lundi 24 septembre 2018

Des évidences.


Et on soulève, feuille à feuille, et on tire sur le plus clair, le temps revient et c’est bien rare, avec un bras galbé, un pied arrondi sur le sable et des grains sur la peau salée. Les feuilles glissent sur les rêves, les images cachent le jour, la conversation est bien tendre, bien grave et sans sujet, la suite vient avant le début, plus de raison, plus de rigueur, un gouffre est ouvert profond et sans lumière, la vie y tombe doucement.

La chaleur tend, et tend la peau sur les cailloux, au soleil, en silence, le vent est calme. On a une grande peine, l’ombre cherche sur les bras en croix et cruellement abattus, et cruellement détendus et rebattus, la fin ne vient, ne vient, on y pense, ne rien en faire, ne rien donner, et puis un tour, une serrure sur la planche, une ouverture sur la vie, le fond est noir et sombre et le soleil s’y refuse, n’y voir personne, n’y rien prendre et reculer et refuser.

Il faut marcher vers la pénombre et pénétrer d’en haut, d’en haut. Les feuilles tombent, les oiseaux glissent sous le vent. Comme une chanson grave et tendre et retenue du fond du cœur, les oiseaux glissent et rien ne pénètre. L’obscurité est installée et bien tendue et bien tenue et en remorque sous le cœur, et en attente sous les vagues d’air trop chaud et trop, trop lourd. Et on inverse et recommence et le trop chaud est en frissons, en claquements de dents, il fait bien trop froid sur le front, sur la candeur, sur l’attente. Sur la terre le persil sèche, il est en visite et recommence, le persil dévoreur d’enfants de roi.

Et feuille à feuille, on recommence et l’ennui tombe du noir et du loin, la vie est refusée, les yeux circulent, quelle aventure, le persil sèche sous les arbres. Le vent refuse et recommence et les branches sont bousculées et l’eau s’écoule et la boue sombre sous les palmiers. La vie refuse, les yeux ont peur et détournent un éclair de feu et de sang, le persil est bien arraché.

Le cœur étonne et entrouvre un clair, penchant vers l’émotion, la sensation est intense, l’eau coule et de boue couvre les pierres. Il faisait trop chaud et tout proche ils se claquent d’un grand frisson, la fièvre, et les yeux brûlent, et jaune et rouge, et renoncent. On refuse et on inverse et le froid vient du chaud tenu et percé et rien ne menace, rien ne vrille la chanson lente des arbres, ils roulent dans l’air et des pauvres effarouchés meurent de chaud et de soif dans un grand frisson de fièvre et d’impatience. On tourne et retourne et les images vont ailleurs, le début vient après la fin, les hauteurs sont sous les ombrages.

Et feuille à feuille, on recommence et on tourne rond sous les rayons, le froid, le chaud, la déraison, on accroche le tronc des arbres pour essayer de tenir bon, d’avancer droit. Plus rien ne monte, plus rien n’est construit, plus de pont, plus de pente, plus de mur, des fouilles, des vestiges, des idées simples, le froid, le chaud, le haut, le bas.

27 Juillet 2007.


Retour de rien.

Au début la dernière page, et l’on tourne la page, toutes les pages comme ces feuilles qui glissent dans nos songes et tournent et tourbillonnent dans les nuits du temps… avant de recouvrir d’or le corps de la vie… si fragile.

Les cailloux déchirent et brûlent les pieds de ceux qui attendent aux pieds du sacrifié. La paix hachée menu et la peine est grande. Ne rien dire et prendre, s’arracher du sommeil, tourner la clé et s’ouvrir au monde.

Dans ces longues nuits de fièvres, de sueurs froides et d’absences, l’obscurité est une vague qui recule et qui avance, qui s’achève et recommence. Une bouche ouverte dévoreuse de petits princes.

Les feuilles tombent et bousculent les branches. Ce qui s’est fait va se refaire. Le vent va reprendre sa route… là-bas… sur le chemin du crépuscule, au fil des heures et gommera avec douceur les aspérités de l’ombre.

La fièvre brûle les âmes et les cœurs, et dans cette nuit de gel les cœurs se percent et pleurent rouge, et soufflent jaune. Des images insaisissables hantent la nuit de fièvre et d’impatience. La page se tourne et se referme… à la fin la première page.

Plus rien n’est, et plus rien il n’y a. Le chaos, le silence et tout recommence et tout renaît du grand froid…

"Au commencement était"… …le rien…

Maria Dolores Cano  
24 septembre 2018 à 16:43

1 commentaire:

  1. Au début la dernière page, et l’on tourne la page, toutes les pages comme ces feuilles qui glissent dans nos songes et tournent et tourbillonnent dans les nuits du temps… avant de recouvrir d’or le corps de la vie… si fragile.

    Les cailloux déchirent et brûlent les pieds de ceux qui attendent aux pieds du sacrifié. La paix hachée menu et la peine est grande. Ne rien dire et prendre, s’arracher du sommeil, tourner la clé et s’ouvrir au monde.

    Dans ces longues nuits de fièvres, de sueurs froides et d’absences, l’obscurité est une vague qui recule et qui avance, qui s’achève et recommence. Une bouche ouverte dévoreuse de petits princes.

    Les feuilles tombent et bousculent les branches. Ce qui s’est fait va se refaire. Le vent va reprendre sa route… là-bas… sur le chemin du crépuscule, au fil des heures et gommera avec douceur les aspérités de l’ombre.

    La fièvre brûle les âmes et les cœurs, et dans cette nuit de gel les cœurs se percent et pleurent rouge, et soufflent jaune. Des images insaisissables hantent la nuit de fièvre et d’impatience. La page se tourne et se referme… à la fin la première page.

    Plus rien n’est, et plus rien il n’y a. Le chaos, le silence et tout recommence et tout renaît du grand froid…

    "Au commencement était"… …le rien…

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