lundi 30 avril 2018

Les objets ...

Les objets se perdent, la parole est amère, l’écho annonce le carnage et les pensées se brisent sur le sol, la nature offre à profusion, herbes sauvages et vermines pour donner à l’espoir le bruit de la fidélité.

La morale est écrite dans un long rayon de plainte …

Les rois sont vaincus et se donnent en spectacle au pied du mur. Leurs ruisseaux sont comblés de traces, ils tournent en rond et répandent au loin les cendres des morts au champ de larmes. Ils impressionnent un peuple tremblant et jurent pour eux seuls le retour de la sauvagerie. Les enfants sont dans la confidence et l’espérance va grandir. Les traces sont visibles, les coups se griffent dans la joie.

Ils se gardent de tout mal ceux qui cachent les aveux, ils sont fuseaux à fendre et roues à tourner sur les pierres de l’innocence …

Grandissez en démesure et en indépendance, poussez votre haleine à grandes enjambées, rien ni personne ne fera pour ces enfants un pas à droite ou à gauche. La foulée est irréversible et l’écho dans leurs poitrines module à l’infini une chanson de couverture contre la raideur et l’ennui. Leurs efforts se conjuguent au passé et finissent sans artifice. L’énergie se vide en soubresauts, la fracture est à l’horizon. Les jambes s’allongent vers l’avenir où passe le chantier de l’âge. Quel sursaut et quelle rigueur, la branche est morte et le panier à percer.

L’osier laissera le liquide enrichir la terre et chantera ce sacrifice …

Entendez au loin le pas serein de la mort qui approche et vient sentir le mal avant l’oubli. Il faut chanter ce qui monte du fond, ce fond de vase serre la destinée des heureux qui se désolent dans l’ennui et le doute. Les vainqueurs sont surpris et voilent leurs yeux devant ce fond de boue qui cache la perle de lune. Les enfants sont en avance et offrent une vision de joie, ils travaillent pour un peuple à la renverse, les pauvres sont méchants et les pleureurs se donnent un fardeau.

Il faut imprimer sur terre et dans le ciel ce qui fait la force des rois, le cortège est en marche …

Le discours décrit le brocard, la broderie d’un drapeau. Qui ose ainsi parler sans honte et sans ordre, les vérités fusent, dans la trouée de feuilles glisse la lumière. Il nous fait rire celui qui le chante, les mots, sans fondement, choquent dans sa bouche. L’épine au flanc, les hommes murmurent l’inconnu et l’immobilité. Les cheveux sont à couper et se mêlent en tours de gui aux branches. Il faut arracher de la terre, les dents de la faucheuse griffent une langue de complaisance. Il se querelle avec le temps et décompose la matière, ce bateleur qui tourne la parole en brouet pour les corbeaux, il fait erreur et chante sans conviction un air pour attiser la fureur.

Un orateur va se taire, il file à mots perdus la bannière de son temps.

20 Décembre 2005.

dimanche 29 avril 2018

Esclaves amoureux.


Il pleut du vent sur cette maison d’herbes folles. Le jour est proche de la mort, le calme vient en récompense, répandre le feu et demander pardon. Un cortège de noces chemine dans la pente, le sable entre les doigts, glisse la mer en écho et chante dans l’air.

Il va bientôt venir le temps de l’héritage. La lune cherche un sentier dans les branches, les oiseaux taisent l’air bleu, il est l’heure et la fin de la bataille, il est temps de cracher sur les pierres un poids de déraison. La file se tord de douleur et de froid, à la porte les grands se frottent dans le sifflement. Le vent ravage les fleurs fanées depuis longtemps dans les remords. Ils se tiennent serrés et au chaud sous les branches, les roitelets fugueurs, ils donnent la leçon et font trembler sur les tiges lasses le regret de l’été, le regret du beau temps.

Adieu à tous, petits valets de pierre vous comptiez les ruisseaux et les brins d’olivier. Le chien est en partance et règne encore un peu sur son coin de ciel bleu, son paradis d’amour. Sa vie fut un rêve, une parade, un bal de prétendants sur des pointes de soie. Il est toujours à dire l’amour vaincu et vainqueur tour à tour, une fantaisie pleure et chante sous les arbres lassés, promis au sacrifice. Il est en ce moment du vent sur les cailloux et de la poussière sèche sous le linge. L’horreur est une promesse que tout fera tenir et qui arrivera, elle défait la grandeur. Un spasme, un sanglot pour la belle mourante, dévide son compte de vie à terminer. Les adieux et les pleurs sont à venir ce soir où demain sous les branches étoilées.

Il faut partir et monter vers le royaume ou pleurent les agneaux et chantent les innocents tombés des arbres, ils ont tout donné et si peu reçu. Au revoir petite, si pâle, qui a régné sur le bonheur simple et calme de monstres de tendresse. Ils refont le chemin et donnent aux oiseaux du ciel un sacrifice d’heures de bonheur. L’infante ferme un œil et hoquette sur le tapis royal, s’y berce son dernier temps. La tristesse ouvre les yeux noirs, ils pleureront bientôt ton départ, gardienne des jours de bonheur simple et de silence. Un grand soupir, les pattes croisées sous le museau, les yeux de l’amour donnent un héritage aux enfants, ils vont vivre sans elle. Il faut que tout se taise et donne de la ferveur, la princesse part pour son grand voyage bien avant les deux fous. Ils la retrouveront, un soir ou un matin, un jour certain, plein de feu et d’orage dans une chaleur d’été, sur un plage, à courir derrière les plumes de la vie, en transe sur le sable, une couronne pour ses héritiers. L’enfant pose la tête sur ses pattes et coule une larme entre ses cils noircis, la vie fut belle et bonne. La dernière trahison est le temps qui repasse et fait chanter trop haut et pourtant bien. Les effrontés dansent sur le sable et n’oublieront pas cette reine du jour. Adieu, bercée sur le champ de l’enfance, la vie s’achève, les temps sont graves et griffent le cœur, sans blessure, ni sang.

C’était une petite bête qui aimait la vie et surveillait sans cesse son troupeau d’esclaves amoureux.

19 Décembre 2005.

samedi 28 avril 2018

Un tour d’automne.

L’hiver s’impose, clarté douloureuse, le renouveau est en marche. Une colère dans la joue, déforme le menton, le regard avance sur le savoir et l’avenir. L’humeur est changeante, la malice mord les envies. Une longue tension lance un tour de rêve contre le froid et la peur. Les hommes chantent à la grandeur, un souffle de toile et de vigilance. L’ardeur est coupable, elle achève une saison de révolte, de crachat et désespoir, il faut partir et renommer le monde, faire dans l’instant une folie de son amour. Les adieux unissent à la suite, ils sont à dire au loin, une clairière, la tête s’obscurcit. Il faut sortir du tiroir, ouvrir l’œil et la fenêtre, la vue plonge dans le brouillard. Les feuilles aux arbres, l’automne, meurent dans le froid au plus haut de la pente.

Au plus haut de la pente, aveuglé, on sent les dépouilles et on avale une once de bonté, lapée à même une écuelle, dans le froid et l’absence, sans mot et sans idée, la saison achève, le feu fait passer de l’absence à la difficulté, de la douceur au supplice, le froid y mêle son ardeur, effleure et fait briller. La peau en attente, souffre, le baiser refusé, donne du poids au silence et à la volupté. En souvenir de la clarté, la vie donne pour entendre et finir dans le soir qui frotte. Un crépuscule de saveur, une portée de sable chauffée dans un chaudron de vieille femme. La confiture est un don, poids pour poids, ardeur et ordinaire et sang mêlés dans les yeux. Le bouillon est amer, la cuillère de bois tourne et mêle espoir et vigueur dans le sable qui mord.

Tourne que tournera, et rit et chante et pleure sur toi-même, muet et aveuglé tu ensorcelles et te défends, dans l’ombre pure, soir d’automne, les aveux et les souvenirs, marquent les saisons mortes.

Les feuilles brûlent dans la pente du pont au rebord du rêve et de l’ardeur, le sirop coule du manche, le bois se colore et donne un tour de plus au souvenir d’une raideur sans raison, dans l’ombre, une saison perdue dans le froid. Les odeurs se précisent et donnent au tour en suite un fil de sucre qui gèle sur l’assiette, le chantier est en transe et finit sous la feuille morte collée aux branches. Le supplice reprend dans la chaleur des amours mortes, sans passion. Au fond de l’œil, dans la fuite, la déraison est en marche, le silence nourrit les reproches. Sous le froid, le pas des étrangers glisse comme sur la glace et le parquet. La chaleur tourne sous le sucre, la gelée prend dans le chaudron, les ardents usent de tenailles et cassent le cristal. Le monde est en ouverture, le sang est mêlé, l’enfance se noie dans le tour de cuillère qui se lance vers la bouche et glisse sur la peau mordue et fatiguée. Les rêves tournent dans la marmite sur le feu qui fond les morceaux, le monde se fixe dans le mélange, le gel réunira les grandeurs, et les racines vont perdre le pouvoir. Couleurs mêlées dans la lumière.

19 Décembre 2005.

vendredi 27 avril 2018

Une ceinture.


 I
Une grappe pèse le poids d’une ceinture. Le chien avale l’eau trop froide. Dans la douleur et la fascination, il faut chanter et donner et dire. Par chance la vérité est à l’heure. 

II
Je t’ai retrouvé, amoureux de chair ronde et ferme, ta dureté a besoin de soutien et ta vigueur est digne d’un encouragement. La leçon est facile et la sueur en dit long, le temps ne change pas l’affaire. Les jeunes sont venus dire dans le chantier, l’ardeur et l’imprévu, la farce et le drame. Ils sont debout et parlent d’abandon les rêveurs, de la lune, un regard vers l’espace et le temps. 

III
Que faire avec eux s’ils sont armés à l’arme blanche. La mélancolie est à l’heure et chante sous le flot, dans la vapeur les herbes se consument. 
IV
Un soir un très beau fascinait une bête, tout blanc à peau noire il levait la tête d’un taureau qui frôlait et chantait, les sabots frappaient les planches rouges. Le poids de la ceinture volait au passage des cornes amoureuses, elles se plantaient dans le sable éclairé de lune et le sourire de fauve découvrait la morsure possible. 
V
Ô, il monte vers toi et il te dit, pour l’instant la vie circule sur un rayon de lune qui grandit sur l’étang. Parce que la nuit est froide, parce que la vie est lente, parce que le bonheur est en herbe dans la voie lactée. Les étoiles se donnent et chantent dans le regard des absents, ils triomphent et donnent dans l’air une leçon de volupté. 

VI
Tombe le poids d’une ceinture au coup frappé sur la planche, dans le désordre. Les sentiments commandent et ordonnent, un élan, une façon de faire avec l’air. Les contraires s’unissent et dansent sur le sable de lune, les dents de fauve mordent dans la poussière l’éclat des regards. La fuite des enfants sous les marches éclate la nuit et défait la chanson, les deux affrontés se cabrent dans les angles et signent sur le blanc une prière pour les dieux. La jeunesse est en marche, sur le clair de la lune elle serre les détours et fracasse la vie. Ailleurs d’autres se consument dans la fumée, la vapeur est un voile et décline la lune. Les efforts et la joie dégagent les épaules, l’eau coule sur le front, le souvenir du combat dépose un drap sous la tête pour y cacher l’amour.

VII
Ils chantent un peu haut, ils ont osés et s’en réjouissent, la vie est lente, le nom de chacun est caché sous le drap, la tête repose et le fil du rêve y voit un monde en éclats, bulles à la surface, lentement elles recommencent. Le sable, la vapeur, la brume, la nuit et le brouillard, répondent et chantent dans l’eau et sous la lune, les enfants sautent l’escalier. Tout descend et se pose sur l’eau et sur le sable.

20 Novembre 2005.





























jeudi 26 avril 2018

Il plonge, supporte, atteint.

Des amis cherchent et trouvent et commencent à chaque pas un signe, du calme. La ferveur est intense, explosion, l’habitude a inscrit ce rêve dans le sable, la surprise est une effraction contée sur le banc et sous le drap, aventure conclue entre deux parfums et une éternité.

Il plonge en enfer, les choses, sa vie conjuguent sacrifice et raideur, bras tendus, la vigueur serpente sur une boucle de poils sans finesse. L’amour est une épreuve, une offrande d’erreurs et d’offenses. Les mots touchent leur cible, démontent le toit de la maison, les serments choisissent la peur, il faut fermer les yeux pour reprendre du souffle. L’effort gonfle la poitrine, il faut armer le poing, le tendre de courage, pointer vers le ciel une flèche de cœur et un aigu de circonstance.

Il ne supporte pas, la lourdeur du sermon, le plomb, un sacrifice. Il faut donner, du nerf aux fantômes, de la voix aux murmures, bruissante, la vie au creux du corps, la vie. Il gémit, la chaleur et le doute. Les oiseaux dorment dans la cage de fer et de pointes, ils témoignent, ils sont, à dire et à faire, sur la route du mensonge, ces élégants se frottent aux branches, les plumes tombent et posent le savoir sur le sol sous les arbres. La note est tenue, sa hauteur est un exemple, les cris se limitent au profil du bec qui lisse la plume la plus longue avec ferveur. Les yeux répondent et chantent sous le drap, l’affrontement est un comble, entre l’indifférence et l’accomplissement total.

Il a pu atteindre au plus haut et donner sans douleur ce qui doit se donner. Où est l’explosion, où les actions de grâce, il pleut sur cette mémoire, les dieux sont enfouis sous le drap et sous l’eau. Ce qui vit se replie et pourtant au plus grand, au plus beau, il faut étaler le jour et la nuit, la fureur et le besoin, et dire, et siffler, dans le calme et le repos.

La détente est nécessaire, l’affrontement fut, les vagues se succèdent et du plaisir, pour mille et trois, se répand sans spectacle et par surprise. Les mots défigurent, les yeux sont inutiles et déboursent les âmes, la fatigue est venue, la ferveur tient, les ombres sont perdues, la vengeance est morte. Il est entré, le temps, l’orage, les fenêtres se ferment, passent les nuages.

12 Novembre 2005.

mercredi 25 avril 2018

Des plumes.

Il est temps, on écoute la chanson des oiseaux sous les branches. Il y a dans le soir une tension qui effleure le cœur et réconforte l’âme, les oiseaux chantent sous les feuilles, les yeux pleins de la dernière lavande. Les ouvriers sont à la peine, leur raison est couverte par le secret. Il va fermer le jour l’homme qui construit. Il gémit, le chien lèche les jambes, et sombre dans la peur de voir tourner le couteau du sacrifice. Il est debout contre sa porte celui qui veille sur les ruines à jamais encloses, les animaux marchent sur une tombe, la trace des uns oublie la mémoire des autres. Les disparus sont en attente et se reconnaissent pour certains. Assurés du retour de toute chose sur cette terre, les oiseaux reviennent et meurent en abondance, sous les arbres les plumes tombent. La nature est en panne et cache un malheur, les oiseaux meurent à l’heure de la promenade, le cœur est soulevé, les images tordent en tous sens.

L’orient est en pointe, les hommes sont contents et chantent, comme sifflaient les compagnons sur leurs échelles, il faut atteindre le haut pour chasser le malheur. Les oiseaux par millier se donnent à l’aventure et tombent sous les arbres, la chanson des noyés bat sur le flan de l’homme appuyé contre sa porte, il surveille le chantier. Il faut grimper l’échelle pour conjurer le malheur d’être si bas, et chanter sous les arbres, sous les oiseaux. Les pieds dans les plumes signent le malheur. Contre la porte, il regarde et hésite, le pas ne mène ni là ni ailleurs, le temps est au calme, les oiseaux meurent sans violence. Les plumes effleurent la tête et le cou, il est doux le paysage et elle sera forte la saison, le froid viendra bientôt et le vent reprendra. Pour l’heure on se pare et on regarde le chantier, l’ombre s’étend sur la terre, les oiseaux sont oubliés, ils tombent sur le monde, les plumes sont douces au cou et aux épaules qu’elles frôlent.

La caresse de la mort frémit sur l’homme qui veille dans l’ombre et écarte de ses yeux l’odeur des dernières lavandes. Il faut rentrer, l’orage peut venir et céder devant la promenade, les oiseaux ont envahi les arbres et chantent et meurent et le soir vient dans la dernière lavande, les hommes forts ont quitté le chantier. La saison est au partage entre l’été et le froid, l’hiver viendra. Dans l’air tendu et griffé, les oiseaux passent et sèment sous les feuilles des montagnes de plumes pour suivre la saison. Il faut monter haut pour voir les hommes s’agiter, faire et défaire et voir le dos des oiseaux. La colère est un feu, il grossit les âmes et tournant un couteau, fait pleurer de longs sanglots.

Ils sont bien en avance et ils nous déshabillent d’un coup de bec ces oiseaux de malheur. L’orage qui viendra ferme toutes les portes, les ouvriers sont loin, ils chantent dans le vent, les chiens viennent marquer la terre, l’homme du chantier est appuyé.

Les plumes tombent et les oiseaux partent, les odeurs sont moins précises, la lavande oublie que l’hiver va passer. Le commencement de l’aventure se donne pour charmer.

28 Octobre 2005.

mardi 24 avril 2018

L’escalier.

Il vient comme il veut, le fil qui tend cette escalade. De guerre, las et de secousses, échaudé on se défend et glisse vers l’orage. Le temps vient à l’unisson et colle à la chanson avec justesse. L’éclat du jour est une source pure dans une bouteille, les nuages sifflent au loin et choisissent leurs aventures, il faut en faire une provision de blessures, de champs à labourer. Toujours voir, tenir la solitude et choisir. Plus loin une rancune, un faible écho, une faible conduite. Il faut dire :

« à bientôt , la vie meurt dans la montée et finit en course, entière et lestée de plomb et d’habitudes, de sable et de sel ».

Dans l’escalier un pied tendu est coupé. La vitesse les unit, enfants sages dans la liberté, ils volent loin dans l’escalier où le pied vire et tourne sur le champ et tendu un muscle sage, reflet, la glace fond sur la peau échauffée. Il virevolte sur lui-même ce pied qui ne soutient plus rien, ni poids, ni corps, ni mousse. La mort dans l’âme, il se confie et se détend dans l’escalier à compter sur la dentelle. Les spectateurs sont au balcon et la vie décompose, le pied tourne sous la chanson, le remord est un supplice, la chose est sûre. Au lointain le vent levé et sur l’eau la frise d’air accroche et tourne et s’engouffre dans le bateau.

Pourquoi penser à cette barque, le pied tourné vers l’intérieur, il se défait et se lamente, il a tourné sur le ponton. Les oiseaux tombent sous les arbres, les revenants sont en oubli et les tueurs sont au village. Dans la rue les enfants s’en vont et donnent de leurs pieds de chèvres des ruades de quatre saisons et tournent sous la semelle et font couler la sueur sur le front. L’espoir est mort pour la vengeance, l’escalier est un fouloir de rêves, de pieds qui tournent et d’accidents pour les anciens. La vie se tient dans la pénombre et fleure le souci et l’œillet. L’absolu est à l’ouvrage, le remords tient bien droit, les odeurs sont à la page, le linge sèche dans le vent. Un éclat de cœur et de voix, la solitude dans la manche, il est une nuit de repos pour se lancer dans l’aventure et sombrer dans l’étang. Encore bien trop de compliments et de caresses sur l’épaule, les aveux sont dans l’escalier donnés pour dérisoires, il faut entendre gémir et pleurer encore le vent qui déboule et lisse les feuilles dans la lucarne au passage sur le verre. Il faut briser les habitudes et cerner les contre temps, la violence et les coups arrachent l’air à la ramure. L’esprit est au repos, la chaleur est une offrande, les souliers raclent les marches et le guetteur se débat bien en haut sur le toit qui penche.

Finir, venir et tordre la raison et faire dire à ce qui pense, la vie est une déroute, il faut changer de regard et d’envie, tenir le désir à distance, donner aux autres un aveu, une faiblesse, de la constance, une ardeur de chien qui déboule. La vie fait rouler du haut en bas celui qui avait peur en grimpant l’échelle et se débat dans les tourments, il a été poussé et glisse et tombe et se retrouve sans savoir entre deux raisons d’exister il tient la rampe et se raccroche, il ne faut pas rouler l’escalier.

27 Octobre 2005.

lundi 23 avril 2018

Où commence le chemin.

Sa solitude fleurit l’escalier, la confiance dans sa poitrine. La route sans fin : la chanson, une fiancée au fossé, les cygnes passent et froides les tombes des héros. Il y a son envie voir la fleur de myrte et de jour décliner la phrase, délacer un col, défaire une chemise, sa mémoire chauffée dans la maison, dans le silence et l’oubli. Des papillons sortent de l’armoire et meurent. Les gris renouvellent la peur et la splendeur. Le silence rompu, son désarroi, il faut comprendre et dire la vie coule ainsi d’une image à l’autre sans continuité, sans recours, il fabrique et bricole un monde de mots sans suite et sans logique, qui chantent sans raisons et allient le désespoir et le contentement. Les enfants raclent la rue, crient des colères noires et chaudes. Tout commence, chaque fois, quelle est cette fois, qu’est-ce commencer. Il s’embourbe dans le fatras des certitudes, il parle pour parler, et dans le vide, il faut noircir le blanc, se donner une raison pour présenter le monde et les actions, des phrases comme des vocalises, sans rimes ni raisons, et pour dire vrai, sans rime ni raison, dire raison et penser rime. Il faut que le mot tombe juste et que l’angle droit s’arrondisse sous sa langue. Les enfants ont fuit la rue, le travail suit son vacarme, la phrase en suspens dans la tête et sous les doigts. Ils ont fini d’ombrer le monde et blanchissent leurs cheveux noirs de poussière d’anges. Qu’il est bon d’accrocher les mots à la réalité, après le soir et ses fantômes. Le passé en action sans cesse continue son tapage. Sa fierté en embuscade derrière les murs de la maison, sonnent comme dans les chansons, les petits à l’abri des paniers, la misère cerne le choc des remords et des incertitudes. La vérité pointe son aile dans un tracé, défait et effiloché, de vagues et d’ombres. Les écheveaux rompus dispersent, sa mémoire use tout ce qui se présente, les autres ont raison, la rime est à refaire. Il faut dire dans l’ombre le soleil des autres, les uns sont comblés, hommage rendu, la mémoire parle en ce jour de beauté et d’ardeur, les hommes sont en deuil, le souci ronge l’équilibre, il faut en faire un caillou, une pierre à tailler. Ce fatras, son monde, ralentit l’accent et chante dans l’oreille, il passe d’une idée à une autre. Il faut définir une façon, une manière, une marque pour la fabrique et faire et dire que le monde avance et se porte en chansons. Dans la lumière qui assemble et fait éclater, des voix, des mots muets et graves, il est un et il organise un univers sans repos en basculant entre rime et raison.

La pierre retourne à l’ombre et flétrit le sol sous elle. L’ardeur a commencé son ouvrage, les enfants ont fuit la rue, le chantier est un brouillon, il avance vers la vérité et tue ce qui reste de lumière, les oiseaux en abondance couvrent d’un bec pointu le bruit des machines, les enfants jouent ailleurs, les mots se bousculent et mentent sous les doigts.

26 Octobre 2005.

dimanche 22 avril 2018

Les sauvages.

La fragilité est au début de ce royaume, il faut proclamer le monde comme si on était roi d’autre que soi-même. Il faut plonger dans l’eau vive et voir un poisson, énorme aux yeux de l’enfance, il remonte le courant et file dans l’eau, elle est fraîche et vive, dans l’image elle est fade, le jade a viré céladon et la fraîcheur a fuit en gris de tourterelle. Il est doux ce souvenir, pourtant il était triste le petit qui courait dans l’eau derrière ce poisson. Une chanson comme de porcelaine a fuit, le repos sonne dans une étendue de coquelicots.

Ils courent vers leur perte et la branche où se pendent les barbares est sable et sciure depuis longtemps. Ils ont couru et longtemps ces petits derrière ce poisson dans la rivière, ils courent encore et longtemps sans que vent, ni pluie, ni neige, ni cailloux arrêtent ce cortège. L’enfance court après ce poisson, il faut terrasser les dragons, il faut des héros purs et fiers, heureux de vivre et de mourir pour enfoncer encore dans le cœur des passants les épines saisies aux mâchoires. Le poisson monte le courant et il grossit dans la mémoire, les enfants courent les pieds dans l’eau et dans le sable, ils vont et affolent. Les cailloux volent et se choquent dans l’eau et tombent sur la tête une blessure saigne, et meurt, la confiance a frappé et se meurt d’effroi et d’hébétude. Le bras était armé et sous le cheveu coule une ligne de rouge pur. Au bout du fil, il y a aussi un poisson, traîné vers la surface il souffle comme un dauphin de fontaine. La vie est là dans le poisson et dans la fente qui coule sur la tête, il n’y a plus de certitude, trahi par un bras adoré. Montant à la surface la prise claque le fil et tout se perd, confiance et renouveau, il faut attendre et regarder pendant longtemps, les poissons tournent et reviennent et s’ils ne sont saisis, ils sont là, présents et intouchables, rien ne les tient et tout en fait usage. La vie est tendue aux fils de soie qui tirent le trésor et donnent une envie de carnage. La vérité est autre et rien n’est perdu, les enfants sont heureux et courent les pieds dans l’eau après des monstres, les bras aimés saisissent des cailloux et frappent les enfants pas trop sages, ils ne sortent pas de l’eau et pourtant s’en vient l’orage. Que faut il faire et que faut il dire, les enfants courent et trempent dans l’eau des bâtons et des cailloux, les bras chéris lancent des pierres, elles mordent la chair sur le haut de la petite tête et le sang coule. Il faut du pardon et de l’oubli, les poissons filent dans l’eau qui était fraîche et vive, le souvenir en fait un pastel écrasé et plat, le jade devient céladon et opaline, les enfants courent encore et la mémoire balbutie, le poisson monte, le courant est doux, les enfants sont bredouilles, le bras aimé est retombé, le caillou a touché et le sang coule. Dans l’eau, personne ne croit à cette fable, le poisson est tiré par le fil de soie, il crève la surface et jette l’eau comme les dauphins des fontaines.

Les sauvages entrent dans l’histoire.

26 Octobre 2005.

samedi 21 avril 2018

Pour classer.


Il porte au bout des mains les doigts chargés de la récolte : les raisins et les pampres. Les chiens sont jaloux et hurlent dans la nuit. L’écho, le chant du coq sous leur plainte, ils se courbent sous l’escalier. Chuintent avec les loups, les oiseaux de nuit, ils veillent dans la maison, sur les branches et partent la nuit rencontrer la gloire des serpents et le repos des fous. Les chiens hurlent et forcent les fenêtres, la vie est un combat.

Le sacrifice bat, coupe et mord, je suis coupable et crains une blessure, les lilas sont fanés et l’espérance s’envole, les fleurs en ce jardin attendent un hiver d’eau et de froid qui croulera de vermine. Dans le lit du malheur s’effrite le pardon et je choisis le repos, en guerre pour l’amour, le volcan est en transe, je dessine la lance qui percera le flan et conduira le bal vers la pensée, la loi du genre. Il faut en finir avec la méfiance.

L’ardeur commence et le chagrin tarit, il est une saison de mûres et de vendanges qui font ployer le bras sous son fardeau de grappes et de feuilles, les raisins sont séchés et les rosiers fleurissent. La vie à contre sens est une folie qui plie au soir la tête du tueur sur sa vengeance, il me faut dormir dans l’escalier et décider d’avance qui sera le héros et qui donnera un élan vers le renoncement. Je refuse l’obstacle et les lilas meurent.

Jardin de saison et de grâce, les roses en mourront, étreinte dorée de soleil, serrées à la taille. Il est une position qui ravit et chante à l’infini, une stupeur marquée, les environs croulent sous la rosée et l’eau pour le repos. Les grenouilles dévorent, bataillon de mouches, les lézards fleurissent la tombe des grillons. Le chien jaloux force la fenêtre, les habitants de la nuit se fâchent sur le toit, les cris éveillent les dormeurs. 


Un bâton d’angoisse manque son but, il est trop vif et trop pressé le chien qui grimpe sur le mur et défie le seigneur. Toute l’autorité est serrée dans le ton, le regard est acide et vifs les mots de la chanson, le chien est bien trop libre et furieux le parrain. La pauvre bête tiendra-t-elle le choc, l’épreuve est à venir, le futur est dans l’incertitude, le chien est passé dans le jardin, la porte est forcée. La vieillesse est contrainte.

La jeunesse, le maître est furieux, les oiseaux de nuit chantent dans les branches. Le jardinier a nettoyé une récolte oubliée et le poids de cette vendange pour le feu le couvre de clarté, prêtre il officie pour les dieux les plus anciens et les plus jaloux, au feu, cette récolte de grains secs et flétris. Les dieux anciens mordent le présent et donnent aux absents une espérance, il faut entendre la vérité, les chiens mordent la chair.

Le jour venu enfin dresse la barrière, les affreux vont dormir et chantent les contents. La trace du malheur s’efface dans le soleil, les lilas fleuriront peu. Il est un pays au printemps curieusement qui coupe les tulipes, effraye le jasmin. Le cheval lève une après l’autre ses pattes, le sol est trop ardent, l’herbe a mis le feu à ses sabots d’ivoire, les chiens tournent autour des oiseaux, la prochaine saison sera d’un plus long carême.

Les animaux ont pris le pas et les dormeurs sont seuls dans leurs chambres obscures. La nuit porte au conseil une saveur de rêve sage, une fantaisie de sommeil en voyage et se défait quand tout est propre et rangé sur les étagères, une pelote après l’autre de laine et de raphia pour classer l’obscurité et faire luire la vérité.

26 Octobre 2005.

vendredi 20 avril 2018

Rugiadose violete.

Il tire de sa poche un fil d’effroi, une terreur gourmande, il se défend et dit : « la loi est elle faite de soupirs et de dents arrachées et perdues et de supplices pour les pauvres ». Il se donne dans l’espérance une grandeur à s’y méprendre. Il ne voit rien et s’enchante de venir ainsi dans le bois, sentir la certitude et retrouver le rouge gorge et la roussette, il donne un tour du coin de l’œil et finit sous la langue une goutte de sensation, un aperçu de vengeance. Les plus grands sont à la découpe et font trembler. Les environs démâtent d’un coup de trique une illusion de sincérité.

A corps perdu, dans la pente, il voit grandir une lance en un instant, désir noir et joue sanglante. Les traits se précisent et donnent un clair de joie, il vibre et l’histoire fait un tour de rouge et de sueur mêlée. A la limite du refuge, les fleurs ébauchent un coussin de laine et fil de soie. La fraîcheur sous les feuillages du mois d’Août se découvre. Il était là, le cœur à l’aise, un rayon rouge sur la peau, une flèche pointée sur le cœur et finissant sa quarantaine, portait dans le soir une brassée de violettes qui clignaient, une goutte de sucre filait du haut du ciel et concentrait dans la chaleur ces fleurs, ce crépuscule. Il est venu et revenu blanc de lait et d’héritage, gonflé comme la joie dans le poing tendu vers la sève.

Il se déhanche et fait tourner les violettes et un trait rouge frise dans l’air, penche et réveille les petits oiseaux d’un sommeil qui les fatigue. Il est venu, il est parti et jamais plus ne se rencontre cette descente de fleurs et de fauve mêlés en escarboucles, dans la fente une rose, rose, élargit et commence, la vibration est assurée. Il est fringuant et redoutable et sitôt bu, sitôt sifflé et reconnu et rentré droit dans la main sans recul. Le cheval prend l’obstacle et tremble sous les jambes qui serrent à partir des cuisses et contrôlent de l’intérieur du genou. Il était moyen de taille et fou furieux dans le regard et sa peau de lait et de sucre d’orge se frottait dans l’incendie du ciel partant vers la nuit. Il était en espoir sur une butte de sable chaud et cerné par les serpents et grandi, le regard portait au loin sous la main qui atténuait le soleil. L’œil éclate sous la giclée de lumière et de sucre chaud qui se déplace dans le ciel et chatouille les anges et sèche sur la peau que dore le soleil, reconduit à son coucher. Rouges de crin et de plaisir, les attaches se libèrent et teintent une saison d’abricots, tachés de rousseur, désaltérés sous le sein qui se repose. Son bras se déploie vers les épaules pour qu’on voie les étoiles se décrocher. Les lèvres font trembler l’air du soir qui se dépose au creux du cou sous le cheveu, frise de lune rousse. Les arbres verts se gardent, décocher une volée d’oiseaux et de pommes, les grains rouges regardés toujours et les poils dur raccommodés dans la pente, sur le talus, il était une offre de peau de lune et de caillou rouge et blanchi sous la dent dure. Il y eut un accord secret vers le crépuscule, les oiseaux tournaient et j’ai revu cet incendie dans une toile de rose, rose. Il était blanc de peau de lune et rouge de crin et chevelure.

25 Octobre 2005.

jeudi 19 avril 2018

Il chante, il soutient.

Il chante l’air, le soir, une étoile tombe, l’épaule retient les petits. La descente dans l’œil, les enfants se déhanchent et ferment la paupière sans effacer leur solitude. La peur dans la prairie choisit leurs âmes pures, envoie une volée d’angoisse, de rire et de sang. Les mains dans ce rêve balancent et frémissent. Les creux restent, les habitudes griffent sous les yeux une ride de complaisance. Une poitrine tendue sans repos et changée pour le retour. L’épreuve et la solution roulent sous la table en flacons remplis de joie. La peur de manquer affole, les peureux se découvrent, le vent hérisse leurs cheveux, les chiens suivent les bergères, ils montent sur le toit et raclent, raclent la tuile rouge qui se détache. Il y a un vent léger qui gonfle le tapis à sécher sur le mur en face, il se mouille chaque soir.

Dans l’escalier les visages sont à l’affût et descendent les étages. La verdeur du timbre et le grain de la peau, détendent. Il est en avance sur l’heure et glisse, glisse dans le soir sur la rampe qui le soulève, ce bel enfant soutenu par son père. L’admiration et la vigueur font un mélange, escarmouche et vengeance, un duel au pré quand l’heure est douce. Le silence couvre la parole lasse, le ton sans vie. Il est une saison, le bruit rampe, dans la pénombre, avant l’orage, les volets claquent et le mur se fend d’en haut jusqu’en bas. Il glisse sur le temps qui vient, le tout petit qui recommence et grimpe aussi sur le talus au dessus du chemin que longent les escargots et les limaces, la vie traînée dans un sillage de mucus, la bave atteint bien les oiseaux qui volent dans l’ombre et traînent une lourdeur de fossile, un écrin de boue et d’opprobre coule, coule sur le front et dénature.

La lumière est étrange et donne au soir une saveur de repentance, il allonge le doigt et caresse la peau des épaules. Il a travaillé dur et cherche sa voie, les trous sont comblés à la boue, le passant reçoit une blessure, une volée comme de bois, bien trop vert et qui cingle à peine le flanc. Une portée de hiboux hulule dans les arbres, l’affront est un mal à passer, un mal à dire le vrai et à faire, que le plus grand et le plus petit se rencontrent dans la campagne abandonnant les regrets et fuyant vers l’aventure. Il faut porter haut et loin un beau drapeau et chanter clair et chanter droit vers le désert et les clôtures, il y a dans le retour vers le pays natal, un mot caché, un mot perdu, un fil de soie qui se brise et franchit la barrière. Les limites sont atteintes, la fuite ne sert plus, il faut attendre dans l’air du soir le salut qui doit venir gonfler la toile et dessiner dans l’espace une figure de géant.

Une lueur grise sur le mur. Les inconnus sont attachés, la frayeur est un fardeau. Il viendra bien le temps qui clamera le mot précieux, doré du doigt sur la peau tendue du plus grand qui soit au monde. Le travail peut commencer, les yeux sont sur la nuit, la vie coule sous les branches, les enfants sont dans l’air du soir et le calme est en avance. Une étoile tombe sur son épaule et il soutient ses petits.

24 Septembre 2005.

mercredi 18 avril 2018

Dans l’air bleu.


Ouvrir et fermer, et attendre l’incomparable, la fenêtre ouvre sur le monde, il crache de l’eau douce et construit des plages de sable rouge sous le pas des chevaux. La terreur et les larmes coulent sur les carreaux, les chansons résonnent dans la bourrasque et l’ouragan, les petits sont en pleurs, les souris s’agrippent aux herbes, retiennent et plongent sous le poids, les fourmis sont perdues. Les lézards raccrochent et collent aux murs de cire rouge et jaune.

Les enfants les ignorent, les cavaliers passent, les pieds et les sabots dans la boue. La route encore fermée au poids de l’eau, le vent la soulève et vole sous la jupe, un grand effraye les bœufs qui refusent un repas de grenouilles. La terre tombe sous le pas des passants, ils comptent les blessures et dansent sur la faille, la mort approchée, les chiens fuient leur sauvegarde. Le soleil lèche la peau mouillée, les gouttes filent sur les aiguilles, les pins sont lourds, les fleurs penchent, la vie est secouée, les fils s’envolent dans l’air bleu.

10 Septembre 2005.

mardi 17 avril 2018

Saint Nicolas.



Ils explosent dans l'air bleuté, les cris des oiseaux sur cette île.

Après un long voyage on cherche le repos. La vie se souvient des oiseaux sur l'île des heureux qui se sont brûlés la peau à l'escalade et au retour, aller venir et revenir au rythme de la marée, l'océan est ouvert, les mures sont dures et acides et on rend grâce au temps qui va passer. Pourquoi dans cet été avoir si fortement pensé à l'hiver, au froid, aux plats de graisse qui réchauffent le corps. La peau était en transe sous le soleil, elle a fini par craqueler et se répandre dans les airs, à chaque caresse et chaque frottement. Revenir de l'île heureuse et réciter comme un cantique une chanson des temps passés entre les coquillages et les étoiles qui filent dans le ciel. La saison est en avance, le chien perd ses poils et lui aussi prépare son hiver. En reviendrons-nous de cette pente merveilleuse, les chefs sont à l'affût et tentent des embuscades qui les affolent et leur arrachent un cri de joie sans la victoire. Les mots s'accumulent sans tête et sans raison, où est la rime de cette chanson, où sont les guerriers et les partisans où donc est la bataille. Il n'y a que des enfants trop fragiles, un doigt cerne la taille.

La raison est trouvée entre l'hiver et les cadeaux, ce mois d'été dans un pays chaud, cette île est de Saint Nicolas qui régale les petits et les réveille au saloir, la graisse va fondre et la peau craqueler, la dorure ne tiendra que le temps d'un été. Le temps perdu, le rêve éteint, la bouche ouverte se perd sur les mûres trop acides et peu sucrées, les volailles sont en attente et le repas de la fin de l'année sera bercé par l’écho de la mer qui se retire et se défait sur les graviers, les os et les coquilles tapissent le perron et sont les restes des offrandes, les marins sont partis et chantent sur le pont, l'église est une illusion et le blanc se remplit.

22 Août 2005.

lundi 16 avril 2018

Il est sorti de son monde.

Il reprend l’histoire tordue du centre vers le reste du monde, il n’est pas grand, le temps file entre ses doigts, marque sa peau de cercles de raison, ils disent sa légende. Le vide est fait et rien ne compose la vérité et l’orientation. Les points cardinaux sont dans la danse, la farandole accélère le pas, les mots sont en bataille et sont là pour l’aveuglement, le rythme et la vibration, seuls comptent. L’abîme est certain et sa preuve encombre la raison, l’effort est à méditer sur le bout de la langue, le mensonge est avéré, les rides sont creusées et la jeunesse en fuite a dénoncé les aménagements avec la pureté. Le doigt martèle les mots soufflés, par autre chose et qui s’inventent, la dictée céleste a commencé un jour et finira dans les flammes, la fabrication est une trace pour affirmer que les secrets seront partagés. La raideur et la lumière font ménage sous les yeux clos, la solitude et le silence visent le cœur et la moisson, la meule ancienne est posée sur la pente, le pont a fini par échapper et le petit ressac sur la berge accompagne le sommeil des enfants qui ont tiré de l’eau de vase des poissons noirs et gris qui finiront éclatés au dernier soleil. Les pies crèvent leurs yeux de verres polis dans la mer comme ceux que l’on ramasse sur le sable. Derrière les rayures la lumière dort. Les doigts accrochent des repères et filent des jets de verres dans la poussière et sur le bord, l’eau est de vase et de mystère et les oiseaux sont en avant. Les mots accumulés sur le rivage disent, il faut remplir, remplir et laisser de pierres les yeux bridés par les sanglots dire, dire sans rien cacher de vérité dans un chemin couvert de lierre qui dissimule les traces. Le mariage de la dureté et du vide, du caillou et de l’eau qui court est une épate, une farce pour le courroux. Les défenses sont de braise et tout cela est inutile, personne n’aura la patience d’aller jusqu’au bout de la vie. La nuit et le repos s’opposent au massacre, les mots sont torturés et la vie se repasse une chandelle de mépris, une illusion de lueur vive pour fendre la poussière et croître dans la nuit, sur le parterre de mosaïque, sur les parvis de l’illusion. L’attente est indifférente, le silence seul, la vraie raison, avant l’explosion dans la joie ou dans la tristesse, la bataille se donne sur le chantier, les pierres roulent et l’océan a tout chanté.

Il est sorti de son monde et il se repose plus loin le fier qui dans le doute pourtant affirme, avec son marteau enfonce le clou qui ne sort pas, qui ne vient jamais plus loin que la tête et que l’ombre dans le parcours du sang qui coule. Les veines et les artères se donnent pour la géographie et la tendresse des marins. Ils se donnent un bal de pleine lune, une foire, une fête pour les vœux des enfants, ils pleurent le pays qui n’a pas ouvert les bras. Les rides sont venues, la force est en déclin, la chance de naître est une évidence entre la morale et le désir exprimé d’un doigt qui traîne sur la plage, dans les grains de sable et les morceaux de verres polis et regrattés qui cerclent la lumière.

22 Août 2005.

dimanche 15 avril 2018

Oublier, se.

La branche répand dans l’air une frénésie, chansons et rires. Une erreur engendre la colère et l’abandon, le retour de l’hiver et la fin. Le vent tourne à la plainte. Sa fureur appelle les étoiles et fixe le nez, la lumière trace une route dans les cieux. La marche est salutaire, la solitude accompagne le rêveur, il se pose et attend. Il attend seul une parole et un sermon, une plainte, un aveu, le froid. Le renoncement est certain et l’aveu sans pareil. Il faut avancer nu dans la plaine et fendre les roseaux, la nuit dessine dans l’air un cercle, une sarabande de muets. Sans trembler il marche en solitaire pour, avec le pied posé et la bouche cernée, se dire sans en rire, un aveu de plaisir, le frottement des doigts sur la tempe et sur le nez, un poids de volupté pour comprendre.

Oublier le monde et gémir. Sous les arbres se tiennent les chevaux. Le sable couvre le sol et la figure se glace. Pour reconnaître le silence et louer sa vertu, le solitaire fait un pas, rend hommage à ceux qui ont pris par avance le chemin, tracé le savoir et distribué une chaîne de lamentations pour fleurir la mort. D’autres, ont ouvert toutes les portes et les sentiments, ont déjà tout chanté et mordu dans la poussière et la ligne des étoiles. Le soleil et la lune et les petits trésors de pierres scintillent sous les pas qui seuls s’en vont gratter du bout du pied la terre et racler le limon et la vase. L’eau tombera, en éclat de merveille et de froid. Sur le pied lassé de tenir debout un marcheur esseulé, éploré et sans âge, cherche sans fin un souffle d’air dans le froid. Il brûle et déroute ses yeux. Le but est oublié. Les sanglots se figent dans la glace, les oiseaux s’en vont. Le mal perce et ruine la chaleur et les rires et fait, sans les tracer, des signes d’abandon.

La violence arrête le passant, l’orage gronde. La tempête d’argent découd le jour. La vie est suspendue, le temps est en retard, les flammes se détachent, le ciel annonce le vent et la pluie, il faut rentrer et fermer les fenêtres, le temps est certain, des choses et des gens, des illusions vont tomber et offrir le sacrifice vain et sans écho. La mort passe sur sa planche et saisit au hasard le plus jeune, le plus beau, l’à peine commencé qui pleurera, plus petit oiseau, pris dans la déraison.

21 Août 2005.

samedi 14 avril 2018

En promenade.

Faire sans trembler un effort face au monde et affirmer ici le roi est en promenade et compte les cailloux pour une couronne à son front. Le ciel est sur la tête et les épaules, il soupèse le battant de la cloche, un jour d’envies. Ils sont frêles encore ces enfants qui se roulent dans le sable et se lavent dans la vague. Les grains tombent un à un et surchargent les orteils, la peau cerne le bout rond du sein ou de la tige car la chair n’est pas molle et se ferme sur les boules rondes qui chantent au soleil dans le vent, le rasoir est passé, légèrement reprendre la toison pour en faire un étendard pour la joie et la race.

Les peaux sont presque blanches, la lumière écrase les rondeurs, bouillons sur la peau qui roule les organes et jette des éclairs. Le grain rouge est en feu et danse le miracle, un étang de corail ravage la fraîcheur et fait saillir sur les cuisses serrées une boule de feu qui appelle les yeux et fait douter du silence et du calme. Une peau plus présente effarouche la faim et recule devant les ordres du sanglot, le seigneur est en route et cherche un abri pour poser sur le sable à l’ombre des grands arbre, un présent de mystère, une bonne volonté, la solitude est légère sur le visage, les sentiments sont clairs et la lumière aide à cacher la vie sous un rideau de silence, des côtés à flatter. Les petits se roulent dans le sable et leurs silhouettes se déclinent au vent des grains qui volent et font fermer les yeux piqués par le miracle, ils volent les cailloux, le vent est le plus fort. Ils sont presque dressés et raides sur la butte, la motte est un office où se dévoilent les remparts qui tombent en gerbes comme de grands jets d’eau inventés dans la nuit.

Les petits sont un problème, ils mettent beaucoup trop de loin entre les corps et refusent de dire encore, encore, la chaleur est si forte et je me dresse pour toi pour ne pas refuser cette offrande de chair, le marchand de Venise passe et fait rouler encore sous les yeux un sac de peau blanchie par contraste. Ils se roulent dans le sable, les chiens polis qui se tiennent bien droits et font remarquer un avenir de corps troué par le remord de n’avoir pas cédé, les histoires sont tristes, les sentiments sont courts et trompeurs et menteurs. Le registre est ouvert sur des pages que seulement le soleil aura brûlées. Le roi est en balade, la sarabande le mène sur le haut et les fleurs se disputent avec les oiseaux pour dire le plus beau. Le pays est une fête entre les massifs de bouquets sec et les serpents en partance vers un nid de peur et un bal des regrets. La colonie s’épanche et les arcs sont tendus, les vieux guerriers dressent des bâtons couverts de cicatrices, les combats vont cesser mais la raideur est là et le manche de cuivre du vieux coutelas exerce encore son poids dans la main qui le flatte et ne demande rien, que les yeux restent ouverts et que les innocents poursuivent leurs ablutions.

Le roi fait promenade et relève les pièges, la cour est installée, les prisonniers se reposent, les vieux gardiens serrent leurs manches et les innocents ne profitent pas de la raideur du jour, de la concentration du passage incessant de l’amour en visite. Le temps est à l’extrême et les serments nuisent, le contentement, le ravissement est en jeu dans l’espace saisi par les yeux ce jour du mois d’Août.

20 Août 2005.

vendredi 13 avril 2018

Qui a froid.

Les guerriers sont chauffés, descente vers ce fond, un rai de soleil choisit le dos le plus avide, les seins raidis, serrés, un tissu de peau. Dans un gouffre, voir sans s’arrêter, au fond une coulée de cailloux et de cendres. La fierté, du sang sur les lèvres, les conquérants tôt ce matin affrontent la vie. Le corail brise le courant, attire le regard de ceux qui voient éclater le jour, émotion de carnassier. Le courant glace la sève, sexe penché sur son reflet dans l’eau calmée. La vie est engourdie, au bout, la chair, vers le sol cherche une juste raison. La soif est un aimant à tendre vers les grands fonds. La raison sans raison installe une demande, dire toutes les histoires et charmer et conter des fragments de plaies, à peine ouvertes et, refermées soudain sur des yeux caressant, sans y penser une image au passage, sans y penser un sac de peau bien lourd.

Un œil sous le sable qui porte son poids de beau allongé au soleil. Le tri est nécessaire, la volonté seule maintient le désir en action, les yeux perdus dans la forêt des images et des songes, les mensonges gravent sur le cœur une ligne de chance qui n’émeut que le porteur, le gravé, le perdu ne peut saisir rien. Ils sont bien trop nombreux et nommés, sans prises, sans couronnes à la chair de l’épaule, au genoux fléchis, une ceinture de doigts cerne la hampe, le fil de sève figé dans le froid, le fond du gouffre est une respiration d’acier tranchant, coupe le fil de la vie au passage et fait pleurer d’envie une armée de seigneurs.

Ils sont bien trop nombreux et rien ne peut satisfaire le regard qui les étreint tous, ils chantent sans y croire une rumeur de chien et une offre de cannibale. Trop embrasser et ne rien retenir et être à bout de souffle et court d’arguments. La parole lève la poussière sur le buste des grands ils percent un seul but. Il faut passer et laisser libre ces cohortes de désirs et de promesse, rien ne sera ni tenu, ni rendu, ni déposé, ni consommé jusqu’au bout. La vérité avance, pierres étalées sur la plage, chacun faufile un œil. Les grands en ont vu mille et trois et un peu plus et rien ne vient après, il faut seulement compter et donner du regret à ceux qui vont passer, le temps est un aller en retour entre l’éternité et le présent qui passe. La circulation de l’air sur le sable et les cailloux, le poids du sentiment et de l’échange, le nombre et la raison, le choix et la saison, le temps passe a passer et la sève se fige au bout du sexe qui a froid.

19 Août 2005.

jeudi 12 avril 2018

En clos.


On est dans un clos de murs, ils se répondent et serrent les passions et répondent aux questions posées dans la pénombre. Il y a du temps et de la persévérance, un balancier actionne la rigueur et les sacrifices. L’ardeur du soleil trompe, la peau se fend et tombe des épaules et du crâne vers le sol. La terre est nourrie, rien ne tient dans le creux de la main et de la foi. L’espace est une conquête de fin du monde, les heures sont polies, la nuit sera douce. Il faut se rendre : compte est donné aux astres, le couteau tranchera le fil du temps qui reste pour le plaisir et la joie de vivre dans un terrible équilibre. La soif et le repos composent la chanson, les ombres se cherchent et finissent dans un sanglot froid et un spasme d'ardeur. Il faut conter les erreurs et les doutes et dire et redire la ferveur et la volupté. Les prisons sont pleines et les murs les enclosent. La prière se concentre sur la chance de reconnaître et de donner à voir, la beauté éparpille dans l'obscurité une goutte de lumière tardive et obstinée, elle concentre les espoirs et la sécurité d'un peuple qui devrait avancer. Les émotions explosent dans le matin et penchent vers les ombres, les disparus attendent et nos cœurs sont pleins de leur amertume et de leurs yeux coincés dans le souvenir. La mélancolie est porteuse de frisson et chante la trouvaille, une perle est venue dans le creux de la nuit donner un éclat nouveau et pénétrant, une fascinante délicatesse, une prière, un exemple de fermeté. L'objet est dur et casse les dents et finit la blessure. La chance est en prison dans ces murs qui enserrent la vie, les arbres débordent et font une couronne autour du sacrifice, les oiseaux arpentent les branches et finissent dans le sable une becquée de sucre et de biscuit. Les serpents se couchent sous ces branches et souhaitent la mort douce des assoiffés. La clôture est un charme qui retient tout, les enfermés sont tranquilles et calmés, bercés par le reflet des ombres, les feuilles tombent sur la paroi quand midi juste se montre entre les branches. Les tiges sont allongées et se raidissent dans le balancement du courant d'air. Il est midi plein et la lune de jour reflète un pâle nuage, il est si rond qu'il est exemple et explication, le caillou le plus rond n'égale sa force et le jaloux qui le contemple en fait un tour à mettre dans le sac des malices et des attrapes. La rondeur de la lune pleine, en plein jour et à juste midi, est une évidence posée sur les hommes, ils regardent et s'envolent, les murs serrent les cœurs et les passions. Le cloître se dessine et garde les yeux de ceux qui closent sur leurs lèvres les secrets à garder. Le fond du lac et le fond de l'étang sont fermés sur les confidences, les sentiments brûlent la saison. Les murs jaunes se paillent pour la litière de l’ardeur trouvée et retrouvée dans l'espérance. Le silence sourd, veille et fait du clos le centre de la liberté, les cailloux explosent aux regards et désolent les doigts de ceux qui souhaitent construire. Le mur ferme la cour et le jardin et ouvre jusqu'à la lune.

18 Août 2005.

mercredi 11 avril 2018

A ce toit. II


A ce toit.
II

Ah, plonger dans le miroir qui ouvre les yeux et en finir avec la solitude. Dire la vérité et trouver la tête. Il faut avoir du courage et se donner au vent et aux oiseaux, sortir sur un char de lune en plein jour et croire en cette comédie qui fait d’un petit homme une fresque de bravoure.

Descendre du toit et porter sur le dos un fleur de corail et des perles de lait pour finir dans la gloire et chanter sans honte, il faut avancer et ouvrir les carreaux, la route sera longue, la chaleur défait les lacets et glisse sous le col des glaçons et des fers brillants pour arrêter l’écoulement du sang par la narine. Il se gratte bien trop cet homme vague qui polit son envie de vivre au loin pour conjurer la peur de vieillir trop vite et ne plus porter à bout de bras les seaux d’eau qui disent la force. Le membre se raidit, des voyous se donnent sur les rochers et forment une caste de perdus et de délaissés qui pleurent et finissent dans la nuit en écoutant des bêtises, des idées fausses et des refus. La damnation est promise à ceux que hante le combat à mener pour un matin de soleil resplendissant sous la glace. Le miroir est gelé, la vision est en transparence, en fidélité, en beauté, en dentelle. Les carnassiers frôlent les habits en éventails de silence. La peau est attirée par là, le sein se plie sous la caresse, il n’y a pas de frein et seule la force blesse. Le refus du combat, l’escalade de la rampe, la fin, les duels ordinaires et la beauté, tout luit derrière les carreaux de qui sait voir et chanter les habitudes. La cadence est un enfer, les mots ne disent que les ordres pliés dans la bouche amère. La fin du cortège est une farce, une giclée de boue et d’encre sur le tablier neuf, écoliers, qui croient encore au bénéfice du savoir sur la vertu. L’évidence colle la langue et répond. Il faut noircir et forcer le trait, le combat est terrible et il est terrible de ne pas vraiment y croire. Il est terrible de forcer sur la chair, un coup de dents heurte le tas qui colle sous la langue des mots sans parfum, ils grattent et sont un amas de formes lasses. La poitrine est en deuil, l’élan se heurte à l’avalanche de rengaines, sans raison et sans ordre, sans passion et sans drame. Avec de la joie en plein cœur, la pensée bousculée, il faut finir et remplir l’attente et compléter ce qui est ouvert, engranger et puis trier et refondre. La vérité sent l’odeur des magnolias, des lilas secs sous le vieux pin où les roses se lamentent. Une désolation de chaleur et de sécheresse a fait trembler tout un jardin, des mourants sont en partance pour le grand feu, la déraison et la vengeance. L’obstination est un support, il se chiffre sans encombre. Il est secret le nombre qui éclaircirait les mots et les formes, il est venu, il est parti le musicien, le conteur qui épelle sans savoir chaque lettre sur ses doigts. Il en faut douze et deux fois quatre et deux fois trois et surtout une histoire à dire, un continent à annoncer, une escapade à faire rire.

Les pommes de pin sur la tête, les aveux dans la nuit, la confidence d’un enfant déjà trop vieux, des mystères à résoudre dans la raison. En profitant de la chanson noire des grillons sous les branches, ils visitent la nuit venu le lit trop grand de l’abandon. Une chanson pour attendre la fin des jours, des sanglots sous les nuages, les cœurs se mouillent et tremblent de rester ainsi sans y croire un jour de plus, un jour de trop, une heure en plus, la solitude, dans l’espérance du nouveau, dans l’ordre qui va écraser les aventuriers avant l’embarquement. Il y a un grand risque de mourir avant les aventures.

18 Août 2005.

mardi 10 avril 2018

A ce toit. I


 I

Je suis à la rencontre d’une alouette et d’une chanson, dans un frisson je récite sous les arcades, les idées sont noires, collées au balcon et sur le lit. La naïveté me coupe, sans croire, sans rien donner, sans préférence, elle dit une histoire de fumée noire sur une colline en escaliers, les volutes déforment l’illusion de vivre et de mourir, sans se poser de question.

Une escarbille troue le tissu et porte la couleur de l’incendie, les preuves s’effacent, la peau flambe sous le gris du charbon pur, une conférence d’oiseaux unit les vertus et lisse une poignée de sable chaud, le mur monte haut. Les arbres volent sur le toit, le regard porte au loin, j’embrasse trop à la fois et mon pied se tend dans un frisson de malaise et d’abandon.

Il faut partir et ne plus grimper sur le toit, le monde resplendit dans la chaleur, l’eau coule, les muscles flanchent, en haut l’escalier tourne et donne, sous le soleil un élan de mésange, un envol de hibou dans les branches de la forêt. Les hirondelles sont habiles et forcent le vent à changer de sens, vers le ciel, loin, plus, la rivière est comblée de sable et de chapelles.

On sent la fin de l’été, ô, la présence de la nuit qui viendra bien, l’œil envoie loin dans l’escalier et franchit l’espace sans blessure, aux anges, je me raccroche. La poudre de lumière force la paupière à se clore, le courant de l’air affole mon cœur, qui se donne, et veut voler vers le néant, en haut des tours et du vertige, vers le pouvoir, l’envie, les signes, les drapeaux flottent.

Les oiseaux sont en cortège, une maison ouvre ses portes, elle est posée au bord de l’eau et finit sous un pont. La vérité est un naufrage, les plus forts sont partis trop haut, un est un oiseau sans pattes, sans plumes, et sans ailes, qui meurt de soif. Le cœur, au bord du gouffre, dans la chaleur du jour, tarde et se remplit de silence et de tremblements sans grâce.

Deux veilleurs sont posés à ce bord du monde et respirent un parfum de chênes et de vignes, dépensé au gré du vent dans la poussière et dans l’attente. Il faut se percher, et finir de buter le sol au pied des vignes, la cicatrice autour du col est un reste de confiance en soi et dans le rien qui flambe sur le toit de ce vaste monde. Le vin a coulé à flots sur la pente.

Il faut tirer de sa cachette, le plus beau des compliments, donner à chacun sa récompense, le toit est haut, l’œuvre est ancienne, la prison se mêle à la justice. La main de dieu est posée, là, sur le grand toit de l’évidence, il est trop haut, il est trop fort, un autre prend place. Le vertige est sous le pied, il faut descendre et renoncer à la hauteur, le vert est loin.

Sur l’autre rive, le monde est un rêve de grimpeur.

18 Août 2005.

lundi 9 avril 2018

Roman. V

Tempête à la diable.

Et nous irons encore en promenade pour suivre le doux balancement des fleurs de plantes grasses.

Les abeilles se penchent sur le bord et nos yeux sont avides de cette danse de pattes folles autour des pétales qui vont faner bientôt. Ils se seront perdus ces deux et retrouvés souvent autour du bassin d’eau et de fleurs que berce la fraîcheur des palmes. Les escaliers sont couverts de verdure et de fleurs qui chantent dans la lumière du matin, les enfants sont assis sur les marches de pierre et ce rien à dire est un enchantement. Ils se donnent pour neufs les amants de la rive, ils ne vont plus boire la mer et ses épis d’algues et d’iode pure et de crabes rêveurs qui sautent de roche en roche, ils se donnent un avenir de princes et de rois. Les avances sont douces et chantent sur le dos, les crabes se grisent de la feuillaison, les salades de mer et le sel sur la table suintent d’un air de joie et de candeur. Ces grands garçons font des châteaux de sable et remplissent un seau d’eau de mer et de coquilles qui brillent dans la clarté, le matin brûle déjà la peau des amoureux. Elle racle, elle cède cette peau qui un jour se fanera et partira en plaques pour mourir au plaisir et faire une figure de carême à ces enfants grandis trop vite. Ils étaient dans un jardin de lune, le quittant au petit matin et d’un geste plein de sève et de courage ils trempent dans l’eau de la Méditerranée. Entre deux temps, entre deux rives et sur la trace des plus anciens, la mer flotte sur la grève et tire vers elle le plus grand des aventurier, la vie est une écharde que l’on ôte sans y prendre garde d’un coup de dents, le pied tenu entre les mains, ployé, courbé, le souffle court, la plante a écrasé un buisson de dures épines. Ils soufflent fort après cet exercice et comptent sans y penser les ans de bonheur qui restent à vivre sous le soleil et dans l’air de la mer et des cailloux. Les cigales ne chantent plus, les grillons montrent la corne qui leur pousse au bas du dos, le temps change, la vie est lente mais le sable coule comme un sanglot, une fortune, un éclat de fer sur le sol étincelle sur la rive, le soleil joue avec l’eau. Les serpents vont mourir de soif à l’ombre où poussent des amandiers. Les orangers accompagnent les œillets qui tirent la tige vers la rampe qui goutte d’eau sur les cailloux. Le souffle court, la bouche en flamme, le pied meurtri, il se décompose un peu et pleure une larme, pas plus, sur ce bonheur qui file, la vie s’écoule sans tapage, les forces ploient peu à peu, mais le bonheur est en marche, et si Dieu avançait à travers champs, à travers plage et marée sur l’eau et sur le ciel.

Les forces déclinent et les futurs ancêtres, de personne, se donnent des illusions, des formes de jeunesse, une entrée dans l’éternité. Les images accumulées et les rêves envolés, présence du monde ancien, yeux jaloux, la franchise commence et frémit sur la peau du cou. Le cœur et les bras se serrent au passage et frôlent l’aveu de plus grande sincérité, le panache de braves qui reviennent du combat, et vraiment Dieu avance à travers les champs d’iode et de pourpre au matin.

Il va pleuvoir, la vie est courte et la sagesse craint celui qui avance, forme un baiser du cœur vers les épaules et chante à l’échancrure. La vie est simple, il suffit de calmer la tempête.

17 Août 2005.

dimanche 8 avril 2018

Roman. IV

Il entend la mer, ferme les yeux et dit, il est fini le voyage, elle est fermée la suite de tes rêves et la peur qui défigure et fait sans encombre le chemin de la haine à l'harmonie.

L’épouvante est un trompe l’œil dans la cave des sortilèges, les erreurs et les drames sont à compter pour rien mais pour toujours dans l’entrelacs des évidences et du maintien, du vouloir bienveillant et tonique, parfumé de lavande et de romarin. Il y a une faiblesse qui noue le cœur dans l'arrière de la bouche, la tête se distingue du reste du corps, un oiseau blessé dans le matin levé, il chante son dernier refrain et sa pauvreté. La mésange ou le moineau à cette distance on ne sait, éparpille dans l'air ses toutes petites ailes et descend vers la terre. Une vision de cette agonie se déplace dans le soleil et rouge bute sur la verdure et fait cligner un œil trompé. Il est une saison qui vient et donne de la perspective, du recul et du dégoût. Les maisons sont vides de toute espérance et la félicité se guide sur le lac, le marais, la verdure, les fleurs trop bousculées par le vent et la chaleur qui monte vers ce lieu défini par la joie et chanté sans conséquence par une voix que rien n'écoute et s'engloutit toute droite dans les eaux vertes de la vie. Le souvenir vient et obsède, il est tombé de son bateau et ce noyé a séjourné dans les roseaux. Les enfants crient et se déhanchent. La vertu bien souvent convoquée est en panne et le devoir est accompli à moitié. Sans finir et sans dire, sans chanter, il faut jeter le sort dans le canal avec le reste de la volonté. Les espérances sont folles comme toujours et la vérité, autre invitée, se dérobe aux yeux, un trop de chaleur et de sueur glisse sur la peau et arrache le voile de fortune né sur l'Atlantique et retourné vers la beauté sombre du plus beau qui passe sans rien voir. La façon de monter du rivage vers la terre, à cheval sur un nuage de tentation et d'incertitude, je t'aime et je te tue et tu me désespères, toujours dans le même chemin, sur le même ruisseau, dans la même ruelle, le lit est grand et rien ne roule les deux unis pour le meilleur. Le bruit aux oreilles est un affrontement de vent et de cailloux qui se liment en sable et font pleurer les yeux. Un dérangement de plus et le fil casse sur la tempe, que sommes nous venu faire sur ce rocher, ce désert qu'on arrose et qui ne produit rien que l'égoïsme et la construction du confort, ils sont bien deux et imaginent la rive de la mer ou de l'océan et se donnent des images de goélands et de méduses qui flottent dans l'air ou dans l'eau dans le pourtour d'une chapelle ou les hauteurs d'une tour. Le vertige est immense, la chanson lente de la saison passe sans trembler, sans bouger un œil ou un doigt, le paysage est trop fort et l'oubli ne viendra jamais, adieu la pente, adieu la rive, les escaliers sont sous nos pieds et tendent des pièges à nos orteils. Les oiseaux volent autour des cloches et donnent le ton du partage, la ferveur est une cause ardente, un aveu de tendresse et une caresse de joie sur le front perdu des échanges et des silences.

La construction se mélange de fidélité, les inutiles sans descendance, laisserons tout au regard des autres et leur solitude recouvrira entièrement l'humanité.

17 Août 2005.

samedi 7 avril 2018

Roman III.








Île. 

Il part vers la mer, les yeux lourds et chauds, des ballons volent sur le ciel, il défait d’un coup de rein l’alliance. Le vent enchante la peau, le désir est en chasse, le front sur les vagues, touche le délice. Le prix de ce plaisir compte dans la marche, le vol des oiseaux blancs fronce les rides autour des yeux, les pattes ont gratté le sol et les cailloux, les coquillages troués marquent le territoire, les os au soleil, un éclat de verre jaune, ce jour là la mer était bleue, perdue dans ses lointains et la pente terrible jusqu'à l’eau.

Un réveillon de mures noires, épines entre des baies rouges et meurtrières, un groupe dépasse et les dévore, ils sont bruns et de peau et de crin et gras, mangent sans y penser, sautent dans l’eau et dans les vagues, la désinvolture cède le pas aux amoureux enchantés d’air et d’océan qui battent l’île couronnée d’une bannière. Au cimetière des oiseaux, les ruines sont blanches, couvertes de ronces et de verre en éclats, de soleil sur la pente, les pieds blessés. Au passage, au frôlement des corps, la respiration est presque rauque, la vie est dure sur ce rocher, d’herbes encore vertes, de troncs qui se dessèchent, dans le bleu profond de l’océan.

Une conversation sur l’Atlantique parle de Noël et de froid et d’amour à donner et recevoir, on ne peut se donner sous l’œil des enfants et de tous qui passent et repassent entre deux montées de pente et de mer vers le point le plus haut où on rêve d’une chapelle éteinte, d’un soir de baptême, de feu et de bain glacé dans l’eau bleue. Les arbres sont mourants, les oiseaux les hantent criants, enfants au berceau, au long, à l’horizon, une bordée de petits serrés dans les bras de leurs pères, ils ne lâchent rien d’eux même, pas une seconde, se perdent dans les yeux des passants qui n’en croient rien et doutent de la vérité.

Le temps est en partance, les hommes forts serrent les jeunes espoirs, la continuité est à ce prix, on dresse les guerriers dans du coton et de la soie, la rudesse est pour le champ de bataille. Ils portent à bout de bras l’espoir de la conquête et frémissent d’orgueil dans le jour qui palpite entre deux marées qui montent et descendent et mettent au jour le sable sous les eaux et les crabes, le sable est presque rose et la vie continue, le drapeau flotte, il fuit la montagne et couvre l’océan d’ombres et de victoires. Ils montent et ils remontent les chercheurs de fortune et les guerriers de cendre et de gloire dans le matin cloué sur ce rocher posé au bleu de l’espace et des temps.

17 Août 2005.

vendredi 6 avril 2018

Roman. II

Saint Sébastien. 

Grave et concentré il avance et regarde la mer. Il attend la vague et se donne pour attendre une allure de vie. La chaleur enchante les muscles qui roulent sous la peau et frappent sur le cœur avec une constance d'horloge. Les effets du voyage encerclent la raison et font frémir la barbe à peine éclose. Le vent frappe le dos et glisse sous les cils, les yeux sont piqués au rouge de la vie, regard coloré par les rires et les chansons qui coulent, les hommes campent sur le bord, front de regards noirs et bleus qui n'effarouchent personne, la vague est loin, le petit est sanglé dans un tissu rouge qui laisse voir le poil et les seins agrafés à la poitrine. Il avance sur la plage et attend la vague, comme de plus anciens, il frappe l'eau et attend, les monstres vont surgir du fond et renverser peut être ces enfants qui dansent sur des planches et attendent pour se confronter aux risques du déséquilibre, la vie les remue et ils dansent sous le regard des hommes qui espèrent une royauté sans partage sur la mer et les montagnes. La rigueur de la tenue de cet enfant qui attend est un défi à tous les temps qui passent, à la suite des jours et au retour du rien sur le fil de l'onde qui claque sous la main et se répète sans fin. Les jeunes générations se reconnaissent dans les rites anciens et attirent sur le bord les monstres des profondeurs, pour fuir sur le dos du courant qui tangue et forcer le destin à tenir longtemps et revenir d’où on est parti, les eaux écument sur le ventre, le bateau de ligne se détache de son appontement, le tissu rouge serre fort sur le torse et jette en avant une forêt de poils et les deux seins qui tentent le regard. La vie se répète et fascine les anges qui se désolent, le regard est noir, le poil boucle les reins serrés dans le tissu rouge qui force les rondeurs et dispose le dos à la souplesse de la vague.

Cette caresse de vent et de bateaux, une fuite, un reflet de visage sur le verre, une confidence de cailloux sur le sable rosé, le quart de lune passe à l'horizon sur la ligne qui joint les drapeaux aux forêts, la bannière flotte et les anciens chantent, ils sont armés pour que les jeunes s'amusent sans souci et vivent d'insouciance et de repos.

Grave et concentré il avance et regarde la mer, sa ferveur efface la futilité.

16 Août 2005.

jeudi 5 avril 2018

Roman. I


La vie est une bénédiction, du haut vers la toile, le corps tend l’ombre, rêve, un châle rose oublié sur la terrasse. Trois chevaux ont rué, démontés les cavaliers, la fin du jour est un drame, les enfants s'effrayent. Le châle rose est resté, jardins déshabillés. Il nous faut des espérances et du sauvage, du rose aux joues. Un bras de guerrier sur une épaule robuste et lasse. Les yeux sortent sous les sourcils, ils se dévorent de la pointe du cœur, ils passent et partent, sortis de la plage, ils se suivent du bout du sein et pointent sous la toile. On imagine les grains de sable, plis, poils, tordus et serrés, paquet, sous les yeux effarés de ceux qui passent, les yeux ont tout vu et se balancent de la pointe des seins à l'arrondi qui pointe presque dur sous la toile.

Ils passent un bras sur une épaule charnue et alanguie, ils font des sourires a barbe en ombre sur les joues. Ces soldats en aventure quittent la plage et exposent leur beauté aux fils de familles. Le châle rose est oublié et sera une histoire, les quatre ont dit bonsoir, le vrai poids de l'été est passé, la plage et le désir et l'assouvissement et le recommencement et l'échange et l'aventure éternelle et sans lendemain, et puis tout recommence, et puis un jour, on y repense et on se dit certainement ce jour là tous ont vu passer le bonheur, des crânes ronds, des bras musclés, des épaules alanguies, des bouts arrondis sous la toile, un appel du regard tout entier à son affaire et déjà tout entier dans la suivante. Le poids d'un bras ferme et musclé sur une épaule robuste qui tient le bras, qui tient la main, qui tient la fortune et qui fouillera cette beauté de cheveux ras et bruns et cette barbe un peu trop longue. Le renflement sur la poitrine et du poil coincé dans la toile sous le poids d'un paquet attirent l'oeil et le dirigent vers l'arrondi, l'arrière est plissé et se cache, on imagine la fermeté et l'abandon et les regards se congratulent. Pourquoi sommes nous si beaux, dans la vacance du moment qui vient, de la nuit qui est tombée. De pauvres abandonnés par des chevaux en folie et un châle rose oublié, en hommages à l'éternité qui passe, qui est passée et ne passera plus. Le sac est jaune, la main sur l'épaule est légère et le sourire profond, la sarabande commence.

La nuit venue en hiver, un soir de plage, le bonheur a glissé entre les doigts posés sur l'épaule, sortis du maillot, des plis frottés, une toison raccourcie, un horizon fermé. Une fortune de joie danse sur le sable et dans la nuit les familles se restaurent et n'imaginent pas le plaisir qui attend leurs enfants dans la pénombre.

7 Août 2005.

mercredi 4 avril 2018

Pour couvrir son corps. II


II

La vague est longue, le frémissement de toile et de grain répand sur la peau nue un éclair , il teint le mur de corail. La pluie ne viendra pas, la crainte du feu illumine les routes, le rouge se répandra sur terre. Les yeux des tourterelles sont cerclés de gris très clair, au fond une pierre de joie, rouge du sang de méduse.

Il est rouge le cœur qui bat pour moi et me précipite chaque jour dans le rire ou l'angoisse. La mer est de corail et le rire gonfle nos joues de pommes dispersées dans l’eau, océan tordu à nos pieds. Il est de même, le membre qui nous broie, le pieu qui nous transperce et fait rire nos visages enfouis. La tête dans l'oreiller ils se disent des confidences d'hommes rouges épris et emportés vers l'azur, vers l'enfer et l’embrasement. Au fond des amours quotidiennes, la vie parle sans façons et luit d'une clarté de pleine lune. Le contentement ouvre les portes au voyage vers la liberté et la fin des querelles. La trahison consume, les cendres sont éparpillées sur le tas, sable devant la porte.

Le rouge a envahi la chambre des voluptés simples, grésille sur la peau et le cœur, remplit un chaudron de bonté. L’histoire fait trembler, le jour ouvert à la chaleur réchauffe son trait sur le rouge des embrassades, sur le rouge des yeux de tourterelles et sur la pointe du sceptre qui fait notre majesté. Il faut voir l'amour demander de la grâce, du havre et du contentement, de l'émoi et de la pâmoison. Les anges aux ailes rouges décroisent leurs rubans et font chanter les fontaines, le ciel est rouge, l'orage viendra bien, les hommes ferment leurs volets à la teinte acérée, le sang claque la façade, ils sont ivres de sang versé, bouillant sur les oriflammes et durcissent soudain dans une gangue sans air. Il devient noir de souffrance et de haine. Le rouge envahit et remplit la peine et les cris s'étouffent dans le creux de l’épaule, l'incendie dans le bas du dos et les reins creusent leur ardeur. Au sommet très vite, le tison porte la plaie à l'incandescence et fume la chair entaillée, la lèvre est couverte de brume, de caillots, de brandons ardents. Danseurs de pleine lune, qui frottent dans leurs joue la glace rouge et se parfument de noir et d'incarnat dans le sentier qui mène au large, frémissent sans rien pouvoir, juste accepter qu'on les suive et que l'on dise la saison se poursuit, les semeurs vont jeter au-dessus de l’épaule les graines rouges des citrouilles, préparer les soirs de fête sous le givre quand le froid pince la peau et fait rougir. Braises et brandons se conjuguent au vent qui vente et font entendre la réponse du rouge à l’âme, du rouge au cœur, du rouge aux joues et du feu pour purifier et conjurer le mal dispersé par l'incendie.

Le petit pas, la farandole, les pieds légers dans l'escalier, il grimpe un lierre vert tordu de ravissement sur le tronc rouge d'une amphore. Il est un grand destin, une aventure qui lance mieux les voiliers que le fracas d'une bouteille sur la coque de bois mouillé. Ton mat est rouge et ma main ne tremble pas à l'étreinte, au début du combat ils s'entremêlent et se glissent dans les pores et dans les lèvres dans la peau tannée par le vent et les yeux rougis de plaisir et de fierté.

6 Août 2005.

mardi 3 avril 2018

Pour couvrir son corps. I

Pour couvrir son corps de pigments chauds et surtout rouges comme le sang.

Il y a dans l’automne qui avance une carrière à peindre et embellir, une vision, le monde tourne plus vite, pour combler d'aise un corps assoupi sous le soleil. Le couvrir d’éclats dorés, dispersés sous la cendre de sable qui vient et revêt sa grandeur de cire et de métal. Il est perdu pour la réplique et se donne au plus mal, au plus haut, en prince et en martyre. La course, l’effraction, le vol, le meurtre et le parjure grandissent dans l'oubli, de la loi et des rites et perdent dans son âme une chaude palpitation. Un pépiement de geste froisse des dentelles, garnit les salutations de jeu de dégoût, meurtrit les uns et ignore les autres, meurt en secret. Tout est dans le zig, et le zag annonce une grande confusion, une éternité de bohémien, une aventure de porcelaine et le crissement bien doux du satin piétiné dans l'herbe. La pâmoison est longue et long l’échange, la constance est aveugle. Le jaillissement, des fers sous les pieds des chevaux, donne sa distance, l’humilité le défigure, l’or et les camées brillent à ses poignets. Des cavaliers dansent et ordonnent une santé, une célébration de dentelle sous son regard. Il a une odeur de camphre et de benjoin, des rideaux à ses fenêtres, des saveurs de citron vert et des cigales sous ses volets. La distance entre le coq et les santons étale une fuite devant le jour, une conquête, vertige. Un envol de petits cailloux, de sable fin sur le rivage, une frénésie au visage et une cascade turbulente, il faut le voir et l’entendre, dire et redire. Le monde tourne seul, ni mal ni bien, son offrande est perpétuelle, sa bénédiction, son bien rendu, sa vertu. Le plus beau, il fait des tours de vie dans le sentier, il fond dans la main qui le serre et mord au sang qui a fourni la ration d'amour et de gaieté. Il querelle et danse une ouverture, une marelle, un écho blanc de vérité et de mensonge, mélangés de liberté. Il compte et caresse sous son nombril, le cordon coupé tant de fois et tant de fois remis en place et détruit et arraché dans le vent et répandu au désert de sable blanc sans avoir jamais vu de sable rose. Il est une barrière à monter, à descendre, à perdre pour contenir ce sable clair blanc et rosé, du bout des lèvres, à se coller sous la langue et éclater entre les dents. Sa rive est pleine d'émail perdu, d’âme en peine. Il faut boire sur cette plage des échanges, une coupe de confusion, une évidence de rancune, un adieu au vent et au bruit. Une surprise, les ennemis d'hier se réunissent et dans l'air qui monte de la mer, claquent les moustiques pleins du sang rouge de la confusion des genres et des sentiments. Je t'aime et je te frappe, tu es encore aux gourmandises et je me sens à l'abandon. Il faut démembrer la chanson lente qu’il déroule sur les pavés, le nœud du doute, la libertés ruisselle sur le paysage. La lune viendra pour chercher ce malheureux qui s'époumone et donner en amant perdu un spectacle de bonne guerre, je te tiens et je fuis, je suis celui qui désespère, il y a sur la fantaisie une clarté qui se donne pour luire entre les cils à peine clos qui feignent de tout ignorer. Sa confusion meurt dans la lumière.

5 Août 2005.

lundi 2 avril 2018

Comme un cœur . III

Une image, pour une histoire de fureur et de cris. Ils se dérobent et chantent l’avenir, confiance, dire oui, dire non, descendre l'escalier du bien au mal et monter du tendre au sauvage, de la liberté au courage en abondance. Les uns ignorent la main gauche des autres et défont le chemin du souvenir, la stupéfaction enchante et ravit.

Les illusions bercent les revenants, ils font, sautant, des trous dans le sable. Le tendre, le sentiment, le cœur salé, la sève, les collines déboisent. Des oriflammes balancent, la brise de mer sucre les cailloux, compose l'âme d'une moisson de fleurs, silences amusés. La couverture étendue sur l'herbe, un ruisseau endormi, sur la berge un couple de fidèles hoche délicatement la tête sur le cou. L’effort, une folie, ils osent une histoire de cœur blessé et de rayure sur une plage.

Les yeux, loin du cœur, respirent la liberté. L’écho chante une chose, les hommes comparent. Le jeu, une danse de mystères et de bruits, ils se plaignent, chaque histoire tourne à la confusion. Les genres sont trompeurs, le regard dans la poche, l'échancrure de joie, vers le verrou de chair. La frénésie décore ce miroir d’une saveur de feuilles posées pour le festin d'un roi. Ce chantier ouvre sur l'orient et se couche dans un occident de fer et de plomb.

La saison, à l'heure descend, passe une corde au cou pour la suite, tire, fin du jour, une bordée de chimère, casse-cou de géant, une espérance de sorcière et un avant perdu dans le flot, sa race dans la chaleur, séchée par le vent. Les embruns s'évaporent, rien ne vient au nez, ni eau, ni froid, ni chaud, ni rien et encore moins l'habitude. Les moulins sont à l'arrachée, les ailes volent dans le jour, les prisons ouvertes, caprices et jeux, embuscades, danses, escarmouches, dans le jour joyeux.

On a ouvert les portes à la peur, la liberté est en marche, le voyage à l’ouest, vers la mer immense, les bateaux et les filets sur la rive, fruits et marée, le vent est levé et tout au cœur vient dire :

« il faut y aller, partir et revenir plus tard, ouvrir les marches pour contempler la gloire et faire cesser les outrages, un saut vers la majesté, sans fureur venir battre le sable blanc et rose, où les amours grandissent et les combats s’apaisent, bienveillance ».

La liberté est une certitude, revanche sur le malheur et l'ennui, les hommes chantent la gloire de leur corps, délices et consentement. Le jour fuit la nuit semée de clous et de sauvages en ruines, pour un été délié, de joie que décore une évidence.

5 Août 2005.

dimanche 1 avril 2018

Comme un cœur. II


Pour un pied.

Ils s'ennuient et reviennent en tremblant, sans vêtements, les pieds en sang.

Monter l'escalier, pas à pas entreprendre l'escalade qui du pont au sommet signe la croyance. Les ignorants sont pleins de ténèbres et de feu, ils luisent, le malgré tout défigure la reconnaissance. Jamais ne parait un doute, les hommes sont sensibles et les femmes attentives, la délibération précède le refus. Dans le champ les obsessions, donnent encore plus loin et encore plus court, donnent et rentrent avec ardeur, pour un blanc de charité, une orange de cœur à broyer dans le sentier et à monter plus loin que la simple vérité.

Pour contrôler la danse et la marche, sous le pied, dans le vent, il faut résister au dessèchement et à l'angoisse, au franc parler et au vent qui hurle. La vérité coule du pied qui sort du puits et cache au soleil un appât de corail qui goutte sous la langue, qui pleure de déraison, cuisine noire avec des épices et des grains de gitane. L’esprit s’échauffe, l'eau coule à l'aise du talon au mollet. La jambe est en l'air, la vague chauffe, une variation à tenir, descendre et remonter du fonds du puits. Sur la pente du pont et vers le sommet la vérité est mouillée et le sabre est inscrit dans l'écart du compas et frémit, poids d’un cœur endimanché.

Les semaines suivent les semaines, le rayon de lune à peine vu disparaît et finit dans l'eau claire, le corps coule de l'eau qui sort du puits La vérité est une nappe qui inonde les outragés et fleurit de chair et d'opale sur la réalité, les formes sont soumises aux marais qui se découvrent. Un groupe de perdus fait escale sur les rives de la tolérance et du bruit. Dans la pâleur innocente, dans le sanglot et l'appétit, les images tournent, les peintres font hommage de visages et d'auréoles sous l'escalier, dans la profondeur du toit, la fenêtre et les escaliers. Un court miracle, une légende, les assis sont venus sur la pente pour assister à la présentation du voile.

La fleur décore, les cuisse nues se dérobent à l'étreinte et finissent, dans les draps blancs tachés par une rose rouge, elle est la fleur avec la pluie le retour du vivant, un décor de printemps, un mélange à tuer la tête. Le couchant renonce à la vengeance et déploie son ombre sur le mur, rayons effrangés ils désignent la lune, prison à la lumière. Au palais, sous la langue les marbres sont chauds et le corps froid.

La vérité coule avec l'eau du pied qui sort et compose. Une marche après l'autre l'escalier est gravit, les mollets sont tendus sous la peau qui scintille sous le feu qui sort du ciel et racle une goutte de sang. La couleur chante et s'épanouit sur le lit. Il y a une certitude, il faut rêver dans l'escalier et grimper vers les combles, le grenier est plus près du ciel et des miracles et dans la liberté finit un arc en ciel. Une clef dans la lumière ouvre le corps tendu vers la montée. Une passion, un théâtre en plein jour, un balcon en plein ciel font chanter la vie et respirer l'orage dans les cœurs qui passent.

5 Août 2005.