lundi 23 avril 2018

Où commence le chemin.

Sa solitude fleurit l’escalier, la confiance dans sa poitrine. La route sans fin : la chanson, une fiancée au fossé, les cygnes passent et froides les tombes des héros. Il y a son envie voir la fleur de myrte et de jour décliner la phrase, délacer un col, défaire une chemise, sa mémoire chauffée dans la maison, dans le silence et l’oubli. Des papillons sortent de l’armoire et meurent. Les gris renouvellent la peur et la splendeur. Le silence rompu, son désarroi, il faut comprendre et dire la vie coule ainsi d’une image à l’autre sans continuité, sans recours, il fabrique et bricole un monde de mots sans suite et sans logique, qui chantent sans raisons et allient le désespoir et le contentement. Les enfants raclent la rue, crient des colères noires et chaudes. Tout commence, chaque fois, quelle est cette fois, qu’est-ce commencer. Il s’embourbe dans le fatras des certitudes, il parle pour parler, et dans le vide, il faut noircir le blanc, se donner une raison pour présenter le monde et les actions, des phrases comme des vocalises, sans rimes ni raisons, et pour dire vrai, sans rime ni raison, dire raison et penser rime. Il faut que le mot tombe juste et que l’angle droit s’arrondisse sous sa langue. Les enfants ont fuit la rue, le travail suit son vacarme, la phrase en suspens dans la tête et sous les doigts. Ils ont fini d’ombrer le monde et blanchissent leurs cheveux noirs de poussière d’anges. Qu’il est bon d’accrocher les mots à la réalité, après le soir et ses fantômes. Le passé en action sans cesse continue son tapage. Sa fierté en embuscade derrière les murs de la maison, sonnent comme dans les chansons, les petits à l’abri des paniers, la misère cerne le choc des remords et des incertitudes. La vérité pointe son aile dans un tracé, défait et effiloché, de vagues et d’ombres. Les écheveaux rompus dispersent, sa mémoire use tout ce qui se présente, les autres ont raison, la rime est à refaire. Il faut dire dans l’ombre le soleil des autres, les uns sont comblés, hommage rendu, la mémoire parle en ce jour de beauté et d’ardeur, les hommes sont en deuil, le souci ronge l’équilibre, il faut en faire un caillou, une pierre à tailler. Ce fatras, son monde, ralentit l’accent et chante dans l’oreille, il passe d’une idée à une autre. Il faut définir une façon, une manière, une marque pour la fabrique et faire et dire que le monde avance et se porte en chansons. Dans la lumière qui assemble et fait éclater, des voix, des mots muets et graves, il est un et il organise un univers sans repos en basculant entre rime et raison.

La pierre retourne à l’ombre et flétrit le sol sous elle. L’ardeur a commencé son ouvrage, les enfants ont fuit la rue, le chantier est un brouillon, il avance vers la vérité et tue ce qui reste de lumière, les oiseaux en abondance couvrent d’un bec pointu le bruit des machines, les enfants jouent ailleurs, les mots se bousculent et mentent sous les doigts.

26 Octobre 2005.

1 commentaire:

  1. dire que votre écriture est belle serait une redondance
    alors parfois l'on fait silence pour éviter la complaisance
    mais je ne m'en lasse pas pour autant et je vous dis :
    votre écriture est belle
    je le sais depuis longtemps
    ;-)

    RépondreSupprimer