dimanche 21 octobre 2018

Un rien et des yeux.

Ils se composent une apparence, un air tendre et reposé, sur la figure un effet, un rien de grâce et d’abandon, du fruit dans le nez, de la langueur sur la gencive, des raisons noires, des raisons fortes, des espérances, de l’orgueil, du désir, des cailloux dans la bouche, un accent parfait, une obscurité dans l’œil, de la timidité, de la chance, des brins de thym dans l’eau bouillante, et des yeux sous le sourire.

Les plus petits attendent l’âme, ils sont accrochés, les grilles portent un poids d’espérance, du trouble pour les yeux, du rouge pour les joues. Ils sont pendus et ils tirent de leur bras des effets de joie, du sang serré, des escalades, ils grimpent à la grille et chantent et connaissent la vérité. Les plus beaux sur le bout du monde, ils chantent les rues, les saisons, la gloire, la liberté et les sanglots.

Ils sont accrochés aux grilles, l’espoir balance le poids du monde sur la fin, sur le bruit des éraflures, sur le jour, sur le reflet, sur la fin du temps, sur tout et sur le mal, sur le soleil qui embrase et défait d’un cran, une ample brassée. Ils ont le regard court, les bras qui avancent, ils se saisissent et étalent et donnent au coin du jour une poussée pour se reprendre, pour balancer, pour y penser, pour y croire et recommencer, recommencer et répandre la gloire du moment clair, des ambitions, des certitudes, des revanches, la forme, la forme.

Ils se répètent et enchaînent et se défont d’un coup d’œil, d’un coup de griffe, d’un coup de tranchant, le couteau est posé sur le bord du monde, ils pèsent lourd et enfoncent et demandent du jeu à tout, du jeu, du temps et des remarques, du chaud devant du rien, du tout, des airs fameux, des soins, des danses. Ils se posent, se posent, se défont et regagnent, les rois du jour, les princes aveugles, les bras tendus sur le jardin, sur le repos, sur la fin du monde.

Le repos, le regard, le clair effarouché, le grand se mêle et contemple et finit d’un bond sur le dos, sur le temps, sur les pattes, sur la serrure. Ils se fourvoient et recommencent et tirent sur le pied, sur l’eau, ils n’ont rien fait, ils n’ont rien dit et la frayeur est en avance, avant la nuit, avant le temps, avant ce qui viendra, ce qui sera, avant le désastre.

La suite, la suite, les riens serrés, les liens rompus, le sang en haut, le sang en bas, les traces, de la peur sur l’herbe, des regards sur le corps tendu, sur les aveux, sur le manège, sur le martyre. Sans retenue, sans tapage, ils composent une apparence, détendue et ouverte. Ils avancent et recommencent, la vie est lente, lente, lente, les bras sont chargés, les mots sont rares et appliqués, la vie avance, la vie avance et le désespoir est entier, un rien caché.

12 Février 2008.

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