lundi 18 mars 2019

Aux volets.


Résolu et sensible, si sensible, long, au frais, avant il ferme les volets et garde la lumière, en pleine lassitude, rompu et sans raison, il déroule le temps et file sur le rouleau les mots et les saveurs. Il entre pour lui seul dans la noire beauté, les anges sont absents : ils dorment, ils reposent, ils ont des livres sous les murs, ils ont aperçus des fleurs et des escargots entre les pierres et les souches.

Ils sont coupés et en grâce, sur le rond du point de la vie, sur la membrane, sur le pin noir, sur la branche des oiseaux vifs, ils se cherchent et donnent à luire des morceaux de roi pour reine, des surfaces de blés coupés et moissonnés, ils sont les épis sur le sol qui sèchent, ils défont peu à peu le bandeau noir des certitudes, ils avalent au plein du jour une liqueur de tour terrible.

Venus de plus loin, présents encore sur les tours du monde et du destin, sur la grandeur, sur la crainte, ils frémissent et dorment au loin. Ils viennent de ces nuits de certitude, gouffres profonds : ils éclaircissent les yeux, ils rendent le bien et comblent, il n’y a plus que soif apaisée et jour fermé sur la fraîcheur, ils iront aux épousailles, ils tourneront sur le sol lourd et frais, le sol noir et bas.

Sous la toile blanche, si près, si près de l’escalier, une marche, une autre, un pied tendu, un œil ouvert, une échancrure, le col est offert, la vie rassemble, ce peuple est à venir, il agira, il se fera et pour dormir, il dormira. Ils avancent sur le tapis, ils tournent dans leurs habitudes. Si loin de cette rumeur claire, l’eau coule dans la cour enclose, les oiseaux silencieusement pleurent de soif.

Au jour nouveau, il est le juste le milieu, la courbure parfaite, il est encore en avenir, il dérobe au loin la vêture des rois chassés dehors, loin de leur ville, la confiance au cœur, l’ardeur dans la ceinture, ils dorment et ils reconnaissent les toiles blanches, les sièges rouges, il faut fouler le pavé lourd, le chaud y meurt, le chaud si grand, bien prévenu, si tourmenté, perdu, sans fortune, dans l’abri sûr.

Dans l’escalier la rampe est chaude, le ciel est haut, il est l’heure des justes, ils sont anges et ils inventent des mangeoires pour les ânes du blé perdu, séchant au sol, des feuilles rousses, des fleurs qui penchent, ils se donnent au ciel toujours pour effacer du cœur les fautes, pour peupler d’un peuple agissant l’ombre en fuite. Le soleil à travers les branches et cassé aux volets, il faut taire la lumière.

Il faut glaner de la fraîcheur, il faut rompre les épines, il faut se dire, il faut tout commencer, il faut espérer un peuple en action, après, après le grand sommeil, il faut passer, il faut le passer le grand sommeil, le calme fraîchit tout, éblouit et déborde, le cœur respire, les branches bougent, ils sont étendus sur la toile blanche, ils perdent un peu de leur fardeau, le clair si clair la réussite, ils donnent du pain.

De l’eau, ils empilent les confidences, ils murmurent dans le ciel bleu, ils sont bien vivants, si tendres, si reconnus et si tranquilles, ils dorment loin dans l’ombre fraîche, dans le remous de l’eau de la cour close, la clarté occupe tout le visage, le temps est à venir, encore plus de fardeau, de la gaieté, du renouveau et sans blessure et il attend un peuple en action, un peuple sans échancrure, la terre est.

Pour, le temps est clair, l’air est vif et léger, léger, ils tendent et se renvoient les éclairs purs du bien à prendre, du bien à nommer, de quoi défendre, défendre pour commencer, l’action est une urgence, ils dorment, dorment, ils sont éblouis de la terre, de la raison, du renouveau, ils se donnent, ils sont mystères et joie même, mêlés et sûrs et sans contrainte. Il faut chanter la liberté.

Un air, un autre, une vaillance, ils sont enfants et en partance vers le sommeil, la volupté, la tendresse, quel est le secret, comment se font ces attentes, qui recommande le sommeil, qui poursuit sur le sol si frais, la suite, le renouveau, ils se penchent et roulent : les oiseaux silencieux, les anges émus, les cœurs qui abandonnent le massacre, les épis, les meules pleines de rosée, un air, au matin.

Plus rien ne brûle, le cœur est débordant, au vent son air est sur la parole, sur le fil, les toiles blanches sèchent et s’inclinent, ils sont venus pour les compter et ils dorment sur le tapis, il rêve d’un peuple agissant et ils dorment le poing fermé, sur la toile blanche, sur la rampe de l’escalier, sur le retour, les anges blancs attendent, il faut chanter la liberté il faut reprendre le sommeil dans le silence.

Dans la souplesse, le jour, c’est le jour de voler ensemble pour prendre un air, un autre, un retour d’âme en attente, le voile est relevé, l’air coule entre les colonnes, il porte haut son éventail, il se figure dans l’espace, le train est long, le train est long, il avance en majesté, il est permis de le rêver, il est permis de tout entendre, l’eau qui coule dans la cour close, le silence des oiseaux sur la branche.

Le soleil les écrase, ils dorment, les fleurs blanches, les papillons sont bien rentrés, il a vécu avec les anges, il a suivi un ruisseau, il a couru tous les chemins, il déroule le grand tapis, sous son abri, sous son autel, sous son pied sûr, que plus rien ne griffe, il faut chanter les jours sans fin, les jours de caresse et d’attente de la joie bleue, du nouveau né dans la semaison ardente, joie ardente et semaison.

Le voile est pris, le cœur est à l’aise, ils murmurent : le vent léger, l’air passe et frise la paupière, sur le sol noir et lourd, si frais, ils ont posé leur fardeau, ils attendent et répandent leur joie, ils sont à venir, ils viendront, ils échangeront des vertiges, ils comprendront et ils diront des mystères et du vrai et de l’incertitude. Un peuple en action : ils dorment sur le sol, ils y sont étendus et ils comptent.

Au toit, les oiseaux, les pattes fines, les griffes légères, le clair venu dans le noir frais, ils se donnent et ils entament une chanson pour les heureux pour dire : nous nous lèverons, nous irons et nous verrons et il fera toujours plus beau et ils seront les plus heureux, les rafraîchis qui tournent et posent le poing fermé sur la toile blanche, allongés, ils tournent au sol, un rêve commencé.

Un songe, une illusion, ils articulent le monde en sommeil, un mot, un mot, un autre, des compliments, des grâces silencieuses, un matin à venir pour vivre une saison éternelle, la danse calme des dormeurs enclos sur la toile fine, sur le pavé lourd et frais bien proche, bien proche de l’escalier, bien en avant sous la dentelle, la mariée toujours, toujours plus belle et, bien, bien heureuse. Le ciel chauffe.

A l’horizon les oiseaux font silence, il entend, il écoute, il voit les gouttes qui chancellent, il est juste dans ce moment juste, le ciel brille, les volets sont fermés, la lumière est gardée, ils marchent et tournent sur la toile blanche, ils cherchent et trouvent la trace de la gaieté, du fragile, de la surface éclatante, le monde est infini et un peuple agira, il sortira de son silence, il marchera et couvrira le sol.

Le sol, des forêts et des songes, des raisons claires et de l’attente. Enfants rassemblés, le lait permis aux enfants sages, les dormeurs dorment et tournent sur les toiles blanches, la vie coule, goutte à goutte, volée au temps et tout glisse sur le pavé, le temps est clair, l’âme est ravie, les enfants sages dorment loin du soleil sur leurs toiles blanches. Demain, au matin, la fraîcheur sera incomparable.

28 Juillet 2010.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire