lundi 9 avril 2018

Roman. V

Tempête à la diable.

Et nous irons encore en promenade pour suivre le doux balancement des fleurs de plantes grasses.

Les abeilles se penchent sur le bord et nos yeux sont avides de cette danse de pattes folles autour des pétales qui vont faner bientôt. Ils se seront perdus ces deux et retrouvés souvent autour du bassin d’eau et de fleurs que berce la fraîcheur des palmes. Les escaliers sont couverts de verdure et de fleurs qui chantent dans la lumière du matin, les enfants sont assis sur les marches de pierre et ce rien à dire est un enchantement. Ils se donnent pour neufs les amants de la rive, ils ne vont plus boire la mer et ses épis d’algues et d’iode pure et de crabes rêveurs qui sautent de roche en roche, ils se donnent un avenir de princes et de rois. Les avances sont douces et chantent sur le dos, les crabes se grisent de la feuillaison, les salades de mer et le sel sur la table suintent d’un air de joie et de candeur. Ces grands garçons font des châteaux de sable et remplissent un seau d’eau de mer et de coquilles qui brillent dans la clarté, le matin brûle déjà la peau des amoureux. Elle racle, elle cède cette peau qui un jour se fanera et partira en plaques pour mourir au plaisir et faire une figure de carême à ces enfants grandis trop vite. Ils étaient dans un jardin de lune, le quittant au petit matin et d’un geste plein de sève et de courage ils trempent dans l’eau de la Méditerranée. Entre deux temps, entre deux rives et sur la trace des plus anciens, la mer flotte sur la grève et tire vers elle le plus grand des aventurier, la vie est une écharde que l’on ôte sans y prendre garde d’un coup de dents, le pied tenu entre les mains, ployé, courbé, le souffle court, la plante a écrasé un buisson de dures épines. Ils soufflent fort après cet exercice et comptent sans y penser les ans de bonheur qui restent à vivre sous le soleil et dans l’air de la mer et des cailloux. Les cigales ne chantent plus, les grillons montrent la corne qui leur pousse au bas du dos, le temps change, la vie est lente mais le sable coule comme un sanglot, une fortune, un éclat de fer sur le sol étincelle sur la rive, le soleil joue avec l’eau. Les serpents vont mourir de soif à l’ombre où poussent des amandiers. Les orangers accompagnent les œillets qui tirent la tige vers la rampe qui goutte d’eau sur les cailloux. Le souffle court, la bouche en flamme, le pied meurtri, il se décompose un peu et pleure une larme, pas plus, sur ce bonheur qui file, la vie s’écoule sans tapage, les forces ploient peu à peu, mais le bonheur est en marche, et si Dieu avançait à travers champs, à travers plage et marée sur l’eau et sur le ciel.

Les forces déclinent et les futurs ancêtres, de personne, se donnent des illusions, des formes de jeunesse, une entrée dans l’éternité. Les images accumulées et les rêves envolés, présence du monde ancien, yeux jaloux, la franchise commence et frémit sur la peau du cou. Le cœur et les bras se serrent au passage et frôlent l’aveu de plus grande sincérité, le panache de braves qui reviennent du combat, et vraiment Dieu avance à travers les champs d’iode et de pourpre au matin.

Il va pleuvoir, la vie est courte et la sagesse craint celui qui avance, forme un baiser du cœur vers les épaules et chante à l’échancrure. La vie est simple, il suffit de calmer la tempête.

17 Août 2005.

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