dimanche 3 mars 2019

Une simple carte.

A la chaleur et abandonnés, ils se remarquent et trouvent le temps pour dire une chanson, sans porcelaine, sans marques, sans personne, ils pensent aux petits, perdus sur le sable et contents et tranquilles, sans rien sur la conscience, ils se retournent, ils voient, ils y voient une espérance, la table était mise, les serviettes étendues au vent claquaient, ils étaient riches et heureux d’attentions, sans doutes, aucun, une vie de plaisir,

sans rien, attendre la satisfaction, sans autre sujet que moi, moi, sans rien dans les mains, rien sous les poches, les yeux ouverts, ils étaient noirs de preuves et d’émotions, la vue saisie et récompensée, perdus de reconnaissance, des moi rangés sous le ciel en attente de chaque étoile, la nappe étendue prolongeait leur festin, ils étaient sur le sable en face de l’île, sur le sable à compter et la marée et le temps, les mûres au panier,

l’espérance du froid à venir pour chauffer les yeux et le cœur aux flammes enchantées, aux bûches enflammées, à la rigueur joyeuse, un coup après l’autre contraint le bois et précipite la chute, ils tombent sur le tas, ils dressent des étages de feu à envoler de plaisir, à dépenser, les bûches une sur l’autre, ils ébranchent les arbres, ils réservent les feuilles, le papier est vide, les mots sont oubliés, ils n’écrivent rien, ils racontent,

ils se content et recommencent, il était une fois des heureux sur l’eau claire, penchés à un balcon sur l’immense Atlantique, un balcon sur l’eau face à une île pleine de mûres et d’espérance, pleine de rires et de chansons, ils sont heureux étalés au sable sous les ombres et moi, moi, ils ont volé un verre, un autre, ils ont volé du temps, ils se précipitent et mangent poivrons et crabes et du vin vert sur le sable, sous les vagues,

ils sont habiles et attentifs et ils se récompensent d’un œil, d’un air, un regard l’autre, des embrassades, un œil, ils aiment cet océan de joie et d’extase, la mer est bleue immense, le temps est clair, ils comptent les marées, ils se perdent à pied où ils nageaient avant, sur le sable blanc, ils perdent les mûres de Noël, ils chantent une larme au visage et le cœur rebondit et tout à coup respire, ils sont enrubannés de plaisir et d’amour,

ils sont du paysage et ils dansent sur l’eau, sur le devant, ils avancent le pied sec, ici il y avait de l’eau, ici le temps coulait, ils se noyaient, ils voient du sel, du sel, des larmes, au visage, et d’espérance la vie avance toujours mieux, ils sont perdus de rire et de chansons, ils se donnent du temps et du théâtre, un gradin puis un autre, un balcon sur l’eau, un balcon sur l’océan, pour une conversation atlantique, un fil sans mesure,

la nuit venue, ils dorment sur la terre des marins, sur le port, un bateau d’argent dans l’église, ils prient fort et très bien, ils aiment exposer au ciel leur grand fardeau, leurs espoirs vers les anges, ils aiment les mûres, les poissons, le sel et le sucre, ils sont heureux et sages et pleins du plus grand des enthousiasmes, de la plus profonde légèreté, ils voient, ils avancent, ils voient, ils espèrent, santons, ils aiment éternellement la vie

et les oiseaux le savent et la mer bat toujours bleue et profonde, ils aiment cet océan de joie et d’extase, la mer est bleue immense, le temps est clair, ils comptent les marées, ils mangeront encore et un soir d’hiver de plus, des rayons de soleil, à coups de dents dans l’âme, pour arracher au cœur la vérité, le plaisir est en place, ils marchent avec lui, pour beaucoup plus loin qu’une éternité.

15 Juillet 2010.

1 commentaire:

  1. Une simple carte. ICI

    Huit mouettes sur fond de mer fumée d’écume et ciel bleu nuit errante.

    "Au fond, je pars avec ma besace à la manière d'un vagabond, d'un colporteur et je ramasse tout ce que l'on jette, transformant ces rebuts en trésors."*

    "Pour beaucoup plus loin qu’une éternité", la perspective est belle. Pour l'heure tant d'amour à contempler, tant de poésie à distiller, tant d'enfance à préserver, tant de beauté à révéler. Pour demain marcher avec lui "beaucoup plus loin qu'une éternité".

    Huit tableaux magnifiques... merci.
    "Votre âme est un paysage choisi"**



    * Joël Vernet / Nuit errante
    ** Paul Verlaine / Fêtes galantes

    RépondreSupprimer