I
Si on se mêle, si on y arrive, si le destin ouvre les portes,
il y aura des flots, des flots de roses et de cailloux, pierres posées,
lustrées en robes fines, en mains levées, en armes, arcs et outils, soleil,
rosée, larmes oubliées et devant et derrière, une espérance et la voix toujours
venue, toujours,
tenue, sans rames, sans fêlures, sans rien autour, pour
simplement, simplement, dire le moment et je pense, en ce moment, il y a une
image et il y a le temps, le charme, fort, j’hésite, délicat, forte
délicatesse, à point nommée, corps perdu, il faut, il faut ouvrir les bras et
les fenêtres et libres,
enfin, ouvrir tout, tout, à la brise, au vent presque trop
frais, ailleurs, avant, pendant, on disait aussi : et léger et ravi, si on
osait encore la danse, pour tout saisir, pour tout dire, ah, renaître, parfum
léger, parfum fleuri, tout est léger, léger et pomme ronde et vent léger, tout léger,
outils posés,
au jardin chaque jarre est vidée, ils s’amusent, ils
s’enchantent et coulent, coulent, les larmes, la joie est immense, la terre, la
terre hors des jarres, hors des tonneaux, raisins mûris, cœurs oubliés, il y a
une envie de plénitude, je chante, je dépose, à tes pieds arbre, les crins, les
dents, les os,
les chevaux sacrifiés, cœur amoureux en ouverture, et tout à
la joie, tout au calme, on espère, on donne, et on conte le fil de l’air et la
brise fraîche qui coule, tout roule, tout coule, tout embrasse et rendu, et
sorti, et tiré en haut dans l’ombre encore claire, il y a un abri de ciel
voilé, calme et léger,
sans amertume, sans drame, sans peine, sans regret, pour
pouvoir dire j’ai tout compté et je pardonne et je donne du temps à l’âme, dans
le calme et sans regrets, du charme enfin et du rire, de la résistance, la roue
tourne et tout j’embrasse, je sers, je vis, je chante et tout commence, ils
sont,
en leur haut, tout demeure et les plus grands, les moins
jaloux sont en avance, et aussi loin et aussi seuls, encore à regarder ceux qui
mesurent leurs arbres, leurs toitures, tu te dresses et tu regardes, le ciel
calmé, la rive large, les arbres et les oiseaux, ombre et silence, une trace,
un ciel venu,
un grand début et des frissons, des frissons sur la courbe,
ils passent encore et glissent et les grands, grands, oiseaux les ailes
blanches, en bec et griffes, ils useraient et courberaient le toit envahi,
l’arbre très haut, au souvenir, au charme connu, ils chantent, ils donnent, ils
brillent et tout ensemble
ils mélangent les moments, la liberté légère, et tout en
ordre, tout en rang, toutes toiles dehors, il y a comme, comme, des désirs de
chaleur, des envies d’explosions, des joies à venir, des dangers éloignés, des
rires sur les bouches ouvertes, ils nettoient les tuiles et mesurent leurs
arbres, ciel,
vent, fraîcheur, liberté, légèreté, sans rames, sans fêlures,
que cette joie, cette joie, demeure.
16 Août 2014.
II
Seulement, étrangement, avec courage et sans rompre, sans
espérer, le temps passe, tout coule et tout te conduit, tu passes, tu penses et
tu embrasses, un effet, un rayon, sillon profond, cœur ouvert, chair aperçue et
gorge en attente, noire et obstinée, ne rien espérer et tout attendre et
donner,
mordre l’air qui passe, la fraîcheur écoulée, les objets et
les rires, les jeux et l’enchantement, et sauvagement, sans cesse, tout y
tiens, tout y viens plus ou moins, il retient, il retourne de jeux en rires et
d’évidences en saisissements, le pieds hésite un peu, temps suspendu, bonheur
éblouissant,
sans mélange, sans trouble, les cendres sont en bas, tout
coule au ruisseau, ils ont mesuré un arbre, il pèse le poids de sa hauteur,
tous trahissent, ils accusent fils et filles, folies perdues, courage abandonné
dans les traverses, sans soutien, sur le devant, au-devant, en avant, tout
tremble,
un pays, on a choisi, tout est engrangé, le plus petit, le
plus simple, mais à la fin, ils demeurent sous l’arbre le plus haut, effort
envolé, cave nettoyée, ils arrachent des pans d’écorce, ils liquident des
litres de résine, oiseaux rompus, un chant au nez, cœurs envoyés, au sourire,
ils sont abandonnés,
sans courage, tous lisent le pouvoir, ils se le doivent,
puissante réflexion, mon arbre est haut, la tour est immense, et je suis sans
mesure, je suis du poids de la résine et je chante en haut, vous en bas,
attendez et venez voir, tenez et attendez, et il sont ici, laids et faibles en
esprit, et sans fond,
lourdement, une faute et puis une autre, ils traînent et nous
les abandonnerons, ils sont, et je suis les arbres sur le chemin, tout finit et
tout meurt, la joie, les rires, les jeux et les malheurs, un temps qui mouille
et un temps qui enchante, un temps qui trempe et un temps qui détrempe,
peintures et couleurs, chevilles étendues sous l’ombrage,
l’ouvrage à rendre, les charges à tenir, la vie à protéger et en écho, la
pensée, les images là-bas, plus loin, la même goutte attends la fin du temps,
je suis suspendu et sans hésiter, je ne fais rien, j’attends et tout te tiens,
tu es enchanté
et enfin, tout est à faire, tout est à dire, sans trembler,
sans attendre, on pense, on imagine, goutte suspendue dans les âges et tu tiens
et tu regardes tout, et tout, de tout tu souris et tu te donnes encore un flot,
encore des paroles, de la grandeur, de la noblesse, ô, les grands arbres, ô,
les oiseaux, tout passe, tout glisse sous les branches, l’air
frais, tout y passe et sûrement, certainement, fermement, dire, chanter,
proclamer, temps qui mouille et temps qui enchante, que tout y soit, que tout y
dure, le charme et le désir, les épaules, la main, nues, des joies à venir, des
dangers,
des rires, bouche ouverte, sans fêlures, que cette joie,
cette joie, demeure.
16 Août 2014.
III
Ils ont travaillé et tout leur va bien, il y a une certitude,
tout est grand, tout est haut, tout compte et tout rassemble, les saisons, les
années, les jours, la réflexion sur la terre, sur les eaux, tout change, et
tout, il faut ramasser, le travail est accompli et tout se recommence, sur la vie,
sur le départ,
en grandeur, en accord, c’est, à la confiance, c’est, aux
paroles claires, le trait est tiré, la vie est en suspens, il y a, il y aura et
des comptes et des rires, des jeux, et de la certitude, des efforts, des
caresses, des angoisses, enfin, enfin, allons y et travaillons, sur le devant,
dans l’ombre, au trait plus
fin, à la grandeur sûre, au port en majesté et je dis au
monde, maman était très belle et moi je suis comme maman, comme elle, comme
eux, aussi, cette si belle, et puis on regarde le reste, sœurs et frères, et
puis le travail accompli, il est simple de briller au désert, sur le devant, en
haut, en
haut, tout haut, l’arbre est le plus haut, en haut, en haut,
si belle, si grande, et toute si, de la vie, de la mort, des certitudes et puis
on dit, il ne faut dire et le silence suit, à la clarté vive, aux gestes, les
rires et les jeux, je vois, j’entends, et tout est deviné, tout arrache, les
feuilles à brûler,
les corps à délacer, et l’incroyable mélancolie, je suis sur cette
terre, un peu brisé, un peu las, sans rires, sans jeux, sans ouvrage, d’autres
ont si bien travaillé et tout réussi et tout nous comble, tout avance, tout à
commencer, tout pour mordre, les chiens au pied de l’arbre haut, dans la vie,
dans une petite tourmente, comme si, comme si, il faut, il
faut et dire et taire et arracher un à un les secrets et dire, dire, la mort et
la vie, et nous, et vous, vous êtes engagés, vous êtes sur le fil, dans
l’histoire du bruit et de la fureur, et tout compte, le travail accompli,
l’arbre haut, la confiance
et les déroutes à venir, on pense, on calme, on comprend et
au pied de l’arbre haut, les chiens aboient, si belle et comme maman, je tourne
et je regarde, tous nous admirent et tous nous aiment, oh, quelle bonne
sensation, comme sur la vie, comme sur le temps, dans la vie, dans le calme
et je règne et sur
moi-même le temps ne compte, le temps et tout arrange et tout pour finir
compter et combler et changer des idées il faut plus de force il faut bien plus
de courage et on pense ventre assis et raisons molles et en haut, tout en haut
de l’arbre le plus haut, les oiseaux, les
oiseaux et tous chantent, cette beauté ne les atteint pas, en
attendant, à la fin le temps aura passé, la vie coulera, les eaux assemblées
s’ouvriront, et toi belle, si belle, sur le fleuve je verrai, je verrai, passer
ton beau cadavre.
17 Août 2014.
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