perce le flanc,

la vie s’écoule, le bois penche, on est étendu au sol même, on est étalé sur le sable, on se gonfle et se domine, on retient sur la peau presque noire, on défile le ruban, sur la stupeur, on s’interroge, on est grandi par le bonheur,

on est épuisé, on soupire, on est fendu et sans ardeur. Et on penche et on enclenche une oraison, pour les épis foulés, serrés, perdus, répandus au sol même, sans rien en faire, ni courir, ni germer. Ni sec, ni mouillé, on se retire

et foule, on foule, le sol lui-même. Le ruban blanc et bleu, la perle au cœur, la figure noire, on chante à la mer, on chauffe la vie, on répand au sol même, même, la suite et la solution, l’herbe est foulée, les grains ne sont ni secs, ni mouillés,

on se répand, on tourne, on vole, la vie est ébréchée, la fatigue installée, la certitude au côté, la pure raison pour les idées, on se tourne et se répand, le sol est couvert et aride. Les erreurs au poids du monde, la carapace,

le miel répandu, on est comblé et en place, on se répand et on souhaite une affaire au goût de sang, la rage est morte, la colère fuit, on est étendu, l’âge pèse et ordonne. La raison sage et suivie, on se donne, on se bouscule,

on s’en étranglerait presque. La ferveur intense, idiote, répandue, recommencée, on se donne au vent, au temps, à l’orage, la vie est lente, lente, le cœur à l’aise, on avance sur le tiers, sur le quart, dans la foule,

dans l’être immense qui renverse et détend, refoule et en rupture on défie le poids, on défie la rage. Cela parle trop de perles et de trésors, de fibres de lin et d’orgeat coulé au menton, dans la chaleur et dans le bruit,

le gras au sol, le cœur tourné sur le devant, au bord, au bord, dans le devoir et le service, dans la stupeur, sans tremblement, sans tremblement, une chose, une chose, une autre, une autre, les yeux écartés, les lèvres retroussées,

on se défile, on respire, on est tendu et en attente, on est perdu au sol même, sur la marche, sur la trace des pas, des pas. Ils ont foulé, le sol, les herbes, les pierres, les coquillages, les étendues de sable et d’eau

et absorbées et devant tous, ils ploient les bras, ils tirent sur le masque, la correction est imprécise, le trait serré, le regard gomme et corrige, le temps est-il assez bleu, le temps est-il assez à l’avantage, ils se retournent,

ils se refont, ils sont perdus au sol encore, ils sont surpris et sur les dents, ils sont au présent et ils comptent un mot, un autre, une autre erreur, une pierre, un brin d’herbe, une chanson. Face à la mer, une chemise au vent flotte,

ils se détournent et ils commentent le poids des ans, le prix des choses, les corps épuisés, les yeux rougis, les mains griffées, le sel aux dents, la bouche, le cœur, en forme, le cœur, en forme de fruits sucrés.

De rires tendus, on est perdu et on se tord au soleil, un peu blêmes, un peu jaloux, un rien rusés, comme par habitude, on recommence, on se tourne et se répand, on s’interroge, on est grandi par le bonheur, il est au ciel, dans leur idée.

02 Août 2009.

mercredi 30 janvier 2019

Retour, le sens des choses.

Face à la mer
il chante le sable
il pose au loin
un œil
nacre et iris
il est aux anges
en révérence

Face à la mer
temps suspendu
en perfection
il est en amour
ouvert aux couleurs
iris et nacre
le désir frappe

Face à la mer
il vole et étrangle
la force vive
il est vulnérable
en émoi
il vacille
au bord de l’eau
iris et nacre

Maria Dolores Cano, 30 janvier 2019 à 13:30

Retour, royalement le pied sur la fenêtre.

Il ouvre son cœur au soleil du matin. Son rêve se poursuit, un rêve de lumière, de liberté, de bonheur et départ. Il se dévêt alors de l’ombre de la nuit et s’enroule lentement dans le lierre et le vent, dans les bras si fins de l’aube.

Ils sont dans l’éternel, déposent leurs montres, le tic-tac du temps aux pieds des lassitudes. Ils reviennent en chantant par les chemins de l’aube, sous la main fiévreuse du vent. Ils sont dans l’or du temps, le pied posé sur la fenêtre de l’âme. Ils sont enfants dévalant le sentier du haut.

Ils sont rois aux pieds nus, sur le fil de l’éternité.

Maria Dolores Cano, 29 janvier 2019 à 11:09



Le sens des choses.



Devant la mer, nacre et iris, il est posé et lentement il chante sur le sable, il tord le cou et inverse le sens des choses, devant la mer, nacre et iris, il chante lentement, il a posé au loin un œil,

et puis un autre, il a tourné la tête, il est perdu dans le lointain, il est fracassé sur le sable, les oiseaux battent l’air, il est enchanté, il est en révérence, le monde est pur et il y est sensible.

Le moment est parfait, il ne sort rien, ni de sa boîte, ni de son temps, il est rafraîchi sur la rive, iris et nacre, le temps est endormi, les couleurs vagabondent, il est tenu par la main,

frappé par le désir, quel émoi, quelle soudaine clarté, il est ainsi suspendu comme sous la fenêtre, comme si la vie était en scène, comme si le tableau agitait les rêves et les sens,

il est sur le sable et face à la mer, il chante, il se domine et étrangle le renouveau et la force battante, il est sur le devant, il plane sur les eaux, il est tendu, un seul but, une seule source,

il est affairé et sensible, l’émoi le tient, le drame est évité, il circule au bord de l’eau, de l’eau, il est sous le charme, il vacille, le poids de chair est bien pesé, posé sur sa balance,

il est en tension et à entendre, il se retourne et voit le temps, ils sont suspendus et tranquilles et l’émoi tremble sur le fil, il cherche et trouve des artifices, il est sensible et en avance,

il se cherche, il embrase le ciel d’un œil, le temps au temps, il est sous le vent, sous les larmes, le sel a coulé sur la joue, les yeux troublés, la bouche sèche, il cherche et trouve,

et y retourne, il est étendu au sol même, au ciel fourbu, au cœur à inventer, il se reprend, il accumule, la vie est lente, le cœur est bon, il se cherche et trouve des os troublés,

des creux à entendre, la mer est là si proche et si grande, le ciel s’y noie, le soleil perd un peu d’éclat pour vivre un drame, le pied tordu, le désir las, la peur étrange, le courage,

il est éphémère et lent, le cœur battu, les yeux au vent, il cherche et trouve et recommence, il est sur tout, sur le front, sur les lèvres, il cherche et trouve et continue,

il entend loin, il porte même le feu au coin, le sel en bouche, il a crié, il est venu, il parle encore, il recommence, la vie si grande, le clair tourment, il se recommande aux étoiles,

elles viendront si clairement tendre une coupe aux orfèvres, ils ont gravé deux noms, deux seuls, ils sont perdus dans le ciel même, ils sont étalés sur la rive, ils cherchent et trouvent

et se font face, il en voit un, il en voit deux, ils sont étendus sous le linge, ils chantent, eux aussi, sur le temps, ils se fermeront sur la rive, le froid vient si précisément, si adroitement

et en pointe saisir au bond la peau grenue, le reste d’air est pour la route, les âmes seules reviendront. Il voit, il songe, il entend, sur le sable clair, le pas du vent, l’air en partance,

les reflets d’argent sur le temps. Devant la mer, nacre et iris, il est posé et lentement, il chante sur le sable, il tord le cou et inverse le sens des choses. Devant la mer, nacre et iris, il est posé.

02 Août 2009.

mardi 29 janvier 2019

Royalement, le pied sur la fenêtre.

Il se pousse, il se lève il articule une parole sur le temps et l'avenir, il déploie, il embrase un feu au ciel tenu, une évidence noire, un plongeon en avant, un saut tendu au ciel. Il se donne et contemple le grand, le beau, le bien, le tout embrassé fort et posé sue le sable, la bouche ouverte au baiser et aux fleurs.

Il se retourne et compte les arbres au couchant, les peurs escamotées, il est tendu sur la rive, perdu dans l'eau, rafraîchi de soleil et prisonnier du frisson, il est en attente, il devine, il enclenche une bien petite décision, la vie tourne à l'ombre et défini les rides, il se donne à lui même et écarte les joues,

il se détourne du chemin lent et lourd, il compte sur son cœur les espoirs en avance, il rêve de donner à son temps, au futur, le goût de liberté et la fureur sauvage du bonheur en partance, du bonheur en exil, de l'existence nue dévorée dans la surprise, perdue dans l'escalier et prise sous les branches,

il se tourne et compte les rayons du soleil, les doutes oubliés, les peurs sans une ride, il se donne au remord, il compte sous le ciel les oiseaux envolés, les enfants en guenilles, il se tourne sur lui et dérobe son mal, il tourne à la folie et dompte les abeilles, il est piqué et nu et, il est un poison,

dans le corps il ferme les sourires, il est sur son autel, il est monté si haut, il est riant et fort et découvre l'empire, ils sont à ses cotés et ils chantent la gloire, le plus haut a conquis, ils sont encouragés, ils se donnent au sourire, ils se ferment aux objets, la cour déroule une histoire, ils se promènent

et ils défoncent le sable, la main enrubannée, le temps posé et nu, il se tourne au soir et dompte les horreurs, il y a sur ce temps un goût parfait et sûr, ils sont en y croyant les plus beaux, les sublimes, ils se donnent aux uns et griffent les cailloux, les autres sont comptés, ils déposent la vie, ils démasquent,

leurs fronts embrassent le ciel, ils sont pendus au fil des lois et des sourires, le compte est tenu, le dire est enclenché, les violents sont là, ils se déposent eux même au cœur des rois perdus, au tour des images sereines, dans la décision, dans la chaude clarté, dans le retour doré des images du haut,

ils se donnent d'amour et de caresses, ils sont imposants et fiers et sûrs de leur beauté, ils avancent sur le sol qu'ils ne partagent pas. Ô, la morale, ô le retour joyeux, ils sont posés au ciel, ils sont chantés par tous, ils sont admirés et comblés et poussés corps et âmes vers le pays nouveau, vers la clarté,

sur le rebord fidèle des ombres oubliées des grands du monde, des permissions, ils se retournent et posent royalement le pied sur la fenêtre ouverte, le bord de pierre est chaud, ils vont voler peut être. Le bord, le rebord, ils enjambent et s'activent, ils sont tendus et neufs et ils sont admirables, ils sont posés,

les plus chers des sauvages, ils sont témoins errants d'un passé. La conclusion est lente le chant est oublié, ils sont les derniers des sauvés, les premiers installés, ils se reposent encore au sable éternel, sur le sol au soleil, dans l'air doux, le sel fort, ils sont rescapés et sauvés de l'enfer, des vengeances terribles.

30 Juillet 2009.

Retour, sans bagages.

"Ils sont improvisés et sans aucun bagage", tombés du ciel, en un lieu bien précis sur une terre inconnue. Ils se posent et avancent en rebroussant le temps, nus, et sans bagage, ni la mort, ni le rire, pas même une clarté bleue pour unique bagage.


"Sans rien pour dire la question, et donner la réponse". Encore pour un temps dans une bulle de lumière, avant d’affronter tout ce noir, tout ce froid, et peut-être un jour repriser le filet des secrets.

"Ils sont recommencés, ils sont aveugles et fous", leur faim conjure le noir, et le vide et l'absent. Leur gorge est rose des clairs matins, de cette lumière qui baigne l'abandon.

"Ils sont abandonnés et chantent en cavalcade", la mémoire en bandoulière et le cœur à l’envers. Les oreilles et les yeux épinglés au grand mur qui est poudré de bleu et colorie l’azur. Ils tirent sur la corde et tendent leur chanson qui s’envole droit devant en sifflant dans le vent.

"Pleins d'ardeur et tenus" ils avancent sur le chemin de suie qui conduit vers le nu, le noir au creux des mains et le soleil éteint. Ils sont en esclavage et n'ont rien pour étancher leur soif, rien, tout ce rien, demain ils réveilleront le soleil.

La neuvième porte s’ouvre, sur le seuil ils sont en équilibre, et gonflent leurs joues d'un éclat de soleil. Patients, inébranlables "ils broient la lumière".

Maria Dolores Cano, 28 janvier 2019 à 12:17

lundi 28 janvier 2019

Et sans aucun bagage.

Ils tombent, tombent, tombent, ils sont répandus sur l'asphalte, ils sont perdus dans un brouillard, une nuit plus bleue que noire, plus soutenue et crue, indolore et sans âge. Ils sont à l'abandon, ils sont en esclavage, ils se tournent et broient du vent sous les cailloux, de la rougeur sur le massacre, ils sont vifs, ils sont pleins et enchaînés et nus, ils sont rebelles et abattus, ils sont improvisés

et sans aucun bagage, amis tombés à terre, petits pions perdus au jeu de la malchance, ils se traînent, ils embrassent le vent et les épines, et raclent des dents le fond du seau, ils sont perdus aveugles, nus, sans rire et sans couteau, sur la porte fermée, ils se démènent et broient de la nuit plus bleue que noire, plus précipitée et plus intacte, encore à dire.

Personnes déposées sur la route au bord du chantier, au bord de la cavalcade, derrière le cerceau, au long du quai où personne ne vient, ils se démènent et posent et recommencent encore, ils sont à éblouir et pleins de remord, de tendresses cachées et bleues et pâles, et si soudainement et si affreusement perdus et dérangés, et sans rien au monde, sans rien pour dire la question,

et donner la réponse, le grand secret est mort, ils sont muets et fous et pleins de fureur sans bruit, et d'innocente clarté, et de ronde à redire, et de bateaux à trancher dans le vif, dans le bleu. Sur le devant encore, sur l'avant, ils avancent sur le loin, on s'y tient, une lampe à la main en pleine lumière, ils chantent les bateaux, la lumière brille sur la lumière, ils sont recommencés,

ils sont aveugles et fous, et ils voient encore au loin, la lumière. Ils sont esclaves et abusés et retenus à la taille par un fil, par une corde pincée, il ne faut rien briser, il faut tendre et tendre, et retourner encore, au mois qui pince, le cerceau qui brûle la raison, et franchit la montagne, la liberté avance, le lien est fleuri, et ils sont abandonnés

et chantent en cavalcade le long du mur, dans la rue noire, au clair du temps trouvé, au clair de la mémoire avivée et tendue, elle perce la rive, elle détruit les pierres, elle ferme, elle embrase, ils sont chauffés au bleu, ils sont noirs sur la route, et ils chantent toujours les cordes emmêlées, les bras tendus, l'arc est enrubanné, ils sont archers et pleins d'ardeur

et tenus bien dressés sur la route, sur le chemin noirci, sur l'écho qui se fane, et ils ne comprennent rien encore au bleu qui passe et chauffe et au noir rejailli sur le dos de la main, ils sont éclaboussés et vidés. Ils sont asséchés, assoiffés, et perdus dans le doute, esclaves, fils d'esclaves, ils ne travaillent pas encore à la liberté, ils ne donnent rien au dessus,

ils ferment le plateau, ils closent les écoutes, ils sont aveugles et sourds et sans grâce et sans noms. Il faut y revenir et combler le précipice, ils sont attachés et vendus aux grands, aux vénéneux, ils se fabriquent des dieux, des complices, ils sont à rejaillir et sans avenir même. La force, la bonté, le droit et la parure, ils chantent, ils recommencent

et finissent au mur, le milieu est intact, ils sont aveugles et sourds et soutiennent le temps et refondent la rive, ils n'ont rien construit, ils ne détruisent plus, ils sont en attente et forment des nuages, et fondent sur le temps et dégrafent les causes, ils pendent aux rochers leurs habits de tempête, la violence tient entre les genoux et le dos, les mains mordues.

Ils se gonflent d'amertume, ils sont posés au bord du précipice, ils attendent et broient la lumière.

30 Juillet 2009

dimanche 27 janvier 2019

Retour, ils en reviendront.

1

Le rouge au cœur
sous le fruit mûr de la passion
dérobade
- recommencement -

le doute estompé
une minute - une seconde

la terre est labourée
la terre est au repos
- prête -
pour de nouvelles semailles

2

Un plant - un tuteur
une tomate va naître
de rires et de larmes
et de travail surtout
la tomate grossit
rougit et embellit
mûrit et s'épanouit
un tuteur qui enlace
de son lien de raphia
ni trop près - ni trop loin
- juste assez -
dans le juste - dans le bien
- le suffisamment bon -
une tomate - un tuteur
une tomate qui mûrit
un tuteur
- - - qui délie
une tomate à chair ferme
juteuse et merveilleuse
petites graines visqueuses
qui à leur tour donneront la vie

3

Rêve rouge dans un ciel de sucre, la main cueille les nuages et en fait un collier d'orage, une rivière, un rubis sur le sable, un poème de naufrage. Le poème chavire, il éclot, coagule, perles rouges. Un mouchoir sur le cœur, du sang clair dans la fibre.

4

Ils aiment le rouge
les fruits si mûrs
le ciel qui saigne
à l'horizon...
le ciel si doux...
ils sont venus
ils sont passés
sous la caresse du ciel
en gouttes rouges
si tendres ... si sucrées
...
ils reviendront..., les voisins
à la belle saison
avec les perles du jardin...
les perles sang
...
le cœur ouvert
en grande respiration

 Maria Dolores Cano, 26 janvier 2019 à 11:28

Au volet

La joue posée contre le volet, il plonge dans un cri, il plonge dans une peur sans âge et sans armure, il est mou et posé au bord de la fenêtre, le vent est chargé, il a pour sa défense une joie pure a inventer, une espérance sans souci, un visage nu, une raison sans perte, un poids de renouveau, une obscure décision, il invente, il s'enchante, il est posé au bord de sa fenêtre, la joue au bois du volet, il respire et attend.

Il voit ceux, qui, au loin travaillent en chantant, il rêve en voyant la force, les bras tendus, les épaules larges, il est en attente au bord de sa fenêtre, rien ne rentre, rien n'en sort, il est posé et vide au bord du renouveau, à l'échancrure de sa vie, dans le repos, rien n'avance, rien n'en sort, il est dépeuplé et paisible, stable et sans lendemain, sans caractère, sans passion, abrité du monde, perdu en rêve.

Il est étendu aux détours, la vie est certaine, l'ennui est une obligation, il va, il vient, il soupire sur le rebord, tendu, perdu, vers les épaules larges, la force, le travail, le renouveau, il est étendu au bord d'un vide, d'une absence sur le chantier, bien au dessus, il rêve et rencontre, sans rien, les yeux ouverts, la langue molle, il est interdit sur les mots, il est replié sur les sentiments, il se recherche et il admire la force.

Au travail les larges épaules, le regard fier, les yeux en l'air, la vue au loin, si loin, les épaules tendues, le vent caresse l'âme, brode les détours, amplifie la cadence, il se cherche, il s'appelle, perdu sur le rebord de la fenêtre, un bras tendu, la joue posée, serrée au bois du volet, il attend, il espère, perdu de mots, près des paroles, armé de larmes et de cailloux, le cœur au vide, les yeux sur les épaules larges, les rides.

Au front, il engrange, il nettoie, il répand sur le sol d'en haut, la joue collée au bois, le volet rentre dans la tête, le sol est noir, les bras tendus, les épaules larges, la force est au travail, les erreurs pleurent sur les ombres, le ciel est perdu dans les feuilles, il est tendu vers l'horizon, le regard courbé sur le sol, il est tendu vers l'horizon, petite vie, petites peurs, rien en dessous, rien au dessous, la vie s'étale, sur le sol noirci.

Il est posé au bord du vide, au loin les plus larges épaules, il est tendu, et renoué, et en principe sans attaches. Il se recherche et il admire la force au travail, les si larges épaules, le regard fier, les yeux en l'air, la vue au loin, si loin, les épaules tendues, le vent caresse l'âme, brode les retours, amplifie la cadence, il se cherche, il s'appelle, perdu sur le rebord de sa fenêtre, un bras tendu, la joue posée, serrée au bois.

Du volet, il attend, il espère, perdu de mots, près des paroles. Il est posé au bord de la fenêtre, la joue au bois, il respire et attend, il voit ceux qui, au loin, travaillent, en chantant, il rêve voyant la force, les bras tendus les épaules larges, il est en attente, au bord de sa fenêtre, rien ne rentre, rien n'en sort. Paisible, stable et sans lendemain, sans caractère, sans passion, abrité du monde, perdu en rêve, il attend, il espère.

L'ennui est une obligation, il va, il vient, utile, il est étendu, aux détours, la vie est certaine, il soupire sur le rebord, tendu, perdu. Il est posé au bord, le gouffre est là, il est paisible, la vie balance à l'inutile.

29 Juillet 2009.

samedi 26 janvier 2019

Ils en reviendront.

Petites, petites tomates fripées et rouges, bien rouges dans la jatte vernie, vernie, il faut laver, racler, brosser, le fond, le fond, le plat est chargé de calcaire et de boue, la lie au vin s'honore, il est sur le grand pied des fruits rouges et fripés et du calcaire au fond du pot, au fond de la vie.

Le ciel est angoissé, il est tendu, perdu, si fin, si lourd, si loin, tendu et rejeté et défendu sur l'horizon, sur le temps clair, sur l'incarnat, sur le devant, il roule sur vous, petites, petites tomates, rondes et fripées et rouges bien rouges, il est reformé, il est distendu, il se coupe, il entrave.

Il donne et redonne le loin si pur, le chaud si grand, la tournée en balance, la rancœur sous la main, le dire sans le faire, l'obsession, la retenue, ils se donnent aux anges les fruits si rouges de cette passion, de ce regard tendu entre deux rives, vers le pont monté trop haut, vers la roue écartelée.

Si lourde et forme pure : le cercle, le cercle, il est si tourmenté, il est achevé, il se dérobe et recommence, la vie rouge et large, le teint pur, la voix cachée, le rouge au front, le rouge au cœur, le rouge sur la peau, la chair est détendue, il s'imprègne, il gronde, il les finit une à une.

Chaque tomate, sucre et acide entremêlés, si tendues au soleil, sous le temps clair, si clair, un temps où l'on entre, et rien n'en sort, il fulmine sur le bout du doigt, à la pointe du cœur, il est tendu et il y croit, le rouge au front, la bouche ouverte, il a rincé chacun des fruits, il a tendu le fil.

A l'eau le fin raphia, le lien ardent, il tenait un à un chaque pied, il tenait au tuteur chaque plante, il est rigide, il grandit bien, il porte la marque vive, le rouge au cœur, le rouge à la joue, il se tord et compose sur place le chant inquiet de chaque plant, de chaque pot, il est lié par le raphia.

Le plant et le tuteur sont en partance pour l'automne, la récolte viendra, ils seront mûrs et rouges, à vif, les fruits sérieux, les formes rondes, ils seront sur le dos de la main et d'un revers, les formes rondes, les fruits sauvages. L'automne aux mains curieuses viendra, front aux genoux.

Du rire aux larmes, les fruits acides et sucrés, il est un jour, il est un temps, la douceur fond sur le visage, ils sont en émoi, ils se damnent pour un fruit mûr, une tomate cuite au soleil d'été, fripée, tannée, sur son tuteur, si près de son raphia, ils chargent, ils transpercent, ils sont venus.

Ils se mélangent, ils abandonnent un peu de parfum dans l'air, le matin est acide, il oublie le sucre, il cherche, il trouve, il s'abandonne, un rêve rouge, une tomate si petite, une erreur d'appréciation, ils mangeront, ils seront sages, ils formeront une évidence après l'autre, un collier.

Une cascade, une rivière de gouttes rouges, gouttes perdues, gouttes saignées, le sien circule, le sien le tient, il s'échauffe en majuscule, il se retranche, il est content, le ciel est rouge, les tomates prennent le temps, débordent du plat, le fond est calcaire et brossé à l'eau claire, et tordu.

D'une main à l'autre, d'un œil serein au beau visage, ils aiment le rouge, ils chantent le lien, si rouge et fruité, ils se donnent sur les ombrages, le tien est résolu, le mien est en absence, le sien si beau, si pur et rouge, rouge de tomate trop cuite au soleil, bercée par le couchant, perdue.

Sur l'aventure rouge et cuite au soleil du couchant qui tourne, ils se donnent et envisagent le rouge aux yeux, le clair au front, ils se bercent sur l'aventure, le rouge est mis, le temps est clair, il faut entrer en aventure, il faut chauffer le blanc et rougir pour entendre, le temps est clair.

La vie circule, ils sont rouges et ronds et serrés au tuteur, tenus de fil de raphia, le ciel se couvre de caresses, il fait très beau, ils sont passés les voisins, porter des légumes, ils ont tenu entre leurs doigts, des fruits trop mûrs, une rivière de gouttes rouges, de l'horizon au loin, ils en sont revenus.

28 Juillet 2009.

vendredi 25 janvier 2019

Retour d'un mot, d'un autre.

Il tourne et se retourne, commence et recommence cette ligne sans fin. Il pose un mot et un autre, les assemble, les arrange, les griffe, les accroche, les fend et les refend. Les mots se décrochent, s'égarent, glissent et disparaissent pour reparaître enfin. Alors il se dit qu'il a grand faim, car tout cela dure depuis longtemps, dans ce silence de pierre si dur qu’il fend et refend inlassablement.

Il perd et recommence. Un ruban flotte rouge et disperse les mots qui se perdent au vent sans crainte, sans remords. Le pied glisse sur le sable, l’œil se pose sur l’horizon d’où les mots libérés jaillissent vers l’aurore.

Le soleil est perdu dans la gorge du temps, il s’est brisé le cou et il a rendu l’âme. Le remord est immense sous le coût des outrages et l’absence de pain.

Maria Dolores Cano, 25 janvier 2019 à 09:34

Un mot, un autre.

Fauche du blé, fauche du temps, perds-toi et recommence et mords sur le tard, achève sur le remblai, déchausse ton pied et racle la peau morte, délace le vert au sommet, coupe la corde nue, avale le revers et brosse la médaille. Ils sont à inventer les riches, les enflés, les trop pleins d'orgueil et de bien être, ils sont à suivre et à compter. Il te faut voir et chercher et comprendre, pour retenir la graine, pour effacer les torts, pour affiner le jour et rendre grâce encore et dompter l'imprévu. Il te regarde et luit, il te reprend et compte, il est si ombrageux, il est si éreintant, il est sur la terre si basse et incroyable, il accumule et tord, la bouche et les chiffres, les mots sont suspendus aux cris sur le rocher, il est à faire entendre : l'avenir, l'avenir, l'avenir en marche.

Oh, le visage est lourd, oh, la peur est tenace, ils se comprennent à peine, ils se serrent sur rien, ils tirent sur le dos, ils chantent encore et loin, loin, au loin, leur verbe est ensablé, la crainte les surprend, ils sont un, ils sont mille et surtout, ils allongent le pas et la fureur, ils dévorent et entendent : la vie est bien trop dure, le calme épouvantable. Il tourne sur lui-même, il refend les cailloux. Il est enfoncé dans le sable, il est sur terre et sur l'eau, il ferme chaque phrase d'un mot qui éclabousse, de rage et de mépris, il se retourne et dresse au ciel le cou et tourne pour lui seul une phrase sur l'autre. Il est passé du paysage à la vertu, du rien qui s'accumule au grand ensorcellement. La crainte, le sanglot, la vue, il est brouillé sur, il se tord sur le feu.

Il s'étend sous l'eau claire, il est un mélange en fureur, il est vague et rocher et tourne, tourne sur la rive, les oiseaux ne le voient plus, ils ne donnent rien encore, ils sont perdus au ciel, ils sont arrachés à l'effort, leur calme est suspendu, il ne veulent rien dire encore, il est outrage et confusion et se perd sous les ailes, les branches emmêlées, les plumes arrachées, ils tournent au ciel, craintifs, ils débusquent le cœur et l'âme, la confusion est si grande, le teint est royal, il déborde, la vie en ce partage est pleine de fureur, ils sont perdus au loin, ils sont ciel sous l'orage, le manque et la soif et les plumes goutte à goutte, le calme ne vient pas, ils tournent et se rebutent, ils sont inquiets et las et grands parmi les morts. Au loin ils entendent un claquement.

Des toiles sur les hampes, ils sont aveugles et sourds, ils sont perdus et rien encore, la crainte, le remord, le pied perdu, délacé et crispé et calé sur le sable, le visage souffre la crainte incontournable, ils sont perdus, ils y vont, ils seront noyés et incapables de trouver un chemin, de tracer un sillon, ils ont fauché et blé et orge, le champ est dévasté, la confusion extrême : oh, perds-toi et recommence.

Tu entends une voix qui souffle le martyre, tu tiens entre tes doigts la clarté et l'envie, ce trésor est tendu, les doigts en crochet sur une guenille, tu avances sans cesse et tu tiens le retour, parmi les morts, parmi les gueux, les malades et les sourds. Un mot, un autre, une phrase, un sanglot : oh, tu perds pied, tu te perds à la rive, le temps est trop serré, un mot, un autre, un autre, encore.

L'eau coule entre les doigts, tu fais le chemin seul et tu tords le cou vers l'âme, vers le remord, le temps perdu, la confusion extrême. Oh adieu, adieu, éloigne le soleil, éloigne l'orgueil fou, déclare le néant, décompte les outrages. Ils ont encore gagné, les horribles, les infâmes. Les plumes arrachées, les blés perdus, ils tournent sur eux même et tu comptes leurs outrages.

27 Juillet 2009.

jeudi 24 janvier 2019

Retour ensemble.

Ils sont ensemble par-delà les nuages. Ils courent dans l’azur. Ils sont en accord et griffes les étoiles jusqu’au cœur de la raison. Ils tirent sur le fil ténu de la déraison et délient l’espérance. Ils sont ensemble, tout à côté et cela leur est bon.

Ils sont là, bien au chaud, bien en place, grands et beaux, forts et tendres, enveloppés de la lumière du ciel. Ils chantent et se lèvent vers le haut, vers le beau, vers le pur, l’éthéré et l’inaltéré. Ils avancent sans souffrance, sans lassitude aucune vers un sommeil tranquille et une douce lenteur. Je les attends au détour du sentier.

Et tout passe si vite qu’on ne les entend pas gémir et puis frémir sous la ramée, sous les nuées, sous la pluie de l’orage qui les fait prisonniers. La vie passe si vite qu’on ne s’attarde pas. « Alors, ami remplis mon verre, encore un et je vas, encore un et je vais, non je ne pleure pas, » c’est la pluie de l’orage qui m’habille de chagrin.

Les uns avec les autres, ils sont, et se frôlent dans leurs habits de laine et leurs épais manteaux. Ils sont un et deux et plusieurs. Ils sont et vont, et viennent sur le sentier, dans le ruisseau, dans cette corne d’abondance présent des Dieux.

L’orage gronde et frappe le ciel de ses doigts électriques. Les enfants sont tranquilles et les bêtes les suivent affolées et dociles. Le ciel crie sa violence et déchire la terre en de grandes plaies béantes qui ravinent sa chair et la noie de ses eaux. Les enfants et les bêtes se serrent les uns les autres, et font le serment de ne point se trahir.

Du fond du ciel sont tombées des étoiles, des étoiles aux yeux de cristal, l'âme illuminée sous la lumière du soir après l'orage. Les enfants et les bêtes s'installent sous le temps, sous le ciel, sous l'étoile, dans la paille de l'étable. Le cœur au sec et le cœur tendre, les enfants et les bêtes savent la lumière au fond du ciel.

Sous les nuages les moutons rêvent de fleurs d’aubépines et de tempes grises. Le temps poursuit sa route vers le sommeil des étoiles au revers du Grand Soir.

Une flaque de lumière, une goutte d'espoir et la vie coule sur les pierres. Le rêve est intact. Le rêve est sage et fertile. Un grain de miracle dans l'air, une larme dans l'œil, le paysage s'effeuille dans le silence de l'étable. Les bêtes sont dociles, l'homme est tranquille, ils sont ensemble et la vie se poursuit.

Le sommeil est sommeil, les moutons apaisés et l’enfant a grandi sur les sentiers défaits.

Maria Dolores Cano, 24 janvier 2019 à 14:24

Ils sont ensemble.



Pour aller vers les nuages, ils vont courir pour la liberté, ils vont se fondre dans l'azur, ils vont étaler leur empire, ils vont surveiller et grandir et pour le dire et pour le faire, ils vont venir sur le devant, ils vont entendre la raison, ils vont se prendre au coté, ils vont tourner sur l'espérance, ils vont se fendre et se reprendre, et pour répondre : ils sont partis, ils sont au courant, ils sont devant, ils sont ensemble.

Et si contents et bien en place et surtout là, si tôt présents, si grands, si beaux, si purs, si calmes, tous retenus, tous engagés, si permis et si ombragés, ils se balancent et ils se donnent, ils sont au plus haut, au plus loin, si présents, si tôt marchant, si courus dans l’herbe vive, enrôlés en force, à rouler sur le pavé qui monte et qui les grandit, un par un et qui les porte sur la route. Ils marchent loin, ils dorment et marchent.

Debout, luisants en trombe sous la ruine, sur le devant, sur le coté, ils tournent le dos, ils soupirent si tôt venu, si tôt parti, tout éblouis, sans rien qui dure, sans rien autour sur le côté, ils sont la vie qui passe, ils recommencent et il rentrent encore, rentrons sous les nuages, sous les ombrages, sous la ramée, ils sont blancs, si beaux les moutons prisonniers de l'orage, dans l'air du soir tonnant, grondant, la vie passe.

Dans le frémissement, leur âme est agrandie, leur front se corne, il faut comprendre, ils sont venus, ils se tournent sans ridicule, ils contrefont tour à retour, ils parlent fort, ils se tourmentent, allons, venons et commençons, le temps est venu, petits moutons, sous la tonnelle, ils tournent pour le renouveau. Ils se frottent aux uns, aux autres, ils s'étalent sur le ruisseau, l'eau va couler, le ciel va luire, ils se tournent.

Éclair par éclair, coup par coup, il faut attendre et se frotter les uns aux autres, le retour est joué, les enfants se laissent conduire, les moutons au bruit, affolés aux éclats, le ciel s'effondre sur le temps, il est venu en voyage, en profondeur : le cri du temps. Ils sont serrés et intouchables et pris au ciel qui passe, ils se mélangent et balancent, la vie coule, en eau, sur le ciel le temps s'effondre, éclair par éclair, coup par coup.

Du fond du ciel, à la rumeur, à l'escapade, le temps éclate au ciel sombre, l'éclair est venu, les voix tremblent, ils sont serrés et si tranquilles, ressuyés, mouillés toujours et il a plu, il a plu, bergers et bergères, venez, essuyez. Ils sont bien mouillés, ces moutons, la crèche ruisselle, le temps est clair après l'orage, le ciel est venu sur la terre, le drame est joué, ils sont en transe, loin des arbres, si tranquilles, mouillés.

Petits moutons chantés, si blancs et si serrés, nobles, nobles de grande terre et de laine garnis : ils sont abrités sous les nuages, ils sont rêvés, calmés par le temps, ils fleuriront, ils compteront un par un, sur la poutre, à travers la porte, vers le sommeil, vers la raison, sur le sentier ils sautent un par un l'arbre couché sur la route et ils se donnent et ils arrivent, il faut entendre cette raison : par le temps ils se comptent.

Sur ce paysage, il faut finir ce rêve, il a plu sur le paysage, il y avait tout cela, il y avait des rêves sages, dans ce sommeil en voyage, parti, venu, et rentré, tôt, du trouble à la surface, l'eau est sincère et bien calmée, ils se retournent et recommencent, la vie a coulé du toit aux pierres du chemin, à chaque flaque, à chaque trou dans le feuillage, une goutte après l'autre, les moutons sont rentrés.

Les petits sont au temps calme, le calme est calme, le temps est temps, ils sont serrés et ils s'endorment.

24 Juillet 2009.

mercredi 23 janvier 2019

retour de sable et d'eau

Sur le sable, ils sont en mots posés, en mots sablés, en incertitude et solitude, rangés dans l'interstice de la serrure, en clef de sol et clef d'espoir sur la chair de l'inespéré. Ils sont une griffure sur la gerçure des peaux de sable, de sel et d'eau.

"Ils inventent une affaire", une trace du temps sur la chair du sable, une odeur, un serment, un désir incertain dans le cœur de la plage, une image lointaine qui leur glisse des mains, une fleur de caillou dans leur cœur de pierre, et les reflets du vent qui caressent leur ombre au carrefour du monde. Ils inventent, ils s’affairent, "ils inventent une affaire ".

Face à la mer, il se sent lourd les pieds comme des cailloux, les chevilles enserrées d’eau et de sel, et de sable d’amer, comme des bracelets de pierres et d’or fin. Face à la mer il défait les embruns et plonge dans la vague qui se roule et s’enroule dans des draps de sable où il s’étend, et ouvre son cœur-coquillage.

Maria Dolores Cano, 23 janvier 2019 à 10:43

Du sable à l’eau.

Ils sont sur le dos, sur le ventre, le sable coule sur la bouche, le sable coule dans le cœur, ils sont en phrases sur le sable, en sac, en ressauts interdits sur le coté, déplacés sur l'abîme, ils comptent les parures, ils comptent et poussent les serrures, ils finissent, une expression, une retenue, ils avancent en glissant sur le sable, sur la retenue, sur le service inespéré, sur la surface inventée, fragiles, sans rien de plus, sans rien de moins, des corps de chair et de sang, de la souffrance, du sentiment, sur le flanc, traînés sur le sable, dans la plénitude, midi est juste.

Ils se reprennent, ils enchantent, la vie est prise sur le sable, ils accumulent, ils transportent, ils prennent au ciel une étendue de chair et d'ombre, un carrefour, une fourche pour y pendre des poids, des cailloux, des fleurs de tubéreuse, le lys, le lys de mer, sur le sable, sur la perfection, sur le calme, ils se roulent d'un poids à l'autre d'une attention aux autres, d'une surface en suspension à une affaire imprécise, ils se traînent et ils commentent, ils s'affairent. Le soleil chauffe et ils écornent sur le devant, sur le coté, sur le rien qui y passe, ils inventent une affaire.

Puis une autre, le temps est bienvenu, le ciel est trop aride sur le sable, ils se tordent et supportent le temps et les douleurs, ils se donnent, ils empoignent la vie si lente dans le fond, une espérance sur le sable, il reste un souvenir de montagne, de blocs, de pentes, de parois : il est fin et fragile, il court sur le devant, il rampe sur le coté. Ils sont éblouis, ils sont assommés, ils se perdent et chantent, ils sont accompagnés, ils grandissent et inventent une fin pour chaque chose, une destination pour chaque objet, ils sont comptés, ils sont repus, ils se reprennent, ils sont sûrs.

Au devant, ils sont enfouis dans le sable, le poids sur le pied, enfonce toi, enfonce toi sur le devant, le poids du corps sur tout le pied, il est enfoncé aux chevilles, il est serti de petits cailloux, il est lourd sur l'eau, il se cherche, il se reprend, il est à faire, il est à dire, sur le sable, au sol le pied, aux chevilles dans l'eau, sur le devant face à la mer, sur le devant face à l'étrangeté des sentiments, face au poids du charme du grand ensemble, qui aspire qui détend, ils sont tendus et sautent du sable à l'eau, du sable à l'eau, enfonce-toi dans la vague, enfonce-toi dans la vague, étends-toi.

Le poids du corps sur le devant déroule la cadence, dérobe la blessure du vent et du sable, il est blessé au flanc, il est détruit et en parties, il est sur la place, dans l'illusion, dans la chaleur. Ils sont perdus, ils étaient, il devient un, ils sont perdus, il est revenu de la rive, il est reparti vers le temps, au chaud, au loin, au drap pendu d'un arbre à l'autre, ils étaient trois il est revenu seul, il est perdu sous les arbres, si près de l'eau, si près du temps passé, si loin, si tendu d'une branche à une autre, ils se retrouveront, sur le chemin tendu d'un pied à l'autre

D'une saison sans rides, à un âge de feu, il est encore chaud, il est perdu sur le devant, face à la mer, il a perdu ses autres, ses enfances, il est tendu sous les arbres, d'un drap à l'autre, d'une espérance au vide, au vide qui tourne rond.

24 Juillet 2009.

mardi 22 janvier 2019

Marcel.


Un nuage est passé, il a fraîchi nos fronts.

Au loin, ils dorment, bien trop, bien fort, ils écharpent les draps blancs, ils écrasent la mer morte, leur combat est incessant, la vie de gerbe et d’eau et de sel, est suspendue au désir, dévorée de crainte, perdue dans le mal, saccagée par la haine. Ils se repentiront, des cailloux au fond de l’âme. Ils se perdent et se signent et dégagent le temps, ils suspendent aux aurores le bien immaculé, loin du mal déversé, le bien si blanc, trop blanc, qui dégage leur vertu et se couronne, trop pensé, trop donné, si longtemps et si mal, si longtemps et si mal, vécu.

Ils se cherchent et enfoncent les doigts dans la poitrine, à l’aube le sein est dressé, la confiance est là, dans la poitrine, la force est là, dans le genoux, dans la raideur vive et tenace, ils se donnent sur terre et plongent des couteaux au coin du cœur, au coin de l’âme, dans la ferveur, dans l’escalier rompu, fendu, détruit, les pierres se détachent. Ils sont conquis et vains, et la ruine est certaine, l’escalier est en écheveaux rompus, ils chantent sur le tas ces prêtres de l’absence, ils se mélangent et donnent sur le palier, et donnent un comble à y tenir.

Une décision, au calme pour un reste d’amertume, ils chantent et recommencent et décomposent l’aube et ils oublient le sentier, ils foncent au soleil, ils ont évacué l’histoire sur les draps, en restes de vengeance, la confiance est là, à l’aube en partance pour l’éternité, pour le refus si blanc, si calme et redoutable, ils se perdent encore et ne peuvent rien de plus, ils sont coupés en deux, en trois, à midi ils se chantent, à minuit ils ont bu une eau fraîche et secourable, ils se donnent un repentir le jour, le mal est absent, ils se donnent un à un.

Ils se répandent aux autres, ils ont conclu un pacte avec le soleil clair, ils boivent la rosée, ils laissent au chemin les cailloux et le sable, ils comptent les murs, ils déposent les pierres, ils se bercent et tirent des seaux de satisfaction, des rires en cascade, de l’eau versée au front des revenants, ils se démènent et posent sur le sol un lot de pierres blanches pour enfanter le calme, pour y voir un peu plus, un peu mieux le songe de Jacob, les larmes des vaincus, un peu mieux l’errance d’un peuple, l’histoire rebattue des petits qui ne comprennent rien.

Dans son bruit, sa fureur, le monde tourne encore, il se répand sur tout et clame le retour, les serments, les erreurs, le tour du bois s’impose, ils se dénigrent et plongent en rêve pour eux même, leur confiance est aveugle et muette, dans la poitrine, dans la poitrine, ils achèvent, ils ont bu une eau de silence et de remord, ils sont répandus sur leur couche, ils se regardent et jouent sur le coté, ils sont éblouis par le soleil si clair, le ciel bleu si bleu, des nuages passent et posent un peu d’ombrage sur les images rares qui défilent et les noient.

Ils se regardent et songent, le ciel est entier, le bord du toit est là, il faut encore tenir la cadence, les bruits suspendent tout, ils affinent l’âme, ils sont sans y penser les gardiens d’un temps perdu, emmêlé de joie et de grandeur, allongés sur la couche, perdus en rêves et en deuils, ils se composent un chant de bienvenue, bienvenus tous et soi et le reste, attendus, ne finissent rien, jouent et chantent sur ces draps, le ciel est clair, le soleil presque bleu. Ils se regardent et songent, le ciel est entier, un nuage est passé, il a fraîchi nos fronts.

22 Juillet 2009.

lundi 21 janvier 2019

Contenus et impatients.

La tête dans le linge, à lui seul il décompose l’instant, il alourdit la cadence, il entend bien tard la voix étrange, le remord au bord du mur. Il défait la vie en parallèle, il se compte sur le bout des doigts, la confiance est dans sa poitrine, il remâche et sans entrave diffuse son heure perdue, son sabre clair, sa chance infinie, il est refait, il est fourbu, il tire sur le ciel qui passe, un projet, une raison calmée, il vire au flot terni, il mord à sa bouche le feu au ciel, nourrit le temps.

Il est offert aux regards même, il est revenu sur le tard, il couche sur les draps plissés, à l’heure propice, à la chaleur morne, il est tendu et en partance, il rêve encore, le sang mêlé à l’eau, la bouche tordue, il suinte clair sur la journée.

Sur le sentier ils avancent, ils sont contenus et impatients, ils tournent et recommencent et courent sous le ciel, la brume, le soleil pale revenu, le sable entre les doigts, les genoux claquent, ils s’étalent, ils courent et ils vont par trois, ils tirent sur la jambe, ils tournent dans l’air fané, le soleil est loin derrière, les nuages couvrent le pied, ils sont essoufflés, ils avancent, ils sont sur le chemin de sable et de cailloux, les animaux ferment la pente, le soleil est loin, bien noué.

Il sont trois, ils s’achèvent dans le lointain, ils sont passés, ils courent sur le pas des anges, ils ferment la route aux osiers, ils sont perdus et ils tirent la jambe, le souffle court ils tirent le ciel sur la rive, le soleil est caché le temps si lourd sur les silhouettes, ils se déprennent et se tournent encore, ils sont perdus dans les nuages, un hiver en avance est là, ils sont dans l’air, dans les nuées de bêtes et d’yeux fripés, ils sont en avance, il rêvent, le temps est beau, le souffle est court, ils avancent sur le passage, ils rient et tournent sur le flanc, la vérité est en voyage, ils inventent un rythme lent.

Rumeur, pâleur, chaleur, murmure, ils se contentent, du souffle court, la peau est tendue, la chair est mûre, ils posent bien le pied, le teint est court, le ciel est ébouriffé de nuages, de mots jolis, de rires en creux, ils se tournent, ils sont en nage, le temps est lourd, le pied avance.

Au loin, au lit la tête dans le linge, il décompose les instants, il dit et chante et pose et racle seul le moment, il fait chaud, le temps est lourd et la grâce est en voyage. Sur les pieds, sur le sable, sur l’instant, loin des tourments, le monde avance. Ils sont rois, ils accomplissent le bonheur.

21 Juillet 2009.

dimanche 20 janvier 2019

Retour déposé, écarté.

De la bouche du ciel coule une sève de coriandre et d’orange. Une porte s’est ouverte, le tabernacle maternel offre son sein gorgé de lait et de miel, de fruits juteux à la peau fine et câline. La vie, l’amour, la mort se faufilent par les interstices du temps, la saison avance.

Les vagues remontent les souvenirs d’antan. Les oiseaux sont contents et distendent le temps. De grands "draps d’aube fine" glissent sur le rebord du monde, dans l’espoir que le ciel leur envoie un grand souffle.

Ils chantent sous le ciel la lumière et les cendres du matin qui avance. Les lignes de la vie foisonnent sur le sable et griffent le cœur des arbres en un frémissement continu, une agitation des vagues, et de pleurs anthracite.

Le chagrin est immense sur la route de l’exode. Les enfants en souffrance, perdus au-delà des rivages, en arrière de la source, en avant des cataclysmes. Ils avancent vers l’inconnu sur cette route de désertion et de déluge, avec dans le cœur l’espoir inassouvi d’une douce lumière.

Maria Dolores Cano, 20 janvier 2019 à 10:14


Ils déposent, ils écartent.

Il leur faut terminer ce chantier, reprendre la surface, dégager un angle après l’autre et déposer au ciel en offrande, un tas de raison pure, une idée défendue par un reste de soif pour entrouvrir l’azur et dire sans attendre : la saison avance, les fruits sont murs, il faut, il faut engranger, déposer, entreposer, répandre, commencer et espérer, surtout espérer.

Le palais, la corniche, les grandes voluptés, les fils tendus sur l’eau, ils attrapent le temps, ils débroussaillent l’aube, et ils étirent le drap bien trop plié, ils sont cernés de rides, fatigués d’abandon, ils commencent, ils connaissent, ils défigurent la peau et les ridules sur la tempe, ils sont encore à éveiller. Le chantier attendra, les fleurs, ils s’éloigneront de tout.

Ce train, les fables, les lois, les dictons, les bravades, ils disent ensemble des blagues, des bêtises, ils déposent au lit des draps, des couvertures, ils écartent les rideaux, la confiance émue à la poitrine, à l’aube ils se répandent encore et ils prennent le temps, de chanter, d’enfanter, de faire des images, de compter les feuilles une à une tournées au soleil.

Le temps, le ciel bleu, les oiseaux envolés, ils se reprennent et donnent un coup de pied au linge, ils sont éparpillés, ils sont amoncelés, défaits et étrangement lisses, ils sont à recompter les vagues de souvenirs chers. Ils attrapent le temps, ils débroussaillent l’aube, ils répandent le linge accumulé, les fils un à un tirent, ils sont grands au ciel bleu.

Ils avancent ces deux inconnus jamais vus, ni touchés, ni sentis dans le cou, au cœur meurtri, au cœur grandi, ils se répandent et redisent nous étions si bien, si deux entremêlés et purs. Le chantier est ouvert, les constructions sont posées sur le sable, les trous bouchés et rebouchés, les greniers comblés, la vie est répandue, ils chantent sous les arbres.

Ces ouvriers d’eux même, ces répandus au sol, retournés au flanc nu, à la gerbe qui bat, au mur perdu, au mur à flétrir d’un enduit immortel, d’une couronne ardente, d’une éruption sereine et si présente à l’ardeur de midi le juste, de minuit plein, des errances permises, ils se défont et poussent une à une les pierres pour monter des murs d’espérance.

Il est comblé, il chante, le grenier si plein de grain, ils ont bâti une réserve, ils entassent des trésors de sagesse et de charité, ils avancent et poussent des pierres, des serments, des évidences folles. Ils sont convaincus et sans crainte, ils sont paisibles et présents au monde, aux hommes, au partage, dans le calme, si calme, dans l’étreinte, si longue.

Ils poussent encore le si long sanglot, la si longue plainte, le calme en évidence, les enfants déposés au bord du chemin, si près de la prochaine route. Ils sont pris aux épaules, ils sont blessés au bras. Ils se dérangent, ils se corrigent, ils avancent toujours vers le trésor perdu, caché dans la langue tournée sept fois, répandue au sol dans l’eau versée.

Ils se cachent, ils effleurent, ils grandissent toujours incertains et ravis, ils sont tendus et gardent sur la tête le linge accumulé, la poussière effacée. Le chantier attendra, les fleurs sont en partance, ils s’éloigneront de tout ce train, les fables et les lois, les dictons, les bravades, ils disent tout ensemble des bêtises, ils déposent au lit des draps, ils écartent les rideaux.

20 Juillet 2009.

samedi 19 janvier 2019

Retour de troubles pensées.

Ils descendent au très fond, et dans leur regard trouble il leur faut se cacher et peindre la sagesse dans la pupille de leurs yeux. Il leur faut s’éloigner du vertige, du cratère en fusion, et sur la mer nacrée saisir la couleur du vent.

Le trouble est certain dans les yeux de l'absence, sur les murs de la honte et les eaux si profondes. Cette mort intruse qui vient à petits pas et infuse le grand froid à ces morts-vivants, absents dans les yeux des vivants.

Atteindront-ils enfin le cœur du chaos, pour revenir en force vers la lumière, la paix ?

Maria Dolores Cano, 19 janvier 2019 à 10:56

Ils troublent les pensées.

Ils se posent et commencent une histoire, ils sont venus du loin, ils partent vers l’azur, ils ont consommé toutes les habitudes, ils conservent le temps, ils dépensent l’angoisse et le refus intraitable et idiot, ils bâtissent des maisons et des granges pour y attendre encore et longtemps, le bien venu, le bien public, les épreuves, l’orage. Ils se défendent et foncent au ciel pur, ils sont accumulés et sans rien sur le temps, ils défoncent le sol et tournent les cailloux. Ils sont à son seul nom, ils sont une seule ambassade, ils descendent.

Ils troublent les pensées, ils échangent le temps et troublent ceux qui passent, ceux qui dorment, ceux qui engendrent dans l’eau trouble, d’un pas serré, d’un pas peureux, des tourbillons dans la mare. Un monde fait surface, ils troublent les pensées, ils échangent du temps et des orages, ils fabriquent des guerres, ils déploient des bannières, ils enfantent la peur, ils dévoilent le trouble, ils enfoncent clou par clou, fibre à fibre, les erreurs, le scandale, ils se démènent et tirent un fil, puis l’autre, puis l’autre, le trouble est certain.

La gloire est improbable, les erreurs sur la bouche, la fange au ciel contée, un tout seul se penche et lit le sort sur cette tourbe, ils sont enfants et rois, et courent au loin. Je les vois poindre sur l’horizon, ils cachent leurs visages, ils sont nus et troublés, ils entendent le flot, ils grandissent au jour, ils sont nus et fragiles et forcent le respect. Il y a sur leur cœur des poils, des évidences, de grands calices d’or, des mains serrées, tannées sur le cuir même, ils enlacent, ils dépendent, ils tirent les sillons, laboureurs malhabiles, tordeurs effarouchés.

Ils serrent les ceintures et lissent leur peau, ils sont aveugles et nus et sertis de grandeur, ils affolent à leur passage, la volupté dorée étend sur leurs épaules des franges de raisons, des escaliers de marbre, ils sont grands, ils sont rois et enfants de lointaines saisons, ils grandissent sous les tapis étalés au sable jaune et fragile, dans le clair, ils défont une à une les passions et le temps les attrape. Ils arrachent au ciel la fureur, le refus, ils sont en contrebas, ils figurent sur l’onde, ils penchent et ils retombent et ils se traînent loin.

Une bulle après l’autre crève la surface, les mondes naissent et tremblent et glissent sous leurs yeux, ils étranglent et transpirent et rêvent encore loin et dépensent leurs tendres mains posées aux genoux des enfants, dans la solitude sucrée du jour qui vient à temps. Les mondes naissent et meurent et revivent encore, la confiance nue mêlée au temps passé, ils écartent le ciel, ils domptent leurs ardeurs, ils recommencent et peinent et chantent pour eux seuls, ils sont nus et splendides et dans l’ombre, des armes.

Il leur faut encore commencer un travail épuisant, une tâche sans lendemain. Les poules, les vaches, les chèvres broutent, broutent, dévorent les talus, arrachent les brins d’herbe. Les oiseaux volent au ciel tremblé, au dire sans le faire, à la défense endimanchée, empourprée, au rien à en dire, au rien à en faire, sans espoir et sans doutes. Ils se déconstruisent et posent sur l’eau le sac des certitudes, le sac de l’espérance, l’abandon, les outrages, les erreurs et la chair gonflée et rouge, sur la route, sur le dos, en plein ciel, en plein ciel.

Dans le soleil clair, dans la chaleur rentrée, ils effacent d’eux même les boucles et les rides et les riens sur le tard et le plein, au papier.

20 Juillet 2009.

vendredi 18 janvier 2019

Retour de froid.

Il est bercé par un chant venu de très loin. Dans cette béatitude, il ne craint pas le froid. Ce froid qui mord et pince sa peau si tendre, si douce, sa peau de satin et pétale de rose. Dans cette froide journée de pluie et de crachin, il entonne ce chant lointain, ce chant de roi venu d’un temps ancien, d’avant le monde, d’avant le commencement.

Il écoute à travers le petit jour si froid les obus s'envoler comme l'amour lui-même.*

Maria Dolores Cano, 18 janvier 2019 à 10:08

* "Et j’écoute à travers le petit jour si froid
Les obus s’envoler comme l’amour lui-même"
G. Apollinaire

Il fait un froid.



Il glisse dans le chaud, il coule sur le rêve, il enjambe le temps et découd l’avenir, il est d’azur et d’ombre et de fortune pleine, il entend sur l’eau claire la barque et le repos, il ferme sur l’arrière la grandeur et la gloire, il carillonne enfin le temple et le malheur, il est sur le coté, il est sur le devant.

Il défait et déploie les ombres et les gens, il est sur le départ, il est sur l’arrivée, il est dans la complétude et la certitude, le rien et le dire.

Il fait un froid et les cheveux si courts si bêtes et si noirs, si noirs, il est repenti, il tire toujours la même corde, il se défile et il entreprend une escalade, une marmite de mots inconnus et sans attraits, il se ferme, il hésite, le monde est à chanter, pour qui, pourquoi, il défait un à un les pétales des roses.

Il chante pour lui seul, il s’est fait roi, prince et empereur du domaine d’un pharaon, du cirque d’un émir, du temple d’un ascète, il est sur sa colonne.

Il est le seul de son culte et il chante pour un peuple qui ignore, pour des incultes effrayés, qui se bercent en fêtes et en cris, toujours devant, toujours devant, sans rien sentir, sans rien dire, sans rien entendre que l’essentiel de la vie, il fait beau, le soleil brille, les animaux vont passer par ici et nous les attendrons par là.

Il se tord, planché sur ses clous, il se démonte et il retend toujours invisible, le voile du temple, bleu, si bleu.

La vie est calme et simple et ils osent dire tranquille, il y manque certainement quelque chose, il y faut encore des courtisans étalés, des pleureuses sur un banc pour dire, il est parti, il est mort, il était le premier, il était le plus grand, le premier, il arrive, il est là, il parait : « Oreste, viens ici et me compte de ta vie, le trouble extrême ».

La saison est fraîche, les costumes ternissent, il est sur un rocher et contemple l’ampleur de sa colère, le fracas de ses cris. Ses sœurs l’ont épargné, il tonne, il résonne, ils sont accumulés les rires amers, les peurs irraisonnées. Il est sur le devant, il parcourt sa contrée.

Prêtre d’un vaste empire, prophète d’un seul but, il arrache des sourires, il impose la joie, il tire sur l’eau claire sa barque de carême.

Il défait les gerbes funèbres, fleur à fleur, pli à pli, seul à seul, il est ignoré du peuple et il chante sur son rocher, sur le haut de sa colonne, lune désirable argent, le rivage, il est temps d’espérer, il est temps de craindre Dieu et de craindre la mort, la sagesse vaut ce prix. Il est temps de savoir, il est temps de convaincre.

Il est sur un berceau de pierres et de fruits, il est offrande même, il est sur son rocher pour les corbeaux, pour les passants insoumis.

Il chante de la lune et il décore d’argent ce beau métal, il noircit sur sa peau, il brille faiblement, il est tendu et chante, et il s’est proclamé seul roi, seul empereur, seul guide, seul soutien d’un espace sans peuple, les conteurs sont tombés, leur nation est morte, les aveugles se pendent au bras chargés déjà de ciel et de fleurs.

Il est roi, il est roi et il se renouvelle seul, seul, il est entré dans les nuages, dans le ciel et d’azur et d’or pur et rouge surpris, il est enfin chez lui, son règne est établi.

18 Juillet 2009.

jeudi 17 janvier 2019

Cela trouble et désespère.



Au sol, ils se bousculent les animaux, ils entrent et sortent et enlacent tout, tenant sans aboutir, sans rien finir, ils entendent, ils voient, ils éclaboussent les orages, ils fondent sur les revenants partis une aube sûre, se tournent sur eux même et défont le chemin.

Ils entendent et voient et liment leurs dents claires, ils étaient bête fauve, ils tournent chat miaulant, ils aiment la saveur de la cage, le frisson des barreaux en or et en argent, la sécurité noire, le clair content, la bouche fine, ils ouvrent grands les yeux, ils fléchissent le dos, le genou est en terre, la peur est distribuée, sur le devant, sur le loin, dans l’erreur, dans la chaleur, l’orage est proche, ils s’en souviennent, ils ferment d’un regard la vérité sur leur visage.

Ils sont effondrés, la lassitude gagne, ils sont perdus et posent au loin sous le soleil, le regard, la ferveur, la certitude énorme, le chapitre sans voix, ils chantent et redonnent et ternissent le jour, ils se rêvèrent assassins et sont victimes et ils expient.

Ils sont entrés à l’aube, ce jour, là dans la moite évidence, dans la candeur dorée, ils ferment les paupières, ils débranchent les arbres, les oiseaux volent loin, ils sont encore inconnus.

Ils se ferment et ils donnent le change, la vertu, ils épargnent et refont, ils se dédoublent, ils s’enchantent, ils sont aveugles et nus et offerts aux passants.

Les animaux vont courir la rue noire, ils vont trembler soudain et effrayer le jour, ils sont beaux et agiles et dansent sur le sol, ils aveuglent les inconnus, ils effrayent les enfants.

Adieu petits perdus, adieu les enfants sages, les animaux retournent et volent la poussière, ils se damnent, ils se grattent, ils effleurent le temps et toute éternité, ils accumulent les couleurs et les drames, ils déploient les drapeaux, ils choisissent le tour, une à une, goutte à goutte, les battues, les cadences, ils sont bruts et vifs et ils percent les sens.

Au sol les âmes pleurent et traînent les erreurs reconnues, les stupeurs effacées, ils offrent un bouquet, une parure noire, ils éclatent et retombent et suivent les ardents.

Le cœur est à l’orage, les méchants sont venus, ils glissent sur les pierres, ils comptent les cailloux, les genoux couronnés, les ardeurs en bannières, la douceur révoltée, ils effritent le vent.

Adieu, ils se confondent à l’orage, ils émeuvent le tout, ils déroulent l’ennui, la peur est sur le front, les cercles en cascade rompent le dur labeur, décoiffent les chapeaux.

Ils se reculent, ils se damnent ils sont assis et nus et ils rêvent d’ardeur, le tour est envolé, la conscience calme, la peur est une offrande, ils chapitrent et succombent et perdent un instant, le pied est suspendu, la sève est en panne, ils roulent au chemin, se frottent de cailloux.

Le travail est terrible, la récompense est rare, les bien perdus, les âges retournés, les ongles griffent le sol, ils n’y comprennent rien et ils obsèdent encore et ils chantent sans rire, la rage est en partance, la défaite est dite, les méchants ont vaincus, les animaux tirent la langue en poussière, ils sont fragiles et nus et offerts, offerts aux tout puissants.

L’ennui, l’orage, le départ, la forge souffle encore, ils ont perdu et ils mêlent les torts, le cœur est en bataille, les lèvres crient la soif. Et tout cela trouble et désespère.

17 Juillet 2009.

mercredi 16 janvier 2019

Retour des méchants.

Ils sont si fragiles sous le vent, et le vent les protège. Il frictionne leur peau de parfums de mélèzes et de pommes de pin. Une odeur de résine enveloppe leurs couffins. Les oiseaux gonflent leurs plumes et séduisent le vent qui roucoule dans leurs cous en une joie de caillou, une musique d’aurore, une buée sur la joue. Il leur chante des mots doux, de tendresse et d’amour, et baisers dans le cou.

Maria Dolores Cano, 16 janvier 2019 à 10:38

Les méchants règnent.

Ils recommencent, leur vie est claire et parfumée, ils sont sous les branches et, rien sur leur étendard, et rien sur leur corniche, leur trouble est parfumé, la brise est douce, ils reviennent, ils enlacent du regard, du battement d’un cil sur l’autre, le paysage étrangement plat, ils sont enfermés dans l’absence. Ils sont étendus sur le flanc, la terre est basse, le soleil haut, ils tournent sur le dos et comptent les oiseaux.

Ils tournent sur le dos et chantent à corps étrange, la griffe est dure, la terre est basse, le corps perdu au sol, ils embrassent le ciel et comptent les oiseaux au chant levé, au chant lointain clair et vif, et sans limites et sans entraves, sans commandes, ils pleurent leur innocence, le monde est pour les méchants, ils se figurent. Ils étranglent le temps lui-même, ils s’enlacent, ils sont perdus sous le ciel bleu.

Ils recommencent et égratignent ces autres si forts, étrangement éblouis, ils arrachent un linge un autre, ils se retournent et ils entendent, au loin, au ciel si haut, le petit cri joyeux du plus petit oiseau, du roitelet en haut de l’arbre, il s’est trompé, il retourne au fourré, il s’appuie sur la branche, il courbe enfin le roseau. La rose meurt elle égratigne, ils sont perdus dans le ciel même, ils se ferment sous le soleil.

Ils sont fourbus et ils sommeillent. L’eau est chaude et bleue, le temps est clair, la brise souffle, ils fuient sous les ombrages, ils fuient sous chaque feuille, ils comptent les branches, une pour chaque oiseau, une pour chaque bête, ils sont sauvages ils sont enclos de ciel et de frondaisons calmes, ils sont perdus et au berceau, ils comptent les fils, les dentelles, ils sont ensemble, ils sont présents.

Ils soupirent et ils s’enchantent, la brise souffle, le parfum tiède les contemple, ils sont enclos de résolutions calmes, ils sont perdus dans le berceau, ils égratignent d’un clin d’œil les oiseaux calmes, le ciel immense, ils cherchent et trouvent la fraîcheur, le calme est là rond et suave. Ils se regardent et recommencent l’un sur l’autre sur le sien, il y a le mien, les oiseaux volent le ciel est calme.

Ils sont enchantés, ils sont en fuite avant l’orage, avant la clarté de midi, ils chantent bien, ils sont en nage, ils s’affrontent au ciel, partis, ravagés, ils se content des voluptés, des saisons calmes, des peurs laissées, de la raison sur le sol ferme, sur le ciel chaud, sur la fleur écrasée. Ils égratignent les méchants, ils laissent au ciel l’amertume, ils se tournent et comptent les oiseaux, un plus un, plus un.

Ils recommencent à tire d’aile un clair soleil, un vrai matin, ils se penchent et appuient l’un sur l’autre, le cœur penché, le cœur perdu, les méchants grondent, ils sont loin du plaisir, sans bruit ils éclaboussent les dentelles, le berceau penche, ils sont épris, ils sont proches et ils enlacent d’un regard clair, d’un battement du cœur le paysage étrange, fermé derrière les paupières. La vie est lente, la brise souffle.

Ils sont enclos, perdus au berceau, dans l’air du jour, sous le ciel même, au soleil du matin penché, cachés aux yeux, aux oreilles. Les méchants règnent, ils sont cachés, ils trompent ce monde, les parfums battent, ils sont en nage, le matin va finir.

16 Juillet 2009.

mardi 15 janvier 2019

Retour figuré et entendu.

Un doigt sur ses lèvres elle tire un fil de soie, et du bout de ses doigts joue un air ancien. Elle se glisse sur la paille et caresse de sa main le corps ensanglanté du jeune soldat tombé. Elle lui chante le soleil, et le sable si fin, le temps de son enfance où ses joues étaient tendres. Alors, dans un bain de douceur il s’endort tranquillement et rejoint les étoiles, là-bas, dans la nuit sage.

Maria Dolores Cano, 15 janvier 2019 à 09:57

Je figure et ils entendent.


Que ma voix s’élève jusqu’à toi, étend ta main, étend et de ta main, verse de la fontaine, verse de l’eau, figure sur le ciel, un espace, le clair velouté, la certitude commande et je réponds, réponds, à ton seul nom. Il faut franchir les grilles, il faut sauter sur l’eau à deux pieds joints, il faut unir les forces et les ardeurs, et comprendre pour qui le monde a changé. Ils se mordent, ils s’ensanglantent, ils défont d’un regard le triste nom, le bien parfait et tendre. La révélation, le courage, l’abandon, ils supplient et implorent : que ma voix tremblante s’élève jusqu’à toi.

J’entends encore un écho, un soupçon, il murmure et implore : reviens, reviens, verse de l’eau sur ma main, sur mon cœur, sur le pied fatigué, sur l’étrange beauté d’incertitudes et de poisons. Ils défont le monde où j’ai grandi, ils défont et déchirent les mots gravés par nos cœurs sur le rocher, tracés sur le sable, la vague immense nous recouvre, ils ont franchi les grilles. Oh, reste et souviens toi, ils étaient si pâles et si faibles, les enragés du jour, les échappés de rien, ils ferment et encerclent et donnent aux frissons des souffles d’amertume, des airs de compassion.

Où donc est la fureur, où sont les plaintes, ils entendent au loin les cris et les horreurs, le jour est revenu, ils se placent sur terre, ils défont le bonheur, ils griffent l’impatience, la stupeur est entrée dans les yeux des petits, ils arrachent autour d’eux les restes d’herbes fines et sèches, l’odeur en est perdue, le cœur évanoui, ils ont meurtri mes sens, ils ont giflé l’espace, le reste est retenu, le reste est en balance, ils finissent, ils chuintent, ils crachent sur le temps, ils ont perdu mon goût et ma sensibilité. J’enrage et recommence et chante un seul nom, le monde est revenu.

Aux méchants, les gentils agonisent, ils sont à arracher les feuilles aux branches qui restent, ils dérobent tout un les cœurs et les cailloux, ils déplument les oiseaux au ciel même, ils ont recommencé, la guerre est déclarée, le massacre est bien proche, ils se reconnaissent et donnent aux heureux des coups de pied bien bas, des terreurs, des offenses, ils se perdent en l’air et comptent sur le tas le sable à enfouir dans la fosse. Oh reviens et calme, calme, et cerne le temps et perce les orages, ils sont en fureur, ils sont à écharper, ils étrillent et dansent sur le corps mal compris, bien mal donné.

Ce corps toujours perdu et tendre, tendre. Ils envahissent le lointain, ils ébouriffent le sentier, ils sont sur le malheur et chauffent, chauffent, les pieds trop secs et labourés, percés, les cailloux rentrent dans le soulier, le pied est en malheur, le sol est redoutable, ils se promènent et haïssent le temps et l’espace. A peine éclos, déjà tuant, ils éclaboussent la raison, ils salissent les âmes, ils ont gagné, ils perdent leur refuge, ils brouillent les repères, les bornes sont tombées. Sur le rebord de la fontaine, verse de l’eau et, figure au ciel, nous reviendrons un soir et chanterons tranquilles.

15 Juillet 2009.

lundi 14 janvier 2019

Retour du balancier au souffle.

La tristesse, qu'est-ce que c'est ? 

Un long sanglot qui va et s’en revient dans un retour de vague. Ô ! triste, triste ce cœur griffé sur le fil de l'étrange. 

De longues griffes avancent sur le chemin des sacrifices. La chaleur est pesante, et la terre crie sa soif bouche ouverte, cœur en croix. L’attente est terrible sur cette terre aride aux rigoles de démence, où l’angoisse prend sa place sous le souffle du ciel.

Le malheur, la douleur, et le feu des mitrailles. Le néant effleuré, et les yeux effarés. La peur dans le ventre, la bouche déchirée, et l'espoir avorté. Attention ! Grand silence, la brise va parler.

"Il tire le fil, il dévide sa toile". Ô ! Triste, triste je suis mon frère.

Maria Dolores Cano, 14 janvier 2019 à 10:48

Du balancement à souffler.



Oh, triste, il étire sur le fil le trouble étrange, le grand émoi, la sourde plainte, une variation à l’infini du choc et du malheur, l’herbe sèche, la fleur a fané, l’éternel a soufflé, ils sont perdus sur le chemin, ils sont troublés d’un trouble extrême, du plus grand émoi à saisir, la vie se tord, la chanson est lente. Ils sont perdus au sentier sec, à la blessure, ils sont perdus et effarés et à construire ils recommencent.

Triste, il tire le fil, il dévide sa toile et ses nervures, le lien si long, le tour si beau, il défait son armure, il couche sous son lit ses armes et sa bannière, suspendues au mur armes et bannière, ils chantent tous, les voix mêlées, le torse gros, si gros, gonflé, ils embrasent le matin clair, si clair encore frais, si frais. Ils chantent, chanteront : bois épais redouble ton ombre, frères jaloux, troupe cruelle.

La main criminelle, oh le temps perdu et ignoré toujours, toujours recommencer et se perdre sur le temps, sur le sol, sur la pierre, ils ont dépendu leur bannière, ils sont perdus sur le chemin, soldats marchez et partez en avant, il faut aussi du sacrifice, de la grandeur, du balancement sur la boue sèche, du balancement. Ils sont ravis, ils sont pressés, le poids du corps sur le sol, en cadence.

Ils marchent sur le sol et griffent le chemin, ils sont perdus et ils avancent, il faut du sacrifice et il faut de la chaleur, il faut du temps perdu sur le sol qui se sèche, il faut en prendre encore un, encore deux et puis il y faut tout le reste, les autres, les perdus, les terribles, ce qui sera oublié, ignoré, rejeté. Ils sont sur le chemin et un doigt du pied sur un autre, ils foulent la boue sèche, l’éternel a soufflé.

La vie est figée sur le sol, sur la paille, les batailles, les soldats si inquiets, la vie s’écoule au soleil, sur le sable, sur le temps sec, sur les cordes roulées à terre, les prisonniers sont au supplice, l’espérance envolée, un deuil perdu, tenté, soufflé, ils se désolent, ils engrangent le malheur si tôt venu, la douleur si riche. Ils sont à volonté, ils sont sans arrière pensée, ils avancent vers un trou noir.

Ils sont yeux et sans passion, ils sont perdus et ils avancent sur le sol sec, sur le chemin qui les perdra, qui les tournera, qui sera loin, qui sera dur, qui les laissera sur le flanc, qui les ignorera, qui dira il faut encore séduire et recommencer, la route est longue, le temps est clair, la brise va souffler. Il faut en prendre encore un, encore deux et puis il y faut tout le reste, les autres, les perdus, les terribles.

Tout sera oublié, ignoré, rejeté, ils sont sur le chemin et un doigt du pied sur un autre, ils foulent la boue sèche, l’éternel a soufflé, la vie est figée au sol, sur la paille, les batailles, les soldats inquiets, la vie au soleil, sur le sable, sur le temps sec, sur les cordes à terre, les prisonniers sont au supplice. Il faut séduire et recommencer la route est longue, le temps est clair, la brise va souffler.

14 Juillet 2009.

dimanche 13 janvier 2019

Texte trouvé.

Lueur dans le noir


La lueur là…
chemin noir la nuit aussi
je ne sais comment dire la lueur et la voie
et ce frémissement dans le noir
de tout ce noir
à l’intérieur de soi

La lueur le chemin et les pas sur le chemin
ce chemin drapé du ciel et de la terre
le ciel et la terre scellés par l’ombre
obscurité qui dissout en elle toute objection et laisse libre le champ de la lumière

Bénédiction

Entre les ramures montent les prières
entre père et mère
entre soleil et lune
jusqu’au firmament
vers l’impossibilité d’être de dire de s’offrir au cœur des êtres et d’atteindre l’étoile l’inaccessible étoile l’inaccessible chemin

Nuit blanche
laisser venir le chemin
combien de nuits noires enlaçant les nuits blanches jusqu’aux portes de l’aube ?

Là… en errance loin de tout
si loin de soi-même

Combien de temps ?
combien de murs où se cognent les corps perdus de la nuit noire ?
combien de lames aiguisées où se déchirent les chairs endolories de la nuit blanche ?

Le regard s’éteint dans l’épaisseur de l’ombre
le regard s’illumine dans la clarté de l’ombre

Fuir… fuir là-bas… vers ces demains qui chantent vers ces demains de l’aube où peut-être les nuits sont claires et les aurores laiteuses

23 juin 2009.

Théo.


La lueur, le chemin, la nuit aussi.


Fuis, fuis là-bas, où les aurores noircissent, vers ce demain qui chante, vers ce demain de l’aube, où les nuits seront claires. Entre les ramures montent les prières, suppliques, entre père et mère, entre soleil et lune, au ciel, à l’impossible d’être, de dire, de s’offrir et d’atteindre le chemin.

Nuit blanche laisse venir le chemin !

Combien de nuits noires enlacent les nuits blanches aux portes de l’aube ? Combien de temps à errer, loin de tout, loin de soi-même. Combien de murs à cogner le corps perdu dans la nuit, noire de lames aiguisées, à déchirer la chair à la nuit blanche ?

Le regard s’éteint dans la clarté de l’ombre, le regard s’illumine dans l’épaisseur de l’ombre. Je sais lire la lueur et le noir de tout ce noir, à l’intérieur. La lueur, les pas sur le chemin du ciel et de la terre scellés par l’ombre. L’obscurité dissout en elle tout objet, et laisse le champ de la lumière.

14 Juillet 2009.


Variation sur un texte de Maria Dolores Cano,

là,

là,

là,

là,

ou là,

que je n'ai pas retrouvé.

samedi 12 janvier 2019

Les réserves débordent.



Il se reprend, et sans compter tire jusqu’au bout le chiffre, la broderie, le sarcasme à la bouche, un poids trop grand, une décision sans reproche, il se tord et contraint la fleur jusqu’à sa déchirure, son charme est incertain, sa vigueur est en transe, il touche et observe, les fleurs font une broderie.

Il se penche et il voit fort, lourd, les autres, les méchants, sont au loin et si présents, sa rage enrage, son remord le tend, il se décrit et il se recompose, il faut entendre et débarrasser le trop, le plus, l’informe.

Ils sont au loin et ils le hantent, ils comptent un à un les pétales, les fleurs tombent roses et graves sur les épines, sur les épines ils se reflètent et ils s’incrustent, les marcheurs, les malheureux, les affamés : ils ont trop de poids, trop d’ardeur, de faiblesse et de tremblements, leurs erreurs sont en grand nombre.

Les fleurs tombent sur les épines, le cœur arrondi il berce sa raison, il construit son avenir dans la forme perdue et il taille et il coupe, les fleurs tombent, les méchants sont au loin, si loin et sur la tête pleurent les citrons et le cœur des choses, sur le temps.

Il se tourne et il plonge une fois en trop, dans les souvenirs amers et insistants, il est perdu entre la force et les sarcasmes, entre l’impuissance et le temps passé sur les erreurs, si nombreuses et si fortes, il est perdu sous cet arbuste de neige en fleurs, il est perdu dans un parfum si présent, il a perdu la trace du tilleul, il a perdu le cercle du malheur, il ouvre les bras, il se repose, il se reprend et cherche sous les fleurs tombées dans les épines : sur la peau, entre les doigts, il pince les pétales.

Le cœur évanoui, la bouche amère, les yeux perdus au lointain il dit une réponse et annonce la vérité, il est perdu et il lie le passé aux épines, le futur sur la peau, il respire et recommence et tord la bouche sans rien faire.

Il est entre le feu et son odeur, il tourne sur le sol et traîne son armure, une armature forte, une envergure immense, les bras étendus, les bras trop long, il embrasse son monde et pleure le sort cinglant des vivants, si méchants, perdus et sans âge, retenus dans l’air et posés sur le cœur, il entend et il vient il compte les épines, il est perdu sous son arbuste qui neige en broderie ses bien pauvres fleurs.

13 Juillet 2009.

vendredi 11 janvier 2019

Retour d'amertume, ô.


Les cœurs se fanent et grondent, et se plient sous les outrages. Ils sont abandonnés et si petits sous le poids du ciel. Cœurs égratignés, cœurs défaits, poussière de craie sur un lit de pétales.

La beauté est là, si proche et si fragile, si fragile et si docile. Ne lui tordons point son cou, son cou si frêle et si gracile. La beauté est là dans ce petit rien, cette petite trace sur l'argile.

Ô, ces cœurs arrachés que l’on jette aux pourceaux. Ô, ces âmes en peine noyées dans leurs chagrins. Les yeux éteints ne voient pas la beauté qui inonde le monde. La lune pleure, on lui a tué sa joie.

Maria Dolores Cano, 11 janvier 2019 à 11:32

Ô, d’amertume.

En revenant, sur le sentier, la peur et l’absence prennent forme, les regrets certains, la mine perdue, on se tourne et contemple la marche à accomplir. On défend et on autorise, on renonce souvent, et on chante une autre certitude, le monde est si pesant, la toile est resserrée, les ardeurs à bannir, les peurs à exploiter.


Ils font revenir, refaire un nom, tourner au loin et fracasser la conscience et la rage, ils fondent l’avenir sur les outrages et l’horreur. Ils se vautrent dans la terreur et le mensonge, ils se démâtent et perdent le signal, ils fondent un empire de mort sur les pleurs et les cris des petits, qui doutent.

Ils prennent et froissent un à un les pétales, les fleurs n’ouvriront pas, ces vieux si vieux n’en veulent pas, ils se dessèchent et fanent, fanent, fanent : les cœurs irraisonnés, les candeurs et la joie. Ils collent au fond des âges et du charnier, ils roulent, ils glissent et observent et méprisent les cœurs.

Ils abattent la fraîcheur, ils éteignent les feux, l’ardeur les incommode, la fraîcheur les outrage, ils sont bien petits et bien seuls, ils ne lisent plus et n’ont jamais pensé, ils ne regardent rien, ils effacent tout, la craie les tache, les additions les portent, ils sont sur le flanc, le nez dans la vase.

Ils comptent, pèsent, contraignent et font racler bien fort le nez et les oreilles, ils doivent plier la beauté et la joie, ils traînent d’un banc à un autre, ils dessinent un avenir de feu, ils écartent et plongent leurs yeux dans une mer de courroux, de peur et d’oppression. Les yeux écartelés, la lèvre sèche, ils encadrent, ils encadrent et meurent à chaque instant. En revenant sur leur sentier, en parcourant leur route on abandonne tout, on frémit et on geint, on recule plus loin, on tord le cœur et l’espérance, on se donne au rien, on avale leur breuvage amer.

L’avenir est fermé les portes grincent, les doigts sont pris dans la graisse et le sang, ils doivent effondrer et répandre à terre un si petit savoir, un bagage de nuit, ils se tournent sur rien, ils débordent sur tout, ils avalent des verres d’impuissance, ils se donnent pour eux et ils arrachent tout, ils sont au fond du trou et ils le revendiquent.

Ô, d’amertume sombre, ô, de regard fuyant, rien ne compense rien, ils arrachent les cœurs et les jettent au loin, ils sont à ignorer et ils décomposent, pauvres vivants, perdus dans leurs douleurs, ils n’aiment rien. Et la lune au dessus coule en larmes et sanglots, ils détruisent la joie.

11 Juillet 2009.