samedi 23 mars 2019

Retours de Nessus.

Nessus

Du temps que je vivais à mes frères pareil
Et comme eux ignorant d’un sort meilleur ou pire,
Les monts Thessaliens étaient mon vague empire
Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.

Tel j’ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil ;
Seule, éparse dans l’air que ma narine aspire,
La chaleureuse odeur des cavales d’Épire
Inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.

Mais depuis que j’ai vu l’Épouse triomphale
Sourire entre les bras de l’Archer de Stymphale,
Le désir me harcèle et hérisse mes crins ;

Car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme !
A mêlé dans le sang enfiévré de mes reins
Au rut de l’étalon l’amour qui dompte l’homme.

José-Maria de HEREDIA



Guido Reni, "Déjanire enlevée par le centaure Nessus", 1621.



Louis-Jean Lagrenee, "L'enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus", 1755.


Jules–Elie Delaunay, "La mort de Nessus", 1870.




Arnold Böcklin, "Nessus et Déjanire",  1898.


Maria Dolores Cano,22 mars 2019 à 09:52

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