jeudi 17 octobre 2019

Sans accroc, sans pleur.


I

Sans repère, un clic, un cloc, une expérience, on songe. La première parole n’est pas entendue, le dernier mot est envisagé, dans le sourire, sans traces.

Aux bonds, un bond tout vibre et chahute, il y a des ombres, sous la main, la sève, le pied est détendu, la sève, et va, et vole, oiseau, chien perdu, saute, envie et soif inassouvies.

Seul, étrangement on sourit. On refuse le sort et pauvre âme, on porte un lourd sanglot. Quand on sera au bord, verra-t-on l’éclat d’un jour.

On imbrique et un dans l’autre tout est porté, et on fait figure, on envisage un étirement, une pliure, le temps compté, la voix lourde, le cœur éclaboussé. Où sont les oiseaux, où, venons-nous de la voix qui crie : j’appelle, au désert.

II


Le pas tranquille, les porteurs d’eau, les compagnons, sont à rendre, à courir un long sentier. Immenses, ils cherchent et ne trouvent rien, ils entassent les blocs sur le côté, au devant la vie insiste, ils sont au bord, ils posent, ils découvrent, la vie hurlante, le grain froissé, l’écho, la tournure.

Ils sont, et ils lancent cailloux et blocs et sans compter percent le temps, brisent les yeux, ramènent du ciel l’avenir, la courbure. Ils sont suspendus aux branches, le temps est clair, ils répètent la forme, ils sont libres et vivent.

Ils éclaboussent la main, le pied. L’eau est tendre à ces yeux clairs, ils inventent des paroles, des angles droits, ils tirent les cordes et vrillent le temps à rompre les sanglots. Ils se remettent, ils vont plus loin.


Poseront-ils le regard, ils sont en vie, ils sont chantant, ils recommencent et tout attire leurs outils, le sable fin et davantage.


Ils sont au bord et creusent un peu plus.


III


Je suis uni à la fraîcheur, je suis et clic et cloc, je frappe aussi les herbes dures, le pied foule, il tire au loin un éclat noir, il soutient l’espérance, il faut lutter et serrer les dent, pousser du dos et résonner sur la muraille, le ciel est haut, la route avance, j’entends les pas, je compterai même les larmes et pèserai la sueur, comme un éclat, comme une vie, comme un enfant je creuse, le sol, du pied, la vie, des dents. J’arrache une parcelle et tout est réparé, tout grandit, je creuse et construis, dans l’espérance. Un chantier vide défie la mort, il se contient.


IV


On désespérerait, foule sans nuance, chagrin perdu et mots cassés, la vie avancée, on se pense et grand et fier, déposé au silence. La vérité sur le sol dur, les pas, sans impatience, on finit et tout commence, le regard clair, les mains tournées. Au devant tout est aride.


On sèche les joies, les beaux jours, on avance et on blesserait les enfants, les chiens, les cailloux.

V

Temps suspendu, tout est nombre et détour au vent venu, au vent qui vibre, ils sont aveugles et poussent les roues, les armes, les cailloux.


Un par question, puis, et vingt et cent, ils sont perdus et ils se chantent, désert d’insectes et de sel. Le ciel trop grand, la main trop lourde, le sol aride, les cœurs jaloux, la foule sans nuance, ils sont à l’ombre et tirent un poids en bout de corde, chacun son bien, chacun son âme, outragée dévastée, elles sont posées au mur.

Ils coupent le sens et la marche, ils se remettent, ils se retiennent, ils sont unis et sans saveur ils fixent le jour, ils descendent un pas de plus vers l’indécision.


VI


On irait loin, on tournerait les pages des livres en épelant les chansons, les choses sont belles et rien ne suit, ils imaginent la fin de tout, de rien. Tout harcèle : les pieds, les mains, les vitres noircies. Aux assassins on réclame la gloire, aux étrangers, étrangement on siffle, et la haine, et l’horreur, et le carnage. On parle, parle, de haine, on entend les enfants pleurer, les anciens, les malades et on boit l’ombre, le soleil se cacherait.

Pour y venir et sans trembler, pour dire en personne tout le mal à faire, à penser, à donner des coups, des larmes et frotter les cœurs de cailloux.

Cœurs foulés, cœurs secs et, histoires nues et tour changeant, la vie dure, la fin, le tragique du dernier repas, violence et cailloux jetés sur la route après le temps, après la joie, on foulera avec la foule, le bonheur, les chansons, les herbes amères.



VII


Le temps pressé, les trous remplis, les écueils noirs, la certitude, ils se plaignent, ils aboient, ils aiment mourir, sans rien autour, sans rien pendant, sans histoire, la salive aux mains rebattue, les yeux secs, ils aiment haïr et mentir, et crier fort avant la bataille et courir loin, sans honneur, et sans loi, tout en arrière, tout changeant.


VIII


On foule, on meurt, on tourne le poing dans l’escalier, la rage salive tout, et penché, fièrement on distribue. On se noie et on chauffe au cœur, le pied, la main, la bouche, on réclame, tout est à faire, tout est à dire, devant et à l’arrière, on pend le cœur aux épines.


IX


Il se rassure, la vie est lente et quand même, il finira là son histoire, la haine envolée, les serments levés, il avance, il ouvre les mains et clic et cloc, il peut entrer. Le pied foule, le sol, les herbes, il a vu chaque souvenir, il soutiendra chaque saison, il foule, il observe, à l’horizon, la foule a ses yeux.


09 Août 2012.

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