samedi 8 décembre 2018

Non senti la tromba ?

Je veux combattre, cela résonne et je comprends, il faut aller et prendre. La folie est proche, la rage certaine, mais froide, froide, je passe d’une rive à l’autre et j’attends, il faut combattre, il faut aller et se tromper encore, il faut forcer la dose, comprendre, racoler le destin, prendre dans la main, le poing ferme les fils serrés du monde, le lien de l’éternité. Chaque plaisir est un rocher, la vie est une mer, la voix tourne, la vie est une mer, sur chaque rocher pleure une éternité, une source pour atteindre le bord, le bord. 
 

L’existence est folie, les sources sont amères il reste un point serré, tendu, la tête dans la forge, le fer sur le fer, la folie frappe, les traîtres sont ici, ils entendent, ils chantent, ils espèrent les voix, les voix immenses, ils tirent, ils poussent, ils avancent vers l’échec, il n’y aura pas de repos, il n’y aura pas de fin, la peur, les alarmes éclatent et tonnent, tonnent, ils sont en fureur, les voix se disent et pleurent.

Il y a sur ce passage un tremblement, ils s’enfoncent, ils sont perdus et rien ne les retient, sur la peur, sur le rocher, sur l’absence, ils ne construisent rien, ils attendent et rien ne les tient. Ils se noient, fourbus, arrachés, troublés, assommés, ils perdent le temps, sur le sermon égrené, du rocher au bois, du mensonge à la vérité, les voix se taisent et retournent, ils se trompent de nom, ils ont perdu le sens, les fous sont en place, sur les pierres, sous les branches, sur la terre, il n’y a plus que des feuilles, elles tombent, elles se heurtent, enjambent les voix sur le front, sur le temps, sur la vie.

Il y a des affronts, il y a des alarmes, éclatez fières trompettes, éclatez, ils se trompent en avant, ils avancent en arrière, ils sont recrus, de fatigue et d’ennui, il n’y a pas de rêve, il y a un chemin pour avancer, il y a un tournant à prendre, une fièvre à guérir, il y a des combats à mener, pour déchirer, pour lacérer, se tromper et recommencer, pour atteindre les étoiles qui s’éloignent. Je veux combattre, j’avance et je me perds, où sont ils les géants, est-ce ma famille, où sont-ils les héros, je tourne sur le rocher et passent les oiseaux, le rêve passe, sans armes, sans fermeté, ils se répandent du rocher aux arbres, de la vision au retour, au retour.
 

Sans cesse, il se penche et voit les ombres sous les arbres, les feuilles perdues, à ramasser, il faut cueillir, la mousse sur le sol et construire, construire. La voix est silencieuse, les oiseaux tournent au soleil, sous les branches les rochers pleurent, ils sont tombés ils sont ailleurs, ils se perdent et rien ne les attend. La folie est proche, la rage certaine, mais froide, froide, je passe d’une rive à l’autre et j’attends.

5 Août 2008.

1 commentaire:

  1. La corde brisée –un titre donné à une de mes aquarelles– la corde du puits où ma mère pendait ses volailles pour les conserver au frais en vue des ripailles après les corvées de l’été la corde des guitaristes aux mains coupées par le dictateur chilien pinochet me recuerdo Amanda la calle mojada la corde des pendus se baladant dans la ballade Frère Villon la corde du trapéziste qui ne voulait plus redescendre du chapiteau tant il était captivé par le roman de Georges Perec la vie mode d’emploi la corde brisée comme une pâte la papatte des chiens écrasés par les pneus des chauffards la corde brûlée la corde du maudit sois-tu carillonneur celui de mon village s’appelait je ne l’invente pas le Rey la corde d’Alain Rey qui tire à lui les mille et un roberts et tous les dictionnaires amoureux la corde d’il pleut bergère autour du cou des blancs moutons la corde dans la valise rouge du grenier allez savoir pourquoi

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