dimanche 31 mars 2019

Ariane, le jour où on ne travaille pas.

Le jour où on ne travaille pas, on active, on active, la rigueur et le palais, les outils et les sucreries, on active, on active, la raison et l’optimisme, rien ne vaut, rien ne vaut, le calme, le calme et le repos, il faut entendre encore cette chanson si lente, lente et recueillie sur les cailloux et sur les pieds tordus.

Ils sont griffés, ils marchent dans les roseaux, ils courent sur la boue sèche : les oiseaux blancs, blancs, volent et tournent rond, rond, on entend les serpents, ils courent dans l’herbe, dans l’herbe, ils sont remis, ils sont émus, ils sont écartés du chemin, ils fuient et l’ombre et les pieds des marcheurs.

Ils marchent de la pointe jusqu’au talon, jusqu’au genou, enfoncés dans la boue, ils tirent du cou des sons et des rêves, mensonges longs, étalés, posés au bord du monde, les hommes passent et regardent les souvenirs, et les idées, ils volent au lointain et voient les oiseaux blancs voler sans rien sur terre :

libres, écartelés de soleil et de vent, ils sont à l’embouchure du geste et des paroles, ils sont fragiles et clairs, ils sont sur le ciel posés en nuages, en arc-en-ciel, en triomphe, en songes, menteurs blancs perdus dans le ciel bleu, sur le bord tendre de la vie, du rêve, des chaumes éventés, on ne travaille pas.

On récolte le sommeil et la lenteur lente, le calme, calme, la vie posée au bord du monde, rien ne bouge, on active, on active le rien sous le caillou, le pied dans l’air, sur le sable jaune, dans la poussière, dans la beauté calme et lente du jour sans rien, sans perte, en repos, en repos, la liberté est au chemin.

On active, on active le bien posé sur la dentelle, le rire nu sur l’oreiller, le mal confondu à la joie, la violence au sucre roux, la déchirure au temps pensé, on cherche, on trouve une issue, une clef, on finit sur le toit des choses, en embuscade sur les rochers, sans îles, sans idées, avec une sensation pure,

un sentiment, une éternité, une figure sans aucun style, un rien posé sur le rocher, il n’y a rien, mais Ariane, Ariane lamente, laissez-moi, laissez-moi, laissez-moi, nous laissons, nous vous laissons, nous ne sommes rien, bien sûr nous vous laissons, aujourd’hui on active, on active le rien posé sur le balcon.

Une île de roches, la mer immense autour et Ariane nous lamente, nous lamente et laissez-moi, laissez-moi, nous vous laissons, nous vous laissons, nous ne sommes rien, ni personne, nous venons sur le toit du monde poser un fardeau, laisser au rocher le poids de la mort, elle est passée,

elle est partie, laissez-moi, laissez-moi, nous vous laissons, impitoyables, frémissants, nous sommes dans le rien à dire, le rien à en penser, l’éternité est une œuvre, le calme seul pose des questions et envoie le soleil vers la nuit finie, la clarté règne, le vent est lent, le rocher brille, laissez-moi, laissez.

Nous finissons au toit du monde, laissons-la, laissons-la, Ariane abandonnée, perdue au rocher, une lamentation si longue, une si longue plainte, d’un seul souffle, d’une même éternité, Ariane, elle gémit, elle s’appelle, laissez-moi, laissez-moi, taisons, taisons, le seul qui est absent, seul il abandonne.

Elle plonge au rocher son regard dans les oiseaux blancs, ils passent et vont au loin, ils éraflent d’une pointe, aile tendue, le sort triomphe pour lui seul, lui seul, le seul parti, elle gémit, laissez-moi, laissez-moi, elle est déjà si seule, entourée, le seul est manquant, le seul lui tord le cœur, seul rien n’échange

un triomphe pour un baiser, un murmure, laisse-moi, laisse-moi, il part, il part, le jour est inutile, on ne travaille pas, on ne cherche pas, on ne trouve pas, on offre le temps au temps, la perte à la perte, ils sont refusés, ils sont nombreux, le seul n’est plus là, elle le veut, il n’est plus là, elle lamente,

elle lamente, laissez-moi, laissez-moi, je pars, je pars : ô, seul tu m’as perdue, tu me manques, tu me plains, je geins et ce jour on active, on active, les oiseaux sont partis, les oiseaux blancs tournent, les ailes frottent, le seul est loin, au rocher Ariane attend et pleure, pleure, ils sont sans soucis :

je les chasse, je les chasse, il sont partis et maintenant, ô seul, seule Ariane va terminer sa phrase, laissez-moi, ô laissez-moi, mourir. Les autres dorment, paresseusement heureux.

03 Août 2010.

samedi 30 mars 2019

Le jour.

Il sera temps, il sera le terme, bénédictions et saluts, la vie refuse. Il cherche dans les mensonges, il cherche dans la puissance un peu de réconfort, un peu d’herbe avant que tout ne sèche, avant que tout ne fane, il vient, il s’en revient, il ferme les yeux, il ouvre son cœur, il chante pour eux tous : affligés, assoiffés, perdus dans l’ombre noire. Il sera temps le jour de la bataille.

02 Août 2010.

vendredi 29 mars 2019

Il trouve.

Ô, de la dernière bataille, du dernier carrefour, Hécate superbe, encombre l’escalier descend de la montagne et couche celui là même qui était dans l’herbe, sous les branches, dans l’air du soir, aveuglé de soleil et d’ombres.

Étranglé, il couche sous le ciel, il repose, perdu dans l’air du soir, meurtri de courses folles, perclus d’attente et d’éternité inutiles, inutiles. Étranglé, perclus, il court sous les arbres, il cherche la fraîcheur, il trouve les sanglots.

02 Août 2010.

jeudi 28 mars 2019

En coin.

Absolument,

plein de cailloux, il tire et forme une ombre étrange sur le carreau, en coin, coupé, cassé, serré au cou, il brandit une étincelle au bord de l’œil pour y penser, pour y croire et recommencer.

02 Août 2010.

mercredi 27 mars 2019

Retour, contenu et compris.

Et sous le masque
un autre masque.

Maria Dolores Cano, 27 mars 2019 à 08:20.

Et se contient et se comprend.

Ô, masqué derrière la colère, perdu et sans ressort, le souffle passe, il passera, le terrible tremble, il tremblera, il sera là, et précis, et tremblant, et en avance, son temps passe, il passera, son avance le tire, il tirera un fardeau d’aubépines, pour calmer, pour calmer et vider sa colère, son masque tombe, il est tombé, ouvert et reconnu, il est tombé sur les épines blanches, il est tombé, il ouvrira le cœur : plein de cailloux, le pied : plein de poussière, la bouche tordue, le cœur ouvert sur les épines, il traîne et se contient, il traîne et se comprend.

02 Août 2010.

mardi 26 mars 2019

Regret, remord et compagnie.

Jachère sûre,
souffle immense.

Tout à l’envi,
tout au fardeau,
la route raille,
le vent déprend,

il est perdu,
sur son rocher,
il cherche
et trouve une île,

une île,
un abandon,
un souffle neuf.

Que font-ils,
que font-ils,
ceux qui soufflent.

02 Août 2010.

lundi 25 mars 2019

Et sa mélancolie.

Absolument, intarissable, tu avances vers le sommet et étends et déploies ta mélancolie, les frondaisons en touches claires. L’instant est perdu, insupportable à la volonté, tu es effarouché et tu voudrais convaincre, sentir et poser au toit du monde un filet de larmes et de cailloux.

Tu frémis, tu te penches, tu exposes à la suite dans le temps, le respect et la démesure, si bien fondés, tu es en fraction, tu es coupé du monde et du reste, le temps est bientôt venu, tu vas vers le partage, la réflexion, le dire pour le faire, le poids des ans aux épaules, en fond, la volupté.

Au fond tu es sonnant et tu ébauches, tu évacues et recommences, tu es posé au toit du monde, un filet de larmes sous la main, tu perpétues, tu administres, pèses, coupes, et comptes le poids des ans sur les épaules, les remerciements, le doute, la défiance, tu ne peux t’offrir le repos.

Le poids des ans sur les épaules est trop lourd et la jeunesse est une fuite brillante, et de l’oubli permanent, tu recules et tu devances, ton avenir est une charge et tu as coupé ton fardeau en deux parties, bien trop, bien trop égales, il est défait, tu reconstruis un poids, un autre, aux autres.

Tu abandonnes, tu n’offres pas le repos, tu es perdu, tu recommences, sur le repos tu abandonnes, tu reprends, il faut du goût pour les choses, il faut du temps à ce mensonge, la traîtrise pour le sommet, tu es perdu, où est le refuge, on se dit, on complète la nuance entre le jour et la nuit.

Tu cherches et poses un fardeau noir, si lourd aux épaules, une évidence sans regrets, tu es figure et repentir, tu es outrage et désobéissance, tu es refus et abandon. Retourne, retourne, fuis et rampe, tu n’offres rien ni repos, ni calme, ni abandon, ni volupté sincère, tu n’offres rien, oh non.

Prends tout pour toi et recommence, tu es menteur, tu es lâche et fourbe et impatient et tu remplis ton âme de cailloux, tu poses au ciel une image sur l’autre, et tu refuses à ton pareil, à ton semblant une minute de sincérité, un moment de calme, sans rien forcer, un moment de calme.

Sans ornement, tout de lucidité, où est ta lumière, où est ton propos, es-tu propre, sens-tu bon, es-tu en évidence, il faut poser ce poids, les ans se déchargent des épaules au toit du monde, tu regrettes et tu avances en regrettant, en regrettant chaque pas, tout est silence et rien ne repose.

Tu es effarouché et n’offres ni larmes, ni regrets, tu es attentif au poison, au noir, à l’oubli, tu reposes ton sac, ton semblant est ton apparence, tu frémis et ne donnes rien, il faut, il faut finir ce poids d’orage, il faut abandonner ces déraisons, il faut, si ton semblant est ton apparence.

Il faut charger de plumes et de gaieté le temps qui reste, le temps à perdre, pour gagner, et confondre une main dans une autre, un cœur perdu dans un cœur volé. Il abandonne ce souffle étrange, il abandonne ce fardeau sur la rive, et il faut se poser sur la rive et comprendre.

La liberté, le repos, ce massacre est inutile, la proposition est tentante, il faut abandonner un mot, un autre, il faut fermer les portes et ouvrir les cœurs et la pensée, il faut remettre du charme et du soyeux sur les épaules qui te tentent, il faut abandonner le masque, il faut du charme.

Au tragique se refuser, il faut commencer et dire non, non, non, je ne te perdrais pas, je te retrouverais, tu seras là et moi aussi, nous y serons, au jardin clos, au gouffre étrange, dans l’abandon, dans la lumière, sur le devant, dans l’inutile, dans la pensée perdue, il faut trouver et refuser.

Il faut se répandre, il faut arroser nos vies même, il faut effacer le soleil, noir, il faut dormir, il faut rêver, il faut entendre, il faut abandonner le sommet, il faut conquérir le temps et il faut être fort pour tout, il faut arroser nos vies même, il faut effacer le soleil noir, il faut en rêver.

02 Août 2010.

dimanche 24 mars 2019

Antoine, Sisyphe, Ulysse, Achille.

Comme s’il était un fétu, une poussière de sable dans le vent, comme s’il croisait la vie avec le reste, le sable suspendu sur les ailes, les oiseaux passent, ils cognent sur le rien, ils se dévoilent au temps compté et perdu, ils dévoilent l’avenir, le reste et le monde, ils sont suspendus et tranquilles, ils se défont, ils inventent la gloire, le pardon au rocher, ils explosent, ils froncent et observent, un œil, un autre, ils sont posés au rocher, ils entendent les pleurs, la lamentation.

Il est posé sur son rocher, il remonte, il tente la pente, la pente, il est suspendu, il cherche dans le vide, il a posé des questions, il est dans tous les problèmes, il cherche, il est aveugle et il questionne : auront-ils la réponse, berceront-ils les enfants trouvés sous les feuilles, arbres pendus et désolés, figures et images, drapeaux et bannières, ils sont en suspension, ils volent au vent, question après question, sujet sur contre jour, pertes et retrouvailles, ils filent un fil perdu.

Un espoir envolé, une question après l’autre, sur le rocher, perdu, tendu, il se pose, il est recroquevillé, il est perdu sous les voiles, il chante seul et pleure, pleure, la longue lamentation, le grand sujet, l’avenir, le reste du monde, il est à vivre, il est à oublier, il est en silence et gémissements, il est obscur et tendu sur le fil, une question après l’autre, un tour, un clou, il enfonce dans chaque objet le même tourment, il est supplice et il est uni au sens, les choses une à une, posées sur la pierre.

Objets et pensées fortes, il est dans la fosse, il creuse sous le rocher, il y trouvera l’impensable, la fin et le début, et l’aurore au soir, en mélange, sans rien distinguer, ni du noir ni du blanc, de la fermeté sous les orages, de la vertu, de l’abandon, il est creusé au cœur, sur le rocher, il est posé face à face, la brèche est ouverte dans son âme, il est le visage, la volonté en marche, le nouveau soulève sa vie et sa mort même, au soleil, à la nuit, à la face ardente et noire des choses.

Le monde est un gémissement, la vie est suspendue, il souffle, il se lamente, il gémit, il se cherche et trouve sur le rocher et trouve sous le rocher, le plein et l’illusion, la force sans attendre, la consolation, le vent tenu, la bouche ouverte, les lumières étranges aux voiles qui flottent, qui flottent, il se lamente et frère et père, il est parti, il reviendra, il est tenu sur la vergue, le mat est accroché la respiration le force, il est venu en péril pour la gloire, pour la victoire, il est bouclé.

Il est venu entendre au rocher, l’illusion, la vie qui passe, le chant lointain, la grande plainte, le fil tendu d’un souffle à l’autre, d’une peur à l’espoir, du temps perdu aux sortilèges, il est tendu sur le devant, rocher perché, tendu et il affronte le temps passé, le temps clair, l’air, il est épanoui, il flotte au vent un air penché, un air absent, il est tendu sur le devant, il fermerait les yeux, il toucherait le fond, il creuse, il creuse et tout monte, tout monte, la certitude et l’imperfection, boucle et victoire.

Et toutes les tentations : Antoine, Sisyphe, Ulysse, Achille, oubliés, perdus dans le lointain, la vie bosselée, le rien tendu au miroir, il ne verra rien, il entendra et un, et tout, et la solution et la question, il est posé et suspendu sur le toit de son monde, le reste viendra, il se donnera la leçon.

Il est certain et oublié sur le rocher, sur l’avenir.

02 Août 2010.

samedi 23 mars 2019

Retours de Nessus.

Nessus

Du temps que je vivais à mes frères pareil
Et comme eux ignorant d’un sort meilleur ou pire,
Les monts Thessaliens étaient mon vague empire
Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.

Tel j’ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil ;
Seule, éparse dans l’air que ma narine aspire,
La chaleureuse odeur des cavales d’Épire
Inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.

Mais depuis que j’ai vu l’Épouse triomphale
Sourire entre les bras de l’Archer de Stymphale,
Le désir me harcèle et hérisse mes crins ;

Car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme !
A mêlé dans le sang enfiévré de mes reins
Au rut de l’étalon l’amour qui dompte l’homme.

José-Maria de HEREDIA



Guido Reni, "Déjanire enlevée par le centaure Nessus", 1621.



Louis-Jean Lagrenee, "L'enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus", 1755.


Jules–Elie Delaunay, "La mort de Nessus", 1870.




Arnold Böcklin, "Nessus et Déjanire",  1898.


Maria Dolores Cano,22 mars 2019 à 09:52

Retours de Lysimaque.

Fleur d’Alexandre
sur le sable et le vent
le pied dans la fange
du temps fermé à l’éternité

Fleur d’Alexandre
sur l’eau de l’étang
boucle jaune et fraîche
du temps ouvert à l’éternité

Fleur d’Alexandre
offerte au pont, à l’arbre
à l’épaule du sentier
au temps passé retrouvé

habitude et travail
repos bien mérité
et puis
ne rien comprendre
aux mots nus fabriqués

Maria Dolores Cano, 21 mars 2019 à 09:11

Sylaiquem

Un étang
les bras du vent
l’écoute des roseaux
des arbres gelés

et tous les pieds déconstruits
entre les chevaux du marais construits

Une cascade à penser dans les yeux

Un jour, le cœur
le monde beau
Éternellement

Des idées intelligentes
des ressources si claires
les jambes de la fraîcheur

Du temps
L’animal

Une fortune sous les qualités

Maria Dolores Cano, 21 mars 2019 à 09:14

vendredi 22 mars 2019

Nessus.



Il chante sur le roseau, il conte aux cœurs amis la joie et son absence, il se défigure de silence, il détonne sous les nuages, il chante pour eux tous, il siffle sa lucidité, il est frémissant et sauvage et sirène et babillage. Il a perdu à son larynx le reste de la nuance, le dire, le faire, la tendre volonté, le grain poli, l’âme lavée.

Le front tendu d’ignorance et de calme, il empile un son plus tous les autres et sa colonne monte haut, trop, si haut, il est fidèle et torturé, il est engorgé et candide, il sème partout sa déraison solitaire, son charme absolu, sa vigueur, son impatience, il file les perles une après l’autre, elles sortent de la tête du crapaud, des grenouilles.

Ils se sont croisés sous la lune, dans le recoin au bord de l’eau, quand le ciel plonge dans les nuages, quand tout est content, tout se tient, tout nage et frémit et se cambre, il est une décision sûre, une ingratitude, une aspiration, il se mélange, il siffle fort, il est tendu, d’un son aigu à l’autre, un arbre, du poids de vent sur l’horizon

de plumes en cadence, de l’espoir, du sel, du tact et de la fantaisie, il est parti, il reviendra, il passe et repasse, le temps est court, le temps est long, il est une merveille à dire, chaque pas le rapproche de l’histoire, le calme, le réconforte, il sort à peine, il rentre vite, il est tendu et il fuit les ténèbres, il est divers et il se varie, quand même,

les oiseaux vont tomber du nid, il en ramasse, il les dépose sur une feuille, un bord de toit, un pan de mur, le tour est bienvenu, il faut trouer sa voix et chanter dans le vide, l’oiseau s’envole, il est sauvé, il fuit les ténèbres, il reviendra, il reviendra, il a fait naître des papillons, il a vu des choses étranges, des chiens errants, des enfants perdus,

du temps passé et il n’a rien fait, il n’a rien pris, il martèle, il se blesse aux ronces, aux cailloux, il améliore son passage, il est frémissant et tendu, il contait aux autres son cœur, son absence, des retours, des fuites, de la recherche, du carnage, il est en résurrection, il est tendu et frémissant, il épuise son souffle, son pas, ses muscles,

il cherche, il trouvera peut être avant le tard, avant le rien, avant le vide, il est parfois vain et léger, il est tendu et frémissant, il ne fait rien de bon, il améliore son rythme, sa pensée, ses doigts perdus dans les broussailles, ses pieds griffés aux ronces, mûres sauvages vous passez, vous passerez, vous poserez une tache noire sur l’ongle,

sur la langue, les dents, il chante comme un enfant malade pour se joindre aux âmes égarées, aux terreurs oubliées, sa déraison est solitaire, il se cherche et il suit le temps, le chemin sec dans les roseaux, il est tendu et frémissant, il est obstiné, il se livre, il a rendu son tablier, son temps, ses graines, il transporte au cœur les oiseaux,

il imite, il siffle, il souffle, il est perdu et sans raison, il en porterai une tunique de poison et de feu, centaure immolé, il chante comme les oiseaux, il est venu, il est cambré, il est tendu et frémissant, comme un oiseau il chante, il est fourbu et il hoquette : finissons la phrase dans le souffle avant que le ventre posé ne saisisse le dernier râle,

les oiseaux chantent sans air, sans souffle et lui cheval humain, il est fourbu il ploierai presque sous son fardeau, il est nu dans les roseaux, il a arraché la tunique, il est perdu, tendu, frémissant, Nessus, Nessus tu redeviens ou homme ou cheval jamais oiseau, jamais oiseau, le poison mord tes flancs, tu es battu, tu es perdant,

les oiseaux se concertent, tu passes sous les roseaux, tu cherches l’ombre fraîche.

30 Juillet 2010.

jeudi 21 mars 2019

Lysimaque.

Un arbre, un pont, un pied, un, ouvert et puis fermé, tordu, l’eau fraîche, le sentier, la boucle autour l’étang, les eaux jaunes, le temps fermé, les pieds ouverts dans la boue, sur le temps passé, on ferme l’éternité, on retrouve une habitude, sans rien comprendre, rien n’est fabriqué, tout est donné, offert, du vent et du sable, l’air coule des épaules sur les pieds, il serait nu, il serait frais, il y prendrait bien du repos, mais le travail, le travail, on y pense, il s’y doit.

Des arbres, des chevaux, des roseaux, du marais et un étang, un jour gelé, un jour de bœufs et d’éclairs jaunes, sous les pieds, dans les yeux, une fortune, des idées, des ressources, du temps clair éternellement beau, du vent sous les bras, de la fraîcheur entre les jambes, et tout à penser, le monde construit, déconstruit, les qualités, le cœur, l’écoute, un animal si intelligent, une cascade,

des vertus incontournables, la constance sans faiblesse, la générosité sans doute, le respect, la tolérance, il est posé sous les arbres, entre les doigts passe l’air, les cailloux bien écrasés, sous le poids, sous la main, sous les arbres tombé, chaviré, éperdu, car éperdument il en parle, il marche, il se retourne, l’eau dans la main, la main sur le devant, les tours d’oiseaux au ciel et le précieux parfum, le temps passe, la vie retient les uns sur les autres, sous les arbres si seuls,

et les oiseaux bien gros, tous posés, ils volent, il approche, ils volent, ils tournent et abandonnent les feuilles et les branches, ils poussent jusqu’au cœur, à la fortune, au retour, sous les arbres, il avance en boucles profondes et lentes, il cherche, il trouve, on, nous, sous les arbres penchés et venus, il y aura des heures pleines, des mois de mai, des mois d’août, du rire et de la solitude grande et souple et bienfaisante, si le mystère est dépassé, il organise,

il s’organise, un heure, une heure passe, un jour perdu, un jour trouvé, de l’eau jaune sous le ciel bleu, il est Provence et Empire, un paysage pour garder, pour accrocher aux murs, la chambre est vide, le ciel est clair, l’air passe sous les bras de jaune et bleu, l’Empire tremble, le ciel est souple, souple, souple, la main posée sur une tige, sur un cœur, sur un coin, de temps et d’ardeur, avance, avance, cherche, avance, ne crains, ne crains, il faut y être, il est témoin et arbitre,

le jaune à l’eau, le bleu au ciel et ce paysage est d’Empire, de chevaux abandonnés au tour, sur le chemin, sur le sentier, sur le hallage, il est tranquille, abandonné, il puise au jaune le bleu du ciel, sur les cailloux, il tourne et il se fait une couronne sur le devant, sur la moiteur, il a coulé sous les arbres, il a perdu le temps et l’heure et le ciel tourne, sous les arbres, sous le temps passé, dans le silence des hirondelles, dans les cris courts des chevaliers : ils volent leurs jambes inverses,

grands et petits, les chevaux sont abandonnés, ils sont sous le ciel de jaune et de bleu, ils sont l’Empire, ils règnent, ils font passer et il tremble sous leur soleil, il se raidit, il écarte le pied et fait semblant d’être fort, il veut de la force, il est les nuages : ils veulent du ciel bleu, ils ont une herbe courte, courte, ils sont posés au bord de l’eau, du toit, du temps, du monde, ils sont assoiffés dans l’eau jaune, ils sont rincés sous le ciel bleu, ils sont paysages et Empire,

ils sont figures et idées, ils sont images à redouter, il tremble à passer entre leur pieds, leur yeux, il tourne et toise, sous les arbres dans l’eau venue, il respire un air bien tendre, une fleur de sel et de lys, des roses, un arbre, un pont, un pied ouvert et puis fermé, l’eau fraîche, le sentier : Lysimaque est en voyage, il tourne sur ses pieds fourchus, il a les orteils tordus, la bouche amère, l’œil atroce, il souffre, la peur est là, entre les jambes des grands chevaux.

30 Juillet 2010.

mercredi 20 mars 2019

Jamais trop haut, toujours trop près, jamais trop loin.

Bien haut, bien loin, jamais trop haut, jamais trop loin, il a posé une pierre sur une autre et pousse son chantier et pousse sa romance : ils sont venus et calmes les errants, les sans noms, les bien haut, bien loin, si haut, si loin, ils sont donnés, et ils griffent le vent clair, si le vent est clair, l’âme est contente, ils se submergent, ils lissent, ils refont tout et tout encore, le ciel est bleu, ils sont contents, le temps les fuit,

ils recommencent, ils durent, ils accrochent aux nuages des rayons, ils sont au ciel : le soleil et la lune, ils construisent, ils recommencent, un mot, un autre, une chanson mêlée, de joie, de porcelaine, de fil fragile, de sons aigus, ils sont contents, ils avancent, ils tournent et errent d’un bord à l’autre de la vie, la joie au cœur ils éclaboussent le ciel lui-même, ils tirent sur chaque pensée, sur chaque présent, un instant l’autre,

une rumeur, une rumeur, ils sont imprécis et serviables, ils finissent, ils sont en nage, le temps est chaud, le ciel est là, il est posé au bord du toit, au jour levé à l’évidence, ils se tiennent, ils se balancent, la vie est sûre, le pas est indolent et souple, ils sont en attente, ils filent un son, un autre, une pensée, une idée, un tour de plus, ils montent encore, ils y seront comme une certitude, le ciel est haut et lointain,

jamais trop haut, toujours trop près, ils avancent, ils recommencent, ils montent, il y arrivent, ils sont heureux et ils le disent, le temps est clair, le soleil haut, si haut, si loin, si loin et ils ont une habitude, jamais trop haut, jamais trop loin, le sol est en bas, le ciel est en haut, d’un évidence claire, ils sont venus, ils sont comptés, ils tirent et fabriquent un univers, une légèreté si haute et si lointaine, en rire, rire, jamais trop haut,

jamais trop loin, le temps est clair, le soleil berce les murs, les jardins, les fleurs, les outils sont posés à l’ombre et tout y sèche et s’y concentre, ils consacrent chaque seconde, ils déplacent la volonté, ils sont heureux et fort à l’aise, le temps est clair, le soleil haut, si haut, l’ennui lointain, si lointain, jamais trop haut, jamais trop loin. Un temps consacré au très haut, au tout lointain, à ce qui ne peut plus se dire,

à ce qui n’a pas encore de nom, les vieux ont chu, ils sont tronqués, ils se dispersent et filent, la mémoire est perdante, le nom lavé, le cœur décroché, ils palpitent ils tremblent, ils voient venir le nommé ici, le tard venu, le nouveau, la bouche ouverte, le cœur à l’aise, jamais trop haut, ni trop lointain, ils avancent et cherchent un nom, un nom, un autre, une pensée, une idée, un devenir, un grand éclat, un rire pour longtemps, jamais trop loin.

L’or est sur leur route, ils sont vêtus, ils sont princes.

Le soleil vient de haut sur leurs images, le soleil haut sur leur chantier, ils joignent les fleurs une à une, tige à tige, le bouquet posé sur le cœur, le pied posé dans le ciel bleu.

Il a posé sur le fil un oiseau, il vient, il va, il est précis.

Ils rient et recommencent, ils sont un instant de grâce et de puissance, de bienvenue et de retour, ils sont retournés dans la pente, ils cherchent le chemin des noms même perdus, ignorés, toujours cachés, sûrement loin, et haut, ils rient trop haut, trop loin, ils sont posés sur un nuage, ils cherchent un nom, un nom encore, pour y poser leur espérance, pour en rire encore beaucoup, ils savent les chansons des sirènes,

ils connaissent les lourds secrets des bijoux perdus, des fauteuils lacérés, ils cherchent et portent au front un signe de vraie lumière, de temps gagné, de frais posé au cœur quand il fait chaud, quand le ciel est haut et quand le soleil brille.

Et comme ils rient ces cœurs ouverts, ils inventent des phrases, mot à mot, point par point, ils sont connus, ils sont en nage, le temps est chaud, le cœur à faim, ils sont bercés sous les feuillages, ils rient du vin perdu aussi, de la chanson de porcelaine, le vase a fuit : il est percé, les fleurs plongent tige à tige, dans l’eau perdue, le nom sera-t-il trouvé, ils ont ouvert le registre des noms à incarner, les tuiles fraîches en dessous,

chauffées au vif par le dessus, ils cherchent le nom, le premier, celui qui ouvre chaque porte, qui fracture et déclare la liberté, ils sont heureux sous les ombrages, les errants, les porteurs au sac plein d’étoiles, de pain et de souplesse, ils posent un à un chaque fardeau, chaque regret, ils ont inventé la rupture, le lourd secret, le nom glacé, il déploie la clarté, le vif, le sonore, il est inscrit dans la serrure, il tourne avec la clef.

Ils inventent des noms, ils inventent le vent léger, ils sont ravis, ils chantent, au vent, légers, au vent, ravis. Chaque instant dure une merveille, ils sont princes vêtus, ils ont posé de l’or sur leur route. Ils sont rieurs, ils sont à l’aise, ils mangent des fruits encore verts, ils sont heureux dans la fraîcheur, il est temps de les énumérer, sont-ils deux ? L’orage, trop haut, trop loin, ne vient pas encore.

29 Juillet 2010.

mardi 19 mars 2019

Tancrède.



Tancrède passionné marche dans l’escalier, il volte et se conforte au grand vent de l’éternité, il passe, passe le bon Tancrède, il recommence une marche sur l’autre, un bouclier avance, au devant, sur le sol, il raye la verdure, il détruit, il arrache où donc va-t-il si vite, passionné et allant et sûrement sincère, il cherche et se compose une attitude acceptable, un regard lourd, acerbe, une toile sur le devant, il cherche et trouve, il traque la suite : les choses revenues, perdues, oubliées, revenues,

il efface au sol la trace de ses pieds, il est mouillé d’herbe rosée, il est perclus de marches longues, il se défait de son panier, il posera au sol son heure, son trésor, le temps venu et perçu, il arpente le sol, il remonte son escalier, il est une figure du partage, il monte et remonte et son sourire est triomphant, il vient, revient, il tournerait si les marches tournaient, il ombrerait si la lune évanouie était encore sur la place, il fond, il arme, est-ce un poids, une vengeance, il ramène sur son devant :

les habits neufs, les habits lourds, il est en difficile épreuve, le noir est venu, il n’est plus d’ombre, il n’est plus de temps, il marche seul, il monte, il descend.

Il est passion et porte loin le regard, il est vif, il mesure d’un œil à l’autre la lente et suave, suave, construction, un mot, un autre, une figure, une forme, une idée, il est descendu, il respire sur le devant, dans l’escalier, il tournerait, s’il tournait.

La poussière, le temps, la figure, les ombres même, le regard noir, acerbe, la bouche ouverte, il est compliqué et passant, il change bien, il recommence, il ne finit rien, il reprend, il tournerait si tout tournait, le toit, le pont, la vie entière, les fleurs coupées, les rubans au cou des animaux sauvages pour la fête, un sacrifice de plus, il est brigand et solitaire, il marche et remonte une marche encore, un pied devant, encore, les ongles nus, il est perdu dans sa mesure, le temps, le temps compté,

la bouche ouverte, le rien autour du poignet, il compose une figure, un grand regard, un air gentil, un peu perdu dans son aventure, perdu et reconnaissant, il cherche la clé, il est frémissant et sérieux, un rien pesant sur la marche, gentil, le bois grince, il explose sur le devant, un pied levé, un pied moins lourd et tout serait parfaitement à sa taille, non, ne rien en dire, ne rien en faire, n’avoue jamais, ne parle pas, laisse à l’ouverture dormir les évidences, dans l’escalier rompu, les écheveaux,

la laine absente, il file entre ses doigts des fables, des bouts rimés, des équations un peu plus tendres pour comprendre, pour remarquer, pour résoudre et ne pas perdre, ni temps, ni lois, le rien est bien petit, petit pendu aux poutres hautes, un destin, une envie, il est debout dans la nuit, il ne voit plus ni lune, ni saloir, les enfants dorment, Saint Nicolas viendra plus tard, Tancrède est debout, le taureau noir, une évidence, l’effleure et passe, le blanc est trop blanc, le noir ne se remarque pas,

il reste un souffle, il est monté sur la barrière, le taureau tourne, il attend, il est venu d’un rêve à l’autre, pour dire, surtout, surtout, dans l’escalier quand il n’y a pas de vent : ne faisons rien, ne faisons rien, Tancrède est roi et éphémère, il couche et il recouche un mot dans la tête, sur le panier, il est rempli d’images et d’idées, il tourne autour de l’histoire, debout la nuit sans lune, le clair posé bien loin, pour ne rien voir, pour oublier, la peur qui est déjà passée, taureau noir, une évidence.

Dans l’escalier un jour il tombera, mais bien plus loin, mais bien plus tard, monté sur une poutre, la peur noire, les dents vertes, elle l’effleure, elle est là, il pense fort, il respire peu, le noir est mis, le taureau passe, il est retourné, il s’en va, il est monté sur la rambarde, il flotte, il découvre son temps, un air pincé, une joie obscure, il est fin, il file sur le toit, ce Tancrède passionné, il enchante.

29 Juillet 2010.

lundi 18 mars 2019

Aux volets.


Résolu et sensible, si sensible, long, au frais, avant il ferme les volets et garde la lumière, en pleine lassitude, rompu et sans raison, il déroule le temps et file sur le rouleau les mots et les saveurs. Il entre pour lui seul dans la noire beauté, les anges sont absents : ils dorment, ils reposent, ils ont des livres sous les murs, ils ont aperçus des fleurs et des escargots entre les pierres et les souches.

Ils sont coupés et en grâce, sur le rond du point de la vie, sur la membrane, sur le pin noir, sur la branche des oiseaux vifs, ils se cherchent et donnent à luire des morceaux de roi pour reine, des surfaces de blés coupés et moissonnés, ils sont les épis sur le sol qui sèchent, ils défont peu à peu le bandeau noir des certitudes, ils avalent au plein du jour une liqueur de tour terrible.

Venus de plus loin, présents encore sur les tours du monde et du destin, sur la grandeur, sur la crainte, ils frémissent et dorment au loin. Ils viennent de ces nuits de certitude, gouffres profonds : ils éclaircissent les yeux, ils rendent le bien et comblent, il n’y a plus que soif apaisée et jour fermé sur la fraîcheur, ils iront aux épousailles, ils tourneront sur le sol lourd et frais, le sol noir et bas.

Sous la toile blanche, si près, si près de l’escalier, une marche, une autre, un pied tendu, un œil ouvert, une échancrure, le col est offert, la vie rassemble, ce peuple est à venir, il agira, il se fera et pour dormir, il dormira. Ils avancent sur le tapis, ils tournent dans leurs habitudes. Si loin de cette rumeur claire, l’eau coule dans la cour enclose, les oiseaux silencieusement pleurent de soif.

Au jour nouveau, il est le juste le milieu, la courbure parfaite, il est encore en avenir, il dérobe au loin la vêture des rois chassés dehors, loin de leur ville, la confiance au cœur, l’ardeur dans la ceinture, ils dorment et ils reconnaissent les toiles blanches, les sièges rouges, il faut fouler le pavé lourd, le chaud y meurt, le chaud si grand, bien prévenu, si tourmenté, perdu, sans fortune, dans l’abri sûr.

Dans l’escalier la rampe est chaude, le ciel est haut, il est l’heure des justes, ils sont anges et ils inventent des mangeoires pour les ânes du blé perdu, séchant au sol, des feuilles rousses, des fleurs qui penchent, ils se donnent au ciel toujours pour effacer du cœur les fautes, pour peupler d’un peuple agissant l’ombre en fuite. Le soleil à travers les branches et cassé aux volets, il faut taire la lumière.

Il faut glaner de la fraîcheur, il faut rompre les épines, il faut se dire, il faut tout commencer, il faut espérer un peuple en action, après, après le grand sommeil, il faut passer, il faut le passer le grand sommeil, le calme fraîchit tout, éblouit et déborde, le cœur respire, les branches bougent, ils sont étendus sur la toile blanche, ils perdent un peu de leur fardeau, le clair si clair la réussite, ils donnent du pain.

De l’eau, ils empilent les confidences, ils murmurent dans le ciel bleu, ils sont bien vivants, si tendres, si reconnus et si tranquilles, ils dorment loin dans l’ombre fraîche, dans le remous de l’eau de la cour close, la clarté occupe tout le visage, le temps est à venir, encore plus de fardeau, de la gaieté, du renouveau et sans blessure et il attend un peuple en action, un peuple sans échancrure, la terre est.

Pour, le temps est clair, l’air est vif et léger, léger, ils tendent et se renvoient les éclairs purs du bien à prendre, du bien à nommer, de quoi défendre, défendre pour commencer, l’action est une urgence, ils dorment, dorment, ils sont éblouis de la terre, de la raison, du renouveau, ils se donnent, ils sont mystères et joie même, mêlés et sûrs et sans contrainte. Il faut chanter la liberté.

Un air, un autre, une vaillance, ils sont enfants et en partance vers le sommeil, la volupté, la tendresse, quel est le secret, comment se font ces attentes, qui recommande le sommeil, qui poursuit sur le sol si frais, la suite, le renouveau, ils se penchent et roulent : les oiseaux silencieux, les anges émus, les cœurs qui abandonnent le massacre, les épis, les meules pleines de rosée, un air, au matin.

Plus rien ne brûle, le cœur est débordant, au vent son air est sur la parole, sur le fil, les toiles blanches sèchent et s’inclinent, ils sont venus pour les compter et ils dorment sur le tapis, il rêve d’un peuple agissant et ils dorment le poing fermé, sur la toile blanche, sur la rampe de l’escalier, sur le retour, les anges blancs attendent, il faut chanter la liberté il faut reprendre le sommeil dans le silence.

Dans la souplesse, le jour, c’est le jour de voler ensemble pour prendre un air, un autre, un retour d’âme en attente, le voile est relevé, l’air coule entre les colonnes, il porte haut son éventail, il se figure dans l’espace, le train est long, le train est long, il avance en majesté, il est permis de le rêver, il est permis de tout entendre, l’eau qui coule dans la cour close, le silence des oiseaux sur la branche.

Le soleil les écrase, ils dorment, les fleurs blanches, les papillons sont bien rentrés, il a vécu avec les anges, il a suivi un ruisseau, il a couru tous les chemins, il déroule le grand tapis, sous son abri, sous son autel, sous son pied sûr, que plus rien ne griffe, il faut chanter les jours sans fin, les jours de caresse et d’attente de la joie bleue, du nouveau né dans la semaison ardente, joie ardente et semaison.

Le voile est pris, le cœur est à l’aise, ils murmurent : le vent léger, l’air passe et frise la paupière, sur le sol noir et lourd, si frais, ils ont posé leur fardeau, ils attendent et répandent leur joie, ils sont à venir, ils viendront, ils échangeront des vertiges, ils comprendront et ils diront des mystères et du vrai et de l’incertitude. Un peuple en action : ils dorment sur le sol, ils y sont étendus et ils comptent.

Au toit, les oiseaux, les pattes fines, les griffes légères, le clair venu dans le noir frais, ils se donnent et ils entament une chanson pour les heureux pour dire : nous nous lèverons, nous irons et nous verrons et il fera toujours plus beau et ils seront les plus heureux, les rafraîchis qui tournent et posent le poing fermé sur la toile blanche, allongés, ils tournent au sol, un rêve commencé.

Un songe, une illusion, ils articulent le monde en sommeil, un mot, un mot, un autre, des compliments, des grâces silencieuses, un matin à venir pour vivre une saison éternelle, la danse calme des dormeurs enclos sur la toile fine, sur le pavé lourd et frais bien proche, bien proche de l’escalier, bien en avant sous la dentelle, la mariée toujours, toujours plus belle et, bien, bien heureuse. Le ciel chauffe.

A l’horizon les oiseaux font silence, il entend, il écoute, il voit les gouttes qui chancellent, il est juste dans ce moment juste, le ciel brille, les volets sont fermés, la lumière est gardée, ils marchent et tournent sur la toile blanche, ils cherchent et trouvent la trace de la gaieté, du fragile, de la surface éclatante, le monde est infini et un peuple agira, il sortira de son silence, il marchera et couvrira le sol.

Le sol, des forêts et des songes, des raisons claires et de l’attente. Enfants rassemblés, le lait permis aux enfants sages, les dormeurs dorment et tournent sur les toiles blanches, la vie coule, goutte à goutte, volée au temps et tout glisse sur le pavé, le temps est clair, l’âme est ravie, les enfants sages dorment loin du soleil sur leurs toiles blanches. Demain, au matin, la fraîcheur sera incomparable.

28 Juillet 2010.

dimanche 17 mars 2019

Son toit.

Et dans le cœur comme une perle qui résonne et défait unes après les autres les peurs et les tourments. Il tourbillonne et accroche, le vent, l’espoir : une perle dans le cœur, un jonc sur la joue, il se retourne, il enjambe, il va fort, il est centré et une et puis à une, il ne sait quoi, il file, il file. La joie vise et chante, en voici l’un, en voici l’autre, il tourne et il brise et sa chaîne et le temps, le ciel est revenu.

Au toit les oiseaux tournent, ils posent les pattes sur les tuiles, la neige y fut lointaine et éblouie, perdue dans un jamais de brume fine, dans un temps clair qui rentrait par la fenêtre, dans l’air, dans l’eau, il brille et claque le serment maintenu, la vie renouvelée, la peur abandonnée, il enchante les yeux, il coule sur les âmes le bon temps qui passe. Le saint du jour, le patriarche, il compte les fils, il déroule.

Il tire sa balance, le temps est clair, la vie est lente, il est attaché sur le vent, il souffle un air vers le soir, finissant, finissant, il dépose au toit une à une, les pattes griffées des oiseaux, la perle dans le cœur, la vue sur le devant, le cœur enrubanné et il se joint à la présence seule et forte : le beau temps est à l’aise, il va devant sur les tuiles, le toit est suspendu, les fenêtres chantent, il est à l’abandon, la brise est levée.

Le cœur souffle et se tend, invincible, invincible il cherche et retrouve de la joie. Le beau, le bon, les sentiments heureux, il mêle et compose, tout est vivant et tout est joué, les tuiles sur le toit, la neige envolée, les rumeurs et les oiseaux ils piaillent, ils sautent et joignent une tuile à l’autre, un : rendez vous, un : rendez vous, à point, au point, on fixe les barrières, le temps est en attente, il avance un œil à l’autre.

Toujours joints, toujours unis, réparés, transfigurés, les parfums font, font. Il frissonne, il étend au loin sur le devant, le regard, la vie tourne au tranquille, il est à point, il nomme les choses, on se déplace, on s’affirme, il signe ici le renouveau, la vie est transportée, le ciel est là si, si, il en a envie, bleu et calme, et sans rupture, sans rien pour nuire. Ô, viens, venons, venez, il transporte, il se détache des choses.

Dans le vent, sur la lune perdue et retrouvée, il se détache et tend au ciel une plume, une feuille, les riens oubliés, les liens éloignés. Il défait, il contemple, sa prise est bonne, le fardeau est posé, la vie balance au calme, au repos, viens, venons, venez, transporte nous et éloigne le plus puissant : le mal venu, la vie sans habitude, la raison et la vertu. Le cercle, les passions sonnent au ciel, les nuages tournent.

Le fil est détendu, la voix repose sur le cœur, un sur l’autre, il est fendu et en attente, il a sur des coussins des heures et des dents. Le temps posé, le temps venu il se déclare, il se contemple, on reprend le fil et sans histoire on se cherche et on trouve le délaissé, le lointain les absents, il y a un parfum de victoire, de poids du monde oublié, de vie sans cascade, de tourment délacé, il est posé au toit, son monde.

Il est une figure, de cire claire, de peau lavée, de rires éloignés, petit oiseau posé au bord du toit, un bien jeté sur le devant, il peut le prendre, il est en avance dans son éternité.

28 Juillet 2010.

samedi 16 mars 2019

Correction.

Une pierre sur la pierre,

une pierre à poing nommée,
le trait est pur, l’âme est incisée.

27 Juillet 2010.

vendredi 15 mars 2019

Ô, sable frais.

Ô, se rouler, se dorer, se pâmer, pas d’orages, pas de pluies, aller à l’épuisement, entendre encore, entendre un peuple de muets, de sourds, d’aveugles. Ils sont rois et perdent conscience et grattent et interpellent. On fredonne en bourdon, au bâton on s’accroche, il avance vers le devant, toujours devant, toujours lointain, il est en, il en va, il en vient, il tourne et il se lance à la confiance, le sein noir, la figure tournée vers le devant, au précipice, à la volonté.

Ils sont aveugles et sourds et tout fredonne et rebondit, tout est en attente de tout et il est beau sur sa montée et il est fort au sable frais encore, encore frais, le pied ne brûle, le soleil brille, il est, il est, déjà, il frappe la main sur la poitrine, la confiance est dans la poitrine, il avance, il est en marche et grand dans l’ombre, le soleil brille, les choses vont, ils viennent y frotter la palme sur le devant, le soin encore, sur la peau, le sable est frais, ô, encore.

La vie est calme et pour l’instant il se ferme et il recule, les sourds, les muets, ils entretiennent, ils contemplent, ils dévident des flots de soie sur eux, sur nous, sur la parole, les écritures, ils sont et sourds et aveugles et ils se penchent, ô se pencher, ô se reprendre, répandre au sable frais les aveux, ô vaincre d’un coup de pied talon en avant le tour sinistre, ils sont posés au sable encore frais.

A l’échancrure ils contemplent, ils vont et ils en viennent, le sable frais, la soif aux lèvres, le sol penché, ils descendent, le pont est aveuglé, le soleil y brille, le sable est frais, la vue, encore, encore, la pente, la montée, ils descendent, ils se balancent, ils offrent des bâtons et ils fredonnent encore, encore, ils répandent au sol. Il descend, il est en attente, le sable est frais, l’air est encore parfumé de l‘étang aux jaloux, de fières raisons, ils se sont perdus toujours.

Toisons enlacées, ils sont posés, les mots gèleront, ils se fendront, ils iront plus loin, plus haut. Il entreprend et n’attend rien, il entreprend, il attend tout, il est figure dans son royaume, il est posture et statue et il défie les apparences, renard perdu, vieux et remarquable, sans début et sans fin, on répète, on recommence, le sang versé du nez aux dents, de l’échancrure au couchant, il se dévoie, il est compliqué et changeant et il assure, il est en habitude.

Une pièce dure sous le pied, sur le devant, sans carrure, sans certitude, au poids levé, le pied en sang, il écoute son nez, son cœur, il est fidèle et obstiné, il redoute et il remplit un sac, un sac, un autre encore, une volée de bois vert, une espérance, la vie est brève, le teint est rouge au sable frais, il se compense, il avance et il compose un univers de cailloux blancs sur le sol dur, au temps perdu, au temps passé, à la gloire, à l’abandon, il se cherche et il abuse.

Ses sens sont éveillés, il se tord et il recommence, au sable frais, au sol perdu, il tend et recommence, il est tenu : c’est l’habitude, il ne fait pas frissonner sa narine, il est penché, le monde tourne, il chante pour eux tous, ils sont sourds, il est à l’affût, il engrange et il taille pierre après pierre, le dos courbé, la nuque noire, il est en attente et se transfigure, en force, en chair brûlée et il commente. Le parcours est sensible et il se tourne au plus loin.

Un mot, un autre, un caillou l’autre, il est fasciné, le soleil brille, le sol est dur, le sable est frais, il écharpe son vêtement, il défait une encore de ses espérances, il faut tenir, il faut compter, il faut combler, combler et tout reprendre et avancer, sans croire y croire, reprendre et tourner toujours, la langue, la bouche, le clair métal, l’âme ravie, il est abandonné au sable frais, il est en attente, il est sidéré sur le sol, la vie est en avance, il est transfiguré, il entend.

Les sourds, les aveugles, ils remontent toujours plus loin, le souffle est posé, la boîte a un couvercle, il force sur le sol, il percute et il frappe la main ouverte, la poitrine est offerte, il compte un à un, les pas, les tours, il ne dit rien, il s’en contente, il recommence, il absorbe les rayons clairs, poison fatal, ô fatal, ô funeste, la beauté est étrange et vire sur le reste, il est aveugle et sourd et il cherche pour lui. L’avenir est ouvert, le ciel est suspendu, ils tournent.

Il est encore là, les trouées noires, il est en attente, le chaud, le froid, la vie errante, le retour des choses oubliées, des riens suspendus sur le fil, le vent claque, il dépliera sa toile, la main ouverte sur les cailloux, il se dépose, il se contente, il respire au sable frais, il a déplié ses ailes, il étend sur le sol un regard imparfait, un œil fermé et l’autre rouge, comme une larme, comme un sanglot, le vent est ensablé à son encolure, il tourne et frappe le sol, talon avant.

La bouche immense, il se cherche, se recompose, il est venu, ils sont partout, ils sont aveugles, sourds et fermés à la bordure, perdus sur le sol dur, le vent y souffle, il est dans la trouée obscure, il est au fond dans le jardin, dans la personne, l’horizon est devant, lointain, fleuri, tordu, perdu, rentré, les oiseaux se cachent, ils sont sourds et ils chantent dans la boîte, dans le couvercle, dans le perdu, pour le renouveau, dans la figure, sans entendre.

Feuille à feuille, grain à grain, le sol est dur, les arbres penchent, il est venu et il se tient, il est prêt pour tous, les aveugles, les sourds y vont, il les compose, il se reprend, il s’environne d’un air si chaud, d’un éclair pur, il se cherche, il se compose une idée après l’autre, une idée après l’autre, le soleil brille et puis dans l’ombre, ils sont posés, ils se cherchent, ils interpellent : enfonce un clou, enfonce un autre. Il est perdu, fleuri, rentré, ils sont perdus.

Aveugles et sourds et ils chantent contre les grands, en magiciens ils brisent, se tournent et ils sont perdus et fleuris, perdus, rentrés et ils sont las, et eux ils chantent. Il est un affront, une aventure, la morale est pour les autres, ils y vont, se rouler, se dorer, se pâmer, dans quelle lumière, dans quel jour nouveau, un peuple de sourds et de muets, ils sont aveugles, ils se cherchent, ils sont rompus, écheveaux maltraités, débarrassés d’aurore.

Répandus, au sol même, dans la fermeté et l’envie, ils vont aller à l’épuisement, entendre encore, entendre un peuple de muets, de sourds, d’aveugles, ils sont rois et perdent conscience et grattent et interpellent. Un mot, un autre, une raison la fin des choses, la vie est brève, le talon est tendu, la pointe du pied touche le sol, le sable est frais, il recommence, il se renouvelle, il cherche et trouve : un peuple aveugle et sourd, un peuple.

Il faut une affection, une espérance, une décision pour écourter ce grand supplice, pour affronter, aveugle et sourd, pour créer l’avenir fleuri, perdu, trouvé. Le cours est enlevé, le fleuve coule, il répand au sol son eau, son sable, le fond est perdu, il va fleurir, il va le perdre, il va trouver encore et une excuse et un regard au sable frais, au sable frais. Il est frais, il invente et se retourne et constate la majesté, ils entendent et ils sont là, un mot, un autre.

Une pensée, il tourne au renouveau, il cherche et perd un pied après l’autre, sans raison, sans mesure, il pèse et compte et entrepose une pierre après l’autre. La vie est en attente sur le sol dur, dans la trouée noire, le sable, le sable est frais.

27 Juillet 2010.

jeudi 14 mars 2019

En haut, en bas.

Sans misère, le poing serré, la bouche ouverte, ils reculent et prononcent un nom, un autre, une constellation, furieux, curieux et sensibles, ils versent sur les fleurs, les gouttes, et de l’eau et de la pluie et du remord perdu, senti, défendu, sans entraves, sans liens, ils reculent et dévoilent les armes, ils se donnent, ils évacuent au ciel une gerbe et se fendent, ils recommencent et rient, ils définissent le poids des choses, un fardeau bien trop lourd a chu de leurs épaules, ils choisissent au ciel clair les étoiles du matin et de la nuit avant, avant cette aurore.

Ce mal est inconnu, curieux, il déverse, il garde, il se prend et on compte sur les doigts qui tremblent les feuilles effeuillées, les charmes oubliés, les torts et les sarcasmes, l’errance et la peine du vent, ils se cherchent, leur froid est suspendu, leur droit tient seul, un mot après l’autre, une idée après l’autre, ils se chantent et résonnent, le parquet est dur, l’escalier brille, la confidence est pour les dieux : Hermès et Jupiter et tous ils se donnent au plaisir, des étangs pour baignoire, ils éventent, ils éveillent, ils construisent une tour sur un torrent de boue.

Le jour, la brume, le matin brûle sous les rayons, ils sont comptés, ils arpentent, ils se serrent et se contentent du plus petit émoi, la plus infime des caresses, ils sont perdus et démontés et ils se roulent, ils se griffent, la chambre est obscurcie, le relais est à l’aise, ils se donnent d’en haut un concert, l’ouverture est fatale, le sang est encore frais, il frémit et bouillonne et ils se déshabillent, le vent sous les carreaux, la rigueur du moment, un mot après un autre, une idée à près l’autre et le temps, le temps de la liberté, ils tournent, tournent.

Un œil, un autre, sur l’horloge, sur les aiguilles, le temps retourne, le vent menace, ils ont des couvertures et des paniers de boue et de fraîcheur et des monceaux de joie, ils sont posés en haut, ils sont coincés en bas, en haut, en bas, libres ou fermés, ils retiennent les rêves et les leçons, le drame et la fantaisie, ils sont partis du noir au blanc et la nuit au jour, en haut, en bas, ils se cherchent et amoncellent le temps passé, le temps présent, la vérité, ils se mentent et ils appellent : rendez moi, la liberté et le repos, reprenez et l’or et les outrages.

La vie dans cette chambre est close et respirable, fermez les yeux, ouvrez les bras, comptez, mesurez, il faut se reprendre, le service est pour en haut, la servitude était hier, ils se dévêtent et ils s’appellent allons y, allons y, le geste est aimable, la confiance est sûre, nous sommes du haut et du bas et de l’imprévu, de l’imprévu qui rentre et renouvelle, qui tourne, ils aspergent le sol d’air et de feu et de torrents de sincérité. Ils avouent, ils se menacent, ils se reprennent, allons y, allons y et plus vite, plus vite, tard venus, tard rentrés, bien partis.

Ils construisent et défont, en haut, en bas, ils vivent en escarmouche, ils se composent une allée de roi et ils s'époumonent, les bêtes passent au loin, ils soufflent et s’époumonent, ô avenir perdu, ô remords imprévus, ils tournent et se carillonnent, en haut, en bas, les cloches volent, l’air est frais, la saison passe, en haut, en bas, il faut passer, il faut aller, il faut transcrire et peser et rire, le début vaudra bien la fin, ils sont un mystère qui marche, ils sont et grands et petits et posés dans la chambre, sur le lit en haut, en haut, dans le réduit sans misère.

Ils veulent bien le bas et le rire des anges et la fermeté et l’ouverture, la charité, en haut, en bas, ils sont venus, ils ont compté, ils marchent et ouvrent en grand les portes et les fenêtres, le clair matin si tôt venu, la vitre ouverte à la brise, l’air est si frais, le temps si court, ils ouvrent et ils ferment, en haut, en bas dans le matin calme.

26 Juillet 2010.

mercredi 13 mars 2019

Retours de reflet.

ombre et cailloux
reflets de l'ombre
sur les cailloux

Victor, 13 mars 2019 à 15:18

"C’est l’amour qui retient dans ses chaînes
Mille oyseaux qu’en nos bois nuit & jour on entend.

Si l’amour ne causoit que des peines,
Les oyseaux amoureux ne chanteroient pas tant"




Maria Dolores Cano, 13 mars 2019 à 20:34

Reflet.

Et parce que celui là, il met beaucoup plus d’ombre, il reflète les cailloux.

25 Juillet 2010.

mardi 12 mars 2019

Dans son décor.


De loin, éveillé tôt, il s’enchante, se compose, il compense et gratte le sol, la vie est là, simple et tranquille, il rêve de batailles, de carnages, il chante pour lui seul et se compose, son décor est tranquille, sans rien, il dépasse et il regarde mieux : quel chantier, quel carnage, les tomates, les vignes, tout est rouillé, il se désole, il se lamente, « Care selve », ombres heureuses, je cherche, je cherche et je ne trouve, où sont ils, où sont ils, les courtisans, les embarqués au soir, au clair, à la lune, enchantés, débarqués, déconstruits, il les pleure et les remonte. Une surface est abolie, un cercle tordu les enlace, ils sont perdus au fil de l’eau, ils se balancent, ils attisent le désir toujours.

Ils sont prestes et ils avancent sous les feuilles, ils se délectent, ils sont posés sur des planches, au rebord le toit est trop haut, la vie les cache, ils tirent au ciel des bordées d’angoisse et de volupté, ils se dénoncent, ils agitent tout et rien ne tient, ils se débusquent.

Le ciel est bleu et cette nuit ils ont bougé, ils ont tremblé, ils sont venus tirer des larmes au rebord, le toit est bien haut, la lune les attirait. Ils avancent, ils comptent un à un les brins de vie, ils se déplacent, trop de trop, trop haut perché, le cœur au bord, ils ouvrent grand l’intérieur de la bouche, ils sont des milliers et envolés et ils ouvrent bien grand l’intérieur : la gorge est ronde, ronde, ronde, ils filent les sons sur le pavé, leur sol est tenu et fragile, ils se lamentent, « Care, care selve, ombres heureuses ». 





Dans les bois, sous les arbres, je cherche et mon cœur et ma voix, je te cherche et je t’appelle et tu jouais sur le sol, les chats s’engagent aux gouttières, les arbres noirs sont suspendus, il joue et les animaux se désolent, l’enfance perdue est perdue, il se retire, il lance au ciel, au sol, partout, la note claire, le bon silence.

Il est d’or et d’azur et de sable sur les attaches, le sol est dur, le pied rentré, il commence et file, file, le sol perdu, l’air avalé, il boit des soupçons de rosée. Il est perdu, la fleur est noire, il file un son si clair, trop clair, perdu et les attaches dégagent, dégagent, il est au filet sous le temps, il percute la ritournelle, le sol est dur, il frappe fort, le pied est lent, le cœur est effarouché.

Perdu, noyé, tari, perclus de soleil et de larmes, il tourne au ciel un regard dur, qui sont ils tous ceux qui repassent, il est engagé dans la joie, il est au front dans sa bataille, il chante seul dans son décor et tous ils passent et le dépassent, il n’est pas sur le pont et ses armes sont silencieuses, les gens passent au loin, il compte ces étranges pèlerins, ils sont venus, ils sont tremblants, ils dévident et font et font au sol une empreinte nouvelle, un regard plus clair et plus long, ils inventent des promenades, vers le trésor, vers l’infini.

Il est conteur des rires, il ferme au ciel son œil, il est posé léger, léger, le ton est clair, l’âme est ravie, le poids des choses s’envole, il ferme un sourire sur le beau temps, la conscience, la vertu, sa raison, il est une illusion entière, il parle seul et prend tout l’espace dans son temps, dans son temps.

Un mur de pierre toutes égales avec une griffure, il faut que la lumière y passe, il faut révéler la chair des choses, pierre posée et posée, elles sont une et une encore, il perce un secret et tourne rond sur son chemin, dans son décor, dans sa raison, dans le vif, le tendre, le jour est éclatant, il perce une muraille, les nappes ont volé au vent léger, à l’âme claire, il marche et il est posé dans son décor, dans son mystère, il cherche les battants, il sonne une cloche et encore il perd le pied, le temps, le vol.

Le son est pur, l’âme est ravie, il est posé dans l’air du jour, il tire sur le chemin même une espérance, les cailloux transportent la vie et il aime sentir le sens des choses. Il est transporté, transpercé, il se retire, il effleure le clair venu, le clair compté, il file, folles, une note après l’autre. Ils étaient en pèlerinage vers le veau d’or, vers la saison la plus noire, la plus noire, ils avancent et tout, il dit.

24 Juillet 2010.


lundi 11 mars 2019

Carlo, Venit lumen tuum.


Le coup des amis ennemis.

Les amis s’en vont, les amis reviennent, ils tournent en cadence, ils sont amis de tous les jours, ils sont venus, ils s’en reviennent.

Ô, s’y voir, ô, s’y comprendre, ô, s’entourer de mille merveilles, pour venir encore sur la pente qui mène du pont jusqu‘au chemin, vers les marais profonds. La chose est redoutable, le plan est bien certain, ils tournent, ils virevoltent, ils sont lointains, ils sont amis menés par tous les vents, ils sont amis à retrouver.

Il faut s’y voir, s’y entendre, comprendre, ils coupent, ils tranchent, ils sont perdus sur le vent, et ce vent porte, ils tirent et complètent les plans de l’éternel, ils sont sous le soleil des étoiles et brillent, brillent pour y penser, brillent pour y comprendre, brillent pour remplir, ils affrontent, ils tiennent les rênes et conduisent le char de Phaéton, le jour est déjà là, la vie est souveraine, le vent dit au silence : écarte toi un peu.

Il a compris, il se balance, il revient, il tourne toujours sur lui, sur seul, il tourne sur eux, toujours, il y vient, il contemple les fleurs et les cailloux, les doigts et sa main tremblent, il arpente, il sème et tourne dans le vent.

Ô, des sentiers profonds où les feuilles tombent, où les feuilles tremblent, ces amis sont muets et puis ne disent rien, ils se perdent et volent. Un mot pour un caillou, un pas pour une obole, un carreau à la fenêtre tremble et prend la distance, ils sont envolés, perdus devant la porte, ils tremblent et feuillent comme sont les feuilles mortes, emportés, enfiévrés, bannis et pour corrompre, ils volent, ils volent, ils volent.

Ils ont tout pris, tout cassé, tout perdu, tranché de la tête, du poids du fardeau, à leurs poches des épines, à leurs mains des sanglots, ô, leurs poches, ô, leurs mains, inutiles, inutiles.

Ils disent des phrases : le verbe, la phrase et le mot, sont corrompus, la chair est sans attache, ils se tiennent au vent et frappent au carreau, ils se tiennent, ils envolent amis ou ennemis, ils n’ont plus peur de rien, ils ferment la marche, ils souffrent des paraboles, leur sentier est fermé et leur parole meurt.

Ils plument et distancent, ils me perdent, ils me grincent, ils défavorisent, l’amertume est là, sur ce point enfin comprendre, changer ces amis en gens, ces gens, ces gens, ces gens, ces gens pour rien, ces mourants qui geignent, ces geignards qui meurent, il faut abandonner sur le bord de la route, et partir en courant, et faire le rien qui éblouit.

Je pars pour trembler, comme tremblent les feuilles, je pars pour revenir d’une musique à l’autre, et il part pour oublier, pour faire sa journée.

23 Juillet 2010.

dimanche 10 mars 2019

Pour aller.

Et pour aller aux oiseaux sauvages, ici, de 109 à 124.

Retour du monde ancien.



Un bel été au cœur des marécages, où les oiseaux embrassent du bec l’amour, la joie, les petits riens au cou des roseaux sans âge.


De grands oiseaux, de grands oiseaux tout blancs, de grands oiseaux sans cage, de grands oiseaux déguisés.

Regard qui embellit les choses.

Maria Dolores Cano, 09 mars 2019 à 09:50





Des petits, touts petits croyants.

Ils vont à la joie et prennent le chemin d’une île à une autre. Ils étalent le loin, les marcheurs de toiles et de sequins et de coffres ouverts, ils déballent, ils sont sûrs et forts sur le chemin d’eau claire, d’un caillou à un autre, d’un été au printemps. Il a pensé et bu un air pour être et se confondre, être en hiver de l’été au printemps, un air racle et remplit la bouche.

D’un été au printemps, il se cherche, il contient, il cherche, il respire, les coffres sont ouverts, d’un pas à l’autre, il se cherche et recommence, de l’air à pleine bouche, du parfum d’été pour l’avant, il est ferme et sensible, il rectifie son âme, il pèse au petit gramme son poids de vie et d’ombre. Il étale sur la main les rires et les champs, il pose sur le ciel la beauté et le charme.

Il est grand et petit, il pèse peu. Ils sont contents, ils se rassemblent, ils viennent au devant, ils comptent un à un les grammes et les fleurs, une année après l’autre. Un temps est revenu, il est, à y comprendre, perdu et déposé au devant du jour, il ferme et constate, les yeux ouverts sur la clarté, il compte et il tranche, la vrai vie est joyeuse et parfumée, il définit.

Il engrange, il pèse au ciel nouveau les larmes et sans cailloux, il se jette dans l’ombre et boit une gorgée de rosée. D’un œil, il suit le grand pèlerinage, ils sont bleus, ils sont jaunes et cavaliers, et à pieds ils avancent sur le chemin d’une borne à une autre, d’un temps passé à un présent, ils sont sur des rêves et des joies, jaunes et bleus et cavaliers et à pied mêlés.

Ils étirent au ciel une bande sous les nuages. Le froid sera bien là, c’est usant, dans l’air et les cailloux sous la poussière, il est un sort qui sèche et enchante tout, le froid est dit au cœur de la chaleur, un frisson saisit un petit enfant à l’heure de midi juste et secourable, la fièvre monte et frissonne tout haut, il est saisi de chaleur et de grâce. La beauté est du sens et du frisson.

En route au vent qui vient, il se retourne, il est en avance, l’hiver venant le calme, sur les cailloux, un œil : le retrait, l’incalculable, il est fini, il est posé, il frissonne et se donne sur le chemin. La foule est sans contrainte, il se ferme, il est tenu d’un frisson à l’autre, d’une grande chaleur vers l’avenir, il est embarqué d’un pas posé sur les cailloux, il va d’une île à l’autre.

Ils ont inventé un pèlerinage, ces gens de peu de foi, bien peu, bien peu de foi, mais présente, ils croient et ne savent rien, ils croient sur le chemin d’une île à une autre, d’une espérance de bonheur à la gaieté, ils figurent dans tous les livres ces touts petits croyants, ils inventent des rites et des œuvres, ils forcent le passage, ils ont évacué au calme et au repos.

Par la fin tout commence, le charme, la vertu, la raison, on ignore, on grandit, on se cherche, on se trouve sur la route, d’une communion à l’autre, on engrange et on touche des doigts le blé coupé, l’épi parfait, pour l’agneau qu’on moissonne. Des petits, touts petits croyants, sur la route, un peuple de bergers, des fidèles, chante de la couleur, respire de la joie.

Ils avancent, ils inventent un pèlerinage de rosée dans le matin, dans la voie trouvée, ils suivent, ils cajolent, la joie promise au sacrifice, d’une île à une autre, d’un pont à l’autre. Ils avancent, de l’été au printemps, eux aussi à travers champs.

21 Juillet 2010.

samedi 9 mars 2019

Le détour par le monde ancien.



Ils cherchent des vaches au pré, les taurillons promis au sacrifice, sous leur trace tout se mélange. Le ciel à l’horizon enferme la ferveur, on se répand, on se comprend, on se mélange, on y cherche tout, les sons, les saveurs, le temps est composé. Les insectes volent et les hommes avancent, on dure, on se frotte, on s’étreint, le temps est suspendu, l’horizon est mêlé à la ferveur, aux mots, aux sacrifices.

Autour, des oiseaux : les nids sont pleins, les herbes ploient, le vent se couche, ils s’effarouchent et ils entendent le chien dans l’eau, les oiseaux y volent, ils se cherchent, ils s’entendent, ils perdent contenance et contenu, ils débordent. Ils avancent et frottent les mains aux cailloux, il faut laver le corps et l’âme. L’esprit est plié sous le feu, ils déplacent, ils avancent, leur vie est tenue par un fil.

Les barrières penchent, un bateau passe, les chevaux mâchent : fétus et herbes vertes, ils déploient au vent le crin et jouent, la jambe en arrière, ils se défendent, ils enfoncent le pas dans la poussière et dans la fange, ils enfoncent un pas et l’autre, ils se courbent bien bas sous les roseaux, les pieds mouillés sur la poussière, ils tournent, ils se détournent, ils se retournent, la rosée sur les herbes, le pied mouillé au sol, les oiseaux les ignorent, les claquements au loin : du bec, du bec dans l’air, ils voient, ils entendent les gémissements : joie, ou amour. Déborde au loin la complainte. Les oiseaux se battent, ils calment les toujours là, les beaux paisibles, les biens tenus, ils se confondent dans le vert, ils écrasent les pointes des roseaux.

Ils sont toujours tenus, toujours là, les biens posés, les plus marquants, le pied mouillé de rosée fraîche, de rosée propre et toujours là, les biens posés, les plus paisibles, ils sautent et de joie et d’espérance : les oiseaux claquent le bec et volent et marchent sur l’eau noire et verte, ils tournent rond, ils inventent une raison, il faut oublier le temps chaud, l’air est paisible, ils sont saisis, ils se parlent, ils interpellent, ils soufflent fort, ils chantent haut, les ailes battent, ils s’envolent, effarouchés ils regardent, un air de machine, un air vif, ils se retournent et laissent la place, ils sont pour conter la ritournelle.

Les chevaliers passent au vent et crient, crient fort et interpellent, les hérons lourds, les grèbes, les macreuses, ils tournent sur l’eau, ils interpellent le temps venu, le temps trop tôt, il marche sur le chemin, il est venu pour se taire et tout entendre, tout voir et porter au ciel le silence des choses, le silence assourdissant de la vie des oiseaux sans cages, il abandonne, talons tournés. Les machines anciennes tranchent, coupent des javelles de rien du tout, de tout compté, de toit léger, d’ombres charmantes.

Aux bardanes rousses, aux liserons toujours ensemble et pas si haut et répandus au soleil il s’échauffe, il efface le poids du pied plein de rosée, il ira vers l’été, il ira vers le temps, le temps compté, le temps au temps uni, les oiseaux restent encore entre les bardanes, les liserons blancs et des fleurs encore jaunes.

Dans l’herbe verte et sage tout est coupé et mouillé de rosée, aux alentours le silence, le silence et le secret, les oiseaux taisent leurs avances, ils taisent et plongent, ils nageront pour revenir, un pas, un autre sur le sol. L’eau rompue, il ment pour la rigueur et l’éloignement, herbe mouillée, rosée fragile, chant plaintif : ils sont absents et ils cachent leur vie, ils sont secrets et ils attendent. Le réveil est tenu, la langue est fragile, ils ferment les yeux et respirent, le ciel est proche, le conte est bleu.

Un peu d’air, un peu de joie, de la rigueur et de l’attente sous le soleil, les bras en croix, l’air passe sous les bras tendus, la croix touche les ombres, roseaux fragiles, il n’y a pas d’arbres, le vent souffle sur cette croix, rigueur tendue, le pardon et l’offrande, il faut être en charité, il faut grandir sous le soleil, le secret est posé, perdus les oiseaux chantent et recommencent, ils tournent sur ce voyageur, ils déposent a son cœur une offrande de ciel sans amertume, avec un peu de joie et du pardon sincère.

L’espace dans son ombre, il pense au toit fleuri, les herbes y tremblent encore, le faite est ouvragé, les ouvriers y sont contents, ils décorent, ils se penchent, ils fermeront les yeux et compteront au bout des doigts le long écho, la flèche heureuse. Il avancera, il sera, il tirera un trait sur le temps clair, sur le partage, il faut y dire, il faut y faire, le temps est venu, les oiseaux bien venus, sur le calme il trouvera, il enchantera le clair, il va, il en vient, il y retourne, il est fragile et corps perdu et soulier plat sur le sentier, les fleurs fauchées, le pied rentré, il écarte encore les bras, l’air passe au-dedans.

A la joie silencieuse, à l’explosion d’avant midi, il a tourné les talons, les hommes sont à la machine, ils coupent, ils tranchent, ils refont des murs de silence, ils font de l’ombre sans attente. Les cloches sonnent, le soleil passe, bardanes et liserons et fleurs encore à compter, ils sont de jaune et de bleu, ils arracheront.

Ils attendent, ils espèrent, il le faut bien, le rouge est mis, le drapeau flotte, au bord un drame est noué, le sacrifice a eu lieu, taurillons vous êtes épargnés, un petit rat est sacrifié, triste bataille perdue, les pieds palmés pour lui chantent les grenouilles. Un meurtre sans réparation, bataille ancienne entre le domestique et le sauvage et on pleure, les oiseaux passent, le mur saigne, le cœur se déplace, il faut rentrer, le chèvrefeuille et la grenade signent le retour à la civilisation.

20 Juillet 2010.

vendredi 8 mars 2019

A l’ombre

Il faut qu’il engrange, il supplie : ne comptez pas ce temps aux épreuves. Ils sont noyés, ils sont perdus, leur mère cherche encore les outils. C’est leur joie, leur secret, tremper le cœur dans l’ombre fraîche.

20 Juillet 2010.

jeudi 7 mars 2019

Retour de l'un à l'autre.

Ils y sont
L’un à l’autre, un mot dans l’autre, caillou de mots sur la langue d’un cœur chagrin.

Ils y sont
Enfants de la Terre et du Ciel, que le vent porte sur un ruban de sable et d’amer, très loin, très loin dans des rêves de poudre et de lames de sel.

Ils y sont
Enfants marins, l’un pour l’autre et l’un sans l’autre, enfants rois et écorce de mère. Chérubins à la peau de nacre et pépites d’albâtre.
 
Maria Dolores Cano, 07 mars 2019 à 14:01

L’un à l’autre.



Abrège, mais recommence, penseur subtil, peintre de la nature, voyant d’immobilité. Tu répands sur le bord des routes ton ombre et ta servilité, tu es perdu et sans attaches, tu erres et tu te tiens droit, tu tournes sur toi-même et tu reprends toujours entre les bras, la foule immense de ceux à qui il faut pardonner.

Un mot après l’autre, une chance en voici, en veux tu, il est trop haut placé, il est trop dans l’espace ton beau sourire. Ta suave fertilité te reprend, tu joues, tu cries, tu es indéfini et un rien, dans le cœur reprend tout et tu comptes. Tu es venu, tu es rentré, tu marches et tu finis un mot après un autre.

Ton ombre au bord des routes, une espérance de fraîcheur, de la glace sur les épaules, du caillou sur la langue, de la boue dans le cœur, tu es fini, tu finis, tu implores, tu y reviens, et tu reprends sur le dos de la main, sur la pointe du cœur, tu reprends la vie à sa blessure, le sang versé au plus jeunes, ils y sont :

« Ils sont enfants d’une même mère, ils sont à perdre et à recommencer, ils sont tendus, ils sont perdus, ils y reviennent, ils sont surpris du décor de l’histoire, des rubans qui flottent au vent, ils se racontent, ils étalent au sol le tapis rouge et bleu des histoires très anciennes, des rêves évanouis, des terreurs sous la lame.

Les comptes rendus, les points percés, ils échangent la vie à son allure : un pas, un autre, un effort et sans arrêt. Ils sont étendus sur la rive, le flanc posé au sable et aux cailloux, ils échancrent les habits, linges blancs et rouges, ils se déchirent, ils immolent le bien tenu, le cri des sourds, les mots.

Les phrases tirées des eaux assemblées, ils se perdent, ils se reprennent, ils échangent de l’affection, des lettres tachées, des griffures aux genoux, des blessures en couronnes, ils sont traqués et ne résistent plus. Ils sont perdus, ils sont étranges, ils se déplacent sans effort et découvrent la peur sous les voiles.

A voir le penseur sourire et comprendre, ils se donnent, ils se détournent, ils recommencent, ils échangent du blé, des pierres, de l’eau et du ciel bleu, des pensées sans pitié, un trou dans l’air, un souffle endormi, ils sont posés sur les marches, le temps y va, le temps avant, la vérité, la sécheresse.

Le trouble extrême, la raison pure, ils se donnent aux mots, aux phrases, ils sont en attente de l’apocalypse, le mal reviendra sur cette terre, dans leurs élans, abrège, ils recommencent, le trouble est contenu, la peur est enfouie, le reste peut attendre, ils dormiront encore, sur les tas de sable et les feuilles : ils se donneront. »

L’un à l’autre, abrège.

19 Juillet 2010.

mardi 5 mars 2019

J’irai vers les oiseaux sauvages.

Pour Colette. (Heureux anniversaire)

Je pars à la rencontre des oiseaux sauvages, je défais dans du bleu, du bleu sans compter, sans compter, ô, défaire sans compter du bleu sur du bleu, des cailloux sur des cailloux, des oiseaux dans le ciel, du vide dans les poches et de l’air dans le vent, des idées dans les poches et de l’air dans le vent, compter un à un les oiseaux dans le ciel, les fleurs jaunes et mauves et le grand ciel qui passe et les oiseaux changeant et le front délacé et la mer en partance et le grand goût des choses et le front éperdu, des lianes sur les troncs, les bambous en cascade, et les cannes au vent.

Un caillou après l’autre, un pas après un autre, il fonce devant, il voit les herbes sèches et les graines qui volent, et, et, le bleu dans le bleu et le ciel dans le ciel, il avance, il voit les mûres mêmes à venir.

Comme une chanson d’été, comme une chanson d’automne, le ciel est bleu, l’herbe est verte, les oiseaux dans le ciel et dans l’air de l’air, et dans le vent, du vent, et au carreau qui vient une ombre se déplace, le fardeau est posé, les comptes sont comptés, il ne restera rien de ce temps qui est passé, il n’en reste qu’un peu de poudre sèche, un peu de poussière, de l’aveu, du sanglot, les arbres sont verts, les chevaux sous les branches : à l’ombre ils se reposent et contemplent le temps, les animaux s’envolent, les herbes sont contentes, les vaches dans le pré mettent des tabliers.

On respire, on est calme, le vent souffle, l’herbe est verte, les toits sont remontés, les papillons au ciel rêvent d’insouciance, une herbe après l’autre : le sol est refoulé, les oiseaux se déplacent, on entend la musique, le calme est revenu, la vie recommencée.

Ils sont vains tous les mots, ils décrivent une absence, un vide à remplacer, les coquilles au dos foulées par les pieds, les escargots aux branches défigurent et entendent, il faut compter les herbes, il faut compter les cailloux, il faut compter les oiseaux, il faut compter le compte et redire l’histoire et voir sur le devant les grands noirs qui regardent, neuf corbeaux musardent, leur vol est arrêté, les arbres meurent et penchent et les graines s’envolent, le souffle au bout du souffle et le vent est posé.

Il est venu pour voir les oiseaux, ils sont là, il est venu et voit et les oiseaux s’envolent, l’herbe est verte et les feuilles tournent, le souffle est chaud, il rêve de l’hiver, il promène, il avance, il musarde, il compte les oiseaux au ciel, il foule les herbes et racle les cailloux, on y revient encore pour dire l’espérance, il a posé sur terre des idées, il a fourragé dans le symbole, il a vu, il entend les branches et les bruits, un peuple tient séance, les chefs sont arrêtés, ils se croisent, ils se dépensent, ils rêvent en plein été.

D’avance et en partance, il a fini son temps, il compte les cailloux, il foule l’herbe verte, il est venu à la rencontre des oiseaux et les oiseaux sont là, et le cortège avance, un peuple se déplace, un royaume est atteint, ils se remplissent d’air et gonflent sous le charme, les buissons sont fourrés, ils avancent, ils sont là, à travers champ, à travers temps, à travers Dieu, ils s’entrelacent, ils rêvent au ciel bleu, ils décomptent le temps, ils avancent un pas l’autre, ils se freinent, ils recommencent, ils recommencent un dialogue de sourd et d’aveugle, le muet agite les mains et boit le temps, la vie est claire, le calme est là, le fardeau est posé et puis tout recommence, on avance, on distance, on foule les cailloux, l’herbe est verte, les bœufs immenses raclent et meuglent, les pieds dans l’eau, la tête au feu, ils se déposent et ils avancent, un pas l’autre, un pas.

Le diable et son violon : ils poussent la chanson, ils avancent un air d’été en fête, les oiseaux dans le ciel poussent et bousculent et recommencent, les herbes, les cailloux, la fange sèche, l’ombre avance immense et redoutable, le vent dans les oreilles, la peur bien loin, bien loin, le fardeau est posé, ils avancent, ils sont là, on y revient toujours, et marche et te dépense et croise dans tes yeux des nuages et du temps et les oiseaux qui volent et le ciel qui balance : respire avec eux et décris ton serment et ferme et cherche encore, cherche un mot et puis un autre et dit : ton peuple avance et dit : ton roi est en avance et dit : il s’avance à travers les champs et dit : il se poste et recommence et se pose un peu à l’ombre des tourments.

Le ciel est reposé, le soleil est immense, les ombres agrandissent et déforment le temps, il est chargé de chaleur et de poids et il avance toujours un pied bien devant l’autre et il compte les pas et il cherche des failles, la terre est craquelée et les herbes sont vertes, on ira loin devant, on ira loin derrière, on comptera les pas, on marchera toujours : il faut avancer, il faut qu’on se libère et s’il disait : « mort au tyran, avançons, tuons les tous ».

Petit rêve de sieste, petit rêve d’envie, petit désir de gloire et d’entrer dans l’histoire, la vie est posée ainsi, entre la terre et le ciel, la lune est loin encore, les étoiles sont absentes, le soleil chauffe, chauffe, et tout cela est vide et tout cela se vide, et recommence, il se plaint et il crie, les oiseaux au loin crient et il avance dans l’ombre enfin fraîche qui le calme, le temps est suspendu, la poussière vole, il fait plus frais ici, il avance encore, les enfants se sont tus, il y a du temps, les uns se sont mouillés, les autres se sont tués, ils flétrissent tous dans les fourrés.

Les oiseaux au bleu métallique, volent et se posent sur un lit de fleurs jaunes à l’ombre des grands saules, sur le flanc ils reposent, ils sont posés au loin ces enfants disparus, personne ne les pleure, on ne les entend plus.

Dans l’herbe verte, à l’ombre, la vigne a poussé, les cannes sont dressées, il fait un temps de rose, un temps de bien, un temps de volupté, un temps d’espérance, un temps de charité, avance donc et compte les fleurs jaunes, les fleurs bleues, il n’y a pas de rouge, il n’y a que du bleu, du vert, du gris, de la poussière et de la joie au cœur, vraie et sincère, le fardeau est posé, le peuple est en avance, il rêve de rouge, il rêve et rêve encore, mais rien ne commence, il est entre l’herbe sèche, les cailloux et la vigne qui pousse à l’ombre, il rend fou, il rend plein de joie et de plaisir sincère : un roi solitaire foule son royaume, il avance, il se tient, il espère, il relève au ciel les yeux brûlés, le soleil est immense et le rouge apparaît, il ferme les yeux, son trône est sous un arbre, tronc brisé, frappé de foudre et d’éclats, il déclare sa peine, il crie sa victoire, ils iront bien encore, bien plus loin, bien avant, devant, oublier l’air.

Ils ont oublié le vent, ils ont oublié la foi, il reste l’espérance, ils avancent, ils on dit le symbole, les idées, la vie est suspendue et que faut-il chercher et que faut-il croire, il faut simplement avancer, mais attendre, attendre que la lumière se lève, attendre que le jour donne la foi, les oiseaux se dépensent, ils sont à corps perdu, ils avancent et ils chantent une chanson d’été, bien avant que l’automne ne soit venu, venu et revenu.

Ils tanguent et se déplacent, le vent souffle encore, l’air est plein d’air, le vent est plein de vent, des herbes sont poison, des gouttes enivrantes coulent au front perdu du roi, il meurt, il meurt, il avance, il avance en plein champ et il griffe ses pieds aux cailloux noirs et verts, aux coquilles sur le dos, le front est recouvert de poisons et d’orgueil et de sincère absence.

Cet été il n’a que lumière et joie pourtant le ton est grave, le tronc brisé, à l’ombre est son trône, le ton est grave, la vie est importante, allons-y, allons-y, avancez, regardez, écoutez, et soufflez, soufflez sur les feuilles fines, une note après l’autre, l’accord est impossible, l’harmonie n’est pas pour les solitaires, les roseaux plient, il se déplace, l’air souffle encore, l’air souffle encore, l’air souffle chaud.

Un temps de rien, une espérance, le rouge est mis, le rouge est fort, les insectes sur le tronc, grattent le tronc, et froncent l’âme, idée, symbole et devoir, ils ont posé des mots, des mots sur des cailloux et gravé et gravé les pierres de l’édifice, et sculpté et sculpté des fleurs sur les cailloux et répandu du miel sur les parois lisses, le sacrifice est là, les oiseaux sont absents, absents, perdus, partis, revenus, ils dorment sur les arbres, les plumes tombent encore, les coquilles sur le dos, les tortues lentes sont perdues, ils rêvent encore et mastiquent, mastiquent.

La lenteur déploie l’inconnu, il est dur d’affirmer, il est dur d’affirmer mais faut-il affirmer que le sol est sol, que la terre est plate, que la poussière est sèche, que le ciel est bleu, que le soleil frappe, qu’il fait chaud, et qu’un frisson curieux remonte vers les épaules, la nature est en sommeil et un roi tout seul marche sur son royaume, sans raison, sans rien faire, que dire seulement, il n’a plus peur, il a posé son fardeau. Tous s’étirent et se traînent et baillent et tendent les bras, ils se réveillent d’un grand sommeil, ils tournent sur le front, ils dansent en farandoles et ils avancent, les roseaux sont verts, les fleurs sont jaunes, le rouge est absent et le sel remonte, remonte des étangs, et s’évapore, s’évapore au ciel et les nuages, les nuages sont là et les grands noirs regardent, taureaux noirs perdus.

Des baillons aux oiseaux blancs, ils sont guerriers, ils sont absents, ils sont au repos, ils attendent, ils attendent et mâchent et remâchent, les coquilles sur le dos, les tortues lentes, le roi visite son royaume, au croisement, au pont la route cesse, les bateaux passent, le donjon est immense et redoutable, il faut bien rire de ces phrases idiotes, il faut bien rire de ces marais boueux qui sèchent peu à peu, le sel remonte et les bateaux passent, où sont-ils les jours heureux.

Quand on a vu en bas, quand on a vu en haut, le bas regarde le haut, le haut cherche le bas, ils se disent un roi se divertit, il se promène et arpente son royaume, il grimpe à son donjon, une châtelaine en sa tour, une sainte en son auréole, les oiseaux blancs s’envolent et le soleil écrase tout.

Il y a eu rupture, il est monté sur sa tour, un œil après l’autre, il regarde et les herbes et les roseaux et l’eau verte, si verte, si pleine, les taureaux noirs qui dorment, les arbres secs les pieds dans l’eau morte, tout est mort ou dort, et morne, il promène un œil et puis un autre, sur ce royaume, les oiseaux blancs un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix sept, dix huit dix neuf, vingt, vingt oiseaux blancs volent au ciel, les taureaux pleurent, le chien suffoque, et le cadastre n’est pas rempli, il faut encore arpenter, arpenter et compter et il voit les chevaux blancs, les chevaux blancs crinière au vent, la queue qui flotte, les vingt oiseaux se sont posés, vingt oiseaux, vingt taureaux, le sureau les pieds dans l’eau, les arbres secs et morts les pieds dans l’eau, cette eau si verte et si pleine, si pleine de miasmes, si pleine d’horreurs, il faudrait des yeux pour remonter la vase, pour refouler le temps, pour dire ce qui ne peut se dire, pour dire j’ai posé mon fardeau, je suis seul au monde, écrasé de soleil, posé sur le donjon et je regarde tout d’en haut, d’en haut et je regarde d’en bas, d’en bas, le ciel bleu si bleu, je suis parti à la recherche des oiseaux, j’ai trouvé les oiseaux, j’ai trouvé les taureaux, j’ai trouvé les roseaux, j’ai trouvé les pieds dans l’eau et j’ai chaud et j’ai soif et je dis je suis un roi qui arpente son royaume, la vie avance, je suis content, je suis paisible, mon fardeau est posé, le temps passe, je compte le temps, je compte l’air, l’air est plein d’air, le vent plein de vent, et les oiseaux poussent au vent et les papillons volent d’une branche à l’autre et les oiseaux au bleu de métal se posent et recommencent, la vie est ainsi faite, le vent est chargé, il est charmant ce vent qui souffle, il est chargé de sel et d’eau et tout se sèche, et tout est beau.

Sur les planches sèches, un pied puis un autre, mouillés ont laissé sa trace, il suffoque, il compte les graines aux arbres et les petites lianes en fleur et les branches séchées et les fourmis qui passent, la trace a disparu, l’eau est évaporée.

Le temps est suspendu, la mer est immense, la mer n’est pas, l’immense est bien, les oiseaux repassent, ils sont vingt, ils étaient vingt, ils passent, et ils repassent, les arbres secs les pieds dans l’eau sont morts de soif, sans espérance.

Ils sont mon fardeau, je les laisse à ma droite et le fleuve est à gauche et l’herbe est verte et il fait chaud, il fait chaud, qui pense à la carotte sauvage au cerisier en fleur, le sureau est en fleur et sent mauvais, mauvais, les panneaux jaunes, jaunes, les bornes vertes, vertes, les libellules et de l’oseille sèche et rouillée, liseron rose et liseron blanc, la terre est sèche, la poussière s’envole, les pieds dans l’eau, les arbres sont morts, les pieds dans l’eau, leur fardeau est posé, ils sont libres, il reste l’image, un squelette au vent, un corps décharné, des branches au ciel, au ciel bleu, les corbeaux, les corbeaux, les corbeaux sont posés, les papillons blancs volent, volent.

Cela viendra plus tard, cela sera pour un autre temps, dans une autre histoire, dans un autre moment, les escargots ont grimpé sur les herbes et les pas crissent, crissent sur le sol, la vérité est simple, le temps est chaud, le ciel est bleu, le sol est dur et sec et le roi soufflant, souffle en son royaume, il souffle dans sa main comme pour se chauffer les doigts et il meurt de chaud et il meurt de soif, les pieds fatigués, les liserons roses, les liserons blancs, le rouge est absent, une libellule passe, une tortue a plongé dans l’eau, si lente, si lente, le symbole qui mastique, qui mastique le temps et tu cherches et tu trouves une idée après l’autre, d’une image à une autre, d’un signe à un autre, une idée après l’autre, et le compte passe.

Il compte sur ses doigts le temps passé, le temps à venir, le temps perdu et l’attente, enfin nous reviendrons et nous chanterons dans la gloire, le vent est suspendu à tes lèvres, à ton histoire, les hommes chantent au loin et tu n’es pas leur roi, ils chantent une chanson d’été et de cailloux et tu bois de l’air, dans l’air, de l’eau, le souffle clair, la bouche immense tu aspires l’eau, et tu comptes le temps, tu vas, perdu et libre, ton fardeau est posé, et plus rien n’attend, et plus rien n’attend, le grand paon de jour se balance, le machaon doré, sucrerie, les fleurs blanches passent et le sureau sent fort et mauvais et les vaches n’en mange pas, ni les chevaux et le chien les ignore et il passe, le liseron est rose, le liseron est blanc, le pas est bien plus souple, l’herbe verte, si verte dans cette chaleur c’est à n’y rien comprendre.

Le temps est suspendu, les bateaux montent comme un bord de mer ce bord de fleuve, ce canal et les ruines battent ce pas inutile et les symboles et les idées, gravés sur les cailloux, ils attendent, ils arrivent, ils se comptent, ils espèrent, ils avancent toujours et toi tu cours, tu cours sur le sentier, tu berces ton royaume, tu perces ta coquille, tu avances et tu penses, la tortue est si lente, si lente elle plonge, elle a plongé dans l’eau, tu as vu une fois la tortue d’eau du marais qui tourne vers l’eau, vers le sud, vers la mer, le symbole et l’idée et l’eau est si présente, le bateau, la vergue, l’assemblée des eaux, les eaux assemblées, l’assemblée des oiseaux, le compte des vaches, le retour des troupeaux, les herbes folles penchent et le bateau qui passe a un toit bleu bien bleu, moins que le ciel bleu.

Ils sont nus sous la toile, il a trouvé un temple bleu plus clair, ils sont nus sous la toile, le bleu de la toile est moins beau que le bleu du ciel, ils sont jeunes et souriants, ils saluent et se penchent et disent des bons jours, le liseron est rose, le liseron est blanc, le ton est grave et calme, et ce ton grave et calme est le masque de la joie, la joie de l’inutile, la joie de la vacance, la joie du temps perdu, d’un mot après l’autre sans utilité, sans rien en dire de plus, sans rien en faire, sans rien offrir que se laver l’esprit, que se dire un roi avance et parcours son royaume inutile dérisoire et nécessaire, il témoigne qu’ici et maintenant, hic et nunc, le sol est dur, l’herbe est verte, le ciel est bleu, l’air est chaud, le vent est plein de vent, l’air est plein d’air, les animaux suffoquent, les oiseaux blancs se penchent, l’air traverse les arbres, il fait si chaud, si sec, et pourtant l’herbe est si verte, il construit, déconstruit, reconstruit, remonte, ruine et élabore, et il recommence et il se dit, je traverse encore une fois mon royaume inutile, inutile et je me lave et j’avance et le pas traîne dans l’herbe, verte malgré le sec, malgré le temps perdu, il avance et il compte un mot après l’autre, il compte les oiseaux, vingt dans l’air, vingt blancs dispersés au milieu des taureaux noirs, il était parti pour chercher les oiseaux, il a trouvé leur trace, ils reviennent et il compte, ils sont perdus, perdus dans l’air immense, le trèfle est rose, le liseron est blanc et rose, les chardons piquent et les fleurs bleues, fleurs qui s’ouvrent au matin, fleurs bleues qui portent les escargots, fleurs bleues sans pétales, demain matin vous serez là, vous serez là, je chanterai, vous chanterez.

La voix, le muscle est détendu, tout est posé, du pauvre seul ami fidèle, descends à la voix qui t’appelle, descends. En finir avec les mots avec la bataille aujourd’hui en Juillet, tu marqueras un chiffre au fond de la page et tu diras il n’a pas perdu son temps, les papillons volent dans l’air, ils étaient blancs, ils sont jaunes, il y eut un machaon, il y eut un paon de jour, je ne sais si c’est la vérité, les papillons j’ignore, je ne sais rien, j’avance et le fardeau est posé, posé et le roi dans son royaume et avance, avance, il faut avancer, le pas est lent, le ton est grave, c’est un masque pour la joie.

Ils iront tendus d’aventure, ils chanteront, il se dit ce peuple est en révolte, il faut bousculer et le trône et le banc, il faut brûler les maisons, les toitures, il faut vider les coffres, il faut répandre l’argent, il faut brûler ce qui brûle, il faut chanter ce qui chante, il faut dompter l’indomptable, il faut vendre l’invendable, il faut crier ce qui ne peut, il faut casser, il faut briser, il faut percer, il faut fouler la pierre, il faut pousser les cailloux, il faut massacrer, massacrer, couper les herbes, tailler les jardins, en finir, en finir pour pouvoir commencer, en finir pour recommencer, ce roi est fou, il disperse son royaume, il foule une à une les herbes de son temps, il brûle un à un les fétus, il mâche les brindilles, il déclenche le temps, il rompt les amarres, il va brûler tous les vaisseaux, il attend, il avance, il espère, il y croit, il se trompe, inutile, inutile, il avance dans le temps, il avance en fermant, il serre sur lui le cœur, les mains, la poignée de main du contrat qui résout tout, il avance, il avance, il a coupé le tesson, le temps est rompu, le pacte est scellé, il sait le dire, la rupture dit l’alliance, une rupture dit l’alliance, le temps est posé, le temps est compté, il avance, il écrase les herbes, les trèfles, liseron roses, liserons blancs, fleurs jaunes, de l’eau à la main, du feu sur la tête, le sel est dans l’air, la terre est sous ses pas, le roi dispense, il couronne, il répand la pierre a obtenir, le fer, le sel, la terre, l’eau, le feu, l’air, la terre, l’eau, le feu, la terre est dure, le feu est chaud, le ciel est bleu, il avance, il se pâme, il répand au soleil tous les mots inutiles, il épand, se répand, il pense une rupture dit l’alliance, voilà la clef, une rupture dit l’alliance, le reste n’est que mots, perdus, le roi avance sur son territoire, il parcours son royaume, il rend sa justice, et sa justice dit : une rupture dit l’alliance, des os rompus, de la chair éparse, de l’herbe verte foulée, le pied est souple, la terre est sèche, la poussière vole, l’eau est dans l’eau, l’air est dans l’air, le vent est vent et le vent souffle au loin les chansons, les hommes simples chantent et dansent et ils avancent et ils dansent, un été, un été, un été de plus, les escargots ont grimpé sur les tiges vertes, demain ils seront là, et dans les fleurs bleues, fraîches, épanouies, les fleurs du matin.

On s’enferme et on rompt et la rupture est signe d’alliance, on rompt le pain, on rompt le verre, on rompt la terre cuite, tout est coupé, fendu, brisé, distendu, le royaume se craquelle, il avance à travers ses champs, il chante et écrase l’herbe sous ses pieds, il avance, il a posé son fardeau, il brise les toiles d’araignées, il est géant, il est puissant, il conte la rupture, la rupture est signe d’alliance, en fera-t-il encore un pas, en fera-t-il encore un rêve, sa marche est suspendue, le vent est vent, l’air est dans l’air, l’eau est dans l’eau, les papillons dans l’air, jaunes et bleus, le liseron rose, le liseron blanc, il avance se promène et se détend et déride les muscles un à un, il chante dans le vent, il soupire, il se complaît, il se frappe de mots, d’un mot à l’autre, d’une image à une autre : une clef à briser, un air à enchanter, il faut dire la vie est simple, la vie est calme, la terre est dure, l’air est dans l’air, le ciel est bleu, le soleil est chaud, l’air, la terre, le feu et l’eau, l’eau est si proche, si verte et pleine, pleine de tout, et imbuvable, l’herbe est riche et verte et immangeable, l’air est dans l’air, il est irrespirable et la vie est invivable, et pourtant le fardeau est posé, et la vie irrespirable, invivable et douloureuse et calme et lente, le temps passe avant de passer ailleurs, on s’éveille, on se réveille de ce rêve éveillé, il suffit de se dire suis-je le roi de ce royaume, suis-je perdu, sous le ciel, le soleil bleu et tout se mélange, il y a rupture et donc il y a alliance, et d’autres se disaient que la trahison vient juste après le plus haut de l’amour, au sommet il y a la trahison et la rupture est signe d’alliance, c’est la clef, un pot rompu, des années de bonheur, un miroir brisé des années de malheur, l’herbe foulée pourtant si verte dans la chaleur, les papillons, les liserons roses, les liserons blancs, la vie à resserrer, la clef à oublier, le ton à animer, si grave, si calme, si lent, mesuré, posé, pour donner de la grandeur aux choses futiles, pour faire accroire, accroire, pour mentir et le fardeau est posé, la vie est calme, la vie avance, la tête est propre, l’esprit est lavé, le cœur est apaisé, il respire, le papillon jaune vole devant et le roi avance dans son royaume, au loin les hommes chantent, sujets heureux de leur royaume à eux, ils chantent l’été, ils sont en attente, ils espèrent, ils sont contents, la vie est calme et reposée. 

16 Juillet 2010.