vendredi 15 mars 2019

Ô, sable frais.

Ô, se rouler, se dorer, se pâmer, pas d’orages, pas de pluies, aller à l’épuisement, entendre encore, entendre un peuple de muets, de sourds, d’aveugles. Ils sont rois et perdent conscience et grattent et interpellent. On fredonne en bourdon, au bâton on s’accroche, il avance vers le devant, toujours devant, toujours lointain, il est en, il en va, il en vient, il tourne et il se lance à la confiance, le sein noir, la figure tournée vers le devant, au précipice, à la volonté.

Ils sont aveugles et sourds et tout fredonne et rebondit, tout est en attente de tout et il est beau sur sa montée et il est fort au sable frais encore, encore frais, le pied ne brûle, le soleil brille, il est, il est, déjà, il frappe la main sur la poitrine, la confiance est dans la poitrine, il avance, il est en marche et grand dans l’ombre, le soleil brille, les choses vont, ils viennent y frotter la palme sur le devant, le soin encore, sur la peau, le sable est frais, ô, encore.

La vie est calme et pour l’instant il se ferme et il recule, les sourds, les muets, ils entretiennent, ils contemplent, ils dévident des flots de soie sur eux, sur nous, sur la parole, les écritures, ils sont et sourds et aveugles et ils se penchent, ô se pencher, ô se reprendre, répandre au sable frais les aveux, ô vaincre d’un coup de pied talon en avant le tour sinistre, ils sont posés au sable encore frais.

A l’échancrure ils contemplent, ils vont et ils en viennent, le sable frais, la soif aux lèvres, le sol penché, ils descendent, le pont est aveuglé, le soleil y brille, le sable est frais, la vue, encore, encore, la pente, la montée, ils descendent, ils se balancent, ils offrent des bâtons et ils fredonnent encore, encore, ils répandent au sol. Il descend, il est en attente, le sable est frais, l’air est encore parfumé de l‘étang aux jaloux, de fières raisons, ils se sont perdus toujours.

Toisons enlacées, ils sont posés, les mots gèleront, ils se fendront, ils iront plus loin, plus haut. Il entreprend et n’attend rien, il entreprend, il attend tout, il est figure dans son royaume, il est posture et statue et il défie les apparences, renard perdu, vieux et remarquable, sans début et sans fin, on répète, on recommence, le sang versé du nez aux dents, de l’échancrure au couchant, il se dévoie, il est compliqué et changeant et il assure, il est en habitude.

Une pièce dure sous le pied, sur le devant, sans carrure, sans certitude, au poids levé, le pied en sang, il écoute son nez, son cœur, il est fidèle et obstiné, il redoute et il remplit un sac, un sac, un autre encore, une volée de bois vert, une espérance, la vie est brève, le teint est rouge au sable frais, il se compense, il avance et il compose un univers de cailloux blancs sur le sol dur, au temps perdu, au temps passé, à la gloire, à l’abandon, il se cherche et il abuse.

Ses sens sont éveillés, il se tord et il recommence, au sable frais, au sol perdu, il tend et recommence, il est tenu : c’est l’habitude, il ne fait pas frissonner sa narine, il est penché, le monde tourne, il chante pour eux tous, ils sont sourds, il est à l’affût, il engrange et il taille pierre après pierre, le dos courbé, la nuque noire, il est en attente et se transfigure, en force, en chair brûlée et il commente. Le parcours est sensible et il se tourne au plus loin.

Un mot, un autre, un caillou l’autre, il est fasciné, le soleil brille, le sol est dur, le sable est frais, il écharpe son vêtement, il défait une encore de ses espérances, il faut tenir, il faut compter, il faut combler, combler et tout reprendre et avancer, sans croire y croire, reprendre et tourner toujours, la langue, la bouche, le clair métal, l’âme ravie, il est abandonné au sable frais, il est en attente, il est sidéré sur le sol, la vie est en avance, il est transfiguré, il entend.

Les sourds, les aveugles, ils remontent toujours plus loin, le souffle est posé, la boîte a un couvercle, il force sur le sol, il percute et il frappe la main ouverte, la poitrine est offerte, il compte un à un, les pas, les tours, il ne dit rien, il s’en contente, il recommence, il absorbe les rayons clairs, poison fatal, ô fatal, ô funeste, la beauté est étrange et vire sur le reste, il est aveugle et sourd et il cherche pour lui. L’avenir est ouvert, le ciel est suspendu, ils tournent.

Il est encore là, les trouées noires, il est en attente, le chaud, le froid, la vie errante, le retour des choses oubliées, des riens suspendus sur le fil, le vent claque, il dépliera sa toile, la main ouverte sur les cailloux, il se dépose, il se contente, il respire au sable frais, il a déplié ses ailes, il étend sur le sol un regard imparfait, un œil fermé et l’autre rouge, comme une larme, comme un sanglot, le vent est ensablé à son encolure, il tourne et frappe le sol, talon avant.

La bouche immense, il se cherche, se recompose, il est venu, ils sont partout, ils sont aveugles, sourds et fermés à la bordure, perdus sur le sol dur, le vent y souffle, il est dans la trouée obscure, il est au fond dans le jardin, dans la personne, l’horizon est devant, lointain, fleuri, tordu, perdu, rentré, les oiseaux se cachent, ils sont sourds et ils chantent dans la boîte, dans le couvercle, dans le perdu, pour le renouveau, dans la figure, sans entendre.

Feuille à feuille, grain à grain, le sol est dur, les arbres penchent, il est venu et il se tient, il est prêt pour tous, les aveugles, les sourds y vont, il les compose, il se reprend, il s’environne d’un air si chaud, d’un éclair pur, il se cherche, il se compose une idée après l’autre, une idée après l’autre, le soleil brille et puis dans l’ombre, ils sont posés, ils se cherchent, ils interpellent : enfonce un clou, enfonce un autre. Il est perdu, fleuri, rentré, ils sont perdus.

Aveugles et sourds et ils chantent contre les grands, en magiciens ils brisent, se tournent et ils sont perdus et fleuris, perdus, rentrés et ils sont las, et eux ils chantent. Il est un affront, une aventure, la morale est pour les autres, ils y vont, se rouler, se dorer, se pâmer, dans quelle lumière, dans quel jour nouveau, un peuple de sourds et de muets, ils sont aveugles, ils se cherchent, ils sont rompus, écheveaux maltraités, débarrassés d’aurore.

Répandus, au sol même, dans la fermeté et l’envie, ils vont aller à l’épuisement, entendre encore, entendre un peuple de muets, de sourds, d’aveugles, ils sont rois et perdent conscience et grattent et interpellent. Un mot, un autre, une raison la fin des choses, la vie est brève, le talon est tendu, la pointe du pied touche le sol, le sable est frais, il recommence, il se renouvelle, il cherche et trouve : un peuple aveugle et sourd, un peuple.

Il faut une affection, une espérance, une décision pour écourter ce grand supplice, pour affronter, aveugle et sourd, pour créer l’avenir fleuri, perdu, trouvé. Le cours est enlevé, le fleuve coule, il répand au sol son eau, son sable, le fond est perdu, il va fleurir, il va le perdre, il va trouver encore et une excuse et un regard au sable frais, au sable frais. Il est frais, il invente et se retourne et constate la majesté, ils entendent et ils sont là, un mot, un autre.

Une pensée, il tourne au renouveau, il cherche et perd un pied après l’autre, sans raison, sans mesure, il pèse et compte et entrepose une pierre après l’autre. La vie est en attente sur le sol dur, dans la trouée noire, le sable, le sable est frais.

27 Juillet 2010.

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