mercredi 11 avril 2018

A ce toit. II


A ce toit.
II

Ah, plonger dans le miroir qui ouvre les yeux et en finir avec la solitude. Dire la vérité et trouver la tête. Il faut avoir du courage et se donner au vent et aux oiseaux, sortir sur un char de lune en plein jour et croire en cette comédie qui fait d’un petit homme une fresque de bravoure.

Descendre du toit et porter sur le dos un fleur de corail et des perles de lait pour finir dans la gloire et chanter sans honte, il faut avancer et ouvrir les carreaux, la route sera longue, la chaleur défait les lacets et glisse sous le col des glaçons et des fers brillants pour arrêter l’écoulement du sang par la narine. Il se gratte bien trop cet homme vague qui polit son envie de vivre au loin pour conjurer la peur de vieillir trop vite et ne plus porter à bout de bras les seaux d’eau qui disent la force. Le membre se raidit, des voyous se donnent sur les rochers et forment une caste de perdus et de délaissés qui pleurent et finissent dans la nuit en écoutant des bêtises, des idées fausses et des refus. La damnation est promise à ceux que hante le combat à mener pour un matin de soleil resplendissant sous la glace. Le miroir est gelé, la vision est en transparence, en fidélité, en beauté, en dentelle. Les carnassiers frôlent les habits en éventails de silence. La peau est attirée par là, le sein se plie sous la caresse, il n’y a pas de frein et seule la force blesse. Le refus du combat, l’escalade de la rampe, la fin, les duels ordinaires et la beauté, tout luit derrière les carreaux de qui sait voir et chanter les habitudes. La cadence est un enfer, les mots ne disent que les ordres pliés dans la bouche amère. La fin du cortège est une farce, une giclée de boue et d’encre sur le tablier neuf, écoliers, qui croient encore au bénéfice du savoir sur la vertu. L’évidence colle la langue et répond. Il faut noircir et forcer le trait, le combat est terrible et il est terrible de ne pas vraiment y croire. Il est terrible de forcer sur la chair, un coup de dents heurte le tas qui colle sous la langue des mots sans parfum, ils grattent et sont un amas de formes lasses. La poitrine est en deuil, l’élan se heurte à l’avalanche de rengaines, sans raison et sans ordre, sans passion et sans drame. Avec de la joie en plein cœur, la pensée bousculée, il faut finir et remplir l’attente et compléter ce qui est ouvert, engranger et puis trier et refondre. La vérité sent l’odeur des magnolias, des lilas secs sous le vieux pin où les roses se lamentent. Une désolation de chaleur et de sécheresse a fait trembler tout un jardin, des mourants sont en partance pour le grand feu, la déraison et la vengeance. L’obstination est un support, il se chiffre sans encombre. Il est secret le nombre qui éclaircirait les mots et les formes, il est venu, il est parti le musicien, le conteur qui épelle sans savoir chaque lettre sur ses doigts. Il en faut douze et deux fois quatre et deux fois trois et surtout une histoire à dire, un continent à annoncer, une escapade à faire rire.

Les pommes de pin sur la tête, les aveux dans la nuit, la confidence d’un enfant déjà trop vieux, des mystères à résoudre dans la raison. En profitant de la chanson noire des grillons sous les branches, ils visitent la nuit venu le lit trop grand de l’abandon. Une chanson pour attendre la fin des jours, des sanglots sous les nuages, les cœurs se mouillent et tremblent de rester ainsi sans y croire un jour de plus, un jour de trop, une heure en plus, la solitude, dans l’espérance du nouveau, dans l’ordre qui va écraser les aventuriers avant l’embarquement. Il y a un grand risque de mourir avant les aventures.

18 Août 2005.

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