vendredi 30 novembre 2018

On, il, elle, et tu, et je.

On vole de la poussière, on vole des grains, on vole du vent, on vole du temps, on arrache, on transpire, on transforme, on incline et on refend. L’été joue à l’automne et au soleil noyé, aux cheveux brouillés, aux écorces éclatées, on s’abrège, on se noie, on se transpire, on se forme et on recommence et palpite et subit et défait et remplit. Elles se passent, elles se passent et recommencent et s’enchantent, petites pommes au pommier, elles attendent au bord du chemin en souffrance et en poussière, le feu sur la route, oh, éteindre l’incendie, bouger, danser, parler et rire et recommencer, avaler la poussière, croquer les pommes, éteindre le petit pommier sur le bord de la route qui attend le passant dans la poussière, sur le pont ils invitent, sur le pont ils invitent, les filles se soustraient, ils n’y repensent plus, ils plongent dans l’eau et bougent dans le canal, les oiseaux glissent sur l’eau, la rambarde est aveugle. Je suis dans l’absolu, je suis dans l’émouvante confession, je suis dans la survie je suis dans l’attente, je suis sur le bord et j’attends, les filles se refusent sur le pont, ils plongent, plongent et ils attendent, le pommier sur le bord de la route attend couvert de poussière. Incrusté, inséré, serti dans le paysage, serti dans le pays, calqué sur le poison, posé sur le rebord, la tache rouge le regarde, il avance, il frissonne et il rit et il rit. La vie s’est refusée, les oiseaux sont tombés, les feuilles sont sèches et l’été joue à l’automne, les oiseaux en bande assombrissent le paysage, le matin devient la nuit. Amandes au paysages et vertes et douces, il refuse mais reconnaît les fleurs et les fruits entassés dans un sac gonflé de vent et d’incertitude, il avance dans la poussière les autres courent, courent. Comme une saison avant l’autre, les feuilles jaunes, les feuilles tournent, le raisin est presque mur, la vie va beaucoup trop vite, une voix se plaint et emballe les confidences, les talus sont ravinés, la terre est arrachée, la poussière vole, ils courent au loin, ils avancent, la saison est trop en avance, la récolte sera perdue, il a changé de paysage, il a changé de lieu, il s’enfonce dans le vert, la cabane est agrandie, le sourire lui pèse, il avance sans remord, il ne sait où il veut, les nuages passent sur les branches, ils portent une odeur de résine et de benjoin, sur le figuier noir ils attendent les rouleaux du malheur, l’infinie précision et la candeur. Il faudrait qu’ils en tirent, il faudrait qu’ils en soient, des oubliés du temps, des blessés dans ce paysage aux amandes douces, ils ont déchiré leurs armures, ils ont répandu leurs entrailles, ils sont à petit feu, décomposés, finis, posés sur le devant, posés près des étangs où les coquilles brillent.

Ils ont bien répondu et chanté sans attendre et fini sans espérer, il aura ainsi fait tout ce qu’il avait à faire, sans angoisses, détendu, réfléchi et posé. J’ai trouvé, j’y comptais et je suis près de la rive, je fuyais la misère et rechantais le temps et composais dans la chaleur qui monte une hymne pour la liberté, une hymne pour la fin des temps. Entassé, écrasé, pourri, répandu sur la berge, défiguré, le temps perdu de misère et d’angoisse affronté, somnolant il saigne et se lamente, toujours cela remonte, toujours cela reprend du fond de l’eau, du fond de la boue, le meurtre et l’habitude, les mots sont innocents, les herbes sont pointues. Je veux, je viens, j’enchante, je romps, je lie, je pointe, il faudra bien tuer la menace éclatante, il faudra bien offrir un espoir, un retour, un abandon, une entrée dans l’histoire, il faudra bien apprendre à lire, à écrire, à compter, à tuer, à piller, à renverser la pierre, à tourner le mal sur lui-même, à définir le chaos, à crier dans l’immortalité pour que reviennent éclatants et glorieux, la paix, la liberté, le calme, le repos. Il n’a plus de raison d’être, il s’avance, il se donne, il cherche la perpétuité, il cherche les ennuis, il cherche le repos, il a fini la gloire et sorti la menace. Elle est posée et en attente elle est suspendue, elle est là, elle retient, elle avance, elle compte pour le dernier combat. Il a fendu la grève, il a profité du combat, il a perdu, il a gagné, il a trouvé des ressources et la force, il a tombé la feuille, il a tombé l’armure, il a fendu le temps, il a fendu l’espace, il avance, il se cherche et recommence et vive la victoire. Il y a les autres, il y a toi, ils attendent ta parole, ils attendent ta décision et viens donc le mettre là et viens donc chanter la gloire, il fait pâlir le jour et il fait brunir le ciel. Ô, joie simple, ô, merveille, ô, contentement, ô, repli loin de soi sur soi et sur la grève, pour enchanter le temps, pour définir l’espace, pour recommencer, il a tué, le sang coule, les mains écartées, les doigts écartés, le sang et l’air passent au travers, il est percé, il est tendu, il est rendu, il avale l’air, il avale le temps, il précise, l’œil pensif, l’œil blanc, l’œil révulsé, il précise sa fin, il chante la victoire, il s’est battu, il s’est battu mais il n’est plus. Enfance perdue, enfance envolée, il faut, les femmes pleurent, il faut les hommes curieux, ils avancent, ils se traînent, les berceaux, les combats, les armes, le brancard est plein, les viscères palpitent, il est grandi, il est perdu, la montagne est au cauchemar, cela grimpe, cela monte, les vieilles femmes pleurent, pleurent, les jeunes vont se battre et déchirer leurs doigts et puis le brouillard tremble, l’or est perdu, l’or est enfoncé les jeunes femmes pleurent les enfants ne viendront plus.

Comme si il y avait un coin, comme si il y avait un trou pour les trépassés, les abusés, les pendus, les suicidés, les noyés, les perdus, ils se noient, ils se tuent et ils laissent leurs femmes, elles ont perdu et leur âme et leur vie. Il a perdu le fil, il a changé d’espace, écrasé, éperdu, sorti du brouillard, l’ombre maintenant devient immense, il se traîne et recommence et se lamente et geint. Ils auront ensemble abusé de la gloire, célébré la victoire, chanté le repos éclatant.

30 Juillet 2008.

Retour, soumis et en transe

Épuisés, ses rêves sont en équilibre sur le fil. Alors, il remonte la pendule du cœur, et écoute la chanson du vent qui frise la peau de l'océan.

Il est l'unique, le survivant, "il glisse sur ses pieds et vole dans les airs".

Maria Dolores Cano, 29 novembre 2018 à 14:19


jeudi 29 novembre 2018

Toujours soumis, toujours en transe.

Il avance et se torture et se griffe sur le chemin, il tourne et il vire, la vie est angoisse et amertume, il faut purger, vider, améliorer, souffrir et recommencer, croître, embellir, composer, décomposer, recomposer, bâtir, construire, élever, il avance sur les cailloux, il se frotte d’angoisse et d’amertume, toujours du drame, toujours du temps, toujours du sens, de l’angoisse, du fiel, aigreur et repentance, longueur et finition, où sont-ils, où vont-ils, que sont-ils, que font-ils, ils avancent, le temps revient, le temps retourne, les oiseaux volent, les oiseaux tournent, il est dans l’obsession, il est dans l’apparence, il est bien loin de la fulgurance, il avance, il cherche, il ne trouve rien, ni mots à dire, ni mots à pleurer, ni mots à sangloter, en finira-t-il.

Ô, langueur, ô, douleur, ô, avenir brisé, avenir perdu, incontrôlable et démesuré, il se cherche et il ne trouve rien et il ne trouve rien, il se cherche, il avance, il avance, il se cherche mais il ne trouve rien. Les mots, les perles, les cailloux, cela tourne, cela file, cela s’entasse et poussière et vent et herbe brûlée et herbe séchée. En finir pour recommencer, éclater, éclater la douleur, éclater l’amertume, renoncer, abandonner, pardonner, résilier. Il ne veut plus de ce contrat de dupes, il ne veut plus rien que chanter la joie et la douceur et finir au creux de la terre, au creux de la mer, au creux du vent, au creux de l’air et il disait, et il chantait : la vie se refuse, boire, boire leur éclat, boire leurs larmes, boire et refuser, abandonner les conventions, et renoncer. L’ordre, le proche, le loin, le tien, le mien, ô, douceur, ô, valeurs, ô, l’or dans la main, ô, l’or qui coule du bout des doigts, qui tombe dans le bol, qui tombe dans la tasse, il en finit un jour de ces images, il en finit un jour et il entend le son de la terre en émoi. Les bateaux passent, les oiseaux passent, le chien pleure, il avance, il regarde et il noie son chagrin dans l’eau boueuse, dans le trou. J’avance et je marche, je poursuis le rêve, jamais le temps ne s’inverse, je rêve à contre temps, je rêve à contre poids, je rêve et je m’invente, j’avance sur le chemin et le pied glisse sur l’herbe, et foule les fleurs bleues et foule les fleurs roses. Contre l’orient, contre le drame, j’avance et glisse sur l’eau et glisse sur l’air. Miracle, il avance, il a la parole, le remord est oublié, l’angoisse est enfoncée. Il entend encore, le tic tac de la machine, le tic et le tac du cœur qui passe, du cœur qui avance, l’orage est passé, l’orage est perdu, la volonté est en marche. J’abandonne la soif, j’abandonne la faim, je cherche le bleu unique, le tremblement infini, il va passer.

Les oiseaux passent, plongent dans le bleu, dans le vert, le temps passe et l’air s’illumine, le remord glisse et l’aveu s’insinue. Il avance, il est tendu, et je voudrais briser le drame et je voudrais briser la tragédie et chanter, et chanter : douceur et palpitation. Douceur et tremblement, il faut que le bleu passe, il faut que le bleu enlace. Il est comme une chanson donnée au temps sans y croire, jetée au vent, perdue, les cheveux s’effilochent, le vent couvre la mer, le temps est suspendu, mais tourne et tourne et avance, suspendu, il tourne, suspendu, au dessus, j’avance et je tourne et je revois le temps et je revois le remord et je revois l’angoisse. Faut il terrasser, faut il enfoncer, faut il enterrer, je passe et j’avance, là, les chardons éclatés, je tourne et je me noie dans un tourbillon de mots pauvres et inutiles, pauvres, bien peu nombreux et filtrés et désossés et désarticulés, sans rien dire, sans rime, sans raison et j’abandonne, et j’abandonne le regret et j’abandonne le remord et je me tourne face au soleil. Il a dit : prière en caressant la peau, je reviens du périple, je reviens de l’angoisse, je reviens du fond du temps et de l’espace, j’avance et j’efface en raclant, en traînant le pied sur la caillou, le pied dans la poussière et je me lave dans les herbes sèches et je brûle au soleil éventé, les oiseaux, les enfants, les perles et les rires, les chevaux et le chien. Tout se massacre et tout arrive, je suis à nouveau, je suis à construction, je suis sur le chantier et palpe chaque pierre et taille tous les regrets et lime tous les remords. J’avance pour eux tous, je regarde la rive, ils n’avancent pas droit, ils se tournent, ils succombent. Le temps a dévasté l’espérance et la joie et je ronge et je racle et j’enfonce et je brise l’amertume, le remord et je cherche la joie et je cherche la soif et je trouve, sans rien, la chaleur sur le chemin, le pied est raclé, le pied est frotté et efface la trace et déroule le plan.

Pour qui chanterait-il, et dans quelle langue et s’il osait dire : je chante pour moi, osera-t-il, osera-t-il embrasser, ce bouquet et le tendre et le donner et les autres sauront-ils le saisir et l’entendre. Il espère un simple message révélé, une évidence venue d’en haut, les uns, les autres comme soi-même, éclatés et tordus, désespérés, refendus, tendus, défroissés, décomposés, décolorés, il s’achemine vers le blanc, il s’achemine vers le noir, il s’achemine vers le gris et tout disparaît, plus de guerre, plus d’alarme, plus d’outrage plus de remord. Mille regrets perdus, mille regrets noyés et les oiseaux passent et les insectes se posent, il foule les fleurs bleues, il foule les fleurs roses. En avance tendu, en avance repris, il calcule le point, le temps est attendu, le temps est suspendu, il se révèle et recommence, la boucle se boucle et le tourbillon tourne, il passe sans trembler sur les herbes foulées, il entend le chemin, il entend la route, il entend le fond de la terre, il voit remonter le doute, il doit immoler la peur, il voit couler la ferveur, il voit le sol engendrer et il voit refluer l’inutile. Il vide le sac du vent et remplit la certitude, les mots sont neutres, les mots sont blancs, ils coulent et font rire les enfants.

Sur le chemin tendu, sur le chemin frappé, il glisse sur ses pieds et vole dans les airs.

29 Juillet 2008.

mercredi 28 novembre 2018

Retour de temps contrôlé.

Le jour dépose son fardeau. Les peines et les larmes vont s'éteindre et à petit feu raviveront nos rêves.

Il rêve de partir. Il délie les liens qui lui enserrent les poignets et les chevilles. La mer est pleine, la mer est forte. Les heures sont à la peine, alors il rêve de migrations, de liberté sans fin, sans fin et sans limite.

Tour à tour les éléments se déchaînent et tout semble l'anéantir. Le cri du vent griffe les chemins de la gloire, puis le silence, le grand silence. Alors dans le creux de sa main il trace la ligne de l'avenir.

Rien. Il ne lui reste plus rien. Sur le temps et l’espace il avance. Il avance avec ses peines au cœur et son chagrin à l’âme, et pour ne point se perdre il accroche ses yeux aux branches qui tiennent le ciel.

Un jour, un jour, "il faudra finir le sommeil".

Maria Dolores Cano, 28 novembre 2018 à 14:00

Le temps contrôle.

Il arrive et détend, la vie et les alarmes, les embuscades, il défait en bouquet les boutons de roses, il est perdu dans la chaleur, dans le temps sec. Il frémit et prolonge et entretient d’un regard le brasier de la peur et des sentiments, il est perdu dans la chaleur, il se distingue dans l’amertume, il recommence et pose sur l’horizon un point qu’il n’atteindra jamais, il est petit et sans force et il défie l’éternité, il racle le fond, du tiroir, du lit de l’inquiétude, il joue toujours avec les objets il range et dérange le coffret des émotions, il a vidé le flacon et il se perd dans l’habitude.

Il pose, il entend, il enfreint, il triche, il commence un jour nouveau et déjà loin, il est perdu et fatigué et sans attaches, pourtant serré, pourtant perclus d’ignorance, perdu de tout et loin dans l’air et loin dans l’eau, sans plan, sans boussole, il trace sur la poussière une carte d’ignorance et de douleur, il avance et se choque à chaque pierre, à chaque angoisse, il est tordu de douleur et de rire, il a cultivé l’emphase et le néant, il agrandit toujours plus haut le vide, l’obstination. Il se referme et roule loin et tremble fort et gonfle son sac d’inutile. Les outils sont perdus, les traces sont perdues, la liberté est en voyage, le sommeil est sorti du lit, la chambre est épuisée, il tourne dans l’erreur et l’espérance.

Il est perdu dans le soleil, la lumière ne réconforte, il dort dans le jour et tire sur le sol la besace des amours mortes, des combats perdus et jamais livrés, à rien, à l’angoisse, à la terreur, il ne construit que sable sur poussière et souffle sur les graines vides, il est ancien et trop penché et trop distant. La vie recule, le jour avance, le temps le contrôle et la vérité en éclair croise sur le fer des évidences, il est en émoi et en guerre, le bien s’en va, le tout retient, il tremble et trompe l’avenir, la fureur est constante.

Ô, tien, ô, mien, ô, figure d’errance, tu songes sur le fil, tu coupe les histoires, tu caches et reconnais et défies la mesure, les perles sont lancées au fond du lac, au fond de l’eau, dans la peur, dans l’ignorance, dans le sanglot et sans panache il se traîne et évite la joie. Je suis perdu, je suis rentré, j’évite et renouvelle et tourne, tourne sur le chaud sur la poussière, les doigts ouverts, passe le vent, l’air filtre sous les bras.

Il est perdu et sans éclat, il a bafoué l’avenir, il a perdu le sens et la gloire, la grâce a fui, il est en haut sur la colline et voit le vent et cherche dans le creux de la main le présent, le bloc taillé, le gemme rare, il enfonce les yeux dans l’avenir, il a perdu toute son avance, il ne finira rien ce jour, ni sommeil, ni récompense, le temps est encore au drame, au sanglot, au funeste sans repos, à la rigueur, au remord, poussière qui vole.

En armes, en sanglots il frotte son cœur sur la pierre, il aiguise la vengeance, pour ce jour le terme est arrivé, il se balance et croit aux armes, il faut avancer sans trembler, remplir le sac de l’inutile, finir, porté par le vent chaud et croire, croire : la ruse est possible, le renouveau. Un jour, le bien se posera, au calme, au repos, il faudra finir le sommeil.

29 Juillet 2008.

mardi 27 novembre 2018

Où.


I

Où vont ils, où vont-ils, ils sont là, ils ne sont pas loin, ils ne sont pas bien, il y aura au ciel un retour juste des choses.

Il pousse la porte, il voit des signes, il sent le vent et s’enfonce dans la lumière, il y a des éclairs et du souffle, de la grandeur, du renoncement, des fleurs sèches, le câble est blanc. Il y aura au matin, sans trembler, la violence et le son sans attendre. La lumière, la chaleur gouvernent ce grand vide, il y a dans l’attente un goût de larmes, un goût, de sang, de peu, de rien, il tord la bouche, lacère le cœur et déchire les membres.

Le rêve et les sarcasmes déposent le temps, déchirent la figure, verrouillent et recomposent et le mur et le toit et les arbres qui dansent. Au soleil et à l’ombre il a relevé la figure, il charge son fardeau, il porte son poids de murs et d’épaules, il avance, il ne peut vaincre, il ne peut que trembler, il avance, il perd et il tremble.

Il a repéré un rien, un terme, un sanglot, il voit sur la route la poussière et le feu et ce grand drame, ce masque tragique, il le couvre, il le porte à ses tempes, il serre la ficelle, il consulte le feu. Un pied après l’autre pose le poids du corps sur le sol, sur la terre sèche, chaque pas est une seconde, chaque pas est un temps, il avance, il martèle, il pose pourtant le pied presque légèrement sur la terre sèche.

Il a franchi la porte et voit sous le soleil les carreaux arrachés, les pierres démontées, une à une les pierres, une à une les gouttes, une après l’autre les fleurs, et le sable, le soleil pleut, il tombe fort.

La voix s’éteint, la voix se meurt, bientôt muette, bientôt perdue et vient du sud et vient d’ailleurs et se taira bientôt pour longtemps. Il marche en escaliers et décroise la pente, et au soleil cherche son ombre, se cache sous les pierres et murmure tout bas : j’avance et je meurs et je défie le temps et je défie la nuit et je cherche l’espérance. Il avance en poudre fine, recompose le temps, se défend la nuit, sort du bois, espère, attend les bêtes, défend les cailloux, polit la soif, défigure le temps, reconnaît les pas, change et avance et compte les cailloux et ramasse le bois et figure l’espace. Il chantait dans le temps, il chantait dans la peur, il sifflait, il voyait, il figurait l’espace, il découpait la joie, il sonnait le destin et se cachait, oiseaux sous les arbres.
II

On vient, on avance, on plie, on défigure, on racle le sol, on cherche les fruits tombés sur la terre entre les cailloux. On, il, je, croient et croisent, et raclent le chemin et couvrent la coquille et dispersent et rassemblent les os épars.

L’espérance est digne, le charnier est inutile, un trou plus un trou, il avance dans le vide, il avance dans la peur et se tord et se gonfle et se méprise.

Il y aura au ciel un retour juste des choses, le champ est dévasté, la colère est intacte, le raisin a tourné, les blés sont ramassés, pour l’espérance la résine pleure, le sentier dévasté ruisselle de malheur.

Les hirondelles vont, les fous les recommandent, il se passe sur ce coin une aventure étrange, la chaleur les accable et le je, et le on, et le il, se perdent, et recommencent. La terre est effondrée, le sens est amer, au loin il y a l’eau, il y a le vert, des regards effarouchés, de l’amertume au coin des lèvres.

La feuille se dépose, le vent est familier, les herbes, le soleil, les gens et les rangs asséchés et là, bien par là, un paysage nouveau : une visite étrange au cœur du temps, un retour des oiseaux, une infinie douceur, une grande quiétude, il est passé par monts, il est passé par vaux, le cœur enrubanné, les yeux infertiles et il avance et découvre la mer, et découvre le temps, l’océan, les sanglots, les restes, la jointure.

Ils n’ont rien fait, ils n’ont rien pris, ils n’ont rien compris, ils n’ont rien assumé, ils n’ont rien tenu, ils n’ont rien saisi, ils n’ont plus rien à faire, ils découvrent, ils se cachent et rompent et oublient un voyage pour rien, un voyage perdu, sous la terre et dans l’eau.

Ce qui est important c’est la lumière au travers de la porte, c’est le vent sous les bras, c’est le vent dans les branches, et la construction calme et une pierre sur une autre et le toit qui s’élève et la maison qui s’ouvre, pour recevoir en face le ciel bleu et le jour.

Il faut être armé de chaleur et d’amour.

28 Juillet 2008.

lundi 26 novembre 2018

Du temps si long.

Dans un instant chaud et sec, il a poussé le chemin vers l’inconnu, vers le silence, vers l’avenir sans nom et sans visage et sans rien et sans angoisse. Il est neutre, il est blanc, il est noir, il est dans la lumière et dans l’ombre, il attend l’orage et la conclusion du temps si long, passé dans l’étude et la soif.

Il est passé dans la lumière, il est passé sous l’arche, il attend son reflet dans l’eau, la boue aux chevilles, le tremblement au corps, la vue sur le silence, dans l’horizon, dans la tourmente, il est calme et il tremble à l’intérieur. Le ciel est vide, le sel sur la peau, le silence dans la bouche, le clair au temps passé, la fleur au loin, les ombres sur la peau, le cœur en bande sous les bras, il est en bas et cueille les fruits au sol, il n’est plus l’âge des échelles, de grimper haut et trembler de tout son poids sur les feuilles.

Il y a une chance, une espérance, un retour pour combler le vide dans le ciel, la soif du cœur, l’inquiétude de l’âme, le corps est perdu, la solitude atteint la limite. Il est tendu et fixé, il monte une maison et fabrique la charpente et pose son doigt sur le plan il a tracé la voûte, il est du ciel, et Jean et Antipas, il berce sa tête au creux du temps, au creux du monde, dans le reste, entre la mer et la solitude, dans le sable et dans l’ennui sans effacer. Avant d’avoir compris, il a tracé les plans et monte la maison, il est à la charpente et coupe le bois et fixe une à une les planches.

La maison est au jour, le toit a trop de pente, il est tendu, il est serré et il comprend son plan. Il a posé les planches sur le devant et il grimpe un arbre sur un autre, une volonté sur un destin, une équivalence pour un abri. Asile, un jour des yeux y verront le jour, y chanteront.

Un autre a chanté la victoire, a tracé la route, a défendu le temps et rempli ses sacs pour une grâce, pour un sanglot, pour un silence, ils se trouvent et l’un sur le chemin et l’autre à son chantier. Les arbres sont tombés, les planches montent, la poussière vole sur le chemin, les oiseaux raclent l’eau, les planches montent sur le toit, la bouche est sèche sur la route, les enfants, loin, tournent dans l’eau et crient et chantent, les insectes volent d’un tronc à l’autre, d’un bord à l’autre du canal, deux vies sont croisées, un toit posé, une vue esquivée, un rêve étalé, la maison sera grande, les mots sont entassés, la vie est partout et présente et absente. Et sans rien pour en finir, ils ont poussé le chemin sur l’inconnu.

28 Juillet 2008.

dimanche 25 novembre 2018

Ce mélange.

Il n’y a pas de brouillard, il n’y a pas de prière, des cailloux, du ciel bleu, des roseaux verts, tout est vert et tout se noie dans le vert, dans le bleu. Il y a un paysage différent, que j’avance et que je suis, et je suis des cailloux, un à un sur la route, sur le chemin. Aujourd’hui il n’y a pas de poussière, le chien avance droit devant, le ciel est bleu et les herbes sont vertes, les roseaux tournent dans le vent, tournent doucement.

Je suis sur les cailloux, sans trembler j’avance et j’avance et je file droit, sur les cailloux blancs. Il me vient au visage une douleur, une rougeur, le soleil tendre, le soleil tape, j’avance, sans trembler, vers un destin et la borne blanche et la mousse.

Pourquoi sans trembler, je suis, j’avance, quoi qu’il arrive j’avance et je vais au devant et je devance il y a sur mon cœur tant de choses accumulées il y a sur mes yeux des lettres qui se brouillent, il y a dans l’attente des remords assoiffés, je suis sur le chemin, je meurs d’éclats de soleil je tire des éclats de rêve sur les flancs ils se battent les doutes et les rêves, il y a aux remords des yeux écarquillés des lèvres qui frémissent des cœurs qui ne comprennent, je tire droit devant et je tire sur la corde et file dans le temps et je dénoue un à un les nœuds de cette chose il y a de l’effondrement et sous mes pas l’herbe se foule et je couche un à un les brins et je range une à une les boîtes et j’accroche au soleil uns par unes les mots et les devises je suis du premier monde, je suis du premier tout, et j’enclenche une à une les clefs dans la machine à chaque porte un verrou, à chaque clef une fenêtre et je retire la devise et j’accroche une bannière, au devant d’une rangée d’arbres, au devant il y a des oiseaux, des rumeurs, de l’ardeur, de la chaleur, des herbes écrasées et le pas des chevaux et le pas des taureaux.

Je vais sur ce chemin, je vais sur cette route je vais à l’avant je vais à l’abandon, je vais à la déroute et je compte les arbres et je compte les poteaux je compte les traces, je compte les signes je compte les fleurs, je suis éperdument en déséquilibre je suis seul et j’avance et mon chien me précède et je pense à ceux là qui sont loin et m’oublient et j’oublie ceux si près qui sont là et attendent. J’aime sur ce carreau compter les yeux des gens, j’aime entendre le rire.

Je suis sur le devant d’une chanson qui tire des sanglots au cœur des endurcis qui tirent à la ligne et forcent du fond de l’eau les monstres et les signes. Et au loin où j’avance, il y a des remords, il y a des remous, mais l’eau est calme. La lumière en plein cœur les oiseaux sur les branches, les arbres au devant, l’herbe verte sous le pas, j’avance et roulent dans ma tête les idées et les genres et roulent sur le front l’espérance de tout. Le trait est forcé et trop dur, la violence est entrée dans le front et je tire sur l’eau une rame d’absence, le visage, la marche forcée, le cri trop entendu, j’essaierai sur le devant de faire des ronds dans l’eau, je suis sur ce chemin où je vois des bateaux, où je vois le pont, où je vois la muraille et à la main j’ai la corde, le fil, le câble, et dans la tête pourquoi ai-je un pendu, pourquoi se balancer au bout de cette corde, pourquoi vouloir partir, pourquoi abandonner et pourquoi fuir. Je suis sur le chemin et j’avance et la mort dans ma main attrape ma liberté. Je vais passer d’une rive à une autre et fuir ce lieu maudit et retourner là bas et dire tout joyeux, tout va bien ils sont là, je suis là, j’avance, je me porte et je charme.

J’entasse des visions, j’entasse des sensations, j’avance et je recommence et je définis à l’avance la forme et j’avance, vision et sensation et je ne chante pas, j’avance et je décris. A l’enseigne, devant moi, il faut contempler la gloire et rendre grâce au soleil et dire à jamais, le front est relevé, le défi est lancé, les bateaux sont à quai et ils vont partir, il y a sur ce pont des points d’espérances des ficelles en boules, des repos des ardeurs des avances qui vont, des trous dans la soupente, un plancher refendu, une histoire en haut, j’avance sur le chemin et le soleil tape et chauffe mon esprit et il chauffe bien trop et je suis en délire et je livre ma clef, tout se mélange et tout finit et la honte et l’orgueil et le repos et les outrages et j’avance, au loin cela brûle, au loin cela flambe, le soleil est chaud mais l’air rend respirable la vie et son fardeau. Loin, bien loin de la phrase, les images se choquent et perdent tout discours et je racle le fond et je racle la vase et remonte et le beau et le lourd et le loin. Les buses, les cerceaux, la cadence infernale, la fumée monte au ciel et les oiseaux descendent, le vent se lève, les nuages vont et j’hésite entre le cœur et la raison. Les liserons bien blancs me renouvellent, j’entends encore l’écho inachevé des voix qui sont lointaines et vont se taire et revient dans ma main la corde du pendu.

Qu’y a-t-il dans cette pensée qui traîne un pas qui doute, un pied qui gicle, un cœur troué, une avenue sans âme, un étang sans eau, un cheval démonté, ils sont remontant de la pensée, de l’âme, du cercle, du renouveau, de la liberté. Et j’ose sans frémir dire que rien n’avance, que le temps est en haut, que le soleil est bas, que je répète et recommence et vois venir du loin le charme et les combats. Les mots s’entassent l’un sur l’autre, leur poids est lié à la conviction, il faut articuler, il faut démontrer, il faut reprendre, il faut donner, il faut appuyer là où il faut que la phrase se creuse, que le discours s’établisse et que les gens pleurent. Il y a ce midi une odeur d’aube mouillée, l’aurore pourtant est loin, la chaleur est diffuse, le ciel est en haut, le soleil un peu bas, remparts et oiseaux, à la cour, au jardin, au lointain, au devant, au profond, il s’époumone et revendique enfin la gloire et la beauté, la liberté et il respire.

Quelle sensation d’impuissance et d’abandon, tout se mêle se répand il n’y a plus de ligne il y a des traces, une bulle après l’autre explose sur la route. Le soleil l’a perdu, le soleil me brûle, le soleil m’a perdu, le soleil m’a brûlé, j’avance et dis n’importe, n’importe où devant, n’importe où derrière. L’histoire est en mélange, au bout de ma corde il n’y a rien plus même un pendu, plus même une libellule, et j’arrive et je dis, le ciel est en bas, le soleil est en bas, il y a un reste d’aurore dans ce midi de fil à plomb. Ce mélange s’entasse au fond de mon panier, mes bras se plient, je n’ai plus de force, il faudrait trier, il faudrait jeter, il faudrait abandonner, il faudrait brûler, il faut tailler, coupe et recoupe jardinier malhabile, et pose ce qui reste, il n’y a qu’une phrase, le panier est certain pour rompre mon ennui, pour laisser un trace, pour occuper la vie, pour couvrir le champ, pour donner l’impression de tailler des cailloux, pour que monte une maison, pour que s’ouvre un chantier, je suis parti au loin, je suis parti de rien, je visite et j’attends et j’hésite entre les images sur le chemin, entre la peur, entre les rires et le loi, pour bien parler, pour bien avancer, pour bien enfanter sur ce chemin, j’hésite entre l’art et l’émotion, entre la construction et l’impression, tout est juste, mais tout est-il à dire, qu’en faire, que proposer, inventer est nécessaire, la corde et le feu, le pendu, le cadavre, j’avance, je glisse dans l’air, je glisse dans le temps, il fait chaud et ce midi a pourtant un goût d’aurore.

24 Juillet 2008.

samedi 24 novembre 2018

La confiance est dans ce paysage.

Son sommeil achève sa métamorphose, retourne vers les élus et dit la gloire du très haut, une souriante incertitude, le grain semé, la tour germée, les aventures sur le sable, les rencontres dans les campagnes. Ils étaient enlacés de roses et de pampres et suspendus et remontés et riaient fort sous les nuages, il est un sacrifice, une espérance, un rendez vous, une caresse, sous la toile la confiance est dans ce paysage.

La suite est entre les mains des jaloux, des tyrans, des fidèles, ils se frottent et ils établissent la gloire, ils officient sur le sable, ils servent la volonté, ils achètent et contemplent les plus beaux, les transis, les jours de gloire et de fortune et disputent au long du jour.

Il jette, en sacrifice, il jette un sort pour les pendus, il s’époumone, il avale, il construit des cathédrales, il arrache au sable, aux arbres, la vision goutte à goutte de la force et de la vertu, il avance, donnez lui pour toujours, la main pleine de cailloux, les doigts trempés dans le sable. Les ongles crissent, les dents croquent, ils sont tendus et ils observent les mains abandonnées, les doigts endoloris, le col perdu sous les dentelles, les chiffons rouges mordus de grenouilles. La foi, l’espérance, la charité, les obsessions, les ritournelles, la même chanson, le poids des ans sur les épaules, le grand secret sur les genoux, la fin de la nuit sur le sable, la croix perdue au fond du sac.

Il se répand et monte, l’étage est ouvert sur le temps, les yeux de tourterelle cousent, les enfants chantent en haut des marches, la maison est tendue, la maison est pleine. Ils se redressent, les heures sonnent, perdues dans l’éternité, à chaque horloge passent le temps et les cailloux. Les grains crépitent sous le doigt, la confiance les honore, ils se perdent dans chaque main, comme un espoir abandonné, ils se reposent et foncent sur le cœur serré, longtemps ils seront enfants, déjà vieux et perclus, ils tourneront la tête et seront dans l’ennui, ils lisseront les cieux et mangeront l’orage et des plus petits, ils combleront les vœux. Ils sont endimanchés, ils sont complices de la joie, ils avancent, ils froissent le tissu riche et lourd.

Ils sont tombés, ils sont perdus et ils existent, ils utilisent le temps. Il ne faut rien dire, les yeux se ferment, l’air est perdu et ils sifflent sur la couche sage.

Dans l’escalier il y a du bruit, un oiseau siffle dans l’arbre : sans trembler je reviens garder les trésors, les figures, les musiques, qui font tout, qui appellent et suspendent dans le temps l’écho frêle et la voix des enfants : ils se tournent et se rassemblent sous les angles. Je me suis, je m’offre, je m’étreins : je suis le plus entier, le plus fringant, le plus habile, je donne une saveur d’espérance, j’offre au loin, la lune dans un seau, le soleil à la cave, la grimace dans un cadre doré, dans un écrin de soie et bleu et jaune et rouge et rose.

24 Juillet 2008.

vendredi 23 novembre 2018

La confiance est dans le port.

Son sommeil achève sa métamorphose, retourne vers tes élus et dit la gloire, une souriante incertitude, le grain semé, la tour germée, les aventures sur le sable, les rencontres dans les campagnes. Ils étaient enlacés de roses et de pampres et suspendus et remontés et riaient fort sous les nuages, il est un sacrifice, une espérance, un rendez vous, une caresse, sous la toile la confiance est dans le port.

La suite est entre les mains des jaloux, des tyrans, des fidèles, ils se frottent et ils établissent la gloire, ils officient sur le sable, ils servent la volonté, ils achètent et contemplent les plus beaux, les transis, les jours de gloire et de fortune et disputent au long du jour le sacrifice.

Il jette un sort pour les pendus, il s’époumone, il avale, il construit des cathédrales, il arrache au sable, aux arbres, la vision goutte à goutte de la force et de la vertu, il avance, donnez lui pour toujours, la main pleine de cailloux, les doigts trempés dans le sable.

Les ongles crissent, les dents croquent, ils sont tendus et ils observent les mains abandonnées, les doigts endoloris, le col perdu sous les dentelles, les chiffons rouges mordus de grenouilles. La foi, l’espérance, la charité, les obsessions, les ritournelles, la même chanson, le poids des ans sur les épaules, le grand secret sur les genoux, la fin de la nuit sur le sable, la croix perdue au fond du sac.

Il se répand et monte, l’étage est ouvert sur le temps, les yeux de tourterelle cousent, les enfants chantent en haut des marches, la maison est tendue, la maison est pleine. Ils se redressent, les heures sonnent, perdues dans l’éternité, à chaque horloge passent le temps et les cailloux. Les grains crépitent sous le doigt, la confiance les honore, ils se perdent dans chaque main, comme un espoir abandonné, ils se reposent et foncent sur le cœur serré, longtemps ils seront enfants, déjà vieux et perclus, ils tourneront la tête et seront dans l’ennui, ils lisseront les cieux et mangeront l’orage et des plus petits, ils combleront les vœux. Ils sont endimanchés, ils sont complices de la joie, ils avancent, ils froissent le tissu riche et lourd.

Ils sont tombés au champ d’honneur, ils sont perdus et ils existent, ils utilisent le temps. Il ne faut rien perdre et ne rien dire, les yeux se ferment, l’air est perdu et ils sifflent sur la couche sage.

Dans l’escalier il y a du bruit, un oiseau siffle dans l’arbre : sans trembler je reviens garder les trésors, les figures, les musiques, qui font tout, qui appellent et suspendent dans le temps l’écho frêle et la voix des enfants : ils se tournent et se rassemblent sous les angles. Je me suis, je m’offre, je m’étreins : je suis le plus entier, le plus fringant, le plus habile, je donne une saveur d’espérance, j’offre au loin, la lune dans un seau, le soleil à la cave, la grimace dans un cadre doré, dans un écrin de soie et bleu et jaune et rouge et rose.

24 Juillet 2008.

Et, 2018.

Et tu y vas, et tout te tient, et tu ramasses, sanglots de routes et cailloux en chemin.

jeudi 22 novembre 2018

Je frissonne.

En entendant le vent sur les rochers, le vent sur l’herbe sèche, je pleure et je frissonne et je me meurs. Il fait chaud sur la tête, il fait froid sur le cœur, les images brouillées, les enfants tendus sur la terre, il fait froid au soleil, il fait lourd dans le vent, les yeux perdus dans le bleu, je tourne sur moi-même et ressasse la peur, j’ai peur, j’ai froid et mon temps s’évapore et mon ardeur se meurt, et le vent tout m’emporte.

Il n’y a rien dedans, il n’y a rien dehors, les images prennent toute la place. Le froid est répandu, je meurs et je me noie dans la fraîcheur sauvage, dans le pas détendu, dans l’apparence sans face et sans entrain. Il fait froid cet été et je glace mes yeux et je perds et je perds, la suite et les erreurs. Toujours le vent perdu, glace le temps et force et ennuie et force à reconnaître, les erreurs, les outrages.

La vengeance est vaine, les rires oubliés, la tenue insolente, le regard dans le champ : je ferme sur mon dos le cortège et les épouvantes, la succession est grande, le fief est défendu, il me force à sourire, il me force à entendre, je viens, je vais, j’ouvre et je ferme et je chante parfois sur la déraison lente, je marche trop sur le bord du canal, cette fausse rivière dans ce tableau, si loin, si jaune et si bleu.

L’amour a basculé, je chante pour tout un, pour dire et reconnaître et enfanter encore un frisson, un sanglot, un hoquet, pour déclamer au grand vent, les erreurs, les parjures, les ignominies, la terre est lourde et lente, le vent souffle bien fort, dans mes oreilles, sur le chemin, je crie, j’avance et je dis : il avance.

Un sanglot est perdu, une outrance l’emporte, j’exagère, je glisse sur le sol et j’écarte les bras sur le front, comme au bout d’un navire, dans la terre toute d’hommes marquée, tout est vrai, mais de main d’homme, de repos, de traits droits, de certitudes, sur le chemin, je dis, j’avance et j’écoute ma voix, et le plaisir me gagne.

Je suis d’une lignée, je suis d’un regard clair, j’avance et je joue bien, le sanglot dans la voix et je perds dans le vent et le souffle et les songes, et je résiste au pas du cheval dans le sable. La vérité est là, jouée dans la grimace, exagérée, tendue, je grimace l’horreur et je dis le contraire et les mots sont jetés en cascades et rimant sur le front éraflé.

J’ai heurté une branche, je parle seul de moi et de mes aventures, je suis fier et j’avance sur les chemins, toujours ils reconduisent et je joue mon malheur sur le sable, sans rien, le sang ne coule pas, mon triomphe est ailleurs, je suis inconsolable, je n’ai pas de mal, je joue.

Sur le tableau du paysage humain, les angles sont droits, les arbres en alternance, toujours je commence et toujours je recommence et je perds un peu de vérité, pourtant le panier est rempli, la corde est tendue et j’aime rencontrer sur le sol les cordes bleues qui ne pendent personne, la vérité tourne autour de ma tête, je pense, je respire et je reviens toujours.

23 Juillet 2008.

Retour de prince.

Que cherche-t-il qu’il n’ait déjà ?


Il cherche sans fin cette chose enfouie en lui et qu’il ne voit pas, ou ne veut pas voir.

Il dit qu'il est bien temps de faire place aux ombres sans blason. Ces ombres que nous sommes et ces heures sans ombre, augure sans rancœur pour que s’ouvre le chemin qui conduit vers les songes.

Rien ne vient, le reste, le rien, l'absence, même pas une carence, un poids sur le chemin, désert, lui seul, un petit point dans le matin, une poussière à l’horizon, à peine une escarbille, à peine un son de presque rien.

Il a le temps, le temps de l’attente et de l’antan. Le temps de l’entente, alors il attend et il entend passer le temps.

Il attend, il entend, il est content et il construit ce presque rien avec du rien. Il se retourne de temps en temps. Pour le désir et l'espérance il a le temps, il a le temps.

L’air, l’étreint, et rien ne vient, et son pied s’engourdit dans l’âpreté du monde. Il chavire, il respire et se frictionne de terre, et saute sur un pied de rocher en rocher, de silence en silence, pour que de l’ombre naisse l’attente d’un autre jour.

Maria Dolores Cano, 21 novembre 2018 à 19:11

mercredi 21 novembre 2018

Un prince revenu, foule son royaume.

D’un pont à l’autre, d’un temps à l’autre, du rien au tout, l’oiseau passe, l’oiseau, d’un arbre à l’autre. Des herbes et des fleurs et le vent pour arracher, pour fendre, pour ouvrir les bras et tendre vers l’éternité.

Il souffle de l’herbe, il étend de l’aurore, il répand de l’éternité, il enfante du rien, et gonfle et s’éprend et tourmente et tourne sur lui-même et recommence, il recommence encore et file sur la route et glisse entre ses doigts l’air et le temps, l’air et le vent.

Il a perdu le compte, il a perdu le temps, il a perdu, il avance, il regarde, il cherche et toujours sous son pied les cailloux roulent. D’une affaire à l’autre, d’un pont à l’autre, d’une rive à l’autre, il avance, il cherche.

Un moment de soleil, un moment de vertu, un moment de chaleur, comme un temps qui est pas, un pas, un moment de chaleur, un moment de vertu, la route en se donnant déroule des arcades, les cigales chantent, le vent sous le pied et dans les yeux un moment de chaleur, un rayon de vertu, une escalade de joie, la beauté sombre, un renouveau et l’ardeur, une litanie : un prince revenu foule son royaume.

Au soleil, au suivant, il écrase les herbes, il foule la chaleur et remonte vers l’eau et remonte dans l’air et songe sans rien faire et songe à la chaleur, au rang perdu et songe aux mots, un mot après l’autre et les phrases et le temps et le choc et la roue, il arrache un à une les exemples et la gloire, et il sanglote, il sanglote, il avance et il dit.

Sur le retrait, sur la peau arrachée, tendu il cherche et se lamente et combat à nouveau, combat la juste cause. A corps perdu, à corps rampant, il avance, il foule les herbes, il foule le temps, il avance, il foule, il court, il est neutre, il court, rien n’avance et rien ne le perd, il est là, paisible, posé sur le sol, sur le chemin, bien.

Le soleil est en haut, la terre est en bas, il avance, il regarde le nord, l’est à sa droite, l’ouest à sa gauche, le sud derrière. Le sud est derrière et il se tourne à l’est, il se tourne, le nord est à sa gauche, le sud à sa droite, l’ouest est derrière, il regarde l’est, il avance, il est posé, il est paisible, et il est neutre, il attend, il attend quoi, il attend et rien, à venir, à dire, à faire.

Le temps passé, le temps passe, il est neutre, il attend, il ne sait ce qu’il attend, il attend, le temps passe, il attend, le temps est passé, il attend l’heure de venir, il attend l’heure de partir, il attend l’heure d’engranger, l’heure de sonner, l’heure de vivre, l’heure de mourir, il revient encore, il force le temps, il attend le temps, il force le temps, il revient, il avance, il foule l’herbe, le soleil est haut, il fait jour et il fait beau.

Il souffle et il tire d’une branche à l’autre, il souffle et il tire, il recommence, un mot après l’autre, il pèse le temps, il est neutre, il est sans eau, sans armes, sans couleurs, sans bagages, rien. Il attend.

Le sol est en bas, la terre est en haut, il attend, une main le touche, une main le prend, un temps recommence, un souvenir l’achève, un destin l’apaise, une voie ouverte, vers la joie, il recommence, il définit et il avance. Il est neutre, il attend, mais n’ose espérer, il attend, déjà comblé, il attend, il ne sait plus.

Il attend la construction, il souhaite l’explosion, il avance, et sans rien il construit, il avance, il pose pierre à pierre, au champ fraîchement retourné il pose une pierre, une autre, l’édifice monte, la construction s’en va, il recommence. Il attend et ne désire rien, il espère et il tourne, le cercle, la boucle se serre, le temps est lavé, le temps est passé, il est neutre, il attend et le temps passe.

Aux vagues les oiseaux, au temps les voluptés, aux rumeurs les regrets, aux réponses les sanglots, au rien ce qui finit, au tout ce qui commence, il ferme le cercle, il replie son bagage, il avance, il teint de rouge, l’espérance, la peau et les sanglots.

Il enfonce le clou, il enfonce la dague, le sol est martelé, le ciel est outragé, il est pillé d’oiseaux, il est foulé d’entrailles, il a dit : je suis offensé et ne pardonnerai pas, c’est pour la vie, à la mort, il a dit je suis outragé et ne céderai pas, c’est pour la vie et n’oublierai jamais.

Il faut déposer sur un ombre une touche de lumière, un grain de raison pure, un bijou de candeur, une saveur, une rature de peau, sans souffrance, peau abordée. Un grand soupir, un grand frisson cabriole dans l’air : un trésor retrouvé, un frisson perdu déracine la voix et découvre l’espérance.

Sur une tour, sur un pont il contemple le monde et crie, et crie au verbe haut, et crie au retour, au lumineux flambeau, à la gloire immortelle, au retour des géants, à la fin, au silence retenu, au silence, aux lèvres qui frissonnent, au cœur qui renouvelle et palpite dans l’ombre et frémit sous le doigt et caresse en silence les heures et les ombres.

La vie étreint le vent, le silence est pur, le radeau dans l’air éclaire le parcours, il avance, il frémit, il chante, il rit, il pleure, il compte les oiseaux, il redresse les fleurs.

Il est blessé à vie et revend sa vertu, reprend ses talents et tourne sa gloire, il avance en pleurant et cherche une victoire et retrousse le vent et charge sur son dos le poids de la bête endormie. Le pont est retourné, le poids est retrouvé, il avance et cherche dans les nuages le fil du temps perdu, le retour des enfances, la gloire ensanglantée, le bien et l’espérance. Les oiseaux passent et passent, les bateaux avancent, les jours sont foulés, l’herbe est écrasée, il avance et il voit le pont et l’espérance.

Les envies, les alarmes, les chemins tracés, les papillons dansent, l’herbe est foulée, il faut recommencer, il faut attendre, il faut donner, il faut reprendre.

Pleure, tombe, il avance, il est repris, il retrouve le pont, il avance et foule son royaume.

21 Juillet 2008.

Retour, où, la joie.

Il a retrouvé sa joie égarée sur le chemin et il l’a coloriée comme l’arc-en-ciel. Embellie, il l’a portée à bout de bras et l’a présentée au vent qui lui a caressé la joue. La joie est retrouvée dans ce ciel aquarelle et ce frisson dans le cou.

Les oiseaux ont chanté en canon et lui ont mis de la joie au cœur. Alors, il a déposé les armes et s'est abandonné un instant dans le bonheur. Le cœur léger il a séché ses larmes dans le grand mouchoir bleu du ciel.

Il vole vers le fleuve entre les doigts du vent. La colombe sait que de son cœur en feu jailliront un torrent de lumière et de fièvre, des éclats de joie et des perles d’espérance pour désaltérer ceux qui avancent, qui avancent.

Maria Dolores Cano, 20 novembre 2018 à 14:20

mardi 20 novembre 2018

Où, la joie.

Les oiseaux serrent la pente, ils cherchent et trouvent des avancées. Il cherche et trouve et recommence et il soupire et il étreint sa liberté. Il passe sur le pont, il passe sur la trame, il cherche des couleurs et trouve des raisons, il cherche, il cherche et trouve des couleurs, des raisons de temps, des raisons dans le vent, il avance, il repose, il répond au ciel un murmure, il répond au ciel un éclair dans les yeux, il répond au ciel un frémissement de paupière, un battement de cil, un frisson sur la peau, il avance il décrit son paysage et sa morale.

L’oiseau dans le ciel, le chiffon sur la terre, la corde bleue, et le bateau qui passe, le caillou égaré et la paille et le grain et le sillon laissé, un monde ancien frissonne, il se trouble d’azur, il se pique au devant, il se pare de vertu, il a abandonné et le métier et le métal. Sans éclairs, sans bruit, le vent murmure et les feuilles crissent, le rire est aux lèvres, la joie dans le cœur, le frisson tendu et les liserons blancs et roses. Il avance, il a trouvé dans ce monde trois doigts de grâce, un instant d’abandon, il a posé les armes, le métal est à terre. Il avance, il frissonne dans le bleu, le papillon lourd ploie sur un brin d’herbe, le fleuve coule, il coule et il recommence.

Il avance sur l’air et il glisse sur le temps, il lisse les carreaux, il détend et reprend et, roulent les pierres et plongent les oiseaux. Il avance, il arrive et à l’ombre il s’étend, il compte les nuages, il compte les enfants, il attend les sauvages et renoue dans le temps et renoue au présent l’alliance des grands et des petits. Le frisson, le baiser donné, l’amour reconduit, le bois brisé au sol, les branches sont tombées, les oiseaux frissonnent et les roseaux penchent, papillon trop lourd, il ploie sur son brin d’herbe, il se glisse dans le temps, il souffle dans le vent, il est accroché aux rires sur la berge, il est tendu entre les branches, il attrape les rêves, il défait, il défait d’un rire les soucis, il détend, il croit et se multiplie, il se croise et avance, la cité est détendue, la cité est libre.

Jérusalem, Jérusalem console toi, il avance, il t’a trouvé, il t’a trouvé, il n’est plus perdu, il n’est plus perdu, et il articule et il épelle et ton nom et ta grandeur, et il avance, Jérusalem vers toi et vers ce sentiment plein de liberté. Il a forcé les portes, il a forcé la grille, il a ouvert la cage, il a détruit : le mur est effondré. Il avance et il rit et il rit et il rit et il rit de joie retrouvée. Il osera dire ton nom, il osera te nommer, il te dira, Jérusalem, Jérusalem éveille-toi, réveille-toi, étends tes drapeaux et défaits les poils de ta barbe, écarte les doigts et sens l’air qui passe et compte les oiseaux et filtre, filtre et filtre le temps et l’espérance.

Ils avancent, ils avancent ensemble, en avance, en avance sur le temps, en avance sur l’orage et trouvés et joyeux et faisant d’un rien, d’un rien, d’un rien, une histoire, un étendard. Des chevaux par milliers, des chevaliers sans armes, ils avancent, pèlerins retrouvés, pèlerins retrouvés, le bourdon à la main, le sac dans le dos, le sac plein de vent, ils vont, ils répandent, ils répandent et l’amour et le grain et l’herbe sur les eaux, ils ont jeté leur pain sur l’eau, l’eau a rendu le pain.

Ils sont là, ils avancent, ils ont pris de la hauteur, l’espace d’un sanglot, d’un rire, d’une espérance, un rire, une espérance, des carrés de lumière, des étoiles de vertu. Ils avancent, ils avancent et se reprennent et refont et ils avancent et ils chantent des chansons au bleu des mirages, le ciel entre les doigts, entre les doigts ils filtrent, entre les doigts le temps glisse, le temps glisse, ils s’épanchent.

Un troupeau, un clan, un troupeau, ils avancent, ils couvrent le monde de joie et d’espérance et ils sont, ils sont plus, ils seront là, ils sont ailleurs, ils sont dedans, ils sont en avant, ils sont en arrière, le vent glisse entre leurs doigts et passe sous leurs aisselles, respire dans leurs poumons, liserons rouges, liserons blancs, liserons roses, fleurs jaunes, fleurs bleues, ils avancent, ils avancent au ciel, au ciel.

Jérusalem vers toi, vers toi, vers la folie, un soupçon de carême, un rien, un indicible, un émoi ineffable, et l’allure et le temps et le vent et le rien et les pas dans la poussière dans un tremblement jaune, papillon, papillon trop lourd, papillon trop lourd, posé sur son brin d’herbe, il est rendu, il est rendu à la joie, il est rendu au précipice, et il vole vers …

21 Juillet 2008.

Retour à la joie.

Il a oublié ses yeux pour pleurer ce monde décharné au visage gris, aux membres arrachés, à la peau déchirée. Il a oublié ses yeux pour pleurer tous ces os rongés en dérive sur le fleuve. L'étoile et l'espérance seules sauront lui dire ce qu'il cherche encore.

Il avance et s’en retourne sur le sentier, il veut cueillir la joie qui lui cogne aux tempes, et siffle à perdre haleine. La vie n’est pas finie, il veut recommencer, il veut se libérer, il avance à cloche pied et remonte la pente jusqu’à la source des larmes. Là-bas… tout là-bas sous les griffures du vent.

Il est arrivé au bout, au bout de sa peine lente, à force de travail et de griffures. Il est arrivé au bout de cette longue errance. Il souffle, épuisé, mais heureux d’exister. Les feuilles se détachent et prennent leur envol vers leur destinée. Il est arrivé au bout de sa peine si lente, à force de travail, à force de gratter.

Où est la joie ?

Elle est là sous un caillou, sur le chemin à portée de main, cachée et silencieuse, sans bruit elle attend qu'il vienne la cueillir. 

 Maria Dolores Cano, 19 novembre 2018 à 10:33

lundi 19 novembre 2018

Où est la joie.


Pour oublier, pour oublier le temps, il souhaite le feu le soir, il souhaite et il voit : les oiseaux se balancent sur les terres retournées. Le bateau roule sa paille et son orgueil sur le flanc clair, il en est long et loin, il vient du loin, il vient aux rives, il est perdu : oiseau recommencé. Les bateaux ensoleillés, oiseaux qui passent, et sur la mer et sur les roseaux, il engrange la paille, il vole les ballots. Il voit des bateaux et il voit des oiseaux, le soleil commence, le vent continue, les ballots sont verts, la toile est aimable, le temps est joyeux et il est parti, il cherche, il doute, il abandonne, il se perd dans le temps, sans espoir et sans rêve, et le grain se plante.

Il a perdu le temps, il a perdu l’orage, il tourne, malheureux, incertain, éperdu, là- haut, où bien là, il sonne à l’outrage et il invente une liberté d’épines et de verres éclatés. Les liserons roses et blancs sur les roseaux montent, le vent souffle, le vent souffle, il se traîne sans joie, dans la rumeur, dans la pénombre le sec se cache, les graines collent aux poils, à la peau, il marche et il cherche la joie. Il se vit dans la peine, il se vit sans la joie, il tourne, il traîne, la corde au tronc attache le bateau, et le figuier s’en va et le vent souffle autour du pâle oiseau et les liens et il va sans la joie. Il avance et reprend, il tourne tout gonflé, et il cherche et il répand et il cherche et il se répand, et il cherche : où est la joie, où est la joie, il est perdu, il avance, il tâtonne, la corde lie au tronc le bateau, il passe, il se morfond et il cherche : la joie et le bon.

Les nuages défilent, son cœur est lourd, la peine l’étreint, le retour s’en va et le retour s’en vient, où est la joie, il cherche et il s’entraîne, le vent souffle, souffle, et plus vite il se répand, le figuier fuit sur le chemin, il tourne et il tourne dans la poussière, les traces le suivent, son ombre le précède, il est à la renverse, il se traîne, il se perd, se bouscule, il est inversé et rien ne le rendra plus droit et plus prompt, la vie sur lui se resserre, il s’enferme dans une grande cage, et se perd sans raison.

Il entend d’une ombre à une autre, un murmure, un sanglot, d’une ombre à une autre, d’une porte à l’autre, dans la peur, il cherche, il cherche la joie et ne la trouve pas. Son silence est rompu par les oiseaux, le vent, au sol brisé, la voix dans un sanglot, il est perdu, il est perdu et rien n’avance, rien ne suit, rien ne tient, il se bouleverse, il se tourmente et il enfante des cailloux sous son pied. Les oiseaux volent et il recommence, il cherche la bouche ouverte juste avant le sanglot, juste avant le hoquet, un retour d’étincelle, où est la joie, où est la joie, il avance, il n’a plus de temps, il avance, il avance.

Il a tout oublié, la mécanique, les sanglots, le sable, le pied reposé, il a tout oublié, et ne dit rien, et ne dit rien, du monde qui se déroule, et ne dit rien du temps passé, du temps présent, il est en route dans un monde ou rien n’existe, que la lumière, le sol, le posé et le relevé, le vent le persécute, il est troublé, il est perdu, aimanté par ce mot, et la joie où est elle, aimanté par cette peur, aimanté par la nuit, dans la souffrance obscure, dans un fausse solitude, il est perdu, il est perdu, il avance, il cherche sa voix et sa voie, dans la joie, dans la joie.

Ignorant et troublé, il passe entre deux arbres, il arrache d’un œil les oiseaux dans le ciel, il avance, et passe entre deux arbres, où est la joie, où est la joie, il avance, il est perdu, il est perdu et remonté entre l’excuse et la rage, entre la guerre et l’incendie, la tourmente, arrachée la peau, décharnés les os, il faut ronger ce qui reste et tout jeter à l’eau.

La brume, une clef d’aventure, une obsession, un vrai ravissement, il se perd, il se perd, il n’assume, ni la peur, ni le doute, ni la rage, ni la guerre, il est perdu, il est perdu, ses yeux arrachent dans les fourrés les mûres, au ciel les oiseaux, au revers les nuages, dans la bouche un sanglot. Il cherche, il foule les fleurs et les cailloux, les mûres rouges encore, les roseaux verts toujours et la paille et la paille en ballots, en ballots étalés, où est la mécanique, où est la mécanique, où est le temps moderne, où est la vitesse, il est au pas des ânes, au petit pas des chevaux, à la rencontre du ciel et du vent, de l’eau, de l’eau.

Il est parti noyer sa honte, il force le trait, il force le trait, il avance, il arpente, il serre les dents, il veut recommencer, il veut enfoncer la plume et le sang, dans la vase, dans la terre, dans la boue et dire enfin le vrai et la justice et arracher d’un œil le bleu au ciel et le remord à son cœur. Faut-il encore qu’on sème des grains au ciel, de l’herbe dans l’eau, des plumes sous la paille, des regrets, des sanglots, des cordes, des ficelles, des câbles, de la bobine, du fil, du fil et dévider, dévider, arracher. Tirer, et le kilomètre viendra et la plume, et dévider, éviscère, éviscère et arrache le cœur et le poumon au vieux corps et fabrique un cadavre, et fabrique un cadavre et laisse le à terre, à terre, tous ses espoirs pour morts, pour morts, en déroute et évidé et lacéré et rompu et flasque et sanguinolent.

Il se tourne vers eux et chante, la cadence est vide, le refrain étonne, le sanglot, il faut avancer, perdre, et la joie dans tout ça, et la joie, où est la joie, où est la joie, derrière sa main noire, derrière ses regrets, derrière le souffle court, derrière les fleurs jaunes, derrière les fleurs bleues, il se mélange, dans la paix, dans le calme, son cœur explose. Il reprend sur la tête, la lyre ardente du sonneur, la chanson lourde et lente, le ciel tape sur lui, le soleil brûle son cœur, brûle son cœur et déroute son âme, et dévide le tronc et rebat sa vertu, il est perdu, il est noyé, il avance, il se traîne et rompt son pacte avec les ombres, avec la nuit qui va, avec la rime et la joie, il est fou, il avance, il se perd, il se donne, il est contraint, il avance, il avance, il entendra le son rose des fleurs dans l’air qui souffle, dans l’air qui passe, il verra le bruit souple des plumes des oiseaux, il sertira son œil dans le collier des femmes qui rompent la tendresse et griffent les sanglots et tirent de leur sac des bannières pour vendre, pour rendre, élimer, pour suriner, pour tirer, pour dépendre, pour accrocher, pour enfanter, pour effilocher, pour recommencer, il raccommode, sur le sentier, il avance, ils sont deux, ils sont quinze, il avance, ils avancent, il veut recommencer, il veut attirer la joie, il veut couper les troncs, il veut lancer son bras, il veut cueillir la vie, il veut serrer la joie et se tordre le cou jusqu’à rompre et subir le sanglot et recommencer demain.

La voile est lente, le soleil est tendu, son œil est aveugle, posé sur le dos de sa main, sur le rang qui commence il entend les cloches, il voit le toit rouge au loin, il cherche des yeux, il cherche le remord, il cherche le regret, ne trouve rien, il recule, il file vers un monde, il file vers ailleurs, il file et tisse aux étoiles vers son cœur, il veut de la tendresse, il veut du renouveau, il ne donne rien, ne prend rien, juste il regarde, juste il attire, juste où est ta justice, mémoire où est ton temps, il avance, il se tire, il se retire, il arrache aux arbres les feuilles, au sol les cailloux, à l’eau la vase, au courant l’air et le vent et il souffle, d’une fleur jaune à une fleur rouge, d’une fleur bleue.

Il ment, il transperce et il passe sans feu et il oublie sa trace et cherche son repos, où est la joie, où est la joie. Il a viré la mécanique, il a retendu le cerceau, il vire sur le cercle, il tend ses oripeaux, il gonfle et il se donne, il gonfle et il se donne et il arrache au ciel d’un œil l’oiseau, d’une espérance une herbe, du confort un saut. Il ira loin se tendre, il ira loin se répandre et tirer des liserons roses et blancs, roses et blancs, essoufflé, éperdu, il tend le nez dans l’air et le menton dans l’herbe, il reconnaît sa trace et il cherche sa route, où est sa voie, où est la joie, où est la joie, dans la joie, il est perdu et recommence et dit le même sanglot, la même souffrance, le même doigt dans la même plaie, et l’écouter et le comprendre, il se redit où est ma liberté, où est mon temps, où est ma race, que faire, que dire, arrêter là ou tout reprendre et continuer et avancer vers la liberté, la parole, la vérité, tout dire ou tout taire, tout dire ou tout taire.

Les oiseaux creusent le chemin, les mouches bleues s’enfoncent dans la ride, il revient, il avance, il est fermé, il est buté, il avance un peu en travers, il avance, il n’est plus arrêté, il n’est plus au sacrifice, il est dans la souffrance lente, lente et qui reste et qui s’incruste et qui enfonce son œil jeté dans les nuages, arrache au siècle un papillon d’éternité, une revanche. Il avance, il tord le cou à l’espérance, il tord le col et recommence, et ferme dans chaque main ses doigts sur ses yeux, sur ses regards, arraché et griffé, en pâture aux archanges, en avance sur le temps, il arrache aux siècles des remords et donne l’éternité. Le pas se glisse et ferme et droit et il recommence et il avance, le pas se glisse et il avance et perdu pour l’éternité, il est perdu et sans présence, il est perdu pour l’éternité, il glisse, il avance, le vent calmé, il est inquiet, il a peur, où est sa joie, où est sa joie, le vent recommence.

Les mûres rouges encore dans les fourrés, le lierre sur les pierres et les signaux et les arrêts, il avance, il reprend, il avance, il reprend, il cherche, et il se trouve et il se trouve une excuse et un fond de liberté et un fond de vérité, et un prétexte, il faut dire la vérité, il faut dire la vérité.

Il a perdu sa souffrance, il retrouve de la vérité, il a perdu sa souffrance, il avance, il n’entend plus, les voix se taisent, le vent souffle c’est sûr, il avance, il se porte, il avance et s’élance au dessus, les animaux pleurent, le vent tourne, les oiseaux volent, la marche, il marche, il marche sur le temps, il marche au dessus des mots, il marche au dessus du vent, il marche, il marche, sans rimes, sans sanglots.

21 Juillet 2008.

dimanche 18 novembre 2018

Retour et lui seul il accélère.

Que sera-t-il de cette peur qui lui saigne l’âme ?
Que sera-t-il de ces larmes aiguisées comme lames qui lui lacèrent le cœur ?
Demain que sera-t-il ? Demain qui lui tendra la main ?

Il tourne, tourne et s'étire, et attrape une tranche de lune qu'il caresse du bout de ses doigts. Un rayon éclaire son chemin et illumine sa route vers demain.

Dans le fond de sa poche, il est le seul à savoir qu'il y a des lamelles de joie. Alors, du fond de sa poche il en sort une lamelle pour essuyer ses peurs.

Maria Dolores Cano,
18 novembre 2018 à 10:53

Retour tourné sur lui.

Son oreille est offerte et recueille l'âme de cette musique ancienne, cette voix sacrée qui emplit son cœur et boit ses larmes, nectar de lumière qui lui ouvre la voie.


Pourquoi souffrir autant ? Pourquoi tant de souffrance ?

Son corps est en lambeaux, sa peau un oripeau. Il ne sait plus qu’il existe, il ne sait plus et ne croit plus en rien. Tout est aride, poudré de sel et de sueur, l’eau s’en est allée sur les chemins de vent et de chaleur. Alors, son œil se ferme, sa paupière est lourde, meurtrie et douloureuse.

Il vagabonde, il est errant vers son destin, ses illusions. Il avance droit sur sa monture, il est le chevalier à la triste figure.

Maria Dolores Cano, 17 novembre 2018 à 10:13

Et lui seul accélère.

Il n’y a rien qui vienne et rien qui tente, et il se lamente et tourne haut dans la tête et la raison et détruit en lamelles fines, fines, la joie. Il se tourmente et tourne sur lui dans le jour, dans la chaleur qui monte, dans le vent qui agace. Il pense, la lune est responsable et cette fausse solitude, ces extraits de vies et de réalité, il n’avance plus et ne cherche rien, il est froid et il manque, la pente est trop forte, les serments oubliés, il n’avance plus et se lamente. En fines, fines lamelles, la joie est découpée, le chemin est obscur et la vérité s’envole, le vent agace, la lune est responsable. Il enrage et tourne, tourne.

Il est au monde des chansons, des extraits de joie pure, il tourne, tourne et il est agacé et le vent le tourmente et l’écho trop lointain, lui dit l’histoire lente et sauvage de ceux qui vont partir, de ceux qui ne veulent plus, ni marche, ni combat. La pente est dure le chemin est aride et il sanglote, sur le chemin, pâle et défait et brisé, sa joie est en lames pures et perdues. La vie est lourde et le calme flétri d’angoisses et de noirceurs sans âges et sans retour, il ne grimpe plus, il n’arpente plus, il est tourné en boucles sur sa rive en dangers et en peurs et il tremble sans vérité, sans ardeurs sans âme et sans passions.

Le rêve est accompli, les pas tournent sur le sentier, il est perdu et sans visage et sans frontières et sans accents, il ne mâche que l’amertume, il pleure sur son cœur des larmes sèches, sans saveur, sans sucre et sans miel, le teint est vide, la lumière est absente et le visage meurt, dans les yeux, dans l’attente, sur chaque caillou, chaque grain de poussière et d’ennui, les ombres volent et tournent, le vent agace et flétrit les fleurs et l’espérance. Aux portes, aux chemins, aux troubles aux rancœurs il décroche la lune et se perd, la lumière est froide et sans partage, sans raison, sans reflets, il n’avance pas, il a peur.

Les cordes, les pendules, le temps s’efface et exaspère, les heures et le vent et la silhouette sous les branches, il est perdu dans l’écho, proche et lointain, la peur au cœur, le remord, la solitude, un peu fausse, un peu vraie et volontaire, il décroche des branches les heures fixées et tournantes, il fabrique et martèle, et il ne parle ni d’or ni de raison, il n’interpelle les heureux, ils sont et tristes et sales et ils sont perdus et voilés et sans espoir et sans recours, la vie est lente et triste, il ne décroche aux branches ni or ni raison, le vent est triste, la vie est lente, les oiseaux sans secours, il tourne sous le vent et lui seul accélère.

21 Juillet 2008.

samedi 17 novembre 2018

Il tourne sur lui.

Comment choisir la distance entre les yeux et le visage en face, un se ferme et l’autre s’oublie dans la musique, il ne sait pas combien il a d’oreilles, il est perdu, entre la fraîcheur et l’incendie, il se bouscule, sur le cœur, sur le nez, d’une évidence à une autre, il se perd dans l’eau, le bain est juste, et combien a-t-il d’oreilles, de nez, pour la bouche, il verra, il entendra, le coup sur la table, sur le lit, dans l’escalier, il ne sait plus, a-t-il des oreilles, est il complet, il ne part pas, il ne va pas loin, il ne sait plus, combien de nez et d’oreilles, il est en retard, il avance sur le chemin, et il dort la tête entre les mains, sans penser, les oreilles, le nez, il lustre ses espérances, il caresse sa peau et il se tourne sur le dos, sur la poitrine, les oreilles, le nez.

Sans trembler, il cherche et son nez et l’oreille, il construit un avenir de fleurs rompues et de sous qui tintent dans l’escarcelle, le nez, les oreilles, il attend et il tient fort la peau de son bras entre les doigts, sur le devant il pince en tournant pour imaginer, la vie en marche, une petite douleur et il est au paradis, il ne sait pas s’il a des oreilles, il ne connaît plus son nez, il tire sur sa peau et attend, il attend, la réaction.

Il faut sentir le mal et il a mal, il compte les torsions, il a mal et il ne sait rien, les oreilles, le nez, il tourne sur lui, il tient sa peau, il tourne et il souffre, le nez au vent, une oreille, deux et plus peut être, ouvertes, perdus dans le fond, dans le bruit, les yeux ouverts, il tourne les doigts sur la peau, il vit et il tire, un petit mal qui fait plaisir, encore un qui ne sait pas combien il a d’oreilles et qui n’a pas mis le bonheur au programme.

En appuyant, en tournant, en poussant, il avance, il tire sa peau sur le devant du bras, il est tendu, il prend, il prend, à pleins doigts, en poignée, il se pousse au réveil il se tourmente et ne sait plus compter, les doigts, le nez, les oreilles, il attend et il tourne, la peau du bras, du bras, il pince et cette petite douleur est un plaisir immense.

On en fera des bannières, on en tirera du calicot, au vent, au vent perdu sur les marais, il tournera sa peau, il lissera sa poitrine, sur le sel de la sueur séchée, sur le sel, l’eau s’est envolée, il avance en rêve et tourne sur le dos, sur le front, il ne sait plus s’il a des oreilles, il tourne sur le dos, et un œil s’ouvre, un œil se ferme.

Il ne compte ni ses doigts, ni ses oreilles, il tourne sur le dos et il compte le temps, le retour, l’attente, les doigts, les pieds, les bras, le nez, les oreilles, il est en fuite, le sommeil a fui, les heures tournent, le soleil monte, le nez au drap, le cou suintant, la face folle, il tourne et se retourne et il compte, les murs, le temps, le nez et les oreilles. Les bannières flottent, le vent est levé, triste figure, le chevalier est sans oreilles.

16 Juillet 2008.

vendredi 16 novembre 2018

Un lendemain à chaque jour. 2

Il est calme, sombre, essoufflé, une fleur bleue sur la grille. Il avance et il compte le temps, il compte le rien, il avance encore, il dit tout bas, je parle de liberté et je parle d’amour et je parle de rien et j’avance, encore et toujours et pour toujours j’avance. En entendant tout, en voyant tout, en pensant tout, en sachant tout et j’avance vers le jour, le jour sans lendemain, le jour du compte, le jour des erreurs, le jour du sanglot, le jour du cri, le jour du malheur et le jour des cailloux sur les planches.

Paisible, sombre, il foule la cendre, il foule le temps, il passe sans trembler, sans crier, sans espérer, il murmure, murmure, j’avance vers le jour, le jour sans lendemain, le jour perdu, le jour perdant, le jour des erreurs, le jour des comptes, le jour du boisseau, le jour de la balance. Je reviens, je repars et j’avance. Au ciel bleu un drapeau rouge flanche, tressaille, se répand. J’avance, et j’avance, au jour sans lendemain, au jour perdu, au jour de la renaissance, au jour à côté, au jour d’indépendance.

Les oliviers, les oiseaux et les enfants perdus sur le ciel bleu, perdus sur la terre noire, perdus dans le sol rouge et la poussière. Aux herbes, aux cailloux, à l’avance, au repli, au repos. Le ciel, l’été se lamente, l’été se tourmente. Avancer et prédire, sans comprendre, sans cueillir, juste voir et sentir, voir et sentir les fleurs en bout de vigne, les rosiers roses, les rosiers rouges, le ciel, les nuages gris, les nuages qui passent, et le chien s’arrête. Ils ont croisé le temps.

Ils ont croisé le vent, ils ont laissé la route et repris le chemin, il gratte du pied, il gratte du doigt, dans la poussière rouge, dans les herbes qui piquent. Un bord de l’eau, boueux, un bord de l’eau, saignant, il est calme et paisible et si grave, sans destin, gardant et rien ne tombe, il attend et rien ne vient. Il est plus bas et perdu, il est plus bas et tordu, il avance sur le chemin, et rien ne vient et rien ne va, il pousse la cadence et il augmente le pas, il avance, l’air, les cailloux, les roseaux et les cannes.

Les amandiers, les feuilles sèchent, les insectes volent et les cailloux bien ronds, le pied glisse entre l’air et la terre. Il avance et reprend et répète et recommence et chante la cadence et soutient l’atmosphère, il se remplit d’air et défonce les cailloux et repose les yeux sur le jour sans lendemain, sur le jour des adieux. Il y a à entendre des chansons, des sourires, autant d’effusions et des contes. Les mûres rouges perdues sur le chemin, sanglots effacés, sanglots liés. Il avance, il est perdu.

A la rencontre de l’été, à la recherche de la joie, il est calme, grave, serein, certain, grave et calme, où est la joie, où est le temps, où sont les rires, où sont les chants, il y a des pleurs et lavandes et luzernes. Il recommence, des animaux mangent, le chien est perdu, il est triste, seul et grave et perdu. Il connaît l’or, il connaît la fange, il connaît le cœur des hommes et des animaux, il voit sur cette étoile le pas de la liberté et la chanson des animaux.

Il en est perdu de reconnaissance, rencontre des ânes et de la vieille femme, elle s’abandonne, fouette l’envie et se donne une belle apparence, il pensait sa mort imminente. La vue du jour sans lendemain : un avenir à prendre, une ferveur à conquérir, une félicité de l’âme. Un rien bien en avance chante et palpite et se caresse et retourne et donne du plaisir et ouvre la volonté. Il a oublié, il était parti.

Pour la joie, pour reconquérir la joie, sortir de la solitude, avancer vers le bien, avancer vers le beau et laisser bien loin le mal. Il rencontre des plumes, il rencontre du temps, il rencontre du vent, il rencontre du gris et des fleurs jaunes et bleues et de l’herbe verte encore, l’été est loin, l’été s’en va. Il avance et se tord les pieds sur les cailloux, il avance et se tord et plie son pied dans l’herbe et plie son pied sur les cailloux. Il tourne et roule.

Il avance, où est la joie, il cherche et ne vient pas, où est le contentement, où est la paix de l’âme, il avance et il cherche et il cherche une voie. Tout en poursuite, tout en avance, tout temps perdu et tout recommence, il a perdu, il pense aux orages, il pense au ciel bleu, il pense à la mer, il pense au lac perdu aux eaux si sombres et noires, mais où est la joie. Sans fléchir, sans trembler, sans perdre, il recommence, il cherche la joie, il cherche une voie il avance.

Sur le chemin, il n’y a plus de poussière, il n’y a plus d’aube, il y aura demain un jour avec demain, proche de la joie, loin du tourment, si proche. Sans trembler, il avance, où est le repos, où sont les trouvailles, il a vécu si fort, il a vécu sans sourire, il a vécu en serrant les dents, en serrant les mains, en serrant les poings, en pinçant le nez, en tirant la corde, sans joie, sans danse, le chant était pour la cérémonie, on dira ce qu’on veut, on le dira.

Il revient, il retient, il embrasse et avance, on dira viens voir, viens entendre viens sentir, viens ressentir le temps, éprouver et refuser l’angoisse, viens chercher ici la joie et le temps, la joie pure et le temps clair et le ciel bleu, écarte d’une main, d’un doigt sauvage, écarte d’une main et d’un doigt sauvage le gris au ciel, pense à la joie pure de l’été, à la joie bleue, à la joie intense. Il avance, il marche, il ne compte pas les pas, il ne compte pas les cailloux, il retient son pied.

Il ne veut pas qu’il glisse, assez glissé sur les cailloux, assez tordu, il avance vers la joie. Faire un dos, faire un pied et une jambe et oublier le mollet blessé, et vivre dans la joie et espérer sans trembler, sans trembler, et attendre le ciel clair, attendre le ciel bleu, le matin qui frissonne, il se dépense et recommence et répercute et avance il faut oublier et la mort et l’oubli même, recommencer et penser à la joie, aux oiseaux, ils tournent, au ciel bleu.

La vie recommence, la vie est en marche, il faut fourbir son ambition, il faut maîtriser ses armes, il faut avancer et quitter l’atelier et partir sans trembler, bâton à la main vers la joie, vers la vie, vers le lendemain, vers le lendemain qui aura toujours un lendemain. Il avance, il respire, il bat sur la campagne et frappe, plat de la main, plat du soulier, et le sol et l’eau et le ciel et l’azur, et il chante.

Il exalte, il élève, vieille dépouille au sol. Il avance, il commence, il recommence, il marche le pas ferme, le pied ne glisse plus, les cailloux s’enfoncent, il avance, il respire, la joie et le rouge et le bleu et toutes les couleurs, il avance, il a perdu, il a perdu le drame, il a perdu l’horreur, il reste la joie simple et bleue.

Qui avance, aux nuages gris qui s’en vont ?

16 Juillet 2008.

jeudi 15 novembre 2018

Un lendemain à chaque jour. 1


Le chien boit et tout repasse, les fleurs sont épanouies, les oiseaux tournent et chantent, il respire si fort, il est plein d’amertume, l’amertume l’éblouit, les oiseaux chantent, les fleurs sont bleues, les mûres rouges, les oiseaux chantent, les fleurs sont bleues. Il est reparti sur la route, corde bleue, couverture, corde bleue, et le chien tire, les fleurs sont bleues et jaunes, et jaunes et bleues.

Il repartirait sous les ombrages, sur les herbages, sur les cailloux qui glissent sous le pied, le pied qui bronche et s’étire et s’éclate, il revient et pense et tourne et finit peu et finit mal et tourne clair et voit au loin la marque jaune, les mûres rouges. Il boit et il tourne et il vole et il vire, et jaune et rouge et vert et bleu, du noir sur la rive, sur le chemin qui tourne, les insectes grattent le tronc, le sol, le chien boit dans le blanc, près du rouge, près du jaune.

Un avertissement, le chien tourne, les oiseaux tournent, la poussière et les feuilles sèches sur les cailloux, les oiseaux et les insectes, ils grattent les troncs, ils grattent le fer, ils grattent le temps, ils grattent l’envie, et la désespérance.

Les feuilles, les bois, les vallons, l’eau qui coule, les insectes grattent, le feu brûle et fume, les machines tournent. Il revient de l’enfer, il retourne au paradis, il vient de l’enfer, il tourne au paradis, le chien accélère, les oiseaux s’en vont, les oiseaux se meurent. Il y a sur le chemin, bâton abandonné, un morceau de bois brisé, des cailloux éclatés, le pied tourne, il meurt, de chaud, de soif, d’envie et de désespérance, de rien à faire et de rien à dire. Retourner et repartir, sans rien dire, sans rien faire et voir l’eau qui coule et tourne, il s’essouffle, il revient, il repart, il avance.

Sur le chêne, une branche éclatée, la poussière vole, les libellules volent, les oiseaux volent et tournent, sur le devant, sur le derrière. Il fait chaud, les oiseaux tournent, les insectes se grattent contre le bois. A la main une herbe sèche, une feuille fanée, une branche ébranchée, un sanglot tendu, retenu, des fleur blanches au bord du chemin et des feuilles étalées. La vie avance, la vie repart, il s’écroule et recommence, tourne le pied sur les cailloux. Il reviendra dans ce paysage fort, dans ce terrain perdu, dans ce vallon, dans cette poussière, les oiseaux, les insectes grattent, grattent, les troncs sont torturés, le jour avance.

Du ciel tombe la vérité, rien ne vient, rien ne va, une erreur, un fragment perdu, un bout d’étoile, un bout de chien battu, un bout de fleur et d’ironie, un bout de mollet tendu, crispé et perdu, claqué un jour après des chevaux, un jour avant l’aurore, un jour perdu, claqué et envolé et parti et dispersé, ils sont partis et dispersés les chevaux qui nous attendaient et il disait aux petit enfant, rêve d’un cheval de rêve, il te fera vivre et tu continueras ton rêve, parti et revenu.

Il faut renaître avec les branches, sous la cendre, partir et commander une nouvelle urgence, tirer du boisseau de poussière des fleurs aimantes, voler au dessus des cailloux, au bord du toit, au bord du rien, il est perdu, le chien tourne, il marche. Se mêlent : le chemin de poussière et le canal et le lac perdu là bas et les montagne à venir, l'amertume et les sourires, le lac, eaux sombres, les oiseaux poussent d’un coup de bec, onde d’eau, une ridule. Un oiseau s’éparpille, les ailes étaient noires et le ventre était blanc. Au fin, au fond, les arbres pointus, les poutres s’élèvent, les maisons grandissent, les enfants y chantent les oiseaux en l’air, dans le ciel, un été à venir, un été perdu, un été ramassé, un été de drame et d’impatience, imprudent et recommencé.

Il est perdu, la main est perdue dans la poussière, sur le chemin, écrasée et froissée, une main sans doigt, une main sanglante, qui tire et qui agrippe, qui est foulée. Le chien passe, le pré est vert, roseaux et cannes, le pont et le lac, les eaux sombres, le ciel, les oiseaux tournent et poussent une ridule d’eau, deux ondes se croisent, une explosion, il est là bas, il est perdu, le monde tourne, et tout s’accumule, il veut remplir son sac de cailloux et de mots et de perles et de bijoux, les oiseaux blancs tournent, les oiseaux bleus tournent, il frotte et il tire, les oiseaux se grattent, les insectes se grattent, le bois est sec, les cannes dures, tournent, l’été est perdu.

Il siffle et désespère, les fleurs sur les arbres sèchent, les pieds dans l’eau, les fleurs jaunes montent, les cannes au ciel, les cannes vertes, et le pied sur les cailloux. Il racle, il pousse, il tire et il remplit son sac, son sac est plein, de vent, de rêve et d’ambition, de reconnaissance et d’abandon. Le ciel tourne, la vie est bleue, en avance sur le chemin, sur l’étendue, sur l’espace, il faut avancer, il faut recueillir et tourner, repartir, penser aux montagnes, penser à la marche, penser à l’eau et y penser si fort et se retenir si fort, et espérer un lendemain à chaque jour.

L'imbécile, un lendemain à chaque jour, un jour sans lendemain, il faudra rendre les armes et les comptes et dire pourquoi ce jour là, sur le chemin si sec et si plein de poussière, il longeait un cours d’eau et pensait à un lac, il voyait des oiseaux dans le ciel et redisait ce chant et refermait les yeux et avançait toujours et se tordait le pied.

16 Juillet 2008.

mercredi 14 novembre 2018

Retour, le oiseaux tournent.

Le ciel s'ouvre, alors l'oiseau invite à le suivre. Il l'a reconnu, il en a reconnu le doux sourire. Dans un galop d'écume le passé se décompose, et se recompose en un avenir sans amertume. Là-bas, entre les bras de mer, sous le ciel d'eau, les oiseaux appellent.

Frémissement de l'onde gonflée d'avenir. La mer est tranquille poudrée de lumière, les oiseaux s'y baignent et parent leurs plumes d'un "plaisir neuf", d'un "plaisir clair".

Maria Dolores Cano, 14 novembre 2018 à 10:36

Les oiseaux tournent.


Il y a dans l’air une odeur de souffre, une idée neuve et inquiétante, un espoir pour tous, une erreur à effacer, un chant d’amour au fond de l’angoisse, une retenue et un espoir, ils attendent, ils attendent.

Le désir est glacé, bloqué dans le froid, dans la boue, dans le serment et dans l’aventure.

Il se traîne, il s’angoisse, il ne va pas devant, il cherche et ne trouve, il est perdu sur le sable, il répète, répète et tout fini dans la recette, dans l’art de faire en tourne main, en cloche pied. Il attend, il s’angoisse, rien ne bouge, tout meurtri, tout éraille, tout fatigue, l’attente, l’oisiveté, l’inquiétude, le refus, le cercle, l’avantage, il est perdu au bord, au bord, le lac est proche, la vue est lente, les barques glissent, les oiseaux tournent sur eux même, dans le ciel bas sans ombres claires, sans soleil, sans tremblements, sans aucun tressaillement, la vie tourne.

Sur le ciel bas, sur le ciel gris, sur le lac vert, si profond, si sombre, une évasion, une sortie, ils frôlent l’eau d’un bec charmeur, de l’aile noire, du ventre blanc, ils poussent l’eau sur un petit sillon, un monticule, une onde en fleur, une explosion naissante, une candeur sans état d’âme.

Ils poussent l’eau et avalent le ciel gris et l’espace, l’espace. Le jour tourne, les ondes coulent, et croisent sous le bec et flottent sous les ailes et se ferment sur le destin, l’avenir est une explosion, une déroute, une force perdue, trouvée abandonnée, les vagues croisent et recommencent et les oiseaux tournent sur l’aile, le bec pousse l’eau en surface, une vague, une vague, une montagne, un avenir de douleurs et de massacres, les oiseaux poussent l’eau du bec, l’aile noire, le ventre blanc, ils rident, rident, l’eau, le ciel, le ciel sur l’eau, l’incertitude, les froissements, l’aile détend, ils recommencent et poussent l’eau vers l’avenir.

Noire, si sombre, sans faille, sans cassure, la vague est poussée, l’air avance, le ciel est gris, l’eau est si sombre et sans reflets et les oiseaux tremblent et ils tressaillent dans le gris, dans le sombre. Le ciel est en fuite, les oiseaux tournent. Le ciel est gris et l’eau est sombre, et les oiseaux s’en vont au loin, et les oiseaux s’en vont au loin. Ils poussent des rides d’eau, des ondes courtes, courtes, courtes, des rides accrochées à l’avenir, à la surface, au loin, le lac est sombre, sombre, sombre, ils tournent sur eux même et poussent.

Il est trop tôt, il est trop loin, le plaisir clair, le plaisir neuf, l’offrande sans partage, le bonheur sans mélange, les oiseaux poussent l’avenir, les eaux se rident sur le lac, la vie est courte et l’eau est plate, et l’eau est sombre et il fait gris, le lac est sombre, les oiseaux volent.

16 Juillet 2008.

mardi 13 novembre 2018

Dans l’air vif, dans la lumière.

Ils sont à l’aise, ils sont cambrés, ils tombent dans le jour, vers les fleurs, vers le temps, vers la voix, ils s’élèvent et commencent, un service pour les héros, pour les errants, ils sont en attente, et ils marcheront vers le silence, vers la vérité, vers le lointain, sur les arbres, sur les chemins, vers le repos.

Ils comptent les moulins, ils tirent sur la corde, ils sont inspirés et ils égratignent la ruse, ils effacent les cercles sur la peau, sur les remords, sur les semblants, sur le rien accumulé. Les phraseurs polissent leurs mots, étirent la corde et recommencent, ils sont pesés et déposés, la danse encombre le pavé, si l’on ne comprend pas, ils se défont des entraves, des lacets.

Ils se renvoient d’une balle à l’autre, d’un échange vers la proie, vers le trésor, pour le prix du silence, pour le prix de la joie et la reconnaissance, ils plongent les yeux au profond du clair, dans le sensible de la vie, dans l’espérance, dans l’ardeur, dans la paille apportée aux bras des touts petits, au rire déposé sur les images, sur la couronne et sur le sable, à l’abandon. Dans rien, et dans l’air qui vole.

Ils se présentent au temps, à la porte sur le jour, sur le vivant, sur rien tenant, sur rien rentrant, sur le point. Ils entendent et voient et frappent aux portes du salut, dans le retour pour fuir et fuir encore et n’espérer jamais, et tout perdre et finir et recommencer sans ordre et sans raison, sur le point de rupture, sur la vie qui bat et recommence.

Ils sont là, palpitants et sensibles et idiots et perdus et cambrés, un mot après l’autre, une phrase, une idée, un soupir, ils affrontent le temps et le reste et ils laissent au fond du sac la ferveur et la joie. Ils entrouvrent un cœur sous un regard, une espérance, la gloire.

Un fleuve, un air, une mer, ils courent sur le rivage, aux tempes, la fierté. Ils sont en évidence et ils comptent les rires, les éclats, ils sont en vrac et en émoi, en émoi, ils sont sur le flanc, sur la route, sur le chemin, ils tirent et commencent une cérémonie pour les anges, les diables fatigués, ils sont en avance et ils chantent sur le front, sur la différence, ils sont secoués ils se dressent et ils enchantent, les cambrés, les avides.

Ils se donnent et ils serrent les yeux sur l’espoir. Rien de rien et rien pour rien, ils rentrent, ils sortent et le calme est en panne, ils sont frais et secoués et rien ne coule, rien ne franchit les bornes, ni les frontières, ils sont incohérents et seulement fatigués, fatigués, Ils sont seuls perdus sur la route rien ne compte et rien ne tient fermement.

La route est longue, les arbres sont chargés, il faut ouvrir la fenêtre et partir, dans le temps, dans le vent vers l’exploit, dans l’air vif, dans la lumière, sur le fil du silence, sur le cœur des saisons, sur la vie préservée, sans rien aux mains, sans rien aux pieds, sur la fraîcheur naissante, sur le rire où roulent les cailloux, où chantent les saisons, où la raison se perd, où les yeux s’écarquillent, où les oiseaux chantent au ciel.

11 Juillet 2008.

lundi 12 novembre 2018

Retour, recommencé et bien ...

Sur la pointe des pieds je reviens et vous retrouve. Vous êtes revenu, une douce consolation, une chère espérance, un bonheur certain... Merci et doux matin.

La nuit n’est plus la nuit, le jour n’est plus le jour, le soleil est voilé, la lune dévoilée, et ainsi loin des passions, des fureurs, des tourments… il redevient possible d’avancer sous le ciel, épuré.

Là, dans le jour limpide j'entends le murmure de la source, de la vie, ce frémissement au cœur de l'être prêt à l’oubli de lui.

Sur la pointe des pieds je m’éloigne de vous, douce consolation, bonheur de midi. Merci au doux refrain.

Maria Dolores Cano,12 novembre 2018 à 13:54