dimanche 30 septembre 2018

Retour d'un pas à l'autre.

Il avance et il marche sans arrêt. Il avance et revient et recommence, jamais il ne s’arrête. De ses pieds nus il soulève la poussière en une nuée d’étoiles et poudre de lumière. Il est marcheur du silence. Il est marcheur du désert. Il accueille le vent et la nuit et la pluie et la terre, le soleil levant et l’espérance des jours clairs.

De l’air humecté de mousse et d’écume arrivent des oiseaux qui virent en spirale, et approchent et s’envolent et reviennent et retournent. Ils poussent des cris aigres. Sans tarder tout va être dilué, délavé et fondu… ainsi nos pensées fragiles…

Il avance et il pense, et courbe l’échine, et pense et repense. Il accueille et prend ce qui vient… la lumière du soleil, la couleur des jours, la lueur de l’espoir et la noirceur de la nuit. Il avance et il chante et il veut bien y croire.

Il avance et il doute, il avance dans ses doutes et attrape ses croyances dans les mailles de l’ombre. Il s’enfonce dans la terre, dans l’humide et le sec, dans le vrai et le faux, la poussière du temps et les ronces de l’avenir. Il tourne et se retourne sur sa vie sans histoire, sur sa vie de demain, sur sa vie et ses doutes, ses erreurs, ses chagrins. Il avance et il doute.

Sur le sentier de joie et de chagrin, il avance. Où est le très-haut ? Où est le très-bas ? Il le cherche et le trouve dans le grain de sable et la fleur du talus, le regard de la femme et le cœur de l’homme. Il avance et s’arrête, fait silence et écoute, il écoute le très-bas… sa grandeur et sa grâce. Les portes s’ouvrent dans le silence, le temps coule, le cœur glisse et le regard tourne.

Maria Dolores Cano, 30 septembre 2018 à 09:56

Sur une allée. II

Un pas, un pas, un autre.

Il avance encore et défait du bout du pied un amas d’herbes sèches. Il avance et recommence et il se perd sur le devant, la scène est immense, le chapelet des notes et des phrases tourne sur sa bouche, il effleure et recompose, la nuit, la monnaie, la terre, le vent, les espérances et le remord, le remord. Il plonge la tête dans les épaules quand se présente aux yeux, au cœur, un moment de honte. Il se pose et repose et dépose et tourne sur lui-même.

Il avance et il compose sa vie, il bat sa mesure, son bâton à la main, un sceptre, un épieu, il sépare les chiens et marque le passage, sur le devant, sur le derrière, le bout est de fer et marqué du frottement des pierres du chemin, des erreurs de la route, du sentiment étrange d’abandon et de malheur à venir. Il viendra, il viendra et serrera la bouche sur les remords. Il frappe l’air, bâton furieux au souvenir d’un jour de honte et de fureur, jour d’horreur, de deuil et de larmes, de larmes, il était perdu sur le chemin et rien n’avançait plus, ni les sens, ni les poings, ni les aveux, ni la certitude, il faut en retourner et retourner le son, l’inquiétude, le refus, la négation.

Il se pose et se repose et suit la même idée sous le ciel sans soleil et sans joie, sans rien, ni personne, sans le dépôt, sans le salut, les oiseaux volent et tournent, il avance et trébuche de certitudes en certitudes, il ne doute de rien et il fait plus et il fait poids sur la route, sur sa poitrine, sur ses épaules, il verse et déverse et mêle des monceaux, l’herbe est sèche et il salue un drôle de liseron, une fleur étrange allure de majesté et profil de sultane.

Il avance et ploie sous le ciel, il avance et meurt en les voyant et quelque violence l’oblige à rompre le silence, il avance courbé, ployé, fléchi et confus sur le sable, sur la poussière dans les reflets sur l’eau, les oiseaux volent et il avance et il tourne et rien ne dit non et rien ne se refuse. Les rayons passent sur le sol, la couleur est immense, la fraîcheur est avare, les riens, le tout, la finitude, la destinée, les oiseaux volent et accrochent les branches et se reflètent sur le sol, l’ombre est douce, la vie se calme.

Il avance, il avance dans sa honte, dans son remord dans son incertitude, double exact des pires certitudes qu’il doute, qu’il doute, il se redoute et rentre dans les champs de carottes, derrière une ligne l’eau tarie, les courbes se précisent et il est ainsi posé sur la route, la courbe du sec et de l’humide et les souvenirs de honte, tous les ignorent, il ne dit rien, ne fait rien et il tourne, le chemin déroule, la poussière vole, les ronces déchirent, les fourmis traînent, le chemin est lent et calme, entre la certitude et les doutes, la honte et le triomphe et les oiseaux au dessus de la tête passent et volent et encouragent et refusent les erreurs et déploient un filet d’ombre, une résille de pensées calmes et sérieuses, les autres chantent et se roulent.

Il marche et accélère et reste droit sur le sentier, entre la honte et le doute et le retour des oubliés, où est le haut, où est le plus haut, où est le très haut, il avance et remonte du temps de la gloire vers la solitude, vers le pardon, vers la chaleur, vers la vérité. Avance, avance et marche sans poser ni pied, ni regard sur l’avant, sur le retour, sur l’horizon, il faut souhaiter le retour de la générosité. Un pas, un pas, un autre et puis tout cesse et le chemin a oscillé entre la honte et la soif.

8 Août 2007.

samedi 29 septembre 2018

Retour d'une allée, un jour.

"L’air circule et donne à boire et à rêver et prend en tournant, la liberté, les rumeurs, les envies, les avances, tressées de fils de joie."


Marcheur, il avance au milieu du temps, ne pouvant éviter la rencontre de son ombre projetée. Au début du voyage, en route vers l’ailleurs, l’inconnu du grand large, le mystère des larmes, les serments d’hier et les voyous d’un jour. Il avance tranquille sur les sentiers du monde en solitude et silence. Il visite la nuit, les sommeils de l’enfance, là-bas, dans les lits de pleine lune où la lumière chante sous la voûte du ciel.

La vie passe et regarde le temps. Sur la berge les fleurs espèrent et attendent la lumière, les enfants retrouvés chantent et dansent, ils boivent le vin chaud et moelleux de la déraison.

"L’air circule et donne à boire et à rêver et prend en tournant, la liberté, les rumeurs, les envies, les avances, tressées de fils de joie."

Maria Dolores Cano, 29 septembre 2018 à 08:57

Sur une allée. I


Un jour, deux jours, trois jours, et il pose le pied.

Sur une allée de fleurs, un jour, deux jours, trois jours, il passe et fonce et force le regard sur l’eau. L’air circule et donne à boire et à rêver et prend en tournant, la liberté, les rumeurs, les envies, les avances tressées de fils de joie. Il est muet et protège sa route et consacre le soir qui vient au retour des enfants.

Et il charme et recommence et sert et ose et use et dit le bien et dit le mal. Il frôlait les orteils sous les draps, les doigts du pied raclent le sol, les animaux se penchent, retroussent les lèvres et montrent les dents et bouchent des trous d’ombre avec des pierres de lune pour forcer la lumière, pour rompre les chansons et avaler les coups.

Il faut prendre et faire et tordre et poser la main sur le cœur et ouvrir les yeux dans le soleil, il brûle et apaise et s’absente souvent et recommence et tord et frappe et ne donne plus rien dans la saveur du soir venant. Il a cheminé loin et descendu la pente et remonté et bu et saisi le malheur. La confiance est au coin, où se lève le vent, où chante la mésange.

Les oiseaux se posent autour de lui en déraison, il parade, il avance, il connaît les suivants, il saisit les dormeurs, il se redresse et pose les yeux sur lui, sur eux et pèse le poids des âges et des choses. Les compagnons venus, les compagnons perdus, des horreurs des carnages et le poids de la vie sur une peau encore tendre. Il se dérobe et jette au loin un panier de courage.

Les vertus l’abandonnent, il sait, il va, il vient, il sait et il reviendra sur le temps chauffer le lit des autres et fermer et ouvrir et poser un baiser et des larmes sur la main, sur le pied, sur le cœur.

Il avance et choisit, il saisit son bâton et change de main, les doigts détendus et le regard heureux, il salue les autres, les petits, les voyous, les oubliés du jour, les perdus, les solitaires, les revenus de loin et les sauvages enfin qui tirent sur la jambe et lèvent les yeux vers le ciel pour voir les oiseaux jaunes et bleus d’Afrique, ils quittent les parois et volent tout haut, bien haut.

Un jour, deux jours, trois jours, il passe et fonce et force et redit dans le ciel le poids des pauvres gens qui lancent au lointain des dragées et du poivre et éternuent sans être pardonnés. Il se recommande à eux, à vous, à nous, aux autres qui tendent des rameaux sur le front des enfants sans loi. Ils bâtissent des villes et règlent des accords de sang, mêlés d’orgueil et brisés par le flot. La nuit à fait orage, ils se déposent dans des paniers, à l’ abri.

La vie est lourde et longue, les chevaux sur la berge promènent et posent et attendent leur gloire, les enfants perdus sont en haut et chantent et rebroussent le poil et dictent leurs raisons et dépensent le bien et soupèsent le mal et commandent aux autres un rayon de sérieux, un doigt de piété, une once de sang, ils cultivent la vigne et les saisons et meublent d’évidence le grand mal, les chansons et les fauves charmés.

Sur une allée il passe et compte les fleurs bleues et regarde le temps et attend et espère un signe, un bâton levé face au soleil et qui bénit le sol. Il pose maintenant à terre et sans trembler, son pied si douloureux.

7 Août 2007.

vendredi 28 septembre 2018

Retournant en tournant.

"! Como, meciéndose, en las copas de oro,
al manso viento, mi alma
me dice, libre, que soy todo !" *

A quel moment la fêlure, à quel autre la fracture qui assécha la source. Il reste à recenser les herbages et les pacages de l’hiver, le visage de la nuit et la pierre fraîche sous la pluie. Peut-être suffit-il d’attendre. Peut-être suffit-il d’un regard tendre pour apercevoir la petite flamme dans le noir.

Des enfants donnent leurs yeux aux moissons et répandent l'or des blés au-delà des étoiles. Des enfants nouveaux couleur de pain chaud.

"Mi lagrima y la estrella
se tocaron, y al punto,
se hicieron una sola lagrima,
se hicieron una estrella sola.
Me quedé ciego, se quedo
ciego, de amor, el cielo.
Fué todo - y nada mas - el mundo
pena de estrella, luz de lagrima."*

"Tira la piedra de hoy,
olvida y duerme. Si es luz,
mañana la encontrarás
ante la aurora, hecha sol."*

Et les chiens tournent et bavent et rongent, et se rongent de remords. Seul l’enfant entend et voit et sent, et ose tendre la main qui apaise les chiens.

Tout est sans dessus dessous, et vogue, vogue, vogue à la dérive comme une barque mal arrimée, comme des liens mal noués, vers d’autres contrées désespérées, aveugles, muettes et sourdes... et dans ses mains ouvertes lui reste la blessure de son jour de martyr… Là-bas un autre jour…là-bas au bout de la nuit… un rayon de vraie lumière.

"Je tombe, je tombe, je tombe
Avant d'arriver à ma tombe
Je repasse toute ma vie
Il suffit d'une ou deux secondes
Que dans ma tête tout un monde
Défile tel que je le vis
Ses images sous mes paupières
Font comme au fond d'un puits les pierres
Dilatant l'iris noir de l'eau
C'est tout le passé qui s'émiette
Un souvenir sur l'autre empiète
Et les soleils sur les sanglots
O pluie O poussière impalpable
Existence couleur de sable
Brouillard des respirations
Quel choix préside à mon vertige
Je tombe et fuis dans ce prodige
Ma propre accélération" **

Maria Dolores Cano, 28 septembre 2018 à 17h33

* Juan Ramon Jimenez
** Louis Aragon

En tournant.

Il tourne sur la terre et cherche des cailloux, il est à l’abandon, il est en confusion et il se tourne sur la terre et il avance dans les rangs. Si le silence est en cause si la saison est bien propice, si les chansons le dominent, le régulier, le plus étrange, le plus incertain, le plus abandonné, il avance et il tourne sur la droite, sur la gauche et il se renforce et il se donne sans merci, sans retenue. Il faut dire et il faut faire, une charnière tourne sur le soir, il faut en faire offrande et retenir l’évidence, la mousse sur les pierres, la terre dans les trous.

Le plus complet et le plus tendre, l’eau a lavé le mal et les sarcasmes, il faut monter et toucher bien plus haut, bien plus beau et finir, et finir pour penser et recommencer et abandonner les idées et les plans. Il n’y a plus de projets, il faut viser les images d’un œil plus tendre et moins définitif et toujours luisant et plein d’espérance et petit et charmant et grand sur l’eau et fermé sur le soir.

Et rompu et sans entrain et plus fermé et sans grâce et sans élan, plus, ses yeux se couchent sur la feuille, les arbres répandent les parfums et les chants, la certitude, le renouveau et le plus intense. Les trésors sont dans l’œil et sur les épaules, il moissonne et pense et fonde une génération nouvelle, des enfants à perdre et à commencer et qui ne donnent rien et escamotent la vérité.

Il pourfend, il poursuit et serre les poings, les yeux sur le torse, il est au fond des âges, il est perdu, il se retire et recommence et les idées l’ordonnent. Il faut respirer plus profond et sans attendre et sans trembler. Et plus petit, il se laissait faire et il chantait pour tous, les chansons de l’immensité calme, du poids des ans, du cercueil fermé, sur une poitrine trop forte et rebelle, il a bercé cent générations et les plus tendres, les plus aimants, les moins sauvages.

Il part, il tourne, il tord. La vie est sur terre et il ramasse des cailloux, les pierres pèsent sur lui et pèsent sur la terre et il emprisonne les bruits et il cache les horreurs et il fredonne la ritournelle. Il enfonce des clous dans la table avec la main, et il saigne et il recommence et rien ne l’arrête.

Les yeux tournent en rond, toujours en rond et rien n’arrête et rien n’invente, il est tout affairé, tout petit devant les mystères, il attend le miracle, les présents sont retournés, les aveugles sont partis, les chiens tremblent sur la terre, les sortilèges agacent et fondent sur les yeux perdus, penchés, sans rire, sans attaches sans rien pour faire, que tourner et se prendre pour fils de roi et reconnaître sur la terre le pas tremblé des chiens effrayés et perdus de rage.

Et plus rien ne trouve de sens, les montagnes sont au dessous, les plaines sont bien pardessus et il se pense à l’abandon, à l’abandon, sans rythme, sans attaches, sans rien, et sans certitude, les montagnes sont bien trop hautes, les vallées bien trop étroites, et le désert, le désert. Il avance sur les chemins et fait semblant de ne rien voir et ne rien comprendre, de lire des surprises, des erreurs, des égratignures, des éraflures, la paume en sang.

Trois jours après sortent les épines, il a taillé dans le jardin et répandu des fleurs éclosent, des pétales, de la soie, des flammes sur les feuilles. Les arbres sont penchés, les étoiles attendent, il était en haut, il était en bas, il est par millier et tire sur les cordes, les planches tombent, tombent, tombent, il est à l’abandon, il est en confusion.

6 Août 2007.

jeudi 27 septembre 2018

Et le jour est heureux.

On marche sur un tapis de bleu d’azur, les bateaux passent, passent, les jours heureux, les jours heureux, les voiles, les dire, les faire et on tourne et recommence et les chiens aboient avec les uns, avec les autres, on tourne sur les talons et on effleure l’eau et le ciel du doigt, de l’œil, du bout du cœur.

Le pied est levé et on foule l’air et le feu, la sensation et les reflets, l’eau est partout, les jours heureux, les enfants passent et ils jouent sur le pont, ils sont venus et ils voient et ils jouent et ils entendent et ils reçoivent un salut, un bâton agité, la main nue était préférable, les enfants rient et collent des cartons, ils font des cœurs et du charme, les enfants rient et jouent et fuient, les jours heureux avancent et glissent sur le flot gris, le jour est sans chaleur, sans rien pour le haut, sans rien pour le bas, les enfants collent des cartons et font des images et jettent un regard simple, simple et souple, une main crispée sur le bâton, la main nue était préférable.

Dans les bras de quelqu'un, dans les bras d’un autre, ils avancent sur l’eau grise, les enfants collent des cartons, ils saluent la main crispée sur le bâton, la main nue était préférable. Ils sourient et ouvrent les yeux, des dents dans la bouche, une bouche pleine et de crayon et de carton, ils collent et glissent sur l’eau et ils avancent sans rien voir et ils tournent sur le ciel bleu d’azur et les oiseaux se posent, les poissons flottent dans l’air et vite, vite, vite, vite, ils flottent et tombent dans l’air et dans l’eau grise, ils replongent et voient les enfants, les cartons collés, les eaux grises, la main crispée sur le bâton, les enfants sur le pont, les idées neuves et claires et les bateaux glissent sur l’eau et les oiseaux frottent l’air et les enfants jouent, et ils tendent la main, le poing, le cœur, ils tournent sur le ciel immense.

Le cœur sur le rebord, la main au fond de l’âme, on se repose un peu sur une planche, sur une poutre, sur une échelle suspendue, sur un arrêt de cœur dans l’âme, sur une effusion vers le ciel, le jour est sans chaleur, les enfants passent sur l’eau grise, les oiseaux blancs se posent et volent, et posés, ils s’envolent et recommencent, et ils sont sur l’herbe coupée, sur les branches mortes, sur les berges, ils se posent et recommencent.

Le bateau avance, on est assis sur les talons, on imagine, on espère et sur le cœur, on voit passer des émotions et des bêtises, le poids des choses dans les yeux, un corps passe en flottant sur l’eau et un regard le déshabille, il flotte et glisse et passe sans voir, sans entendre, sans rien comprendre, sans y penser et sans rien faire.

On marche, on avance, on marche et on est posé dans l’air, dans les yeux, sur le cœur, on est fragile et dans l’espace, le bateau glisse vers le temps, vers le reste du monde, les enfants collent des cartons, le marinier cloue une planche sur l’autre et ils avancent vers la mer, et on tourne sur le chemin et on voit les oiseaux se poser et on voit les poissons sauter, sauter seuls, un à un dans l’air de bleu d’azur, dans l’eau grise, un jour de joie calme et sans chaleur et sans aucune amertume. Ils passent, ils glissent et ils clouent et ils collent et les chiens tournent sur eux même et le jour est heureux.

6 Août 2007.

mercredi 26 septembre 2018

Le chant vaincu.

Une aventure, des frissons nus, des erreurs tendres, tendu trop vite, trop loin, trop fort, il recommence et ne sait plus attendre, ne sait plus dire et plus parler et offrir encore moins. Un gros derrière, plein de taches, un frisson sur le cordon, la vérité est masquée dans les plis, la chair est grasse et lourde. Il faut fouetter les chats et connaître d’où vient le regard, le charme et les caresses sur la toile. En dessous, il y a la peau, il y a les larmes et les fenêtres. Le jour est là, la peau est souple, le dos est large, bien large, trop, la vigueur est encore prenante, à mettre, encore en place, en place et ardente.

Les os craquent, la peau est lourde et forte et les pieds se tordent, la bouche immense, immense. Le dos est comblé et perdu, sous le poids des anges, les germes de vie ont sauté, mûri, jailli, sous le tendon. Un rien trop dit, un effleurement sans entrave, il se frotte sur le flanc et commence et tord la bouche, et va, et vole, et revient sur les bleus de l’âme, les remords, les tensions. L’ardeur est vivante, mais le repos beaucoup plus long. Il faut entendre beaucoup plus de chansons, il faut tenir et plus encore inonder les yeux et fermer les bras, tendre une embuscade aux effrontés. Du gros derrière plein de taches, du frisson sur le cordon, la vie avance, et bat sur l’aile, et garnit les yeux et le cœur, et tourne sur la poitrine, sur le flanc griffé et mordu, sur les erreurs et les larmes.

Le chant vaincu, la fleur coupée, l’effet est fort, le temps est rude, il se compose à chaque instant et grandit dans ces aventures, il est à naître et à nourrir et à défendre sous la lune. Le temps est beau, le temps est fort, il chante comme sur le sable et il se donne et recommence et emporte entre les deux un peu beaucoup et puis passionnément. Le temps est beau, le temps est lourd, la chair est là, et frémissante, et reconnue, et soupesée, et prise en main, au cœur qui palpite et au doigt et par les évidences.

La vie s’en vient, la vie s’en va, les vagues montent et soulèvent et au cœur de la tempête le marin parfois se relâche et commence une autre partie, les extrêmes se touchent, et bout à bout. Et las et rompu et fidèle et perdu et recommençant, il est détendu dans la bourrasque. Le temps est long, le temps est court, la vie est souple et les fleurs dansent, la vérité est en voyage, il tourne sur la planche, le monde est plat, la mer est lente, les vagues montent et recommencent et il chute sur l’air et il décroche les étoiles, et bien perdu et bien trouvé et fleurissant et bien étrange et étendu sous le ciel, il épouvante les archanges et loin, et loin, bien loin, dans le visage, des aveux dans l’air sec et des serments sur la montagne, il a grimpé, il a mordu le fruit mûr, bien trop mûr et la peau souple et trop fraîche et trop luisante et toujours, toujours jeune et débordante.

Le temps est plus court et plus long et les échecs sont des délices, les fruits mûrs frottent et glissent et il commence et recommence et compose le monde et la vérité, de mensonges et d’évidences, il a gravi, il a grimpé et il se cherche et avance, la vie avance, les flancs sont nus et relavés et dépensés. La joue est lourde, et pleine, et les lèvres il contemple. Il avance et cherche encore, encore et pour longtemps seul, seul, la cadence est plus lente, plus pure, sans effort, les rayons chauffent et recommencent. Son monde tourne rond, tourne, tourne, tourne, la vérité est dans un panier, les raisins mûrs et poudrés, tachés de ciel et de mystère.

4 Août 2007.

mardi 25 septembre 2018

Et ils se sont perdus.

Ils font et refont et pèsent et soupèsent et ils engrangent des odeurs et des rires, des plats chauds et des gourmandises, la vie est en avance et force, et force le destin sur ces étrangers fourbus, sur ces étrangers foulés. Le repli, le ressaut, la fermeture, l’évidence et les sanglots tintent sur leurs bouches, sur leurs yeux fermés, ils vont ouvrir une aventure, une espérance.

Un choc terrible, sans faveur, des outrages, des refus et des plaintes et les remords s’accumulent et montent, montent, les regrets et les plis, les aveux, les paroles vaines, les alarmes, les alarmes. Des soucis pour toute chose, pour les plus grands, les plus petits, les herbes folles, les avoines, le pas des uns dans la poussière, un pas sur un autre, poussière sur poussière.

Et puis il est temps, trop temps, longtemps. Sur la colline, sur les remords, dans l’herbe sèche, sur les cailloux, sur la poussière, sur le sauvage et sur les ténèbres, les corps se perdent, les avoines folles, et la raison, et la déraison, et les perdus, et les noyés, et les plus vifs, les plus impénétrables, la confusion, le repos, sèchent. La vie saigne, des branches, sur la main, sur les yeux.

Les cœurs dévoilés, la chair est nue, la chair est en sang, au sang, au sang, à l’irrégularité, à l’infranchissable, à la malignité, au dégoût et aux pleurs. Ils s’effarouchent et recommencent et boivent la lumière, les pleurs perdus dans la paille, à travers les branches, sous les feuilles, le froid pénètre et commence et recommence et pèse et soupèse, dans l’ombre de l’été.

La solitude et les cailloux enfoncent leurs âmes, leurs désirs pleuvent sur terre, dans la poussière et sur la route, leurs pieds nus et perdus et leurs erreurs et un mot pour un autre et une espérance pour tout. Ils sont en avance, sur le pied, sur le poids, sur la portée, les choses s’inclinent en silence, ils lancent et ils appellent et les regrets sont sur leurs mains et l’eau avance dans la lumière.

Les oiseaux bleus volent bien droit et d’une branche à l’autre, il y a des erreurs et des recommencements, des pluies d’opale, des coups de fouets, des pierres lancées qui volent. Elles déracinent le temps et reconstruisent des aventures. Ils sont perdus et ils commencent et se déposent sous le ciel dans le creux et dans le froid. Ils passent dans l’ombre de l’été, dans l’inconnu, dans la querelle, dans l’air joyeux et sans souci.

Le soleil avance, il avance et il est un écho, sur le son, sur les mots des enfants de l’ombre, les revenus de tant de choses et de l’obscurité. Ils sont les ailes de la nuit et le réveil des dieux, et ils sont noirs, noirs, noirs et perdus et encombrés et sans passion et sans étreinte, ils sont un regard de pendu, de pied tordu, de propos insincères, de fiel et de goujaterie.

Les oiseaux sont en haut et avalent la poudre, la poussière du chemin se pose dans les creux, les enfants, les perdus, les nouveaux, les aveugles, les renégats disent non, non, il faut changer, il faut encombrer les chemins, les trous, les creux, de vérité et de plaisir et répandre dans l’air, les pensées trop obscures, les certitudes d’envol, un peu d’automne.

Le temps avance la mémoire est courte, les yeux se perdent dans les reflets, l’eau a coulé, les pieds sont noirs de trop de place, de trop de sens, de pays perdu et d’espérance. Ils avancent sur le chemin et rompent des lances avec l’ennui. Ils font et refont et pèsent et soupèsent et ils engrangent des odeurs et des rires, des plats chauds et des gourmandises, et ils ne comprennent plus et ne disent plus rien. Et ils se sont perdus.

01 Août 2007.

lundi 24 septembre 2018

Des évidences.


Et on soulève, feuille à feuille, et on tire sur le plus clair, le temps revient et c’est bien rare, avec un bras galbé, un pied arrondi sur le sable et des grains sur la peau salée. Les feuilles glissent sur les rêves, les images cachent le jour, la conversation est bien tendre, bien grave et sans sujet, la suite vient avant le début, plus de raison, plus de rigueur, un gouffre est ouvert profond et sans lumière, la vie y tombe doucement.

La chaleur tend, et tend la peau sur les cailloux, au soleil, en silence, le vent est calme. On a une grande peine, l’ombre cherche sur les bras en croix et cruellement abattus, et cruellement détendus et rebattus, la fin ne vient, ne vient, on y pense, ne rien en faire, ne rien donner, et puis un tour, une serrure sur la planche, une ouverture sur la vie, le fond est noir et sombre et le soleil s’y refuse, n’y voir personne, n’y rien prendre et reculer et refuser.

Il faut marcher vers la pénombre et pénétrer d’en haut, d’en haut. Les feuilles tombent, les oiseaux glissent sous le vent. Comme une chanson grave et tendre et retenue du fond du cœur, les oiseaux glissent et rien ne pénètre. L’obscurité est installée et bien tendue et bien tenue et en remorque sous le cœur, et en attente sous les vagues d’air trop chaud et trop, trop lourd. Et on inverse et recommence et le trop chaud est en frissons, en claquements de dents, il fait bien trop froid sur le front, sur la candeur, sur l’attente. Sur la terre le persil sèche, il est en visite et recommence, le persil dévoreur d’enfants de roi.

Et feuille à feuille, on recommence et l’ennui tombe du noir et du loin, la vie est refusée, les yeux circulent, quelle aventure, le persil sèche sous les arbres. Le vent refuse et recommence et les branches sont bousculées et l’eau s’écoule et la boue sombre sous les palmiers. La vie refuse, les yeux ont peur et détournent un éclair de feu et de sang, le persil est bien arraché.

Le cœur étonne et entrouvre un clair, penchant vers l’émotion, la sensation est intense, l’eau coule et de boue couvre les pierres. Il faisait trop chaud et tout proche ils se claquent d’un grand frisson, la fièvre, et les yeux brûlent, et jaune et rouge, et renoncent. On refuse et on inverse et le froid vient du chaud tenu et percé et rien ne menace, rien ne vrille la chanson lente des arbres, ils roulent dans l’air et des pauvres effarouchés meurent de chaud et de soif dans un grand frisson de fièvre et d’impatience. On tourne et retourne et les images vont ailleurs, le début vient après la fin, les hauteurs sont sous les ombrages.

Et feuille à feuille, on recommence et on tourne rond sous les rayons, le froid, le chaud, la déraison, on accroche le tronc des arbres pour essayer de tenir bon, d’avancer droit. Plus rien ne monte, plus rien n’est construit, plus de pont, plus de pente, plus de mur, des fouilles, des vestiges, des idées simples, le froid, le chaud, le haut, le bas.

27 Juillet 2007.


Retour de rien.

Au début la dernière page, et l’on tourne la page, toutes les pages comme ces feuilles qui glissent dans nos songes et tournent et tourbillonnent dans les nuits du temps… avant de recouvrir d’or le corps de la vie… si fragile.

Les cailloux déchirent et brûlent les pieds de ceux qui attendent aux pieds du sacrifié. La paix hachée menu et la peine est grande. Ne rien dire et prendre, s’arracher du sommeil, tourner la clé et s’ouvrir au monde.

Dans ces longues nuits de fièvres, de sueurs froides et d’absences, l’obscurité est une vague qui recule et qui avance, qui s’achève et recommence. Une bouche ouverte dévoreuse de petits princes.

Les feuilles tombent et bousculent les branches. Ce qui s’est fait va se refaire. Le vent va reprendre sa route… là-bas… sur le chemin du crépuscule, au fil des heures et gommera avec douceur les aspérités de l’ombre.

La fièvre brûle les âmes et les cœurs, et dans cette nuit de gel les cœurs se percent et pleurent rouge, et soufflent jaune. Des images insaisissables hantent la nuit de fièvre et d’impatience. La page se tourne et se referme… à la fin la première page.

Plus rien n’est, et plus rien il n’y a. Le chaos, le silence et tout recommence et tout renaît du grand froid…

"Au commencement était"… …le rien…

Maria Dolores Cano  
24 septembre 2018 à 16:43

dimanche 23 septembre 2018

Non so donde viene quel tenero affetto ...

Non so donde viene
quel tenero affetto
quel moto, che ignoto
mi nasce nel petto;
quel gel, che le vene
scorrendo mi va.


Nel seno a destarmi
sì fieri contrasti
non parmi che basti
la sola pietà.


"L'Olimpiade", Pietro Metastasio.



Retour des oiseaux.

Et si tendre est l’envol de l’oiseau dans le vent, par-dessus les chemins de poussière et de cris, d’épines et de ronces, de fureur et de sueur, et rameaux d’olivier.

Et la vie explose en une joie immense dans le linceul des étoiles, sous une lune claire et ronde, dans un monde de ferveur. Ils sont en quête de douceur, de bonheur et d’évasion, et de baume pour la mémoire.

Dans ces grands ciels de peur et d'ombre des enfants hagards et libres, regard pur, cœur sucré, croisent des insectes en sarabandes. Seuls, ils sont dans la pénombre, et le silence qui avance les enveloppe de quiétude, de plénitude et liberté, et du trésor qu'ils ont trouvé.

Sous le disque cramoisi du soleil ils avancent. La terre tendre et dorée ouvre ses sillons et semble leur parler. Elle semble leur dire la chaleur et l’affection, la tendresse et le miel et le lait de l’amande, et l’horizon d’or et d’ambre sur les bords du monde… à l’air libre… là-bas… dans le cœur du vent qui éparpille les lettres, les éloignant des mots et des phrases, les empêchant d'écrire ce chant du monde … tant espéré.

Et ils tirent et grattent et filent et attrapent les mots du vent, qu’ils lient et posent dans les sillons béants de la terre. si lourde et si tendre, si sombre et si flamboyante, espérant que de ces sillages fertiles naisse un chant de liberté porté par le vent.

Sans rien entre les mains, sans rien à perdre ni à gagner, ils mangent le sable et boivent aux herbes claires. Ils quittent ce monde et vont vers les absents, les autres à assouvir, à aimer, à habiller d’un collier, d’une perle de lune, d’un grain de sel sur les lèvres, et d’une goutte de tendresse… là… au creux de ce vallon si doux… là... à la naissance du cou.



Maria Dolores Cano, 23 septembre 2018 à 10:02

Ce sentiment si tendre.

La route est longue, le chemin est couvert de poussière et de bruits. Les oiseaux volent, leur chant est effrayé, ils se balancent et caressent le vent et débordent d’en haut et respirent tout bas et se démontent, seuls ou ensembles, fureurs arraisonnées et bras ensorcelés, couverts de sueur et pleins de volonté et secs comme des tiges de ronce et d’olivier.

Ils ont rencontré la joie sans crainte, un mot plus un autre, la vie est entière et sans faiblesse. Ils ont besoin d’un maître et d’une horloge pour indiquer la lune et les étoiles et installer l’ardeur. Les massacres sont loin, la folie tourbillonne, ils regardent et gardent et profitent du tout, des images et des sons, ils sont cachés, ils sont coincés par une flamme obscure, et tournant, ils demandent encore plus de liberté, pour enfreindre et se faire pardonner et donner plus de corps à leur mémoire.

Sur le chemin du ciel il y a des insectes et des terreurs d’enfants, ils sont abandonnés et croisent, croisent, croisent, une espérance un peu amère, un goût de liberté, de fraîcheur et de sucre et de sentiments vrais. Mais seuls, tout seuls, ils se démontent l’âme et reconnaissent une âpre vérité, ils sont seuls et espèrent la fin du jour et du combat, mais seuls, seuls, ils partent en chasse, et rencontrent toujours le même dans son miroir, dans sa quiétude, le silence enveloppe d’or et d’argent la fin et le début.

Ils se retiennent et y reviennent toujours en riant bien, en se disant heureux et ils chantent sur le chemin : « non so d’onde viene quel tenero affetto », sur le parcours du monde, ils voient les fleurs éparses, les colliers, les jouets, les titres et la gloire, leur peuple avance sous le soleil, ils sont dorés et tendres et ils espèrent toujours plus de liberté, prisonniers du temps, ils sont en chemin et dansent la farandole qui unit tout sur la voie, le miel et le lait et l’horizon flambant. La cassure est certaine et ils sont éperdus sur le chemin, prisonniers du temps, ils y vivent plusieurs éternités.

La violence et le drap claquent dans le vent, ils se reprennent et marchent sur eux même et tournent vers le soir et recommencent, le chant joyeux et tendre et presque sobre : « je ne sais d’où vient ce sentiment si tendre », et ils se disent que le vent leur parle tout bas de liberté, ils se balancent et convoquent les anges et fléchissent le cou et espèrent du sol une réponse vraie, une incroyable certitude, ils recommencent et grattent du pied nu, la terre et les cailloux.

Sans rien de vérité, sans rien de sûreté, sans le vent, sans les arbres, sans les oiseaux, sans les cailloux, ils se sont traînés du sable sur le dos et des herbes au précipice, la lumière est grande, l’ardeur avivée, le tour du monde commence et recommence. Ils sont perdus et cherchent encore un peuple à assouvir, une soif à éteindre, un collier, un manteau à porter, un sac de laine et d’orage. Leur vérité est nue et cloche sur le sable, ils sont remplis de sel et coulent de plaisir, ils se cachent et espèrent et commencent et recommencent un peu après. « D’où vient ce sentiment si tendre », ces rois sont en promenade et sont bercés de palmes et rafraîchis de lents parasols.

27 Juillet 2007.

samedi 22 septembre 2018

Et sur le toit.

Et sur le toit un monde vibre et défile, et déroule ses éperons et se chauffe au soleil et boit de la lumière. Les oiseaux sont contents et griffent les aspérités, les rancœurs, les effrois, les alarmes, sonnez, sonnez et, claire sur le dos, la vie en avance, chauffe, chauffe et recommence et vibre et refait et dément et enlace.

Et au marais il se chauffe et plonge le regard, les herbes sont fanées, les fleurs sont séchées, l’écho est charmeur, les pieds s’enfoncent dans la boue, ils sécheront et il fera une sortie : pour joindre, pour aller, pour faire et fondre sur le sol, sur la peau, il mélange un peu et recommence et surtout, surtout, ne dit rien, n’entend rien et marche tout le jour sur les même traces, sur les écueils, sur le parvis. Un temple se dérobe et les oiseaux volent dessus.

Et il se chauffe et recommence et il attend et rien ne vient, le temps passe et ne fait rien et ne donne rien, des images remplissent le panier qui alourdit le bras, la main tendue, détendue, en espoirs, en certitudes, en fuite, il s’échappe et tourne, tourne. Il tire la corde, la main est prise, la corde tend, l’air est chaud, le soleil est lourd sur la peau, les oiseaux passent, les eaux coulent et il recommence et il ferme les yeux et il s’aveugle sur le reflet, sur la lumière, un arc étend ses éclaboussures, et brûle, brûle la paupière, le noir est bleu et rouge et vert et les oiseaux sont sur la branche et finissent et recommencent et trouent son ennui au ciel clair.

Et sur le toit le monde passe, il s’invente une raison et il arrache sa brûlure, détend le joug et recommence, il ferme les yeux et il espère le savoir, la lutte, les errances, il ne bouge pas, il ne lance rien au ciel, aux évidences, au lien tendu, il tend, il tend, et, il offre la parole aux effrayés, aux sans histoires, aux plantés sur le tas de sable.

Les reflets sur la peau, les traces sur la main tendue, le fer a coupé, il se sert de ses habitudes et il contraint son cœur blessé, le cœur tournant, la chose folle, la création pour le malheur, le lien tendu, si long, si lourd, la façon noire, la façon rouge, la façon blanche, tout est mélange et rien ne sert et tout peut prendre du temps et de l’histoire pour combler le vide. L’espace est à lire et à donner, pour en tirer et pour comprendre, pour ne rien voir et tout entendre et commencer et finir et errer sur la corde tendue d’un bord à l’autre, d’une évidence à l’autre. 


Et sur le toit un monde geint et recommence, les erreurs et les inventions, les errements, les troubles. Il est extrêmement tendu et abîmé et refoulé et dilué et il avance et il commence et il ne veut plus rien voir. Tendu, serré, repris et incompris, sans effet et en émoi, plus rien ne passe et plus rien n’avance, il faut en faire des voyages, d’en bas en haut, du sol au toit, de l’air au ciel et sur les arbres, il faut un effort extrêmement tendu, déployé et libre, libre se reprendre et ne pas s’excuser de mélanger les autres, la peau et les idées et les cadences et les erreurs et la raison et le dire et le faire et n’en rien dire et n’en rien faire.

Sur le toit les oiseaux passent et repassent, en bas, en haut, un autre, un gratte la surface et tire, tire des cailloux des éclats pour la lumière, des vérités et des fruits mûrs, des efforts et de la tendresse. Le ciel est bleu, le soleil chauffe, les esprits veillent et les bateaux passent sur l’eau.

26 Juillet 2007.

vendredi 21 septembre 2018

Encore, un été obstiné.

Et ils recommencent et ils enfoncent encore la porte sur le palier. Les herbes folles dans le vent, les chansons fines sur le sable, le courant d’air et d’or et sur l’eau, le regard perdu, les mains oubliées.

Ils avancent et chantent sur le sable abandonnés au vagues sur la peau, la battue les frappe, le sang coule du front sur les pieds et des poignets, ils ont marché dans les ronces. Ils ont marché, les tessons mordent les pieds et les genoux, le sacrifice avance.

Qu’ils meurent et consolent l’azur, que vienne le beau temps, que le vent cesse, que la sable se pose, perdus qu’éperdument s’enlacent les heureux, que la peur entre dans les genoux et que tendus et offerts aux rayons et aux fleurs, ils se laissent bercer et appellent leurs âmes, pour le réconfort, pour la joie, pour la peau claire dans la lumière, pour le poids et la saveur des muscles, pour le goût et le sel et la profusion pure.

Ils enchantent le temps et pleurent, que vienne enfin sur eux et toute chose un gramme de ferveur, un soupçon de repos, une once de bonheur.

La voix au ciel se donne, les étoiles ce soir auront un goût parfait, une silencieuse et courte dévotion : la bouche se ferme sur les gerbes, les pois de senteur fondent sous la narine, en échos les frissons. Ils ont mordu et pris des herbes et lustrent le corps, le charme opère et monte, sur le ciel et débauche, la nuit, et mène les sérieux à la peur qui décroise les doigts et fait fondre le temps. Les herbes sont complices et coupables aussi, les sérieux se figent dans le sommeil, le duel est certain, ils vont dormir et d’autres vont rêver et fourbir et fourbir les armes pour la gloire, pour un nom, pour le feu.

Les herbes vont brûler et poser la joie au front de tous, sérieux, complices du mal et du plaisir, et du malin charmant et plein de chair, et d’ongles qui raclent la peau et frisent les rubans, la joie est en avance, le calme est revenu, les sérieux s’endorment, les autres vont chercher et trouver d’autres armes, d’autres passions, des compagnons de route, des frères d’embuscade, des rires pour la soif, des caresses du dos, des dents dans les oreilles et du charme sucré sur les orteils.

La vie est ainsi faite, les ordres sont donnés, certains vont dormir et d’autres vont chercher et trouver, ramener du sucre et des cailloux, des plaisirs sincères et des joies de tonnerre, des roucoulements sur le sable et sous les arbres, des oiseaux chanteurs et batailleurs, du diable dans l’air et du fidèle, ils inventent le plaisir quotidien.

Donnez nous aujourd’hui, encore et encore, le pain et les serments, les ongles qui raclent et font monter au cœur des frissons et des joies indociles, du feu et des larmes de bonheur et de joie, ils trouveront le calme, le repos et le sommeil surtout, et les lys et les roses. Certains iront dormir et d’autres iront chercher.

25 Juillet 2007.

jeudi 20 septembre 2018

Et il bâtit.

Et il se parle à lui, il chante ses saisons, et il bâtit un palais de cailloux et de mots, pauvres et tristes, sans fin, pour tout, sur tout, sous des arbres, les branches, les oiseaux montent et descendent, les autres vont et viennent, pauvrement, suivent le cours de l’eau, dans la pente, marchent sous le soleil et dans le vent.

Et il a grimpé un jour, il est descendu un jour, tout a commencé, et tout finira, les murs en poussière, les araignées dans le vent, filent des fils pour les saintes et annoncent la pluie les jours de beau temps. La saison est belle, les enfants sont heureux, les mots sont tristes, et pauvres, les passions n’ont plus de chair et beaucoup d’âme.

Et il bâtit, et il engrange et s’amoncellent les erreurs, les odeurs, les oiseaux. Les animaux passent et passent et tirent un fil, et un autre, et un autre, pour débrouiller la vie, démêler les sorts, pour poser des pelotes sur les étagères, pour tirer un corde du sol au plafond.

Et il rêve et revient, décrit et prédit, commence un sermon et va sur la montagne et suit un bourdon noir et lance un cri avec les rapaces, la saison est bonne, les rêves seraient fous si le rêveur était aveugle.

Et il voit et chante ce qu’il voit et rien ne se construit et tout monte à la surface, les pelotes entassées, les chats et les rapaces par là déposent jusqu'au ciel les restes de la vie banale et éternelle, il fait jour et le soleil monte, il fait jour et le soleil descend, et la nuit recommence, les images frappent au carreau, la vie est remplie, les heures sont courtes et tournent, les désirs sont chauds et les heures s’en vont, l’eau coule sur terre, la soif va avec, les armoires sont pleines et les greniers comblés.

Et il se repend des images des autres, des fureurs évanouies, des mystères et des éclats, la joue est tendue au baiser des abeilles, au vol des passereaux, à la brûlure des serpents, la vie est posée jour après jour sur les étagères, l’escalier grimpe sa pente du sol, en haut, et les fenêtres s’ouvrent sur la nuit, sur le jour, sur l’histoire, le temps passe et foule l’espace, les murs tombent en poussière sur la terre du jardin, les abeilles y vont et recommencent et il chante seul le jour qui se lève.

Ô, les greniers comblés, ô, les armoires pleines et le corps alourdi et le cœur rafraîchi et les sentiers perdus, avoines folles pleurez dans le vent, les mots sont tristes, et pauvres, la liberté perdue sur la rive, l’escalier grince, l’effroi à la fenêtre, l’herbe gratte sous le pied, il foule les escargots, le tri est continu, les images et les sons, les odeurs en mélange et les fenêtres ouvertes.

Il faut combler le vide, remplir une tranchée d’humus et de chansons pour que la vie soit bonne, pour que le sommeil vienne, pour que les enfants passent et jouent dans la rue et que les animaux s’arrêtent dans la pente et qu’on regarde, au loin les bateaux, et voler les fumées, revenir, et parler des pays lointains, comme un chanson lente et un regard serré et ferme. Les joues tendues au vent, à l’absence, fermées et ouvertes, en avant.

Et il se parle à lui.

24 Juillet 2007.

mercredi 19 septembre 2018

Enlevez tout.


La solennité, le refus, le partage, enlevez tout, que rien ne reste, ni poil, ni cheveu, point de corde, point de tresse, la lame passe et repasse et la peau s’ouvre sous le fer. Ils sont tombés et se déplacent et vivent un enfer sans lune, sans armure, sans poids, les doigts se posent et sur la chair, ploient.

Un instant il ne reste rien et tout passe et la peau pince sous le masque, sous la dorure, sous l’objet. Le soleil chauffe et on le sait, et l’eau coule sur les épaules, et la fraîcheur glisse sur le poids, des mots et des couleurs, les images frottent, il ne reste rien sur le corps, tout est parti, envolé sous les ombres noires, le corps est lisse, et tirés les cheveux, et frottés le crin des guerriers, des branchages sous la main et des écorces sous les ongles, ils ont tondus, ils ont raclé, ils ont arraché le vivant et répandu les herbes mortes, et effeuillé tous les arbustes et déracinés les apôtres.

La peau s’allume sous le fer, les cheveux tombent, les doigts s’enlacent, la rivière déborde, le cran est tiré, tendu, serré, les sangles mordent et la peau tombe dans la poussière, les fleurs fanent au soleil, l’herbe sèche, les ongles grattent, la peau rougit, le feu est là, les insurgés sont dans la place, dans le grand cercle noir et bleu quand on ferme les yeux. Le soleil tourne, tourne, tourne, du jaune au vert, du jaune au vert, le soleil tourne, tourne, tourne, tourne, d’un rien, au poids du caillou.

Enlevez tout, que rien ne reste, le soleil a tourné du jaune au vert, du rouge sous la paupière, dans l’ombre forte, insupportable, rien ne passe, et tout attend, et tout attend, de rien du tout, de tout aux larmes, aux frissons, le vent souffle et recommence et porte sur le dos à nu des fils, des poils, des retrouvailles, partis dans l’air, les oiseaux prennent des poils jetés, des brins, des graines, des fétus, ils plongent de haut et recommencent le nid, en trois, en quatre, en infini, en herbes folles et fils sauvages et cheveux trop lissés qui tombent sous la lame.

Il faut fermer les yeux et commencer, et voir à nouveau, le soleil passer du jaune au vert et tourner, petite pierre dans le remous, dans la coulure, un caillou flotte sur le vent, l’ombre noire a refleuri, les oiseaux chantent dans les arbres, les oiseaux volent dans le vent, les cailloux flottent dans le temps.

La solennité, le refus, le partage et le dire non et non et non, et encore voir le point aveugle, le soleil jaune vire au vert, au vent tourbillonne un caillou sur les traces de l’air, sur le chemin, sous la paupière, dans le reflet, dans la bordure, il faut souffler pour envoler les fils, trop sages et trop lisses, et dans la nuit du jour fermé dans l’œil battant, dans le cœur qui palpite encore, les couleurs fondent et commencent, le monde naît du choc des couleurs, le jaune, le vert, et du scrupule qui dans l’air flotte, sur le rebord de la vie, dans l’eau, en endormissements.

Enlevez tout, que rien ne reste, le soleil a tourné sur l’heure, les ombres fuient les oiseaux volent sous les branches, les petits dorment sans attache, ils sont enfermés dans la liberté et cognent sur les parois blanches, un palais est peuplé d’ombres qui passent, sacrifiées à la lame qui rase le cœur et racle la peau, que rien ne reste.

La peau est nue, l’air est frais, les fleurs à lire dans les ombres, le monde naît d’un cœur tendu, d’une effusion pour rien et pour personne, le sommeil tombe sur tout et trois petits cheveux s’envolent. La solennité, le refus, le partage, enlevez tout que rien ne reste.

23 Juillet 2007.

mardi 18 septembre 2018

Dans la pénombre.

Et, il se tourne et recommence, et il regarde le soir, et il écoute, et il sent l’air frais, si frais et si fragile, les grenouilles dans le marais se lancent et commencent et recommencent et chantent, chantent.

Il est dans la pénombre et rêve d’horizons, au loin, et bleus et pleins d’aventures et pleins du souvenir d’un futur accompli, sans peurs et sans surprises, des histoires à faire fuir le mal, à faire fuir la peur et garder les éclairs, les éclats. L’eau coule fraîche quand il fait chaud et calme toujours quand virent les tempêtes.

Il est dans la pénombre et rêve d’horizons et parle de partir et parle de se battre et gonfler la poitrine pour attirer les autres et faire fuir la peur, le marin est dans la tempête et il pleure, l’effroi le submerge, il va couler sous le ciel dans la nuit pleine, ombre sous les étoiles, dans l’air frais qui ralentit et force, il sourit aux aveugles et personne ne sait, ce visage est perdu, ces lèvres sont absentes, la pénombre évanouit le jour et tout est un mystère et tout est sans façons.

Il faut entendre le chant des grenouilles, les passants les frôlent. Une herbe petite et sauvage file entre les doigts et tourne sur sa tige, le soir est dans la pénombre, les passants passent, les grenouilles chantent fort et loin, et les éclats bondissent sur les eaux.

21 Juillet 2007.

lundi 17 septembre 2018

A vide, dans la serrure.

Il revient et défait les nœuds et les entraves, il avance et ouvre les yeux et la bouche et gonfle la poitrine. Il coupe le cordon, il réduit la toile, il fonde une maison, une espérance de caresses, de rires, d’enfants, de blessures de guerre, de sens épanouis, de rêves de grandeur. Il traîne et recommence, il dit, non et oui et il souffle chaud et froid, et il escalade les rocs. Il bâtit, de l’air du large et des instants sereins. La vie avance dans l’orage. Il forme et déforme des groupes, des séries et des hordes sauvages, pour arracher de la terre au vent et tendre sur le dos des images, il construit des cabanes, il enfonce les âmes des brûlés dans la boue, il se vautre et avale des monceaux de plaisir, sans rien en perdre et sans offrir son âme aux pécheurs de tendresse, aux exilés de tout, aux bannis, aux tranchés, aux assoiffés d’eau pure. Il retourne le sol et gratte la peau nue. Il se défait de tout et construit des odeurs de chien jaloux. Il se donne au plaisir.

Et il est perdu, et il coupe, coupe, un cordon de colère, une espérance, de rien dit, de rien fait. Il tranche les cordages, et finit et rentre et trace dans le sable un cercle de vie pour appeler le jour et il signe pour se donner. Il rentre dans la vie et laisse le plus dur, le plus fort : la cadence, la ferveur, les évidences. L’orage roule et il se décompose et il parle, parle, de lui même et de rien en plus, et c’est tout, et peu, et le vent tourne et rien ne tombe au ciel, ni eau, ni pierres, ni remords. Il se roule dans le sable et attend et commence une fois de plus. Rien ne vient de lui même et rien ne construit l’aventure. Il ouvre la bouche et il espère l’air frais et fort, dans le corps, dans le cœur, sur les genoux. Il traîne et recommence et rien n’est construit et rien ne vient encore.

Il court, court, court et dresse un drapeau pour enchanter la vie, la bannière est de frissons sur l’onde, sur la peau, sur le rire et dans la volupté. Il coupe le cordon et il déploie l’oriflamme et il espère encore voir le monde d’en haut, se détendre pour enfanter la gloire et purger les eaux bleus du sang des oubliés. Il est passé et frôle les étoiles et rien ne bouge et rien n’est construit, les aveux, les outrages, le rien, à dire, le rien, à faire, le rien n’est fait, le rien n’y fera. Il parle de faiblesse et de barre tordue et de clé qui tourne à vide dans la serrure, l’ennui, les explosions, les fortunes diverses, la solitude aussi et les enlacements. Il campe sur les monts et boit dans la paume des étrangers partant pour ailleurs et pour rien. Tout tourne à vide et sans saveur, le monde est un peu triste, cet enfant est perdu et il oublie : le jardin est plein, les fleurs s’ouvrent avec le jour.

20 Juillet 2007.

dimanche 16 septembre 2018

Retour de comptes et de granges.

Il sac et ressac. Cœur écaillé, lavé, lessivé, ballotté, porté, flotté, échoué sur le sable. Il ricoche sur les dunes. L'angoisse qui l’enserre et le serre le perd aux heures sombres de la vague, au plus noir des ténèbres, dans le froid et la fange. Sur le lit de cailloux il défait ses effets et la peur effacée et la joie reconquise, nudité retrouvée aux premières pages du grand livre.


Entre-ligne à mi-mot, entre-deux sur les flots, et la rive et la rime sur la voile qui dévoile le visage du grand-voile.

Seul survit le plus vrai, l’essentiel, non point le plus brillant, le plus fort, le plus dur. La vie parfois terrible porte son jugement de certitudes et d’habitudes.

Lui seul, brocanteur-rêveur il retient ce qui demain le servira, l’aidera, petites particules de vie et d’amour pour travail de mémoire.

Il prépare un royaume d’abondance, un festin à conquérir, un combat rude, harassant. Il le sait, il le sent, le pressent. Alors il entend, il écoute l’oiseau qui emplit de poésie l’espace à conquérir, là sur le rebord du monde en pluie de plumes et de battements d’ailes.

Abandonnant la bataille il soulève le couvercle de bombance et libère un envol de joie, de rêves, de bonheur et de miel… … la vie simple à nouveau.

Son cœur écaillé ricoche sur les dunes, sur le temps, sur les portes fermées et les rideaux d’écume, en haut, en bas, sur les chemins d’infortunes. D’une rive à l’autre les oiseaux renvident le temps, bulle de fortune éclose d’une griffure, sur la peau de l’étang.

Il est seul et avance sur les chemins d’errance. Il pense et repense aux matins de souffrance, de peur et d'absence. Alors, il ramasse et amasse, compte et recompte, se souvient les promesses, cueille les fleurs et distille les mots en colonnes de lumière, en histoires nouvelles pour panser les demains.

Les mots se suivent en guirlande sur le sable, en caravane du désert, en grains dans le lit de la vigne. Il transforme et invente et refait et défait et revient et retient et gratte et recommence et coupe et recoupe et boit dans la coupe. Le cœur léger et blessé, sacrifié, supplicié, anesthésié, revenu sur la rive, descendu de la dune et meurtri d’inquiétude, et tout seul il mesure sans mesure, démesure.
15 septembre 2018. 16h05

Saison et raison.

Il vole et se tord, coup sur coup, et il commence, du sable dans un suaire, et il commence, et tord le cou vers l’espérance, et finit, et bute, sur le sol, le pied tordu et ravagé et prend son échec pour une histoire et finit le jour et il commence, par cœur à chausser les cailloux, dans la sandale, sans forme et sans éclat. Il court et tord les os et brise les chevilles et sent dans la chair la mort qui pousse et qui avance. Il est au bord de tout, et du gouffre, et du calme, et du repos à voir et à entendre, les efforts sur le bord, le chemin est bien plat, la couleur coule sur le front. Il débranche le ciel et coupe les feuilles, et il arrache au cœur les branches sous les pattes des oiseaux, sous les griffes qui mordent l’écorce, et il brûle ce monceau en offrande. Il faut que cesse le chemin de la mort.

Il faut une certitude, jeter en face des jaloux la vie, à voir, à vivre, à comprendre. Il voit, il vit, il comprend, il ferme sur les eaux le corps sans sépulture, le sable est dans le suaire et il franchit un moment une parcelle de vérité et il change en rond, un carré d’infortune, une saison de joie pour enfanter la sérénité même et achever le bal des vies foudroyées. La confiance est dans la poitrine, il revient sur le tas et marche, marche, marche, marche. Les mots sont sans valeurs et tout remplace tout et les pieds sur le sol martèlent l’évidence, il faut entendre et entendre, le son, le son, le son seul est important, la vibration au début, l’explosion et puis pour une éternité l’attente d’une autre explosion, d’un autre changement, des oiseaux s’envolent et claquent de leurs ailes le début d’une nouvelle éternité.

Le tas, le caillou, la fermeté, l’ordre, la déraison, la saison des pluies et des rafales, les gerbes haut lancées et les chars de paille, les bœufs sur le chemin, les bœufs dans la course, les habits des mortes saisons, le temps qui passe, passe, les oiseaux qui enfantent toujours un monde nouveau, le temps renouvelé et toujours, semblable et différent, l’avenir et le passé mêlés et complices, et rien n’y fait et rien ne bouge, que ces pieds sur ce coin du monde plat et tranquille et plein de questions et plein de réponses, sans suite, ni raison, bien sur la saison suit dans la cohorte, saison et raison, tri et ordre, et les oiseaux créent une éternité.

19 Juillet 2007.

samedi 15 septembre 2018

Il compte et engrange.

Le cœur épanoui, brisé et tordu et fracassé, d’en haut, d’en bas, de toute part et finissant sur une dune, au temps, rempli d’inquiétude, fini de solitude, comblé de malchance, parfumé de tendres et de solides fers, de pieux et de complicité, dans l’attente, dans le vent, dans le froid, sur la mer et sur les airs, dans les torrents de boue et de cailloux, des effets et des efforts et des effluves, et du calme, et du renouveau, du perdu, et de la fin, le cœur épanoui et mordu, trouvé en haut dans le livre, et la joie, et une fois de plus et une fois de moins, un espace à conquérir, une guerre à mener, des soldats pour l’entrain, et des branches, perdues, dans le centre de toute chose.

Il lance des rameaux dans les mines de sel et remonte des arbres pour la joie, tout scintille, et tout se voit, tout meurt dans la lumière, dans le sable, et le renouveau, dans la ferveur et dans le froid, le cœur aussi a froid, de certitudes et de raisons, qui font lancer des pierres au fond du puits et des branches de houx dans la bassine noire.

Il prépare un festin, bombance de roitelets et de salamandres, il sort le chaudron pour les fous et remplit les yeux d’abondance. Un espace à conquérir, le roi est prêt pour la bataille, les oiseaux chantent dans les branches et le marcheur a délacé ses pieds dans les chaussures, la poussière monte du bord, le chemin est foulé, les oiseaux chantent au bord du toit, un espace à conquérir, les oiseaux pleuvent des plumes et des cris, sous les arbres, sous les rebords du toit.

Le cœur épanoui, brisé et tordu et fracassé, d’en haut, d’en bas, de toute part, et finissant sur la dune et le temps, rempli d’inquiétude, sur la dune et le temps, une issue est fermée, chemin dérobé, le marcheur est en avance et crache sur le chemin. Les oiseaux suivent au loin et grattent les herbages, les animaux soufflent sur les crans de boue, les pierres lancées dans l’eau trouent de bulles et d’air mêlé, fendent la surface.

Sur le chemin, le soleil chauffe les épaules et ferme les yeux dans les idées, le souffle seul compte et fait tourner les mots dans chaque sens et, pour lui seul, il compte et défait la ceinture et claque son ardeur, et, pour lui seul, il compte et engrange une charretée de promesses. Il vient et porte sur le dos les fleurs offertes au mal pour le chasser, à la peur pour la briser. Les mots sont seuls et tourbillonnent, et, pour lui seul il compte, il promet des années de lumière, des chemins de boue séchée, des orages d’air sec et chaud, des feuilles qui volent et grimpent dans le ciel, changent le sens des choses et des histoires.

Des files de mots seuls, comptent et tourbillonnent, remplacent l’air, et changent le ciel bleu, en ciel de nuit et de vendange, le raisin est vert, encore. Les mots seuls sont importants et tourbillonnent, il insiste car lui, seul pour lui, compte, et refait le monde, et change les saisons, et défait la ceinture, et monte le cerceau, et fauche les blés murs et engrange la soif, dans une raison folle, dans l’air qui tourne et recommence, il marche, marche et finit sur le flanc. Le cœur épanoui et brisé et tordu et fracassé, d’en haut, d’en bas, de toute part, il finit sur la dune et le temps, et rempli d’inquiétude, il avance, et, pour lui seul, il compte et mesure.

19 Juillet 2007.

vendredi 14 septembre 2018

Il faut agir, reprendre la main, le pied, le pas.

Il vole de l’espace et rend coup pour coup et il finit sur le sable, dans un voile triste et il recommence, sans attendre, sans penser, sans croire, un voyage loin, très loin des noces et du sang, et fragile il sent la beauté qui s’éloigne , il ferme et embrasse, compense le doute et les orages, il enfonce un pieu de larmes dans l’âme effarouchée.

Il faut avec adresse pincer la corde de l’arc, et tendre, et tendre, tendre, enfoncer le sommeil dans la volonté, dans le doute et commencer, il faut tenir les limites et fonder un royaume pour les plus faibles et les isolés et les menteurs qui lancent loin, très loin des boules de laine et de candeur.

Il se ferme et prononce les paroles de trop et fortes et longues, qui coupent le fil de soi vers soi, vers l’erreur de la volonté, vers le sacrifice, vers la sagesse, vers l’acceptation et le renoncement.

Et voler et rendre et enchanter les jours nouveaux, les croix, les calices, les pierres taillées contre la peau. Il faut saigner et prononcer chaque phrase, chaque séquence, chaque son, il y a un monde à reconstruire, une évidence à imposer. Sur le mensonge, la carapace, les effets, sur le dos meurtri, le sang coule et remplit des seaux d’amertume et de rancœur, les filets sont pleins, des récoltes, des clôtures, les frontières sont atteintes.

Il faut agir, reprendre la main, le pied, le pas. La solution est dans le temps, dans l’espace gagné sur le plus grand. Les oiseaux chantent et dans les branches les fleurs ploient, bien lent, bien beau, dans la liberté, dans la ferveur et dans la joie.

Le soleil lève les impostures, les imperfections, la sûreté, les aventures, les belles choses lancent dans le matin une calme résolution, les plus grands vont lever le front et tordre le cou aux offenses. Et il voit dans le matin, un renouveau, une espérance, une bêtise simple, le jour se lève, les oiseaux chantent, les arbres ploient du poids des fleurs et le cœur ouvre sur le temps.

19 Juillet 2007.

jeudi 13 septembre 2018

Et un miracle.


L’eau a coulé sur la peau, les choses simples, la peau, le désir et le ciel bleu, tout bleu, si bleu, et la peau chaude et fraîche et d’une jeunesse éternelle et complète et forte et bienveillante, et parfaite, pour les contraintes, pour l’effleurement. Il avance son doigt et sort de l’ombre et glisse sur la peau et glisse, glisse, et un miracle, le désir est une jeunesse éternelle. Le registre est ouvert des choses simples et attirantes, le ciel est bleu, si bleu, tout bleu et là, cesse la réflexion.

Ils sont en nage et effleurent d’un doigt la peau et là, cesse l’intelligence, ils sont animaux et sincères et bien perdus et bien plus forts, les hommes sont perdus, les caresses affolent, les animaux hurlent et grognent et défigurent leurs visages, et tombent les catastrophes, l’air perdu, les visions, les songes et les illusions. Ils sont perdus de peau et de fraîcheur et de rose au bout du doigt.

Ils se portent des coups de griffe et de cailloux, les pierres volent et les complices se sacrifient. Un peu de bois et de silence, une prière au jardin et coule, coule l’eau sur la peau et le visage et chante la main blanche trop serrée au poignet. Ils sont aveugles et en partance, répandus sur le gravier et grand et forts, et gravement ils se redressent et chantent une prière lente, et sans baptême se griffent d’eau et de fureur.

Ils sont enfants du monde, du plus grand et du plus chargé des pères et des rois, ils remplissent un tombeau de couronnes, et d’arc et de flèches leur carquois. Ils grimpent vers le lieu du monde ou ils chanteront à genou et deux par deux feront offrande de raideur et de force. Sur tout, sur encore plus de visage, une gifle de volupté, ils se mélangent et recommencent et enchantent leurs libertés, ils offrent des paroles et démontent des lieux de froid, de chaud et d’incroyables résistances et d’incroyables surprises.

Ils sont à point et en avance et refont le chemin du haut en bas, et en avance ils se griffent les bras. La peau est fraîche, le silence berce ces fils. Ils se posent dans l’eau profonde et glissent sur le dos et insinuent, les doigts, les mains, les ongles, la peau vive, dans l’eau plus chaude et sans saveur. Ils font un tour, une arabesque, une aventure sur le dos, le cœur offert, la bouche éclose et redemandent des faveurs, des coulées de lave, la bouche ouverte sur le temps, sur les épaules. Ils se lancent des sacs d’outils, de grands fracas, des perles fines, des pierres, des bijoux d’or et d’argent et ils inventent un commerce, un troc. Une sensation, de grand danger, de jour étrange, de silence, et de confusion, rien ne va droit, rien ne se range, les yeux au cœur vont en tournant sans dire droit, sans franchement se rapprocher, sans y penser, et sans rien dire, ils touchent la peau fraîche et le sanglot.

Leur ciel est bleu, tout bleu, si bleu, et tout enchante et tout bouge et ils reviennent dans leur saison, et ils ouvrent leurs miroirs, et ils ouvrent les fleurs fraîches, et ils admirent, la sensation de frais et de douceur et de subtil effleurement, sur la peau nue, si nue, et en attente et cherchant la caresse et la fraîcheur. Le feu les brûle et ils éteignent, et ils ouvrent les yeux au jour, la liberté est dans l’eau vive, dans les cailloux sous les pieds, dans l’air perdu, dans l’attente. La surprise est encore au détour, ils recommencent et imposent la jeune éternité, le retour. L’eau a coulé fraîche sur la peau, des choses simples, la chaleur, la fraîcheur, la peau, le désir et le ciel bleu, tout bleu, si bleu, et la peau chaude et fraîche et d’une jeunesse éternelle et complète et forte et bienveillante, et parfaite, il avance son doigt et sort de l’ombre et glisse sur la peau et glisse, glisse et un miracle. 


18 Juillet 2007.

mercredi 12 septembre 2018

Et un goût âcre.

Dans la bouche, sur le dos et dans le cœur, et un goût âcre. Il faut, il faut, il faut revenir et comprendre, pourquoi le jour se passe en histoires. Sous le soleil, au ciel, des ardeurs d’aventures et de chimères, des souvenirs et de la prudence, dire et cacher, voiler et dévoiler et révéler : voiler à nouveau et fournir une clef pour étreindre la certitude. Il marche, il force, il engloutit et revient et recommence, le monde tourne et il tourne, et passe dans le silence. Le royaume ferme ses portes et il construit des tombeaux pour les rois et des temples pour les idoles, la fuite, le repos et le retour toujours, au calme, à la certitude, au relâchement. Il est en avance et offre sa chair aux braises du malheur.


Il avance et son pied foule des cohortes de limaces, des escargots, la bave sèche et brillante et les ramures durcies d’effroi. Il a jeté une branche au fond du puits, les gouttes d’eau jaillissent en boucle, le remord, la confidence, il a craché au fond du puits et il construit un temple sur la ruine, sur le regret et les mensonges, il est infiniment coupable et recommence à se bercer, à arracher la peau des choses.

Et un goût âcre dans la bouche, une fleur sur la paupière, un regard loin sur les saisons, les mûres deviendront tendres, et l’esprit calmé, une évidence : un monde meurt, un monde arrive, dans une chanson sur les remparts, une clarté sur les eaux vives. Il foule les animaux de son poids sombre, il faut une cadence en cerceaux, une signature invisible, un regret, un tour de main dans le sac des habitudes et pour dire, il avance sur un tapis d’animaux morts et sales, sales.

Il a jeté aux épaules un voile d’ardeur et de cravache, des effets mourants, dans le calme avant le combat et la malédiction, il se repose au sol et voit passer les oiseaux, les fils flottent dans le ciel et tranchent les images en feuilles. Et un goût âcre dans la bouche, une évidence le mal est là, bien et là. Tout bas, il effleure les idées noires, les herbes sèches, les cailloux et les blessures sous le pied. Il avance dans le soleil et poursuit une marche ferme, un chant d’amour sort des prisons et recommence et exagère, il est en haut, il est en bas, il découvre des évidences, le royaume est à mal, les oiseaux tournent sous les nuages, il lui faut du calme et du repos, du bien parler, des avantages, des silences profonds et lourds et du sommeil, par habitude.

Et un goût âcre dans la bouche, un reflet de rossignol dans l’air perce les oreilles, il se débat dans le vide, dans l’air perdu, dans la solitude. Les eaux avancent sur le sol, le soleil joue des reflets tendres, la terre boit, les fleurs se penchent, le pied foule les escargots, le ciel se vide d’habitudes, il reste un œil, il reste un souffle sur le cœur, il reste une éternité pour tout dire. Et un goût âcre dans la bouche, une effusion sur l’inutile, il creuse, creuse, et rien ne vient sinon l’eau pour les fleurs, le sac est plein de terreurs et de joies et il tourne le pied sous le poids de son corps.

18 Juillet 2007.

mardi 11 septembre 2018

Comme du bout du doigt.

A la fin, il se tourne, et pince et chante et tord et coupe. Il avance par là et chauffe les racines, il comble le silence et défait et pousse, et enjambe les bosses et les creux. Il est en retrait et il figure les martyrs. La confiance, la confiance, à l’aube, au point nommé, au creux du blé et du ciel noir. Il flotte sur les eaux et charme les aveugles, il est posé sur lui et siffle sur les champs, il avance, il avance et refait un signe, il avance, il avance à travers le temps et les saisons.

Les premiers, les derniers et tous les inutiles, ils se faufilent et trouent les feuilles des oiseaux, ils égrènent et passent et frottent au cœur un orient, une clarté sans nom, une effusion incroyable, une sainteté pour l’aurore. Il est seul et figure sur le sol une passion pour les carêmes, une aspiration pour les anges, une contrition, en rupture sur les habitudes. Il passe et ordonne des retrouvailles, des effets, des cadeaux au ciel et aux corbeaux. Les oiseaux passent, le ciel est troué et se déploie, que faire sans la liberté et que dire sur les croyances.

Il est un mélange de ciel et d’eau et de poudre, de raideur et de volupté et de frissons sur la peau mûre. Il avance vers le plus haut, à travers temps, à travers champ, à travers les ondulations et les crépitements du feu, et du ciel bas, qui traîne dans son rêve et sa fantaisie, il est comme du bout du doigt, comme de la passion en branche, du satisfait et du précis et de l’ardeur, du calme plat sur le ciel noir, si noir pour les heures à vivre.

Il est fourbu et sans raison et sans pensées et sans problèmes, seules les images remontent et défigurent la chanson. Le vent souffle sur la peau nue, les yeux sont pleins d’amertume et de croyance, sans ratures, sans efforts, sans rien à dire, sans rien y faire et sans partage. Il est seul et déploie les bras sous le ciel noir, si noir, de peurs et d’inquiétudes et de rancœurs et de frissons, la peau est dure sous le charme, sous la couverture, sous l’œil fermé et embué et meurtri.

Il est à travers le temps et compose des gerbes, seul, des couronnes, des brassées de chansons tristes ou gaies, pour tous les jours et pour les heures qui filent et croissent dans l’air parfumé, une impossible confiance. Il est porté dans l’air du jour, dans le silence et dans la peur et ne donne rien pour les autres. Il est seul et invite les orages à trouer les nuages, les biens, les phrases, les retours. Il tourne sur le champ séché, il effleure la vérité, il caresse le temps qui passe et reste seul sous sa couronne, et le vent passe et parle et offre la liberté âpre, la vérité nue, sans poids et sans attaches. Il est posé sur le toit du monde, le ciel glisse entre ses doigts et il tranche ses habitudes.

18 Juillet 2007.

lundi 10 septembre 2018

Des cœurs simples.

Par qui est-on invité, comment se font les alliances, où se jouent les catastrophes, les colères, la majesté, les petitesses ? Il faut du nerf et de l’entrain, de la joie et du regard, lourd ou lointain, de la blancheur de haute lune. La mer est immense, le désir est levé, les immensités se rejoignent, il faut du précipice, du fond d’écume et des caresses.

Le vent en transe souffle sur la tête, il fonce et fonce dans le cœur, les choses sont rangées, et sur les étagères les lainages sont au tricot, les sols sont raclés, la lune brille sur le fond, sur le fond. Les choses sont en place, les cœurs s’éveillent et palpitent sur les étagères.

Le ménage est fait, et plus rien, plus rien, n’émeut, que la propreté. Le monde est posé au creux de la main, dans le panier, sur les étagères, dans l’escalier. Ils sont invités et changent toute chose sur l’étagère, sur le lit, sur la terrasse, sur le balcon, dans le jardin.

Par qui est-on invité, que sont les alliances, la poussière vole dans le soleil, sous la lumière. Sur l’étagère ils se frottent, se frottent et recommencent, ils sont invités et oublient les choses sur les étagères, leurs cœurs ont compris le sacrifice. Sur la rampe, ils ont du mal et rien n’avance, rien ne se fait, que voler la poussière du sol sur les murs, le soleil est ébloui, la revanche, le sermon, la cavalcade du haut en bas, volent, l’escalier grince et la poussière vole, ils sont invités et leurs cœurs se croisent dans la poussière, sur l’escalier, sur la rampe, dans le jardin.

Ils sont posés. L’attente entre la lumière et la poussière, l’attente de ce qui est plus haut, de ce qui est plus grand, de ce qui est plus fort, et puis ils se croisent et défont le lit, refont la poussière, défont les murs et retroussent les meubles, repoussent le linge dans les armoires, le linge sur les fils dans le jardin, dans le vent, dans la lumière, et sur les montagnes au loin, ils imaginent toujours être proches, du plus haut, de la perfection, et petits chiens, petits chats, petits oiseaux, ils font et défont le nid, le nid dans la cage, avec la peur du vide, le plafond pèse sur les épaules, sur la peau, la confusion est en place, la montagne, l’ardeur, le sacrifice, et la poussière vole, vole, les cœurs se rapprochent et ils sont dans le jour, le jour toujours, et tout simple, si simple. Ils ont rêvé de hautes montagnes, d’éblouissement, de soleil.

Par qui est-on invité, les cœurs se pressent entre les étagères, sur le rêve de montagnes dans le fond des paniers, les mûres seront cueillies et ils se poseront au bord de l’eau, dans la fatigue, les musiques en souvenir du soir, dans le silence et dans le cœur.

Ils se donnent et font la poussière, sur les étagères, sur le plat des os, dans l’entre temps, entre le soir et le jour, sur le fond, dans le fond, à fond, au fond, dans l’espoir et dans la repentance, l’affection. Les étagères brillent et portent les cœurs sur le coin de l’espérance, dans la vitesse et dans la confusion, et si tout était vrai ?

La réalité s’impose, ils dorment sur les étagères, et reprend à chaque instant l’hommage des cœurs qui soupirent. Il y a des efforts, des lenteurs, et du soulagement. Ils se sont invités et ont inventé une prière bien sérieuse, sur chaque étagère, repose une relique et la poussière vole, l’encens se répand et tourne. Par qui est-on invité, comment se font les alliances, ou se jouent les catastrophes, les prières montent des cœurs simples.

17 Juillet 2007.

dimanche 9 septembre 2018

Un sanglot au ciel bleu.

Pour se prendre et commencer et pour se perdre et s’empêcher et se tordre et s’envoyer sur le sol, dans l’air et dans le feu, vers les voiles et les boucles, les médailles et les épis et finir aux aurores dans le moment parfumé et sensible et entrevoir le salut sur la route.

Il y a dans l’air trop de chaud et d’angoisses et des fuseaux de blé et des paniers tremblants et des montagnes d’ombres folles, pour se prendre il rumine et attend et se calme dans l’air trop chaud et sans mouvement. En confiance dans le pas, le pied est tendu, et frotte le sol calme, pour se prendre à la suavité, l’allant, la souplesse et la fermeté, il croise au loin, le pied et l’ombre et mire des œufs et des fleurs de tendresse. L’esprit calme, et la fureur du ciel, croisent dans les parages, il accumule et reçoit par les yeux et le cœur et chauffe le tas de paille et les cailloux. La liberté, le naufrage, la retenue, il mêle toutes choses et pose à terre des offrandes pour rien et pour tous et pour lui même, il se libère des ardeurs et coule dans l’eau noire, ses serments avancent et repoussent l’ennui, la solitude est une affaire de raison.

Pour se prendre, toujours la raison avec la saison et le parage avec le ramage, les oiseaux visitent la contrée, les fleurs sur ce chemin éclosent une à une il n’y a pas plus de raison que de saison, la marche est lente et intense, le pied est tendu bien droit et se pose au sol entre les cailloux et l’éclat du bois calciné. Les images visitent une à une les maisons et les cœurs, et sondent les reins. L’intérieur est en transe, la vieillesse n’est pas calme, un rêve mêlé de jeunesse et d’ardeur, de fleurs sacrifiées, la folie sur terre noie les remords et les souvenirs tristes. Les voiles et les boucles et l’ardeur frémissent dans le vent avant l’orage et attendent le feu et la suite lente et profonde. Ils se retrouvent au bord et comptent les cailloux, sur le chemin de terre et de feu qui enlace les orteils et crible la peau de mouches et d’abeilles. Le pas est lent et lourd, le pied est tendu, la marche est intense, les orteils sont tordus et les lèvres gémissent, il y a une explosion, le corps est en vendange, grappes par grappes et feuilles déplacées et posées dans un panier sur la route qui avance, la vie est en morceaux, les oiseaux enchantent et le soleil troue les ramures, les petits se prennent pour des géants.

Le pied est tendu, posé et avance un pas sur un autre, le vieux corps avance sur terre, dans la poussière, dans la saison du chaud et du funeste. Ce chemin est terrible, la vie est affreuse, le corps est bien trop lourd, ses morceaux se comptent en jachère, la suite est pesante, les peines sont noires, il avance et renverse les rêves les plus beaux, la ferveur avance. La marche est terrible, les ordres posés et rendus sur le vif, le désir est sali, la bouche est en avance sur un baiser au sol, dans les éclats du bois calciné. Les mouches et les abeilles et la délivrance, il a tout mélangé et repris point par point, le souffle est court et juste, bien trop faible et sans charme, le pied est tendu et traîne des nuages de poussière, et de cris, des échardes dans la main. Il a rêvé d’aurore, de doigts de roses, de pied léger, le vieux marcheur avance et crache sur les ombres des remords et des vagues de sang sur les cailloux. Pour prendre, et commencer, et surtout se perdre, et empêcher et se tordre et envoyer un sanglot au ciel bleu.

16 Juillet 2007.

samedi 8 septembre 2018

Insinuées.

Elles s’insinuent, entre les carreaux blancs et les carreaux noirs.
Nous sommes balancés, aux supplices, aux plaisirs, de la solitude.
L’âme, au pas, au souffle, au désir, au tourment, rêve de lumière.

Sur le fil de la nuit, les pensées s’étirent, en gouttes de rosée.

13 Mai 2007.

vendredi 7 septembre 2018

Et d’une tombe obscure, et d’un œil joyeux.

Il leur faut avoir de quoi, au jardin, et toujours s’occuper, et respirer à fond et sourire et commencer, commencer, sur le plat, sur le sol, sans retenue, sans retour, sans calme, commencer, le lointain et les épreuves, respirer l’air à travers un mouchoir.

L’ardeur renverse et conduit loin. De loin, de proche et si promptement et sans encombre, ils avancent vers tout et offrent des colombes et versent au sol une brassée de plumes blanches. Les oiseaux ont l’œil cerclé de rouge, le petit cœur explose de tant de souffrance, le petit cœur revient, en broderie sur les mouchoirs.

Il leur faut reprendre et refonder, et enfanter au ciel des étendards et refléter sur l’eau le mouvement si lent, et bercer la chaloupe sur l’océan. Ils se tiennent et boivent et répètent pour eux seuls, le chant aigu et las et la prière absente, il faut s’y reposer, il faut s’y endormir et tendre sur le flot une lampe pour la tempête, les jours mauvais viendront et rempliront la barque du cœur des oiseaux et des larmes des yeux.

Les bateaux, les oiseaux, les simples sur la route, le cœur abandonné, la lente procession, les aveux, le pèlerinage des ombres sur la pierre chaude et tournée vers le ciel, vers le haut. Ils sont apprivoisés et perdus d’espérance, les guerriers redoutables, ils tendent vers le monde la boucle, le sarcasme, la liberté vaincue. Les ombres vont trembler et danser dans leurs paumes, y porter la lumière de l’ombre jusqu'à leurs yeux.

Redoutables et fiers et simplement tendus, ils pressent sous leur nez le cœur des colombes, sacrifiées à l’aube, au pied des choses et des genres, dans le jardin rempli de chaleur. La boucle s’enfonce dans la chair, les murmures accompagnent dans l’ombre de chauds enlacements, des étreintes, qui poussent au ciel, en gerbe de vie, en flot de regrets tendres, une saveur perdue de roses et d’iris. Les yeux abandonnés glissent sur le feuillage, une clochette, un ruban rouge, un feu au loin et de l’eau dans un bol.

26 Avril 2007.

jeudi 6 septembre 2018

Et après ...

Et après avoir fuit,
le dos à la mer,
il voit plus de cent bêtes sur le pré,
au pays au dessus des eaux.

Il souffle et précipite,
le vent sur les épaules.

26 Avril 2007.

mercredi 5 septembre 2018

Dans l’air ...

Dans l’air, dans l’eau, dans la plainte, dans le bruit et le renouveau : la chanson lente, bien lente. Le reflet et les oiseaux, le soleil, le partage, et l’éternité pour jouer, pour confondre sur l’eau : les éclats de la liberté. Les épreuves, le doute, les bateaux, un supplice, la descente dans l’air sans ornières, un simple mot : adieu.

Le lourd, le grand, le chaud, le brave, il chante de jolies chansons et il commence une bataille, il entend les herbes, le vertige, le calcul, le seau d’avoine, et les chardons qui piquent l’âme. Sa fenêtre s’ouvre sur l’aube, sur l’escalier, les prés. Sur la rive, dans la boue les pieds s’enfoncent et sont semés. Il y a du héros sur son chemin, dans le jour, dans le raffut, dans la peur, les ombres et les silences et le frottement de l’air sur sa peau. L’œil est fermé, l’œil est ouvert, la bouche coule de salive, il ne donne plus rien et il enfonce dans le sol le bout pointu de son bâton, bourdon creux et mélancolique, plein du détail des aveux. Il aime les chansons et respire fort, sur la volupté, sur les jambes, sur les angoisses et les soucis et sur la peau qui se colore, et donne un frisson au ciel.

Il avance et se raconte et enferme sa déraison sur le sentier qui grimpe. Il frotte et décroche un bout de ciel, un bout de peur et d’aventure et d’habitudes et d’orgueil.

26 Avril 2007.

mardi 4 septembre 2018

Paysage.


De l’air, de l’eau, des poissons morts, des chevaux, des taureaux et de l’air, de l’eau et de la lumière. Des oiseaux flottent et emprisonnent, l’air et le vent et les rafales, et descendent et recommencent et enjambent le pont sur l’eau. Un cheval s’effarouche et refuse le trou d’air au dessus de l’eau, et recommence et avance les yeux bandés. L’air emprisonne l’eau sous son pas. Il est lourd et recommence, il finit l’amère chanson, les sanglots longs, les bateliers et la marine, les voiles dans la vapeur et un supplice étrange, il a soif, il en veut, il hoquette de rage et de plaisir et il n’avoue rien, comme ceux qui se respectent et tanguent. L’eau coule lente et parfois change de sens, les branches flottent à la surface, les oiseaux passent dans le ciel, le goût est étrange, sur les lèvres le sel et le sucre se sont mêlés et reconnus et frottés l’un à l’autre.

De l’air, de l’eau, du feu sur la maison, les enfants agitent un sac de billes et refont la géométrie, paysage d’une étrange façon. Les enfants frottent le sac de billes, sur la peau nue, encore simple, encore fine et transparente. Ils accrochent les billes sur l‘écorce et sur le bois. Des yeux de verre, une géométrie, points et tirets, les oiseaux passent encore et soufflent sur le haut des arbres, flottent et emprisonnent, l’air et le vent et les rafales, et descendent et recommencent et enjambent le pont sur l’eau. 


24 Avril 2007.

lundi 3 septembre 2018

Marcher d’un grave pas.

Il avance et passe sur les traces, le temps est organisé, le retour est prévu, il est pris dans la danse, et Monsieur oui, et Monsieur non, et, comme il marche gravement, et comme il salue tous et chacun et comme il recommande son âme à dieu, son âme au diable et comme il recommence et enfourche les chevaux qui se présentent, et il recommence, et n’en finit plus, et pousse, et sort, et grogne, et vire, et il espère encore une fois, faire feu de tout ce qui l’inspire, de tout ce qu’il entend, et de tout ce qu’il n’a pas encore vu. Il espère, la vérité, la tourmente et le carnage, et il espère faire un tour entier du monde pour venir et reprendre, et commencer et se répandre, faire aussi d’une image une inspiration, et boire à la source comme sur cette plage là-bas, ou sur ce bord, ce toit du monde, perché et plein d’eau et de poussière fine.

Les oreilles rouges, il reprend de la considération, du retour, du partage, de l’obscurité, de la bienveillance, de la profondeur et du repos, du repos. Il demande du repos, des jours sur la paille fine, des fleurs pour compter encore et reprendre le fil d’une chanson, des efforts et des aventures, la chanson lente, lente, lente, le plus petit et le plus grand et le refrain toujours ardent, toujours plaisant, bien en place, et bien fini, et sans erreurs et sans trembler et sans personne, que la faim et la soif dans les prés et le temps qui passe et passe, passe.

Il pense aux anciens, Monsieur oui et Monsieur non, toujours penché, bien en avant, pour entendre dire et refaire et combler et précipiter et reprendre et comprendre sans rien y faire, les regrets et les douleurs, douleurs, coupables et folles d’un printemps surprenant et plein. Il évite l’horreur du monde, le calme. Les mots sont empilés par deux, par trois, par onze, quinze et trente et pour finir il y revient et recompte sur ses doigts, sept et neuf et trente trois, ses espérances, son domaine, rien ne bouge, il se fait roi et recommence et il reprend son privilège.

Les fleurs, sont mortes, du printemps, les escargots agonisent, à la fenêtre, sur son rebord un verre rouge, abandonné, la vie est lente, lente, lente. Les enfants jouent, les noirs sourcils, les ombres folles et les remords, dans la rue. Au talus, sur la pente, poussent des fleurs de mauvaises graines, des stupidités, des épreuves et des mots, entassés sans cesse. Il y a sur le bleu du ciel un coin noir ou tout se meurt, les noirs sourcils, les ombres folles, la fin est proche, le soleil est encore haut, les escaliers et les marches, tout grince sous le pied. Il est perdu et sans espoir, il tourne rond et recommence et se penche sur l’avenir, il regarde le passé marcher d’un grave pas et d’un air plus grave encore dire, Monsieur bonjour, oui Monsieur, Monsieur non et reprendre sans rien en faire.

Ils étaient sur la corde raide, tendus et pris dans le clair temps, sans souci. Il espère, du temps à finir, du train à tenir, du renouveau, des images et du miel, des regrets et des plaisanteries, des riens à dire ni à faire, et reprendre, et penser, et célébrer les temps anciens. Il pensait fort aux autres et saluait les anciens, Monsieur oui, Monsieur non, marchant d’un grave pas et retenant un grand sourire.

20 Avril 2007.