mercredi 27 février 2019

Le marin et les fleurs.

Ils heurtent chaque pierre et construisent une route, ils penchent et cherchent un reflet sur le temps, une fleur, ils accrochent aux erreurs un nuage et du ciel et du temps sur son allure, ils défont une à une les perles du collier, ils se tournent et empruntent une histoire d’enfance, une série perdue, où étaient-ils ces rejets et ces rires, ils se donnaient à voir, ils étaient en partance.

Leur souffrance est subtile, le drap claquait au vent : il séchait dans l’air et ornait le pavé, la pluie en écho, le souffle de la fatigue usait les fibres tendues.

Il y a sur leur temps un souvenir heureux, une histoire achevée, une suite de joies, ils étaient et ouverts et libres dans les herbes, ils étaient étendus sous les branches ployées, ils étaient sans attente, de reconnaissance pleins, tranquilles et actifs, assurés et puissants.

L’enfance est une force qui berce la sagesse, ils étaient obéissants et calmes, si chauds des murmures doux des pommes aux branches pleines, des oiseaux qui frôlaient le ciel et les nuages, la boucle débouclée, les lèvres suspendues, ils écoutaient les heures et le passage du vent sur les herbes, au soir tombé, ils écartaient la nuit d’un rideau, d’une espérance.

Le ciel est ombragé, la vie est retenue, le temps est un précipice, ils se content seuls, ils chantent pour eux même, ils inventent la suite et ils ne se trahissent pas.

Le marin souffle et pousse vers le Nord, ils se défont et rient et chantent, le temps sur les arbres monte toutes les échelles, le regard porte loin : un jour ils seront vieux et donneront l’histoire des passions à entendre aux élus, un mot, un autre, une figure atteinte.

Ils sont couchés encore et attendent la nuit, le rideau soulève l’impatience, le corps est suspendu d’une branche à une autre, les oiseaux tournent, le soir est encore là, le temps renaît toujours des pieds tordus, l’enfance y résiste, le cœur est sur le fil, le temps est aux orages, le grand marin souffle vers le Nord, la vie est descendue, le chaud est intense.

Ils se composent et redisent : le voile est déchiré, l’histoire est achevée, et ils se renouvellent et domptent d’autres erreurs, le voile flotte, le drap sur le pavé son ombre est dépensée, ses reflets organisent le temps des plus âgés, des perclus, des ravis.

Ils n’ont pas trahi, l’histoire est avancée au sol, au ciel, les nuages passent, ils ont avancé, ils se cherchent encore, ils décorent leur jour, ils poussent une après l’autre les fleurs et les saisons. Les lilas revenus, les graines volent, le vent fripe les yeux, ils ont perdu le souffle, ils ont puisé dans le panier, la confiance est intacte, sous les arbres penchés, sous les fleurs à renaître, ils étaient enfants et âgés, unis dans le mystère : le temps arrêté.

La fleur dans l’air clame : ils étaient heureux et sensibles et perdus sur le souffle, une éternité ouvre sur les autres, l’apparence est entière.

Ils décroisent encore le corps étendu dans l’herbe, sous les branches, dans le repos protégé, dans la chaleur sans poids, dans l’évidence retournée. Ils étaient enfants et heureux et pleins de gratitude, la vie a épargné leur flot.

Ils sont encore là et pleins d’espérance et posés sur le bord de leur toit, les échelles s’envolent aux branches ployées, le frisson achevé ils cherchent et trouvent, leur destin est tiré fil à fil.

La clarté touche leurs épaules, ils en sont encore à dire et à faire, le vent souffle au Nord, il est chaud et il est grand, où part-il ce grand marin qui pleure et ploie les branches sous les fleurs.

13 Juillet 2010.

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