mercredi 25 avril 2018

Des plumes.

Il est temps, on écoute la chanson des oiseaux sous les branches. Il y a dans le soir une tension qui effleure le cœur et réconforte l’âme, les oiseaux chantent sous les feuilles, les yeux pleins de la dernière lavande. Les ouvriers sont à la peine, leur raison est couverte par le secret. Il va fermer le jour l’homme qui construit. Il gémit, le chien lèche les jambes, et sombre dans la peur de voir tourner le couteau du sacrifice. Il est debout contre sa porte celui qui veille sur les ruines à jamais encloses, les animaux marchent sur une tombe, la trace des uns oublie la mémoire des autres. Les disparus sont en attente et se reconnaissent pour certains. Assurés du retour de toute chose sur cette terre, les oiseaux reviennent et meurent en abondance, sous les arbres les plumes tombent. La nature est en panne et cache un malheur, les oiseaux meurent à l’heure de la promenade, le cœur est soulevé, les images tordent en tous sens.

L’orient est en pointe, les hommes sont contents et chantent, comme sifflaient les compagnons sur leurs échelles, il faut atteindre le haut pour chasser le malheur. Les oiseaux par millier se donnent à l’aventure et tombent sous les arbres, la chanson des noyés bat sur le flan de l’homme appuyé contre sa porte, il surveille le chantier. Il faut grimper l’échelle pour conjurer le malheur d’être si bas, et chanter sous les arbres, sous les oiseaux. Les pieds dans les plumes signent le malheur. Contre la porte, il regarde et hésite, le pas ne mène ni là ni ailleurs, le temps est au calme, les oiseaux meurent sans violence. Les plumes effleurent la tête et le cou, il est doux le paysage et elle sera forte la saison, le froid viendra bientôt et le vent reprendra. Pour l’heure on se pare et on regarde le chantier, l’ombre s’étend sur la terre, les oiseaux sont oubliés, ils tombent sur le monde, les plumes sont douces au cou et aux épaules qu’elles frôlent.

La caresse de la mort frémit sur l’homme qui veille dans l’ombre et écarte de ses yeux l’odeur des dernières lavandes. Il faut rentrer, l’orage peut venir et céder devant la promenade, les oiseaux ont envahi les arbres et chantent et meurent et le soir vient dans la dernière lavande, les hommes forts ont quitté le chantier. La saison est au partage entre l’été et le froid, l’hiver viendra. Dans l’air tendu et griffé, les oiseaux passent et sèment sous les feuilles des montagnes de plumes pour suivre la saison. Il faut monter haut pour voir les hommes s’agiter, faire et défaire et voir le dos des oiseaux. La colère est un feu, il grossit les âmes et tournant un couteau, fait pleurer de longs sanglots.

Ils sont bien en avance et ils nous déshabillent d’un coup de bec ces oiseaux de malheur. L’orage qui viendra ferme toutes les portes, les ouvriers sont loin, ils chantent dans le vent, les chiens viennent marquer la terre, l’homme du chantier est appuyé.

Les plumes tombent et les oiseaux partent, les odeurs sont moins précises, la lavande oublie que l’hiver va passer. Le commencement de l’aventure se donne pour charmer.

28 Octobre 2005.

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