vendredi 26 octobre 2018

Au bout du fil.

Il est un sonore marcheur, au temps passé à entendre, à dire, à faire, à copier et reprendre et justifier l’imprévu, le grand, le petit, la corne noire, la corne blanche, le tout sur le bien, sur le mal, sur la table, sous l’appentis où la sagesse recommence, où le fardeau est lourd, si lourd et aveugle et perdu. Il est un sonore marcheur, une vision au bout du cœur, de l’angoisse, de l’incertitude, 
 
sur les cailloux, une liste, une liste. Il avance, il avance, dans le grand loin, dans le grand tout, la liste est là, elle accumule, elle grandit et redit tout et déplace et ferme et entre et recommence à l’imprévu, il est en haut et en avance et il compte, compte sur les doigts, sur la main, un pied, un autre, un pied, un autre. La suite, le calcul, le poids des pierres sur la peau, la nouaison,

et les sanglots, il dit et parle, parle, parle, il affronte sans rien en voir le futur et son ombre et sa place et ses offenses. Il est perdu et en retard et perdu dans les confidences que faisaient en plein été et ce divan, et la fontaine, et les regards en coin sur le bord du canal, ces gens arrachent des arbres et ils les brûle et il fait chaud et il a chaud et le soleil tape, tape, tape.

Il y a bien avec élégance, une avancée sur le bout de la main, un doigt, un pied, une espérance, la vie s’étire infiniment. Il va et vient.Il perd la tête et recommence sa chanson. Il est en eux, il est en compte et il précise la saison, le temps est beau, le temps est clair, il cherche au bout de l’âme un tout petit caillou, scrupule en fond, pour racler le cœur et la peau à la surface, au monde,

il avance, il est perdu, perdu et sans avantages. Il se donne du tourment, de l’inquiétude, un regard neuf au coin cousu sur la paille. Il feinte et commence à peine, il est perdu, un couteau trouvé, perdu et reperdu et détourné sur le talus.Dans l’herbe, l’herbe fine et odorante. Il avance serré et les pieds dans la boue, il cherche, cherche et trouve, des cailloux, des cailloux.

Il se tord à cloche pied sur les cailloux. Il affronte le temps qui passe, la peau raclée de temps et d’heures, le col brouillé de larmes pures, de rien en face, de bien perdu, il a perdu un couteau, un tout petit couteau, un don du ciel, perdu, trouvé, reperdu, détourné. La vie est grave, grave, grave, le ciel est perdu dans le gris, dans l’obscurité du cœur qui penche. Sur l’herbe fine et odorante il racle,

il cherche, il se tourmente, il ferme les yeux, il est encore loin l’été et le grand ciel bleu. L’hiver est toujours dans sa pente, il a trié le temps et l’heure, la saison est remontée, le mécanisme est complexe, la machine bat la chamade, il est pendu au bout du fil, le tic tac du temps passé, du présent qui fuit et qui avance. Il avance, il avance, dans le grand loin, au grand tout.

Il est en haut et en avance et perd le pied sur les cailloux. La suite, le calcul, le poids des pierres sur la peau, la nouaison et les sanglots, il dit et parle, parle, parle, il affronte sans rien en voir le futur et son ombre et sa place.

18 Février 2008.

1 commentaire:

  1. Beauté des mots : "il cherche au bout de l’âme un tout petit caillou, un scrupule au fond de la chaussure"... Débusquera-t-il l'ange qui tend le fil et lui dit d'aller de l'avant, au droit fil du courant ?

    Une petite lame perce et se tord dans un cœur de caillou qui saigne larmes... l'arme de l'obscurité.

    Le grand loin, le grand midi, tout est si loin dans les cailloux et dans l'attente des jours nouveaux, des jours si sombres perdus dans l'ombre. Au bout du fil que restera-t-il de ces petites perles vertes qui à terme nous réjouirons de leur nectar divin ?

    RépondreSupprimer