jeudi 21 février 2019

De laurier et d’olivier.



En avance, allons plus vite, avançons mieux, il faut écouter et la pluie et le murmure du vent et des oiseaux, dans les arbres, sur le toit, sur le cœur, sur le monde, il est enfermé et au supplice, il se retourne et tend la joue, le ciel est embrumé, son corps est enflammé, il voit, il respire, il court sur le sentier, les yeux fermés, la bouche : il aspire et respire, le vent est froid, il est froid, il se retourne et change encore, change encore, il fracasse sa vie, il tourne sur lui-même, il franchit le pont, il franchit la rive, il recommence et pose sur la berge un pied peut être délicat, une empreinte sur le sable,

les cailloux glissent à la semelle, il défait une à une les positions, il faut marcher et conforter, le masque : il est caché, il est présent, il se détend et recommence, le pied sur le sable, la semelle glisse sur les petits cailloux, graves et graves, ils lacèrent un cœur endormi, un cœur, il se lamente, il tourne et tend et recommence, il franchit les obstacles, la semelle glisse sur le sable, les cailloux roulent sous le poids, il tord un peu la bouche, le sentier est étroit, le ciel est embrumé, le corps est enflammé, il se penche et récupère au sol un tout petit caillou, un grain si grain, un si fin, si fin bout de terre

et d’ombre, une obscurité sans partage, il se referme et il apparaît, il faut encore et encore faire, il faut y faire et commencer et faire toujours, avant, bien avant de dire, il faut faire et puis vient le temps du silence, de la mastication, de la macération, ils se couronnent de laurier, d’olivier, ils se cherchent d’une rive à l’autre, ils se penchent et recommencent, au ciel embrumé, au corps enflammé, ils se jettent d’un bord à l’autre et bien timidement et sans recul ils foncent et abandonnent la conscience, le dégoût, il faut agir et il faut dire, dire après, sans y penser vraiment, il faut dire un mot, un mot et un,

et un de plus et chercher ou en sont les paroles, reste-t-il une nuance en cette espèce, en ce retour, un mot perdu, une parole insensée, sans rien devant, sans rien derrière, sur le sentier il fonce, il va tout droit, toujours devant, il cherche une parole et commente la vérité, les vérités perdues, trouvées pour convaincre, pour raisonner, pour endurcir le corps, pour délayer la brume, pour fondre dans le temps le reste et le tenu. Il se propose, il argumente, il commente les vérités, il fourbit ses armes, il faut faire et puis après il faut dire, il faut le dire et tout en dire et se dire sur le moment, au temps certain, si,

à la nuance sans souci, sans rien dessus que du silence vrai et effrayant, de la nuance pour toute chose, dire et redire et commenter et enfoncer le pied dans le sable, les cailloux roulent sous la semelle, il est fourbu, il s’éreinte, il monte, il grimpe, il serpente vers la vérité, il tourne autour des paroles, il se donne à dire, il avance dans l’imprécision, il faut tourner le masque il faut avancer vers le ciel, la brume et la flamme, le corps perdu, la parole si rare, l’étrange sourire sous la semelle, il faut partir, il faut, il faut et tout commence à chaque pas, à chaque écueil, sur le sentier il fut droit, il monta, il vécut,

il avance, il se tourne, il recommence, en avant, avançons, encore un peu plus loin, un peu plus haut, sur le devant, allons, allons. Une frénésie : sur le tard, il faut partir, il faut tourner, il faut entrer, il faut y être et puis après avoir fait, il faut dire, dire, il trouve des paroles, il trouvera, si haut.

17 Février 2010.

2 commentaires:

  1. "Car nous voulons la Nuance encor,
    Pas la Couleur, rien que la nuance!
    Oh! la nuance seule fiance
    Le rêve au rêve et la flûte au cor !"



    c'est très beau :
    " sans rien dessus que du silence vrai "...
    oui, c'est très beau... maravilloso

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  2. Dire sans penser
    un mot et puis deux

    tubercule ... racine-mère

    le sillon est profond
    et la source jaillit
    un éclat une lumière

    il faut dire un mot

    qu'il explose au soleil
    grain de vent ... de poussière
    un noyau sifflotant

    une feuille d'olivier
    sur un lit de laurier

    un seul mot il le faut

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