samedi 21 avril 2018

Pour classer.


Il porte au bout des mains les doigts chargés de la récolte : les raisins et les pampres. Les chiens sont jaloux et hurlent dans la nuit. L’écho, le chant du coq sous leur plainte, ils se courbent sous l’escalier. Chuintent avec les loups, les oiseaux de nuit, ils veillent dans la maison, sur les branches et partent la nuit rencontrer la gloire des serpents et le repos des fous. Les chiens hurlent et forcent les fenêtres, la vie est un combat.

Le sacrifice bat, coupe et mord, je suis coupable et crains une blessure, les lilas sont fanés et l’espérance s’envole, les fleurs en ce jardin attendent un hiver d’eau et de froid qui croulera de vermine. Dans le lit du malheur s’effrite le pardon et je choisis le repos, en guerre pour l’amour, le volcan est en transe, je dessine la lance qui percera le flan et conduira le bal vers la pensée, la loi du genre. Il faut en finir avec la méfiance.

L’ardeur commence et le chagrin tarit, il est une saison de mûres et de vendanges qui font ployer le bras sous son fardeau de grappes et de feuilles, les raisins sont séchés et les rosiers fleurissent. La vie à contre sens est une folie qui plie au soir la tête du tueur sur sa vengeance, il me faut dormir dans l’escalier et décider d’avance qui sera le héros et qui donnera un élan vers le renoncement. Je refuse l’obstacle et les lilas meurent.

Jardin de saison et de grâce, les roses en mourront, étreinte dorée de soleil, serrées à la taille. Il est une position qui ravit et chante à l’infini, une stupeur marquée, les environs croulent sous la rosée et l’eau pour le repos. Les grenouilles dévorent, bataillon de mouches, les lézards fleurissent la tombe des grillons. Le chien jaloux force la fenêtre, les habitants de la nuit se fâchent sur le toit, les cris éveillent les dormeurs. 


Un bâton d’angoisse manque son but, il est trop vif et trop pressé le chien qui grimpe sur le mur et défie le seigneur. Toute l’autorité est serrée dans le ton, le regard est acide et vifs les mots de la chanson, le chien est bien trop libre et furieux le parrain. La pauvre bête tiendra-t-elle le choc, l’épreuve est à venir, le futur est dans l’incertitude, le chien est passé dans le jardin, la porte est forcée. La vieillesse est contrainte.

La jeunesse, le maître est furieux, les oiseaux de nuit chantent dans les branches. Le jardinier a nettoyé une récolte oubliée et le poids de cette vendange pour le feu le couvre de clarté, prêtre il officie pour les dieux les plus anciens et les plus jaloux, au feu, cette récolte de grains secs et flétris. Les dieux anciens mordent le présent et donnent aux absents une espérance, il faut entendre la vérité, les chiens mordent la chair.

Le jour venu enfin dresse la barrière, les affreux vont dormir et chantent les contents. La trace du malheur s’efface dans le soleil, les lilas fleuriront peu. Il est un pays au printemps curieusement qui coupe les tulipes, effraye le jasmin. Le cheval lève une après l’autre ses pattes, le sol est trop ardent, l’herbe a mis le feu à ses sabots d’ivoire, les chiens tournent autour des oiseaux, la prochaine saison sera d’un plus long carême.

Les animaux ont pris le pas et les dormeurs sont seuls dans leurs chambres obscures. La nuit porte au conseil une saveur de rêve sage, une fantaisie de sommeil en voyage et se défait quand tout est propre et rangé sur les étagères, une pelote après l’autre de laine et de raphia pour classer l’obscurité et faire luire la vérité.

26 Octobre 2005.

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