mercredi 4 avril 2018

Pour couvrir son corps. II


II

La vague est longue, le frémissement de toile et de grain répand sur la peau nue un éclair , il teint le mur de corail. La pluie ne viendra pas, la crainte du feu illumine les routes, le rouge se répandra sur terre. Les yeux des tourterelles sont cerclés de gris très clair, au fond une pierre de joie, rouge du sang de méduse.

Il est rouge le cœur qui bat pour moi et me précipite chaque jour dans le rire ou l'angoisse. La mer est de corail et le rire gonfle nos joues de pommes dispersées dans l’eau, océan tordu à nos pieds. Il est de même, le membre qui nous broie, le pieu qui nous transperce et fait rire nos visages enfouis. La tête dans l'oreiller ils se disent des confidences d'hommes rouges épris et emportés vers l'azur, vers l'enfer et l’embrasement. Au fond des amours quotidiennes, la vie parle sans façons et luit d'une clarté de pleine lune. Le contentement ouvre les portes au voyage vers la liberté et la fin des querelles. La trahison consume, les cendres sont éparpillées sur le tas, sable devant la porte.

Le rouge a envahi la chambre des voluptés simples, grésille sur la peau et le cœur, remplit un chaudron de bonté. L’histoire fait trembler, le jour ouvert à la chaleur réchauffe son trait sur le rouge des embrassades, sur le rouge des yeux de tourterelles et sur la pointe du sceptre qui fait notre majesté. Il faut voir l'amour demander de la grâce, du havre et du contentement, de l'émoi et de la pâmoison. Les anges aux ailes rouges décroisent leurs rubans et font chanter les fontaines, le ciel est rouge, l'orage viendra bien, les hommes ferment leurs volets à la teinte acérée, le sang claque la façade, ils sont ivres de sang versé, bouillant sur les oriflammes et durcissent soudain dans une gangue sans air. Il devient noir de souffrance et de haine. Le rouge envahit et remplit la peine et les cris s'étouffent dans le creux de l’épaule, l'incendie dans le bas du dos et les reins creusent leur ardeur. Au sommet très vite, le tison porte la plaie à l'incandescence et fume la chair entaillée, la lèvre est couverte de brume, de caillots, de brandons ardents. Danseurs de pleine lune, qui frottent dans leurs joue la glace rouge et se parfument de noir et d'incarnat dans le sentier qui mène au large, frémissent sans rien pouvoir, juste accepter qu'on les suive et que l'on dise la saison se poursuit, les semeurs vont jeter au-dessus de l’épaule les graines rouges des citrouilles, préparer les soirs de fête sous le givre quand le froid pince la peau et fait rougir. Braises et brandons se conjuguent au vent qui vente et font entendre la réponse du rouge à l’âme, du rouge au cœur, du rouge aux joues et du feu pour purifier et conjurer le mal dispersé par l'incendie.

Le petit pas, la farandole, les pieds légers dans l'escalier, il grimpe un lierre vert tordu de ravissement sur le tronc rouge d'une amphore. Il est un grand destin, une aventure qui lance mieux les voiliers que le fracas d'une bouteille sur la coque de bois mouillé. Ton mat est rouge et ma main ne tremble pas à l'étreinte, au début du combat ils s'entremêlent et se glissent dans les pores et dans les lèvres dans la peau tannée par le vent et les yeux rougis de plaisir et de fierté.

6 Août 2005.

1 commentaire:

  1. avec vos mots :


    Corps ouvert la vague allonge le frémissement, son grain, sa peau. Nudité du corail. La pluie illumine la terre. Les yeux gris de la pierre enflent de joie. Rouge.

    Le cœur bat de rire et d'angoisse. La mer gonfle ses joues dans l’eau et fait rire nos visages. Dans l'oreiller l'azur embrase les amours, la vie est clarté. La lune est beauté. La trahison de cendres.

    La peau et le cœur sont de bonté. Le jour réchauffe les yeux du sceptre. Il faut voir la grâce, son émoi et son vertige. Les anges sont aux fontaines, le ciel est aux hommes de sang et d’ivresse. Le rouge est aux épaules, incendie des ardeurs. Chair couverte de brume, de flocons, étincelles du temps. La lune danse, joues rouges parfumées de noir. La lune semeuse de graines pour la fête. Rouge est le cœur, purifié, ourdi de bonheur.

    Farandole du lierre sur le tronc de l’amphore. Une aventure. Un voilier à la coque mouillée. Son mat tremble sous l'étreinte, un combat, une splendeur, une illusion, l’amour glisse sur la peau brune et hâlée. Le plaisir et de fierté.

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