mercredi 16 octobre 2019

Paysage tragique. II


Et personne ne dit : « Venez, allons voir la mer, les prés, les champs, le pays, les douceurs, les malheurs, les grands changements et la vie qui continue. »

Ils se tournent, ils se cherchent, ils accumulent les erreurs, ils ne finissent rien et commencent si peu.

Il y a un air simple et doux, la fraîcheur calme fait succomber, la paresse est sur le toit. Ils pensent souvent aux enfants piqués d’insectes et mordus de serpents, ils tournent à l’envi et tombent, tombent, tombent, il est un air, une manière de voir, de dire et d’oublier ce qu’il y aura devant, plus loin et d’oublier d’où l’on vient. Ils se penchent, ils s’enlacent, ils sont perdus et accélèrent, ils tranchent dans le vif, ils noient les plus petits, ils bousculent et tombent. Oh, tomber, oh entendre et finir sur le dos, sur le dos, les mains ouvertes, le cœur perdu, le teint noyé, la peau s’arrache, brûlée, à vif.

Sur les sentiments, sur la chaleur, il oserait les voluptés, il se dirait, conquérant, je plonge, je plonge, il n’y a rien de nouveau, tout est à l’usure, tout est en marche, il se comble, il s’enchante, il est environné de peurs et de serpents, de doutes, et de doutes, tout au flambeau, tout à la hache, aux errances, aux lendemains, il aura un soir, une impression plus forte et le temps un peu oscillera, il aura des lits et des mains et du sanglot, il faudra passer et se rendre et passer encore et accepter et il se dira : je n’ai pas assez vu la mer, je n’ai pas assez vu les prés, je n’ai pas assez vu le pays, au temps envolé : il reste la balance pour peser la légèreté de l’âme et l’opacité des corps, il est à entendre la fin et pleurer, sur le voyage, arrête un peu et ton bras, et ton cœur et dirige, dirige ce qui sert, ce qu’on use, ce qui est au centre, ils ont oublié la naissance et ne voient que la mort et l’action et le temps et la loi, tout est perdu, ils ignorent, il et ils cherchent des cailloux dans le corps et dans l’âme, ils plongent au néant et naissent en avant, ils se reprennent et plongent, plongent, plongent, ils sont nageurs au large et avancent, et caillou et roche et poids et espérance, en avant, ils se jettent et montent sur le ciel, ils sont à finir, ils sont à ranger, et bien peu engrangent, engrangent, la volonté même, le mot répété une fois de plus, encore, quand même et par souci, il en a soin, il accompagne les tombes délaissées, les évadés, les coins perdus à l’ombre, et en coin, en coin il se ferme et cache les émotions, la vie suspendue, il tire chaque fil et souvent, oh, encore il prend le même et touche le mur, il doit penser, il doit entendre, tout est sacre et onction, il cherche la grâce et trouve l’hésitation, la lourdeur, les gestes embrumés, les accrocs, la fatigue toujours, le travail fait mal bien souvent, le cercle complété, il tourne, il embrasse, le pays en entier,

il se donne et tout est abattu, inspiré, délayé, il remplit, il remplit de cœur ses habitudes, il cherche et encore trouve, une petite pierre, un pan à dégager, l’aventure le poursuit, il est, ils sont, ils perdent et l’âme et le fil, le temps suspendu la vérité penchée, les cœurs abandonnés, les joies et le vacarme, la souffrance un peu plus, un peu plus oubliée, il se ferme, il noue les fils un à un et le chasseur est prisonnier, la vie en son pays est un renoncement, l’air libre, la lumière, il perd et tourne au loin, il oublie les pieds, ô, candeur ô, malice, il arrête un peu le cœur au coin du jour, il frotte la main et touche la peau, il cherche et trouve le centre, le confort, la vie à perdre, le temps à ramasser, les suites, l’espace ouvert et la vie dans la clôture, il se remet, il change et renonce, il a oublié la marche et le temps, allons voir la mer, les prés, les champs, le pays, les douceurs, les malheurs, les grands changements et la vie qui continue, il boucle et il déboucle, la liaison, le calme, le trait mûr, il avait osé la volupté et il arrache le calvaire, la confusion rentrée, le souffle déposé, il s’enclenche, il se cherche, il trouve un accès, à la porte revenu, la suite, la construction, le tout perdu dans l’air et dans l’eau calmes, il cherche des frissons et trouve la fatigue, il a oublié de marcher, il a oublié de penser, il est à y bien voir d’une absence terrible, d’un oubli, d’une erreur et de mensonges accumulés, sans la fin, des liaisons, des têtes envolées, des soupçons, des horreurs et des paroles étranges, les gens sur le chemin, ils sont décevants et terribles, sur le sentier perdus des pauvres qui avancent, des regrets, des ambitions inachevées, ils tournent et se décomposent, la vie est triste et nos chemins obscurs, celle là est cassée, il a franchi les grilles, il avance désespérément, dans le cœur de l’été le printemps retarde, il est cassé et seul et déposé, en vain, la franchise, l’ouverture le tiennent, il est en espérance, il cherche et s’abandonne, les heures tournent seules, il fuit bien loin devant les hommes, les idées, le ciel bleu, les oiseaux abandonnés, ils se remettent encore, ils se cherchent et se noient, ils sont abandonnés, le moment est tragique du cœur et de la pensée, tous donnent au ciel une leçon de désespoir, ils en pleurent, ils en rient, ils se traînent et acceptent le monde au ciel si pâle, le bonheur est en fuite, ô, les suppliques longues, ô, les sourires clairs, il racle et tout succombe à l’air trop frais, à la perte, aux sens abandonnés pour voir, pour comprendre, pour établir, il faut frotter le miroir et les lampes, il faut saisir les mains tendues, il n’y a ni arbres ni ruisseaux, ni cris de joie, ni larmes, des sanglots silencieux, des étouffements sombres, ils sont étreints d’ennui et de tristesse, venez, allons voir la mer, les prés, les champs, le pays, les douceurs, les malheurs bien présents et tournons en cadence, la roue doit venir battre, la cloche doit sonner, ils se plaignent, tout gémit sur le fond, sur l’entente, le calme sans repos, les tourments, les tourments, d’un voyage, d’une terre d’inconnus, d’une erreur, on ne tire rien, ni eau, ni cris, la gloire attend le jour, il est effacé, il transporte au dos un abri de berger, une cabane de planches, les mains meurtries, pieds ensanglantés, la bouche seule et amère, il faut retrouver ici, 
au pays, à la mer, au pré, le désir et le changement, la vie est avancée, en espoirs, je vous reverrai joyeux et tendres, la vie est confisquée, les étoiles faiblissent, le cœur est au charbon, la voix est à l’ouvrage, il ferait clair et beau et tout donnerait l’horizon et tout sur le chemin serait pour le partage et la confiance, le tout est trop tragique et le tout tourne trop, et on a oublié la marche, les fleurs.

Le cœur comme un oiseau construit la dérive.

08 Août 2012.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire