mardi 24 avril 2018

L’escalier.

Il vient comme il veut, le fil qui tend cette escalade. De guerre, las et de secousses, échaudé on se défend et glisse vers l’orage. Le temps vient à l’unisson et colle à la chanson avec justesse. L’éclat du jour est une source pure dans une bouteille, les nuages sifflent au loin et choisissent leurs aventures, il faut en faire une provision de blessures, de champs à labourer. Toujours voir, tenir la solitude et choisir. Plus loin une rancune, un faible écho, une faible conduite. Il faut dire :

« à bientôt , la vie meurt dans la montée et finit en course, entière et lestée de plomb et d’habitudes, de sable et de sel ».

Dans l’escalier un pied tendu est coupé. La vitesse les unit, enfants sages dans la liberté, ils volent loin dans l’escalier où le pied vire et tourne sur le champ et tendu un muscle sage, reflet, la glace fond sur la peau échauffée. Il virevolte sur lui-même ce pied qui ne soutient plus rien, ni poids, ni corps, ni mousse. La mort dans l’âme, il se confie et se détend dans l’escalier à compter sur la dentelle. Les spectateurs sont au balcon et la vie décompose, le pied tourne sous la chanson, le remord est un supplice, la chose est sûre. Au lointain le vent levé et sur l’eau la frise d’air accroche et tourne et s’engouffre dans le bateau.

Pourquoi penser à cette barque, le pied tourné vers l’intérieur, il se défait et se lamente, il a tourné sur le ponton. Les oiseaux tombent sous les arbres, les revenants sont en oubli et les tueurs sont au village. Dans la rue les enfants s’en vont et donnent de leurs pieds de chèvres des ruades de quatre saisons et tournent sous la semelle et font couler la sueur sur le front. L’espoir est mort pour la vengeance, l’escalier est un fouloir de rêves, de pieds qui tournent et d’accidents pour les anciens. La vie se tient dans la pénombre et fleure le souci et l’œillet. L’absolu est à l’ouvrage, le remords tient bien droit, les odeurs sont à la page, le linge sèche dans le vent. Un éclat de cœur et de voix, la solitude dans la manche, il est une nuit de repos pour se lancer dans l’aventure et sombrer dans l’étang. Encore bien trop de compliments et de caresses sur l’épaule, les aveux sont dans l’escalier donnés pour dérisoires, il faut entendre gémir et pleurer encore le vent qui déboule et lisse les feuilles dans la lucarne au passage sur le verre. Il faut briser les habitudes et cerner les contre temps, la violence et les coups arrachent l’air à la ramure. L’esprit est au repos, la chaleur est une offrande, les souliers raclent les marches et le guetteur se débat bien en haut sur le toit qui penche.

Finir, venir et tordre la raison et faire dire à ce qui pense, la vie est une déroute, il faut changer de regard et d’envie, tenir le désir à distance, donner aux autres un aveu, une faiblesse, de la constance, une ardeur de chien qui déboule. La vie fait rouler du haut en bas celui qui avait peur en grimpant l’échelle et se débat dans les tourments, il a été poussé et glisse et tombe et se retrouve sans savoir entre deux raisons d’exister il tient la rampe et se raccroche, il ne faut pas rouler l’escalier.

27 Octobre 2005.

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