dimanche 10 mars 2019

Des petits, touts petits croyants.

Ils vont à la joie et prennent le chemin d’une île à une autre. Ils étalent le loin, les marcheurs de toiles et de sequins et de coffres ouverts, ils déballent, ils sont sûrs et forts sur le chemin d’eau claire, d’un caillou à un autre, d’un été au printemps. Il a pensé et bu un air pour être et se confondre, être en hiver de l’été au printemps, un air racle et remplit la bouche.

D’un été au printemps, il se cherche, il contient, il cherche, il respire, les coffres sont ouverts, d’un pas à l’autre, il se cherche et recommence, de l’air à pleine bouche, du parfum d’été pour l’avant, il est ferme et sensible, il rectifie son âme, il pèse au petit gramme son poids de vie et d’ombre. Il étale sur la main les rires et les champs, il pose sur le ciel la beauté et le charme.

Il est grand et petit, il pèse peu. Ils sont contents, ils se rassemblent, ils viennent au devant, ils comptent un à un les grammes et les fleurs, une année après l’autre. Un temps est revenu, il est, à y comprendre, perdu et déposé au devant du jour, il ferme et constate, les yeux ouverts sur la clarté, il compte et il tranche, la vrai vie est joyeuse et parfumée, il définit.

Il engrange, il pèse au ciel nouveau les larmes et sans cailloux, il se jette dans l’ombre et boit une gorgée de rosée. D’un œil, il suit le grand pèlerinage, ils sont bleus, ils sont jaunes et cavaliers, et à pieds ils avancent sur le chemin d’une borne à une autre, d’un temps passé à un présent, ils sont sur des rêves et des joies, jaunes et bleus et cavaliers et à pied mêlés.

Ils étirent au ciel une bande sous les nuages. Le froid sera bien là, c’est usant, dans l’air et les cailloux sous la poussière, il est un sort qui sèche et enchante tout, le froid est dit au cœur de la chaleur, un frisson saisit un petit enfant à l’heure de midi juste et secourable, la fièvre monte et frissonne tout haut, il est saisi de chaleur et de grâce. La beauté est du sens et du frisson.

En route au vent qui vient, il se retourne, il est en avance, l’hiver venant le calme, sur les cailloux, un œil : le retrait, l’incalculable, il est fini, il est posé, il frissonne et se donne sur le chemin. La foule est sans contrainte, il se ferme, il est tenu d’un frisson à l’autre, d’une grande chaleur vers l’avenir, il est embarqué d’un pas posé sur les cailloux, il va d’une île à l’autre.

Ils ont inventé un pèlerinage, ces gens de peu de foi, bien peu, bien peu de foi, mais présente, ils croient et ne savent rien, ils croient sur le chemin d’une île à une autre, d’une espérance de bonheur à la gaieté, ils figurent dans tous les livres ces touts petits croyants, ils inventent des rites et des œuvres, ils forcent le passage, ils ont évacué au calme et au repos.

Par la fin tout commence, le charme, la vertu, la raison, on ignore, on grandit, on se cherche, on se trouve sur la route, d’une communion à l’autre, on engrange et on touche des doigts le blé coupé, l’épi parfait, pour l’agneau qu’on moissonne. Des petits, touts petits croyants, sur la route, un peuple de bergers, des fidèles, chante de la couleur, respire de la joie.

Ils avancent, ils inventent un pèlerinage de rosée dans le matin, dans la voie trouvée, ils suivent, ils cajolent, la joie promise au sacrifice, d’une île à une autre, d’un pont à l’autre. Ils avancent, de l’été au printemps, eux aussi à travers champs.

21 Juillet 2010.

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