samedi 20 octobre 2018

Ils étaient ils.

Ils sont en boules, sous les rayons, ils se serrent les uns aux autres, tout est brouillé, tout est bridé, les écorchures se reprennent, ils se dégrafent et tirent haut. Ils s’en vont loin sur la dérive, sur le rebord, sur les cahots, et ils se battent sans mot à dire. Ils sont unis et pleins, et d’ardeur, et de reconnaissance, ils se gonflent sur le dos, sur le sol, sur le pied qu’ils lancent.

Le son est au loin, ils étranglent sans attendre les reflets bleus sur le chemin, sur le devant, dans l’espérance, dans le silence, dans le regret et l’escalade. Ils se défont et vont et viennent et connaissent en y songeant la peur d’arriver, de finir seuls, d’être si grands, si loin, si beaux, et si charmants. Ils se balancent sur le temps, sur le fil, sur les toits, sur l’air pur, sur le souffle court, dans des mares de petites bulles.

Ils ont les yeux bien hauts et chantent, sur le bord du temps, les chansons de pluie et de chevaux dans le pré. Ils achèvent, ils contemplent, ils énumèrent et envisagent, et ils fuient sous le ciel changeant, le tonnerre, la voie si pleine et sans entrave et alléchante. Sous le ciel, ils sont sans trembler. Ils cherchent l’issue, le pas si lent, la course calme, les effets de mains dans la boue, et ils se sèchent au vent tiède, sur les pierres du bord du temps, sur les averses, sur la rive, dans le grand œil présent au doux sourire.

Ils se perdent, ils sont enfuis, ils se séparent et recommencent et finissent sur la défense, dans l’air du jour, du rien dans le vent qui tourne et complique le sens des feuilles, en écorchures. Ils se tournent les uns, les autres, ils sont mêlés et luisants, nus sous les feuilles noires, et en tremblant, ils se balancent sous les branches, ils se disent et recommencent et frémissent sur les chemins. Ils sont perdus et ils se noient et ils se content et enjambent le passé lourd, la mort des gens, les blessures. Ils ont des genoux et des entailles, et ils se penchent sur le temps, au bord du soir, au cri du vent.

Ils avancent et recommencent, ils se tournent et embrassent en passant une herbe sauvage, une fille de rien perdue, perdue et sans attaches. Ils se reprennent, ils sont contents, ils sont posés sur le parcours, la fête avance, le temps est clair, il est bordé de gens en transe. Ils avancent et cherchent l’âme, le corps, le perdu, le sans rien, ils sont carême, ils sont question, ils sont perdus, sur le sable, le couteau dans la poche, l’outil posé, la pierre sur la marge, les feuilles volent, le couteau tranche.

Ils sont partis et recommencent, ils reviennent, ils sont contents, ils se mêlent et recommencent, se perdent dans les détails, dans le secret, dans l’échafaudage, ils sont en construction, chantent et perdent les batailles, un caillou suis l’autre, ils commencent. Les plus perdus recommencent et les langues tournent sept fois. Ils sont contraints et ils se vantent, la lame est forte, le temps est beau, le couteau est posé au bord, la fenêtre est ouverte, le calme est plat dans le pays, les clés tournent dans la serrure et la main tremble et la porte frémit, ils se penchent sur le bord du monde, sur le temps passé et perdu et sans retour, ils se serrent.

Le lit est posé, le toit est sur la tête, la raison est pure, dans les livres, sur les lèvres. Le champ est clos, les fleurs y poussent, les passants foulent le sable jaune, la confidence est sortie d’un cœur ému, les lèvres bougent et redisent le serment, la fureur, le retour et les spasmes. Ils hoquettent et pleurent leurs chaudes larmes, ils sont comblés et plein de sel, ils se figent sur le bord, sur le chemin, sur la serrure, sur les avances, sur la vérité, la liberté est en avance, ils étaient ils, ils étaient ils.

12 Février 2008.

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