mardi 3 avril 2018

Pour couvrir son corps. I

Pour couvrir son corps de pigments chauds et surtout rouges comme le sang.

Il y a dans l’automne qui avance une carrière à peindre et embellir, une vision, le monde tourne plus vite, pour combler d'aise un corps assoupi sous le soleil. Le couvrir d’éclats dorés, dispersés sous la cendre de sable qui vient et revêt sa grandeur de cire et de métal. Il est perdu pour la réplique et se donne au plus mal, au plus haut, en prince et en martyre. La course, l’effraction, le vol, le meurtre et le parjure grandissent dans l'oubli, de la loi et des rites et perdent dans son âme une chaude palpitation. Un pépiement de geste froisse des dentelles, garnit les salutations de jeu de dégoût, meurtrit les uns et ignore les autres, meurt en secret. Tout est dans le zig, et le zag annonce une grande confusion, une éternité de bohémien, une aventure de porcelaine et le crissement bien doux du satin piétiné dans l'herbe. La pâmoison est longue et long l’échange, la constance est aveugle. Le jaillissement, des fers sous les pieds des chevaux, donne sa distance, l’humilité le défigure, l’or et les camées brillent à ses poignets. Des cavaliers dansent et ordonnent une santé, une célébration de dentelle sous son regard. Il a une odeur de camphre et de benjoin, des rideaux à ses fenêtres, des saveurs de citron vert et des cigales sous ses volets. La distance entre le coq et les santons étale une fuite devant le jour, une conquête, vertige. Un envol de petits cailloux, de sable fin sur le rivage, une frénésie au visage et une cascade turbulente, il faut le voir et l’entendre, dire et redire. Le monde tourne seul, ni mal ni bien, son offrande est perpétuelle, sa bénédiction, son bien rendu, sa vertu. Le plus beau, il fait des tours de vie dans le sentier, il fond dans la main qui le serre et mord au sang qui a fourni la ration d'amour et de gaieté. Il querelle et danse une ouverture, une marelle, un écho blanc de vérité et de mensonge, mélangés de liberté. Il compte et caresse sous son nombril, le cordon coupé tant de fois et tant de fois remis en place et détruit et arraché dans le vent et répandu au désert de sable blanc sans avoir jamais vu de sable rose. Il est une barrière à monter, à descendre, à perdre pour contenir ce sable clair blanc et rosé, du bout des lèvres, à se coller sous la langue et éclater entre les dents. Sa rive est pleine d'émail perdu, d’âme en peine. Il faut boire sur cette plage des échanges, une coupe de confusion, une évidence de rancune, un adieu au vent et au bruit. Une surprise, les ennemis d'hier se réunissent et dans l'air qui monte de la mer, claquent les moustiques pleins du sang rouge de la confusion des genres et des sentiments. Je t'aime et je te frappe, tu es encore aux gourmandises et je me sens à l'abandon. Il faut démembrer la chanson lente qu’il déroule sur les pavés, le nœud du doute, la libertés ruisselle sur le paysage. La lune viendra pour chercher ce malheureux qui s'époumone et donner en amant perdu un spectacle de bonne guerre, je te tiens et je fuis, je suis celui qui désespère, il y a sur la fantaisie une clarté qui se donne pour luire entre les cils à peine clos qui feignent de tout ignorer. Sa confusion meurt dans la lumière.

5 Août 2005.

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