samedi 7 avril 2018

Roman III.








Île. 

Il part vers la mer, les yeux lourds et chauds, des ballons volent sur le ciel, il défait d’un coup de rein l’alliance. Le vent enchante la peau, le désir est en chasse, le front sur les vagues, touche le délice. Le prix de ce plaisir compte dans la marche, le vol des oiseaux blancs fronce les rides autour des yeux, les pattes ont gratté le sol et les cailloux, les coquillages troués marquent le territoire, les os au soleil, un éclat de verre jaune, ce jour là la mer était bleue, perdue dans ses lointains et la pente terrible jusqu'à l’eau.

Un réveillon de mures noires, épines entre des baies rouges et meurtrières, un groupe dépasse et les dévore, ils sont bruns et de peau et de crin et gras, mangent sans y penser, sautent dans l’eau et dans les vagues, la désinvolture cède le pas aux amoureux enchantés d’air et d’océan qui battent l’île couronnée d’une bannière. Au cimetière des oiseaux, les ruines sont blanches, couvertes de ronces et de verre en éclats, de soleil sur la pente, les pieds blessés. Au passage, au frôlement des corps, la respiration est presque rauque, la vie est dure sur ce rocher, d’herbes encore vertes, de troncs qui se dessèchent, dans le bleu profond de l’océan.

Une conversation sur l’Atlantique parle de Noël et de froid et d’amour à donner et recevoir, on ne peut se donner sous l’œil des enfants et de tous qui passent et repassent entre deux montées de pente et de mer vers le point le plus haut où on rêve d’une chapelle éteinte, d’un soir de baptême, de feu et de bain glacé dans l’eau bleue. Les arbres sont mourants, les oiseaux les hantent criants, enfants au berceau, au long, à l’horizon, une bordée de petits serrés dans les bras de leurs pères, ils ne lâchent rien d’eux même, pas une seconde, se perdent dans les yeux des passants qui n’en croient rien et doutent de la vérité.

Le temps est en partance, les hommes forts serrent les jeunes espoirs, la continuité est à ce prix, on dresse les guerriers dans du coton et de la soie, la rudesse est pour le champ de bataille. Ils portent à bout de bras l’espoir de la conquête et frémissent d’orgueil dans le jour qui palpite entre deux marées qui montent et descendent et mettent au jour le sable sous les eaux et les crabes, le sable est presque rose et la vie continue, le drapeau flotte, il fuit la montagne et couvre l’océan d’ombres et de victoires. Ils montent et ils remontent les chercheurs de fortune et les guerriers de cendre et de gloire dans le matin cloué sur ce rocher posé au bleu de l’espace et des temps.

17 Août 2005.

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