samedi 29 septembre 2018

Sur une allée. I


Un jour, deux jours, trois jours, et il pose le pied.

Sur une allée de fleurs, un jour, deux jours, trois jours, il passe et fonce et force le regard sur l’eau. L’air circule et donne à boire et à rêver et prend en tournant, la liberté, les rumeurs, les envies, les avances tressées de fils de joie. Il est muet et protège sa route et consacre le soir qui vient au retour des enfants.

Et il charme et recommence et sert et ose et use et dit le bien et dit le mal. Il frôlait les orteils sous les draps, les doigts du pied raclent le sol, les animaux se penchent, retroussent les lèvres et montrent les dents et bouchent des trous d’ombre avec des pierres de lune pour forcer la lumière, pour rompre les chansons et avaler les coups.

Il faut prendre et faire et tordre et poser la main sur le cœur et ouvrir les yeux dans le soleil, il brûle et apaise et s’absente souvent et recommence et tord et frappe et ne donne plus rien dans la saveur du soir venant. Il a cheminé loin et descendu la pente et remonté et bu et saisi le malheur. La confiance est au coin, où se lève le vent, où chante la mésange.

Les oiseaux se posent autour de lui en déraison, il parade, il avance, il connaît les suivants, il saisit les dormeurs, il se redresse et pose les yeux sur lui, sur eux et pèse le poids des âges et des choses. Les compagnons venus, les compagnons perdus, des horreurs des carnages et le poids de la vie sur une peau encore tendre. Il se dérobe et jette au loin un panier de courage.

Les vertus l’abandonnent, il sait, il va, il vient, il sait et il reviendra sur le temps chauffer le lit des autres et fermer et ouvrir et poser un baiser et des larmes sur la main, sur le pied, sur le cœur.

Il avance et choisit, il saisit son bâton et change de main, les doigts détendus et le regard heureux, il salue les autres, les petits, les voyous, les oubliés du jour, les perdus, les solitaires, les revenus de loin et les sauvages enfin qui tirent sur la jambe et lèvent les yeux vers le ciel pour voir les oiseaux jaunes et bleus d’Afrique, ils quittent les parois et volent tout haut, bien haut.

Un jour, deux jours, trois jours, il passe et fonce et force et redit dans le ciel le poids des pauvres gens qui lancent au lointain des dragées et du poivre et éternuent sans être pardonnés. Il se recommande à eux, à vous, à nous, aux autres qui tendent des rameaux sur le front des enfants sans loi. Ils bâtissent des villes et règlent des accords de sang, mêlés d’orgueil et brisés par le flot. La nuit à fait orage, ils se déposent dans des paniers, à l’ abri.

La vie est lourde et longue, les chevaux sur la berge promènent et posent et attendent leur gloire, les enfants perdus sont en haut et chantent et rebroussent le poil et dictent leurs raisons et dépensent le bien et soupèsent le mal et commandent aux autres un rayon de sérieux, un doigt de piété, une once de sang, ils cultivent la vigne et les saisons et meublent d’évidence le grand mal, les chansons et les fauves charmés.

Sur une allée il passe et compte les fleurs bleues et regarde le temps et attend et espère un signe, un bâton levé face au soleil et qui bénit le sol. Il pose maintenant à terre et sans trembler, son pied si douloureux.

7 Août 2007.

1 commentaire:

  1. "L’air circule et donne à boire et à rêver et prend en tournant, la liberté, les rumeurs, les envies, les avances, tressées de fils de joie."

    Marcheur, il avance au milieu du temps, ne pouvant éviter la rencontre de son ombre projetée. Au début du voyage, en route vers l’ailleurs, l’inconnu du grand large, le mystère des larmes, les serments d’hier et les voyous d’un jour. Il avance tranquille sur les sentiers du monde en solitude et silence. Il visite la nuit, les sommeils de l’enfance, là-bas, dans les lits de pleine lune où la lumière chante sous la voûte du ciel.

    La vie passe et regarde le temps. Sur la berge les fleurs espèrent et attendent la lumière, les enfants retrouvés chantent et dansent, ils boivent le vin chaud et moelleux de la déraison.

    "L’air circule et donne à boire et à rêver et prend en tournant, la liberté, les rumeurs, les envies, les avances, tressées de fils de joie."

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