lundi 4 mars 2019

Au lit des sultanes.

Ils coupent des rameaux de laurier et entassent des fagots de lumière, sans penser rien, sans y voir, sans entendre, la vie est claire, le temps est raccourci, ils plongent, ils chantent les fleurs et les oiseaux, ils ferment une à une les fenêtres au malheur, à la chance, ils osent :

sort funeste, tourments qui agitiez et cette angoisse ne nous faites pas mourir, tourments affreux, sort funeste restez hors de ce temps, troublez d’autres saisons, récompensez les vieux, dégradez les.

Ils se tournent, ils chantent, ils coupent le laurier, les rameaux de la gloire, ô, les succès, ô, les olives, en vérité, en vérité, ils penchent à leur front un raisin à cueillir, une coupe de miel, le lait est abondant dans ce jardin,

ils coulent lait et miel et douceur et partage, sol, amour, joie et partage, ils héritent des noms anciens, ils sont encore debout ceux de cette nation, s’ils tombent ce monde s’écroule et le vent est en haut : il souffle sur les branches, il berce les oiseaux, les abeilles y pensent, il est sur le dessus, il chante pour eux tous, la vérité en marche, les fleurs sur les cailloux, les palmes en ombre sur la toile.

Ils se persuadent, ils sont comptés, ils résistent et ils tiennent : un peuple au dessus des cailloux, sur la terre, par la vertu, dans les champs, en farandoles, ils accueillent, ils entassent, ils tiennent à deux mains le soleil, l’amour, la joie en partage, ils se donnent et offrent aux vainqueurs des couronnes de temps, des traces de bonheur, ils jonglent un à un les mots et les branches, les feuilles et les fruits.

Les insectes s’y penchent, ils abandonnent aux méchants l’ombre de la vengeance, ils retiennent au sol des sacs d’incertitude, ils se donnent et évitent aux uns la pauvreté, aux autres les massacres, la vie perdue, pensée, rêvée, ils avancent au soleil de Midi, si plein, si juste, ils abandonnent les nœuds et les chaînes, ils lancent loin, les cailloux, les armes, ils se balancent sous le ciel, ils hébergent des rois, ils couchent les enfants aux lits des sultanes.

Ils mangent du ciel et respirent des fleurs, ils sont heureux et calmes et ils inscrivent l’ombre dans la chaleur, les meubles brûleront, ils inventent l’hiver au cœur de la fournaise, ils chantent et récoltent le lait et les succès, ils définissent un temps sans fin, une respiration calme, lente, et profonde, ils avancent vers le ciel même, et assurent la main sur le devant, pour conforter la vie, pour défendre les petits :

ils sont couchés aux lits des sultanes, ils pensent à l’endroit et chantent des chansons, elles fraîchissent l’air tiède et reposent les cœurs, ils sont sans rien, dessus, ils avancent au devant, ils précèdent toutes les victoires, ils chantent le ciel pur, ils décroisent les doigts emprisonnés, ils fatiguent l’ennui et dormiront peut être quand tout sera accompli, quand les oiseaux poseront sur le nez des petits des plumes et des rêves et du silence pour conjurer le mal, pour vaincre la peur, pour affirmer encore et encore : la vie est en avance, le bonheur est en place, ils avancent, ils avancent.

La vérité au temps est comptée, à la peur défendue, ils se donnent un but, ils trouveront le trésor, ils chanteront encore et longtemps, le miel sur le sol versé en sacrifice, pour endormir les fourmis, les abeilles, pour qu’au ciel paraisse le soleil et qu’à la nuit les étoiles descendent sur la main des enfants frémissants, ils sont aux lits des sultanes, ils versent le sucre et le lait sur le sol, qui accepte, ils sont un peuple heureux qui chante d’une grande voix, les âmes et le temps, il fera toujours bon au parfum de la terre.

Ils sont posés au creux du ciel entre le soleil et la lune et verse sur eux le sourire des étoiles.

16 Juillet 2010.

1 commentaire:

  1. "Le bonheur est en place" …
    ainsi apparaît le monde dans le miracle de l'instant
    lorsque toutes les choses deviennent belles dans notre regard d'enfant...

    Le sourire des étoiles veille sur Eux.



    très beau texte ... merci

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