mardi 26 février 2019

L’orage.

Pour éviter une punition bien longue, bien grande, pour en sortir plus grand et loin, ils abandonnent, ils se rendent, ils recommencent et d’aventure et de soupçon ils se bercent dans l’illusion, ils échappent vers le mystère, ils attendent l’éclatement de la clé, du remord, du bien, rendus sans armes, sans bannières.

Ils ont fini, ils ont perdu, pour la gloire, pour la bataille, ils se rendent et comptent les coups, les effusions.

Le ciel est loin, ils se lamentent, ils pressent sur leur front le drapeau noir, la tendre horloge, le rien tendu sur le devant. Ils comptent sur les doigts la main fermée pour la mesure, un rien de blé, un peu de soin, du sel, du foin, de la vengeance, du rire sur et des idées, ils comptent, comptent et ils se perdent, l’orage arrive, il est en route, le sel va fondre, le blé si dur, ils coupent l’herbe avec les dents.

Ils s’effarouchent et ils se cachent, ils sont lointains et bien armés, ils arrivent, ils menacent, ils chantent fort et faux, tremblez, perdez de la sueur au sol, de la frayeur en embuscade, ils arrivent et ils arrachent au ciel des nuées de malheur.

La peur, le dire, le poids des choses et des pensées, leurs idées pleuvent, le temps menace, ils se rapprochent, ils se font peur, ils défigurent et percent les fleurs jetées, les pieds croisés, ils défont d’un regard les plus tenaces, les plus forts, la vie est perdue d’avance, les horreurs pleuvent au linceul, ils se demandent, ils enjambent les plus petits, les plus affreux, il y a sur le plan terrible des hommes, ils serpentent la nuit, ils avancent, l’horizon pleut, ils sont couverts de toile, la tête est morte, les yeux pales, ils se déposent, ils avancent, ils ont peur, ils ont tout en main, au pied, sur terre, dans des sacs lourds, des doigts tranchés, ils sont en nage, il se lamentent, le poids est grand, le ciel est lourd.

Au feu, au loin, au poids des âges, les poings fermés, la bouche noire, ils arrachent l’herbe, la dent est sûre, le pied traîne au sol, la poussière est encore blanche, ils défont tout, ils iront loin, la peur perdue, le ventre calme, ils se déchaînent, ils avancent, le rien est perdu sous le plomb, le soleil est haut, le teint si rouge, la peau brûlée, le regard lourd, ils se défont, ils sont comptés, ils perdent au ciel, la punition est grave, ils demandent pardon à tout, en tout, pour tout, ils avancent sous le ciel calme, le teint est rouge et le ciel tourne, les oiseaux sur le banc de pierre grattent le sang séché, perdu, des anges, ils étaient là, ils n’y sont plus.

Ils sont couchés au linceul froid, au temps perdu, à la vision des ans sans ombres, ils éventent tous les secrets, leurs clefs éclatent, le rire est suspendu, ils tournent sur le devant, dans l’ombre, le ciel est lourd, le plomb est noir, ils perdent au sol, sang et cendres, ils sont vaincus et encore ils se donnent des airs de gloire, ils avancent, le remord accroché au coin des yeux, sous les cailloux et frappés de souffle chaud, de dur été, des ombres.

Ils échangent d’un œil à l’autre la clef perdue, le remord noir, le ciel sans âge, les oiseaux perdent sur l’eau claire un poids de plume et de raison, ils avancent sur l’air en feu, le visage rouge et en tremblant grattent le pied au sol dans la poussière encore blanche, le cœur perdu, le nez noyé de ciel et d’ombre, de grand remord, de cil penché, ils ont courbé la tête, ils sont perdus dans la chaleur, le ciel remonte, ils comptent leurs fautes et attendent, une éternité de pardon, des fruits défendus. Le ciel tombe sur nos têtes.

12 Juillet 2010.

1 commentaire:

  1. Pour éviter la punition, ils coupent l’herbe avec les dents. Ils s’effarouchent. Le ciel est lourd. Au feu, au loin, ils n’y sont plus. Ils sont couchés à l’ombre, un œil ouvert sur nos têtes.

    Heureux sont les oiseaux qui perdent sur l'eau claire un poids de plume et de raison.

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