mercredi 20 mars 2019

Jamais trop haut, toujours trop près, jamais trop loin.

Bien haut, bien loin, jamais trop haut, jamais trop loin, il a posé une pierre sur une autre et pousse son chantier et pousse sa romance : ils sont venus et calmes les errants, les sans noms, les bien haut, bien loin, si haut, si loin, ils sont donnés, et ils griffent le vent clair, si le vent est clair, l’âme est contente, ils se submergent, ils lissent, ils refont tout et tout encore, le ciel est bleu, ils sont contents, le temps les fuit,

ils recommencent, ils durent, ils accrochent aux nuages des rayons, ils sont au ciel : le soleil et la lune, ils construisent, ils recommencent, un mot, un autre, une chanson mêlée, de joie, de porcelaine, de fil fragile, de sons aigus, ils sont contents, ils avancent, ils tournent et errent d’un bord à l’autre de la vie, la joie au cœur ils éclaboussent le ciel lui-même, ils tirent sur chaque pensée, sur chaque présent, un instant l’autre,

une rumeur, une rumeur, ils sont imprécis et serviables, ils finissent, ils sont en nage, le temps est chaud, le ciel est là, il est posé au bord du toit, au jour levé à l’évidence, ils se tiennent, ils se balancent, la vie est sûre, le pas est indolent et souple, ils sont en attente, ils filent un son, un autre, une pensée, une idée, un tour de plus, ils montent encore, ils y seront comme une certitude, le ciel est haut et lointain,

jamais trop haut, toujours trop près, ils avancent, ils recommencent, ils montent, il y arrivent, ils sont heureux et ils le disent, le temps est clair, le soleil haut, si haut, si loin, si loin et ils ont une habitude, jamais trop haut, jamais trop loin, le sol est en bas, le ciel est en haut, d’un évidence claire, ils sont venus, ils sont comptés, ils tirent et fabriquent un univers, une légèreté si haute et si lointaine, en rire, rire, jamais trop haut,

jamais trop loin, le temps est clair, le soleil berce les murs, les jardins, les fleurs, les outils sont posés à l’ombre et tout y sèche et s’y concentre, ils consacrent chaque seconde, ils déplacent la volonté, ils sont heureux et fort à l’aise, le temps est clair, le soleil haut, si haut, l’ennui lointain, si lointain, jamais trop haut, jamais trop loin. Un temps consacré au très haut, au tout lointain, à ce qui ne peut plus se dire,

à ce qui n’a pas encore de nom, les vieux ont chu, ils sont tronqués, ils se dispersent et filent, la mémoire est perdante, le nom lavé, le cœur décroché, ils palpitent ils tremblent, ils voient venir le nommé ici, le tard venu, le nouveau, la bouche ouverte, le cœur à l’aise, jamais trop haut, ni trop lointain, ils avancent et cherchent un nom, un nom, un autre, une pensée, une idée, un devenir, un grand éclat, un rire pour longtemps, jamais trop loin.

L’or est sur leur route, ils sont vêtus, ils sont princes.

Le soleil vient de haut sur leurs images, le soleil haut sur leur chantier, ils joignent les fleurs une à une, tige à tige, le bouquet posé sur le cœur, le pied posé dans le ciel bleu.

Il a posé sur le fil un oiseau, il vient, il va, il est précis.

Ils rient et recommencent, ils sont un instant de grâce et de puissance, de bienvenue et de retour, ils sont retournés dans la pente, ils cherchent le chemin des noms même perdus, ignorés, toujours cachés, sûrement loin, et haut, ils rient trop haut, trop loin, ils sont posés sur un nuage, ils cherchent un nom, un nom encore, pour y poser leur espérance, pour en rire encore beaucoup, ils savent les chansons des sirènes,

ils connaissent les lourds secrets des bijoux perdus, des fauteuils lacérés, ils cherchent et portent au front un signe de vraie lumière, de temps gagné, de frais posé au cœur quand il fait chaud, quand le ciel est haut et quand le soleil brille.

Et comme ils rient ces cœurs ouverts, ils inventent des phrases, mot à mot, point par point, ils sont connus, ils sont en nage, le temps est chaud, le cœur à faim, ils sont bercés sous les feuillages, ils rient du vin perdu aussi, de la chanson de porcelaine, le vase a fuit : il est percé, les fleurs plongent tige à tige, dans l’eau perdue, le nom sera-t-il trouvé, ils ont ouvert le registre des noms à incarner, les tuiles fraîches en dessous,

chauffées au vif par le dessus, ils cherchent le nom, le premier, celui qui ouvre chaque porte, qui fracture et déclare la liberté, ils sont heureux sous les ombrages, les errants, les porteurs au sac plein d’étoiles, de pain et de souplesse, ils posent un à un chaque fardeau, chaque regret, ils ont inventé la rupture, le lourd secret, le nom glacé, il déploie la clarté, le vif, le sonore, il est inscrit dans la serrure, il tourne avec la clef.

Ils inventent des noms, ils inventent le vent léger, ils sont ravis, ils chantent, au vent, légers, au vent, ravis. Chaque instant dure une merveille, ils sont princes vêtus, ils ont posé de l’or sur leur route. Ils sont rieurs, ils sont à l’aise, ils mangent des fruits encore verts, ils sont heureux dans la fraîcheur, il est temps de les énumérer, sont-ils deux ? L’orage, trop haut, trop loin, ne vient pas encore.

29 Juillet 2010.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire