dimanche 10 février 2019

D’un été.



Ah, il se retrouve et se fait confiance sans rien sur le dos, sur le cœur, et les poches vides, le regard clair. Il force le passage, il chante pour lui seul et reconnaît sa solitude, le renouveau et la vie sur terre, et la vie sur l’eau, il se reprend et il se donne, se donne à lui-même et en cela toujours, pour lui seul, pour lui seul, il chante et dégage le chemin, il se tord sur l’espace, il se frotte dans le vent, il s’enchante et se reprend et se forge pour lui seul des couronnes de gloire, des parfums, des envies.

Il est en date, il se reprend et répand sur lui seul, le parfum, sa gloire est petite, il se tourne et compte ses dents et se reprend sur le dos et il chante pour lui seul, il sait la solitude, il ne redoute ni temps, ni espace, il compte pour lui seul la clarté et le doute, la chair compose l’âme, il se reprend, il chante pour lui seul, il se compte et il se reconnaît, il frôle son menton, il compte chaque ride, il se répand au ciel et il brise un à un les verres du service, il chante pour lui seul, il compte les alarmes, vain et facile.

Il se rappelle et dompte ses erreurs, il dompte les soucis, il fracasse le vent et troue la déraison, il cherche sur sa main, sur son dos, sur ses épaules, le grand au vent s’agite, il se donne, il se défait de sac et de corde, il se demande où vont-ils donc ces rescapés : ils se frôlent et flanchent, ils sont en devenir, ils sont en habitude, ils se chauffent et se pensent et se reconnaissent de loin aux dents et aux cheveux, ils sont mêlés, ils sont complets, ils se figent et renaissent, ils sont perdus et sans entraves.

Ils se retournent et donnent au sol un coup de pied, un coup de dent, une éraflure pour ce temps, ils se perdent dans le rien, ils se prennent dans le vent, et il écarte les yeux, et il compte les cailloux un à un pour gagner du temps, pour tromper la mémoire, pour fendre d’un regard leur mystère et la peur, il se berce lui, au sol, au vent, à la chaleur, il se berce et tourne sur le dos, il recule et repense au rien définitif, il se déplace et songe, il se remet à peine, il se cherche et se voit, il avance nu et seul.

Sur le chemin pressé, il se démet de tout, il rend l’âme et le corps à la force elle même, il se démet et pose en tas une ferveur sans nom, une saveur sans forme, il se penche et voit des fleurs au sol, sous les pied, il est ébloui et il passe entre deux, leurs rangs sont formés, la chaleur est intense, il se démet et pense au plus forts, aux plus fous, ils sont fragiles et lents, et il regrette et il impose aux grands des hésitations, des stupeurs intenses, des frémissements, ils se jaugent à l’éblouissement, corps et âme.

Il rampe sur tout, au jour, pour toujours au plus haut, au plus loin, il se berce dans l’air, il se tourne et il penche, il est fourbu sur le néant, il est ployé, il se porte, il s’arrache, il se donne aux éléments, servi sur place, comme l’eau, il coule entre les doigts, comme le front il perle de sueur, il se penche encore et il compte le temps. Le vent n’est pas levé, l’air est rare, les oiseaux glissent et ils penchent, il se donne de l’œil un tour de clef complet, il est sur lui-même, il se compte et se pense de sable.

Il est étalé, sa vue papillonne, il se dépose et luisent, sur le cœur, sur la main, des effluves du temps, de la douleur, des larme, il se donne aux uns, il se donne et voit, il y a encore à dire, il se voit, il s’enchante, il se forme dans un piège, une nasse, et les petits sont perdus, ils se penchent dans l’ombre, ils ne voient ni les fruits, ni les branches, rien, rien à voir, rien, rien, à dire et à penser, il faut franchir d’un bond la fraîcheur des martyrs, ils se tournent, ils songent, ils sont perdus et raclent le sol.

Au temps, au sable, les portes rouges sont fendues, il se tourne sur lui, il se compte, il s’embrase, il revient sur son devant, il compte son lointain, il ne sait pas s’il parle, il ne sait pas s’il chante, il est perdu et rayonnant, il s’accroche aux branches, il se tient dans la pente, sur le devant, sur l’arrière, il se donne au temps perdu de l’angoisse, du passé, il se cherche et s’appelle, il reconnaît son air, il reconnaît sa nuit, une odeur douce et noire, il se regarde et il brille, il y aura sur sa main, sur sa main, il ne sait.

Sur le front en place, sur son temps, une fuite éperdue, il est encore à croire et à penser, la vie avance et brouille ses regards avant le baiser, il fuit sur le sentier qui passe, il court sur un trace perdue, un retour inquiétant, la vie se brise sur la berge, ils sont encore loin, ils sont encore là-bas, ils attendent, ils vont, ils y viendront, ils seront bons et secourables, ils seront la loi là-bas, ils seront ici seuls et perdus, ils se donnent, ils se chantent, ils sont aveugles et sourds et il cherche encore des fleurs.

Sous ses yeux, aux branches de fruits mûrs, aux envies éternelles de prunes et de raisins, son été est finissant.

17 Août 2009.

1 commentaire:

  1. Le chagrin par la main et la joie dans le cœur, il chante et se repend. Il frotte son âme à une ride du ciel. La brise le repeint des couleurs de l’aurore. Il chante et se souvient le bonheur sur le sable. Il est seul et il doute. Il parle du bonheur, il parle de la vie sur l’eau et sur la terre. Il vit de poésie et du beau de la vie. Il écoute cette voix du poète qui dit : "qui parle de bonheur a souvent les yeux triste".

    Il chante son refrain sur la peau de la main. Il recule et s’ébroue et gratte la boue sèche du bout de son sabot. Il peigne sa crinière et effile son crin avec les doigts du ciel. Il parle avec le vent de choses singulières qui se perdent dans l’eau, là-bas où le soleil s’émiette sur la mer. Il souffle et il rit, et mâche un grain de rêve qu’il a entre les dents.

    Il sublime l’instant, les cailloux du chemin. Dans sa main un galet se refait un visage. La saveur reprend forme, il la presse dans ses doigts, il en extrait son jus et le dissout dans l’air, il coule sur son front comme une larme de sel sur l’horizon en fleur. Les oiseaux sont lascifs et se tordent le cou dans des châteaux de sable.

    Il marche, marche sans répit, exalté par ce qu’il voit, par ce qu’il fait, sans soucis d’où le conduit sa flânerie.

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