mercredi 27 février 2019

Le marin et les fleurs.

Ils heurtent chaque pierre et construisent une route, ils penchent et cherchent un reflet sur le temps, une fleur, ils accrochent aux erreurs un nuage et du ciel et du temps sur son allure, ils défont une à une les perles du collier, ils se tournent et empruntent une histoire d’enfance, une série perdue, où étaient-ils ces rejets et ces rires, ils se donnaient à voir, ils étaient en partance.

Leur souffrance est subtile, le drap claquait au vent : il séchait dans l’air et ornait le pavé, la pluie en écho, le souffle de la fatigue usait les fibres tendues.

Il y a sur leur temps un souvenir heureux, une histoire achevée, une suite de joies, ils étaient et ouverts et libres dans les herbes, ils étaient étendus sous les branches ployées, ils étaient sans attente, de reconnaissance pleins, tranquilles et actifs, assurés et puissants.

L’enfance est une force qui berce la sagesse, ils étaient obéissants et calmes, si chauds des murmures doux des pommes aux branches pleines, des oiseaux qui frôlaient le ciel et les nuages, la boucle débouclée, les lèvres suspendues, ils écoutaient les heures et le passage du vent sur les herbes, au soir tombé, ils écartaient la nuit d’un rideau, d’une espérance.

Le ciel est ombragé, la vie est retenue, le temps est un précipice, ils se content seuls, ils chantent pour eux même, ils inventent la suite et ils ne se trahissent pas.

Le marin souffle et pousse vers le Nord, ils se défont et rient et chantent, le temps sur les arbres monte toutes les échelles, le regard porte loin : un jour ils seront vieux et donneront l’histoire des passions à entendre aux élus, un mot, un autre, une figure atteinte.

Ils sont couchés encore et attendent la nuit, le rideau soulève l’impatience, le corps est suspendu d’une branche à une autre, les oiseaux tournent, le soir est encore là, le temps renaît toujours des pieds tordus, l’enfance y résiste, le cœur est sur le fil, le temps est aux orages, le grand marin souffle vers le Nord, la vie est descendue, le chaud est intense.

Ils se composent et redisent : le voile est déchiré, l’histoire est achevée, et ils se renouvellent et domptent d’autres erreurs, le voile flotte, le drap sur le pavé son ombre est dépensée, ses reflets organisent le temps des plus âgés, des perclus, des ravis.

Ils n’ont pas trahi, l’histoire est avancée au sol, au ciel, les nuages passent, ils ont avancé, ils se cherchent encore, ils décorent leur jour, ils poussent une après l’autre les fleurs et les saisons. Les lilas revenus, les graines volent, le vent fripe les yeux, ils ont perdu le souffle, ils ont puisé dans le panier, la confiance est intacte, sous les arbres penchés, sous les fleurs à renaître, ils étaient enfants et âgés, unis dans le mystère : le temps arrêté.

La fleur dans l’air clame : ils étaient heureux et sensibles et perdus sur le souffle, une éternité ouvre sur les autres, l’apparence est entière.

Ils décroisent encore le corps étendu dans l’herbe, sous les branches, dans le repos protégé, dans la chaleur sans poids, dans l’évidence retournée. Ils étaient enfants et heureux et pleins de gratitude, la vie a épargné leur flot.

Ils sont encore là et pleins d’espérance et posés sur le bord de leur toit, les échelles s’envolent aux branches ployées, le frisson achevé ils cherchent et trouvent, leur destin est tiré fil à fil.

La clarté touche leurs épaules, ils en sont encore à dire et à faire, le vent souffle au Nord, il est chaud et il est grand, où part-il ce grand marin qui pleure et ploie les branches sous les fleurs.

13 Juillet 2010.

mardi 26 février 2019

L’orage.

Pour éviter une punition bien longue, bien grande, pour en sortir plus grand et loin, ils abandonnent, ils se rendent, ils recommencent et d’aventure et de soupçon ils se bercent dans l’illusion, ils échappent vers le mystère, ils attendent l’éclatement de la clé, du remord, du bien, rendus sans armes, sans bannières.

Ils ont fini, ils ont perdu, pour la gloire, pour la bataille, ils se rendent et comptent les coups, les effusions.

Le ciel est loin, ils se lamentent, ils pressent sur leur front le drapeau noir, la tendre horloge, le rien tendu sur le devant. Ils comptent sur les doigts la main fermée pour la mesure, un rien de blé, un peu de soin, du sel, du foin, de la vengeance, du rire sur et des idées, ils comptent, comptent et ils se perdent, l’orage arrive, il est en route, le sel va fondre, le blé si dur, ils coupent l’herbe avec les dents.

Ils s’effarouchent et ils se cachent, ils sont lointains et bien armés, ils arrivent, ils menacent, ils chantent fort et faux, tremblez, perdez de la sueur au sol, de la frayeur en embuscade, ils arrivent et ils arrachent au ciel des nuées de malheur.

La peur, le dire, le poids des choses et des pensées, leurs idées pleuvent, le temps menace, ils se rapprochent, ils se font peur, ils défigurent et percent les fleurs jetées, les pieds croisés, ils défont d’un regard les plus tenaces, les plus forts, la vie est perdue d’avance, les horreurs pleuvent au linceul, ils se demandent, ils enjambent les plus petits, les plus affreux, il y a sur le plan terrible des hommes, ils serpentent la nuit, ils avancent, l’horizon pleut, ils sont couverts de toile, la tête est morte, les yeux pales, ils se déposent, ils avancent, ils ont peur, ils ont tout en main, au pied, sur terre, dans des sacs lourds, des doigts tranchés, ils sont en nage, il se lamentent, le poids est grand, le ciel est lourd.

Au feu, au loin, au poids des âges, les poings fermés, la bouche noire, ils arrachent l’herbe, la dent est sûre, le pied traîne au sol, la poussière est encore blanche, ils défont tout, ils iront loin, la peur perdue, le ventre calme, ils se déchaînent, ils avancent, le rien est perdu sous le plomb, le soleil est haut, le teint si rouge, la peau brûlée, le regard lourd, ils se défont, ils sont comptés, ils perdent au ciel, la punition est grave, ils demandent pardon à tout, en tout, pour tout, ils avancent sous le ciel calme, le teint est rouge et le ciel tourne, les oiseaux sur le banc de pierre grattent le sang séché, perdu, des anges, ils étaient là, ils n’y sont plus.

Ils sont couchés au linceul froid, au temps perdu, à la vision des ans sans ombres, ils éventent tous les secrets, leurs clefs éclatent, le rire est suspendu, ils tournent sur le devant, dans l’ombre, le ciel est lourd, le plomb est noir, ils perdent au sol, sang et cendres, ils sont vaincus et encore ils se donnent des airs de gloire, ils avancent, le remord accroché au coin des yeux, sous les cailloux et frappés de souffle chaud, de dur été, des ombres.

Ils échangent d’un œil à l’autre la clef perdue, le remord noir, le ciel sans âge, les oiseaux perdent sur l’eau claire un poids de plume et de raison, ils avancent sur l’air en feu, le visage rouge et en tremblant grattent le pied au sol dans la poussière encore blanche, le cœur perdu, le nez noyé de ciel et d’ombre, de grand remord, de cil penché, ils ont courbé la tête, ils sont perdus dans la chaleur, le ciel remonte, ils comptent leurs fautes et attendent, une éternité de pardon, des fruits défendus. Le ciel tombe sur nos têtes.

12 Juillet 2010.

lundi 25 février 2019

La forme dont on rêve.

La forme dont on rêve.

10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
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13 Mai 2010.

dimanche 24 février 2019

Le signal.

Et puis un mot, ôter, un discours simple, un simple trait, une intention pure et tranquille, sans y penser, sans rien attendre, pour enfoncer encore plus au fond du cœur, au fond des yeux une évidence, il serpente sans queue ni tête, sans rien attendre, pour voir ce qui viendra, il se tourne et frappe sur le sol, il invente de toute éternité une mémoire, un pont pour l’autre,

d’une rive à l’autre il se repend et il commence, le trait est long, perdu dans le lointain, soufflé sur la braise il se recommande à eux, les autres à venir, les autres à y penser, une abondance et un regret, il serpente d’un four à l’âme, d’une étendue et d’un bond souple il recompose, il se démène, il se déclenche et il engrange les foins, le sec, le dur, la vie intense

et sans attente, il se décore d’un œil noir, d’une espérance, d’un tombeau vide : si blanc, si pur, perdu d’une rive à une autre. Il se donne de l’air, il se repose, il gratte la terre et le jour, il compte sur les doigts, le clair matin, la nuit finie, il se grandit, il s’interpose entre le bien et le rendu, la confiance est infinie, il est posé au fil du mur, entre le toit et sa vie de vengeance

sans expression, il est perdu d’une tuile à l’autre, il raconte une vie sans preuve, sans musique, sans victoires, sans rien en dire de vrai, en cachant tout ce qui importe, il est perdu au jardin clos, dans l’ombre du soleil levé, dans les flaques de l’eau posée, dans les herbes arrachées, il frôle et il gratte le sol mouillé, les fleurs fanées, la repentance au fond, dans les yeux,

la certitude entamée, le front courbé la main heureuse, il a poussé au fond du seau la lune noire, le fier remord, il est étendu, il se livre, il finira un jour au sec, dans la chaleur, il est venu, il se dépose sur le sable, sur les erreurs, les herbes mouillées, il feint, il croit, il s’emprisonne, il chanterait, il sonnerait, il est revenu des enfers, il se domine, il s’éternise, il est aveugle

il entend tout, il sent, il frotte, il est rempli du vrai bonheur, du calme, grandi et rempli de d’impatience, il refuse, il siffle sur une herbe fine le chant aigu des enfants rois, il se démet, il est avide de pain et d’eau et de pouvoir pour y penser, pour entendre la gloire intense, le fier cheval, les chien trempés, il sent, les fleurs blanches respirent, il se défend, il parle seul,

il est enclin à la fureur, il s’oblige et se défend mal, la fureur noire tire des larmes au bon matin, au jour venu, il se donne, il soupire, il compte sur ses doigts la distance de pierres et d’ombres, il faut clore un peu au soleil, il en prend soin, il racle, il tord et coupe les rameaux, la confiance au cœur, le temps perdu, il gagne sur son front, l’attente, le signal rouge,

le froid est clair, la vie avance, il est perdu dans un champ clos, les fleurs soupirent, il se penche, il entend tout et ne peut rien, il défend la terre et l’eau, les graviers ronds et les sanglots, il se respire et il étanche la soif de vivre du sang versé, la route est longue d’un pas l’autre, d’une émotion, une pensée il affronte, il tourne, il change, il était là, il n’y est plus,

il se retire, il s’évite, il se donne des leçons d’humilité, de faim, de partage, il sanglote sur l’horizon, il tire un à un les brins perdus de la terre noire, il entend tout et ne dit rien, ne dit rien, le trait est long. Ôter un mot, un discours simple, un simple trait, sans perdre le lointain, l’émotion est pure et tranquille, l’appel, l’appel, sonnera, au signal, il est fini le grand silence.

14 Avril 2010.

samedi 23 février 2019

Jean-Christophe.


Et qui tremble.

Ils avancent au passage, la rumeur flotte sur le recours, le sermon, les audaces, ils sont quinze, ils sont cent et tout arrive, le point est d’attendre, de voir, de croire, et espérer, espérer et recommander, un sourire, un œil, la grâce aux pieds posée, le service aux goélands, ils montent de la mer, rient-ils sous les nuages,

les bourdons noirs butinent et recommencent, ils livrent des batailles une à une, sur le dos des fleurs et des sourires, inutiles frissons, ils s’accrochent d’un nuage, les autres d’une émotion, le temps venu, ils se coulent sous les feuilles, ils disputent le bien au bien, la corolle, le sarment sec, ils bruissent et promènent et

déchantent au cœur du jour, au trop plein de bleu et de subtile clarté. La vie en évidence, le calme sur le dos, la chaleur aux oreilles et des chansons sous le figuier, ils sont dévorés d’herbes amères, ils ont franchi les deux ruisseaux, les pieds mouillés, le cœur à l’aise et ils respirent sous le ciel, ils avancent et foulent

l’herbe trop verte, le sol mouillé, ils se défont des vieilles romances, des cœurs fous, des pieds amusés, ils avancent d’un pas puis l’autre ils se calment et y vont deux par deux, sur le soleil, sur le chemin : ils fuient un peu d’inquiétude, ils ramassent des fruits bien secs déjà mangés, déjà raclés, ils se perdent dans la

surprise, ils se ramènent et ils y croient, le temps est beau, bien simple à dire, bien étendus sous le ciel clair, dans les coquilles amandes cuites, germes éclos et revenus de l’hiver, de la neige, de la tourmente, ils se souviennent et commentent, la vie va de l’avant, ils voient et ils ouvrent larges les bras, fermes

les cœurs, le collier au bout des doigts, ils explorent le temps qui passe, ils sourcent l’eau, ils recommencent, l’hiver est déjà fini, les abeilles noires se pressent, les fleurs blanches marquent le front, ils sont loin, ils sont longs, ils avancent, ils dispersent au vent les pétales, les paroles, la pluie oubliée, c’est

l’été, c’est l’automne et elles se donnent tout doucement chaque saison, le ciel est bleu immense, la pluie a perdu l’horizon. D’une branche l’autre, d’un sourire un sanglot, ils sont perdus dans les nuages, ils s’accrochent aux doigts sur la peau, ils cherchent et trouvent la source chaude, le renouveau, ils entament leur

vie en face, ils se refont, ils sont séduits, ils écoutent sous les rames du figuier éclos. Les abeilles noires donnent, ils enfantent du jour à deux, toujours par deux, collés aux lèvres, perdus dans le bleu, toujours bleu et forts et surprenants et ouverts, les nuages passent, ils noient leurs yeux dans un bouquet de fleurs

mûres et oubliées sur le devant, sur la pierre ils y étaient, ils ont enfoui sous la pierre, ils ont calés tous leurs secrets, ils serpentent sur le sol même, sur un refrain pour un sanglot, la pierre a tourné, de la berge ils se déplacent, ils ont chaud, le bord est bord, le mur est pierre, les doigts unis sont des paniers, les

fleurs blanches ruissellent, ils ne finiront rien encore, ils avancent, ils écoutent, ils donnent au soleil raison, ils suivent d’un œil, d’un doigts la courbe, les nuages montent, il veulent rentrer, ils vont pouvoir tourner une à une les branches, arracher les herbes amères, planter encore des fleurs de neige, encore

des rêves au feu, de l’indécision et du temps passé, perdu et revenu, récolté sur les pierre, d’un mur imparfait et qui tremble.

06 Avril 2010.

vendredi 22 février 2019

Retour alerte et d 'un mouvement vif.

L’instant grandit
sur le devant
il chante et se noie
dans la mer étale
aux rumeurs océanes

sur cette barque légère
à fleur d’écume
qui danse sur la vague

là-bas
où les étoiles pleurent sur l’onde

du bout de son doigt d’aurore
il effleure la lumière tombée du ciel
et la porte à ses lèvres

pour goûter à l’instant… d’éternité

Maria Dolores Cano, 22 février 2019 à 11:00

Alerte, et d’un mouvement vif.

Lentement, bien longuement, on se rapproche de l’instant, tout y avance et tout s’y noie et le surpris va bien plus loin encore, il y revient, il tourne sur le devant, il cherche et s’obscurcit, il avance en travers, il tourne sur le moment, la conscience est vive, bien vive, il se défait et approfondit, la vue sur les objets est précise, il tourne fort et si intense, il se renouvelle, il grandit,

il ouvre les yeux, bien loin, bien grand, vers le plus haut, sans erreur et sans conséquence, il y va, il y est, il se tourne et il embarque sur le devant, les pleurs tombés, la bouche ouverte, il se tient bien, il y songe bien fort, si fort, si tendrement, il tient serré la chose étrange, le regard clair, le regard loin, il est perdu et, sans conséquence il se tourne, il ose alerte, alerte

et calme et vif et surpris et sans rien sur le côté, il tourne alerte et en un même mouvement vif, vif, il perce et taille et recommence, il franchit encore un obstacle, il tourne d’un côté sur l’autre, de rien venu a tout rentré, du surplus au bien fourni, il cherche et pose ses doigts à terre, il est penché, il est courbé, il est perclus et il tourne, tourne bien vivement, bien en cadence,

il est encore a bien vouloir, il est encore à l’avantage, il s’aventure, la vie commence, la vie recommence et il est la source et le delta et il est la surprise et la certitude, il se donne, il se retrouve, il est cherché dans la multitude, dans l’ouragan et dans le calme, il tourne sur lui-même et sur son contraire, il cherche et souffre, il est offert et il embarque sur l’eau, sur l’air,

sur le devant, il à une pointe au côté, il est percé et offert, il avance sur le côté, il se tourne et il cherche et il convient, il doit dire : encore un peu d’éternité, encore plus de temps passé, encore plus de plus et de perdu et d’éraflures sur la jambe, il tourne et cherche sur l’eau le regard fier, perdu noyé, il détend et engrange, la vie n’est plus aussi sèche, le bien venu,

le tout rentré, il s’évapore et il oublie, où sont-ils tous, où s’en vont-ils, il se cherche et recommence, une vie encore, une vie après l’autre, un tournant pour y penser et la soif pour comprendre l’aurore, le ciel, le jour fini, la solitude, le serpent sur le dos, il meurt, les animaux blessés sur la berge, il court encore, il volera longtemps, il cherchera et il entendra, la vie avancée,

la vie tendue sur le devant, il tire les étoffes, il est couvert, il est paré, il se donne dans la lumière, il parcourt une vie toujours jeune et sans alarmes, alerte, il se tourne, le mouvement est vif, la mémoire suit encore, il cherche et trouve et il secoue le pied au dessus de la mare sur le ciel, il voit les oiseaux, ils passent, ils tournent et vont s’y poser, où sont-ils, où vont-ils donc,

ils cherchent et trouvent, ils avancent, ils se donnent, l’éternité recommence, il cherche et souffre et il accepte, il se donne au ciel, aux astres, il invente chaque soir une étoile nouvelle, il commence, il recommence, il s‘y noierai, il se cherche, il se trouve, il voit les grands oiseaux, trois et trois, ils se déplacent, ils sèment et chantent, et ils refont un nid, un passage, un autre,

une foule les récupère, une foule muette et sourde et rien n’y fait, ni temps ni nuit, la vie commence et recommence, chaque instant est perdu, il s’y trouve toujours à l’aise, encore, encore, il continue, il cherche les visages, le peuple est sourd et muet, il a perdu, il a perdu, il n’y revient pas, il se donne et il s’échoue, sur la berge, sur la rive, ils passent au loin, les oiseaux,

le cou tendu, il se tord et il recommence, la vie noyée, le temps usé, usé, fini et tout encore, tour après tour, jour après jour, tout se commence.

19 Février 2010.

jeudi 21 février 2019

Retour de laurier et d'olivier.

Dire sans penser
un mot et puis deux

tubercule ... racine-mère

le sillon est profond
et la source jaillit
un éclat une lumière

il faut dire un mot

qu'il explose au soleil
grain de vent ... de poussière
un noyau sifflotant

une feuille d'olivier
sur un lit de laurier

un seul mot il le faut

Maria Dolores Cano, 21 février 2019 à 13:43

De laurier et d’olivier.



En avance, allons plus vite, avançons mieux, il faut écouter et la pluie et le murmure du vent et des oiseaux, dans les arbres, sur le toit, sur le cœur, sur le monde, il est enfermé et au supplice, il se retourne et tend la joue, le ciel est embrumé, son corps est enflammé, il voit, il respire, il court sur le sentier, les yeux fermés, la bouche : il aspire et respire, le vent est froid, il est froid, il se retourne et change encore, change encore, il fracasse sa vie, il tourne sur lui-même, il franchit le pont, il franchit la rive, il recommence et pose sur la berge un pied peut être délicat, une empreinte sur le sable,

les cailloux glissent à la semelle, il défait une à une les positions, il faut marcher et conforter, le masque : il est caché, il est présent, il se détend et recommence, le pied sur le sable, la semelle glisse sur les petits cailloux, graves et graves, ils lacèrent un cœur endormi, un cœur, il se lamente, il tourne et tend et recommence, il franchit les obstacles, la semelle glisse sur le sable, les cailloux roulent sous le poids, il tord un peu la bouche, le sentier est étroit, le ciel est embrumé, le corps est enflammé, il se penche et récupère au sol un tout petit caillou, un grain si grain, un si fin, si fin bout de terre

et d’ombre, une obscurité sans partage, il se referme et il apparaît, il faut encore et encore faire, il faut y faire et commencer et faire toujours, avant, bien avant de dire, il faut faire et puis vient le temps du silence, de la mastication, de la macération, ils se couronnent de laurier, d’olivier, ils se cherchent d’une rive à l’autre, ils se penchent et recommencent, au ciel embrumé, au corps enflammé, ils se jettent d’un bord à l’autre et bien timidement et sans recul ils foncent et abandonnent la conscience, le dégoût, il faut agir et il faut dire, dire après, sans y penser vraiment, il faut dire un mot, un mot et un,

et un de plus et chercher ou en sont les paroles, reste-t-il une nuance en cette espèce, en ce retour, un mot perdu, une parole insensée, sans rien devant, sans rien derrière, sur le sentier il fonce, il va tout droit, toujours devant, il cherche une parole et commente la vérité, les vérités perdues, trouvées pour convaincre, pour raisonner, pour endurcir le corps, pour délayer la brume, pour fondre dans le temps le reste et le tenu. Il se propose, il argumente, il commente les vérités, il fourbit ses armes, il faut faire et puis après il faut dire, il faut le dire et tout en dire et se dire sur le moment, au temps certain, si,

à la nuance sans souci, sans rien dessus que du silence vrai et effrayant, de la nuance pour toute chose, dire et redire et commenter et enfoncer le pied dans le sable, les cailloux roulent sous la semelle, il est fourbu, il s’éreinte, il monte, il grimpe, il serpente vers la vérité, il tourne autour des paroles, il se donne à dire, il avance dans l’imprécision, il faut tourner le masque il faut avancer vers le ciel, la brume et la flamme, le corps perdu, la parole si rare, l’étrange sourire sous la semelle, il faut partir, il faut, il faut et tout commence à chaque pas, à chaque écueil, sur le sentier il fut droit, il monta, il vécut,

il avance, il se tourne, il recommence, en avant, avançons, encore un peu plus loin, un peu plus haut, sur le devant, allons, allons. Une frénésie : sur le tard, il faut partir, il faut tourner, il faut entrer, il faut y être et puis après avoir fait, il faut dire, dire, il trouve des paroles, il trouvera, si haut.

17 Février 2010.

mercredi 20 février 2019

En fin.



En fin, il y passe et pense à autre chose, à l’entretien, au respect, à la grandeur, il s’avance et il écarte, les bras, les doigts détendus il avance, il repousse la boue du bout du pied, les cailloux, il chante en s’envolant, il broie du noir et des bijoux, il est rendu, terrible et sûr, il ne redoute aucune pureté, il franchit les obstacles, il tourne et il retourne, il conquiert, en fin, il parait, son drame permet en fin, permet une avance, au travers des nuages, au travers de la vie, la flamme est dure, le pied est assuré, il avance, il parait, il grandit sous l’eau qui tombe, il flaire la vie, il tourne sur le devant, il cherche un mot, puis l’autre, il demande la grâce et tire sur le col, la vie avance éperdument et insensiblement,

il défait une à une les mailles du filet, il est libéré et tranquille et sa voix porte, il compte les obstacles, il comprend les sanglots, il tire une à une les larmes de la vie, il défait l’échancrure, le cou passera bien au travers de ce nœud, il coule sur lui-même, il franchit les ornières, il bondit, il avance éperdument tendu vers d’autres conquêtes, il ne finira pas encore le chemin, la vie est prolongée, il grandira encore, ils sont tous en attente et il recommence, il saute loin, il pense fort, il est surpris et fier et fort d’une immense joie, d’une ardeur qui ne se rompra pas, il frémit et bouillonne, les vertus se répandent, il avance au devant, bercé de chansons folles, tendu et reconnu, il avance sur lui, il file sur les eaux,

il est venu et ce jour il parait, il définit une pour une les armes et la foi, il avance et présente au monde un front serein, une certitude déraisonnable et bonne, si bonne, il s’enchante de rien, il comprend peu à peu, il avance pas à pas, il est devenu fier, il finira plus loin, beaucoup plus loin, il enchante le monde et reconnaît aux âmes les vertus et la grâce, il se fait encore plus grand, il respire et il avance, la vie commence recommence, il a trouvé un point, il a trouvé une clé, il tend la main et ouvre la gorge, la source est là, il avance et il recommence. Du respect, des larmes, du renouveau, il est en avance, il racle le pied sur le sol, la boue reste au bas, il baigne ses mains de larmes, de larmes, pour cette réparation,

il a vidé la peur, il a tendu le masque, il détruira le monde vieux et sale, il faut encore prendre une à une, les routes vers la joie, il se fend, il raconte et il ouvre en fin la bouche pour une parole vraie, il avance et conquiert et il a compris sûrement, la voie est libre, le temps est clair, il faut y aller encore, il faut aller assouvir, et bâtir et engranger du vaste et du généreux. La route est prête, le sentier est à l’aise, il connaît le poids des souffrances, il grandira encore, ô bien immodestement : il se détache et s’applaudit, il a enfin compris et les peurs et les larmes, il commence enfin sur la voie de la réparation, il va venir et il est venu, il viendra, sa force est dans son élan, il suit la liberté, il tire la lumière, il affranchit un à un,

les larmes une à une, le danger et le souffle un après l’autre, une singulière grimace, il a compris et profite du masque, il tire sur la joie, il remplit son sac, il lâche les outils, il ira à mains nues, le cœur à l’aise. Le regard content, en fin.

16 Février 2010.

mardi 19 février 2019

Retour d'hiver.

écrire ou peindre
quelque chose de joli

sur le sentier
dénouer les fils

ouvrir la cage
suivre l'oiseau

ti... lala
tirititran

dindirindin
domani la primavera
dindirindin

Maria Dolores Cano, 19 février 2019 à 11:43



D’hiver.

Et après, ce sera, parce que sur ce sentier nous partons à la dérive, nous allons sans y penser refaire le chemin de l’enfance, croire et recommencer, sans entraves et sans raisons, sur le devant, sur le plus au fond, dans l’erreur et la reconnaissance, il y faut de l’ardeur et du renouveau, il avance et il y pense allons, allons.

La vie te donne et tu lui prends et tu avances sans rien y voir, sur les dents, sur la pointe du refus, il te faut croire et crier, tu refuses et tu enclenches, allons plus vite et recommence et défait, d’un œil rond, si rond, de l’étonnement et de la surprise, tu vas, tu viens et recommence, la vie t’avance, tu lui prends un pas,

un pas et aussi un autre, il est en avance. Au point du jour, le ciel est gris et te tourmente, et tu redis et tu refondes, la vie avance et toi tu prends. Sans rien penser, sans plus rien croire, sans rien crier, sans tout entendre, sur le devant tu pousses et tu avances, le sort funeste, le sort jeté, le calme plat, la ritournelle, le sort tendu,

l’avance éclose, le bien comblé, le murmure, les assises, il se reprend, il se redonne, il offre au ciel un panier de tourments, une musette de propos ternes, il avance et tu reprends de sa vie, de son pas, de ses regards sur les cailloux. Il ferme tout, il reprend loin, si loin la vie errante, le socle lourd, le coffre fermé, la malle éteinte,

il se reprend et tire un fil, un autre, une parcelle. La vie, sa vie, il se lamente Jérémie, Jérémie, où sont les marques, où sont les pleurs, il se défait, il se commente sur le chemin, si loin devant, il écarte un œil, un autre, il avance et recommence, perdu, trouvé, sitôt rendu, écartelé sur le passé, sur le désert, sur le froid retenu,

calme, calme, il abonde dans la pénombre, il se retire et part encore, il avance et recommence, perdu, trouvé sitôt rentré, petit encore et bien suivi, secoué de larmes et il vit tendu de fils sombres, tourmenté sur les cailloux, sur le gravier, perdu au loin, rentré dans l’ombre, sur le sentier d’hiver, il fait froid, et tout est entendu,

tôt, si tôt perdu au loin et sans attendre, sans avenir, sans rien au cou, du froid au bout des doigts, l’erreur sur le front, encore calme, déjà perdu, retourné et sans habitude. Il est en avance, et il se calme au froid terrible, borgne, les yeux perdus, le cœur au calme, au froid dans l’ombre, la figure tassée, le jour est levé, pied perdu,

il se retire et il coule une arme, l’autre, un cœur perdu, un cœur rentré sous le sillon, sous les audaces, le cœur froid, le cœur sec, il avance et froid, il dépouille une vibration, une autre encore, les mots gelés, les mots amers et vides, vides dans l’ombre froide, dans le ciel perdu et sans joie dans l’ennui et le frisson, il avance dénoué,

le regard clair, l’ombre tourmente, en larmes sombres et au froid reclus. Et après, ce sera, parce que sur ce sentier nous partons à la dérive, sur le devant, sans rien comprendre, sans rien y voir, sans tout attendre, sans espérance et sans chagrin du froid perdu, du front rentré, des ombres sur les yeux, des vies morcelées, vidées loin,

d’un cœur qui souffre, loin, des immensités noires, du vide toujours, au loin, toujours perdant, sans attendre. Le froid est installé, le vide est consacré, la sève gèle aux décombres. Il y va, nous avançons, perdus, écartelés, le souffle est prisonnier.

28 Décembre 2009.

lundi 18 février 2019

Des absentes.

Ils sont encore perdus les touts petits, ils chantent dans le vent, dans l’escalier, dévastés, cerclés de frondes et d’eau, et passés au loin, cœurs purs moirés et infinis. La foule, la passion, cœurs dévêtus et charmés, ils se retirent au loin les femmes sont absentes, ils sont perdus, aveugles et défaits un à un, raclés et sanglants, ils sont à venir, ils sont loin, ils se rebutent et battent et rebattent et frôlent l’obsession, ils sont encore à dire et à boire,

ils sont éloignés et gagnent sans vouloir, sans saveur, une âpreté certaine, un gouffre, une terreur, ils chantent pour eux même, ils doivent du serment, ils tendent du sanglot, les femmes sont absentes, Ariane est au rocher, douloureuses et étranges, les fées enfermées, leurs rires sans joie, ils sont aveuglés et tendus, ils sont abandonnés les touts petits qui se défont et déposent leurs bagages, l’ennui, la terreur obscure, le sacrifice.

L’objet, la conséquence, le murmure, ils balbutient et traînent des sanglots, ils sont ensanglantés sur le bord de la route, ils contemplent et doivent et retirent toujours, une épine après l’autre, une marque au pied, le sacrifice court, la peur les recommence, ils sont sur le carreau et tirent des longueurs de toile fine et fraîche, ils sont à l’abandon et comptent les étoiles, ils sont avilis et sans rien au bout du nez et au bord d’un œil, ils tournent les effets,

ils arrachent la crainte, ils sont enlacés sur les troncs séchés. La vie recommence, ils sont purs et parfois, ils se démêlent et penchent vers l’avant, ils embarquent et déposent du sable, des limons, du vide au cœur, des brassées de chansons, de feuilles, du désir, du calme sans raison, les femmes sont absentes, si lointaines et aveugles, et fermées au murmure. Ils sont partis et figurent sur les calices, les corolles, les bouquets, ils pensent l’avenir,

ils tournent sur le pied, la différence est faible, le contact est ténu, ils pensent en regardant, loin, au loin de la rive, du bord, du quai tremblant et les femmes absentes et leurs soupirs éclairent les cailloux au collier, à la main la bague et les orteils, ils se composent une guirlande, un ruban, les fleurs poussent plus loin. Le combat va cesser, les enfants sur la rampe décrochent le ciel bleu, éloignent le temps clair, ils se donnent au loin, ils se poussent toujours,

ils sont sur leurs pieds nus, il se dressent dans l’ombre, le soleil a tari, la clarté est perdue, les mots entrelacés, les souliers défaits, ils tirent vers le cœur le souvenir des larmes, le sanglot perdu hier, la courbure du front, ils avancent au lointain, ils comptent sur le sable, ils soutiennent toujours l’avenir, le certain, ils sont cambrés et sûrs et faufilés sur place et ils comptent toujours les étoiles dans l’ombre. L’avenir entre encore, sur le pied défendu,

sur le rocher, perdue au loin, absente, Ariane est en pleurs, et ils disent la fin, le temps va revenir, l’histoire va reprendre, les femmes sont absentes, aux longs cris aux si subtiles plaintes.

21 Décembre 2009.

dimanche 17 février 2019

Message.

Il entend : le monde en avant, il en est part.

Il est étendu sur la face, il se joint, il étire, il ouvre les bras, les bras, la face contre terre, il s’enchante, il se dépose et il recueille un instant, puis l’autre, une ardeur et une autre. Il est posé sur le sol, il est face contre terre, il touche au rythme lent, très lent, si lent de la terre, il a confiance, sa poitrine est posée au sol, il est face contre terre.

Il entend, étendu, il s’enchante, posé au sol.

22 Décembre 2009.

samedi 16 février 2019

La mer,

la mer des grands départs et des petits retours,
 
des oiseaux sur le pont, du sable et de l'air, 
 
il souffle sur les flots, il est en attente sous les nuages.
 
La mer de soleil et d'éclats et quand il est trop noir le ciel s'y penche 
 
et il les noie, il les ouvre et ils tombent, ils sont conquis et fiers 
 
et brûlés au sommeil de nuits balancées sur le dos,
 
dans le filet, dans la soute, la mer commence et recommence.

12 Décembre 2009.

vendredi 15 février 2019

Variation :

Il est au froid.

Il glisse et attend, la barque, est devant.
Il est au départ et sans rien et le dire.
Il défait un à un les pétales et chante.
Il est seul, bercé de cris, les animaux vont passer, là.
Il tord et tend le voile : viens ici et compte de ta vie, le trouble.
Il arrache sur l’eau sa barque.
Il est temps de convaincre les passants.
Il chante ces aveugles, aux bras chargés.
Dans, le ciel et l’azur et l’or pur et rouge surpris, il est chez lui.

14 Novembre 2009.

jeudi 14 février 2019

Fuyez toutes les entraves.

Il faut cracher, voir et entendre et se tourner sur soi et sur les autres, finir et recommencer, à chaque jour un nouveau temps, une nouvelle éternité, une chose insensée, sans repères, sans ressources, du rien toujours nouveau, un langage apeuré, une stupeur sans défaillance, il se retourne et un moment, pour ne plus dire, pour enfoncer un autre clou, pour affranchir et connaître enfin la liberté, il faut que cela vole, il faut que cela enchante, il faut naître et recommencer et ne plus penser à mourir et ne plus penser, ni rien, ni dire, ni faire, il faut voler et être sur le chemin, sur la rive, dans l’air, dans l’eau, dans le charme, et la reconnaissance.

Il faut franchir les ponts, franchir les murs, s’enfoncer dans la bataille, il faut, il faut et on sait bien qu’il faut, et il faut ne faut pas, et il faut est surtout insupportable, il faut, il faut et faire, et dire, et voler bien au dessus des nuages et des oiseaux, des branches, et des bateaux, le calme est plat, la mer est sûre, le vent est sans chagrin, les oiseaux tournent en bas, ils se repensent, ils sont entendus, ils avancent et eux, ils sont ici, les mains nues et tendues vers, vers, vers le gouffre immense, la grande plaie, la longue plainte, il faut et il fait avec du toujours ancien, de la chaleur et des élans, il se tend ou s’envole, il tire sur la ligne de vie, sur le repos,

sur le néant, il va finir entre les gouttes, il va passer sous le fardeau, il faut d’un grand effort soulever la barque et la charge, il faut, ce faut est vraiment terrible, il s’enchante lui-même et part dans sa déraison, il se cherche, il s’enfuit, il tourne sur le côté, il parle, il a peur, il hoquette, il s’enfuit, la terre tourne, le soleil luit, la chaleur est immense, il se déporte vers le loin, il se retourne et eux commencent, ils sont si loin encore, il est toujours en retard, il recommence et frappe au sol, et frappe au sol, il dit le bien, le leurre, le mal, le mensonge, il enfonce les mains dans la boue, dans le sable, dans les rumeurs, il a posé les yeux sur chaque marche,

l’escalier est tendu, la rive est incompréhensible, le monde tourne sur lui-même et il tourne à l’envers de tout, dans le charbon et la nuit noire, il reconnaît le chant, le chant aigre et petit, des petits oiseaux en agonie, des abandonnés sur le sable, ils sont présents, ils sont en larmes, il coule sous le malheur fou des heures, des heures sombres, il parle sur le sable des moments éperdus, des oiseaux sortis de leur cage et trop haut envolés, perdus et sans retour, et il tourne sur le vertige, il avance dans l’air, le soir est-il venu, le jour est-il parti, et les heures tournent sur le devant, il sert encore, il est utile et il souffre sans rien savoir, sans rien pouvoir

et il cherche tourne et tourne, le sens en l’air, le sens en bas, il penche sur la peur immense, sur le refrain évanoui, sur le soleil, est-il ici. Il dure et il commence et il compte les erreurs et compte les angoisses et franchit d’un bond la grille, la porte est ouverte, le saut sera fatal. Cachez-vous, cachez-vous et fuyez sous le temps, fuyez toutes les entraves.

21 Août 2009.

mercredi 13 février 2019

Le fil donc.



On oublie, on se perd, on ne voit rien et tout autour avance et tout est en marche et l’oubli et le temps sont perdus, la vie avance, l’autre est là et il n’entend rien, ne voit rien, ne dit rien, il se perd et on se perd et le fil parfois est rompu et de petites mains habiles et ouvrières tissent, retissent, réparent, filent, refilent, il y faut de l’ordre, le fil à faire, longuement entre les doigts, il se tourne et il balance, le fil est long, long, il est là, il est entre les doigts amicaux et travailleurs, il est filé, le fil donc.

Le fil est là, le tissage, le tissage et puis, et puis, il faut tirer des surfaces, des mesures de tissu, il passe entre les doigts des mains amicales et ouvrières, il se cherche, il crisse et chante la joie entre les doigts, sur le dos de la main, pour quoi, la main, le dos, le tissu chante entre les doigts habiles, ouvriers, amicaux, il est bon à étirer, à tendre, à détendre, à appliquer sur le dos, sur le bras, sur le cœur, le fil, le tissu entre les doigts charmants, travailleurs, amicaux et suaves,

il est faiseur de percale et teinturier de couleur rouge, de rouge entre les doigts, sur le cœur, sur la main, une fortune à soi tout seul, le fil frisé, refilé, le tissu tissé teint en rouge en attente, sur la main, sur le dos, sur le cœur, sur la racine émue, sur le partage à venir, à redire, à faire, à tendre encore aux lèvres mouillées, il faut, il faut entendre, il faut étendre, comprendre, et recommencer, le fil, le fil, le tissu, la couleur sur le dos, sur la main, sur le cœur, sur l’étendue, sur les bornes,

aux limites, sur le rien encore dit, sur le rien encore à faire, sur la difficulté, sur le redire, le reprendre, il faut entendre et renommer et avancer, sur le bord du chemin, il tend un fil rouge, sur le bord il recommence, il finira encore le cœur ouvert, la bouche pleine des yeux émerveillés, des doigts serrés, la peau est trop tendue, il se fend, il s’offre, le soleil à frappé fort, bien trop, il se cherche et toujours il se tourne et voit le fil refilé teint en rouge tissé, retissé, tendu et formé,

un coupon sur le dos, un espoir sur le cœur, il se balance et marche les pieds dans l’eau, le cœur ouvert au soleil, tendu et offert et il ne voit rien ni autre, le pied tendu, le cœur ouvert, la main offerte, la vie tirée sur le fil, sur le fil il avance et les mots y sont plus rares, sans histoires et sans autre couleur, une seule, le rouge, le rouge, il avance sur l’eau, un fil rouge tendu du cœur aux nuages, du sol à la voûte, ensoleillée, ensoleillée, il ne refuse rien, mais de pauvres mots,

des couleurs rares, une posture sur le sol, il attend, il cherche et il marche, il avance, il ne voit ni yeux ni vagues, il se tourne et entend, le fil casse, le fil casse, il se tourne et au moment même, il entend, le fil est cassé, il se voit sur le sol, les pieds tendu sans aucune histoire, pauvreté sur pauvreté, amour sur amour et marche pour marche, il avance et dira aux astres à venir : larguez le fil, lâchez cette rampe, tournez encore un peu le rouge en flot, le rouge en flot, il faut y venir, il faut y entendre,

il faut y voir venir, tenir, entendre, voir, il s’agit du poids d’un corps sur le sable, du fil ténu, entre les doigts, rouge et fragile, sans rien, ni loi, ni force. Il avance sur le plat et du fil refilé, du tissu retissé, du pauvre rien, du pauvre rien, il se tourmente, le fil doit casser.

21 Août 2009.

mardi 12 février 2019

Sur le pas.

On est sur le pas de la porte, on ne dit rien et d’autres s’envolent, ils parlent des fleurs de l’amandier et puis de la patrie, on court la campagne vers des maisons de bois, des maisons au dessus des prés et des oiseaux,

il faut encore dire, la vérité marche au travers, les éléments se comptent et on tend la main au soleil pour lire sur les doigts le jour qui fuit, la vie qui va et la terre au souliers et le cœur sur les reins, il est tendu au plus haut,

il est perché dans sa mémoire, il compte les rayons du soleil sur ses doigts et un autre bien loin parlait des fleurs de l’amandier, ici les herbes sèchent, les fleurs sont coupées et mâchées à la dent des animaux,

il reste au buisson des mûres bien trop cuites, des amandes amères, des erreurs sur le plat, des poisons lents et rouges, ils filent comme des serpents sur la terre. Sur le pas de la porte, au retour du voyage, les autres ont parlé

et on est obscurci, et on est blanchi sous l’orage sec et lointain, il ne vient pas, il ne chante pas les oiseaux, il ne chante pas la nature, il se perd en lui-même et ouvre en continu les vannes du passé, le présent est obscur,

le futur ne vient pas, il est pris de frissons et claque des dents sur le sol séché et bien trop, bien trop chaud, il est à l’abandon, il est perdu et cherche un fil à tirer, une moisson à connaître, un fil de plomb à tirer

pour cerner la réalité même, le calme, la grandeur, les horizons chargés de malheur et d’azur, il est tout mélangé et il compte quand même les rayons du soleil sur ses doigts, entre les doigts, sur les ongles,

il griffe sa tête et boit la couleur même, le frisson des chaleurs, les fleurs sèches au sol, il se reconnaît dans l’incertitude, il est blanchi encore au ciel qui passe, sous les nuages agrandis sur le sol de poussière, il va,

il vient, il se perd et il trouve à chaque pas une question, à chaque soupir un sanglot, un abandon, la force est insolente, il construit une case, il cherche un sablier, il oublie le temps et il compte aux doigts secs l’azur et les saisons.

On est oublié sur le pas, la porte est entrouverte, les fleurs d’amandier volent au ciel du printemps perdu, les mûres sont trop cuites et acides et sans grâce, la poussière a fuit sur le talus, il perce des secrets et n’en dit mot à l’âme,

il cherche des raisons et trouve des façons, il remplit son sac et il se charge encore d’un fardeau, d’une suite d’histoires de perdus sur les routes passantes, il ne voit ni un, ni une et il déraisonne loin du monde et du bruit,

il pousse sans savoir sa pierre sur la route, il cherche et trouve, poussière et oubli, il a brûlé les fleurs, il a perdu la suite, il se reconnaît dans son incertitude même. Les grands maux, les solutions, la suite, reviendront

il fermera sur lui les chemins sans raison, il finira toujours la route et le pardon, il est venu tout seul, il a oublié les autres et le reste et un peuple est trouvé dans les fleurs d’amandier et la suite est tenue et le sentier le cherche,

il charge sur son cœur les cailloux et les pleurs et il oublie surtout le sens de toute chose, la mesure est au rythme de son cœur, il balance un pied puis l’autre et recommence et au pas de la porte,

au départ du sentier, il charge ses épaules de pierres sans raisons, pour élever la case, elle le soutiendra, il y sera joyeux, il portera aussi un peuple sur sa rive, car si tombent les mots, tombera sa raison.

19 Août 2009.

lundi 11 février 2019

Si bleu.

Sur le devant, au bleu, il s’enferme, il se reprend, il cherche avec les dents les grains dans la poussière. Il perce d’un regard, il ferme les oreilles au silence, il calme le repos, il se cherche et trouve, un grain après l’autre, une rayure au carreau, il est évadé sur le temps clair et suspendu, il est fermé sur lui, il est bouclé aux autres il est dans l’abandon, il est sur le devant, il y reste, il cherche, il devient, il recommence,

les oiseaux sont partis, la cage est ouverte, les insectes se posent et jouent sur le mur sec, il avance un œil, un autre, une espérance dans l’abandon, un recul sur le mur, les insectes chauffent leurs longues ailes, le ciel est bien bleu, si bleu, trop bleu et il est entouré, il est posé sur le mur de cœur sec, il avancera plus tard d’une pierre à une autre, d’un mont à une évidence, il enchante son jour, il couvre le matin au bleu

du ciel, si bleu, bien bleu, trop bleu, le jour est une prison entre murs et nuages, les pierres sèches, les avancées, le retour sur soi, sur eux, sur les anciens, les insectes sèchent sur la muraille, le bleu si bleu, bien bleu trop bleu, sur les ailes, sur le mur et les nuages enferment et ils déploient un manteau bien trop chaud, les oiseaux sont partis, le cœur est douloureux, ils sont penchés au ciel, ils sont épuisés et inquiets, ils se tournent,

ils avancent sur le front bleu, trop bleu, le chaud est dans la main, le papier le recouvre, il prendra un outil et il trouera la terre, le chaud dans le papier, la mer recommencée bleue au bleu, et nuage sur tout, le mur est sec, la mer est loin, le temps passe, il a passé, il se retourne, les oiseaux sont partis, les fleurs au soleil sèchent, le chaud est bien trop chaud et le bleu est si bleu, le matin prisonnier, le jour à libérer, la vertu à entendre,

il se penche et au mur sec, il cherche les insectes, il cherche la pensée, il cherche le royaume, le temps est bleu, les nuages se serrent, il est prisonnier du matin, il cherche au jour la liberté, il est posé entre le temps et les arbres, il cherche au soleil et tourne sur lui-même, l’eau ne coule, il est temps de choisir, il est temps d’oublier et de recommencer un pas après l’autre, la longue boucle, le grand cerceau, il cherche et trouve,

des angoisses, des craintes, il est perdu au ciel bleu, il est séché sur le mur chaud, il cherche la fraîcheur et trouve, trouve la chaleur et le repentir, les angoisses, il est tendu sur le mur nu, il est perdu sur la terre, le bleu est bleu il est en forme et il se ferme sur le dédain il est perdu et sans attaches, il se trouve et recommence et seul et nu et sans appui, ils sont loin les compagnons, le seul si seul se tourne et recommence.

Il compte au ciel le temps au nuage, le bleu au mur, les pattes sèches, les ailes étalées, le regard posé droit, plein de larmes et d’évidences, il cherche et trouve toujours l’inquiétude et une absence, l’oubli nécessaire, le mur est sec, les oiseaux sont partis, la cage est vide, le cœur au matin trop chaud est presque sec et rien ne pleure, rien ne vit, rien ne raconte, les oiseaux sont partis, le mur est bien chaud et il tourne sous le ciel bleu, si bleu, bien bleu, trop bleu.

17 Août 2009.

dimanche 10 février 2019

Retour d'un été.

Le chagrin par la main et la joie dans le cœur, il chante et se repend. Il frotte son âme à une ride du ciel. La brise le repeint des couleurs de l’aurore. Il chante et se souvient le bonheur sur le sable. Il est seul et il doute. Il parle du bonheur, il parle de la vie sur l’eau et sur la terre. Il vit de poésie et du beau de la vie. Il écoute cette voix du poète qui dit : "qui parle de bonheur a souvent les yeux triste".

Il chante son refrain sur la peau de la main. Il recule et s’ébroue et gratte la boue sèche du bout de son sabot. Il peigne sa crinière et effile son crin avec les doigts du ciel. Il parle avec le vent de choses singulières qui se perdent dans l’eau, là-bas où le soleil s’émiette sur la mer. Il souffle et il rit, et mâche un grain de rêve qu’il a entre les dents.

Il sublime l’instant, les cailloux du chemin. Dans sa main un galet se refait un visage. La saveur reprend forme, il la presse dans ses doigts, il en extrait son jus et le dissout dans l’air, il coule sur son front comme une larme de sel sur l’horizon en fleur. Les oiseaux sont lascifs et se tordent le cou dans des châteaux de sable.

Il marche, marche sans répit, exalté par ce qu’il voit, par ce qu’il fait, sans soucis d’où le conduit sa flânerie. 
 
Maria Dolores Cano, 10 février 2019 à 12:23

D’un été.



Ah, il se retrouve et se fait confiance sans rien sur le dos, sur le cœur, et les poches vides, le regard clair. Il force le passage, il chante pour lui seul et reconnaît sa solitude, le renouveau et la vie sur terre, et la vie sur l’eau, il se reprend et il se donne, se donne à lui-même et en cela toujours, pour lui seul, pour lui seul, il chante et dégage le chemin, il se tord sur l’espace, il se frotte dans le vent, il s’enchante et se reprend et se forge pour lui seul des couronnes de gloire, des parfums, des envies.

Il est en date, il se reprend et répand sur lui seul, le parfum, sa gloire est petite, il se tourne et compte ses dents et se reprend sur le dos et il chante pour lui seul, il sait la solitude, il ne redoute ni temps, ni espace, il compte pour lui seul la clarté et le doute, la chair compose l’âme, il se reprend, il chante pour lui seul, il se compte et il se reconnaît, il frôle son menton, il compte chaque ride, il se répand au ciel et il brise un à un les verres du service, il chante pour lui seul, il compte les alarmes, vain et facile.

Il se rappelle et dompte ses erreurs, il dompte les soucis, il fracasse le vent et troue la déraison, il cherche sur sa main, sur son dos, sur ses épaules, le grand au vent s’agite, il se donne, il se défait de sac et de corde, il se demande où vont-ils donc ces rescapés : ils se frôlent et flanchent, ils sont en devenir, ils sont en habitude, ils se chauffent et se pensent et se reconnaissent de loin aux dents et aux cheveux, ils sont mêlés, ils sont complets, ils se figent et renaissent, ils sont perdus et sans entraves.

Ils se retournent et donnent au sol un coup de pied, un coup de dent, une éraflure pour ce temps, ils se perdent dans le rien, ils se prennent dans le vent, et il écarte les yeux, et il compte les cailloux un à un pour gagner du temps, pour tromper la mémoire, pour fendre d’un regard leur mystère et la peur, il se berce lui, au sol, au vent, à la chaleur, il se berce et tourne sur le dos, il recule et repense au rien définitif, il se déplace et songe, il se remet à peine, il se cherche et se voit, il avance nu et seul.

Sur le chemin pressé, il se démet de tout, il rend l’âme et le corps à la force elle même, il se démet et pose en tas une ferveur sans nom, une saveur sans forme, il se penche et voit des fleurs au sol, sous les pied, il est ébloui et il passe entre deux, leurs rangs sont formés, la chaleur est intense, il se démet et pense au plus forts, aux plus fous, ils sont fragiles et lents, et il regrette et il impose aux grands des hésitations, des stupeurs intenses, des frémissements, ils se jaugent à l’éblouissement, corps et âme.

Il rampe sur tout, au jour, pour toujours au plus haut, au plus loin, il se berce dans l’air, il se tourne et il penche, il est fourbu sur le néant, il est ployé, il se porte, il s’arrache, il se donne aux éléments, servi sur place, comme l’eau, il coule entre les doigts, comme le front il perle de sueur, il se penche encore et il compte le temps. Le vent n’est pas levé, l’air est rare, les oiseaux glissent et ils penchent, il se donne de l’œil un tour de clef complet, il est sur lui-même, il se compte et se pense de sable.

Il est étalé, sa vue papillonne, il se dépose et luisent, sur le cœur, sur la main, des effluves du temps, de la douleur, des larme, il se donne aux uns, il se donne et voit, il y a encore à dire, il se voit, il s’enchante, il se forme dans un piège, une nasse, et les petits sont perdus, ils se penchent dans l’ombre, ils ne voient ni les fruits, ni les branches, rien, rien à voir, rien, rien, à dire et à penser, il faut franchir d’un bond la fraîcheur des martyrs, ils se tournent, ils songent, ils sont perdus et raclent le sol.

Au temps, au sable, les portes rouges sont fendues, il se tourne sur lui, il se compte, il s’embrase, il revient sur son devant, il compte son lointain, il ne sait pas s’il parle, il ne sait pas s’il chante, il est perdu et rayonnant, il s’accroche aux branches, il se tient dans la pente, sur le devant, sur l’arrière, il se donne au temps perdu de l’angoisse, du passé, il se cherche et s’appelle, il reconnaît son air, il reconnaît sa nuit, une odeur douce et noire, il se regarde et il brille, il y aura sur sa main, sur sa main, il ne sait.

Sur le front en place, sur son temps, une fuite éperdue, il est encore à croire et à penser, la vie avance et brouille ses regards avant le baiser, il fuit sur le sentier qui passe, il court sur un trace perdue, un retour inquiétant, la vie se brise sur la berge, ils sont encore loin, ils sont encore là-bas, ils attendent, ils vont, ils y viendront, ils seront bons et secourables, ils seront la loi là-bas, ils seront ici seuls et perdus, ils se donnent, ils se chantent, ils sont aveugles et sourds et il cherche encore des fleurs.

Sous ses yeux, aux branches de fruits mûrs, aux envies éternelles de prunes et de raisins, son été est finissant.

17 Août 2009.

samedi 9 février 2019

Une vie à corriger.

Il existe des sorbets sans bâtonnet, les piroulis, les enfants en raffolent. A l'entracte, piroulis, qui veut des piroulis. Un curieux voyage, ce matin, avec une baguette de sourcier, de la Dame Blanche, aux grandes de l'opéra, par la baie des amours cachées de la prima donna et du milliardaire. A l'entracte, piroulis, qui veut des piroulis. Nous avons été traversés par le glas, par la vie, par le sort. A l'entracte, piroulis, qui veut des piroulis.

16 Août 2009.

vendredi 8 février 2019

Retour d'Onan, d'Ossian retour.

Onan honora la Terre de sa semence. Alors, la Terre s’éveilla au souffle du printemps, elle se mit à chanter et enivra les anges de sa voix de sucre et de sel. 

Maria Dolores Cano, 08 février 2019 à 11:41

Onan, Ossian.



On y revient toujours, on se remplit encore, on recommence et on reprend toujours la même portée, du sucre par-dessus, du sel sur tout cela, pour enfoncer le fer, pour porter la décision plus haut, plus loin, il est grand, il est loin, il est fort, il est plus mystérieux encore, que le temps, que le temps de la voix sucrée au bout des lèvres, il chante sur le bord du toit et du temps, il chante sans rien faire, un tout petit peu d’air sur le bord de la vie, il explose tout seul, il regarde toujours un tout petit peu d’air, sur le bord, sur l’appui, il se tourne et dépense en une seule fois le panier plein, si plein de charme et de volupté.

Il enfonce sur tout le plein, le délié, il se ferme, il attire sur lui, et la foudre, et le vent sec chargé d’iode et de supplice, il tourne sur lui-même et refuse l’épreuve, il se noie, il s’échappe, il refuse le sacrifice, il ne donne rien, il retient tout pour ses offrandes, dans son panier, sur ses mains, sur son front, il porte un panier et le remplit d’échos et de fortune, l’orage est sec, ses orages sont longs et il éteint toujours la flamme sur la table, il éteint, il réclame et le sel et le vin et le pain confondu sur le dos, sur la rampe, sur le parcours informe, sur le devant de tout, sur le retour des anciens au supplice, il tire une corde et il va.

Il reprend le chemin, au bout du bout, au loin du loin, il tire sur une corde et fend de l’air l’absence, le repos est vaincu, la vie est offensée, il se noie, il se perd, il est marqué par l’habitude, il pose un panier vide sur son front et marche, marche droit devant, droit devant il ensanglante l’air, l’osier a coupé son arcade, il se tourne et perd du sang au sol, du sang au sol, il souffre et il répand à terre sa substance, Onan, Onan, es-tu enfin libéré, Ossian, Ossian es-tu évanoui, es-tu éclairé sur la rive, tu désirais le froid et tu te perd sur le rivage, entre le grand livre de tous et le petit chapitre, pauvre petite histoire.

Susurrée, murmurée, l’histoire perdue sur le chemin, il en arrose le sol et il retient son souffle, le pas est inégal, la colère est sourde, mais il se penche et songe, deux frères sont perdus, Onan, Ossian, il avance vers l’eau, il détourne les yeux, le liquide est perdu, la main aussi ruisselle, il est fendu et mordu, de toute part, il est affronté à l’histoire, le temps de boire, boire, il recommence et plie sur les genoux, ils se contemplent, de siècles en siècles, ils sont perdus pour tout, le barde et le biblique, ils sont en écho, le grand écho, la bouche bée, ils se repaissent du même poids de roche, manne tombée, perdue.

Du rire des saisons, les enfants écartés, les derniers sons de cloche, ils sont récupérés et joyeux et ils se donnent, tempes blêmes, Ossian et Onan, sortis sur terre sous ses doigts, il est aventureux et il tourne sur lui, l’orage gronde, il se bascule, ils ont chanté la nuit, ils ont trahi le jour, ils se répandent et à terre et sur terre et coule, coule, ce qui coule et des mots et du sang et la profonde liaison, la nouaison perdue, ils répandent au sol une précieuse semence, le lait en est perdu, la raison égarée, ils sont à se donner en tout, sans salaire aucun, rien au retour de ce partage étrange, de cette obscure germination.

Ils sont répandus sur la terre et les vieux sages chantent, il faut y revenir et soulever le sceptre, ces deux rois sont perdus, ces héritiers meurent sans autre descendance, le ciel est outragé, la maison sera vide, le sang coule inutile, ils sont répandus sur le sable, le sol brille encore, ils sont abandonnés et ils se perdent sur le sable au soleil, sur le temps sans rien faire, ils écoutent et menacent, ils se refusent et vident leur sacs sur la terre sèche, il est sec cet orage, il n’ensemence rien, ils sont défigurés et croisés et sans âge ils se donnent. Au blanc, au blanc, à blanc, sans rien comprendre, le temps est suspendu.

La croix sur les épaules, ils chantent, la voix triste, ils restent sourds et ils ne voient plus rien.

10 Août 2009.

jeudi 7 février 2019

A plat.

Tout est plat, il se retire et tire sur la rampe, le fond de l’eau est bleu, et fatigué, éreinté et perdu il se tourne, il se noie, il arrache le temps, il tourne au manège, il se défait et rampe sur le retour, il finit sur le dos, il finit au plus loin, sur le bord, sur la rive, il est abandonné et sans aucune espérance. Il faut en finir avec l’histoire, des vers dévorent, au jour et à la nuit, au calme et à l’agitation.

On se retourne, on recommence, on avance, pour toujours libres, ils sont nés et ils en mourront soyons sûr.

08 Août 2009.

mercredi 6 février 2019

Retour, d'une histoire et d'un pont.

Le pont est sur le toit
la raison sous le bras

il devance l'appel
et s'accroche au rivage

le pont est déconstruit
on va le reconstruire

il siffle avec son cœur
et rappelle le chien ...



D'un pont ... à l'autre
il est pétri d’effroi

Maria Dolores Cano, 06 février 2019 à 10:17
 

Une histoire et un pont.

Il va se fatiguer, il sera épuisé au sortir de l’été, au sortir du temps, le chaud si chaud embarrasse et contracte, il est presque devenu sauvage, il se retourne, il est pétri d’effroi, il avance tout seul et sort sur le chemin, épuisé et peu sûr. Il se tourne et il voit, le pont est suspendu, les hommes vont et viennent, il chante dans son cœur une effusion certaine.

Une joie pour l’effort, pour le commandement, pour le contact mis et perçu, et il voit s’élancer la si grosse machine, il est épuisé et certain, les hommes se dirigent, les actes suspendus, les bonheurs assoiffés, il retient dans ses mains l’ombre des choses anciennes, le destin du pont sur le pont, sur un pont et plusieurs générations ont traversé ici.

Sans rien en faire, le pont passe sur l’eau, si tranquille et presque inutile, inutile de dire, inutile de faire et pourtant ils ont œuvré et la machine s’est emballée, ils ont vu sur les eaux les petites barques arrêter les grands vaisseaux, le conquérant est roux, il est assuré sur sa barque, petit bateau, petit bateau au bord des piles, au bord du temps.

Les grands vaisseaux sont curieux, il ose penser les femmes pleurent, ils n’ont rien franchi, le commandant est roux sur sa petite, petite barque, il tangue et il retourne ils sont tous chefs, ils sont tous grands, ils ont posé sur l’eau la plus grande planche, la planche bien droite, sans courbure, au détail près, à la ligne si claire le conquérant assuré sur l’eau.

Dans sa petite, petite barque, il est monté en courant, il est descendu en courant, il a pris le beau temps, il a tenu sur l’eau et arrêté la flotte, il est brave et serein et joyeux, joyeux, dans l’effort, il chante pour eux seuls, dans son cœur ému, il les couronne et chante leurs louanges, petit bateau, tenu si grand et grande planche posée comme d’un doigt.

Et rendue à l’enfance, sur le plat bien plus haut, bien plus haut, il est remonté, il a vu, les hommes sont venus, ils sont là, ils attendent, il entend dans son cœur le chant joyeux des hommes qui réussissent, il entend l’effusion, ils ont construit un pont pour mener loin encore, pour sortir vers le sud, pour enterrer la civilisation pour tordre et partager la sauvagerie.

Le sanglot étouffé, il voit au ciel un grand compas qui trace sur les airs les plans pour l’avenir, sa vie est suspendue, les fils sont tendus, ils sont si vieux et si peu, si peu, sur le chemin, dans la poussière, dans l’oubli ils ont évoqué, ce qui ne s’oublie pas, la guerre, les fracas, les ombres familières, les absent avaient tort, la lune ce soir y posera son charme.

Et la civilisation cessera à nouveau aux lèvres de ce pont, il est un trait d’union de sauvage à sauvage, de déraison à déraison, il effrayera toujours les enfants, les chiens et les chevaux. Il va se fatiguer, il sera épuisé au sortir de l’été, au sortir du temps, le chaud si chaud embarrasse et contracte, il est presque devenu sauvage, il se retourne.

Il est pétri d’effroi, il avance tout seul et sort sur le chemin, épuisé et peu sûr. Un seul tout petit était là, il a pris l’héritage, les plus anciens ont oublié, ils sont partis sur l’eau, ils vont attendre ce soir la lune.

07 Août 2009.

mardi 5 février 2019

Retour, mort abandonnée.

Le malheur est une mauvaise herbe dont il faut extraire la racine avant qu’elle ne se propage dans les cœurs. Essuyer les sanglots et d’un revers de la main ramasser les miettes du temps passé et les jeter en vrac dans le jardin du souvenir. Là, où les larmes sont bues par la terre meuble des anciens, cette terre au parfum fort d’humus et d’os pilé, cette terre aimante et amante fidèle qui ouvre son sœur et ses bras à l’homme pour un repos éternel.

Maria Dolores Cano, 04 février 2019 à 13:44

Jean-Jacques, Maria-D., Jorge, Michel, retour.

Ô, les greniers comblés, ô, les armoires pleines et le corps alourdi et le cœur rafraîchi et les sentiers perdus, les avoines foisonnement.

Aux sources silencieuses, au grenier de nos histoires, aux songes des feux qui brûlent l’indicible et la suite, il parle et se parle et égrène les jours du calendrier avec simplicité et bonheur. Petits cailloux de pluie, perles d’étoiles et poussières de vent, il agence et empile et bâtit sous les arbres un palais idéal de sable et d’écume de neige.

Là-bas, au bout du grand fleuve, dans les rayons du soleil, il faut combler le manque, fertiliser la terre pour que tout recommence, au principe, pour que la vie soit belle, il faut répéter la semence chaque jour, chaque nuit, chaque saison, encore et toujours et regarder au loin, suivre le vent, suivre l’étoile et chanter la pluie et le beau temps.

Un brin d’herbe, un grain de blé, une goutte de rosée, pierre après pierre, le château monte jusqu'à l'aigle, l'aigle voit loin et suit son regard, il recommence pierre après pierre, le château, monte jusqu'à l'aigle, l'aigle voit loin.

Ô, les greniers comblés, ô, les armoires pleines et le corps alourdi et le cœur rafraîchi et les sentiers perdus, les avoines foisonnement.

06 Août 2009.

lundi 4 février 2019

Il abandonne la mort.

J’ai fabriqué les jours de malheur, je connais une peine extrême, d’où vient-il ce sentiment si tendre, cet abandon, sur l’avenir tout est à faire, et tout sera fait, il est en marche.

Les jours de peine et de malheur, il est posé au bord du toit, il attend un abandon, il est à sac, en construction, il a perdu le chemin, il est enfoui au clair du temps, sur la peau, sur l’écorce, il se fige et emprisonne le fier désir, la bouche grande,

il est en passe et en repos, et frémit dans l’espace, il est à éprouver, pour le repos, pour le pardon, pour effeuiller le temps passé, pour reprendre du souvenir, il est posé au jardin, il est recueilli au coin de sa table, le bouillon noir sur l’horizon,

le trouble extrême dans la poche, il se touche et il appelle, les erreurs à effacer, les hommes à ignorer, il se repose et interpelle, en finir et tout oublier et refondre d’une cloche l’autre, un regard sombre, un regard tendre sur le souvenir sur l’avenir,

le temps passé, il est touchant et désolé et posé au jardin dans l’ombre, regard calme, souffle égal, il est posé, il murmure, il caresse sa main, le pied, il est tranquille, d’où vient ce sentiment si tendre, juste avant le déchirement, avant le trouble,

et la bataille, il est au repos, il attend, il est sur l’histoire même, il est sur tout et en attente, il se déplace lentement, un sentiment si tendre, une émouvante volupté, juste, avant l’abandon, avant le temps troublé des orages, il compte sur l’étendue,

en vagues longues, il est perdu dans l’oubli, il calme et compte sur tout, tout étendu, tout déployé, tout vibrant et tout en attente, le calme, le repos juste avant le frisson ardent. Il a fabriqué ces jours de malheur, il faut composer un autre âge,

et surprendre l’endormi sur le sable chaud, il faut couler loin et respirer du fond du temps, le parfum fort, bouche ouverte, que l’eau les noie ces effleurements, il est suspendu dans la plainte, il est perdu sur le dos, il effleure la volonté, il avance,

il attend et tout passe, tout reviendra sans y penser, le sentiment tendre et pénétrant, il se construit, il abandonne, l’abandon même, le jour pesant, plus un jour pesant, il abandonne la mort, les charbons noirs au fond du puits, les pierres au pied,

elles mordent la peau et le bruit, crépitent sur le sol même. Il est perdu, abandonné bien loin, avant de commencer, il cherche une raison, un pli, une évidence, il faut battre et déplacer sur le jeu les cailloux blanc et noirs, il est à construire,

il refuse, il est sur la ligne et attend, il est réfléchi et posé. Avant le temps, la bataille, l’ennui et le jour même, un jour, un jour, un autre encore, il avance, il décide, bouche ouverte, il avance, il est au talus, bâtisseur d’âmes, de ponts et d’ondes.

Je suis caché dans la pénombre, retiré dans le clos, en attente et tendu.

05 Août 2009.

dimanche 3 février 2019

Et ici tout les mène.

Vous leur direz, à tous ces gens, ne comptez rien, soyez à l’aise, enivrez vous de sable fin, coupez dans l’ombre et prenez tout, il reste sur ce coin une terre, en réparation et sans fin, une vertu, une cadence. Ils sont à poser sur le dos, à coucher loin du doute immense, il faut les recouper et tendre aux murs leurs âmes grandes, ils sont dépouilles de tigres et bois de cerf et ils frémissent dans l’orage, ils chantent et posent des couleurs au sol, aux murs, à l’habitude, ne croyez rien, tenez beaucoup, lustrez le pavé, l’ancre, taillez bien vos cheveux et tournez vous vers le soleil.

La nuit viendra sur vos fortunes, le temps sera d’un air plus fort, aux images perdues, vous serez pluie et vent et tourments pour les plus sauvages, venez tous, venez, venez et chauffez vos pieds aux arcades. Ils sont à trahir, ils sont à blesser, ils volent loin et ils emballent, le temps serein, le temps jaloux, la brise bleue, le soleil rouge, pâles et émaciés, ils gobent les œufs et ils écrasent les coquilles d’un pied serré, ils sont rageurs et ils expriment du linge mouillé, la sueur du carnage même. Vous leur direz, ne reculez pas d’un pas, d’une main, vous êtes forts, forts.

Nous vaincrons la lente, lente décomposition des lois, des rythmes, des merveilles, vous êtes fourbus, vous êtes assoiffés, vous êtes en cage, vous êtes luisants de saleté, de rien à dire, de rien à faire. Accourez tous, venez, venez, chauffez vos mains à ce massacre, fermez les yeux des touts petits, des inconfortables aux mille grades, vous êtes perdus, et vous marchez encore, vous avancez sur la grande route, vous êtes accrochés aux cailloux, vous serrez fort le bâton, la tige de la bourrache, vous vous égratignez aux herbes noires, vous vous arrachez la peau.

Et vous recommencez pas à pas, pas à pas le voyage. Vous êtes perdus, aveugles et sourds, bien souvent fous et sans armures, vous parlez faux, et jouez en l’air le dernier sou, une médaille pendue au cou, le regard vide, la bouche calme, vous êtes perdus, aveugles et fous, ne croyez plus, ne croyez plus. Vous êtes leur dernier secours, perdus aussi et sans attaches, forts et braves et résolus et chatoyants dans le ciel même. En réparation, en remontrance, d’argent et d’or, ils vous donneront à leurs semblables, ils méritent plus d’un trésor, plus d’un baptême, une bague.

Ils se coucheront à terre et tireront du ciel lui même, la déraison, le calme, en réparation, en remontrance. Le trop plein, de fruits et de fleurs, cette manne tombe, elle tombera, ils seront pris et reviendront, dites leur bien, dites leur bien, qu’ici sur cette terre, en réparation tout les mène. Ils sont perdus, aveugles et fous, et sourds à la menace même, à la colère, à l’abandon. Au ciel pendus, ils s’abandonnent, résistez, résistez, il faut finir à cette leçon, le temps est beau, le temps est clair, ne croyez rien, ne croyez rien. Vous leur direz bien tout cela et plus encore.

Une chanson du temps des oubliés, une chanson perdue, perdue, sans fin, sur la grande route.

03 Août 2009

samedi 2 février 2019

Retour, ils sont plus loin.

Rouge gorge
gorge rouge
effroi de sel

cœur en émoi
à la vue de la lune
noyée dans l’étang

nuit de brume
de demi-lune
d’or consumé

que veux-tu ?
que veux-tu ?

bouche rouge
cœur de sang
un jour viendra
cœur de rose
lumière éclose

tu verras
oui, tu verras

Maria Dolores Cano, 02 février 2019 à 13:44

Ils sont plus loin.



L’ombre est bleue, la figure amère et douce, un fruit rouge, rouge, rouge dépose sur le cœur du sel et de l’effroi, ils se tournent et posent au sol une poignée de sable et d’eau, du remord et un lentement travaillent, ils posent au creux du temps de la terre pour l’avenir, pour voir plus loin, pour voir plus beau, pour abonder et reconnaître pour délivrer et faire un parcours, une société,

ils chevauchent l’étang de lune, le regard simple, la bouche ouverte, un désir fou sous les paupières, une espérance sur le cœur, ils voient venir de rouge et d’or le plus ancien, le plus petit, le miroir tendre, la lèvre pleine, que veux tu, que veux tu, bouche ruinée, sans dire un mot, sans rien autour, sans âge, si le silence revenait, si la lumière était belle, il faudrait voir, encore voir,

et répandre sans les compter les remarques, désolés les innocents sur la rivière. La bouche pincée, le regard loin, ils portent beau, ils se coupent, ils défont une à une les larmes, les illusions, les frénésies, les échancrures, le compte tient sur deux doigts pleins, ils commencent et espèrent, le soleil monte, l’air est vif, il va chauffer sur le balcon, sur le retour, sur le pavé au loin, loin,

ils courent les enfants, ils chantent et ils recommencent, ils caracolent dans la pente, du pont au creux du pré, au lointain, ils se retirent et ils amusent un monde fou, un rien en deux, une aventure pour le dire, la vie est lente, le ciel est bleu, les fruits rouges sont-ils amers ou suaves, ils recomposent un champ perdu, sans bataille, sans aventure, sans rien au bout, sans rires, au loin,

ils s’interpellent et entament leurs pieds aux cailloux, aux épines, au soleil fort, au drame intense. Bouche pincée, le regard loin, ils portent les beaux, des couteaux et tranchent, ils se recoupent, ils défont une à une, les larmes, sans frénésie, sans réflexion, ils courent et remontent la pente, du creux aux prés, des lointains, aux riens, ils se refont, dans l’avantage, au soleil,

et dans le vent ils lèvent les bras, entament le jour, le temps, la saison sèche, si sèche, ils sont installés, ils sont à courir dans l’ombre bleu, dans le soleil, quand ils y pensent, ils tournent sur leurs talons et recommencent, recommencent, la vie est là, le temps est clair, l’ombre est bleu, le rouge si tendre et si amer. Les beaux, si beaux, ils courent, ils recommencent, ils sortent les couteaux

et tranchent et rayent le sol et l’azur, le temps mêlé, l’horizon loin, les animaux appellent et marchent, ils marchent et recommencent et tournent rond sur le sol même, sur le devant, sans rien faire du souvenir, du souvenir pour bien plus loin, pour bien plus tard, le soleil tourne et l’ombre bleu est en avance sur les fruits rouges doux et amers, les cavalcades recommencent.

Ils sont plus durs, ils sont plus loin, ils souffrent encore, et ils avancent.

03 Août 2009.

vendredi 1 février 2019

Retour, dominés.

Le crapaud se réveille, cligne de l’œil et gonfle ses joues dans l’air frais du jardin. Il se cache sous la feuille, il attend. Il attend dans la fraîcheur sous la feuille de laitue. Il sourit, le crapaud malicieux. Il sait que bientôt, très bientôt il va effleurer la main de celle qui viendra le surprendre. Main blanche et frêle qui se retirera en un petit cri de surprise ou d’horreur, on ne sait. Il est heureux le crapaud car il sait qu’au bout de cette main blanche et frêle un cœur s’emballera.

C’est une histoire de regard, de regard qui se pose et embellit les choses. Une histoire de soleil, de lumière claire qui se fraye un chemin sur l'envol des oiseaux.

Sur le chemin des oiseaux, ils remontent le temps jusqu'aux portes du ciel, et dans un grand éclat de rire, ils se roulent et se vautrent dans l'enfance revenue.

La lumière les aveugle et leur brûle les ailes … mariposa nocturna, su corazón es estrella a la puerta del sol … et le ciel, sucre d’orge dans les yeux de l’enfant.

Fourbus dans l'escalier, ils n'en finissent pas de recommencer. La menace est pesante et d'aucun répit. Ils se perdent et épient. La menace est pesante, à chaque instant peut surgir le voleur d’enfant.

C’est un chant d’amour, de regard qui se pose et embellit le monde. Un chant d’ombre et lumière, un chant où l’ombre est caresse suave.

Les anges sont aux anges et atteignent l'extase à l'écoute de cette voix venue du cœur de l'herbe. "Ombra mai fu di vegetabile cara ed amabile, soave più".

Maria Dolores Cano, 01 février 2019 à 11:57


Ils se dominent.

Ils ne pensent rien encore, ils se perdent, au soleil, et se noient, la nuit. Ils forcent à la main et dépassent la mesure, comptent les étoiles au ciel et les oiseaux. Ils passent, ils accumulent sur le front, sur la peau, les rides et les jours, ils ne pensent plus. Un océan d’étoiles, de cris et de cailloux, le chant, la flûte subtile et incroyable, le crapaud est levé,

tous sont ébahis, il est levé, il chante et il est comme fou sous le regard des autres et il se recommande au vol des libellule, il est encore à dire et à faire, il renoue les alliances et il chérit le cœur avec violence, il est perdu sur le tas, il ensable sa raison, il force le passage des anges, il est devenu fou et sourd, aveugle et sourd, les oiseaux l’ont conduit,

ils remontent du temps, ils forcent par un cri le ciel et ses orages, ils se donnent en haut et ils reprennent vie, le soleil est venu, ils chanteront encore, à la nuit, aux jours, ils comptent les ombres et les étoiles, le noir est envahi, sa saison est revenue, ils courent après les mûres, ils arrachent les baies, boivent au ruisseau perdu, se lissent aux épines.

Aux ailes des roseaux, au cri des animaux, flûte à la nuit le crapaud sec, si gros, perdu dans la poussière, il chante à l’absente, si lointaine et féroce, il est, en y pensant en bruit et en fureur, il est au monde revenu, sauvage et fraternel, frère puissant, terrible, oublié, le solide pleure, d’un regard d’or, d’une larme obscure, la force, la terre oubliée.

Ils forcent le passage, d’une main, ils sont au départ où sont les revenants, ils étaient lucioles et vers luisants, ils sont perdus, ampoules électriques, papillons du soir et araignées désespérées, ils sont perdus au ciel, au nid, aux habitudes. On invente le ciel, on invente l’amour, on croise l’éternel et on dispute encore le corps enseveli, la bouche sûre,

le chemin à finir, la ferveur à apprendre, le faible sous le nid, le plus petit perdu. Ils sont tombés et pleurent et défoncent la nuit, ils sont mêlés et nus dans le jour et la nuit, dans le souvenir, le crapaud chante encore, étonnant, si pur et cristallin, il est fendu, il vit une aventure, il est perdu entre le ciel et l’ombre et il se donne au soir pour chanter.

Ils entendent le souvenir ardent, en haut d’une échelle, sur un pavé, y luisent les jours perdus, ils sont nus et dans l’ombre, dans l’ombre, ils se rappellent du loin, ils se forment en haut, ils sont aveugles et nus et sourds, sans habitudes, sans rien dans le panier, sans rien entre les draps, au-devant de tout, au ciel avec les anges, au loin perdus, fourbus,

sur l’escalier, ils montent et recommencent et forcent le passage, la main est molle, le sable est sec, ils sont perdus et marchent, ils sont à entasser dans le panier du monde : les souvenirs et les chansons, ils boivent en pleurant dans la main, dans le cou, la vendange amère, le froid venu trop tôt, la couleur abandonnée, le supplice du pied tordu.

Ils sont perdus entre les herbes, ils boivent la fraîcheur et crient et chantent pour les anges. L’eau a lustré la vie, le sel est remonté, les parfums brûlent à la nuit, au jour. Ils sont aveugles et nus et sourds, sans habitudes, sans éclats, sans remords, ils ont perdu leurs dents et ils se donnent à boire, ils remontent du temps, ils forcent le passage.

03 Août 2009.