jeudi 15 novembre 2018

Un lendemain à chaque jour. 1


Le chien boit et tout repasse, les fleurs sont épanouies, les oiseaux tournent et chantent, il respire si fort, il est plein d’amertume, l’amertume l’éblouit, les oiseaux chantent, les fleurs sont bleues, les mûres rouges, les oiseaux chantent, les fleurs sont bleues. Il est reparti sur la route, corde bleue, couverture, corde bleue, et le chien tire, les fleurs sont bleues et jaunes, et jaunes et bleues.

Il repartirait sous les ombrages, sur les herbages, sur les cailloux qui glissent sous le pied, le pied qui bronche et s’étire et s’éclate, il revient et pense et tourne et finit peu et finit mal et tourne clair et voit au loin la marque jaune, les mûres rouges. Il boit et il tourne et il vole et il vire, et jaune et rouge et vert et bleu, du noir sur la rive, sur le chemin qui tourne, les insectes grattent le tronc, le sol, le chien boit dans le blanc, près du rouge, près du jaune.

Un avertissement, le chien tourne, les oiseaux tournent, la poussière et les feuilles sèches sur les cailloux, les oiseaux et les insectes, ils grattent les troncs, ils grattent le fer, ils grattent le temps, ils grattent l’envie, et la désespérance.

Les feuilles, les bois, les vallons, l’eau qui coule, les insectes grattent, le feu brûle et fume, les machines tournent. Il revient de l’enfer, il retourne au paradis, il vient de l’enfer, il tourne au paradis, le chien accélère, les oiseaux s’en vont, les oiseaux se meurent. Il y a sur le chemin, bâton abandonné, un morceau de bois brisé, des cailloux éclatés, le pied tourne, il meurt, de chaud, de soif, d’envie et de désespérance, de rien à faire et de rien à dire. Retourner et repartir, sans rien dire, sans rien faire et voir l’eau qui coule et tourne, il s’essouffle, il revient, il repart, il avance.

Sur le chêne, une branche éclatée, la poussière vole, les libellules volent, les oiseaux volent et tournent, sur le devant, sur le derrière. Il fait chaud, les oiseaux tournent, les insectes se grattent contre le bois. A la main une herbe sèche, une feuille fanée, une branche ébranchée, un sanglot tendu, retenu, des fleur blanches au bord du chemin et des feuilles étalées. La vie avance, la vie repart, il s’écroule et recommence, tourne le pied sur les cailloux. Il reviendra dans ce paysage fort, dans ce terrain perdu, dans ce vallon, dans cette poussière, les oiseaux, les insectes grattent, grattent, les troncs sont torturés, le jour avance.

Du ciel tombe la vérité, rien ne vient, rien ne va, une erreur, un fragment perdu, un bout d’étoile, un bout de chien battu, un bout de fleur et d’ironie, un bout de mollet tendu, crispé et perdu, claqué un jour après des chevaux, un jour avant l’aurore, un jour perdu, claqué et envolé et parti et dispersé, ils sont partis et dispersés les chevaux qui nous attendaient et il disait aux petit enfant, rêve d’un cheval de rêve, il te fera vivre et tu continueras ton rêve, parti et revenu.

Il faut renaître avec les branches, sous la cendre, partir et commander une nouvelle urgence, tirer du boisseau de poussière des fleurs aimantes, voler au dessus des cailloux, au bord du toit, au bord du rien, il est perdu, le chien tourne, il marche. Se mêlent : le chemin de poussière et le canal et le lac perdu là bas et les montagne à venir, l'amertume et les sourires, le lac, eaux sombres, les oiseaux poussent d’un coup de bec, onde d’eau, une ridule. Un oiseau s’éparpille, les ailes étaient noires et le ventre était blanc. Au fin, au fond, les arbres pointus, les poutres s’élèvent, les maisons grandissent, les enfants y chantent les oiseaux en l’air, dans le ciel, un été à venir, un été perdu, un été ramassé, un été de drame et d’impatience, imprudent et recommencé.

Il est perdu, la main est perdue dans la poussière, sur le chemin, écrasée et froissée, une main sans doigt, une main sanglante, qui tire et qui agrippe, qui est foulée. Le chien passe, le pré est vert, roseaux et cannes, le pont et le lac, les eaux sombres, le ciel, les oiseaux tournent et poussent une ridule d’eau, deux ondes se croisent, une explosion, il est là bas, il est perdu, le monde tourne, et tout s’accumule, il veut remplir son sac de cailloux et de mots et de perles et de bijoux, les oiseaux blancs tournent, les oiseaux bleus tournent, il frotte et il tire, les oiseaux se grattent, les insectes se grattent, le bois est sec, les cannes dures, tournent, l’été est perdu.

Il siffle et désespère, les fleurs sur les arbres sèchent, les pieds dans l’eau, les fleurs jaunes montent, les cannes au ciel, les cannes vertes, et le pied sur les cailloux. Il racle, il pousse, il tire et il remplit son sac, son sac est plein, de vent, de rêve et d’ambition, de reconnaissance et d’abandon. Le ciel tourne, la vie est bleue, en avance sur le chemin, sur l’étendue, sur l’espace, il faut avancer, il faut recueillir et tourner, repartir, penser aux montagnes, penser à la marche, penser à l’eau et y penser si fort et se retenir si fort, et espérer un lendemain à chaque jour.

L'imbécile, un lendemain à chaque jour, un jour sans lendemain, il faudra rendre les armes et les comptes et dire pourquoi ce jour là, sur le chemin si sec et si plein de poussière, il longeait un cours d’eau et pensait à un lac, il voyait des oiseaux dans le ciel et redisait ce chant et refermait les yeux et avançait toujours et se tordait le pied.

16 Juillet 2008.

1 commentaire:

  1. Chaque jour renaît de la nuit qui enfante les chiens et les oiseaux, les fleurs et les chansons, le jaune et le bleu et le rouge et le gris, et les roses sur le mur qui séduisent les insectes, les cailloux hors du temps qui enlacent les feuilles, et l’envie d’espérer aux portes de la nuit que demain renaîtront les chiens et les oiseaux, les cailloux dans les feuilles, les fleurs et les chansons, et le bleu et le gris, et le rouge de la vie … et … il avance, il avance dans ce "Val sans retour". Les voix suspendues aux branches lui disent les secrets de l'eau.


    Le jour avance dans la poussière, dans les cailloux, les fleurs des champs et des talus, suivant la trace des oiseaux dans le revers des sillons, et la blessure des insectes au cœur des branches. Le jour avance, le jour avance.


    Au bord du monde la frontière, le grand fleuve où le souffle se meut sur l'onde. S'ouvrir au monde et suivre l'oiseau, là-bas où veille le vent. Là-bas où veille le vent, s'ouvrir et suivre l'oiseau sur la frontière du grand fleuve où le souffle se meut sur l'onde … de l'autre côté du monde.


    Et demain que sera-t-il du lac et de l’eau, de la montagne et de l’oiseau, de la fleur rouge à l’horizon ? Et demain sur le chemin de quelle couleur seront les cailloux qui roulent et tournent et tordent le pied ? Et demain que sortira-t-il de son sac si plein, si plein, un peu de vent et d’ambition, un peu de rêve et de passion ?

    Alors demain viendra le temps des floraisons sous un ciel du soir plus vaste.


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