lundi 31 décembre 2018

Les échos, le tapage, la clairvoyance.

Ils marchent sur le temps, ils filent vers la gloire, sans regrets. Il faut tordre, tordre les heures et chauffer la cadence, les erreurs, la jeunesse, la fin de toute chose, ils sont perdus et ils espèrent.

6 Mars 2009.

dimanche 30 décembre 2018

Retour broyé.

Il cherche en vain ce qui lui file entre les mains. Les anges sont aux abonnés absents. La mort rôde et l'attend au détour du chemin. Il gratte, il avance, il persiste, il recommence, multiplie ses efforts et s'étonne de sa constance.

Il sombre chaque jour dans l’ombre du néant. Il tombe et remonte sans cesse, le cœur en sacrifice, colombe poignardée dans l’écrin du ciel.

Dans le rouge de son cœur broyé un peu d'amitié, un fragment de rencontres d'hier, et une pincée du secret que seuls les anges sauront décrypter.

Maria Dolores Cano, 28 décembre 2018 à 12:32

A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, à toi qui le savais !

Charles Baudelaire

Sous le repère, inscrites quelques phrases.



Au fond, il faut avoir de grandes et belles choses à honorer, il faut au fond de la beauté, de la vigueur, du souffle, du renouveau, il faut honorer, honorer, sortir en y pensant : les fleurs sur la pierre, les gouffres obscurs, les antres fatidiques. Le destin s’y repose, la mort s’y reconnaît, il faut poser toute chose et y penser, y penser souvent encore et encore, penser à la ferveur aux allures d’histoire, au permanent à reconnaître, à la fonction à honorer, au dire si fragile, ce mot, ces mots gravés sur la pierre, sur les arbres.

Et je respire encore, ou donnez moi, ou donnez moi, il faut bien y penser, il faut le reconnaître, ces lueurs, ces tortures, ce passage, toujours vers le haut, vers le haut et je respire encore, ou donnez moi, il faut entendre ce qui est perdu là, ce qui se dérobe, le caché, le tu, le secret, il faut tout ignorer et redire, redire, les noms des chers, si chers, il sont apparus, apparus, disparus, ils se cherchent sur les arbres, sur les troncs, dans les branches, sur l’écorce, sur la pierre, la pierre, il y avait ici, et quelqu'un et quelque chose, où est il, où est il et je cherche et ne trouve plus rien, ni rien, ni peu, si peu, il y avait là quelque chose ou quelqu'un et je cherche, donnez lui, donnez lui ou donnez moi, donnez moi.

Il se retourne, et d’un mouvement, d’un mouvement il se retourne et il cherche encore, il cherche encore, il est perdu, il tend, il tend, et d’un mouvement tout meurt et recommence, tout meurt et recommence, sur les troncs, sur le bois, sur la pierre où sont-ils, où sont-ils, ils se cherchent et recommencent et on ignore et le nom et la trace, et il avance, et il avance dans le clair, sur le temps, entre orage et printemps, sur l’écorce, dans les branches, ils se cherchent et le temps les trouve, les trouve, il n’y a plus qu’un nom, une trace, un soupçon, il se cherche, il s’appelle, il se retient et il recommence.

Sur la pierre, sur les troncs, entre les feuilles : le réveil, le réveil, les oiseaux ils se donnent, ils se multiplient, ils enchantent, il se retourne et d’un mouvement, d’un mouvement si précis, si sincère, il se tourne et se donne, et tient, retient, il se donne et il tinte sur le rocher, sur le tronc, sur le lointain, dans le silence si précis, si calme et lointain, les branches agitées, les troncs dépouillés, la forêt manque.

Je t’appelle et je te cherche, et silencieusement il se tourne, il se tourne et il tient dans la main, sur le cœur, le nom, le nom, il recommence et il entend ou donnez moi, ou donnez moi, je me tourne et j’invoque et je n’ai plus, je n’ai plus, j’y reviens, je retiens et le nom et la trace, si glorieusement le nom gravé sur le tronc, si glorieusement, du laurier, du laurier.

Oh que voilà, que voilà, y va, y vient, y tourne et recommence, j’avance à flanc ouvert, perdu dans l’ombre et le repos, je me tourne et me noie dans les frondaisons, les frondaisons sur le calme, dans le jour tiède, sur le calme, vers le repos, un nom, une trace et j’entends et je vois et je suis.

Je respire et j’avance, trace après trace, danger sur danger, il se retourne, oh que le mouvement était précis et la feuille a volé de la branche à sa tête, il est perdu, noyé, tendu, tendu, le retour, le retour, il avance à la trace, au nom précisément, au nom à la trace, au retour, le mouvement précis et vif, si vif.

4 Mars 2009.

samedi 29 décembre 2018

Retour de brouillard simple.

Il se retourne sans cesse, se retourne et se penche, se penche et s’épanche sur cette histoire d’hier qui n’en finit pas de se perdre dans les méandres du temps, dans les abysses de la mémoire, et les entrailles du monde.

Des jours clairs ruissellent sur le bord du temps, tel un ruisseau tranquille vêtu d’ombrages et de reflets d’or. Fragment d’une destinée, d’un temps révolu. Les souvenirs prennent place dans le creux des mémoires, et se nichent dans un passé qui doucement s’écoule dans les limbes d’un présent silencieux.

Maria Dolores Cano, 29 décembre 2018 à 10:57

Miucha.


De brouillard simple.

Voilà, il plonge, au ciel penché, dans le brouillard, les gouttes sur le bois. Tout va gonfler, tout poussera, tout fleurira. Il semble encore, il semble encore y parvenir, sur le bois mouillé, sur le cœur assoiffé, il semble s’y rassembler, il est sur le plus haut et tombe de l’eau tiède sur le bois mort, sur les carreaux, sur le temps petit et avare, de la coulure, du rien, tout en avant, il fleurira sous le soleil ce bois perdu, ce bois penché, écrasé de brouillard clair. Le meuble en bois mort et en poussière de temps passé, le meuble pourra-t-il fleurir.

Il est posé sous l’eau qui tombe, il est perdu pour la maison, la gorge pure se resserre, il est perdu et sans frisson, sans rien autour, sans rien dedans, sur le pavé, il glisse et tremble, il fleurira, il sera vert, il pourrira sur les pavés.

Après la confusion, le renouveau, la mort, la vie, le bien et le sarcasme, il fleurira, il est pourri, il moisira sur le pavé, il est au bord, il est trop haut, le brouillard tombe sur les fleurs, sur la terre, sur le chemin, dans le cou, sur les épaules, il pique aussi un peu le nez, il égratigne la tête, il reprend sur le bord du toit, les oiseaux penchés en attente.

Il plonge, il a plongé, il secoue fort les branches, les gouttes volent sur la main, les feuilles sont poudrées d’attente, le temps séchera-t-il les pleurs. La pauvreté par ici moissonne, le temps séchera-t-il les pleurs. La nuit viendra sur les oiseaux, sur le cœur, sur la remontrance, sur l’échancrure entre le cou et le coton, la peau à nu frissonne et s’ouvre, les erreurs glissent et se prennent entre les doigts, sur la poitrine, le brouillard accroche le jour, il frissonne et se retire, il reprend vie et il attend.

Il est penché sur les souvenirs, sur le repos, sur les absences, sur le temps perdu et fini, sur la terre gorgée, d’eau, de trouble et de manque, d’erreurs fatales et de cerceaux.

Il est prisonnier sur le pavé, sur la terre mouillée, sur le ciel gris de brouillard trouble, sur la certitude du mal qui vient, qui va, qui retourne le chemin dans un autre sens, dans la confusion, dans l’errance. Il est perdu et mouillé, les gouttes glissent sur la tête, sur le corps presque trop vêtu, couvert de coton, les doigts pleins de terre et d’amour et d’attention pour ce qui tourne autour de lui, autour des autres, autour du vide, autour du toit, la maison coule sous l’averse.

Il est rentré, il va, il vient, il est mouillé de gouttes claires, de doute et de fatigue, de rien en haut et tout en bas, il a sorti, et sous la pluie et sous le brouillard, le bois mort, le bois perdu, les meubles trop vieux, trop absents.

Ils sont souvenirs et regrets, ils ont trop vu et si peu parlé et tout senti, les bocaux et les horloges, la vie qui bat à la seconde, le mal rentré, le mal perdu, les enfants effarouchés et si tendres, il a plu, il pleuvra, il va pleuvoir, ils vont rentrer. Les horloges battent la seconde, le brouillard respire encore. Les bocaux, de verre et d’orange et les meubles secs et morts, ils ont vécu, ils ont grandi, les enfants les comptent entre les gouttes, dans l’étincelle, dans le doute, d’un coup d’œil en avant, en arrière, le bois est mouillé de brouillard simple et d’impatience.

4 Mars 2009.

vendredi 28 décembre 2018

Il est broyé.

Un rouge immense envahit le sentier et ferme le jour et ferme la marche, il est repenti et perdu, il enferme dans son œil l’ombre descendue, il respire le soir et choque l’attente sur ses dents. Emporte-le bien loin, emporte-le bien haut, vent qui déchaîne et broie, il est à aérer, il lui faut respirer, le souffle est court, la marche l’a fourbu, il retient dans son cœur le reste de la vie, une moitié de peine, une remise sur le du, il prête et engage et son nom et son âme.

Il respire plus fort, il est broyé de larmes, les oiseaux le harcèlent, le temps faiblit un peu, il est à genou sur les pierres dures, il est perdu dans rien, il respire plus fort. La volonté le tient, l’espérance le mène, le rouge a envahi sa vie et son ardeur. Il renouvelle la sienne. Il racle le fond du sac, il effiloche ses habitudes, il est rendu au loin, il renonce bientôt. Un carré tient la route, le carré le renverse, il franchit en deux pas, en deux pas, un monceau de ruine.

Il cherche des cailloux, il trouve des gravas, il cherche pour caler les murs de son jardin, il construit des erreurs, il poursuit des fantômes, il arrache une herbe, il trousse un tour de main, il définit la peur, il engrange l’orage, à corps perdu, à cœur à l’aise, il défend au sommeil de rendre son arrêt, la mort le cueille au détour du sommeil, il mêle sans cesse le vrai et les mots perdus. La chemise bat son flanc, la ceinture perd son poids de volupté.

Il arrache au sommeil des herbes, il retire une à une des pierres au chemin. Il avance et se noie et résiste, la mort le cerne, il tombe dans son sommeil, il se noie et refuse, il chute dans le noir, le cœur au bord du toit, il berce sans trembler ses illusions secrètes, il change à tout moment son bâton de la main à la main, du temps au temps, il fredonne et renaît et recommence, chaque pas est une naissance et chaque jour le mène au même endroit secret.

Il franchit en pensée le pont, il va attendre, il franchit et s’arrête et il commente encore la marche, le pied tordu sur les cailloux, les chemins tournent, tournent autour de son refuge, il étrangle toujours dans sa mémoire un mot, un son, une pensée perdue dans le rouge immense, il pénètre le vide et rend au très haut un culte et un hommage, inutiles, inutiles. Le jour ferme le temps et ouvrira la nuit, le rouge est plein, il est essoufflé, perdu.

Les illusions secrètes remplissent son courage, teintent son ardeur, et de rage et d’orgueil et d’attente blessée et de verdeur fanée, la vie coule de ses doigts, de ses doigts, il s’essouffle et contemple, le rouge, le rouge, la fin du jour, le premier soir, le silence venu, les oiseaux le harcèlent, il est perdu, il est fourbu, il retire une à une les épines à ses mains, les herbes dans la pente, il veut croire et revivre et porter l’avenir et défendre plus son extrême silence.

Il est fourbu et écrasé, de rouge et de soir venu, de silence et d’attente.

3 Mars 2009.

jeudi 27 décembre 2018

Retour, sur le sable.

Dans l'air si doux
et si frais du matin
enfin le cœur s'apaise
après un dur combat dans l'ombre

Maria Dolores Cano, 27 décembre 2018 à 11:03

Il est sur le sable.

Comme il ferme les yeux, comme il trouve, au soleil, sur la plage, un peuple médusé, des rires en escalier, des rafales, il faut inverser et tenter de comprendre.

Une génération de pensées en avance, le clair, le doux, le tendre et le plus incertain, il est en avance et dérobe là le temps, sur la plage meurt un peuple en partance, un espoir, un sanglot, une frêle raison.

Il se dérobe et pose sur ce monde un regard perdu, un frisson le saisit, il se traîne et glisse sur le sable les pieds endoloris, le cœur effrayé, il tente et espère et défroisse le monde rond, le clair, le temps perdu.

Il y a en avance une grande clarté, un petit pas de plus, un pas en arrière, sur le ciel sur les yeux, il se dérobe et chante et défroisse la peur, une part de soleil, un retour de chantier, il éclaire le reste et donne au martyre un peu plus d’attention, il se déploie et il accroche au vent des rubans, des sarcasmes, des feuilles aiguillées, des fleurs en couronne. Il se disperse, donné au bout de l’aventure un monceau de cailloux, des pieds et des mains, arrachés, écorchés et rompus sur le sable.

Comme il a fermé les yeux, tournent les manèges et frémissent les doigts et palpitent les sens, la chaleur sur la peau est-ce bien la dernière, est-ce le retour des émois, des tensions, le pli est maintenu, la voile se dérobe, ils sont encore à naître les plus petits enfants, la chose si précise, le rien sur le devant, les cailloux dans la main, les cœurs absents sur le fil au séchage : ils sont encore à naître tous nos petits oiseaux, ils passeront par là et ils l’enchanteront et ils prendront le temps et la ficelle, il faut tirer au bout pour entendre la joie, pour déverser le charme des heures tendres sur le premier berceau, sur le dernier instant.

Ô informe, ô sans cœur tu dérobes mon âme et tu me fais frémir et je crois en ton pas, il écrase, il chevauche, il rend aux inquiétudes, il meurtrit et il ferme sur moi toutes les portes, la vérité est nouée sur mon cou, sur mes lèvres, je veux sans trembler tenir entre les doigts les graines de la joie, les ferments du ravissement, ô temps, ô rire incontrôlé, ô inquiétude, tu déverses en moi ton amertume noire, ton cœur et ton odeur et ton plein sur le temps, un pied tendu, un pied en marche, il écrase et broie sur moi un monceau de peurs et d’espérances et des fils, de soie noire, enlacés.

Tu y reviens toujours, et les fils te balancent au creux incontrôlé, aux dimanches de fêtes, aux enfants dans la cour, à la peur discernée, reconnue et nommée et ne dis rien sur leurs outrages et sur leur force dure.

Il est en cet instant un éclair, un petit pas de côté sur le sable, il traîne après lui les cœurs endoloris, il se défait de tout et broie sur la campagne un éclat de ciel bleu, une raison d’amour : l’aveu est incertain, les dires improbables, ils se défont de tout et ramènent l’angoisse et tirent sur les fils et déteignent le noir, il est enlevé au ciel, aux oiseaux, le noir vole sur terre et le chiffon perdu essuie à l’horizon une bouche ignorée, un éclair sans malice, une présence à peine évoquée. 


Un vol perdu, une trace immense, un endroit entendu, une force sans droit, il est en se penchant, une absence un remord, mieux dire et mieux comprendre et définir la vie et combattre le mal, et défaire une à une les sangles de la mort sur le corps assoupi, sur le cœur à entendre. Il est sur le sable et il ferme les yeux et la vie se bouscule sur le terrain si chaud, et le cœur se rassure à suivre par derrière le vol des oiseaux rouges qui ont chanté en l’air.

3 Mars 2009.

mercredi 26 décembre 2018

Retour au lent commerce, à l'eau amère.

Le remord lent défroisse les grands arbres.". Sans parole ils traversent le jour, ils conjurent les ombres et crachent leur pénombre. Et là-bas sur le chemin où les cailloux avancent, ils lèvent leurs bras au ciel et griffent les nuages épinglés dans le bleu de l'air.

Combien repartent ainsi avec dans le cœur la joie d’avoir adjoint au silence intérieur la découverte d’un monde entrevu dans les méandres du temps. Quel que soit leur voyage ils s’enfoncent dans le temps et suivent sans comprendre d’étranges voyageurs venus du fond des âges.

De cette lamentation silencieuse naît l'homme en un monde nouveau. Là-bas si près, si loin, où les eaux s'écoulent lentement. Le regard aimanté vers le gouffre de lumière, vers lequel chaque jour il plonge.

Sans trembler, sans frémir, il lève le pied, tend les bras et s'accroche aux nuages qui passent. "Là-bas… là-bas… les merveilleux nuages.".

Maria Dolores Cano, 26 décembre 2018 à 16:26"

Le lent commerce, l’eau est amère.



Sur un chemin, les deux enlacés se tourmentent, une sombre connivence, un air hagard, un air penché. Ils sont à suivre les cailloux, à entendre le souffle, à pas perdus, à pas pressés, la confusion installe leur grandeur, le remord lent défroisse les grands arbres, ils se fatiguent et se dépouillent le corps et l’âme, ils égratignent le temps, ils comptent les dérobades, ils se trahissent au temps compté, ils se défont, ils se détestent et ils observent.

Le temps passe sur la peau, sur le cœur, les rides sont plus longues, les ongles sont fendus, la fierté est en panne, les navires balancent à quai, le mat est lourd, la voile est terne, ils sont en balance, ils sont en attente, ils se défigurent et croisent la cruauté, la chair meurtrie, ils abandonnent, ils se noient.

Dans un chemin perdu, sur une courbe, sur un rien, sur l’étrange beauté des choses, les oiseaux volent, les cœurs palpitent, ils sont bêtes et attachés, ils sont rendus et contraints, ils sont à dire, la force brute, le grand courroux, le soir perdu. La vie avance, les cœurs flottent au large sur des radeaux trop grands, trop loin, mouillés dans l’anse, mouillés, perdus et sans histoire.

Ils se commentent, ils s’entendent, ils respirent et forment une armée, le gouffre est là, les chiens aboient, le cœur est à l’étroit, les ombres sont plus longues, longues.

Tout se tait, rien ne commence, ils sont opposés, ils sont à l’écoute de rien, ils sont perdus et sans musique, ils sont dégrafés et contraints, ils se lamentent et on les quitte.

Il n’y a rien à espérer, il faut croire et croire et recommencer, sans trembler, un pas de plus, un pas de loin, une fortune pour ces anges, une torture pour leur cœur.

Il est en avance, il est arrivé, il est à reconnaître et il soutient d’un œil sensible, d’un coup d’épaule, le lent, lent commerce des âmes et des jours, des drapeaux tombés sans bataille. Le froid est vif, le froid est lourd, l’eau est amère.

Il faut sans trembler entreprendre et conquérir, et se prendre dans l’aventure et couler au fond et frapper du pied le sable et recommencer sans penser, franchir d’un saut la grille, forcer d’un genou le sol fuyant.

La vigueur débordante, ils se repentent et entendent : la vie est là, la vie y vient, il faut chanter dans les haubans, il faut ouvrir son envergure, il faut terrasser le malheur et il faut croire, croire, croire.

2 Mars 2009.

mardi 25 décembre 2018

Retour au ciel.

L’œil du ciel se referme sur le saut de l’ange, ses ailes de soie glissent sans bruit et déposent des reflets d’or sur le front de la terre. On entend les chuchotis de l’air, chevalier errant à l’instar de nos songes.

" Les oiseaux sont posés sur l’air"… une étrange émotion m’envahit. Des oiseaux en suspension dans le temps, emboîtés, si près, si près d’eux-mêmes qu’ils ne font qu’UN. Un seul, un oiseau pluriel, oiseau du ciel aux racines silencieuses à la croisée des chemins. Sphinx intérieur détendeur de l'énigme, harcelante question, question sans esquive, voix silencieuse qui exige la lumière.

Le rire, le silence, et la grâce du ciel.

Le cœur de l’homme est un oiseau gorgé de joie et de soleil, un mot d’air pur qui habite le ciel, un enfant qui respire par-delà le couvercle des nuages, et qui retient ses rêves en un essaim d’abeilles.

Maria Dolores Cano, 25 décembre 2018 à 10:50

Au ciel.



Il se prend la main et se retient au bord du vide, au bord du saut, il dévisage et retombe et reprend et insiste, il est au bord, un ange dans le tout, une horreur sans le rien, une affaire, un complot, il est à se dire, il est à se refaire, à contempler sans rire ni trembler, un frisson impalpable, inconnu, une ride sur le front, un œil refermé. Il regarde en haut et les oiseaux immenses et rouge tournent, tournent, il est arrivé et depuis s’interroge sur les troupeaux, sur les groupes et les règles qui organisent.

Ils sont tendus et tournent, ceux de derrière hèlent ceux de devant, ils accompagnent chaque instant, ils sont en route et ils dévient et ils se visent et se contraignent, ils sont à l’aventure et froissent l’air, les ailes étendues, ils se plient et organisent le tohu-bohu et ordonnent au chef d’aller plus loin, plus haut, plus vite, le vent les soutient et l’air les accommode.

Ils sont perchés très haut, ils sont pendus dans les rayons, le ciel sur eux tourne et ils échangent avec le sol, avec le temps, avec la vie, les yeux suivent, suivent, ils sont en haut, les yeux en bas, les dents raclent l’une sur l’autre, et les mâchoires serrent et le ciel chaud s’écoule dans le dos, sur les mains meurtries et fatiguées, la joie au cœur, le sourire sur le visage, les yeux bien haut levés, les yeux au lointain, il avance sur le ciel pale, il cherche en l’air la réponse, il voit, les oiseaux sont posés sur l’air. Ils échangent et renouvellent, ils sont accrochés au temps, vissés entre eux, trois ordre les commandent et quelles sont ces trois questions ?

Mâchoires serrées, les dents raclent l’une sur l’autre, il ferme les yeux au soleil et pointe sur le loin les éternels qui l’enveloppent.

Il y a sur ce moment un fort accent de calme et de bonheur, dans les questions sans réponses, il y a un air de doute et d’espérance, ils volent, ils doivent voler, il marche, il doit marcher, Saint François les voit, il sourit sur ce monde calme, les oiseaux volent et obéissent, les hommes marchent et obéissent, ils accomplissent, ils tournent rond, ils recommencent et posés en l’air, et posés, ils glissent déployés, ils crient et interpellent, la vérité est en marche, le vol est en avance, ils se donnent aux uns aux autres, ils raclent les uns sur les autres.

Il est là pour admirer la légèreté en avance, il chante à corps perdu, si lourdement, si lourdement, il s’effarouche et recommence et se pose la question de l’ordre de la marche, dans les murmures : l’abandon.

Le cœur pressé de joie et d’impatience, il regarde et tourne au soleil, les oiseaux, tournent et interpellent, tout est posé légèrement dans l’air, les oiseaux volent, les hommes avancent, ils sont sans inquiétude, ils œuvrent où leur destin les a conduit, ils sont oiseaux et tourbillonnent et ils sont en bas et rampent, le cœur dans la terre, les yeux au ciel, au ciel.

2 Mars 2009.

lundi 24 décembre 2018

Retour, à prendre en beauté.

Traces du temps
balayées par le silence de l’air
en ce jour coloré d’oiseaux
aux multiples lumières
aux multiples senteurs

à peine … à peine …
si l’on ose y croire
si l’on ose voir
cette sublime légèreté 

Maria Dolores Cano, 24 décembre 2018 à 10:13

Je prendrai, ils sont beaux.

Je prendrai dans l’air du jour un cœur avide sur la pierre, un remord en soupçon, une gorgée de lune pale.

La confiance, le dédain, reposent sur l’eau verte, ils égratignent la main et le pied, le doigt cherche la goutte rare, une impression, une émotion vive, la fuite. Je retourne, je comprends, je cherche encore la certitude, la raison est pure, les yeux se noient dans l’aventure, sur le rocher au soleil, le pied glisse sur les gravats.

Je vis, j’avance et je me noie dans, le silence, dans, l’air perdu, dans, le difficile retrait, ils ne pèsent rien, une plume. Un bout de cœur vole et va et revient devant sa face, à corps perdu, à corps noyé, devant le rien, devant la forme. Le silence, l’air, se répètent et recommencent et arrachent au sol les herbes. La peau taillée, le cœur en nage, je souffle et balbutie et perds le temps et ses traces.

La course, le remord, le ciel rompu, la défiance, se croisent et laissent le fond secret, la récompense, les herbes aux doigts gourds, en fétus sous les ongles, le bras serré sur l’épaule, la face tordue au soleil, le temps revient et avance.

Ils se cherchent et ils trouvent un peuple de renard, d’oiseaux volés, de confidences, ils sont beaux dans le creux du jour, dans la vertueuse pensée, les animaux et les rochers sont inscrits dans l’abondance.

Je prendrai un vertige, une effusion, un renouveau, un souffle d’air et pour voler d’un toit à l’autre, un fil bien seul, tout seul.

26 Février 2009.

dimanche 23 décembre 2018

Les figures, les images, les drapeaux flottent.

Ils s’élancent, le poids résonne, la peur est en route, au clair du temps, l’ombre sans cesse, ils recommencent. On avance dans le brouillard clair, au loin, au vaste qui se souvient, à l’embouchure qui éclate, la vie, le sel, le goût des rires et des oiseaux, ils se donnent et envisagent une retenue, un froid à inventer, une peur à comprendre. La vérité à l’aise, à l’aise, le temps perdu recommencé, ils tournent en rond sur les herbes mortes, ils défilent au ciel tracé, à la vigueur, à l’air instable, au remarquable, au renouveau, ils se déhanchent et composent.

Les figures, les images, les drapeaux flottent à l’air instable, les fleurs fleurissent, l’air coule sur le dos, sur la main, ils se répètent et ils avancent les pieds au sec, les pieds sur la terre, sur le sable et les fourmis, il commence enfin le temps du chaud et de l’ardeur, tout flotte dans l’air léger, dans l’air changeant. Sur le sol de fleurs et de sable, la couverture traîne la chaleur contenue. Ils avancent et croisent, croisent, et ils comptent les pas tremblés, les erreurs : les mouches volent, le teint est pâle, pâle, la vie murmure dans l’air bleu, le temps retourne, le chaud y vient, la couleur monte du vide au plein.

La soif, la faim, les frissons lissent le sol, le ciel, le plat au loin, le pic en face, la signature dans le temps, la raison même sur la frontière. Ils avancent et reconnaissent les beaux visages, les grands cailloux, les cils qui volent d’un bord à l’autre, de l’océan à un rocher, de l’amertume au cœur serré. Le poids du temps est en avance.

26 Février 2009.

samedi 22 décembre 2018

Retour, au loin ils sont.

Le désir rassasié au bord du monde refuse de mourir, et perpétue sa présence, ici, ailleurs. L’ange est là, il le frôle de son aile pour un instant d’éternité.

Maria Dolores Cano, 22 décembre 2018 à 10:58

Au loin, ils sont.

On s’enfonce et on rougit, le lointain palpite, on reprend une octave plus haut, plus fort, il se retourne et compte les grains de la peau. Sur le reste, le reste, on est absent aux autres, présent aux éléments et seul, fortement seul, et sans poids, sans avenir, sans légende, on est posé. Trois coups sont portés, trois pauses se défont et on contemple un désastre sans mouvement sans expression. On recommence et on dit : il faut faire, il faut dire et encore chanter et poser les ans sur la terre battue, rebattue, assommée, sans espoir, sans rien.

Au vent, on arrache, on retient le lointain, assis sur la colline, on se rencontre, on y revient, on retient. La vie avance, la source est loin, le désir s’accroche, on tente à nouveau la belle, on échappe, on recommence. Le vent souffle, la peur et les frissons chargent la peau de grains nouveaux, de désespoir et de candeur. La blanche, blanche, solitude, le clair, clair, du temps, du reste, de la déroute, des frayeurs, on s’y roule, on y tourne, au loin. Au loin, ils sont. A un regard, à un souhait, une histoire perdue, battue, sans rides sans riens.

24 Février 2009.

vendredi 21 décembre 2018

Retour, la raison effleurée.

Repos des enfants en ces soirs qui s'allongent, remue-ménage dans le ciel, paysage sans limite par-delà l'horizon, sur les eaux, sur les berges, et l'envol des oiseaux.

Il avance, il chante, il rit, il ouvre ses bras au ciel, il effile les nuages, et écosse les gousses de pluie, il en extrait des graines qu’il jette dans le vent, il essuie son front du revers de la main, et recommence. Il avance, il chante, il rit, il ouvre les bras au ciel, il effile les nuages, et écosse les gousses de pluie, il en extrait des graines qu’il jette dans le vent, il essuie son front du revers de la main, et recommence, il avance … … …

Il engendre le monde dans une lumière noyée, entrelacs de mémoire et terreau de l’histoire. Il engendre le monde dans une lumière griffée, sillons de la terre où le grain va lever.

La corne d’abondance regorge de fruits, de lait, d’eau du ciel et vin de la terre. Il est nu, dépouillé. Il est libre, riche de connaissances. Il effleure le monde, il effleure son âme et prend la clé des champs.

Maria Dolores Cano, 21 décembre 2018 à 11:57

Il effleure la raison.

Il avance au chant levé, au terme confondu, à la peur écartelée, il espère et reconnaît et tourne sur lui et se défigure, il tend le poing au soleil, les yeux dans le vent. La fortune est intense, il se perd et arrache au ciel clair un baiser, une aventure et un lendemain. Il est sur le chemin et disperse en lambeaux ses idées et ses larmes et le repos perdu et la maison cherchée.

Il est éreinté et ravi et il court sous l’eau tiède, il efface encore plus loin et plus haut le sourire, le reflet, l’accord perdu et plaqué : sa guitare est en ordre, il effleure le temps et dérobe un sourire, un rire reporté, une caresse. Le doigt perdu, la raison morte, il effleure et reprend et donne au ciel un regard, il se confie et chante aux oiseaux le retour, aux enfants le repos.

Il est aveugle et sourd et rien ne le retient, il se pend aux nuages et il écorce les haubans, il refuse et il avance à la nage sur l’eau, sur le dedans, vers le retour du calme et des gens, des riens en file, en clan. Il avance sur rien et tire la besace, il offre au ciel un cœur penché, il effleure et tend un ruban, un galon, une figure, il compare, il entend, il rit et recommence.

La vérité frissonne au bout du cœur, tend un piège et gobe la déraison, le charme inquiet, la violence sans sujet, le report sans alarme, il est tendu, il est masqué, il dévore et reprend des herbes et des lois, du temps pour les fendeurs, de la surprise pour chacun, ils se reconnaîtront. Ils chantent dans l’ombre pure, le froid s’en vient, le froid s’en va, il contemple la raison.

A toute allure, il donne et il reprend et il étale sa richesse, de mots perdus, de mots trouvés, de lune vague et absente, il apparaît au jour, il démêle le temps, il commence une nouvelle histoire, il est perdu et sans passion, il avance et tout recommence : le sanglot, le destin, la course folle dans les branches, il tire un lien à rompre, une histoire de tous les jours.

Un temps penché un temps perdu assoiffé et fourbu, il dévoile son rire, il enchante le rien, il dévoile son jour, il éblouit l’azur, il domine le monde, la sphère et les pendus et les oiseaux qui volent, il défait et emmêle et coupe du tranchant de l’ongle des brindilles et tire sur le temps et verse un grain, puis deux et verse au sol le grain sec, la farine le vin. Il engendre.

Il termine et il donne, aux yeux des cailloux noirs, aux oreilles, aux mains, aux pieds, du foin. Il défait la ceinture, il commence et se noie et il tire sur l’habitude. La fin du jour, le ciel est clair, le vent se tient sur les ombrages, il effleure la raison, il a froid, il chante dans l’ombre pure, il n’a rien, il effleure le temps, un rêve, un cœur, une certitude : la folie, l’habitude.

23 Février 2009.

jeudi 20 décembre 2018

Διώξε τη λύπη, παλικάρι


Tout mêle.

Parce que tout mêle à tout, il défait et embrase et recommence encore et tourne sur le tard et tend sur l’ignorance.

Il est gonflé de vent et perdu encore, il souffle et s’affaisse et comprend un peu moins à chaque pas. Il étreint une silhouette, infortune, un reflet calme et langoureux. On avance, sans peine, sans tourment, sans fracas dans la candeur, dans le silence, dans l’infini, il se découvre et lance au loin un linge, il est fermé et porte sur le dos, sur les mains, sur le cœur, la trace, le signal.

Il avance plié, posé sur son ombre, il est perdu dans le ciel bleu, il est couché sur l’horizon. Tout est mêlé, tout est tordu, le fer avec le feu, le songe avec la cause, il est tendu sur le ciel calme, il tourne encore et cherche les oiseaux, il est défait, il se commence, il est fourbu et il détache chaque chose, sur le point clair, sur les aveux.

Il est ignorant et coupable et plus solide que le jour, il avance sur la frontière, il ferme un œil, il trouve le jour.

3 Novembre 2008.

mercredi 19 décembre 2018

Deux chèvres et puis quelques moutons.


Retour perdu.

Il se perd et recommence, et creuse le silence. Il cherche la vérité abandonnée sous la feuillée. La trouvera-t-il dans ce grand froid et cette peur immense ?

Maria Dolores Cano, 18 décembre 2018 à 10:41

Héritage.

Ils auront faim et soif, ils rient sous l’orage, ils seront forts. Ils vaincront, la terreur brute, le grand massacre.

30 Octobre 2008.

mardi 18 décembre 2018

Ils aiment les Muses Latines.


Il se perd.

En force, en danger, ils abandonnent la vérité sauvage au jardin, sous les arbres, sous les nuages. Ils avancent et songent bien : il faut rentrer le froid se perd, la peur nous gagne.

30 Octobre 2008.

lundi 17 décembre 2018

Appròntati, o capraghju !


Sans regarder.

Ils se passionnent, ils se racontent, ils se croisent sur le chemin, ils avancent et cherchent et l’ombre et l’azur et le repos et la vengeance. Petits oiseaux en rêve sans confiance, sans idée et sans avance, ils bondissent sur les cailloux, ils éventent les secrets, ils se donnent sans regarder, ils inventent le souvenir.

30 Octobre 2008.

dimanche 16 décembre 2018

Ils coulent.

On entend en soi même le chant profond et familier, la longue, longue plainte, le grand sanglot, le trouble extrême.

En reviendront-ils de la fusion du tard pensé, de la stupeur, des ornements et des ratures. Il se démène et tape fort une branche, après l’autre, un aveu, un sanglot, une espérance, un oiseau. Il y a en été des rossignols, ils chantent dans les arbres, ils suivent et remontent. D’un arbre à l’autre, un cri, un cri, ils attendent et montent dans le soir, sur les branches, sur le front, la nuit, la lune. Ils chantent et recommencent.

Les graviers, les empreintes, le retour du soleil, la lune reste encore, ils sont enlacés les heureux, ils soufflent sur la braise, ils piétinent les apparences, ils sont en fuite et ils appellent. Et ils se donnent en avance du renouveau, de l’insolence, du plaisir simple et parfumé.

Les arbres dans la nuit, les oiseaux chantent sur les branches, les rossignols, les chiens sauvages, les cœurs émus, les promeneurs à la fontaine, ils tremblent de joie et d’ardeur et ils coulent, l’eau à la bouche, ils sont perdus et ils renâclent, ils éternuent et ils divaguent, les chiens jetés, les fossoyeurs, les épanchés, les sans remords.

On entend en soi même, le chant profond et familier, la longue, longue plainte, le grand sanglot, le trouble extrême.

30 Octobre 2008.

Retour de fortune.

Et s’il tirait le ruban pour défaire les nuages et les larmes du temps. Et s’il essuyait l'orage au coin de l'œil du vent si furieux, si obstiné à gonfler le cœur des enfants.


Il enlace le silence par-delà les nuées. Les portes du ciel s'ouvrent en un sourire immense. Il est beau, il est grand, il est heureux, il est poète et chante les saisons. Il pose côte à côte des mots qui laissent rêveur : " il enfonce au ciel bleu un œil qui déboutonne".

Il frotte et gratte des lambeaux de cendre tombés sur le chemin. Il est seul sous ses rubans de gloire. Il est seul, mais il sait qu’au bout de sa marche là-bas des enfants au regard pourpre laveront sa robe de poussière, et tresseront ses cheveux. Il sait que là-bas dans ce tourbillon de vie l’herbe est encore verte.

Il coupe un pan du silence, s’en fait un manteau de pluie et s'en va traverser le jour avant que le monde chavire.

Il laisse couler le temps dans l'air du sablier, la pensée au repos dans le paysage, il peigne et coiffe les cheveux du ciel. Il est heureux et embrasse le soleil.

Il prend, il renouvelle, il fond, il commence, il rend, il donne, il déplace. Il s'enfonce dans l'avenir, et tire sur le fil de la pelote rebelle pour défaire le mystère.

Maria Dolores Cano, 15 décembre 2018 à 11:36

samedi 15 décembre 2018

Une fortune à lui seul.

Il prend sur le coté et traîne sans couronne et recoiffe et regonfle le cœur et les cerceaux, il faut rendre et couvrir la larme, l’œil est aveugle et son corps est si lourd, si malhabile, si enfoncé dans l’azur, le ciel est à l’orage, le cœur est ébloui, il porte un ruban, il défait une corde, il respire si loin, il entend si fort, si et si et si.

Il se renouvelle, les nuits sont calmes et le cœur est à l’aise, son silence est muet, le cœur respire en force, il défait un à un les charmes et les temps, il combine, la direction est lente, le pas après le pas, le cœur enrubanné, il compte sur le sol les grains du sable, il est ancien et posé, il se retourne et claque sur la jambe : la canne est enfoncée et heurte le brasier.

Il est fondu dans l’un, il est pétri dans l’autre, il heurte le ciel même du grand heurtoir des anges, il compose une attitude, il enfante le ciel, il reprend la saison, il est une fortune à lui seul et aux autres.

Il commence à peine et sert de l’eau sur les habits, du lointain il coupe la parcelle, en dentelle le nord, il combat les cailloux, il est parti tout seul, il rentre, il est multiple, il défait un à un les brins du chanvre clair, il arpente en rêvant les sentiers et les flaques, il tourne sur lui seul et décompose l’air, il chante en appuyant là où il faut peser et il engrange enfin le blé des éprouvés.

Il est rendu au ciel, il tend sur le revers de la main une goutte de sueur, de salive, du bien compté qui pèse et renouvelle, il est parti tout seul et il revient centuple, défiguré en haut, retourné sur le tas, il enfonce au ciel bleu un œil qui déboutonne, qui ouvre le cerceau et rebondit, la balle sous le pied, le poids des ans sur la charrette, il avance en rêvant et ne donne rien contre.

Il ne donne rien et rentre et regarde souvent et dévore la vie, il effleure la main, il toise les enfants, il est seul et sans trace et sans rien sur le dos, sur le cœur, un flot, un flot de rubans pourpres, bien lisses, bien serrés et rendus aux honneurs et découpés dans la vie, dans la transe, dans le regard chéri de ceux qui aiment et multiplient, il est en avance sur le sentier mouillé, sur l’herbe encore verte, sur le pas de la porte.

Il se déplace au ciel et reprend la servitude, il faut, il faut, et penser et donner et tendre sur les eaux un bras, un pied, une canne pour fendre et couper le silence et le jour, pour tordre sous le pied les branches trop humides, le feu ne prendra pas encore, il faut sécher.

Il enfonce la pointe de la canne dans le sable ancien, longtemps posé, longtemps moulu, mêlé sur le chemin, prisonnier entre les pierres fendues et éclatées et jetées sous le pont et il répand sans rien une fleur, un mystère, une écriture lente longue et rebelle.

Dans l’avenir, au soir, il penche sur le sol, il compte le sable, il perd sans y penser la soif et la lumière, il est en avance, il compte chaque grain, il défait le mystère.

29 Octobre 2008.

vendredi 14 décembre 2018

Retour d'une année.

Heureux et léger comme un fil du vent qui s’ébroue dans le temps, et attrape les ans pour s’en faire un collier.

Heureux et léger comme le doigt de l’air qui frôle en chantant la joue de l’enfant sur les chemins du temps.

Heureux et léger comme cet instant dans le temps où je passe en ce lieu qui me ravit les yeux.

Maria Dolores Cano, 14 décembre 2018 à 09:54

Une année.

Enfonce la terre d’un coup de dent, ne desserre rien sur la route, ne perd rien sur le chemin, chante et rentre dans le vent, défigure les mots et racle les sentiers de mousse, ne perd rien, donne, donne, il faut te faire aimer, il t’en faut la revanche, couronne-toi de pampres et de sureau et pose sur ton cœur un halo d’espérance.

Il y a sur le temps une frise, sur la vie une grande et forte nouvelle, les oiseaux volent dans ton halo, sur ta saison. Le fil tendu, sur le charme à ne pas rompre, tiens le tendu, tiens le tenu, ne ferme pas, ne ferme pas la bouche sur les dents, écarquille, écarquille, les yeux, la confusion, avance vers la transe, enfante une histoire, il faut avancer sur le fil et tendre, tendre, la raison vers l’oubli.

Le temps est suspendu, le temps frémit, il borde et ensorcelle, les dieux sont au mois d’Août, ils passent dans les prés, dans la sécheresse tranquille, dans le temps suspendu, dans le regard posé sur les étangs. Il faut voir loin et un peu plus et compter les arbres un à un, tes yeux se posent sur les cailloux, ils disent des mots sur le beau temps, sur le ciel bleu, les arbres verts, les oiseaux qui passent et se posent.

Enfonce ton pied dans la poussière et charme, charme les moutons sur le bord du chemin, salue l’homme, tu passes devant lui, il t’interroge d’un œil, d’un regard fort et inquiet. Tu passes sur le chemin, dans la poussière, sur les cailloux, sur la pente, dans la descente vers le bleu, vers le vert, dans l’air, dans l’eau, dans la joie simple, si simple, sans lendemain, sans hier, Janvier est présent, ici et maintenant fort et tranquille, sans rien pour tendre les angoisses, sans rien pour chanter à rebours, sans rien pour noircir et trahir, il te faut vivre heureux et léger.

20 Août 2008.

jeudi 13 décembre 2018

Les corbeaux sont en avance.

En fuite, il enfante et le jour et des nuits de courbatures, un présent de cailloux, des émotions si fortes, du blanc sur les draps, sur le sol. Il a du rouge à retenir, de la brusquerie à défendre et des sentiers à ramer pour entendre : la chanson des bateaux qui passent, des amours qui défilent, des oiseaux sous les branches, des souvenirs, des souvenirs pour croire encore et prendre un bec dans le cœur, à l’échancrure, du rire sous le sel, des ors et des fleurs sur la table, dans l’air.

La terre est en chantier, les soldats meurent encore, ils sont perdus sous les voiles noirs, ils pleurent, leurs mères cachent les armes sous le salut, sous la candeur, sous l’oriflamme, sous le pied qui roule sur le caillou. Les soldats meurent encore, les femmes pleurent, les corbeaux sont en avance, ils se poseront au sol, maudits, au sol tremblé, à la rupture, sur le sable, dans l’air du soir, sur les hauteurs, sur le devant, à l’aventure.

Ils se poseront les corbeaux, ils feront pleurer, ils feront taire les parleurs, les croyants étoufferont sous les branches, sous les plumes.

Les soldats meurent encore, loin au loin, sous le sable et l’ombre, sous le brouillard et sous le flot, si dur, si dur, des mots et des injures, ils filent et se tordent sous l’outrage, sous le vent, dans le brouillard des sentiments. A l’échancrure le voile est tordu, le coffre est ouvert, ils pleurent et se retirent, ils meurent un par dix, toujours et attendent les corbeaux du soir.

Il avance à l’horizon, il pleure encore et se tourmente, où sont partis les compagnons, la bête meurt et recommence et ils se taisent sous les branches, ils sont tordus, ils sont courbés, ils se répandent sur le sable, les os broyés, les os creusés et agités, ils se répandent, ils enfantent un ruisseau, ils sont tordus, ils sont broyés, ils sont noyés de plumes et de griffures, ils se répandent et coulent sur les yeux, les mains, les femmes balancent, toujours, encore, toujours, les berceaux des enfants sans pères.

Ils sont perdus, ils sont noyés, ils recommencent et tous racontent, le feu, le sang, la liberté, les orages, la fortune. Ils sont perdus, ils sont noyés, les femmes pleurent, les enfants jouent et les corbeaux avancent.

19 Août 2008.

mercredi 12 décembre 2018

Tout grimpe.

Ils ont les yeux dans la pente, ils sont tendus vers les cailloux, ils courent et tirent sur le dos le ciel et les étoiles, ils se prennent dans l’herbe, les pieds et les erreurs, ils se perdent sur le soleil, ils se donnent aux oiseaux, ils tirent dans le dos le ciel bleu et le calme reflet, l’eau est proche, les arbres caressent, ils se tirent sur les bras, sur les mains, sur les pieds, dans l’herbe, dans le souffle, trouvé, perdu, abandonné sur le lac des incertitudes, sur le miroir.

Il faut oser, il faut prendre, une à une les images et combler, la paille est en avance, les herbes sèchent, il faut faner les fleurs, il faut serrer la boucle de cheveux sur le front, sur le dos et entendre le chant profond, les animaux regardent, les herbes se couchent, les pieds sur le cailloux, ils se posent sur terre, ils enchantent leurs yeux : les herbes bleues, les oiseaux la vie en marche sur la pente, sur les cailloux, sur les fleurs, ils avancent et foulent, l’herbe et l’eau et roulent les cailloux, les oiseaux en haut tout haut, les herbes, les fleurs lourdes, les fruits fanés, l’air séché, les ombres sur le ciel, le dos dans l’eau, il monte : le brouillard, il étire le ciel : le nuage, ils rêvent dans le vent, ils chantent sur le dos, ils sont posés entre le ciel et le terrain, les fleurs sèchent, l’herbe fane.

Ils sont perdus, perdus, en terre inconnue, perdus entre le dire et ne rien faire, marcher, marcher et voir, la montagne est obscure, le ciel est tendu d’eau et de rumeurs furtives et éblouies, ils se séparent et recommencent, la terre monte, les oiseaux chantent, ils grimpent et soufflent sur l’air, sur le temps, sur le regard, ils soufflent sur l’eau, sur le temps, sur la pluie en gouttes répandue sur les épis, sur les pierres, sur le chemin, il roule sous les pieds, la terre monte, les marcheurs sont perdus, sans souffle, sans reconnaissance, ils sont en avance, ils se donnent au courant, à l’air au temps, tout droit sans souffle, sans repos, sans rien sur la langue.

Les oiseaux passent, ils sifflent, tout souffle, tout rentre sur le dos, dans la main, dans l’étendue, dans la tête, la même idée frappe, ils sont en marche et ils pointent au vent le sommet, si loin, si haut, et ils tirent dans le dos le ciel bleu et le calme reflet, l’eau est proche, les arbres caressent, ils se tirent sur les bras, sur les mains, sur les pieds, dans l’herbe, dans le souffle, trouvé, perdu, abandonné sur le lac des incertitudes, sur le miroir.

Il faut oser, il faut prendre, ils avancent et foulent, l’herbe et l’eau et roulent les cailloux, les oiseaux en haut, tout haut, les herbes, les fleurs lourdes, les fruits fanés, l’air séché, les ombres sur le ciel, le dos dans l’eau, il monte : le brouillard, il étire le ciel : le nuage, ils rêvent dans le vent, ils chantent sur le dos, ils sont posés entre le ciel et le terrain. Les fleurs sèchent, l’herbe fane, ils sont perdus dans la reconnaissance. Tout grimpe, les espoirs, les incertitudes, il faut fuir le renoncement.

18 Août 2008.

mardi 11 décembre 2018

Leyla.


Il est en retard, je suis en avance. II

II

Sa vérité est un refuge, sposa, son disprezzata.

Je suis venu et il n’est pas là, encore l’attendre et sans trembler, espérer et reprendre, il faut un tel abandon, pour oser le suivre toujours, sur le front, aux avant-postes, la seule chose à faire, attendre, il reviendra, je suis parti, je suis revenu, et je l’attends, il se moque et il sait : un autre lui-même l’attend, il est fort et couvert de lauriers, le regain, la gloire, la victoire.

A la nuit nous nous servons dans la fraîcheur, et s‘il dort, je ne l’attends plus, il est là, nous y sommes tous deux, dans le serein, il est l’heure, les draps ne collent plus, j’ai attendu, il est là et tout dort. Entièrement soumis, il ne sait où attendre, il ne sait qui, et je sais quoi, j’ai attendu, il est venu et je suis là, aux avant-postes, j’attends et il est sur un monceau de cailloux, dans le temps chaud qui passe, tout se passe, je l’attendais, je ne l’attends plus, je suis servi et il se soumettra, il est au refuge, il sert les autres et il me délaisse, sa vérité est un refuge, je suis calé dans l’ombre et la fraîcheur, il est au grand soleil et je suis affamé, il tient sa main et je le veille en tous points, je lui murmure et j’admire, il est au front, il est partout, je suis de la cave et du grenier, des endroits retirés, du monde, au monde, loin de tous, sans un regard, sans une caresse, ils sont à abandonner.

Je les fuis, je n’attends rien d’eux, ils sont loin et le dévorent, il est offert et il me tourmente, où finiront nos jours, il me dévore et je suis loin de loin, au loin, pour loin, il est dévoré et dévorant, il est à perdre parmi les cailloux, il est à suivre dans les herbes et à rouler, autour du mat, dans les cordages, il est parti et ne rentre pas, il est abondance dans le regard des autres et il me perd et je respire, il est parti sur le chemin, laissant à droite, les moulins et j’ai marché du plateau au jardin. Il est loin, je suis seul et je me tourmente, la vie est en alerte, il faut survivre dans cette abondance, il m’a laissé, je suis parti, il est loin et je suis rentré, la vie est ouverte, le jardin est calme et pour un rien je dormirai, je rêverai, de calme et d’ardeur et de désir nouveau et sans fatigue.

Je suis là, il n’y est pas, où sommes nous, où sont-ils, il est en retard, je suis en avance, je joue et je tourne et je précède la construction, j’en suis rendu, j’en suis à mon dernier voyage, il ne sait rien, il m’oublie et bientôt il m’appelle, sa vérité est un refuge et je rêve du désir nouveau, les muscles n’y sont pas, la sève point, il est un rêve.

Une maison, la force y conjugue l’art et la précision, sa vérité est un refuge et les doigts s’enfoncent précisément dans la chair et tournent la peau, il faut attendre, il faut veiller, il est auprès des autres et je serai servi après. Une maison, un jardin, du temps, la peau est nouvelle, le teint est mat, ils se cherchent, ils s’attendent et il viendra, il est toujours venu.

06 Août 2008.

lundi 10 décembre 2018

Retour, en retard, en avance.

Il a mal à sa jambe éclatée. Il a mal à sa vie d'assoiffé. Il a mal dans ce monde dérobé.

Le soleil est perdu sur le chemin entre la patience et l'attente. Le soleil manque dans le jardin pour caresser les écorces et les peaux qui s'effleurent sans vraiment se toucher ni se rencontrer.

À force d’abandon et de renoncement, de peur et d’effroi, il n'est plus qu’une secousse incontrôlée prêt à s’oublier … demain il renaîtra.

Maria Dolores Cano, 10 décembre 2018 à 10:03

Il est en retard, je suis en avance. I

I

Je suis parti au loin, j’ai couru sur le chemin, j’ai marché, je suis revenu, une jambe éclatée sur un rocher, le sol se dérobe, j’ai couru les chemins, j’ai marché, j’attends, je soupire, il m’ennuie celui que j’attends. Je suis revenu, perdu de soif et de déraison, de rires contenus, rien n’en sort, rien ne vient, où est-il, la jambe, la jambe au rocher me fait mal.

Les images accumulées, ses images perdues, j’en suis saisi, j’en suis perdu, dans les tourments, dans l’ennui, la fin de l’été est proche, sa trace avance, je suis perdu et je ne sais rire, ni chanter, je ne donne, je ne prends, je ne pousse pas la porte, il y a une certitude, le désir est essoufflé, il n’y a plus rien qui chante, les oiseaux, une obsession, ils passent dans l’air, sous les arbres, ils filent droit, tournent et recommencent, et j’en suis content, rien n’avance, rien ne vient, il faut sortir, il faut repartir, je n’ai plus assez de murs pour toutes ces images, il faut brûler ou donner.

Le désir est dans le souffle, il faut bouger. Où est-il celui que j’attends, il est sur le chemin, perdu, ébloui, je l’attends, son absence essouffle ma déraison, il y a un beau soleil, du temps encore, où est-il celui que j’attends, comme une chanson de porcelaine, j’étale des images sur tous les murs, je tire de l’eau à la fontaine, il est parti, il reviendra et aussi le sommeil. L’ennui m’a pris, le temps me prend. Je ne questionne pas ces questions, l’interrogation est une évidence, il avance sur le chemin, la jambe me fait mal, les soupirs me tuent, il manque un soleil dans mon jardin. Il serpente d’un rire à une rencontre et je compte les oiseaux au ciel, il y a une confusion, je l’attends et il ne se presse pas, il est en retard, je suis en avance, nous avançons et souvent, nous effleurons.

Martyre, esclave, chante et pleure, attend, c’est ton destin, l’ennui rend inutile, il viendra, il viendra, il y viendra, il en reviendra, il se tournera et même s’il crie, le tonnerre se calmera, la vie est ainsi. Il faut creuser, bâtir, construire, ou nettoyer, faire briller les trésors, étaler les images. Je suis parti au loin, j’ai couru sur le chemin, j’ai marché, je suis revenu, la jambe éclatée au rocher du chemin, je pleure un peu, d’ennui et de doute, mais il viendra, il viendra.

Allons, allons, je le sais, je suis esclave et je règne par ma servitude*.

5 Août 2008.

*Souvenir des mots de Pietro Metastasio et de la tonique mélancolie de Giambattista Pergolesi.


dimanche 9 décembre 2018

Retour royal.

Ils sont rois, humbles et serviteurs, rois de cœur. Ils avancent sur des chemins neufs, sur les sentiers du monde qui longent les rivières. Ils sont rois de silence. Ils sont la fraîcheur du souffle qui subsiste jusqu'à l'infini. Ils sont.

Maria Dolores Cano, 9 décembre 2018 à 11:15

Ils sont posés. Ils ont posé. Ils sont rois. III

Ils sont rois.

Car, là, ils sont , et là, ils sont venus et ils franchissent le ruisseau, un bras de fleuve presque sauvage, depuis mille ans, depuis toujours, on jette sur les eaux des pierres rondes, des pierres plates pour calmer le courant et faire une chaussée pour les rois. Ils avancent, en tremblant, sur les marches, le pied mouillé, serrant sur le cœur les outils du commandement, les souliers et le drap.

Sur le cœur ils serrent et posent un pied après l’autre sur les cailloux, il faut franchir ainsi la rivière pour continuer le passage, il faut franchir les fleuves, il faut croiser et avancer pour conquérir l’espace pour ne pas être d’un seul côté. Le pied se retient sur la pierre, le pied hésite et se reprend, il faut avancer et garder sec, le cœur et le drap, il faut avancer pour conquérir l’inutile.

Tout est passé, il faut comprendre, les yeux posés, les pierres retiennent, l’eau est calmée. La brisure chante, les gouttes rêvent dans l’air le flot incessant. Depuis mille ans, depuis toujours la même goutte est suspendue sur le temps, sur l’espace, dans l’air, dans l’air. Mille mains, mille pieds ont étendu cette couronne, le poids des âges sur chaque pierre est avancé.

Ils sont rois ceux qui franchissent, ici, cette rivière, si loin, si près.

4 Août 2008.

samedi 8 décembre 2018

Retour, posé.

Ils avancent, ils avancent et approchent, et accueillent l’homme, leur frère dans son humble condition. Ce fils de roi, ce fils aimé, condamné à la gloire.

Maria Dolores Cano, 8 décembre 2018 à 14:06

Retour, la corde en un tour.

La corde brisée –un titre donné à une de mes aquarelles– la corde du puits où ma mère pendait ses volailles pour les conserver au frais en vue des ripailles après les corvées de l’été la corde des guitaristes aux mains coupées par le dictateur chilien pinochet me recuerdo Amanda la calle mojada la corde des pendus se baladant dans la ballade Frère Villon la corde du trapéziste qui ne voulait plus redescendre du chapiteau tant il était captivé par le roman de Georges Perec la vie mode d’emploi la corde brisée comme une pâte la papatte des chiens écrasés par les pneus des chauffards la corde brûlée la corde du maudit sois-tu carillonneur celui de mon village s’appelait je ne l’invente pas le Rey la corde d’Alain Rey qui tire à lui les mille et un roberts et tous les dictionnaires amoureux la corde d’il pleut bergère autour du cou des blancs moutons la corde dans la valise rouge du grenier allez savoir pourquoi

Jean Jacques Dorio, 8 décembre 2018 à 10:51

Non senti la tromba ?

Je veux combattre, cela résonne et je comprends, il faut aller et prendre. La folie est proche, la rage certaine, mais froide, froide, je passe d’une rive à l’autre et j’attends, il faut combattre, il faut aller et se tromper encore, il faut forcer la dose, comprendre, racoler le destin, prendre dans la main, le poing ferme les fils serrés du monde, le lien de l’éternité. Chaque plaisir est un rocher, la vie est une mer, la voix tourne, la vie est une mer, sur chaque rocher pleure une éternité, une source pour atteindre le bord, le bord. 
 

L’existence est folie, les sources sont amères il reste un point serré, tendu, la tête dans la forge, le fer sur le fer, la folie frappe, les traîtres sont ici, ils entendent, ils chantent, ils espèrent les voix, les voix immenses, ils tirent, ils poussent, ils avancent vers l’échec, il n’y aura pas de repos, il n’y aura pas de fin, la peur, les alarmes éclatent et tonnent, tonnent, ils sont en fureur, les voix se disent et pleurent.

Il y a sur ce passage un tremblement, ils s’enfoncent, ils sont perdus et rien ne les retient, sur la peur, sur le rocher, sur l’absence, ils ne construisent rien, ils attendent et rien ne les tient. Ils se noient, fourbus, arrachés, troublés, assommés, ils perdent le temps, sur le sermon égrené, du rocher au bois, du mensonge à la vérité, les voix se taisent et retournent, ils se trompent de nom, ils ont perdu le sens, les fous sont en place, sur les pierres, sous les branches, sur la terre, il n’y a plus que des feuilles, elles tombent, elles se heurtent, enjambent les voix sur le front, sur le temps, sur la vie.

Il y a des affronts, il y a des alarmes, éclatez fières trompettes, éclatez, ils se trompent en avant, ils avancent en arrière, ils sont recrus, de fatigue et d’ennui, il n’y a pas de rêve, il y a un chemin pour avancer, il y a un tournant à prendre, une fièvre à guérir, il y a des combats à mener, pour déchirer, pour lacérer, se tromper et recommencer, pour atteindre les étoiles qui s’éloignent. Je veux combattre, j’avance et je me perds, où sont ils les géants, est-ce ma famille, où sont-ils les héros, je tourne sur le rocher et passent les oiseaux, le rêve passe, sans armes, sans fermeté, ils se répandent du rocher aux arbres, de la vision au retour, au retour.
 

Sans cesse, il se penche et voit les ombres sous les arbres, les feuilles perdues, à ramasser, il faut cueillir, la mousse sur le sol et construire, construire. La voix est silencieuse, les oiseaux tournent au soleil, sous les branches les rochers pleurent, ils sont tombés ils sont ailleurs, ils se perdent et rien ne les attend. La folie est proche, la rage certaine, mais froide, froide, je passe d’une rive à l’autre et j’attends.

5 Août 2008.

Ils sont posés. Ils ont posé. Ils sont rois. II

Ils ont posé

Pour entendre le vent dans les branches, pour sentir l’eau couler sur le menton, pour retenir la joie et se gonfler d’espérance, il faut aussi poser le pied sur une pierre plate, en équilibre sur une ronde, et qui affleure à la surface.

Le pied en équilibre il tire un regard perdu, les mains crispées sur le tissu sec qui séchera, qui doit sécher, pourvu qu’il ne se mouille, pour vu que le soleil réconforte le roi maladroit qui est posé sur les marches de pierre affleurant toutes sous l’eau fraîche. Il est passé, il est passé, il a avancé sur le sentier de la gloire sur la passe aux eaux qui tremblent, les pierres, une touche l’autre, posées ici depuis toujours, depuis mille ans que les hommes passent, ils encombrent le ruisseau de pierres plates posées sur des pierres rondes pour y passer, pour y passer, pour franchir en majesté le ruisseau clair, le ruisseau frais, le corps serré sur les tissus qui sécheront qui doivent sécher et ne pas tomber.

Le sol est pavé pour le triomphe, ils passent sur les pierres plates, ils glissent le pied, pour un baptême à rebours, à reculons, ils vont au ciel, ils foulent sur les pierres plates les éclats de gouttes qui volent, qui partent et retombent depuis mille ans, depuis toujours et pour longtemps, les gouttes d’eau volent aux airs et couronnent le pied qui penche, il hésite et recommence et franchit la passe en riant il a sauvé son équipage, le drap, les souliers, tout est sec, la victoire est certaine, un roi puis l’autre, ils sont passés et ils avancent au ciel en reculant en reculant, la tête dans les nuages, les pieds mouillés les pieds mouillés, le serpent glisse sur l’eau, il se retire et part au loin, la tête dans les nuages, le cœur perdu dans l’air, la main serrée sur la poitrine, serre à son cœur le manteau du commandement, ces rois sont en ambassade, ils faut interroger le temps, interroger la vie et rendre un avis éclairé par l’oracle des gouttes d’eau qui vibrent sur les cailloux. La tête est précisément couronnée, de nuages et d’eau en gouttes éclatées qui se posent dans l’air depuis mille ans, depuis toujours.

Ils entendent le vent dans les branches, sentent l’eau couler sur le menton, retiennent la joie et se gonflent d’espérance, ils ont posé le pied sur une pierre plate, en équilibre sur une ronde, et qui affleure à la surface.

4 Août 2008.

vendredi 7 décembre 2018

Retour, posés.

Les nuages courent à l’horizon, frôlent la surface de l’eau et soufflent l’air dans les yeux du ciel. La corne de la lune tombe dans l’eau à l’endroit même où les pieds des rois ont foulé le ruisseau. Un prince est né qui sera foudroyé.

Maria Dolores Cano, 7 décembre 2018 à 10:15

Ils sont posés. Ils ont posé. Ils sont rois. I


Ils sont posés.

Comme sur un sentier, ils se mènent jusqu’au val et là, les rayons moussent, le ciel est posé sur l’herbe verte, ils sont seuls en ce monde et posent au ciel des regards pleins de cailloux. La bouche en feu, le ciel sans nuages, ils se posent sur le sol vert, ils foulent l’herbe et écrasent la vie, la vie. Ils se donnent et se reprennent et foncent dans la chanson noire, ils sont à terre et ils se posent, les pieds dans l’eau, les pieds dans l’eau. La confiance dans le cœur qui bat, dans la poitrine qui se creuse et maintient et secoue l’air dans les cotes, les espaces verts, l’eau coule entre les doigts, au milieu du vallon, au milieu de l’eau, les pierres sont une marche, un roi y pose le pied, le corps soulevé dans les airs, la peau tendue par la fraîcheur, les reins creusés par l’attente, ils sont en avance sur l’eau et rêvent seuls de solitude encore, de frissons sur les reins creusés. Debout sur l’eau, ils avancent sur le chemin de pierre jonché, sur l’avancée du rire aux larmes, les rois avancent sur leur pavé, sur la chaussée, ils sont géants et emportés. Sous le pied, sous la langue, le corps est posé sur les eaux, ces dieux avancent, ils glissent sur le pas d’eau et d’éclats et de gouttes qui volent, ils sont posés sur un pavé de marbre couvert d’eau, d’air qui glisse sous la peau.

La terre pose un fardeau sur leurs épaules ils se tiennent sur le côté, ils enlacent le point du jour, la lune en croissant blanc, pâle nuage fleuri au ciel et ronge les cailloux sous leurs pieds nus, ils glissent et avancent, ils sont éveillés de chaleur, ils sont consumés de toujours glisser un pied sous l’eau pour vivre encore dans l’espérance, pour arracher au sol une fleur de fraîche senteur, un éclat de glace qui fond, une rayure de soleil sur la peau nue, sur la peau nue. Les branches griffent, les feuilles tombent parfois dans le tourbillon, ils sont posés sur les marches de pierre, les pieds dans l’eau, le regard clair ils traversent et reviennent, le pied glacé glisse sous lui, ils se posent et contemplent au loin la courbe de cailloux. Ils ont marché sur le tapis du triomphe, les gouttes volent en eau d’éternité, depuis mille ans, depuis toujours les gouttes d’eau s’envolent sur les cailloux, ils se glissent dans cette histoire, le corps tendu, le corps perdu, depuis mille ans, depuis toujours des rois franchissent ce ruisseau.
 
4 Août 2008.

jeudi 6 décembre 2018

Retour, sans dire, sans faire.

Dans les ténèbres la lumière vacille
______________________ fatiguée
le vent se tait ________ fossé béant
empli d’eau ___ de lumière
au creux l’absence

On attend ____ on voit
le rêve passe
la vie avance sur la rampe

Cri perdu
creux de l’oreille ____ sourde obscurité
pas du silence en équilibre sur la rampe
_______________________ ouverts au ciel
dans la main du jour un soupçon d’éternité

Maria Dolores Cano, 6 décembre 2018 à 09:40

On est sans dire, sans faire.

On est, sans rien dire, sans rien faire, sur le devant, dans la poussière, accéléré et rendu, imprimé dans la lumière, sur l’escalier. Sur le devant, on se retire du chemin, on monte, on descend, la douleur est entière. Les jours sur les jours, la chambre sur la chambre, dans le rythme, du lever au coucher, de la nuit à la nuit.

On est en espérance, on est en esclavage, il y a une petite liberté, une petite fleur sur le bord, à l’ouverture, on est ici sur le devant sans rien entendre et on essaie de dire : la lampe est allumée, ils ont crié au fond du noir, entre les larmes de la lune, dans l’air, dans le sable, éventrés et certains et sur le souffle. Le silence est intact, la nuit coule sur la toiture, les yeux ouverts, le sang en flot, ils ont tenu, ils on cherché, ils ne marchent plus, le niveau est atteint, ils tournent sur le ciel, ils comptent les étoiles, ils engrangent la chaleur et le temps. Le vent s’est tu, le noir est intense et un a crié mort ou victoire, dans l’escalier, loin du jardin au rebord de la fenêtre.

On attend, la vie avance, chaque pas remonte dans l’escalier et chaque pas sur le sol, une torture, une souffrance. On entend loin, on voit court, le sol est dur et crie et craque, les pas lourds, la lune noire, ils ont entendu, et un a crié sans espoir. La lune sur l’ouverture, les voyageurs, les condamnés, ils tirent sur le drap, sur la peau, sur le temps. Dans l’escalier, sur la rampe, la main griffe et frotte, ils ne raclent pas le pied, le sol est propre, la poussière est dehors sur le chemin où le soleil sèche la boue.

On a crié une seule fois dans la nuit, ils ont perdu le compte calme du souffle sur le lit tendu, tendus aussi et ils attendent, le soleil viendra, le calme est resté. Un pas, un autre, un cri, un autre, ils serrent et recommencent, au loin tendus, au loin perdus, sur le sol frais, dans les draps clairs. Les yeux ouverts, les yeux tendus, ils soufflent un souffle calme, il faut attendre la fraîcheur, il faut espérer, le retour des flammes, de la candeur sincère, pour vivre libres et heureux et forts. Les morts comptent le temps, les doigts servent et ils accrochent un peu de larmes, un peu de sueur, ils ont entendu la morsure.

On a lancé dans la nuit les oreilles et le jour, la suite, le temps est venu, ils se raccrochent. Il y a chaud, il y a loin, la lune tourne sur le monde, les heureux dorment et oublient, le cri est mort, le cri est loin, ils sont tendus et ils s’éveillent, le clair, le jour, chaque pas souffre en silence, le cri a retenu la vie, ils sont ensemble sur le temps, ils sont ensemble dans la nuit, ils tournent vifs et recommencent. Serrés, déposés dans la main, l’espace au ciel les recommande, ils sont frais et posés, sur le jour, dans le temps, ils montent et descendent l’escalier, la rampe, la vie, le jour, la nuit.

1 Août 2008.

lundi 3 décembre 2018

Retour d'une chose nouvelle.

Les oiseaux hypnotisent le regard à l'infini

... à l'infini ... à l'infini ... à l'infini ...

Maria Dolores Cano, 3 décembre 2018 à 14:42

Une chose nouvelle

Il se passe une chose nouvelle, l’automne est remonté en Juillet finissant. Où vont-ils ces oiseaux qui jouent, mon regard est posé sans lendemain sur eux.

Il y avait, du tremblement, il y avait, du je t’aime, il y avait, un moment grave, un moment fervent, un moment de rencontre, le finissant, l’infini et le fini.

31 Juillet 2008.

dimanche 2 décembre 2018

Gilets blancs et robes bleues.


Dans l’herbe rase.

Cela sort du néant et cela y retourne, j’entends la voix des absents. Je compte sur les prés, les fleurs, les embrassades, j’extirpe du ciel bleu le cœur et la raison, je vois un animal qui passe, les herbes sont posées, les taillis sont hauts, les arbres accueillent et posent le ciel même, les oiseaux chantent loin, ils servent les troupeaux, partis de l’infini et retournés, dans l’ombre, sortis du néant, retournés au placard, montés par l’escalier, descendus dans la plaine. Il voyait la mer, du haut de la montagne, de mures et d’oliviers, le cœur dans l’eau se baigne, le cœur dans les tourments explose son cercueil.

Je vois au sol creusé une mer de roseaux, je sens au pas tremblé de la rouille dans l’eau. Il s’est posé, il est venu l’oiseau bleu sur les eaux, il revient, il repasse et cherche une branche. Dans l’ombre, les écarts, les fleurs mauves et pâles, dans le ciel l’herbe verte et les arbres branchés. Au ciel un cœur qui bat, une aventure intense, l’idée de l’infini qui vient et rebat, le tour est infini, les oiseaux chantent, les animaux pleurent, les fleurs bleues rentrées, les fleurs bleues posées là, qui soutiennent le temps, qui grimpent dans les arbres et au soleil, les fleurs bleues qui se fanent et tournent.

Les traces sont tendues, les traces son droites, les hommes sont passés, la nature est perdue, un œil est ouvert sur cet infini, un œil est fermé dans cet infini, il en vient, il y retourne, il avance sous le soleil et compte les fleurs bleues. Je viens d’une autre rive, je viens d’un autre temps, je passe dans le ciel et frise l’ouverture et l’heure a tourné, les nuages frissonnent et grisonnent au ciel bleu, les fleurs bleues sont en panne et pendent lentement, la lumière a changé, les ombres sont plus fraîches, comme un matin de joie, de calme et d’espérance, comme un matin avant l’orage, dans le ciel un oiseau blanc passe.

Les hommes ont tracé tout droit dans l’herbe rase, les animaux aussi cachent le temps ils effrangent l’ardeur et posent l’inquiétude, toujours ils se défendent et finissent d’en haut et posent en bas leur nid et leur enfance. Dans l’eau, je verrai le sacrifice de lumière qui plonge et les rayons qui battent. Les insectes à la surface et j’attendrai d’être mouillé pour sécher mon cœur assoiffé. Je ne reconnais plus le calme et le repos, la lumière a changé, les ombres sont plus longues, il est matin encore et la terre s’éveille. Je suis et maintenant me dis, les animaux me parlent et les fleurs me sourient, où est le reste, où est le monde, où sont les gens, ce temps est à côté du temps passé des autres. Ce matin comme une journée, comme une année, comme une saison de l’éveil au sommeil, de l’hiver à l’été, ce printemps est en marche, ce printemps est fini, la douceur se contemple, le rêve se poursuit. Ils vont entrer à nouveau et encore les yeux des gens perdus sur ce chemin qui court. Il y a de la terre, de la poussière, de l’herbe sèche, de l’herbe verte, des fleurs bleues, des fleurs jaunes, des roseaux et des arbres poussés et des ombres qui tremblent et un amant heureux de cette vie chantée.

31 Juillet 2008.

samedi 1 décembre 2018

Ce jour.

Ce jour en morceaux. 

01 Décembre 2018.


Pour y croire un peu.

Retour, sans rien dire, sans rien faire.

"Compère qu'as-tu vu ?"

J'ai vu au plus chaud du jour la lumière comme une éclaboussure. J'ai vu l'ombre des arbres faire un lit aux oiseaux. J'ai vu sous les rameaux Israël libéré. J'ai vu entre les branches une étoile… une lune. J'ai vu au fil de l'eau le regard de l'homme. J'ai vu un voyageur venu du fond des âges. J'ai vu un coin de terre dont le nom fait rêver.

J'ai vu … j'ai vu … … oui, j'ai vu "sous l’arbre aux doigts penchés, sous l’arbre aux doigts levés" des hommes qui avancent, et luttent sans relâche à la sueur de leur front, goutte à goutte contre l’inexorable.

Pour qui ? Pour quoi ? Pourquoi ? Pour qui ?

Un deux trois… le ciel se lamente, le pied est dans la boue, la tête dans le nuage sans âge où la lumière crie. Un deux trois… les oiseaux lissent leurs plumes sous les pleurs du vent, et tout se noue se dénoue et se renoue dans l’inextricable.

Enchaînement figé dans le temps emmêlé.

Voyageur sur la terre, il lègue ses souffrances aux humbles passagers, aux chemins, aux sentiers, et aux soleils couchants. Dans sa voix une larme lui apaise le cœur, oiseau rouge dans la cage de sa poitrine en feu, oiseau rouge écorché, résigné dans ce jour en morceaux. 

Maria Dolores Cano, 1 décembre 2018 à 19:27

Sans rien dire, sans rien faire.

J’irai, je planterai le même drapeau, je forgerai la même bannière, j’étalerai toujours les draps du lit au carreau. La violence est ancrée, la violence est en marche, le tour du bois est beau. J’irai finir et pleurer sans entraves, et laisserai aller au terme le repos. J’irai, engranger, enlacer, dérouler la chamade, descendre à l’infini et poursuivre. La joie ce matin éclate sur la rive, le tremblement est sensible, la volonté est forte, les espoirs sont déçus, la solitude est immense, le soleil ronge l’os, le vent est supportable, les idées sont tombées.

Le tremblé est revenu, il y a dans la main, il y a dans le vent, une histoire à conter, un désespoir à lire : la liberté est faite d’ennui et d’espérance.

J’ai vu le bateau qui passait loin de moi, j’ai vu la souffrance qui calculait le rêve. Les temps sont mélangés, les genres sont perdus, il y a sur cette terre un goût de rêve et d’absence. J’admire, je retiens, je roule et je comprends l’air sur la peau, le soleil jusqu’aux os, le cœur à fond perdu. Je retiens la saison et je retiens le vent : le signal est en panne. Je retiens les soupçons et je grandis devant, je referme les yeux sur les fleurs des champs, en arme je jongle avec le grain, je jongle avec la vie, le sol prend mes sens, la course est infinie, les mondes se rappellent, les bruits révèlent le mystère.

Les hommes ont tremblé, les hommes ont crié, ils ont foulé le sol, ils frappent le métal, ils tapent sur les troncs. Ils veillent, les amants, la pression est intense, la pression est forte, ils se foulent et perdent pied et se noient dans les draps, dans la sueur, dans le souvenir, les rencontres, sous l’arbre aux doigts penchés, sous l’arbre aux doigts levés, le rien se renouvelle, l’immensité se donne, ils sont éveillés et pleurent, se défigurent et geignent et retournent à l’eau, sur le dos, sur les reins, ils frappent et recommencent.

La vibration est lente, le calme est revenu, j’aime sur le naufrage défigurer l’absence, j’aime la voix qui craque et le hoquet qui tourne, j’aime les refus donnés et le repli perdu. La peau est irritée, les fils s’étirent, le souvenir est loin, le souvenir reviens. J’ai vu le lendemain une distance entière, j’ai sur la volupté un regard ébloui, j’ai dans le jour qui danse une ferveur sincère. Je suis au masque gris pour jeter la rougeur, je suis au masque blanc pour dire et reconnaître.

Le sanglot est lointain, la pulsation est grave, le rythme est lent, bien lent, il n’y a pas d’affrontement, il n’y a pas d’embuscade, je passe et je repasse dans la boue, séchée, sans âge et sans goût. Entre l’herbe et le ciel il y a la lumière, il y a les yeux perdus, ils raclent le sol, il y a l’infini du dire, du mal faire, il y a la banale beauté, il y a le silence sans âge et sans attaches.

Un, deux, trois, un, deux, trois, je me mêle au ciel, je me mêle au vent et j’attends le miracle, j’attends la chaleur nouée sur la branche penchée, j’attends le grand sommeil et j’attends l’explosion, la liberté est là, les oiseaux en profitent, attachés à l’arbre, à la saison, au nid, au rite des amours, aux couples qui lassent de dire et ne rien dire et tout recommencer. Je suis frappé de stupeur, les oiseaux pleurent, ils griffent les épines, mordent la chair nouée, mordent le temps perdu, mordent les yeux aveugles qui font le retour clair.

Le vent soutient le calme, l’air défroisse l’horizon, au matin ce repos comme l’après- midi du calme, dénoue les muscles las, déforme les bras durs, défait le talon craquelé et sauvage qui mord à chaque pas le sol de sable et de boue. J’ai brossé mon talon et j’ai rangé mon peigne, la brosse a creusé les rides, les sillons, le corps est fatigué, l’âme est redoutable, l’hiver viendra bientôt et je suis dans le masque.

Le blanc, le noir, il faut trouer et passer au dessus et rejeter le gris et finir dans le rouge et voir le bleu, le jaune et chanter les couleurs. Le reflet sur l’eau envoie un vieillard sombre. Il touche à sa tête une raideur adolescente.

J’ai étendu les boucliers, j’ai déposé les bannières, je dépose le casque, et je montre le muscle. L’illusion est immense et le regard au sol, le cou trop raide pour lever l’œil vers l’horizon, le cou est trop raide, je suis seul sur le sol et personne ne voit et j’entends les oiseaux qui pleurent et se lamentent, j’ai toujours sur les yeux le masque des batailles : que dieu se montre seulement.

Enfant perdu, enfant trouvé, grandi et dévasté dans la liberté et la chaleur, la peau cuivrée, les mains en émoi, le cœur sur l’horizon et les yeux dans la fange, redresse un peu le cou et voit plus loin, le soleil est en haut, il faut avancer et chercher les étoiles cachées dans la lumière. Le pied foule les herbes et racle la poussière, rien ne souffle, rien ne se voit, le temps est suspendu sur l’arc des illusions, le calme est rentré et le cœur s’éteint.

Je suis à mon soleil, je suis à mon ambassade, je défriche le vide et sème le néant sur le plat, au niveau où les yeux posent une larme, tout est menacé et finira peut être, sur le sentier, je vais à mon chantier, je traîne la douleur, le silence sur le plat.

Le sol est déboisé de branches mortes, ils ont jeté la cire à la nuit sur le sol, ils étaient attroupés, ils sont partis en force, ils rentrent dans le cercle et volent mon ardeur.

31 Juillet 2008.