vendredi 20 octobre 2017

La pluie qui vient ...


La pluie qui vient sèche les morts, ils veilleront sur notre lit.

Elle lance des gerbes de fer sur les vitres qui se salissent, les grenouilles, petites reines, cheminent le soir vers un réveillon d’insectes. La pluie qui les harcèle agite les fleurs, elles restent dans ce jardin en déséquilibre, l’orage le saccage. Les murs, les plantes de la maison et du dehors disent le temps, il passe, et tu le retiens, sans résultat. La colère et la force gaspillées en lieu de guerre et de conquête . L’éclat de tes envies, le grain de fou qui m’emprisonne ne sont rien contre le vent et la marée, la lune monte et descend, le soleil brûle, le chien noir hurle la nuit venue.

Je crie, je mens et tu me mords beaucoup. Que faire pour cacher les rancunes et les voluptés de feu et de glace, lourd chemin de croix sur la volonté. Le mur et les plantes sous la couverture sont un enchantement. Nos relations sont un jeu de naissance et de goût. Il est un vent d’angoisse qui appelle la mort et les cailloux, le sable et le vin des plantes arrachées. Le cri : perce nos adieux, il est un voile, gel sur un volcan, avalanches de grains jetés et de fleurs arrachées au jardin, il pique les mains et les pieds bousculés dans un lit de feu.

Ton rêve est le gardien de notre vie que tu forces. Il y a loin de ton ardeur à tous les rêves, les plans tenus et affichés, les abandons et les secrets. Le temps passe et freine les objets, la surprise de l’été.

L’amour est là, volcan que tu embrases sans cesse et sans retenue, tu cries, je meurs et tu sanglotes dans un éclair de soie dorée, qui enveloppe tant de choses, des plus graves aux plus aérées. Ta vie et la mienne se gênent et se complètent, je vole toujours quelque chose et tu me caches le temps qui passe et s’enrobe au rouge du plaisir. Le rien qui ne se dit jamais est une force. Succomber, être surpris sur la route par des nuées d’insectes que l’on claque dans les mains et sur le front, les membres durs, la langue pendante avec un fil de salive qui glisse dans l’obscurité de l’étrange duel qui se prolonge à l’horizon.

Tout cela est un jeu à finir dans le sang de la légende des deux qui s’aiment et s’enchantent, aveugles, sourds et muets, longtemps. La vie révèle la clarté du jour qui suit encore le jour suivant, qui se prolonge et palpite dans ce jardin en déséquilibre, sur ces murs, sous ces plantes, ces herbes et ces fleurs que l’on arrache et que l’on brûle une année de plus.

Au salut, ton arc est absent de raison, chanson dans les églises les jours de noces. Le vertige brille dans tes yeux gris et bleus de pervenche et de furie.

28 Octobre 2003.


























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