mardi 31 mai 2016

Sauvage, grain serré. III/III




III


Petits poissons, orteils, peau teintée, et fruit très sombre, nous étions, il était dans la rivière. 

Ils sont à la rivière et qui donc a connu le temps et le lieu, le matin d’une nuit ou personne n’a entendu, le sommeil me fuit, et l’amour et la vie, le chinois, le gitan et tous les adultères, ils se tordent sur leur couche. 

Fruit noir, presque trop, et peau teintée et peu de signes, le plus vieil empire du monde, sur une couche suspendue, un lit volant pour dérober, mais parce qu’il était gitan et parce que j’étais adultère, les pieds dans l’eau et petits poissons entre les doigts.

Tout au froid et la peau en grains, le cœur en péril, personne n’a connu cette rencontre, et se souvient de ces paroles, sur le rivage où personne ne dort.
                                                                                      
09 Août 2015.

lundi 30 mai 2016

Sauvage, grain serré. II/III



II




Tu tires trop sur ta peau et le froid frise, il est tôt, bien trop matin, le gitan et l’adultère, mais personne n’avait de mari, où étions-nous, au bord de l’eau dans le matin tranquille de qui n’a pas dormi, les pieds sur les cailloux et de la vase un peu partout, aux épaules, aux flancs, sur le rivage où personne ne dort.


Visages perdus, on entend quelques paroles, la Chine mes enfants est le plus vieil empire du monde, et, mes enfants personne ne franchit la muraille, chinois ou bien gitans, peuples, un bord de ruisseau où se trouvait et les arbres et les bras, enfants fourbus. 


Une rencontre et peu de signes, il se trouvait à la rivière, fruit défendu, découpé à la dent framboise noire, noire, grain serré et peau teintée, colorée peut-être rouge, et tourbillon aux pieds, la rivière coule, nous y sommes, nous y étions et quelques paroles, du midi, après minuit pour qui n’a pas dormi. 

09 Août 2015.

dimanche 29 mai 2016

Sauvage, grain serré. I/III





I




Il se trouvait dans la rivière et comme, comme, nous  étions un peu gauches, en traversant, il y eut un miroir. 


Foule suspendue, oh, sauvage, mince et calme, sans tête et sans raison, une histoire stupide, une rencontre manquée, pourquoi attendre, pourquoi se dire : oserais-je, enfin, oserons-nous un jour. 


Il se trouvait dans la rivière et calme et pauvre abandonné. 


Matin, il fut, et trop tôt, nous ne nous sommes pas rencontrés, nous aurions pu chanter la chose du gitan et de l’adultère, pour voir, encore et toujours le fruit, défendu, découpé à la dent, une framboise. 

09 Août 2015.

Les étrivières ce matin retendent le temps d'été Les mots il ne suffit pourtant pas de les aimer pour écrire un poème - je sais bien mais quand même… Et d'étrivière on fait cheval vivre et rivières "potra de nácar sin bridas y sin estribos" Et le guet où l'oreille recueille l'inconnu mais ne sait spontanément comment le transmettre C'est la seconde part de l'exercice poétique : les mots imprègnent alors nos parcelles d'images et d'humanité…

samedi 28 mai 2016

En sacrifice. III/III

III

 

Tout à venir et tout à naitre, les yeux, la bouche et les taches roses et blanches sur la peau, dans le silence, dans la nuit, dans l’évasion, il reste un présent éternellement disponible, nous en sommes à soixante-dix-sept fois, sept fois, que reste-t-il de la mémoire, plus même un nom, plus même un âge, un vague quelque chose et tout cela éclaire un jour, sens déformé, parfum subtil, taches roses et blanches sur la peau, un colloque et comme convoquées les âmes passent. 


Tout tourne sur ce chemin, deux âges se retrouvent, où en sommes-nous et où sont-ils, la peau, le parfum, l’escalier, les lettres sur la porte et la joue mord le pied, tout finira, tout ira et rien ne passera, tout en ensemble et tout vers l’avenir, toutes les larmes remontées sont utiles, j’en suis, je viens, plus même un nom. Et que tout soit servi encore en sacrifice.

08 Août 2015.



vendredi 27 mai 2016

En sacrifice. II/III

II


Une vie pour attendre et des jours pour compter, votre âge avance et votre masque est fendu, tout au sacrifice et tout dans la joie des taches roses et blanches sur la peau, comme un appel comme un pardon, je suis sur le côté et la joue mord le pied, il y a dans l’escalier des lettres sur la porte, oh que tout soit servi, que tout ait encore du poids, soixante-dix-sept fois, sept fois, et des pierres sur le chemin et des larmes encore humides, comme une souris qui dit au revoir. 

J’en suis encore à ce premier voyage, et tourne et serre du flanc vers le cœur, poids remonté trop lourd toujours et encore, un sacrifice, je suis, je tiens, je viens et j’espère. 

Avance droit sur ton chemin, soixante-dix-sept fois, sept fois, j’ai pensé cette histoire, un escalier, la joue sur le pied et tout est majuscule, sans fin et sans avenir, un présent dans l’éternité pour que tout serve, tout est utile de cette chose sans usure, de ce temps déjà top loin, toujours prêtez moi des larmes encore et donnez-moi du temps encore.   

08 Août 2015.

jeudi 26 mai 2016

En sacrifice. I/III


I


Tout au fond, dans le froid, dans l’attente, ciel tenu et manches longs pour les outils, de la trace et du temps, du blé, du miel et des saisons passées, tout finira, tout ira et rien ne passera, tout en ensemble et tout vers l’avenir, une position et dans le silence, une chose pour l’autre, pour remplir le sac, pour noyer la force dans l’eau, dans le sable, toute honte avalée, serpent et chapeau. 

Je quitte cette rive et je fonce au ciel coloré, rouge ou bleu, sans importance, une larme, une marche, un frisson, une prière tendue entre deux fils, et pour ramer et pour tenir : deux cannes et un bâton, bourdon fondu, œil révolté, sur le corps une poudre. 

Tout est offert, tout va pour le sacrifice, envolez-vous, envolez-vous et chantez oiseaux si souvent écoutés, plumes pour le vent et chance pour la volupté, sans oser, sans dire, une plume dans le vent et ils chantent, ils chantent oiseaux en amour et en raison. 

08 Août 2015.


                                            

mercredi 25 mai 2016

Sans titre. 29 Octobre 2003.

Ils courent dans les rues, les enfants du monde, demandent justice et desserts. Ils volent vers les autres, feux d’amour et d’impatience, et ignorent qu’il faut réfléchir. Ils hantent des recoins qui ne meurent jamais.

Ils rient et bousculent les couloirs de l’école, rampent et gâchent le savoir qui rompt l’animal. Ils rient et bousculent, feux d’amour et d’impatience. Ils hantent les couloirs de l’école, gâchent la justice et rampent pour les desserts.

Ils volent le savoir qui rompt l’animal, et ignorent les autres. Ils demandent : ne meurt jamais, ils courent et il faut réfléchir.

29 Octobre 2003.

mardi 24 mai 2016

Sans titre, 21 Septembre 2003.

Comme des filets de vie, viennent les nuages, un or que rien n’arrête. Tout réfléchit, l’animal dans le bleu, glisse entre les plantes, jette de petites graines. La nuit est agitée du cri d’oiseaux que l’on ne voit, les carreaux luisent de coups d’amour. L’été terminé, les ailes de libellules collent aux pas. Au froid du matin, la vie se renifle, les gouttes d’eau encerclent les grenouilles.

Vois la nuit, dis la joie de vivre cet enfer de charme : les enfants ont colonisé la rue.

21 Septembre 2003.

lundi 23 mai 2016

Le diseur dit.

Si la montagne ne vient pas, si la beauté ne coule pas, la faute est-elle du diseur, du revenant planté sur ses jambes, griffé de ronces et de cailloux, perdu de soleil et d’intransigeance, des pierres aux mots, des mots compliqués et changeants, inutiles, saison, raison, vertu, effort, toujours, entre la sensation et le remords, la morale sur les épaules et le temps long, bien long, si long, jamais trop.

Si l’on se pousse, il sera court et perdu, si la montagne ne vient pas, il reste l’accumulation, le tas, les tas, la fatigue, les alarmes et juste après les choses vaines, vaines, il y a toujours une histoire accrochée à une autre, le diseur est perdu, il en est à nommer, il en est à se dire pour l’inutile, pour remplir le vide, pour attendre sans fin et sans relâche, tout finit et tout partira, il est en attente 

et il est perdu dans le ciel, les oiseaux, les oiseaux se pressent, ils sont au fil, au fil du jour, un instant après l’autre, d’une idée à une autre, avec un fil, un fil et des oiseaux posés, ils attendent, l’air est calme, la saison fraîchit, il est en attente de dire, il est en attente, il franchit un pas après l’autre, des chemins, des chemins droits et longs, rien ne monte, la montagne, la beauté ne viennent, 

ne coulent pas, il dit sur ses doigts, sur son cœur, le calme et la fraîcheur, l’insécurité dans la permanence, il vient, il va, il est posé sur le toit, le monde tourne autour, bien calme et frais et long, si long, il est inutile et pauvre, une parole sur l’autre, un pas sur le chemin, les chemins sont longs et droits, il cherche et trouve la solution, les clefs explosent dans la main, sur le cœur, la main, le cœur, 

la suite, il pose un pied après l’autre, un après un, tout est détaché, rien, rien n’est intact, ils ont éclaté sur le drap, le lit défait, la bouche amère, le temps passe, le temps passe, il faut toujours un ressort, une relance, la clef pour tourner la boîte à musique, il faut envoyer le rire, il faut envoyer l’espoir, la montagne viendra. Il faut défiler et détordre l’instant, un après l’autre, sur le drap, sur le ciel défait 

et en attente, ils reviendront, ils partiront, ils seront unis dans la lumière et pourtant mornes, fatigués ou tristes et il compte sur la joie, sur les refrains, le frémissement vain, vain, et si présent, la vie palpitante, le mot au bord, sur le toit, sur les lèvres, il est plein d’air et de cailloux et d’égratignures, la montagne se refuse, la vie coule et le passant passe sans arrêt, sans repos, la fatigue 

de la tristesse, de l’oubli, de l’oubli d’où s’en tenir pour le comprendre, pour racler du pied l’herbe toujours verte, et verte et sèche, la couleur est figée, le temps est calme et morne et souverain, il dit, il dit, il se frotte les mains au cœur, il ferme une image sur une autre, sans raison : ô saisons, chateaux, voyages, le souffle est suspendu, le panier est rempli, la vie coule et les doigts n’en retiennent 

ni rien, ni mal, un peu de mélancolie, de fatigue, sans alarmes les héros dorment sous leurs palmes, ils chanteront plus tard, ils brilleront plus tard, la comédie meurt dans une heure de repos, dans un fatras de draps froissés, ils se comprennent, ils se retiennent, ils accélèrent, le calme flotte dans le repos, et tout irait plus vite si le soleil le chantait, si les paroles n’étaient pas vides, on dirait,

on dirait la liberté, on dirait la construction, on dirait la conquête, on dirait la perte, on dirait : je souffre, ne meurs pas, on irait voir sous les cailloux, pierres plates abandonnées, les disparus sont sous ces pierres, ils filent dans le petit jour, petit et maigre, élan suspendu : le temps est ralenti, à l’envers sans endroit, ni secret à confier, un instant après l’autre, une décision avant une autre, ces combattants 

vont avancer et sur l’instant ils recueillent des larmes enfantines, des émotions simples et lentes, si lentes, ils n’avanceront pas encore, ils resteront perdus et assoiffés devant la montagne : es-tu venu, as-tu entendu, sur le chemin les oiseaux passent, les nuages enlacent la vie et les moments, le temps et le bonheur, il fait encore un beau mélange, il se saisit, il se raisonne de pauvreté et de peur,

et de peur, absurdement liées. La vie est continue, le souffle est retenu, le silence enseigne toutes les choses, le monde perdu, la raison sans raison, pourquoi. Il faut se perdre et tout perdre, tout disperser, tout laver pour connaître et commencer, commencer, enfin, en fin, en début. En principe, il y aurait la parole, le temps perdu, le temps venu, un mot pour un autre, une obsession, le, le, le diseur dit, 

le, parleur parle, les doigts accrochent l’essentiel, la montagne ne vient pas, on traîne sur terre dans le plat, dans la parole évidée, sa chair est mourante, les draps défaits, ils ont explosé, ils ont gravi la montagne refusée, le paradis absent, la peur toujours présente. Un dire, un redire, un mot, un autre, des paroles inutiles, la beauté passe au loin, le souffle ralentit, il aurait pu dire plus vite, plus vite, 

plus vite, en haut, en bas, tout monte, tout descend, la figure est noyée dans l’air du ciel, dans l’image, la montagne est abandonnée, le clair soleil, les ombres sages, il faut, il faut, il y sera au retour, le vent lui manque, la vie est perdue, il s’attend, il faut, il faut, il y sera au retour, la vie lui manque, le vent est perdu. Il a marché dans la poussière, dans la poussière, il a pleuré, pleuré, pour des enfants.   
                                                            
12 Août 2010.