samedi 1 septembre 2018

Un sonneur.

Et le soleil a écrasé le malheureux sous son passage. Et la chaleur et l’horizon et l’espoir et la fantaisie et les premiers et les derniers et toute la raison et toutes les sortes de choses et de saison et le plus grand et le plus infâme et l’objectif et la présence et le retour si fort et le joyeux et l’inconnu et en dire et en faire et retourner et reprendre dans la main la soif et la ferveur le soleil était chaud et le service à vif.

Et retendre la joue sur le passage et refondre les yeux dans un carquois, il obscurcit et égalise l’âme, la pénombre est obligatoire.

Il faut déposer son fardeau de malheur, son sac de prétentions, son bâton d’assoiffé, son pain, d’anges et démons, mêlé et bâtir et reprendre et refondre pour l’avenir le son des cloches englouties, enfermées sous le sable, perdues dans le passé, rouillées dans la colline, éraflées sur la dune, et espérant visiter à nouveau, et ouvrir le chemin, et déformer la clarté pour réciter la solution, pour enfanter et faire dire, la certitude, la vérité, le passage des hommes à travers les temps.

Écrasé et perdu il entend ces cloches tinter et recouvrir le fond du paysage et noyer les herbes et les animaux dans la fraîcheur du saut dans l’inconnu, dans l’inespéré, le métal résonne et la vie continue et les serpents vont boire à la mamelle, les œufs éclosent dans le nid posé sur la plage, les errants sont calmés, les cloches tintent et recommencent et les retournés se composent un instant fort, une vision, l’œil perdu et noyé par les larmes, le sel attaque, la peau est veloutée et les serrures grincent, métal contre métal, le sonneur est en avance.

La voie est tracée sous le pied qui hésite, il faut avancer vers le lointain, il a froncé la peau et réduit la largeur, il voit bien mieux et bien précisément.

Il est au devant d’une cohorte de songes, il refait le chemin et brûle le temps, et défait la toile, et claque dans le vent, un coup de langue précis et insolent, les animaux se lèvent et frôlent son pied nu.

Le masque, le tambour, la peau se tord et les rouges étalés, et les défauts de l’air, la présence d’en haut sur le bas, sur la fange, les orteils sont tordus et griffent dans la nuit.

Il faut entendre dire et recompter les doigts, et frotter les chevilles, et masser la peau grise, à rougir bientôt, à se fendre pour l’heure, à décomposer l’âme, à refuser le choc, à supporter le poids et déposer des larmes sous les yeux, pour arroser le sable et tordre encore le pied dans la boue.

Écrasé par le ciel, serré par le sable, entre le haut et le bas, il chemine et ferme les yeux et entend le métal qui résonne et remplit son cœur d’or et de rouge et d’azur, le sable entre les doigts du pied qui se retourne, et faiblit, et franchit les bosses et les trous.

Il faut entendre, et vivre, et sonner avec, les battants des cloches encore frottent ses yeux et sa raison, la folie du moment est ouverte sur l’ombre, il faut gratter et signer de son sang, sur la bosse plus dure, il était jeune et tourne au plus ancien.

Le passage est étroit les plus faibles gémissent les indifférents se rendent en croisant sur le pont des regrets, la difficulté même, les erreurs et le doute se lavent dans un cri quand il recommence à vivre.

A vivre et à trembler de chaud et de honte, il se trompe, et commence, et défigure l’âme, et rompt le secret, et franchit les écarts, et boit sans y penser une goutte de frénésie, il est plus lent, plus lent et plus rouge, et plus sombre, et plus porté, et lourd sur le sol.

Il vit dans un rêve qui dérange et passe entre le ciel et l’eau.

18 Avril 2007.

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