samedi 30 septembre 2017

Sans titre, 13 Août 2003.

Frappe sans savoir, la truelle danse, une truelle marque l’ordre.

La plainte, l’attente, le bruit de la joue tendue, une vérité, bleue à l’ombre de l’été. Ces images pour une douleur échappée du printemps. Le bleu de l’âme, un serpent, il mord le destin, une guêpe, un tourment rayé de lait noir et jaune, il berçait un petit, un ange, un jésus.

Le travail mord dans la chaleur, frappe un coup de truelle à la face du monde, bleu, il verse des larmes de sang, un oiseau demande place et ne la prend pas. Le monde tourne rond, l’endroit et l’envers ne se distinguent, un oiseau frappe de sa truelle la face d’un autre, il construit une barque pour passer dans l’oubli, la fin, sans âge et sans amour de l’histoire d’un roi.

La mort éclabousse le camp en ruine, il faut déblayer la pente et le jardin, l’oiseau comble chaque jour le chemin de ronces, de crainte et de froid. Le monde tourne, l’endroit et l’envers ne se distinguent, il faut se rendre, un fils frappe sans savoir.

13 Août 2003.

vendredi 29 septembre 2017

Sans titre, Août 2003.

Écoutez les fleurs de canicule, les bambous et les matins salés, un fil éteint, le silence agité, la crainte, l’oubli, les voiles colorées dans le sourire plein d’un formidable été.

Midi griffe une trace de géant, l'heure s’endort, il faut entendre ceux que la crainte prive de repos, le chant berce le linge et les olives, le raisin piqué par les oiseaux, les épis sèchent.

L’été est un danger pour le monde, le souvenir, fleur d’oranger, l’amertume du chemin nous glacent.

Août 2003.

jeudi 28 septembre 2017

Été, formidable ou drôle.

I
 
Va et vient, la vie consume, le bateau file sur les eaux, un naufrage, au bord de l’abîme, du ciel, il flotte sur les charmes, la crête en haut, la vie.

Elle brûle le temps et reste sous l’ombrage, vieillir agace un peu les dents, les fossettes, le rose aux joues disent : colère et peur, ô, mourir seul à l’ombre des oiseaux, ils coupent et cisaillent l’air, légèrement.

Le sens de ce carnage est un refus

II

Le tort que l’on se fait, comme une aventure, le drame, l’enfance ne meurt jamais, frotte bien fort la peau et les coupures, le regret enfonce chaque jour la peur du vent et du feu.

Le tracas, le tourment à la figure, le bonheur se refuse, ne faire rien, et souffler au calme de la main, qui prend, qui tient, une rame pour passer d’une rive à la fin de ce temps.

III

L’élan, la branche passe et presse l’œil de mots et de questions, pourquoi dire ce que pense le faible qui a soif, le fort qui fait ses dents.

L’hésitation et le chagrin, un regard de larmes et d’abandon, il faut, faut-il, que le temps donne ses raisons, que le soleil tourne, la vie, temps long et calme, effraie la colombe.

Le rouge au soir pleure, vient en force, arroser d’eau trop chaude le jardin, le calme, l’absence, un sillon tracé, la main lente cueille sans trembler les graines de l’été.

IV

Le retour de voyage est une humiliation, pencher le corps ainsi dans la terre et le vent, poser les mains sur la hanche, et se piquer de voir en pointes l’œil mauvais.

Les animaux tracassent, les jambes marchent, regards évités, ils veulent leur part d’or, une cage de lumière.

V

La saveur, l’oubli, la chance, coulent du sable, de la vie et du temps.

Le grand qui danse, le souffle noué par la crainte dans l’ombre sûre, la question que pose le présent, peut il tenir ainsi la route et faire taire la chaleur de la nuit.

La lune remonte, est-elle un supplice, le matin, la vie va-t-elle dire encore : je fuis, je le dis.

VI

Mince occasion de faire fortune, la route au trésor, monte et descend.

Le fer, la querelle gonfle, au détour du chemin de sable parfumé de lys de mer.

La route, la nuit trouée, naît la seule espérance, une trace vue, qui ne se peut parler.

13 Août 2003.

mercredi 27 septembre 2017

Un jeu, une excursion, un voyage.

L’horizon saisit toute la lumière, le soir qui vient berce les peines et l’effroi. La lune à peine ronde, on entend, le souffle retient l’autre et le regard perdu du plus petit des deux. Il est une chose froide et belle, qui traîne autour des enfants qui s’ennuient, un cheval mène des silences durs. Un genou sur la terre et l’autre au paradis.

Le repentir prive les oiseaux, les vipères, les loups de l’escale. Le jour éveille les clameurs de la vie, enferme la citadelle et le clocher qui luit dans le grand port de l’espoir. Conte de veille, la lune, le rocher, le cheval, le clocher, le loup, la citadelle, les enfants, la montagne, la vipère, l’effroi. Il faut pour ce cortège, du travail, de la vie et un large horizon. Le cœur qui s’effarouche ne croit pas en la vertu, la splendeur, la violence, qui étreignent un homme en entier. Une part de deuil et de partage dit tout bas ou tout haut ce qui fait chanter. Un diapason d’argent, une cloche, un cantique, le trouble qui émeut les enfants dans la nuit, parlent à leur oreille de don et de souffrance. La vie se faufile et se plie à la hauteur des yeux. Elle est plus belle et plus grande que le serpent qui mort un sein, que le marin qui laisse ce qu’il aime enchaîné au rocher. La marée monte et le soleil la suit.

Écoutez les condamnés à jouer sous le regard des martyrisés. Le beau, le fort, et les voiliers sont pour l’éternité un cortège d’étoiles, d’océans, de pays et de peurs que cache dans les forêts du monde la voix simple et tranquille des petits enfants qui veillent et qui protègent les monstres qui pleurent pour toujours le retour de la nuit. Ils sont ornés de drapeaux, de médailles les petits perdus dans la montagne et le ravin, ces enfants de la nuit et de la vie qui passe, ces polis, ces meurtris, ces chiens de traîneau. La vérité qui danse dans un sac écoule un peu de fantaisie sur leurs épaules nues que charge le poids des ans rayés du grand livre des mondes. Ils laissent les morts pleurer entre eux, à leur compte, pour préserver la vie de tout malheur. Le destin qui pousse sur les routes est un bon matelot, il prétend à nos cœurs, qu’il est rêve et joie. Complètement défait par une étreinte folle le corps dit le regret de n’avoir pas joué plus tôt.

La vie est un jeu, une excursion, un voyage.

12 Août 2003.







mardi 26 septembre 2017

Dans un ciel bleu qui noircit.

Une journée lente qui impressionne. Tout est lavé, le matin, les nuages. Sur les carreaux, le ciel, les couleurs sont trop pâles, le soleil les brise et les aère dans la clarté. Les oiseaux allongent leurs pattes sur le sable.

Les vagues vont et défont les corps étalés sur le bois qui a flotté. La mer calme et chaude, n’en revient pas de ce lever tranquille, elle porte le corps, le laisse aller, glisser sur les cotés et rouler comme on berce, les premiers pas, et les derniers baisers. Les bras brillent comme des veaux dans le pré, comme des fleurs qui dansent et s’ouvrent, sous le poids des abeilles.

L’écume est forte dans le nez, le sel noie les yeux ouverts de celui qui nage sous l’eau et rêve de poissons, rêve d’éclairs qui fusent entre les jambes, qui l’effraient toujours, enfant toujours qui joue à laisser du souffle sur le fond. Il fait chaud même dans la vague et le nageur déçu espère un vent froid de tramontane, une gelée blanche du matin, un cœur de glace pour trembler comme tremblent les enfants, bleus d’un bain trop long et que rien ne peut réchauffer.

Penser en été, qu’à l’hiver, à l’automne, un jour il fera froid, sortir de l’eau et grimper sur les dunes pour tromper le beau temps, le souffle chaud ruisselle sous les bras qui brillaient dans l’eau et que rien ne sèche. Les pieds nus brûlent dans le sable et se blessent aux épines de plantes grasses de chaleur. Les poissons n’ont pas suivi, fleurs de lys sur feuilles sèches et amour, promènent dans le parfum sombre de la liberté, croiser l’odeur et fuir son ombre, l’enfance est loin, et la jeunesse use le sable dans les recoins.

Partir, revenir se blesser aux arbustes, se coller de résine, le pied brûle, la jeunesse use toujours plus fort les coins, les serpents soufflent fort et les petits rapaces sifflent dans l’air. Se joindre et réunir, ce qui est rond, ce qui pointe et ce qui se redresse, le plongeur trouve le dormeur et les deux font un pont entre l’eau et la terre. Le silence est certain. Le jour reprend et les deux rincent et s’usent, à l’eau, au sable et au sel.

Au retour, la lune rose pale dans un ciel bleu qui noircit.

11 Août 2003.

lundi 25 septembre 2017

Trois branches étranges se mêlent dans le ciel.


A l’horizon volent les chansons de colombes elles disent : « notre cœur est trop petit pour tant d’émotions ».

Ceux qui tuent, usent ces mots chargés de la simplicité d’un monde qui s’écroule et change pour une autre vérité. Ne plus entendre, tout perdre, admirer l’ivresse et fuir. Les sauvages gagnent le combat de la chance, le désespoir bat les rives du ruisseau. Les épis moissonnés lancent la fin du jour. La lèvre pendante, les amants se font remarquer. Il faut courir dans la boue pour que vive le trésor des anges, les frissons détachés au loin sur la mer. La vie commence et meurtrit les assoiffés, ceux que trop de joie et de peur noient dans la chute du jour.

Agonie du temps, le massacre commence.

Un lourd mensonge emporte des fous qui pensent le temps éternel, éternelle l’ardeur et que la fatigue se meurt. Il n’en revient pas des bavardages qui remplissent la rue, l’homme qui part chercher une avalanche de rois pour agiter ses pieds. Les amants perdus dans l’eau, font dire non et oui, à tout grain de raison, d’amour et de sanglot. Il n’en revient pas celui qui danse dans les fontaines du mal et de l’ennui, de son mauvais rebond, de son cou qui s’étrangle. Les grappes de safran coulent sur la plage et les pauvres perdus s’enchantent à voir pleurer.

La nuit enveloppe ces bourgeons moitiés morts, ces abolis de rien et de rien convaincus. Ils font dans la lune le projet d’un jour qui peut dire à l’oreille qui se penche : 
« écoute le bateau qui part vers l’océan ».

La raison s’empoisonne à suivre le carnage qu’on fait au nom de la volupté, le combat du fer contre la terre et le regret de la voix qui s’en va. Ils font à peine bien, à peine mal, les crocheteurs de lune ratissent, la ruine vient par où elle est attendue, la lame est enfoncée entre deux épaules et la plaie déjà est ravagée.

La vie coule comme naissent les incendies, le départ reporté sans cesse est un aveu. Le long chemin qui fait les belles victoires est parsemé du cadavre d’amis qui croyaient à la fureur de vivre, gardiens à présent de la vie qui avance.

11 Août 2003.

dimanche 24 septembre 2017

Ciel bleu, le soupir fait fuir la peine et court dans la chaleur.

Les oubliés posent l’oreille dans un champ, les cigales, murmurent l’eau, et dans la marche meurent au paradis. La langue dure supporte son lot de frissons et de contraintes, le soleil brûle plus fort encore, les talons s’enfoncent dans le sable noirci du souvenir de l’enfance. La marche ralentit le temps et l’espace. Les pieds se meurtrissent aux épines fleuries, ils pressent un élan vers le ciel qui récompense l’effort de conquête. Au croisement, les visages accrochent un cœur qui bat la route. Les yeux saisis passent ici, là bas le ciel est sans nuances. Le souffle est si chaud que l’on part au caillou, vers le sable, le frais. Ciel bleu, vent terrible, les rafraîchis tremblent, les poules jouent leur peau et sortent du ruisseau. Il faut savourer cet air réchauffé.

Du bain, le cortège vit une joie simple et bonne, partir en voyage pour trouver du plaisir à la fraîcheur. Les vrilles de la vigne grimpent sur l’horizon. L’air dévoile une musique qui ne finit rien, il hésite encore. Le soleil en haut, la sueur coule, les oubliés montent, il fait beau. Un regard obstiné s’entête sur la dune, le patient attend la fin du jour. Comme des soldats, des blessés, des gémissants de regret et de crainte ils montent en tremblant sacrifier leurs âmes au plus fort de l’été. L’air frôle l’œil des oubliés qui entassent leurs illusions de vie. Être parmi les autres et être seul pourtant voilà un grand mystère et un destin qui brûle. La soif, le jeu de la vérité, exposent les marcheurs au plus grand danger. Herbes jaunes, bêtes noires, les oubliés tirent la langue, après le temps des guêpes, vient le temps des scorpions.

La toile est blanche et les roseaux sèchent.
11 Août 2003.

samedi 23 septembre 2017

Nous sommes au temps des assassins.

L’oiseau qui coule sur le souffle chaud va dire :
« le meurtre et les regards perdus dans cette solitude sont plus forts que le soir et que le grand orage ».

L’eau ne vient pas, les ardeurs qui battent auront raison de la volupté. Il faut s’abreuver de rire, de musique, de joie et de plaisir. Le matin enfante des voiles de laine, le carillon de Pâques résonne sur l’armée de mouches et de serpents qui boivent à plaisir des nuages d’air chaud.

Il n’en revient pas celui que tout enchante, le coquin qui veut tout, une maison de gaze et des chaussures d’ange, des fleurs de lys éclosent et des linges qui sèchent. Les guêpes sont voraces et les plaies de l’enfance ouvertes à jamais, à toujours, à plus tard.

Il n’en revient pas celui que tout dérange, une fourmi qui vole et une goutte d’eau qui sur le carreau sèche. La vie, la maison, se rangent sans cesse et le fusil qui dort sur leurs têtes est pour les deux unis. La mer danse et relance des cailloux de chaleur et des voiles sur de vieux bouts de bois, orée d’une forêt qui mourut un jour aveuglant et lointain ou un bûcheron fit sauter la terre et marqua pour lui seul son courroux et sa haine.

De ce bois flotté sort pour le passant un cri et un appel, une plainte sans nom, un ardent babillage qui offre au monde le spectacle de deux corps qui mènent sans fin la guerre sainte. Qu’ils sont beaux se dit-on quand on passe alentour, ces deux oiseaux qui meurent doucement, du plaisir partagé dans la chaîne des âges et des regards complices qui les sortent de la nuit. Ils n’en reviennent pas les traînards, ces buveurs de soleil et de contentement qui volent sur le champ, dans l’amour qui s’expose, un peu de bonheur et de vrai régal. Les cadeaux que l’on fait qui coûtent cher en hargne, en combat serré, en duel au couteau, en fibre écrasée par le poids. Ce ménage est cerné de bouteilles, de fruits et de livres défaits qui sont posés là près des deux qui embrassent toute l’humanité.

Il faut ajouter aux troncs qui se promènent ceux qu’on remet à flot pour un très long voyage vers le ciel et la mer, le temps et les orages et qui ne reviennent pas. Ces bois qui flottent, ces corps d’arbres qui meurent sont le refuge de serpents et d’oiseaux, et les témoins gênés des passages dans l’ombre, de regrets éternels, de grimaces pleines de rage et de ressentiment.

La nuit débarrasse cette lutte blanche et propre, le matin qui revient n’en dit rien et le silence est plus que le trésor des forts. Le combat qui reprend se charge de regrets et de pleurs que le passant ne voit pas et travestit en fleurs et en chansons d’amour sincère.

Celui qui en fait le plus a raison. Nous sommes pour longtemps au temps des assassins.

8 Août 2003.

vendredi 22 septembre 2017

Sans titre, 6 Août 2003.



Vous viendrez pour cette fleur, ordonner d’un regard la jambe qui balance. Sa blancheur veille au jour, à chaque volupté. Regards voilés sur le sable, la vie coule, la chanson d’un été tourne la nuit.

Il n’en revient pas du voyage des anges, ils marchent tout le jour. La table mise pour l’ancien sacrifice, il tourne et se tord, dans la peur et la joie, l’étreinte des noyés qui s’éloignent brasse à brasse. 

Au delà des montagnes un fagot d’obscurité, dit d’une branche à un tronc :

regardez-moi, je meurs, je souffre et désespère, qu’il est tard, que c’est loin.


Ce bois pèse sur un dos qui plie à toucher les cailloux. Vous n’en revenez pas de ce cortège qui joue à la vérité et triche : 

« l’habitude rend maître, le tourment vient quand cesse la stupeur, le poignard bat le flanc, au jour, à la nuit, la douceur de l’aube suit, le bien et le meilleur partagent la vallée ». 

Un fil d’araignée, un vertige, disent la déraison, règlent la chaleur, bloquent le passant et fendent les jaloux. La faim et la brume, chantent dans le palais, le radeau nous assemble, la mémoire cercle pour longtemps un peuple qui s’évade.

6 Août 2003.

jeudi 21 septembre 2017

Le vent agite la fin du jour, la nuit les chiens répondent.

Et viens me voir, papillon, la nuit passe, arrive, et viens me dire ou sont passés les absents. Sont ils à l’est, on n’en revient pas, mêlés aux troupeaux qui montent vers la fraîcheur et le repos. Ils volent dans le ciel bleu d’où vient le vent, voilure d’oiseaux. Le souffle ardent les attend.

Sans paroles, au temps bleu, à la mer, ils vont se cachant, libres dans le flot ils croisent et interpellent, beaux, les muscles mêlés de souffle clair. Enlacée d’or et d’huile, la peau glisse dans l’eau, poisson viens manger. Ils sont là, plus portés par la vague que par le baiser.

A la mer, les oiseaux chantent, chauffe le soleil dans le cou. Ils traînent dans des regards qui cherchent, étiquette de désespoir. Passe un arbre fort, la différence entre le plomb et le satin, le souffle court, la soif aux lèvres les rêveurs sur son chemin.

Il reviendra un soir, le marin, on l’attend une vie, et fermera les yeux. Il est là-bas bien trop beau, petit tu meurs d’amour. Sur la plage, la vague pleine les attend. Une vie de chien errant, dunes à l’ombre des bateaux, cela palpite dans le cou, sur le dos et froisse les trésors les plus beaux.

Ils vont et repassent, les anges. D’amour il faut bien saisir la leçon, le corps parle aussi vite que le cœur dans ce jardin. La vie est salée de baisers fous, sucrée de peau qui coule et coule encore. Le rêve se briserait.

Dans le reflet de la lune, le soir, tous s’en vont, traîne une âme, son jour dans l’oubli. Il vient alors un chant mélancolique, une adoration. La lune là, un seul pleure après l’amour, après l’espérance de regards sur le sable.

29 Juillet 2003.

mercredi 20 septembre 2017

Sans titre, 29 Juillet 2003.

Il fait bon, le regard dans l’escalier, sur chaque marche de l’étage, un bien s’en va, l’autre est noyé. Il y a des sueurs et des paniques de bois mort, des horizons gonflés d’araignées dans ce crépuscule et des tourments choisis par habitude, dans le silence et dans l’ennui. Ils sont dans la voilure, un gouvernail les fait tanguer, ils sont les fleurs battantes du panier, de la remarque, du fracas et de la prudence. Voilà le pain, voilà la viande, voilà le fruit de nos amours, voilà le loin, le dur, le tendre, la fêlure, le même bien, le vieux repos, le café noir et les sanglots. Il faut taire l’imposture, le vivre mal, le rien à voir, le rien à dire. Un bien parlé et tout s’embrase, l’autre se tait. Il y a de la poudre d’or, de raisin noir mêlée d’abricot. Salle obscure, table et grand panier, il est loin, qu’on se délasse, mon cœur meurtri est vengé. Il est loin ce souffle d’ombre claire, cet enfant qui pleure, jamais ravi. Un rien se dit dans son dos, sur sa paupière qui sommeille, quand il revient, l’amour à mort quelle folie. Le petit arbre se penche dans la cour noire de nuit, sur la façade meurt le rosier de l’enfance, le chat crie et attend. Il n’en revient pas de cette femme qui dit tout sans rien cacher, laissons ces vieux amis, ces rendez vous le soir derrière un temple qu’on ignore. Y revenir, en repartir, partir toujours et perdre sa présence, son rire fou et son long cou, ses cotes frêles qui dérangent les allongés, les fous à délier. Bat ton blé, lie ta gerbe, jette ton fardeau dans l’oubli. Le jour revient et c’est un rêve pour ceux qui ne t’ont pas compris. Reviens toujours en embuscade, dans l’escalier de ta raison, tourne fort c’est de ton âge mais tu résonnes trop. Tourne et vire sur toi même, soi le plus fort, soit le plus fou, jette cette cruche pleine de tout son vide et meurt d’amour. Ta coupe pleine, rince-la de la rosée, du sable, du sel, qui brillaient au fond de ton berceau. Détourne- toi de la muraille, du clos obscur qui te fait mal, pousse et ronge jusqu’au sang. Il faut apprendre à être jeune, à vouloir vivre et savourer ce qui se passe sur le balcon, dans la rue, le champ de blé. Chante, dis haut ta déraison, arrive fort et rassure. Une histoire se joue de cette cloison, de ce méandre de sable fin, de sable blond, de vieux murmure, de froid qui harcèle, qui vient du nord te mordre au ventre et bousculer l’avance de tes nuits. Ton regard clair peut comprendre qu’il confond et brûle tout, qu’il faut pardonner à ceux qui souffrent et supportent le peu de rien que tu offres, cette distance, ce grand chagrin qui cache tout, tout ce que tu veux de puissance et de vif plaisir.

Une gazelle, un trésor, dans la pensée d’une hirondelle.

29 Juillet 2003.

mardi 19 septembre 2017

Sans titre III, 28 Juillet 2003.

Le goudron noir chauffe la rue. La fleur vient au monde dans le jardin et se souvient de la punition. Il fait lourd d’air marin, dans ce temps tout est dans la réserve. Les vieux dorment, les jeunes caressent ce matin. Le plaisir vient d’un autre âge, doucement, sans y croire et sans fracas. Il est fleuri d’une aurore que ne donne ni le rosier ni le bois. La terre est basse. Les regards coulent sur ce qui désole, rompent le fer sur les genoux. Il faut qu’un autre se souvienne, absent, présent dans la fureur, mort sans avoir chanté le matin qui filtre le soleil dans la rosace colorée au noir de l’été. Il est bon et rose sur la face, ce grand absent et présent, plein d’audace et de bruit, qui penche la nuit, les soirs d’escalade, de coups trop bas et trop tordus. Il est fin, loin du bel été, corseté par son courage de ruban et de sable chaud.

La honte, le regret et la hargne, l’inassouvi sont des voiles qui glissent sur la vie comme sur un canal. La lampe et ceux que j’ai vus dans l’âme du navire, reviennent au ventre chaud, au sommeil lourd, à la lumière qui penche et fait frémir. Le fil d’argent, la bouche sèche, le couteau dur le plus cassant, la barque et le râle, ont fermé la porte au battement d’un cil. La main berce un cœur qui se noyait dans l’escalier, le jour où la grêle a brisé les fleurs de cette terrasse, souvent brûlée à ce noircir. Il fait beau tous les Dimanche. Le fil rouge du baiser brûle le cœur qui penche vers un beau sourire et une bouche qui se cherchent. La fin est une délivrance, une liberté qui joue avec l’attente du soleil, du sable, de la musique et des barrières qui tombent sur la route, quand coule le goudron chauffé au noir de la bataille, au rouge du désir qui bât, au blanc de l’amour qui sauve cette fleur que l’on n’attendait pas.

28 Juillet 2003.

lundi 18 septembre 2017

Sans titre II, 28 Juillet 2003.

Souffler, ton nom entre deux pierres, un rayon frais, un heureux temps, un chant de bleu et mêlé d’or.

Dire le sucre et le mois d’Août. Le ciel s’effondre sur ta tête, le vent roule de gros cailloux, il faut le ciel et le ciel pleut. La meute vient sur le chemin. Encore un peu de charme aux rosiers et aux liserons, tes yeux se ferment, l’oubli roule, et le regard s’évanouit.

Deux traits noirs sur l’horizon, le bois vieillit, il faut te rendre, l’automne approche en ce moment. 

28 Juillet 2003.

dimanche 17 septembre 2017

Sans titre, 28 Juillet 2003.

L’écume prolonge la vague. Dans une hutte de bois flotté, le bleu du ciel est celui de la mer. La plage est de nacre, blessée, roulée par les pieds qui courent ce bassin. Chaque jour les enfants meurent à l’enfance et naissent dans la chasse aux griffés, aux meurtris, aux allongés, à ces choses qui tintent, qui flattent l’âme et le regard, l’orgueil des fous et des aveugles. La vie avance chargée de chaînes et de cailloux. Fers rougis au soleil, c’est à midi qu’on marque ce bétail, ces gens, si beaux qui marchent bien, sous le soleil qu’ils illuminent de certitudes.

Forces insolentes ils mangent sans se vêtir, le salé et le cuit des pécheurs, la soupe blanche, le grand miroir des vaincus. Ils sortent à leur tour, forgés de soif et de blessure, par deux liés d’un voile à la taille qui en dit trop. Un chien là bas glisse vers l’eau, le soleil passe, l’ombre claire est un refus du mal qui vient. Cette mer chante et parle à tout instant, chacun dit c’est pour mon droit, mon courbe, ma fantaisie.

Chaque coup me tue, mon a peu près, ma fantaisie de merle noir. Le poids des chaînes agrandit cette plaie, cette bosse, un filet d’herbe tourne sur lui même et marque ce coin de terre ou le combat sans cesse se renoue. La tige fine encadre un bec éclos, un joint serré. Le combat est sur cette rive, ce champs ouvert ou chaque jour le fil s’échange d’histoires qui finiront, peut être un jour, peut être pas, dans l’indifférence ou le drame, peut être un jour, peut être pas, sur le grand plat de l’existence, au rythme lent et bien caché du rire noir de l’été.

L’instant fuit avec la confiance, le repos, long écho de la note que fait l’oiseau sur nos livres, nos sacs et nos trésors. L’eau absorbe le regard, le pas subtil, la danse ferme et profonde de ceux qui viennent, de ceux qui se rassemblent le long des épis ensablés. La vie avance sur le champ ouvert et pâle de l’enfance que laissent doucement ces guerriers rougis de soleil, qui rêvent du sang des autres, du sang qui palpite là toujours où il faut.

28 Juillet 2003.










samedi 16 septembre 2017

Aksel et Maria.



Sans titre II, 23 Juillet 2003.

Pour une conversation, je viens à toi, genoux ployés. La lumière fond, il fait beau ce matin. Sois tranquille et sage. La force transperce l’espace, un reflet vient de loin.

Des rouleaux de satin volent sur nos têtes. Les bras, les jambes se confondent, comme l’herbe que broutent les taureaux. Loin du monde qui nous réclame, ce travail nous tient hors d’haleine. Le plaisir que nous prenons se retourne, pour que la montagne dise cette rumeur qui fait un bel été. Je gémis, tu soupires, nous sommes bien mélangés.

Il y a une odeur étrange de cirque et de roussi, de chien errant dans les oliviers, de monde qui attend. La faim de l’autre nous prolonge. Dans le ciel noir, sous le balcon, les rossignols chantaient bien cette nuit. Des étoiles volent, vers toi, vers moi et vers ailleurs. Il faut dire toutes ces choses car le beau temps ne dure pas.

Mon cœur s’ouvre et tu forces la porte des tourments, un peu de sang au bout des doigts. La rosée nous aide, une odeur nous étonne, combien de fois beau menteur m’as tu accompagné. Le parfum dit que la montagne peut attendre, car nous grimpons un col blanc. Il faut nous servir des hiboux qui chantent l’aurore. La vie se rassemble dans le mélange, et fait exploser sa chaleur. Tout se noue, se dénoue et vacille, le marteau que tu harcèles chauffe comme à midi. Tout brûle trop et tu me tues.

Mon hibou noir, ma chouette blême, roucoule encore de plaisir. Ne crie pas, tout sommeille. Mon oiseleur, ma perle blanche, hirondelle, fier coucou, ma nuit d’Espagne, mon pied fleuri, mon citron de cailloux.

23 Juillet 2003.

vendredi 15 septembre 2017

Sans titre, 23 Juillet 2003.


Des enfants sur cette terre, ont un cheval qui rêve dans le cœur. Le soleil sèche une touffe d’herbe pour les chèvres. Les marcheurs tirent la langue. La fraîcheur est un abri qui console les assoiffés.

Les hommes rêvent. Je les écoute. Les femmes dressent sur un phare, la table de la vie qui s’achève et recommence. Le sac, le ressac, montent et descendent, toujours battant la grève construite et démontée, sans cesse finie et infinie.

J’entends le cœur qui bat au centre de la poitrine. Rien ne finit mais tout s’arrête un jour. La construction est sans repos, il n’y a pas de pause à l’amour, ni de cesse pour la guerre. Les coquilles patientes chantent le long murmure, le grand écho du sanglot des femmes qui enfantent nos passions dans l’eau salée. Dans la mer rouge, l’espérance de demain est toujours à inventer. J’entends, j’entends la longue plainte qui monte.

Le présent n’épargne pas, l’avenir effarouche. Ce qu’il faut encore accomplir est d’une folle inquiétude, le propre à tenir, l’enfant à naître dans un monde qui le tue, tout ce qu’il faut apprendre, ce qu’il faut retenir, inventer des occupations utiles et longues, pour que passe le temps, doucement et sans encombre. Le soir en se tournant que chacun se dise ma guerre a été utile, mes emportements, mes rages ont servies, ma colère fut bonne et je remercie le ciel qui m’offrit ces tourments.

Il est touchant de rester irrésolu, ne point engager le fer dans les plaies qui démangent, ne pas gratter les parasites qui dévorent la peau. Les hommes s’accomplissent dans la souffrance et le renoncement. Le sac, le ressac de la vie font perdre la mesure. Marche en avant pour ce long pèlerinage, tiens ferme ton bâton et tourne sagement vers le ciel bleu, l’herbe verte et les chevaux sous les ombrages.

23 Juillet 2003.

jeudi 14 septembre 2017

Sans titre II, 22 Juillet 2003.

Les rivières sont pleines de chants et de lumière. Nous irons, montagne, à cette crête. La vie est là, les oiseaux volent dans le ciel. Un tout blanc mord sa patte noire. Un métal rouge d’Afrique revient le matin. Au dessus un rapace plane, chauffe, et soupire un cri aigu. Le vent s’en va et le cœur rit d’être si bas.

Dans l’eau des pierres restent, les passeurs filent et cognent les rochers qui glissent.

Il est dur de sortir sa peine, et dur de monter des murailles. Au vent du soir qui rafraîchit la nuit et porte le sommeil, il est heureux celui qui aime et qui construit. Réjouis toi, le mur s’élève. Plus loin, plus prés, le monde à regarder. Lui, se dit et je le chante. Un voleur dort dans les cailloux.
 
22 Juillet 2003.

mercredi 13 septembre 2017

Sans titre, 22 Juillet 2003.

La fantaisie éveille le goût du voyage. Creuse à la source des choses, remonte l’enfant mort. Comme jadis, le sauvage.

La porte de l’enclos est ouverte, les amis salués. L’air est tiède, que la lumière le ranime. Des papiers s’entassent sur le tas à brûler. Il faut partir et revenir chargé de souvenirs, et les offrir en repentance. 
 
Je pense au chaos du début.

22 Juillet 2003.

mardi 12 septembre 2017

Sans titre, 21 Juillet 2003.


Pour quitter cette clôture, il faut prendre le chemin. Pour quitter cette grange, il faut monter, il faut descendre. Pour quitter ce lieu de paille et de jachère, il faut le feu et ses tourments. Rien ne vit ni chante, le rire défait à l’aurore une longue nuit. Il pleut, je ris seul, comme je me change, dans l’ombre bleue de la sueur et du santal.


Il pleut, le vent décroche le linge étendu, il pleure sur le marais qui chauffe fort, qui chauffe au loin. Vieux cheval, vieux sentier, clair matin, la ressemblance et les ombres se déplacent, pour toujours tissent un souvenir de braises chaudes, de corps calcinés sur l’étang, que personne n’a vu mourir du rivage.

Que tout dise et se ramasse, les carpes sèches, le blé et les cailloux, les pirouettes en sabots. Que revivent les enfants noyés à la pêche aux anguilles, que revivent les gens surpris sous les ombrages, ils s’étreignaient comme des escargots et lissaient leur bave fil à fil. Dans la poussière au soleil, un rond de lumière nimbe tout et même le plus sale.

Jusqu’où chantent les hirondelles, aubades au jour venu, les moutons rouges et noirs, les enfants bougent sur le sable. Tous tombent doucement d’un haut mal qui les égare. Tout s’enfonce pour longtemps dans mes épaules et mes os. Je suis battu mais j’aurais cette palme, cette coupe, ce trophée, qui enchantent les âmes simples et font sourire les enfants, souples sauvages, d’osier fragile, de fin roseau.

Au monde fabriqué, j’ai toujours ma truelle et mon chapeau. Pour me revoir dans ce miroir, sur ce récif où battent les oiseaux, il faut que je te lave mon cœur de tes absents. Je les reconnais, le soir au bord des routes, obscure mélancolie qui les brouille et les encombre. Ces ombres, ces bannis, ces salis de doute et de froid, ces humiliés de regards suffisants, ces absents tous présents, partent vers la lune, les étoiles, risquer les triomphes sur les déroutes, Ils sont partout et ils sont partis, c’est par amour et par là, par là, avant que tout s’enlise, c’était là avant que ça ne change, avant le ciel et les cailloux, dans l’ombre simple et sensible, la fraîcheur et le feu, dans l’écriture et par le témoignage, dans l’air salé de ce coin si amer, au fond d’un lit et sous un escalier, dans l’escapade et la tourmente.

Une parole qui s’évanouit, un sucre croqué, une fontaine tarie, un chien qui tue et qui mange, les colombes sacrifiées, le thym et la sauge surtout, surtout le parfum fort du thym et de la sauge.

21 Juillet 2003.

lundi 11 septembre 2017

Sans titre, 11 juillet 2003.


Collines immobiles, replats des marécages, la terre dit l’angoisse. Enfant, tu traces la ligne droite qui fauche les roseaux. Les taureaux soufflent sur tes jambes. Dans la cour les chèvres vont aux oies. Il est à cheval du lointain, pour un repas et des embrassades. Le jour dans la terre, une femme colorée, gazouille et picore. Grain par grain, les oiseaux pillent, bec ouvert. 

Homme paisible la guerre t’a troublé. Fil par fil tu attaches une vigne que des vieux ont plantée, et d’autres replantent ce que tu arraches. Entre les lignes, sur la terre le travail passe, tes rêves s’empoussièrent. La vigne est bien menée, pied par pied tu deviens celui qu’ils vendangeront.

Alchimiste, de la poussière et des cailloux fais couler un pavot mauve, un rubis liquide, un miel de Carthage pour adoucir les déraisons. Sur ta terre se mêlent le trouble et le bonheur.

11 Juillet 2003.

dimanche 10 septembre 2017

Sans titre, 10 juillet 2003.

Le linge est ton berceau. Tu comprends et tu vois. Ta vie se trame de musiques barbares.

Sur un tissu, tu poses les couleurs du monde, les voyages, la mer, la douleur de rester.
Regard de tourterelle, cœur qui explose, petit cheval de bataille, tu poses des questions. Ta terre est ronde, orange et bleue. Quand les clameurs s’apaisent, ton rire d’enfant doucement meurt de rester incompris.

10 Juillet 2003.

samedi 9 septembre 2017

vendredi 8 septembre 2017

Sans titre, 10 juillet 2003.

Sur la plage le monde recommence. Ils sont trois et ils sont mille. Un abandonné croise les regards qui fuient. D'où viennent, cet émoi, ce trouble, ce mouvement inconnu. Ils sont mille et trois, le monde recommence. Les regards fuient et croisent. La plage est rouge ou grise.

L’émotion fabrique un corps qui change.

10 Juillet 2003.

jeudi 7 septembre 2017

Sans titre, 15 Juillet 2003.

Au plein du jour, une belle lune tombe sur la rivière. Chaleur et poussière pénètrent les narines. En jaune, rouge et vert, des jardins flottent. Les cigales dévastent les colorés.

Sur le sol, pailles de chercheurs d’or, les pierres de verre serrent la lumière, ces bouts de rêves font oublier le soleil sur la peau.

De grands arbres coulent, un paysan arrose l'eau. Le corps chauffe sur les galets. Le sable use la peau, les jambes fatiguent. L’eau court encore sur les épaules.


Elle coule, elle est tiède, les bulles agitent les algues vertes. Ce bain épuise, le chien boite, les enfants passent. Le corps demande grâce, il passe à côté de la jouissance, mais ne manque pas de plaisir.


15 Juillet 2003.

mercredi 6 septembre 2017

Sans titre, 11 juillet 2003.







Collines immobiles, replats des marécages, la terre dit l’angoisse. Enfant, tu traces la ligne droite qui fauche les roseaux. Les taureaux soufflent sur tes jambes. Dans la cour les chèvres vont aux oies. Il est à cheval du lointain, pour un repas et des embrassades. Le jour dans la terre, une femme colorée, gazouille et picore. Grain par grain, les oiseaux pillent, bec ouvert.

Homme paisible la guerre t’a troublé. Fil par fil tu attaches une vigne que des vieux ont plantée, et d’autres replantent ce que tu arraches. Entre les lignes, sur la terre le travail passe, tes rêves s’empoussièrent. La vigne est bien menée, pied par pied tu deviens celui qu’ils vendangeront.


Alchimiste, de la poussière et des cailloux fais couler un pavot mauve, un rubis liquide, un miel de Carthage pour adoucir les déraisons. Sur ta terre se mêlent le trouble et le bonheur.

11 Juillet 2003.

Sans titre, 11 juillet 2003.

Collines immobiles, replats des marécages, la terre dit l’angoisse. Enfant, tu traces la ligne droite qui fauche les roseaux. Les taureaux soufflent sur tes jambes. Dans la cour les chèvres vont aux oies. Il est à cheval du lointain, pour un repas et des embrassades. Le jour dans la terre, une femme colorée, gazouille et picore. Grain par grain, les oiseaux pillent, bec ouvert.

Homme paisible la guerre t’a troublé. Fil par fil tu attaches une vigne que des vieux ont plantée, et d’autres replantent ce que tu arraches. Entre les lignes, sur la terre le travail passe, tes rêves s’empoussièrent. La vigne est bien menée, pied par pied tu deviens celui qu’ils vendangeront.

Alchimiste, de la poussière et des cailloux fais couler un pavot mauve, un rubis liquide, un miel de Carthage pour adoucir les déraisons. Sur ta terre se mêlent le trouble et le bonheur.

11 Juillet 2003.




Sans titre, 15 Juillet 2003.

L’air est sec. Bouches pleines et langues pointues, ils sont tendus l’un dans l’autre. Un rideau bleu filtre le soleil et pousse l’air. Le cœur bat la breloque, pend et pèse.

L’un dans l’autre, le mélange glisse sur lui même.

Miracle, ce grand brûlant, souffle, frotte, et fait jaillir dans l’air sec, une fontaine qui rafraîchit. Tout est chaud et lent. Il agite un fil amer et salé, une rosée pour cueillir la lumière.

15 Juillet 2003.

mardi 5 septembre 2017

Sans titre, 18 Juillet 2003.

Coupe et recoupe, jardinier malhabile, un pétunia grimpe fort. La fleur fane, la cendre s’amoncelle. Le jardin est en déséquilibre. Un rêve chante, l’ennui traîne, une fougère a du chagrin. L’herbe sèche, l’impatience s’étiole et les oiseaux s’éveillent.

Nettoie et taille.

Il souffle un air d’éternité. De midi au matin, un ruban flotte. On ne taille jamais assez. Le monde change et ne change pas. La fleur noire qui bourdonne, la graine volée d’un autre jardin, disent : le travail est utile. Les lézards seront un jour des oiseaux. La vie est là, je l’admire.

18 Juillet 2003
.









lundi 4 septembre 2017

Sans titre, 16 Juillet 2003.

L’œil en rayon, il faut voir ce qui arrive. Le jardin commence, la lune repose. Le vent s’agite. La pluie ne vient pas. Un peuple grimpe, la vie promène. Soupir, fleurs sur l'épaule. L’air tiédit les branches.

Mon cœur respire. 
 
16 Juillet 2003.


dimanche 3 septembre 2017

Sans titre, 28 Juillet 2003.

L’écume prolonge la vague. Dans une hutte de bois flotté, le bleu du ciel est celui de la mer. La plage est de nacre, blessée, roulée par les pieds qui courent ce bassin. Chaque jour les enfants meurent à l’enfance et naissent dans la chasse aux griffés, aux meurtris, aux allongés, à ces choses qui tintent, qui flattent l’âme et le regard, l’orgueil des fous et des aveugles. La vie avance chargée de chaînes et de cailloux. Fers rougis au soleil, c’est à midi qu’on marque ce bétail, ces gens, si beaux qui marchent bien, sous le soleil qu’ils illuminent de certitudes.

Forces insolentes ils mangent sans se vêtir, le salé et le cuit des pécheurs, la soupe blanche, le grand miroir des vaincus. Ils sortent à leur tour, forgés de soif et de blessure, par deux liés d’un voile à la taille qui en dit trop. Un chien là bas glisse vers l’eau, le soleil passe, l’ombre claire est un refus du mal qui vient. Cette mer chante et parle à tout instant, chacun dit c’est pour mon droit, mon courbe, ma fantaisie.

Chaque coup me tue, mon a peu près, ma fantaisie de merle noir. Le poids des chaînes agrandit cette plaie, cette bosse, un filet d’herbe tourne sur lui même et marque ce coin de terre ou le combat sans cesse se renoue. La tige fine encadre un bec éclos, un joint serré. Le combat est sur cette rive, ce champs ouvert ou chaque jour le fil s’échange d’histoires qui finiront, peut être un jour, peut être pas, dans l’indifférence ou le drame, peut être un jour, peut être pas, sur le grand plat de l’existence, au rythme lent et bien caché du rire noir de l’été.

L’instant fuit avec la confiance, le repos, long écho de la note que fait l’oiseau sur nos livres, nos sacs et nos trésors. L’eau absorbe le regard, le pas subtil, la danse ferme et profonde de ceux qui viennent, de ceux qui se rassemblent le long des épis ensablés. La vie avance sur le champ ouvert et pâle de l’enfance que laissent doucement ces guerriers rougis de soleil, qui rêvent du sang des autres, du sang qui palpite là toujours où il faut.

28 Juillet 2003.