mercredi 31 octobre 2018

Tout ici hurle en silence.

Sur Babi Yar, pas de monument.

Un ravin abrupt, telle une dalle grossière.
L’effroi me prend.
J’ai aujourd’hui le même âge que le peuple juif.

Il me semble là — que je suis juif.
Me voici, errant dans l’ancienne Egypte,
Là agonisant, sur cette croix,
Dont, jusqu’à ce jour, je porte les stigmates.
Il me semble
que Dreyfus, c’est moi.
Les boutiquiers me dénoncent et me jugent.
Je suis emprisonné.
Pris dans la rafle. Poursuivi comme une bête,
couvert de crachats, calomnié.
Et les petites dames, en dentelles de Bruxelles,
glapissent et me plantent leurs ombrelles dans le visage.

Il me semble — que je suis le gamin de Bialystok.
Et le sang du pogrom ruisselle.
Les piliers de bistrot se déchaînent,
puant la vodka et l’oignon.
Et moi, jeté au sol à coups de bottes, sans force,
je supplie en vain mes bourreaux.
Et ils s’esclaffent :
« Cogne les youpins, sauve la Russie ! »
Un épicier viole ma mère.
Oh, mon peuple russe ! — Je le sais — Toi — Par essence,
tu es international.

Mais souvent, des hommes aux mains sales
ont fait de ton nom pur le bouclier du crime.
Je connais la bonté de ta terre.
Et quelle bassesse !
Sans le moindre frémissement,
les antisémites se sont pompeusement baptisés
« Union du peuple russe » !

Il me semble — que je suis Anne Frank.
Transparente
comme une brindille d’avril.
Et j’aime.
Et pas besoin de grands mots.
Il faut juste
que nous nous regardions en face.
On voit, on sent
si peu de choses !
Le ciel, les feuilles
nous sont interdits.
Mais nous pouvons beaucoup :
Tendrement
nous embrasser dans ce réduit obscur.

On vient ?
N’aie crainte — c’est juste le bourdonnement du printemps
qui s’approche.
Viens vers moi.
Offre-moi vite tes lèvres.
On brise la porte ?
Mais non, c’est la glace qui cède...

Sur Babi Yar bruissent les herbes sauvages.
Les arbres regardent, terribles juges.
Tout ici hurle en silence,
Et moi, tête nue,
je sens lentement
mes cheveux grisonner.
Et je suis moi-même
un immense hurlement silencieux
au-dessus de ces mille milliers de morts.
Je suis
chaque vieillard fusillé ici.
Je suis
chaque enfant fusillé ici.
Rien en moi n’oubliera jamais cela !
Et que L’Internationale résonne
quand on aura mis en terre
le dernier antisémite de ce monde.
Je n’ai pas une goutte de sang juif.
Mais, détesté d’une haine endurcie,
je suis juif pour tout antisémite.
C’est pourquoi
je suis un Russe véritable !

Evgueni Evtouchenko 
Traduction de Jean Radvanyi.
Publié dans Literaturnaia Gazeta le 19 mars 1961.




 "Dors, ma fleur, mon fils chéri;
pendant que je balancerai ton berceau,
je vais te dire le conte de ta vie. 

Je commence par te prévenir que tu es un Hébreu,
Que tu as Israël pour nom
et que c'est là ton titre de noblesse. 

Ô mon chéri, quand tu seras avec des gens
étrangers à ton peuple,
ne sois pas honteux devant leurs insultes
mais réponds-leur bien haut.
Oh! je t'en prie, sois sans peur aucune,
dis leur: "Ne suis-je pas le descendant des saints,
fils du peuple éternel?"
Fils du peuple éternellement persécuté
malheureux comme point d'autre, glorieux quand même, car il dure, et cela depuis des siècles
et cela pour toujours.
Ne désespère point, mon fils chéri
Parce que ton peuple est en exil.
Crois plutôt que le soleil de la justice
un jour brillera sur nous.

Souviens-toi sans cesse que nous avons un pays,
là-bas, très loin, que c'est vers lui
que l'âme de tout juif aspire avec ardeur.
Sur ses monts, dans ses champs délicieux
tu deviendras ce que tu voudras :
vigneron, berger, planteur, jardinier,
tu vivras paisible....
Dors ma fleur, mon fils chéri."

Sur le cœur, sentir les bonds.

Et la paix, le silence, tout est loin et tout se ferme, la vie circule et recommence sans bruit, sans rien sur le dessus, sans rien sur le dessous, le rien étrange et entendu et fermé sous les yeux qui penchent, sous le nez et sous le pli des lèvres, du regard, de la bouche, dans l’air, dans l’eau. La paix, le calme, le repos, il lâche la prise et il s’envole, où il tombe, il tombera, où il vole, il volera, il est en haut, il est en bas, il passe et pense à la fois, sous le haut, sur le bas, dans l’air calme, calme, calme.

Il penche le regard et risque le sourire et le masque lisse et lissé, fermé sur le cœur, sur les os, sur la peau, il faut entendre la paix, il faut sonner du toit du monde sur le tard, sur le loin, sur ce qui vient et sera. La vérité est dans les nuages, l’ardeur sous la peau, le soleil touche, touche, touche, la vérité brûle le cœur. Les yeux noyés sous les nuages, le cœur perdu dans le lointain, la vérité sur la balance, le poids des jours, la certitude, le travail, le poids, le terrible, le malfaisant, la solitude, le remord, la vérité passe dans l’air, dans l’eau, sous terre et sur les yeux.

Ébloui, perdu et heureux et sans doute et sans raison, sans rien en haut, sans rien en bas, dans le silence et dans l’attente, il faut faire la paix, l’accord, l’harmonie à toutes les cordes. Le son insiste, le soleil brûle la peau, le cœur et les oreilles, la vérité coule du front, du nez, sur la bouche, sur les lèvres, le pli amer, amer, amer, la vérité glisse dans l’air. Il faut la paix, le calme, le repos, la certitude et s’envoler et battre l’air d’un poids de plumes, d’une espérance, d’un baiser, d’un remord calme, la vie a passé, le cœur en paix la bouche calme, les yeux posés sur les saisons, le cœur content, il faut abandonner et tendre l’âme et tendre la corde et tirer le son vers le haut et voir plus loin et tout entendre et sur le cœur sentir les bonds, les petits animaux s’amusent.

La paix, le calme, le repos, l’espoir, la grandeur et les larmes, de joie, de joie, il faut attendre, se mettre dans les bras aimants et attendre que tout arrive, que tout arrive et raconter l’histoire et redire le temps et frapper dans les mains pour ouvrir la porte. Le temps est clair, le temps est court, les oiseaux passent et ils entendent le rien, le doux, le sûr, le secret des âmes changeantes. Il faut la paix et le repos et le grand calme, sans rien en dire, sans rien en voir, tirer doucement sur la corde, amener au bord du temps la barque seule, le petit navire.

Il y a dans l’air au soleil une saveur, une certitude, le collier est défait, la vie s’écoule et le bateau tire, les yeux vers l’eau et vers le ciel et les reflets sur la paupière, la vie est lente, lente, lente, le cœur respire et il faut encore, voir le soleil, voir l’air, le temps, la raison calme sous les arbres, il tire un accord sur les doigts, il faut entendre et comprendre. Le calme, le repos, la paix, il faut croire et apprendre, et tirer sur l’accord, sur le temps clair, sur le temps court, sur les saisons et les ramures, le poids de l’air sur les épaules, la vérité au bout du chemin, le clair, le droit, le gai, le grand, il faut tirer la corde et entendre le bruit des pas dans le ciel clair dans le ciel grand, au temps si loin, au temps si long, au temps si grand et sans attaches.

La vérité glisse dans l’air, le soleil brûle la peau, le cœur, les années longues et immobiles. La paix, le calme, le repos, il lâche la prise et il s’envole, où il tombe, il tombera, où il vole, il volera, il est en haut, il est en bas, il passe et pense à la fois sous le haut, sur le bas, dans l’air calme.

7 Avril 2008.

mardi 30 octobre 2018

Retour de trésors.

Dans l’océan de nacre la sève se répand, et de sa blanche écume gifle les rochers avec violence. C’est une nuit exorcisée, enfiévrée d’éclairs, de chaleur, de rage et de démence. Une nuit où la mort inlassable voyageuse se glisse à pas de loup, en silence et confiance sur la rive apaisée.

Les fleurs sont en gerbes et sourient au soleil, perles de nacre au cou de la lune.
 
L’été est là… au ciel penché, de nacre et d’herbe rouge, sur le parterre de fleurs blanches qui volent et se répandent au cou de l’été telle une parure de quartz bleu de lune.

Maria Dolores Cano, 30 octobre 2018 à 10:20

En marche, des trésors.in « On, Je,. »

On, avance, on, commence, on, chante le trésor de nacre, l’ardeur, les océans déchaînés, les grands se tirent par la manche, le rien est envoyé, la sève coule et recommence. Ils sont là, en démence, le poing rageur, le poing levé, avec candeur, avec violence, des turbulences sont annoncées, ils viendront pour régler en heures l’attente et la trahison. La pluie est là, la chaleur monte, ils sont en avance d’une erreur, d’une connivence, d’un poids terrible, d’un poids terrible, d’une vaillance, d’une enfance, ils agitent la violence, ils tournent, tournent sur le sol, la fin des temps, la mort rôde sur ce lieu paisible.

Des trésors de nacre, de joie, des adieux au petit côté des choses, des cailloux, ils avancent sous les branches, l’un bien devant, l’autre bien loin en arrière, et sur le côté, remplis de joies et de ferveur et de santé et de colère. On, se retire et ils appellent, et ils commentent les saisons, le temps est froid, tout peut attendre, la chaleur viendra, avant le soir, avant le soir, le jour vaincu, le grand courant, la certitude sans mensonges, ils mangent, mangent, des herbes fines et noires et rouges et bien amères. Le temps vient de courir sur les cailloux, sur les ornières. La couleur change et brille de pétales parfumés, de sentiers pleins d’abeilles et d’ombres.

Ils se demandent, ô seigneur, où vas-tu, toi qui avance, qui traîne et retiens ton souffle, que regardes-tu dans le jour. Les oiseaux ont changé de rive, ils passent sur le ciel tremblant, si loin et si près de la tête, ils effleurent le temps et finissent sur les arbustes. Sans rien, sans y penser, sans attendre, ils passent et les marcheurs sont sur le flanc. Les pierres du chemin avancent et amortissent le poids, ils recommencent et filent, et rêvent de trésors de nacre, de couronnes pour les rois, de colonnes pour leurs temples, le palais est en marche, ils inventent la vie, le ciel, le temps et bénissent les jambes, elles portent sur les rochers, fleurs terribles, leurs armures.

Des trésors de nacre, des palais pour les rois en marche, une colère pour enfoncer un pieu au cœur, une lame sur le côté, ils se rejoignent, ils commencent et le plus loin est revenu, ils recommencent et dérapent et font et un et deux et rien, et rien sur l’eau, rien sur la peau, les fleurs blanches fleurissent et penchent jusques aux lèvres, jusqu’à l’été, un cercle pur, une parure, un rang de perles, un cœur de nacre, une image au soleil pour une adoration, un cœur se déplace, une envolée, si pure et délicate, ils avancent et recommencent, posent sur leurs yeux lavés une couronne pour tout dire, pour éclater et convertir en or, les herbes et les rires.

La vie avance, sur le chemin ils se déplacent. Au ciel penché, si bleu, si loin, les oiseaux décrochent le temps, serrent les plumes et chantent bien avant, l’été avance. On, se retire et ils appellent, et ils commentent les saisons, le temps est froid, tout peut attendre, la chaleur viendra. Ils mangent, des herbes fines et noires et rouges et bien amères. Des trésors de nacre, des palais pour les rois en marche, une colère pour enfoncer un pieu au cœur, une lame sur le côté, ils se rejoignent, le plus loin est revenu, les fleurs blanches fleurissent et penchent jusques aux lèvres, jusqu’à l’été, un cercle pur, une parure.

22 Février 2008.

lundi 29 octobre 2018

Retour, là où les autres fuient.

Les cordes se tordent, les cailloux se noient et le ciel jette des rubans noirs qui ensevelissent l’eau. Ils ne savent plus qui ils sont ni où ils vont. Je, ils, vous…. Les bouches se tordent de rires et de soleil noir. Égarés ils sont dans cet infini bleu.


"Je est un autre" qui tend la joue au baiser du soleil, et à la caresse du vent. "Je est un autre" qui court à travers champs, du parfum plein les narines, et de la joliesse plein les yeux. "Je est un autre" sur la liste des vivants qui contemple la lumière du jour, et le sourire de l'enfant.

Il avance dans ce monde si précaire, et se sent emprunté à l’idée de retrouver tel visage oublié, enfoui, ressurgi, retrouvé. Destin de ceux qui cheminent sur les sentiers du temps. Lui sera toujours présent dans l’oubli du monde.

Maria Dolores Cano, 29 octobre 2018 à 11:28

Triste regresso.

Podem me prender,
Podem me bater
Podem até deixar-me sem comer
Que eu não mudo de opinião
 

(Ils peuvent me prendre,
Ils peuvent me battre,
Ils peuvent même me laisser sans manger,
Cela ne me fera pas changer d’opinion)


Então não pude seguir
Valente lugar tenente
De dono de gado e gente
Porque gado a gente marca
Tange, ferra, engorda e mata
Mas com gente é différente
 


( Alors je n’ai pas pu continuer
À être le lieutenant courageux
D’un propriétaire de bêtes et d’hommes
Car les bêtes, on les marque,
On les fouette, on les ferre, on les engrosse, on les tue
Mais les gens c’est différent)



"Pra não dizer que não falei de flores" de Geraldo Vandré(1968), cette chanson oppose « les soldats armés, aimés ou non » aux « foules qui croient que les fleurs peuvent vaincre des canons ». 

Tristeza.








Là où les autres fuient. in « On, Je,. »

Il est possible que je, soit en avance, il est possible qu’ils soient tous en retard, à corps perdus, les noyés, épris, endeuillés, errants, ils se traînent et déposent le tas de leurs angoisses et de leur impuissance. Ils se donnent une impression d’éternité, de tout temps, de tout lieu, ils enjambent la rive, ils détournent leurs yeux du chemin à venir, du chemin à chercher, du chemin à finir.

La porte est ouverte et pleine d’éclaboussures, leurs yeux ont vu et ils s’empêchent de vivre, leurs oreilles ont entendu et ils se glissent dans l’air du soir : le ciel est bleu, la rive est verte, ils se donnent à la vue, aux regrets, ils passent et recommencent et enchaînent, ils tirent les cordages, ils enjambent, ils enjambent le temps et tirent les bras nus sur les tiges, la vie hésite, ils se donnent en haut, ils se donnent en bas et finissent, les yeux ouverts sur les cris et les pleurs des petits, semés sur la rive.

Le soleil éblouit, l’eau est parfumée, les yeux auront tout vu et tout saisi, la main se ferme sur les cris des enfants de passage, la lumière est en haut, le cri est à corps perdu.

Ils avancent sur le bord et jettent dans l’eau des cailloux serrés de cordes, ils jettent tout, la corde remonte à la surface, le ciel est bleu, l’hiver est bien rentré et ils jettent dans l’eau des pierres enrubannées de fils noirs pour serrer, ils retiennent leurs yeux sur les pierres du bord roulées avant. Ils avancent vite et ils rattrapent je, et ils effacent les rires sur son visage, la maison est trop haute, adieu la liberté, ils effacent le ciel et cachent le soleil, l’air est si bleu et eux si noirs et sans âmes.

Je, avance sur le sable et grandit dans le soleil, il borne son inquiétude, il tend au baiser un front épuisé, une candeur de loup, un regard sans racine, sans occupation sans mémoire, sans sel et sans repos.

Je, est en route et pose sur la rive un sac d’herbes salées. Ils avancent sur lui tout seul, devant et perdu, dans leurs yeux il existe encore, il avance et reprend de l’air dans ses narines, du soleil au fond du cœur, il respire le champ posé sur le lointain, les fleurs blanches, les étreintes de loup et de corbeau et de dernière saison. Il vient dans le temps et pense encore dans ce jour si bleu et si beau.

S’il était seul et le dernier de la liste des morts, posée sur le sable, ils effeuillent le large et disent des horreurs, la lutte est dans les têtes et les regards se chauffent, la fin est suspendue et le dernier de la liste est encore vivant. Il et vivant et chante et tire aux herbes des parfums, du miel pour échapper.

Je, mêle les raisons et perd, la confidence est lourde, cet homme est pour lui seul. Ils avancent sur lui qui était loin devant, loin et loin et si bien devant dans les fleurs blanches des arbres, mélangé et heureux et offrant ses regards à la flammes d’en haut, sa respiration pour ces petits qui suivent et n’osent rien et n’offrent rien et ne balancent ni œil, ni main pour saisir dans l’air la chance d’être heureux et libres.

Je, est en avance dans l’air bleu dans le soleil, sur la rive, les fantômes le suivent, il avance et il pense a eux, aux autres, aux enfants perdus et reconnus et mêlés dans l’eau vive, toujours ces noyés, ces précaires partis et qui reviennent et dénoncent la rive. Il est parti, il revient, il est toujours là où les autres fuient.

22 Février 2008.

dimanche 28 octobre 2018

Peter and Benjamin.




Retour d'ailleurs.

Une histoire, une armée, le pire est sur la route. Le silence est présent, la lune est morte. La nuit les oiseaux parlent d’amitié. La vie pénètre l’obscurité et tire la langue aux ténèbres.

Le feu crépite, rouge sur la cendre. Le ciel se noie dans un fleuve d’étoiles. Bruissement d’ailes, oiseaux de nuit en chasse. Ils vont, ils viennent, ils cherchent la pluie dans le ciel noir.

La vie est une guerrière, une boxeuse audacieuse. Son cœur en bandoulière elle remonte la grève. La nuit serre les poings, sa bouche est une blessure. Elle pleure la lune morte.

Les yeux au fond du puits regardent le grand vide, ils écoutent le silence du ciel, nuit maudite, nuit misère, cœurs blessés, cœurs damnés. La bouche du bonheur a du mal à s’ouvrir, elle serre les dents, incapable de sourire. Les âmes sont grises et assises sur la margelle du puits.

Histoire de haine et de violence, de guerres éternelles, d’ennui et d’ennemis, de chandelles qui chancellent et qui n’éclairent rien. « Il n’y a plus rien ». 


Maria Dolores Cano, 28 octobre 2018 à 11:24

Retour au bout du fil.

"il cherche au bout de l’âme un tout petit caillou, un scrupule au fond de la chaussure"... Débusquera-t-il l'ange qui tend le fil et lui dit d'aller de l'avant, au droit fil du courant ?

Une petite lame perce et se tord dans un cœur de caillou qui saigne larmes... l'arme de l'obscurité.

Le grand loin, le grand midi, tout est si loin dans les cailloux et dans l'attente des jours nouveaux, des jours si sombres perdus dans l'ombre. Au bout du fil que restera-t-il de ces petites perles vertes qui à terme nous réjouirons de leur nectar divin ?
Maria Dolores Cano, 26 octobre 2018 à 09:16

On, va partir ailleurs. in « On, Je,. »


Une histoire livrée à la haine, à la violence, au bourreau, au bourreau. Ils se traînent et chuchotent sur le sable, un ennui, un regard, un affront. Ils se balancent et osent des aveux inquiets, des souvenir futiles, des rires de lapin, des duretés dans l’âme, une armée en déroute, une campagne à prendre, pour partir, pour partir ailleurs. Ils évacuent le pire et domptent les étoiles et la route.

Une éclipse, une éclipse, la bouche pincée sur un défaut, ils chuintent, ils sifflent, ils cajolent, ils recomposent le présent et défendent, défendent la suite, les défauts sur la langue, poils et cheveux et bouches qui chuintent, où irez vous dormir si le silence est mort, où irez vous plonger si la lune est absente, dans l’escalier la nuit les oiseaux chuintent, les hiboux, les chouettes, un peuple parle mal et tourne sa langue et refend l’amitié d’un doigt, d’un œil, d’une estafilade sans risque, la bouche est tordue sur les défauts du jour, la lune est en éclipse, le chuintement chuinte et chante, la bouche est tordue, le regard est clos, la vie se vrille sur ces bouts de langues.

Ils tournent sur eux et soufflent sur le feu, la braise est rouge, la nuit est sans lune, le balcon est perdu, bien perdu dans le ciel, les étoiles divaguent, il a plu, il pleuvra, leur bouches sont tordues et chuintent, chuintent, chuintent, les hiboux se déplacent, la langue tordue.

Ils se déplacent et partent pour ailleurs, les oiseaux dans la nuit et on, se tord la bouche et cherche le destin au fond d’un seau, la lune est absente, les aveugles se perdent, ils partent pour ailleurs et déplacent le temps et déplacent la vie et ferment les yeux sur le ciel noir de nuit et de lune morte, partie ailleurs cachée, perdue absente, sans raison et la bouche est tordue et le regard est lourd et entre les nuages ailleurs sont les étoiles et on, est perdu, perdu sans lune ailleurs, au loin dans le regard posé au fond du seau, la lune est noyée dans le fond de la bouche, les lèvres sont tordues et les mots chuintent, chuintent et le vif est rendu au plus haut, au plus loin. La vie est conquérante et sans mesure, où est le cœur tordu sous cette bouche, les mots chuintent et la langue prend la place du monde, le cœur enrubanné et les yeux tournent, tournent, la lune est en voyage et va vers les aveux, les ennuis, les reproches, pourquoi du défaut, pourquoi de la fantaisie, la bouche se tord même sur chaque mot, accroche et rend un son pitoyable.

Le regard est tenté, au fond, au fond du seau perdu, au fond du seau noyé, il n’y a plus rien, ni lune, ni testament, et le cœur est sans aise et le cœur est perdu, la bouche est tordue sur chaque mot qui passe, sur l’étroit sentier du bonheur et du temps, ils se réchaufferont les agités de l’âme, les lecteurs de fond du seau, les noyés sans la lune.

On, va partir ailleurs, une histoire est livrée à la haine, à la violence, au bourreau, au bourreau, ils se traînent et chuchotent sur le sable, un ennui, un regard, un affront ils se balancent et posent en chandelle des aveux inquiets, des souvenir futiles, des rires de lapin, des duretés dans l’âme, une armée en déroute, une campagne à prendre, pour partir, pour partir ailleurs, ils évacuent le pire et domptent sans trembler les étoiles et la route. La lune est perdue, le seau est vide, vide, la bouche est tordue, et les mots chuintent, chuintent.

20 Février 2008.

samedi 27 octobre 2018

On, prépare la fuite. in « On, Je,. »


Bercez les héros morts, portez les aux étoiles, chevauchez une monture de quatre temps, de fer et de feu et mordante et tonnante, le pied gratte le sol et les tourments.

Ils sont une main pleine, les grands sont en attente, les petits sont chez eux, ils espèrent tous et grattent le sol, les ongles sont usés et rien ne monte au jour. Ils se préparent et vont, courir la fuite et pencher et voler et endormir le temps et prendre dans leurs bras des paniers de courage, des bouteilles d’angoisse. Ils se reposent et posent sur la branche un rêve de perdu, un espoir de succès, ils se donnent aux uns et boivent chez les autres et dégoisent à l’aise et vont aux voluptés. Ils enchantent le ciel, ils regardent la lune et ils posent un bras pour le baiser, une espérance forte, une herbe de plaisir.

Une onde est propagée en éclair dans le jour.

Ils se perdent d’en haut et filent sur la trace, les arbres sont tranchés, aveuglés ils avancent, ils bercent sur leur corps des lames pour trancher, pour effacer le temps et border le silence, pour cueillir d’un doigt vague, les nuages aux cieux, ils espèrent la lune et chantent, esclaves du bien, du droit, du pur, de la frissonnante nature. On, prépare la fuite, on, chante vers l’oubli, on, disperse, on, avance et on, prend l’osier et on, tresse un panier pour les pommes et la honte, pour y endormir les enfants sans paradis.

Ils sont absents et manquent et perdent le plaisir à rencontrer le temps, à fausser la droiture, ils sont enfin petits et perdus et complexes et sans raison, sans un sentier tracé, et sans éternité, la perte est bien trop sûre et bien embarrassée. Ils se plaignent, ils avancent et feutrent le marteau pour frapper sans l’entendre, pour repeupler leurs âmes de cailloux et d’orge et de chevaux brisés.

On, prépare la fuite et on, sert la vengeance sur un étendard bleu et bien piqué et cousu et gratté et plein d’images pieuses. Ils avancent vers l’or et chantent sans savoir. Ils se reposeront un soir sur la paille après avoir servi et desservi le ciel, sans y prendre garde et sans penser, ils iront aux étoiles conter tous leurs bonheurs. Les étranglés de joie, les confus, les ardents, ils bricolent et foulent du pied le temps, ils sacrent sur la route, charretiers maladroits, tireurs d’obéissance sans lois. Sans rien entendre dire, sans rien voir, sans oser tenir en haut la coupe de la liberté, ils se passent d’envie, ils se donnent à voir, ils avancent, ils oublient et perdent leur drapeau.

Ils se baignent et plongent dans la boue, dans le sang, dans la fureur et dans l’orage sans penser à rien, sans savoir, sans crier, et vive la liberté. On prépare la fuite, on cherche la raison, les étourneaux bien vite se calment sur les arbres, sur les branches, ils crient et piaillent et défendent du bec la passion, la gloire et l’assurance, ils sont mortels et plongent dans la boue, dans la fange, dans la déraison, ils avancent et volent et arrachent au temps sa peau et son pardon. Ils piaillent et tombent et franchissent en sautant le mur des heures et des secondes, le rien froissé sans âme et la silencieuse clarté.

Ils tomberont encore et fourniront du grain et on, ne les aime pas trop et peu encore et on, espère entendre un jour, un soir, la raison de ce carnage en marche, ils arrachent le sens et la passion et ils obligent les meilleurs à trembler, ils sont infâmes et présents et nombreux, et ils partent encore. Ils fuiront longtemps, bénis et agités, le goût du ciel, le goût du temps, le goût des oriflammes, et pleins d’espoirs tentés.

19 Février 2008.

vendredi 26 octobre 2018

Au bout du fil.

Il est un sonore marcheur, au temps passé à entendre, à dire, à faire, à copier et reprendre et justifier l’imprévu, le grand, le petit, la corne noire, la corne blanche, le tout sur le bien, sur le mal, sur la table, sous l’appentis où la sagesse recommence, où le fardeau est lourd, si lourd et aveugle et perdu. Il est un sonore marcheur, une vision au bout du cœur, de l’angoisse, de l’incertitude, 
 
sur les cailloux, une liste, une liste. Il avance, il avance, dans le grand loin, dans le grand tout, la liste est là, elle accumule, elle grandit et redit tout et déplace et ferme et entre et recommence à l’imprévu, il est en haut et en avance et il compte, compte sur les doigts, sur la main, un pied, un autre, un pied, un autre. La suite, le calcul, le poids des pierres sur la peau, la nouaison,

et les sanglots, il dit et parle, parle, parle, il affronte sans rien en voir le futur et son ombre et sa place et ses offenses. Il est perdu et en retard et perdu dans les confidences que faisaient en plein été et ce divan, et la fontaine, et les regards en coin sur le bord du canal, ces gens arrachent des arbres et ils les brûle et il fait chaud et il a chaud et le soleil tape, tape, tape.

Il y a bien avec élégance, une avancée sur le bout de la main, un doigt, un pied, une espérance, la vie s’étire infiniment. Il va et vient.Il perd la tête et recommence sa chanson. Il est en eux, il est en compte et il précise la saison, le temps est beau, le temps est clair, il cherche au bout de l’âme un tout petit caillou, scrupule en fond, pour racler le cœur et la peau à la surface, au monde,

il avance, il est perdu, perdu et sans avantages. Il se donne du tourment, de l’inquiétude, un regard neuf au coin cousu sur la paille. Il feinte et commence à peine, il est perdu, un couteau trouvé, perdu et reperdu et détourné sur le talus.Dans l’herbe, l’herbe fine et odorante. Il avance serré et les pieds dans la boue, il cherche, cherche et trouve, des cailloux, des cailloux.

Il se tord à cloche pied sur les cailloux. Il affronte le temps qui passe, la peau raclée de temps et d’heures, le col brouillé de larmes pures, de rien en face, de bien perdu, il a perdu un couteau, un tout petit couteau, un don du ciel, perdu, trouvé, reperdu, détourné. La vie est grave, grave, grave, le ciel est perdu dans le gris, dans l’obscurité du cœur qui penche. Sur l’herbe fine et odorante il racle,

il cherche, il se tourmente, il ferme les yeux, il est encore loin l’été et le grand ciel bleu. L’hiver est toujours dans sa pente, il a trié le temps et l’heure, la saison est remontée, le mécanisme est complexe, la machine bat la chamade, il est pendu au bout du fil, le tic tac du temps passé, du présent qui fuit et qui avance. Il avance, il avance, dans le grand loin, au grand tout.

Il est en haut et en avance et perd le pied sur les cailloux. La suite, le calcul, le poids des pierres sur la peau, la nouaison et les sanglots, il dit et parle, parle, parle, il affronte sans rien en voir le futur et son ombre et sa place.

18 Février 2008.

jeudi 25 octobre 2018

L’ardeur prenant.

Ils rentrent, ils rentrent, adieu, ils sont en pluie, ils sont en pleurs, ils chantent par le cœur, ils écoutent et s’encouragent, le corps est chaud, le corps est lourd et sous le vent, sous le ciel, ils se réfugient dans l’air, dans le soir, ils se donnent du temps et se donnent du bien, du lourd, de l’espérance, des passions, de la gourmandise, un œil en haut, un œil en bas, ils saisissent le crépuscule. La vie est large et l’habitude tend leur ardeur et frotte leur ennui. Ils se posent, se posent et pensent, et pensent sans merci, sans repos, l’affrontement est intense, la chaleur remonte sur le dos, sur les joues, sur le cœur qui s’ouvre et respire. Ils sont en l’air, ils sont en haut et ils soufflent les réponses sur le blanc de la feuille, sur le sablier, sur le reste, ils soufflent et espèrent, les autres gémissent et se noient. Où sont les sarcasmes, les quolibets, les injures, où est l’ardeur.

Ils sont déraisonnables et chantent l’harmonie, ils veulent le calme et le repos et ils attisent les braises, il faut rentrer et le feu brûle, les mains se posent sur le mur, il y a au fond des yeux une chanson et un sourire, ils se ferment et recommencent et choisissent le renouveau, la suite, la suite, les ardeurs volent et recommencent. Ils se ferment sur les outils, ils ouvrent les portes au vide, ils se retournent et enfoncent la pointe dure, le regard clair, l’innocence, leur vérité, l’obsession même, leurs chapitres, l’angoisse pure, le sang mêlé, le feu du ciel. L’ardeur prenant, la peau brûle, les yeux explosent et s’enfoncent et renaissent d’un coup de doigt, aux dés jetés sur le tapis, le sort avance, la vie avance, les jeux, les rires, les pas, la danse, la suite sera parfaite, le champ serein, la diction pure, des évidences.

Ils plongent leur peau rougie dans l’eau froide, dans l’air marin, dans l’habitude, des souliers neufs serrent les doigts de pied dans le cuir dur, dans le cuir noir. Par habitude, la fantaisie, le rien haut, le rien bas, le corps est lourd et sans attaches, il est permis et repoussé et demandé, la vie se lève à son habitude. Les pieds serrés, la peau en feu, le néant en point de mire, la tête sous l’eau, pas de vague, il ne pleut plus, les yeux perdus, le cœur noyé, ils se défendent et recommencent, et recommencent et ils répètent et assurent leur vie en haut, leur vie en bas, l’effort soutient, le regard coule, le cœur est serré, où sont les ombres, où est le temps, où est l’ardeur, la tension, le rire étrange, la volonté fuit dans le repos.

Le cœur bien haut, le regard droit, la tête chaude, la peau rouge, dans l’eau ils se chauffent, ils boivent et glissent en haut les yeux, le cœur, les certitudes, ils avancent, ils glissent sur l’eau. Le regard clair, les yeux ouverts sur l’habitude, ils plongent, plongent, se mêlent dans l’ardeur, la vie, la mesure, ils se donnent aux évidences, ils regardent en haut, en bas, ils se reprennent et recommencent et rien ne finit ce voyage. Ils soufflent, et recommencent, et glissent, glissent, sur le temps, sur le fil noir, sur le fil clair, leur vie avance, la vie avance.

17 Février 2008.

mercredi 24 octobre 2018

Au jour.

De l’impatience, du renouveau et de l’absurdité, de l’envie, il se fige, dans les coins, dans le clair, dans la confidence, dans l’escalier. Si beau, si grand, dans l’étendue et sur les flancs, sur le côté, sur le vivant, le grand, le beau, la découverte, le retour et l’impatience, le plus loin, le plus fier, la chanson et le savoir et il commande dans la bataille et il se fige sur le soir, dans le retour, dans le suivant, dans le service et dans la peur.

La faim, le froid et l’espérance et il tourne sur le dos et recommence et serre et frappe et meurtrit la main sur sa peau. A frapper, à dormir, à rêver, à entreprendre et espérer, après gémir, après souffrir, il frotte la peau de son dos sur le drap, sur le temps sur le bien, il avance et dépose au chantier un baiser sur chaque cailloux, un regard sur la pierre, une espérance sur les outils, il recommence et rêve et racle le fond du seau, le fond du seau.

Dans la chambre, sur le dos, dans l’escalier qui grimpe, grimpe sur le chantier debout, sur le rien qui bloque, il attend et espère, la peur le noie sur le devant, sur rien qui vient et tourmente et espère et recommence, il est à faire et à dire pour lancer la vengeance contre le temps, contre l’oubli, contre la peur, contre la tourmente. Un regard sur chaque pierre, les chiens passent, le froid mord les feuilles, à l’arrêt, le rien et le repos.

De la souffrance, il attend sur ses pieds, debout et franc ouvert, il avance et cherche, cherche et racle le fond du seau. Le froid a mordu la campagne, battue, sonnée, meurtrie et vive et reconnue en lignes pures et droites, il avance avec la peur et l’attente, vers le repos et les saisons, il se plie et tord la bouche et les oreilles, il attend et révèle au monde son cœur ignoré et posé là, sur le sol, sur le gravier, sur la raison, il tourne, tourne.

Il défait chaque fleur à venir encore, le froid mordra et poussera les yeux ouverts sur le soleil. Ses mains tordent en tout sens la chanson, la rive se tend sur sa figure, il saute sur le regret, la chose est lente, lente, sûre, en harmonie, en différence, en révolte, il pense, pense le monde, en pleur, en fuite, en solitude. Il va paraître et laver le partage, et tourner chaque outil, sur rien, sur le dos, sur les pieds, il regarde droit et en avance.

Le retour des âges et des offenses, des silences troublés de crainte, il ne va pas se remettre en avance, ne pas paraître, ne pas donner, livrer, et offrir la chance, offrir le droit et la survie, le clair du jour tourne sur l’absence, sur le repos posé sans bruit, il faut plonger, nager, se rendre et racler le fond, le fond du seau sur le dos, sur les pieds, offrir, un regard clair, une espérance, un air de liberté. Le froid mord à la peau, et au ventre.

Il faut, il faut, calmer, souffrir, comme souffrent les anges, sans un cri. Les chiens se taisent et on attend et on regarde, le jour est là, le jour est dit, le froid a mordu, il ne crie pas, ne retient rien. La peur, le ventre, la souffrance, le regard clair, l’oubli, la nuit, le jour est en avance, le froid a mordu le dos, les pieds et les cailloux mordent le rire, la légèreté est partie, il se refuse et recommence, le droit fil est aboli, la ligne pure est droite.

Les bornes éclatent, le rien avance, il est en agonie, en redites, en défaillances, en rien, en tout, en souci grave, en plainte, en plainte, le froid mord, les larmes gèlent, le front sur le temps. Sur le dos, sur les pieds, sur les yeux, les outils attendent, les pierres montent de l’oubli, du temps passé, de l’espérance, de la mémoire souveraine, les fleurs on froid, le jour avance, le jour est là.

15 Février 2008.

mardi 23 octobre 2018

Du sérieux.

Des coups sur de l’utile, la vie coule, ils vont et viennent, leur confiance est sur le dos, où le poil brille, où passe le regard, ils sont deux, voleurs, géants, ils frappent sur la route, le pied, le bâton, le sol, des meurtrissures, les graines s’enfoncent sous la peau, des déclarations, du renouveau, les meubles tournent, ils suivent un flanc noir, le chien est en avance, ils suivent et recommencent.

Les meubles ont tourné, tout est en place, le chien avance et ils recommencent, les bâtons frappent le sol, les graines s’enfoncent sous la peau, le poil est noir et brille, le chien avance et ils ont battu la campagne, les yeux ouverts, les yeux bien grands, ils suivent et chantent sous le ciel, le chien est en avance, le soleil est levé, les branches frappent le visage, la maison a tremblé, les cœurs sont réjouis, la vie avance, avance.

Ils rampent dans l’incertitude, ils arrangent la confusion, ils se répandent sans aucun doute et arrachent des cris au front, à la rosée qui gèle, au regard perdu, ils boitent et se traînent et finissent sur les genoux, sur le pied, sur la fièvre, dans l’air perdu, sans raison, sans voir, sans donner et sans prendre, dans la confusion et le silence, la vie s’échappe et ils avancent, ils finissent le retour sur eux, sur tout. Ils sont mangés par les cailloux, par les erreurs, les complaisances, les yeux perdus, au retour, dans l’espace, la pente est lourde, le chemin dure.

Ils avancent, sur les cailloux, sur rien, sur eux, à la surface du monde, et en avance, perdus et en rébellion, il faut se traîner et refaire à l’envers, à l’endroit, le départ, vers la liberté, non, et non, ils en profitent, ils font tourner les meubles dans la maison.

Le bois est mort, les yeux sont vides, tout est soufflé, tout est perdu, le chien avance devant eux. Sur le rebord, sur la fenêtre le jour est posé, sur le toit, ils disent et non, et non, et non, se penchent et font oui sur le bout des doigts, sur la portée, sur l’escalier, sur le refrain de la chanson, ils pincent et montent, montent, montent et disent, non, et non .

Ils se déplacent dans les ornières, leurs pieds traînent sur le chemin, la boue, la boue est en arrière, les ardents se donnent le bal, la vie est en avance, le bien rend fort et la liberté se partage, les yeux sont caressants. Ils avancent sur les chemins de boue, de sang, de joie, de peine, ils se traînent sur le destin, sur la raideur, sur l’effort, sur rien, dans le regard, ils tordent la vie et l’aventure et disent, non, et non.

A l’envers, à l’endroit sans y penser, sans rien en faire, sans retenir les leçons, les impressions, les yeux noyés, ils écartent et frappent les fourrés d’épines et d’or, ils avancent et font tourner les tables, les chaises, les couleurs sur le lit, penchés, perdus et ils enlacent le sort, le sel, la nuit, le jour, les lumières, les noirceurs même et les coups frappés sur les ronces, dans l’escalier, dans l’attente, ils aiment et ils disent, non, et les passants passent et donnent un œil perdu, un œil ouvert, ils se dérobent et passent, passent et ils s’envolent, chiens noirs, au dessus du travail à faire.

Les passants passent et reconnaissent un coup frappé dans les fourrés de ronce et d’amertume et de déraison et d’ennui, ils frappent les herbes sur les collines, ils disent, non et non, et ils se penchent et recommencent et le lit a changé d’endroit.

15 Février 2008.

lundi 22 octobre 2018

De silencieux tremblements.


Brasille, scintille, le temps vient, parfumé de rosée, escalade le monde et dore le cœur des champs et des saisons. Dore et recommence et parfume le cœur des choses et du temps et compose sur la main une chapelle de claire lune, un vitrail de jour et de feu.

Il est posé sur l’œil et cligne sur le coin, le grand tout, et le reste, la félicité, et le grand amour et la grande joie et les fraîches nuits et le sourire clair : « ils se déposent et recommencent et rivent sur le front des fleurs et des embruns et de silencieux tremblements ».

Nos efforts sont violents, sur le cœur, entouré et pris sur le regard et affranchi dans l’onde et baptisé au jour et pris sur l’ardeur, ils composent le monde et chantent pour les fleurs et sur les cailloux.

12 Février 2008.

dimanche 21 octobre 2018

Un rien et des yeux.

Ils se composent une apparence, un air tendre et reposé, sur la figure un effet, un rien de grâce et d’abandon, du fruit dans le nez, de la langueur sur la gencive, des raisons noires, des raisons fortes, des espérances, de l’orgueil, du désir, des cailloux dans la bouche, un accent parfait, une obscurité dans l’œil, de la timidité, de la chance, des brins de thym dans l’eau bouillante, et des yeux sous le sourire.

Les plus petits attendent l’âme, ils sont accrochés, les grilles portent un poids d’espérance, du trouble pour les yeux, du rouge pour les joues. Ils sont pendus et ils tirent de leur bras des effets de joie, du sang serré, des escalades, ils grimpent à la grille et chantent et connaissent la vérité. Les plus beaux sur le bout du monde, ils chantent les rues, les saisons, la gloire, la liberté et les sanglots.

Ils sont accrochés aux grilles, l’espoir balance le poids du monde sur la fin, sur le bruit des éraflures, sur le jour, sur le reflet, sur la fin du temps, sur tout et sur le mal, sur le soleil qui embrase et défait d’un cran, une ample brassée. Ils ont le regard court, les bras qui avancent, ils se saisissent et étalent et donnent au coin du jour une poussée pour se reprendre, pour balancer, pour y penser, pour y croire et recommencer, recommencer et répandre la gloire du moment clair, des ambitions, des certitudes, des revanches, la forme, la forme.

Ils se répètent et enchaînent et se défont d’un coup d’œil, d’un coup de griffe, d’un coup de tranchant, le couteau est posé sur le bord du monde, ils pèsent lourd et enfoncent et demandent du jeu à tout, du jeu, du temps et des remarques, du chaud devant du rien, du tout, des airs fameux, des soins, des danses. Ils se posent, se posent, se défont et regagnent, les rois du jour, les princes aveugles, les bras tendus sur le jardin, sur le repos, sur la fin du monde.

Le repos, le regard, le clair effarouché, le grand se mêle et contemple et finit d’un bond sur le dos, sur le temps, sur les pattes, sur la serrure. Ils se fourvoient et recommencent et tirent sur le pied, sur l’eau, ils n’ont rien fait, ils n’ont rien dit et la frayeur est en avance, avant la nuit, avant le temps, avant ce qui viendra, ce qui sera, avant le désastre.

La suite, la suite, les riens serrés, les liens rompus, le sang en haut, le sang en bas, les traces, de la peur sur l’herbe, des regards sur le corps tendu, sur les aveux, sur le manège, sur le martyre. Sans retenue, sans tapage, ils composent une apparence, détendue et ouverte. Ils avancent et recommencent, la vie est lente, lente, lente, les bras sont chargés, les mots sont rares et appliqués, la vie avance, la vie avance et le désespoir est entier, un rien caché.

12 Février 2008.

samedi 20 octobre 2018

Fin d'après-midi.


Ils étaient ils.

Ils sont en boules, sous les rayons, ils se serrent les uns aux autres, tout est brouillé, tout est bridé, les écorchures se reprennent, ils se dégrafent et tirent haut. Ils s’en vont loin sur la dérive, sur le rebord, sur les cahots, et ils se battent sans mot à dire. Ils sont unis et pleins, et d’ardeur, et de reconnaissance, ils se gonflent sur le dos, sur le sol, sur le pied qu’ils lancent.

Le son est au loin, ils étranglent sans attendre les reflets bleus sur le chemin, sur le devant, dans l’espérance, dans le silence, dans le regret et l’escalade. Ils se défont et vont et viennent et connaissent en y songeant la peur d’arriver, de finir seuls, d’être si grands, si loin, si beaux, et si charmants. Ils se balancent sur le temps, sur le fil, sur les toits, sur l’air pur, sur le souffle court, dans des mares de petites bulles.

Ils ont les yeux bien hauts et chantent, sur le bord du temps, les chansons de pluie et de chevaux dans le pré. Ils achèvent, ils contemplent, ils énumèrent et envisagent, et ils fuient sous le ciel changeant, le tonnerre, la voie si pleine et sans entrave et alléchante. Sous le ciel, ils sont sans trembler. Ils cherchent l’issue, le pas si lent, la course calme, les effets de mains dans la boue, et ils se sèchent au vent tiède, sur les pierres du bord du temps, sur les averses, sur la rive, dans le grand œil présent au doux sourire.

Ils se perdent, ils sont enfuis, ils se séparent et recommencent et finissent sur la défense, dans l’air du jour, du rien dans le vent qui tourne et complique le sens des feuilles, en écorchures. Ils se tournent les uns, les autres, ils sont mêlés et luisants, nus sous les feuilles noires, et en tremblant, ils se balancent sous les branches, ils se disent et recommencent et frémissent sur les chemins. Ils sont perdus et ils se noient et ils se content et enjambent le passé lourd, la mort des gens, les blessures. Ils ont des genoux et des entailles, et ils se penchent sur le temps, au bord du soir, au cri du vent.

Ils avancent et recommencent, ils se tournent et embrassent en passant une herbe sauvage, une fille de rien perdue, perdue et sans attaches. Ils se reprennent, ils sont contents, ils sont posés sur le parcours, la fête avance, le temps est clair, il est bordé de gens en transe. Ils avancent et cherchent l’âme, le corps, le perdu, le sans rien, ils sont carême, ils sont question, ils sont perdus, sur le sable, le couteau dans la poche, l’outil posé, la pierre sur la marge, les feuilles volent, le couteau tranche.

Ils sont partis et recommencent, ils reviennent, ils sont contents, ils se mêlent et recommencent, se perdent dans les détails, dans le secret, dans l’échafaudage, ils sont en construction, chantent et perdent les batailles, un caillou suis l’autre, ils commencent. Les plus perdus recommencent et les langues tournent sept fois. Ils sont contraints et ils se vantent, la lame est forte, le temps est beau, le couteau est posé au bord, la fenêtre est ouverte, le calme est plat dans le pays, les clés tournent dans la serrure et la main tremble et la porte frémit, ils se penchent sur le bord du monde, sur le temps passé et perdu et sans retour, ils se serrent.

Le lit est posé, le toit est sur la tête, la raison est pure, dans les livres, sur les lèvres. Le champ est clos, les fleurs y poussent, les passants foulent le sable jaune, la confidence est sortie d’un cœur ému, les lèvres bougent et redisent le serment, la fureur, le retour et les spasmes. Ils hoquettent et pleurent leurs chaudes larmes, ils sont comblés et plein de sel, ils se figent sur le bord, sur le chemin, sur la serrure, sur les avances, sur la vérité, la liberté est en avance, ils étaient ils, ils étaient ils.

12 Février 2008.

vendredi 19 octobre 2018

Retour rempli et vidé.

Lorsque le ciel s'ouvre et s'appelle ténèbres, un œil de couleur apparaît et se glisse tout au fond de l'espace... alors le temps s'immobilise dans l'épaisseur du monde et le fleuve de l'extase.

Maria Dolores Cano, 19 octobre 2018 à 11:10

Ils remplissent, ils vident, in « Le poids ».



Il y a sur la route, sur le sel, sur le large, une longue et lente, une longue et lente explosion. Un espace, un retour, un rien, un monde, une urgence, la vie est nouvelle, il faut accumuler et donner, des cailloux, du retard, de la douleur, de la fermeté, et en faire et en dire, sur le devant, des dangers, de la soif et de l'espérance, du vide, des rencontres, des forfaits et des trahisons.

Là, est posé sur le sol, le corps nu dans la paille, les écorchures, le remord. Ils ont accumulé, ils ont étendu et déposé sur le sol, sur la paille, des objets, du marbre, des collections, de la fourrure et des visages, des anges en peinture, des corps abandonnés et permis au passage et offerts au vent du large. Ils avancent bien seuls et composent l'ouvrage et finissent sur le flanc, le corps nu sur la paille, offert, les courbes neuves au vent qui passe et caresse, et fond sur le sol et couvre les objets, le marbre et leur attente.

Ils se reposent aussi et frottent la paume sur les objets perdus, sur le tableau du monde, sur le pavé si noir et couvert de paille, ils se frottent et attendent et espèrent, des roses, de la gloire, du sentiment, de la splendeur et des phrases de joie pour offrir de l'amour, des branches fleuries, du parfum, sur l'écorce et le givre.

La splendeur, le refus, le repos, l'orgueil, et le reflet doré, et le sens de la vie, les erreurs, le goût et le partage et la domination, sur le sentier, ils attendent l'histoire et ferment les yeux sur les retrouvailles. Ils lèvent et enchantent et connaissent le poids des peaux de bêtes sur leurs épaules nues, sur le chemin tordu couvert de givre et d'évidences.

Ils se torturent et tournent dans la tête les mots jaloux, le poids des idées et des rites. La fraîcheur et le temps, ils pèsent d'un poids noir, d'une erreur de corail et de solitude. Il y a sur le sol, la paille et le marbre, et le souvenir lourd et le regret noirci, les fleurs fanées, les ébauches, les rires, les saisons ravagées, les heures sans sommeil, le poids bien lourd et bien noir des avancées vers l'ombre, vers la peur, vers la nuit, vers le courant perdu.

Les mots sont aveugles et sourds, les saisons sont perdues en espérance, la confiance est mortelle, les regrets sont incertains. Il pèse, lourd et bleu et bien pendu sur l'eau, le poids, des sacs de rien, des outres de vent raide. Des filets de sable coulent entre les doigts, sous les yeux, perdus dans le cœur et dans l'ombre.

Il fait froid, il fait du vent, ils cheminent dans l'ombre et comptent les mots sur les doigts, sur le cœur, le bien épanoui et gonflé de terreurs. Ils avancent vers l'ombre et pleurent en chemin, ô que tout est noir, ô que tout cela est lourd et sans rien et sans joie et fermé sur les dents.

Les lèvres pincées écourtent le temps, ils pleurent en silence, sur le dos de la main, sur le pied qui souffre et marque le monde de sa déraison, ils sont pendus, ils sont tristes, ils sont aveugles et fermés sur l'oubli, et perdus dans le monde et chargés du rien qui pèse un poids de planches et de cailloux. Ils remplissent, ils vident, une outre de vent, ils gonflent et se suspendent et attendent des vertiges, des erreurs, des remords, du poids de l'eau dans l'air, du rire sur le sable.

31 Décembre 2007.

jeudi 18 octobre 2018

Pour Maria Dolores...


J’ai eu l’impression 
que la flamme éteinte, 
il restait de la lumière, 
et pour la vie ? 

10 Janvier 2008.

Retour des héros.

Les peaux sont écorchées. Les blessures sont béantes. Un air frais souffle sur leurs yeux, leur poitrine, leurs paupières et leur cœur... ils avancent et porte leur douleur.

Les oiseaux passent sur les cailloux, et leurs mains lasses frottent les épines. Le sable avance et recommence.

Certains soirs d’insolites lueurs emmurent l’horizon, les soirs de brume et de "regards noyés". Seules griffures d’une existence autre, posée sobrement comme un onguent illusoire sur leurs rêves écorchés, décimés.

Ils sont seuls, les yeux tournés vers le ciel, ils pardonnent aux absents, aux glorieux, aux fantômes revenus, à toute cette déchirure. Mains ouvertes, cœurs béants dans cet « effroyable jardin ».

Les oiseaux passent sur un champ de tranquillité. Les cœurs sont reposés. Le temps est arrivé. Les armes sont déposées. Le temps fait place au temps de la délivrance. 
 
 Maria Dolores Cano, 17 octobre 2018 à 10:47

mercredi 17 octobre 2018

Les héros sonnent.

Un jour finit le jour, le temps se perd au temps, la fureur est grande, les passions sonores, le clair, le son, le bruit et l’ardeur, les héros sonnent le cor. Les collines sont pleines, il fait beau encore dans la campagne, ils trébuchent et perdent d’entre les lèvres, d’entre les dents, des trésors de perles fines, des espaces pour le savoir, des armures entrouvertes, des épreuves, de la malédiction.

Ils arpentent, ils fabriquent, ils défont et déposent les armes sur le flanc, les genoux en prière, sur le sable. Dans la pente le sable est accumulé. Les pointes frottent la peau, le flanc est offert, l’ardeur est posée, posée sur l’œil, sur le sein, sur la paupière, ils se finissent, sur le sable, sur le flanc, sans armes, sans ramures, sur le dos, sur le cœur, ils frottent et blessent la peau, le cœur et l’âme, les passions, le son, les cris, les chants, le clair.

Les oiseaux passent, la main est tendue, les épreuves lassent, ils se répètent et recommencent, ils se penchent sur le sable et frottent, frottent la peau sur le flanc, les mains sortent les épines, les cailloux, les évidences.

Ils se frottent et on espère et on recommence, ils sont à donner, ils sont à prendre, ils avancent et tout s’achève, ils sont rompus, des éclairs sortent sur la peau, sur le cœur, sur le dos, ils éclaboussent et on appelle, on tire sur la peau, sur le sein, sur les reins, sur tout ce qui touche et accroche. On renoue sous les yeux, une volupté folle, une extase et des craintes, un avenir de larmes et de regards noyés sous la peau, sous le cœur, sous l’âme, dans l’attente, dans l’effort, dans l’espérance, dans le reflet joyeux et coloré.

Ils se présentent et donnent et prennent, et recommencent, ils sont en place, ils sont couchés sur le flanc, dans le sable sur la peau, le cœur perdu entre deux larmes, ils se poussent, recommencent et franchissent d’un saut, le pont des chèvres et les cailloux.

Ils sont perdus et assoiffés, les héros, ils se frottent et on entend leur chanson lente, les émotions pleuvent, les regards sont noyés, ils se poussent, ils enjambent, la rivière, le temps, l’espace est suspendu. Les efforts se figent, les yeux se voilent, ils sont dans la tourmente, dans le retrait et l’avance, dans le champ perdu pour tous, pour tous, eux tous, petits enfants noyés dans les muscles et dans le réconfort, dans le nord, dans le bleu de l’âme et les cailloux.

La prière sur un genou, sur une main qui traîne et se perd, ils sont noyés dans la force, dans la stupeur et ils pardonnent à tous les revenants, à ceux qui abandonnent la guerre et fuient sur l’eau, dans le lointain, dans le ciel bleu, dans la colline. Les oiseaux se retirent, ils sont en attente, héros fatigués, lourds de remord et de pardons, de mains tendues, de bras ballants, d’attentes inquiètes, de fins sans début, sans espérance, dans le reflet, dans le collier, dans la silhouette, dans la main tendue, retendue, déposée, remontée, du pied jusqu’à la taille.

Ils effleurent la peau et attendent, ils n’osent plus, ne finissent plus, attendent et abandonnent, le temps est certain, la fin est proche, ils se grattent et ne se donnent plus, ils attendent et recommencent, et rien ne vient, et rien ne tient, et les cailloux sautent et attendent. Le temps est clair, le sable est sur le flanc, et ils pincent et abandonnent. Le temps est clair, il n’y a plus rien, ils attendent et meurent dans leur force, la violence est sur le flanc, le clair est dans le champ, les oiseaux passent, le cœur est déposé.

28 Décembre 2007.

mardi 16 octobre 2018

Le poids. II, in « Le poids ».

Il porte un poids très lourd, son bras se crispe et l’enfant chevauche la chair et l’onde, il massacre et il aboie et il espère et il mord et recommence et emporte ce poids si lourd, d’un coup d’épaule, il est accablé et il se flétrit, il a peur, et il s’encourage d’un revers, d’une montée. Il se dresse et recommence et plonge les yeux dans le regard des autres, sur la foule. Ils sont mille et ils portent des enfants à bout de bras et des certitudes de sagesse.

Il arpente et recommence et se heurte et disparaît. Le poids si lourd sur le bras, sur l’épaule, sur la sagesse, sur l’école. Ils vont venir et il ne portera que des échanges, des aveux, des efforts, du temps et de l’espace et du soin, sur tout ce qui respire, sur son bras, contre son cœur, contre sa peau, dans l’air froid, dans le ciel bleu, dans le soleil, sur la route, vers la forêt, vers les arbres qui forcent et coupent le regard.

Il cherche et recommence et apparaît encore dans le temps, dans l’espace, d’un œil perdu, d’une rosée, d’une pensée, sur l’idée, sur la terre, dans le renouveau et le sac perdu. Il se force et décroise les bras et les regards et porte haut cet enfant fort et roi d’un pays dans la servitude, il est placé et il se lance, il donne des secousses et tire sur la peau, la chaleur monte et défigure et embrasse d’un œil la vie à libérer, à tordre et a comprimer et serrer, la joue fière et sans attache.

Il se donne et porte sur le bras le poids, la vie lourde et en désir. Il avance et il recommence, il se donne et roule les yeux et signe sur son bras, l’enfant balance, la suite avance, le poids sur le bras pèse et il commence et recommence et fond sur l’air et croit et pleure d’un œil sur la terre ferme. Il est armé de faiblesse et il avance, la peur sur le front, la rage dans les yeux, il se mêle et dégage de son cœur la vie qui avance.

Les portes, la colère, la vie, il se fait une raison, il creuse le monde et porte un enfant sur le bras. Sur le cœur, sur la raison, dans la pierre qui tourne, dans la chanson, dans la distance, dans le désir et sur la peau, une égratignure, une éraflure. Il cherche, et le souffle se perd, se tend, la vie avance, les erreurs, les sanglots, la certitude, l’affront, il dira tout, il enfantera de lui, sur la joue, cet enfant qui tremble et le protège. Trop d’embrassements, trop de certitudes, il se protège, protégeant et gardant et il souffre.

Il porte un poids très lourd, son bras se crispe et l’enfant chevauche la chair et l’onde et il massacre et il aboie et il espère et il mord et recommence et emporte ce poids si lourd, d’un coup d’épaule, d’un revers de manche. Il est accablé et il flétrit la peur et s’encourage d’un revers, d’une montée. Il dresse et recommence et plonge les yeux dans le regard des autres, sur la foule. Ils sont mille et ils portent des enfants à bout de bras et des certitudes de sagesse.

Il cherche et recommence et apparaît encore dans le temps, dans l’espace, d’un œil perdu, d’une rosée, d’une pensée, sur l’idée, sur la terre, dans le renouveau. Le corps perdu, le corps perdant, il pose sur son cœur le poids de cet enfant, il avance et battent dans son cœur le sanglot et une larme de joie. Et l’enfant lourd à son bras, il changera le monde et il accueillera le reste et les autres et tout le reste dans le ciel, le monde s’ouvre et le poids se dépose.

6 Novembre 2007.

lundi 15 octobre 2018

Le poids I. in « Le poids ».

Il accorde et file la toile pour le temps, il vient, il va, il enrubanne et prend dans l’eau vive, avec la force du vent, des monceaux de fil tendre, du cru, du léger et de l’obsidienne noir et verte et sans mesure et sans penser, il refend dans la sève des bois de couleur et des lames de fils tendus.

Sur la corde, sur le temps, il escalade la colline et voit venir les chiens errants, les erreurs, l’écho en transe et organise et refend et compose et recommence. Il a grimpé, il est monté, il descend et il revient, il faut avancer et comprendre, comprendre en avance et loin, si loin, la route avance, la raison roule, la liberté fleurit.

Le soleil, le ciel, les avances, la solitude, le ciel et le silence, il se repend, il renforce la vie dans son entour, il griffe, il mord et il avance dans le temps, sans raison et sans loi, sans ardeur, simplement en suivant la pente sans trembler. Il fonce et mord et récupère et arrache, au sol le repos, au ciel un désir.

Un fragment, il se laisse et visite et reprend et s’enchante, il se berce et recommence et porte sur le bras le poids de cet enfant offert à tous les vents, serré sur le cœur, détruit sur la poitrine, effacé dans le temps et repris sur le vol. Il enfonce dans le souvenir le poids de l’enfant sur le bras crispé de son père.

Il tenait fort, si fort, la lame et le bâton, il commande et renonce. Le royaume s’ouvre, la vie avance avec un poids de chair tendu sur le bras, les yeux se cherchent et ils rencontrent, et ils avancent, à corps perdus dans la terre immense, dans la mer infinie, dans le sursaut sur le pont, sur la rive, sur les reflets.

Dans la chaleur, dans le vent, sur terre et sur les flots, il avance et porte son poids de chair et d’amour, le bras est crispé, la chair est blême. Le poids lourd est vivant, la vie avance sur la terre, les efforts sont constants, il avance et porte son poids de chair, le bras est crispé.

La toile, le temps, le sursaut, le souffle, il avance et souffle, sur son bras il pèse le poids en enfants sur la route. Il leur manque des soins, des efforts, de la liberté et du sacrifice, des certitudes, de la volonté, de l’inutile, du sens au front, de la lance, des réponses.

Il connaît la force et le renouveau, la charrue et les saisons, sur son bras pèse le poids de l’enfant dormant, rêvant, et sans attendre, il avance sans repos, vers la gloire et la richesse, il abandonne au ciel des éclats de salive, il crie et sa voix porte sur le temps et berce le petit enfant. 
 
06 Novembre 2007.

dimanche 14 octobre 2018

Au monde. in « Le poids ».

Il y a une chose qui s’impose et dispose et ferme et ouvre et donne, verte et boisée, une ardeur.

Des mains sur le cou, des bras forts, soutenant et portant et donnant au corps une signature, un coup de griffe qui ouvre et dévisage. Il y a une chose qui se voit et se consomme. Il attend la richesse et la gloire, il balance, le souffle, entre les branches, sur les feuilles, les dernières, glisse, glisse.

Souviens toi, du dernier temps, du premier jour, du dire et du faire, le néant et la profusion, le vacarme, le froid terrible et glissant, glissant entre les muscles, sous la peau.

Il porte à bout de bras un enfant posé sur le ciel et attend, et il soulève une offrande au monde. Il compose et commence, il commente la vie et il porte sur lui le poids du monde, la mémoire et les cailloux et le silence et le tumulte et il bouleverse et débranche les troncs de toute feuille, de remords et de solitude silencieuse et tourmentée.

Il avance et pose son regard sur les bras qui soulèvent et franchissent avec leur poids de chair et d’émotion la vie sur ses rebords. Les cœurs terribles et arrachés, il tourne sur le sol et il glisse, glisse sans entendre et il commence et il achève un pas, un pas en avant, et en avant, et tout se donne, et tout arrache et tout glisse sur la peau, le poids des enfants, la chaleur calme, l’espoir de richesse, la gloire en sommeil, le matin qui tremble et les rumeurs sous les murmures, sous le sens, sous le soleil. Il glisse sur la vie et insinue une trace, une gerbe à cueillir un jour sans vent, un jour sans sel et sans attaches.

Il est perdu sur le rebord et voit les arbres, ils glissent dans la mémoire et se posent sur un cil, sur un doigt et il porte les enfants sur le dos, la main tremble et il glisse, glisse du vrai au néant, de l’émotion au lendemain et il glisse sur le sol, sur le marbre, sur le lointain, il glisse et recommence. Il avance les bras chargés et la main pleine, le poids sur lui se recommence, et il agite d’une main sous un œil, une volupté calme, une ardeur pour trancher un jour le calme et la confiance.

Le poids si lourd, le jour si simple, l’ardeur du commencement et le bras tendu dans l’air si bleu qui avance et qu’il entrouvre et qu’il perce et tient levé et tient penché et accepte et coupe. Le poids de chair et d’eau se balance sur le rien, sur le vide. Il enfonce le poids du jour dans le jour, il commence et attrape et défait d’un tour de main, d’un placement de pied. Le corps est déhanché, l’air glisse, glisse, les yeux sont noirs, les yeux sont loin et il bouscule l’habitude, le cercle est fermé, le poids dans le vide est soulevé et les muscles sont tendus.

Souviens toi, il avance dans le silence et porte sur le cœur la gerbe et les ardeurs, la chance et le courage, il accumule et déploie les mains sous le germe, la violence, la raison, l’espérance, glissent, glissent dans le partage, le soleil, l’amour, la joie et le murmure, il porte sur son bras, le destin et la chance, le sort est jeté, la gloire avance.

6 Novembre 2007.

Retour au vent.

Martelage de la terre, laminage de l’horizon, frémissement des feuilles, silence suspendu des herbages, saignée des torrents et pluie de lumière. Stèles dressées aux vents du souvenir, à l’appel de la mémoire, aux saccades du temps.

Célébrons la beauté fragile de ces instants magiques volés à la mort.

Et la terre se tourne et se retourne sur les remords et les regrets, au vent mauvais qui pleure ses larmes envolées. La terre est un refuge pour les espèces ivres de liberté. Elle écoute et tend l’oreille et entend les oiseaux chanter, peuple sauvage qui chaque jour se rétrécit et fait bivouac dans les forêts. Il faut aller et alerter et saluer et écouter les menus secrets de ces espèces effarouchées.

Le vent a séché la terre, elle crie sa soif la bouche ouverte pour que les eaux du ciel abreuvent son corps de pierre et de poussière, d'épines et de ronces où tout se jette et se perd, et où il ne reste rien. Dans cet oubli et cette misère, entre ses doigts de pluie et d’air les ténèbres improvisent un concert où l’on voit l’eau et la terre célébrées par la lune et par l’ombre.

Toujours plus, toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus cher, et toujours rien… le rien du rien… le vide, le manque, l’absence, l’isolement et l’exclusion… "L’amour est morte"… la main se referme et frappe, la vie s’en va, la Mort cogne à la porte, le vent la porte et les emporte.

La selva s’éteint…

13 octobre 2018 à 11:12
 
 

samedi 13 octobre 2018

Au vent.

La pointe du vent découpe à l’os et aux nerfs, la chair froide et confuse, les sources et les chansons entremêlent et divaguent, il n’a pas assez d’élan, pas assez de fantaisie, les incisives sont limées, il ne reste plus d’émail pour ronger l’os et déchirer la peau.

L’ardeur était de la jeunesse, il ne voit pas la pauvreté, il ne mord pas, il ne veut rien, il n’embrasse pas, il se défend d’espérer, la vigueur, le torrent, il emporte tout et il fond, il fond, dans la pente, il fond dans la pensée, il tourne le dos et les regards, il enchaîne, et il dépense, et il défonce du regard la terre trop tassée.

Les champs tournent de pierres et de mauvaises herbes, et de remords défaits, il ne voit pas la guerre, il ne voit pas l’étrangeté, il embarque d’un œil les feuilles rouges, les feuilles volent, volent et il entend d’un œil et d’un souffle, la terre tourne, les champs sont en avance, il ne voit rien venir.

Il n’entend plus les oiseaux chanter il n’espère rien et tout vient et tout se donne, les plus jeunes sont armés d’armes blanches, de regrets et d’espérance, ils sont incisifs, ils alertent et ils alarment, le poing levé, la phrase sèche, le souffle saccadé, loin d’être éprouvés, ils avancent et demandent.

Ils réclament, plus jeunes, et hurlent à la vie, il faut que le ciel arrose mon jardin, il faut que le ciel se démonte et que l’orage tombe sur le dos des perdus, des errants, de ceux qui se prêtent et s’arrachent, ils détournent l’eau du jardin, il n’en reste rien, si peu, si petit, ils se pleurent, au vent, au froid.

Ils m’ont oublié et je suis perdu et rien ne tient entre mes doigts, sais tu au moins qui tu as perdu, qui fut rejeté et qui pleure ainsi toute la nuit, le jour, sept années pleines, et autant par jour de pleine lune, de secondes noires et atroces, et il étend les mains vers la terre retournée. Ils sont bien affûtés.

Ils réclament leur lot, ils ne se contentent de rien, ils veulent tout et rien ne tient, ils sont perdus dans le vent, dans le froid, dans la peur, sans arbres, sans baisers, sans fleurs et sans bagage, les sacs ont volé, le vent les a perdu, ils osent même l’amour morte, il ne faut plus rien en dire et plus rien en attendre.

La vie s’envole et ils sont aigus, et coupent, et percent, ils enfoncent la lame dans la chair, la sève coule et sèche après, au vent.

31 Octobre 2007.

vendredi 12 octobre 2018

Un poids. in « Le poids ».


La pointe, la pointe, du pied, d’un pas, vers l’autre, et il recommence, et il se hisse et il se hausse, et rêve, un cheval mené de la pointe du pied vers la mer, et le sable, et partout. Il avance, et espère, et avance, et défait, et remet, et pose, et recommence, il renaît. D’un jour, l’autre, il fuit, d’une heure, d’un espace, de rocher en rocher, de gravier en gravier. Il avance et tourne le poids du corps sur la pointe, la pointe, du pied tordu et ramassé, il est sur un cheval, et face à la mer, il entend le carnage, le carnage, toujours en face, en face, sur la pointe.

Il avance vers la mer, et il avance dans sa vie, et il espère, et recommence, et tente une histoire, sur le bout du doigt, sur le bout du pied. Il chante, il espère, et recommence, du ciel bleu sur les épaules, et de l’espoir dans le regard, de la vengeance à la semelle, et du froid sur le cœur, et la main sur la canne, il marche vers le ciel, et entrevoit l’espérance. Il est en haut sur la pointe de la vie, le cœur sur le revers, de la main et du pied, et il tend l’oreille vers le silence, vers la froidure, et le repos.

Le pied roule sur le chemin, dans les graviers, dans les graviers, sur chaque pierre, sur chaque obstacle, sur le nouveau et le parfait, l’infini, il aboie, il appelle, il réclame, il recommande et il prie les deux mains tendues vers le ciel, jointes en haut, et en souffrance, et en attente du renouveau, du pied tendu, de la marche roulant sur chaque pierre du chemin, le cœur en grappe, la canne plaque la chair ferme. Il étend les mains sur l’air pur, sur le ciel, les oiseaux passent entre les doigts, sur la rampe, le cœur explose, la confiance enfonce un peu plus d’air dans le cœur, dans le corps, sur le nez et sur la bouche. Il pince l’air, et il avale, et recommence, et enchante, et espère et il revient sur les cailloux, sur un cheval face à la mer, et le pied roule sur les cailloux, les plus petits, éclatés, brisés, perdus, et sans espoir, et sans avenir, sable et eau, et eau et sable, et il monte sa tête sur le dos d’un cheval.

Il rêve et recommence et il apparaît sur le dos, et il espère sur la rive, bien loin, bien haut, bien loin, et si près, et si loin, et il souffle sur le chemin, et il avance. L’allure est tranquille et il avance, à travers le temps, à travers le ciel bleu et pur, la saison est encore chaude, et les cailloux roulent sous le pied, et sable se promènent sur les épaules, et il avertit, et commente, et espère beaucoup, beaucoup des anciens, des nouveaux, des désespoirs, des retrouvailles, le temps se choque, le temps s’embrase. Il avance, et voit du temps, bien loin, et si près maintenant, et hier, et tout recommence, et la boucle tourne, et les pieds roulent les cailloux sous le poids d’espérance et de renouveau du monde ancien qui passe et repasse, et se défait dans le ciel bleu.

Il dépose sur le sentier un poids trop lourd, le fardeau pèse à l’épaule, le temps ancien est revenu, lavé de sueur et d’orage et de vent frais, le jour envoie les siècles en avance. D’un pas vers l’autre il recommence et les années sont sur la peau, sur les épaules, le poids du temps dans l’air si bleu, il avance et rêve sur un cheval d’écume et de caresses. Il avance le cœur léger, les rêves lourds, l’air sans souci, les yeux dans la nature, le poids du corps sur la pointe de chaque pied.

Sous le fardeau, il perd l’avance, il installe la lourdeur des choses simples dans l’espace, le regard sur le ciel, si bleu, la mine légère, sur la canne. Le poids des choses s’équilibre, le passé visite aujourd’hui et demain, et il envisage, la fin des temps et des sanglots, le poids de l’herbe sur la pente. Un cheval court sur les étoiles et il recommence, un jour de plus, un jour nouveau.

29 Octobre 2007.

jeudi 11 octobre 2018

Retour de ruine.

Comme un étourdissement.

Après le déferlement de cette nuit de carnage, à force de tourment, à force de résignation, à renoncer par peur, discernement et frayeur, les amarres brisées par tant d'accablement, il ne reste plus qu’un gémissement, un soubresaut au cœur de l’humain prêt à amnistier.

Les mains cherchent les accords dans une partition de gravas. Elles griffent les notes de leurs doigts de lumière. Elles arrachent la terreur, la douleur, la fureur. Sous la lampe glisse la voix d'un ange, et une lueur d’espoir.

La cruauté s’engouffre dans le col et frappe le pied, lacère le dos, arrache la peau et broie le cœur. La main tendue dans le silence essuie les cris de désespoir. La main tendue dans le silence supplie, demande et se lamente "Fais-nous revenir vers toi (…) Apporte-nous des jours nouveaux comme autrefois…"*

Les ténèbres partout en eux et hors d’eux, et la lumière par-delà les ténèbres. De leurs mains tendues et leurs doigts de fil, ils tissent la nuit et happent les étoiles, pour les offrir et sauver du carnage.

Dans l’ombre les yeux devinent les craquements de l’intérieur. Tout est secoué et convulsif. Ils s’agrippent aux lambeaux de la vie pour regarder dehors, et tout est pire que jamais. Tout est déchaîné, anéanti. Le vent hurle et leurs cris, leurs pleurs surpassent le vent, déchirent les cœurs et disloquent les visages. Tout est lacéré, exterminé et perdu.

Les yeux et les âmes plus pâles que jamais… les corps et les cœurs en long, en large transpercés… les bouches crient l’épouvante de tant de carnage jeté à la figure… les mains se tendent vers le ciel… les mains se hissent et supplient… où sont les étoiles … ? …

Maria Dolores Cano, 11 octobre 2018 à 11:32

* (Lamentations 5:21).

De Jean Jacques Dorio.

il tire sur la peau du langage. il crève sur la peau de la raison. il affronte l'oubli la non-reconnaissance. il avance cependant il n'en a cure. avec sa boussole qui fait perdre le nord. le trou noir dans les ailes des engoulevents. l'encrier dans le trou du pupitre qui sentait verte campagne et toutes les guerres infâmes. adieu la vie adieu l'amour adieu les enfants du limon. et l'enfance de l'art.

Jean Jacques Dorio, 11 octobre 2018 à 08:28

va il crève le tambour de la raison.

Jean Jacques Dorio, 11 octobre 2018 à 08:29

La ruine est violente, un carnage

Nous sommes dans le fracas, nous sommes dans les tourments, les catastrophes sont là, posées sur le divan, posées sur la fontaine. Ils avancent, ils regardent, ils affolent, ils noient et arrachent les os d’un coup d’œil, d’un coup de dent, d’un coup de rein. Sur la couverture, ils sont échancrés et tordus et partis et rentrés, rien sur le visage, rien sur le corps, ils claquent des dents et recommencent, ils se tordent sur la lumière et griffent, et griffent la peau d’un revers d’ongle, d’un retour.

Les mains frappent l’air, les toiles sèchent dans un souffle, dans un accord. Posés sur le tas de pierres et de gravas, ils se tournent et recommencent et griffent le sol, le sol, les animaux perdus, les enfants perdus, les désespérés retrouvés, grandis dans la lumière, ils se tendent et recommencent et arrachent de la peau sur le temps, de l’ouragan sur la terreur, du bien perdu, du bien fondé, de la douleur entre grise et noire et de la colère à poings perdus, à poings serrés, sur le cou, sur le col. Les boutons volent sur l’air bleu.

La colère, la cruauté, le retour du tonnerre, la confusion, l’ordre et la tempête, ils se tirent et tirent sur la peau, sur le cœur, dans la ferveur, dans le retard, dans le silence imposé à la vérité, oubliée et retenue et partagée. Ils s’envolent et dégrafent le col, le pied, le dos, la main tenue et retendue, le vent s’engouffre dans la serrure et ils se tiennent et ils arrachent, le combat est furieux, la peur vole sur le temps, l’espoir arrache un cri sauvage à la main perdue.

Elle sème et recommence, le grain vole dans le vent, poussière et fleurs perdues, mêlées, tendues et composées et revenues et reperdues. Sans effort, ils se balancent, au bruit, au vent, les peurs, les outrages, les outrages et le combat, et le silence entre les coups, entre les mains tendues, fragiles, sans respect, et sans partage et le silence et la confusion dans l’échange, et le vent souffle sur la catastrophe et il se penche sur l’oubli.

Ils tiennent les mains au repos, ils ne voient plus ni corps ni âme, ils sont dans le fracas, dans la catastrophe, dans l’épouvante, le vent souffle, l’air est froid, ils se retiennent et recommencent, les corps tournent en long, en large, sans façon, sans raison, sans rien à dire. Le froid, le vent, la peur, le temps perdu, les hirondelles sur les arbres, le vol, les feuilles déjà dans la tourmente, ils sont entrés dans le fracas et pleurent loin, les coups au cœur, les coups dans la tête, sur le devant, au visage.

L’horreur les tient, ils sont entrés dans l’épouvante. Ils se sont perdus en route, ils sont surpris, le temps est passé, le temps est venu, le froid est sur les hanches, les oiseaux volent au ciel bleu et perdu des yeux des noyés, des sans âmes. Ne rien en faire, ne rien dire et poser sur la couverture un fardeau de déraison, un étranglement des habitudes, l’amer et le violent et les soucis, il faut taire, taire et laisser mourir d’un coup d’aile, la violence accroche au temps, un lambeau de peau, un soupçon de carnage.

20 Août 2007

mercredi 10 octobre 2018

Retour, et cela presse.

"Il me paraît égal aux dieux celui qui, assis près de toi, doucement, écoute tes ravissantes paroles et te voit lui sourire ; voilà ce qui me bouleverse jusqu'au fond de l'âme."*


La vérité se déshabille, elle sort de sa coquille et brûle les doigts qui tirent sur le fil de l’ange. La vérité se noie dans la flaque, en cette nuit sans lune suspendue au fil de l’étrange.

Les oiseaux volent avec les anges et une musique arrive du large, "une trace bleue des premiers âges."**

Sur les pentes de l'oubli il roule, roule, roule… il ne sait plus qui il fut, qui il est, qui il sera, il oublie… il ne sait plus qu'il est JE. Il dit "je est un autre."***

Il ferme les yeux sur le monde, mais ils sont grands ouverts en dedans de lui. Il se reconnaît sur le chemin parmi les anges, les ronces, les épines et l’araignée qui tisse sa toile. Le soleil lui ronge l’âme jusqu’à la moelle et il doute, et se perd… il se perd… il ne cesse de se perdre.

Maria Dolores Cano, 10 octobre 2018 à 11:45

* Sappho
** M. Chalandon
*** A. Rimbaud

"Tränenregen"