dimanche 24 février 2019

Le signal.

Et puis un mot, ôter, un discours simple, un simple trait, une intention pure et tranquille, sans y penser, sans rien attendre, pour enfoncer encore plus au fond du cœur, au fond des yeux une évidence, il serpente sans queue ni tête, sans rien attendre, pour voir ce qui viendra, il se tourne et frappe sur le sol, il invente de toute éternité une mémoire, un pont pour l’autre,

d’une rive à l’autre il se repend et il commence, le trait est long, perdu dans le lointain, soufflé sur la braise il se recommande à eux, les autres à venir, les autres à y penser, une abondance et un regret, il serpente d’un four à l’âme, d’une étendue et d’un bond souple il recompose, il se démène, il se déclenche et il engrange les foins, le sec, le dur, la vie intense

et sans attente, il se décore d’un œil noir, d’une espérance, d’un tombeau vide : si blanc, si pur, perdu d’une rive à une autre. Il se donne de l’air, il se repose, il gratte la terre et le jour, il compte sur les doigts, le clair matin, la nuit finie, il se grandit, il s’interpose entre le bien et le rendu, la confiance est infinie, il est posé au fil du mur, entre le toit et sa vie de vengeance

sans expression, il est perdu d’une tuile à l’autre, il raconte une vie sans preuve, sans musique, sans victoires, sans rien en dire de vrai, en cachant tout ce qui importe, il est perdu au jardin clos, dans l’ombre du soleil levé, dans les flaques de l’eau posée, dans les herbes arrachées, il frôle et il gratte le sol mouillé, les fleurs fanées, la repentance au fond, dans les yeux,

la certitude entamée, le front courbé la main heureuse, il a poussé au fond du seau la lune noire, le fier remord, il est étendu, il se livre, il finira un jour au sec, dans la chaleur, il est venu, il se dépose sur le sable, sur les erreurs, les herbes mouillées, il feint, il croit, il s’emprisonne, il chanterait, il sonnerait, il est revenu des enfers, il se domine, il s’éternise, il est aveugle

il entend tout, il sent, il frotte, il est rempli du vrai bonheur, du calme, grandi et rempli de d’impatience, il refuse, il siffle sur une herbe fine le chant aigu des enfants rois, il se démet, il est avide de pain et d’eau et de pouvoir pour y penser, pour entendre la gloire intense, le fier cheval, les chien trempés, il sent, les fleurs blanches respirent, il se défend, il parle seul,

il est enclin à la fureur, il s’oblige et se défend mal, la fureur noire tire des larmes au bon matin, au jour venu, il se donne, il soupire, il compte sur ses doigts la distance de pierres et d’ombres, il faut clore un peu au soleil, il en prend soin, il racle, il tord et coupe les rameaux, la confiance au cœur, le temps perdu, il gagne sur son front, l’attente, le signal rouge,

le froid est clair, la vie avance, il est perdu dans un champ clos, les fleurs soupirent, il se penche, il entend tout et ne peut rien, il défend la terre et l’eau, les graviers ronds et les sanglots, il se respire et il étanche la soif de vivre du sang versé, la route est longue d’un pas l’autre, d’une émotion, une pensée il affronte, il tourne, il change, il était là, il n’y est plus,

il se retire, il s’évite, il se donne des leçons d’humilité, de faim, de partage, il sanglote sur l’horizon, il tire un à un les brins perdus de la terre noire, il entend tout et ne dit rien, ne dit rien, le trait est long. Ôter un mot, un discours simple, un simple trait, sans perdre le lointain, l’émotion est pure et tranquille, l’appel, l’appel, sonnera, au signal, il est fini le grand silence.

14 Avril 2010.

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