Nessus
Du temps que je vivais à mes frères pareil
Et comme eux ignorant d’un sort meilleur ou pire,
Les monts Thessaliens étaient mon vague empire
Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.
Tel j’ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil ;
Seule, éparse dans l’air que ma narine aspire,
La chaleureuse odeur des cavales d’Épire
Inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.
Mais depuis que j’ai vu l’Épouse triomphale
Sourire entre les bras de l’Archer de Stymphale,
Le désir me harcèle et hérisse mes crins ;
Car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme !
A mêlé dans le sang enfiévré de mes reins
Au rut de l’étalon l’amour qui dompte l’homme.
José-Maria de HEREDIA
Louis-Jean Lagrenee, "L'enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus", 1755.
Jules–Elie Delaunay, "La mort de Nessus", 1870.
Arnold Böcklin, "Nessus et Déjanire", 1898.
Maria Dolores Cano,22 mars 2019 à 09:52
Ô ! des images ici
RépondreSupprimercomme c'est joli !