jeudi 5 avril 2018

Roman. I


La vie est une bénédiction, du haut vers la toile, le corps tend l’ombre, rêve, un châle rose oublié sur la terrasse. Trois chevaux ont rué, démontés les cavaliers, la fin du jour est un drame, les enfants s'effrayent. Le châle rose est resté, jardins déshabillés. Il nous faut des espérances et du sauvage, du rose aux joues. Un bras de guerrier sur une épaule robuste et lasse. Les yeux sortent sous les sourcils, ils se dévorent de la pointe du cœur, ils passent et partent, sortis de la plage, ils se suivent du bout du sein et pointent sous la toile. On imagine les grains de sable, plis, poils, tordus et serrés, paquet, sous les yeux effarés de ceux qui passent, les yeux ont tout vu et se balancent de la pointe des seins à l'arrondi qui pointe presque dur sous la toile.

Ils passent un bras sur une épaule charnue et alanguie, ils font des sourires a barbe en ombre sur les joues. Ces soldats en aventure quittent la plage et exposent leur beauté aux fils de familles. Le châle rose est oublié et sera une histoire, les quatre ont dit bonsoir, le vrai poids de l'été est passé, la plage et le désir et l'assouvissement et le recommencement et l'échange et l'aventure éternelle et sans lendemain, et puis tout recommence, et puis un jour, on y repense et on se dit certainement ce jour là tous ont vu passer le bonheur, des crânes ronds, des bras musclés, des épaules alanguies, des bouts arrondis sous la toile, un appel du regard tout entier à son affaire et déjà tout entier dans la suivante. Le poids d'un bras ferme et musclé sur une épaule robuste qui tient le bras, qui tient la main, qui tient la fortune et qui fouillera cette beauté de cheveux ras et bruns et cette barbe un peu trop longue. Le renflement sur la poitrine et du poil coincé dans la toile sous le poids d'un paquet attirent l'oeil et le dirigent vers l'arrondi, l'arrière est plissé et se cache, on imagine la fermeté et l'abandon et les regards se congratulent. Pourquoi sommes nous si beaux, dans la vacance du moment qui vient, de la nuit qui est tombée. De pauvres abandonnés par des chevaux en folie et un châle rose oublié, en hommages à l'éternité qui passe, qui est passée et ne passera plus. Le sac est jaune, la main sur l'épaule est légère et le sourire profond, la sarabande commence.

La nuit venue en hiver, un soir de plage, le bonheur a glissé entre les doigts posés sur l'épaule, sortis du maillot, des plis frottés, une toison raccourcie, un horizon fermé. Une fortune de joie danse sur le sable et dans la nuit les familles se restaurent et n'imaginent pas le plaisir qui attend leurs enfants dans la pénombre.

7 Août 2005.

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