vendredi 30 novembre 2018

On, il, elle, et tu, et je.

On vole de la poussière, on vole des grains, on vole du vent, on vole du temps, on arrache, on transpire, on transforme, on incline et on refend. L’été joue à l’automne et au soleil noyé, aux cheveux brouillés, aux écorces éclatées, on s’abrège, on se noie, on se transpire, on se forme et on recommence et palpite et subit et défait et remplit. Elles se passent, elles se passent et recommencent et s’enchantent, petites pommes au pommier, elles attendent au bord du chemin en souffrance et en poussière, le feu sur la route, oh, éteindre l’incendie, bouger, danser, parler et rire et recommencer, avaler la poussière, croquer les pommes, éteindre le petit pommier sur le bord de la route qui attend le passant dans la poussière, sur le pont ils invitent, sur le pont ils invitent, les filles se soustraient, ils n’y repensent plus, ils plongent dans l’eau et bougent dans le canal, les oiseaux glissent sur l’eau, la rambarde est aveugle. Je suis dans l’absolu, je suis dans l’émouvante confession, je suis dans la survie je suis dans l’attente, je suis sur le bord et j’attends, les filles se refusent sur le pont, ils plongent, plongent et ils attendent, le pommier sur le bord de la route attend couvert de poussière. Incrusté, inséré, serti dans le paysage, serti dans le pays, calqué sur le poison, posé sur le rebord, la tache rouge le regarde, il avance, il frissonne et il rit et il rit. La vie s’est refusée, les oiseaux sont tombés, les feuilles sont sèches et l’été joue à l’automne, les oiseaux en bande assombrissent le paysage, le matin devient la nuit. Amandes au paysages et vertes et douces, il refuse mais reconnaît les fleurs et les fruits entassés dans un sac gonflé de vent et d’incertitude, il avance dans la poussière les autres courent, courent. Comme une saison avant l’autre, les feuilles jaunes, les feuilles tournent, le raisin est presque mur, la vie va beaucoup trop vite, une voix se plaint et emballe les confidences, les talus sont ravinés, la terre est arrachée, la poussière vole, ils courent au loin, ils avancent, la saison est trop en avance, la récolte sera perdue, il a changé de paysage, il a changé de lieu, il s’enfonce dans le vert, la cabane est agrandie, le sourire lui pèse, il avance sans remord, il ne sait où il veut, les nuages passent sur les branches, ils portent une odeur de résine et de benjoin, sur le figuier noir ils attendent les rouleaux du malheur, l’infinie précision et la candeur. Il faudrait qu’ils en tirent, il faudrait qu’ils en soient, des oubliés du temps, des blessés dans ce paysage aux amandes douces, ils ont déchiré leurs armures, ils ont répandu leurs entrailles, ils sont à petit feu, décomposés, finis, posés sur le devant, posés près des étangs où les coquilles brillent.

Ils ont bien répondu et chanté sans attendre et fini sans espérer, il aura ainsi fait tout ce qu’il avait à faire, sans angoisses, détendu, réfléchi et posé. J’ai trouvé, j’y comptais et je suis près de la rive, je fuyais la misère et rechantais le temps et composais dans la chaleur qui monte une hymne pour la liberté, une hymne pour la fin des temps. Entassé, écrasé, pourri, répandu sur la berge, défiguré, le temps perdu de misère et d’angoisse affronté, somnolant il saigne et se lamente, toujours cela remonte, toujours cela reprend du fond de l’eau, du fond de la boue, le meurtre et l’habitude, les mots sont innocents, les herbes sont pointues. Je veux, je viens, j’enchante, je romps, je lie, je pointe, il faudra bien tuer la menace éclatante, il faudra bien offrir un espoir, un retour, un abandon, une entrée dans l’histoire, il faudra bien apprendre à lire, à écrire, à compter, à tuer, à piller, à renverser la pierre, à tourner le mal sur lui-même, à définir le chaos, à crier dans l’immortalité pour que reviennent éclatants et glorieux, la paix, la liberté, le calme, le repos. Il n’a plus de raison d’être, il s’avance, il se donne, il cherche la perpétuité, il cherche les ennuis, il cherche le repos, il a fini la gloire et sorti la menace. Elle est posée et en attente elle est suspendue, elle est là, elle retient, elle avance, elle compte pour le dernier combat. Il a fendu la grève, il a profité du combat, il a perdu, il a gagné, il a trouvé des ressources et la force, il a tombé la feuille, il a tombé l’armure, il a fendu le temps, il a fendu l’espace, il avance, il se cherche et recommence et vive la victoire. Il y a les autres, il y a toi, ils attendent ta parole, ils attendent ta décision et viens donc le mettre là et viens donc chanter la gloire, il fait pâlir le jour et il fait brunir le ciel. Ô, joie simple, ô, merveille, ô, contentement, ô, repli loin de soi sur soi et sur la grève, pour enchanter le temps, pour définir l’espace, pour recommencer, il a tué, le sang coule, les mains écartées, les doigts écartés, le sang et l’air passent au travers, il est percé, il est tendu, il est rendu, il avale l’air, il avale le temps, il précise, l’œil pensif, l’œil blanc, l’œil révulsé, il précise sa fin, il chante la victoire, il s’est battu, il s’est battu mais il n’est plus. Enfance perdue, enfance envolée, il faut, les femmes pleurent, il faut les hommes curieux, ils avancent, ils se traînent, les berceaux, les combats, les armes, le brancard est plein, les viscères palpitent, il est grandi, il est perdu, la montagne est au cauchemar, cela grimpe, cela monte, les vieilles femmes pleurent, pleurent, les jeunes vont se battre et déchirer leurs doigts et puis le brouillard tremble, l’or est perdu, l’or est enfoncé les jeunes femmes pleurent les enfants ne viendront plus.

Comme si il y avait un coin, comme si il y avait un trou pour les trépassés, les abusés, les pendus, les suicidés, les noyés, les perdus, ils se noient, ils se tuent et ils laissent leurs femmes, elles ont perdu et leur âme et leur vie. Il a perdu le fil, il a changé d’espace, écrasé, éperdu, sorti du brouillard, l’ombre maintenant devient immense, il se traîne et recommence et se lamente et geint. Ils auront ensemble abusé de la gloire, célébré la victoire, chanté le repos éclatant.

30 Juillet 2008.

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