mardi 5 mars 2019

J’irai vers les oiseaux sauvages.

Pour Colette. (Heureux anniversaire)

Je pars à la rencontre des oiseaux sauvages, je défais dans du bleu, du bleu sans compter, sans compter, ô, défaire sans compter du bleu sur du bleu, des cailloux sur des cailloux, des oiseaux dans le ciel, du vide dans les poches et de l’air dans le vent, des idées dans les poches et de l’air dans le vent, compter un à un les oiseaux dans le ciel, les fleurs jaunes et mauves et le grand ciel qui passe et les oiseaux changeant et le front délacé et la mer en partance et le grand goût des choses et le front éperdu, des lianes sur les troncs, les bambous en cascade, et les cannes au vent.

Un caillou après l’autre, un pas après un autre, il fonce devant, il voit les herbes sèches et les graines qui volent, et, et, le bleu dans le bleu et le ciel dans le ciel, il avance, il voit les mûres mêmes à venir.

Comme une chanson d’été, comme une chanson d’automne, le ciel est bleu, l’herbe est verte, les oiseaux dans le ciel et dans l’air de l’air, et dans le vent, du vent, et au carreau qui vient une ombre se déplace, le fardeau est posé, les comptes sont comptés, il ne restera rien de ce temps qui est passé, il n’en reste qu’un peu de poudre sèche, un peu de poussière, de l’aveu, du sanglot, les arbres sont verts, les chevaux sous les branches : à l’ombre ils se reposent et contemplent le temps, les animaux s’envolent, les herbes sont contentes, les vaches dans le pré mettent des tabliers.

On respire, on est calme, le vent souffle, l’herbe est verte, les toits sont remontés, les papillons au ciel rêvent d’insouciance, une herbe après l’autre : le sol est refoulé, les oiseaux se déplacent, on entend la musique, le calme est revenu, la vie recommencée.

Ils sont vains tous les mots, ils décrivent une absence, un vide à remplacer, les coquilles au dos foulées par les pieds, les escargots aux branches défigurent et entendent, il faut compter les herbes, il faut compter les cailloux, il faut compter les oiseaux, il faut compter le compte et redire l’histoire et voir sur le devant les grands noirs qui regardent, neuf corbeaux musardent, leur vol est arrêté, les arbres meurent et penchent et les graines s’envolent, le souffle au bout du souffle et le vent est posé.

Il est venu pour voir les oiseaux, ils sont là, il est venu et voit et les oiseaux s’envolent, l’herbe est verte et les feuilles tournent, le souffle est chaud, il rêve de l’hiver, il promène, il avance, il musarde, il compte les oiseaux au ciel, il foule les herbes et racle les cailloux, on y revient encore pour dire l’espérance, il a posé sur terre des idées, il a fourragé dans le symbole, il a vu, il entend les branches et les bruits, un peuple tient séance, les chefs sont arrêtés, ils se croisent, ils se dépensent, ils rêvent en plein été.

D’avance et en partance, il a fini son temps, il compte les cailloux, il foule l’herbe verte, il est venu à la rencontre des oiseaux et les oiseaux sont là, et le cortège avance, un peuple se déplace, un royaume est atteint, ils se remplissent d’air et gonflent sous le charme, les buissons sont fourrés, ils avancent, ils sont là, à travers champ, à travers temps, à travers Dieu, ils s’entrelacent, ils rêvent au ciel bleu, ils décomptent le temps, ils avancent un pas l’autre, ils se freinent, ils recommencent, ils recommencent un dialogue de sourd et d’aveugle, le muet agite les mains et boit le temps, la vie est claire, le calme est là, le fardeau est posé et puis tout recommence, on avance, on distance, on foule les cailloux, l’herbe est verte, les bœufs immenses raclent et meuglent, les pieds dans l’eau, la tête au feu, ils se déposent et ils avancent, un pas l’autre, un pas.

Le diable et son violon : ils poussent la chanson, ils avancent un air d’été en fête, les oiseaux dans le ciel poussent et bousculent et recommencent, les herbes, les cailloux, la fange sèche, l’ombre avance immense et redoutable, le vent dans les oreilles, la peur bien loin, bien loin, le fardeau est posé, ils avancent, ils sont là, on y revient toujours, et marche et te dépense et croise dans tes yeux des nuages et du temps et les oiseaux qui volent et le ciel qui balance : respire avec eux et décris ton serment et ferme et cherche encore, cherche un mot et puis un autre et dit : ton peuple avance et dit : ton roi est en avance et dit : il s’avance à travers les champs et dit : il se poste et recommence et se pose un peu à l’ombre des tourments.

Le ciel est reposé, le soleil est immense, les ombres agrandissent et déforment le temps, il est chargé de chaleur et de poids et il avance toujours un pied bien devant l’autre et il compte les pas et il cherche des failles, la terre est craquelée et les herbes sont vertes, on ira loin devant, on ira loin derrière, on comptera les pas, on marchera toujours : il faut avancer, il faut qu’on se libère et s’il disait : « mort au tyran, avançons, tuons les tous ».

Petit rêve de sieste, petit rêve d’envie, petit désir de gloire et d’entrer dans l’histoire, la vie est posée ainsi, entre la terre et le ciel, la lune est loin encore, les étoiles sont absentes, le soleil chauffe, chauffe, et tout cela est vide et tout cela se vide, et recommence, il se plaint et il crie, les oiseaux au loin crient et il avance dans l’ombre enfin fraîche qui le calme, le temps est suspendu, la poussière vole, il fait plus frais ici, il avance encore, les enfants se sont tus, il y a du temps, les uns se sont mouillés, les autres se sont tués, ils flétrissent tous dans les fourrés.

Les oiseaux au bleu métallique, volent et se posent sur un lit de fleurs jaunes à l’ombre des grands saules, sur le flanc ils reposent, ils sont posés au loin ces enfants disparus, personne ne les pleure, on ne les entend plus.

Dans l’herbe verte, à l’ombre, la vigne a poussé, les cannes sont dressées, il fait un temps de rose, un temps de bien, un temps de volupté, un temps d’espérance, un temps de charité, avance donc et compte les fleurs jaunes, les fleurs bleues, il n’y a pas de rouge, il n’y a que du bleu, du vert, du gris, de la poussière et de la joie au cœur, vraie et sincère, le fardeau est posé, le peuple est en avance, il rêve de rouge, il rêve et rêve encore, mais rien ne commence, il est entre l’herbe sèche, les cailloux et la vigne qui pousse à l’ombre, il rend fou, il rend plein de joie et de plaisir sincère : un roi solitaire foule son royaume, il avance, il se tient, il espère, il relève au ciel les yeux brûlés, le soleil est immense et le rouge apparaît, il ferme les yeux, son trône est sous un arbre, tronc brisé, frappé de foudre et d’éclats, il déclare sa peine, il crie sa victoire, ils iront bien encore, bien plus loin, bien avant, devant, oublier l’air.

Ils ont oublié le vent, ils ont oublié la foi, il reste l’espérance, ils avancent, ils on dit le symbole, les idées, la vie est suspendue et que faut-il chercher et que faut-il croire, il faut simplement avancer, mais attendre, attendre que la lumière se lève, attendre que le jour donne la foi, les oiseaux se dépensent, ils sont à corps perdu, ils avancent et ils chantent une chanson d’été, bien avant que l’automne ne soit venu, venu et revenu.

Ils tanguent et se déplacent, le vent souffle encore, l’air est plein d’air, le vent est plein de vent, des herbes sont poison, des gouttes enivrantes coulent au front perdu du roi, il meurt, il meurt, il avance, il avance en plein champ et il griffe ses pieds aux cailloux noirs et verts, aux coquilles sur le dos, le front est recouvert de poisons et d’orgueil et de sincère absence.

Cet été il n’a que lumière et joie pourtant le ton est grave, le tronc brisé, à l’ombre est son trône, le ton est grave, la vie est importante, allons-y, allons-y, avancez, regardez, écoutez, et soufflez, soufflez sur les feuilles fines, une note après l’autre, l’accord est impossible, l’harmonie n’est pas pour les solitaires, les roseaux plient, il se déplace, l’air souffle encore, l’air souffle encore, l’air souffle chaud.

Un temps de rien, une espérance, le rouge est mis, le rouge est fort, les insectes sur le tronc, grattent le tronc, et froncent l’âme, idée, symbole et devoir, ils ont posé des mots, des mots sur des cailloux et gravé et gravé les pierres de l’édifice, et sculpté et sculpté des fleurs sur les cailloux et répandu du miel sur les parois lisses, le sacrifice est là, les oiseaux sont absents, absents, perdus, partis, revenus, ils dorment sur les arbres, les plumes tombent encore, les coquilles sur le dos, les tortues lentes sont perdues, ils rêvent encore et mastiquent, mastiquent.

La lenteur déploie l’inconnu, il est dur d’affirmer, il est dur d’affirmer mais faut-il affirmer que le sol est sol, que la terre est plate, que la poussière est sèche, que le ciel est bleu, que le soleil frappe, qu’il fait chaud, et qu’un frisson curieux remonte vers les épaules, la nature est en sommeil et un roi tout seul marche sur son royaume, sans raison, sans rien faire, que dire seulement, il n’a plus peur, il a posé son fardeau. Tous s’étirent et se traînent et baillent et tendent les bras, ils se réveillent d’un grand sommeil, ils tournent sur le front, ils dansent en farandoles et ils avancent, les roseaux sont verts, les fleurs sont jaunes, le rouge est absent et le sel remonte, remonte des étangs, et s’évapore, s’évapore au ciel et les nuages, les nuages sont là et les grands noirs regardent, taureaux noirs perdus.

Des baillons aux oiseaux blancs, ils sont guerriers, ils sont absents, ils sont au repos, ils attendent, ils attendent et mâchent et remâchent, les coquilles sur le dos, les tortues lentes, le roi visite son royaume, au croisement, au pont la route cesse, les bateaux passent, le donjon est immense et redoutable, il faut bien rire de ces phrases idiotes, il faut bien rire de ces marais boueux qui sèchent peu à peu, le sel remonte et les bateaux passent, où sont-ils les jours heureux.

Quand on a vu en bas, quand on a vu en haut, le bas regarde le haut, le haut cherche le bas, ils se disent un roi se divertit, il se promène et arpente son royaume, il grimpe à son donjon, une châtelaine en sa tour, une sainte en son auréole, les oiseaux blancs s’envolent et le soleil écrase tout.

Il y a eu rupture, il est monté sur sa tour, un œil après l’autre, il regarde et les herbes et les roseaux et l’eau verte, si verte, si pleine, les taureaux noirs qui dorment, les arbres secs les pieds dans l’eau morte, tout est mort ou dort, et morne, il promène un œil et puis un autre, sur ce royaume, les oiseaux blancs un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix sept, dix huit dix neuf, vingt, vingt oiseaux blancs volent au ciel, les taureaux pleurent, le chien suffoque, et le cadastre n’est pas rempli, il faut encore arpenter, arpenter et compter et il voit les chevaux blancs, les chevaux blancs crinière au vent, la queue qui flotte, les vingt oiseaux se sont posés, vingt oiseaux, vingt taureaux, le sureau les pieds dans l’eau, les arbres secs et morts les pieds dans l’eau, cette eau si verte et si pleine, si pleine de miasmes, si pleine d’horreurs, il faudrait des yeux pour remonter la vase, pour refouler le temps, pour dire ce qui ne peut se dire, pour dire j’ai posé mon fardeau, je suis seul au monde, écrasé de soleil, posé sur le donjon et je regarde tout d’en haut, d’en haut et je regarde d’en bas, d’en bas, le ciel bleu si bleu, je suis parti à la recherche des oiseaux, j’ai trouvé les oiseaux, j’ai trouvé les taureaux, j’ai trouvé les roseaux, j’ai trouvé les pieds dans l’eau et j’ai chaud et j’ai soif et je dis je suis un roi qui arpente son royaume, la vie avance, je suis content, je suis paisible, mon fardeau est posé, le temps passe, je compte le temps, je compte l’air, l’air est plein d’air, le vent plein de vent, et les oiseaux poussent au vent et les papillons volent d’une branche à l’autre et les oiseaux au bleu de métal se posent et recommencent, la vie est ainsi faite, le vent est chargé, il est charmant ce vent qui souffle, il est chargé de sel et d’eau et tout se sèche, et tout est beau.

Sur les planches sèches, un pied puis un autre, mouillés ont laissé sa trace, il suffoque, il compte les graines aux arbres et les petites lianes en fleur et les branches séchées et les fourmis qui passent, la trace a disparu, l’eau est évaporée.

Le temps est suspendu, la mer est immense, la mer n’est pas, l’immense est bien, les oiseaux repassent, ils sont vingt, ils étaient vingt, ils passent, et ils repassent, les arbres secs les pieds dans l’eau sont morts de soif, sans espérance.

Ils sont mon fardeau, je les laisse à ma droite et le fleuve est à gauche et l’herbe est verte et il fait chaud, il fait chaud, qui pense à la carotte sauvage au cerisier en fleur, le sureau est en fleur et sent mauvais, mauvais, les panneaux jaunes, jaunes, les bornes vertes, vertes, les libellules et de l’oseille sèche et rouillée, liseron rose et liseron blanc, la terre est sèche, la poussière s’envole, les pieds dans l’eau, les arbres sont morts, les pieds dans l’eau, leur fardeau est posé, ils sont libres, il reste l’image, un squelette au vent, un corps décharné, des branches au ciel, au ciel bleu, les corbeaux, les corbeaux, les corbeaux sont posés, les papillons blancs volent, volent.

Cela viendra plus tard, cela sera pour un autre temps, dans une autre histoire, dans un autre moment, les escargots ont grimpé sur les herbes et les pas crissent, crissent sur le sol, la vérité est simple, le temps est chaud, le ciel est bleu, le sol est dur et sec et le roi soufflant, souffle en son royaume, il souffle dans sa main comme pour se chauffer les doigts et il meurt de chaud et il meurt de soif, les pieds fatigués, les liserons roses, les liserons blancs, le rouge est absent, une libellule passe, une tortue a plongé dans l’eau, si lente, si lente, le symbole qui mastique, qui mastique le temps et tu cherches et tu trouves une idée après l’autre, d’une image à une autre, d’un signe à un autre, une idée après l’autre, et le compte passe.

Il compte sur ses doigts le temps passé, le temps à venir, le temps perdu et l’attente, enfin nous reviendrons et nous chanterons dans la gloire, le vent est suspendu à tes lèvres, à ton histoire, les hommes chantent au loin et tu n’es pas leur roi, ils chantent une chanson d’été et de cailloux et tu bois de l’air, dans l’air, de l’eau, le souffle clair, la bouche immense tu aspires l’eau, et tu comptes le temps, tu vas, perdu et libre, ton fardeau est posé, et plus rien n’attend, et plus rien n’attend, le grand paon de jour se balance, le machaon doré, sucrerie, les fleurs blanches passent et le sureau sent fort et mauvais et les vaches n’en mange pas, ni les chevaux et le chien les ignore et il passe, le liseron est rose, le liseron est blanc, le pas est bien plus souple, l’herbe verte, si verte dans cette chaleur c’est à n’y rien comprendre.

Le temps est suspendu, les bateaux montent comme un bord de mer ce bord de fleuve, ce canal et les ruines battent ce pas inutile et les symboles et les idées, gravés sur les cailloux, ils attendent, ils arrivent, ils se comptent, ils espèrent, ils avancent toujours et toi tu cours, tu cours sur le sentier, tu berces ton royaume, tu perces ta coquille, tu avances et tu penses, la tortue est si lente, si lente elle plonge, elle a plongé dans l’eau, tu as vu une fois la tortue d’eau du marais qui tourne vers l’eau, vers le sud, vers la mer, le symbole et l’idée et l’eau est si présente, le bateau, la vergue, l’assemblée des eaux, les eaux assemblées, l’assemblée des oiseaux, le compte des vaches, le retour des troupeaux, les herbes folles penchent et le bateau qui passe a un toit bleu bien bleu, moins que le ciel bleu.

Ils sont nus sous la toile, il a trouvé un temple bleu plus clair, ils sont nus sous la toile, le bleu de la toile est moins beau que le bleu du ciel, ils sont jeunes et souriants, ils saluent et se penchent et disent des bons jours, le liseron est rose, le liseron est blanc, le ton est grave et calme, et ce ton grave et calme est le masque de la joie, la joie de l’inutile, la joie de la vacance, la joie du temps perdu, d’un mot après l’autre sans utilité, sans rien en dire de plus, sans rien en faire, sans rien offrir que se laver l’esprit, que se dire un roi avance et parcours son royaume inutile dérisoire et nécessaire, il témoigne qu’ici et maintenant, hic et nunc, le sol est dur, l’herbe est verte, le ciel est bleu, l’air est chaud, le vent est plein de vent, l’air est plein d’air, les animaux suffoquent, les oiseaux blancs se penchent, l’air traverse les arbres, il fait si chaud, si sec, et pourtant l’herbe est si verte, il construit, déconstruit, reconstruit, remonte, ruine et élabore, et il recommence et il se dit, je traverse encore une fois mon royaume inutile, inutile et je me lave et j’avance et le pas traîne dans l’herbe, verte malgré le sec, malgré le temps perdu, il avance et il compte un mot après l’autre, il compte les oiseaux, vingt dans l’air, vingt blancs dispersés au milieu des taureaux noirs, il était parti pour chercher les oiseaux, il a trouvé leur trace, ils reviennent et il compte, ils sont perdus, perdus dans l’air immense, le trèfle est rose, le liseron est blanc et rose, les chardons piquent et les fleurs bleues, fleurs qui s’ouvrent au matin, fleurs bleues qui portent les escargots, fleurs bleues sans pétales, demain matin vous serez là, vous serez là, je chanterai, vous chanterez.

La voix, le muscle est détendu, tout est posé, du pauvre seul ami fidèle, descends à la voix qui t’appelle, descends. En finir avec les mots avec la bataille aujourd’hui en Juillet, tu marqueras un chiffre au fond de la page et tu diras il n’a pas perdu son temps, les papillons volent dans l’air, ils étaient blancs, ils sont jaunes, il y eut un machaon, il y eut un paon de jour, je ne sais si c’est la vérité, les papillons j’ignore, je ne sais rien, j’avance et le fardeau est posé, posé et le roi dans son royaume et avance, avance, il faut avancer, le pas est lent, le ton est grave, c’est un masque pour la joie.

Ils iront tendus d’aventure, ils chanteront, il se dit ce peuple est en révolte, il faut bousculer et le trône et le banc, il faut brûler les maisons, les toitures, il faut vider les coffres, il faut répandre l’argent, il faut brûler ce qui brûle, il faut chanter ce qui chante, il faut dompter l’indomptable, il faut vendre l’invendable, il faut crier ce qui ne peut, il faut casser, il faut briser, il faut percer, il faut fouler la pierre, il faut pousser les cailloux, il faut massacrer, massacrer, couper les herbes, tailler les jardins, en finir, en finir pour pouvoir commencer, en finir pour recommencer, ce roi est fou, il disperse son royaume, il foule une à une les herbes de son temps, il brûle un à un les fétus, il mâche les brindilles, il déclenche le temps, il rompt les amarres, il va brûler tous les vaisseaux, il attend, il avance, il espère, il y croit, il se trompe, inutile, inutile, il avance dans le temps, il avance en fermant, il serre sur lui le cœur, les mains, la poignée de main du contrat qui résout tout, il avance, il avance, il a coupé le tesson, le temps est rompu, le pacte est scellé, il sait le dire, la rupture dit l’alliance, une rupture dit l’alliance, le temps est posé, le temps est compté, il avance, il écrase les herbes, les trèfles, liseron roses, liserons blancs, fleurs jaunes, de l’eau à la main, du feu sur la tête, le sel est dans l’air, la terre est sous ses pas, le roi dispense, il couronne, il répand la pierre a obtenir, le fer, le sel, la terre, l’eau, le feu, l’air, la terre, l’eau, le feu, la terre est dure, le feu est chaud, le ciel est bleu, il avance, il se pâme, il répand au soleil tous les mots inutiles, il épand, se répand, il pense une rupture dit l’alliance, voilà la clef, une rupture dit l’alliance, le reste n’est que mots, perdus, le roi avance sur son territoire, il parcours son royaume, il rend sa justice, et sa justice dit : une rupture dit l’alliance, des os rompus, de la chair éparse, de l’herbe verte foulée, le pied est souple, la terre est sèche, la poussière vole, l’eau est dans l’eau, l’air est dans l’air, le vent est vent et le vent souffle au loin les chansons, les hommes simples chantent et dansent et ils avancent et ils dansent, un été, un été, un été de plus, les escargots ont grimpé sur les tiges vertes, demain ils seront là, et dans les fleurs bleues, fraîches, épanouies, les fleurs du matin.

On s’enferme et on rompt et la rupture est signe d’alliance, on rompt le pain, on rompt le verre, on rompt la terre cuite, tout est coupé, fendu, brisé, distendu, le royaume se craquelle, il avance à travers ses champs, il chante et écrase l’herbe sous ses pieds, il avance, il a posé son fardeau, il brise les toiles d’araignées, il est géant, il est puissant, il conte la rupture, la rupture est signe d’alliance, en fera-t-il encore un pas, en fera-t-il encore un rêve, sa marche est suspendue, le vent est vent, l’air est dans l’air, l’eau est dans l’eau, les papillons dans l’air, jaunes et bleus, le liseron rose, le liseron blanc, il avance se promène et se détend et déride les muscles un à un, il chante dans le vent, il soupire, il se complaît, il se frappe de mots, d’un mot à l’autre, d’une image à une autre : une clef à briser, un air à enchanter, il faut dire la vie est simple, la vie est calme, la terre est dure, l’air est dans l’air, le ciel est bleu, le soleil est chaud, l’air, la terre, le feu et l’eau, l’eau est si proche, si verte et pleine, pleine de tout, et imbuvable, l’herbe est riche et verte et immangeable, l’air est dans l’air, il est irrespirable et la vie est invivable, et pourtant le fardeau est posé, et la vie irrespirable, invivable et douloureuse et calme et lente, le temps passe avant de passer ailleurs, on s’éveille, on se réveille de ce rêve éveillé, il suffit de se dire suis-je le roi de ce royaume, suis-je perdu, sous le ciel, le soleil bleu et tout se mélange, il y a rupture et donc il y a alliance, et d’autres se disaient que la trahison vient juste après le plus haut de l’amour, au sommet il y a la trahison et la rupture est signe d’alliance, c’est la clef, un pot rompu, des années de bonheur, un miroir brisé des années de malheur, l’herbe foulée pourtant si verte dans la chaleur, les papillons, les liserons roses, les liserons blancs, la vie à resserrer, la clef à oublier, le ton à animer, si grave, si calme, si lent, mesuré, posé, pour donner de la grandeur aux choses futiles, pour faire accroire, accroire, pour mentir et le fardeau est posé, la vie est calme, la vie avance, la tête est propre, l’esprit est lavé, le cœur est apaisé, il respire, le papillon jaune vole devant et le roi avance dans son royaume, au loin les hommes chantent, sujets heureux de leur royaume à eux, ils chantent l’été, ils sont en attente, ils espèrent, ils sont contents, la vie est calme et reposée. 

16 Juillet 2010.

1 commentaire:

  1. J'ai posé ici il y a quelques jours à trois reprises des liens renvoyant à des pages illustrées, mais il semblerait que ça n'ait pas voulu marcher ;-) :-)

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