jeudi 14 mars 2019

En haut, en bas.

Sans misère, le poing serré, la bouche ouverte, ils reculent et prononcent un nom, un autre, une constellation, furieux, curieux et sensibles, ils versent sur les fleurs, les gouttes, et de l’eau et de la pluie et du remord perdu, senti, défendu, sans entraves, sans liens, ils reculent et dévoilent les armes, ils se donnent, ils évacuent au ciel une gerbe et se fendent, ils recommencent et rient, ils définissent le poids des choses, un fardeau bien trop lourd a chu de leurs épaules, ils choisissent au ciel clair les étoiles du matin et de la nuit avant, avant cette aurore.

Ce mal est inconnu, curieux, il déverse, il garde, il se prend et on compte sur les doigts qui tremblent les feuilles effeuillées, les charmes oubliés, les torts et les sarcasmes, l’errance et la peine du vent, ils se cherchent, leur froid est suspendu, leur droit tient seul, un mot après l’autre, une idée après l’autre, ils se chantent et résonnent, le parquet est dur, l’escalier brille, la confidence est pour les dieux : Hermès et Jupiter et tous ils se donnent au plaisir, des étangs pour baignoire, ils éventent, ils éveillent, ils construisent une tour sur un torrent de boue.

Le jour, la brume, le matin brûle sous les rayons, ils sont comptés, ils arpentent, ils se serrent et se contentent du plus petit émoi, la plus infime des caresses, ils sont perdus et démontés et ils se roulent, ils se griffent, la chambre est obscurcie, le relais est à l’aise, ils se donnent d’en haut un concert, l’ouverture est fatale, le sang est encore frais, il frémit et bouillonne et ils se déshabillent, le vent sous les carreaux, la rigueur du moment, un mot après un autre, une idée à près l’autre et le temps, le temps de la liberté, ils tournent, tournent.

Un œil, un autre, sur l’horloge, sur les aiguilles, le temps retourne, le vent menace, ils ont des couvertures et des paniers de boue et de fraîcheur et des monceaux de joie, ils sont posés en haut, ils sont coincés en bas, en haut, en bas, libres ou fermés, ils retiennent les rêves et les leçons, le drame et la fantaisie, ils sont partis du noir au blanc et la nuit au jour, en haut, en bas, ils se cherchent et amoncellent le temps passé, le temps présent, la vérité, ils se mentent et ils appellent : rendez moi, la liberté et le repos, reprenez et l’or et les outrages.

La vie dans cette chambre est close et respirable, fermez les yeux, ouvrez les bras, comptez, mesurez, il faut se reprendre, le service est pour en haut, la servitude était hier, ils se dévêtent et ils s’appellent allons y, allons y, le geste est aimable, la confiance est sûre, nous sommes du haut et du bas et de l’imprévu, de l’imprévu qui rentre et renouvelle, qui tourne, ils aspergent le sol d’air et de feu et de torrents de sincérité. Ils avouent, ils se menacent, ils se reprennent, allons y, allons y et plus vite, plus vite, tard venus, tard rentrés, bien partis.

Ils construisent et défont, en haut, en bas, ils vivent en escarmouche, ils se composent une allée de roi et ils s'époumonent, les bêtes passent au loin, ils soufflent et s’époumonent, ô avenir perdu, ô remords imprévus, ils tournent et se carillonnent, en haut, en bas, les cloches volent, l’air est frais, la saison passe, en haut, en bas, il faut passer, il faut aller, il faut transcrire et peser et rire, le début vaudra bien la fin, ils sont un mystère qui marche, ils sont et grands et petits et posés dans la chambre, sur le lit en haut, en haut, dans le réduit sans misère.

Ils veulent bien le bas et le rire des anges et la fermeté et l’ouverture, la charité, en haut, en bas, ils sont venus, ils ont compté, ils marchent et ouvrent en grand les portes et les fenêtres, le clair matin si tôt venu, la vitre ouverte à la brise, l’air est si frais, le temps si court, ils ouvrent et ils ferment, en haut, en bas dans le matin calme.

26 Juillet 2010.

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