vendredi 13 avril 2018

Qui a froid.

Les guerriers sont chauffés, descente vers ce fond, un rai de soleil choisit le dos le plus avide, les seins raidis, serrés, un tissu de peau. Dans un gouffre, voir sans s’arrêter, au fond une coulée de cailloux et de cendres. La fierté, du sang sur les lèvres, les conquérants tôt ce matin affrontent la vie. Le corail brise le courant, attire le regard de ceux qui voient éclater le jour, émotion de carnassier. Le courant glace la sève, sexe penché sur son reflet dans l’eau calmée. La vie est engourdie, au bout, la chair, vers le sol cherche une juste raison. La soif est un aimant à tendre vers les grands fonds. La raison sans raison installe une demande, dire toutes les histoires et charmer et conter des fragments de plaies, à peine ouvertes et, refermées soudain sur des yeux caressant, sans y penser une image au passage, sans y penser un sac de peau bien lourd.

Un œil sous le sable qui porte son poids de beau allongé au soleil. Le tri est nécessaire, la volonté seule maintient le désir en action, les yeux perdus dans la forêt des images et des songes, les mensonges gravent sur le cœur une ligne de chance qui n’émeut que le porteur, le gravé, le perdu ne peut saisir rien. Ils sont bien trop nombreux et nommés, sans prises, sans couronnes à la chair de l’épaule, au genoux fléchis, une ceinture de doigts cerne la hampe, le fil de sève figé dans le froid, le fond du gouffre est une respiration d’acier tranchant, coupe le fil de la vie au passage et fait pleurer d’envie une armée de seigneurs.

Ils sont bien trop nombreux et rien ne peut satisfaire le regard qui les étreint tous, ils chantent sans y croire une rumeur de chien et une offre de cannibale. Trop embrasser et ne rien retenir et être à bout de souffle et court d’arguments. La parole lève la poussière sur le buste des grands ils percent un seul but. Il faut passer et laisser libre ces cohortes de désirs et de promesse, rien ne sera ni tenu, ni rendu, ni déposé, ni consommé jusqu’au bout. La vérité avance, pierres étalées sur la plage, chacun faufile un œil. Les grands en ont vu mille et trois et un peu plus et rien ne vient après, il faut seulement compter et donner du regret à ceux qui vont passer, le temps est un aller en retour entre l’éternité et le présent qui passe. La circulation de l’air sur le sable et les cailloux, le poids du sentiment et de l’échange, le nombre et la raison, le choix et la saison, le temps passe a passer et la sève se fige au bout du sexe qui a froid.

19 Août 2005.

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